[Lieu] Peyregorde

[Voyageuse]

Il trancha -il sentit clairement la résistance de la chair et des tendons qui cédaient sous son épée- et roula aussitôt, tandis que son adversaire pourrait un cri inarticulé. Il n'avait sans doute pas atteint l'aisselle, cependant : la créature était trop grande pour cela. Il avait frappé le haut du torse, là où les côtes protègent efficacement les organes vitaux. La plaie saignait abondamment, il s'en rendit compte lorsqu'il fit de nouveau face à son adversaire. Et, vu le hurlement de douleur, il avait sans doute abîmé une côte. Mais il n'avait pas vraiment le temps de chercher à estimer la gravité de la blessure. Au même moment, la masse s'abattait tout près de lui, ses pointes effleurant son épaule, l'écorchant au passage.

[Kasumi]

La douleur irradia dans tout son côté et engourdi son bras. Mais il sentit aussitôt l'adrénaline du combat compenser la nausée et le tournis. La créature pouvait saigner et ressentir la douleur elle aussi. Elle était donc vulnérable elle aussi. Kasumi ne chercha pas à l'attaquer aussitôt : il avait besoin de récupérer un peu en serrant les dents. Avant tout, il avait besoin de faire croire à la créature qu'elle était proche de la victoire. Sa colère et ce sentiment de victoire proche l'amènerait peut-être à se découvrir à nouveau, à lui fournir une autre opportunité. IL chercha donc à l'amener à nouveau sur un terrain qui lui était favorable, s'enfonçant un peu plus dans la zone couverte et étriquée.

[Voyageuse]

Les mouvements de son adversaire étaient gênés par sa blessure : lever le bras pour abattre son arme nécessitait un geste douloureux, et il ne pouvait plus mettre dans ses gestes autant de force qu'il l'aurait voulu. Il en fut réduit à changer son arme de main, perdant probablement en force et en précision. Mais même ainsi, il demeurait extrêmement dangereux, Kasumi s'en rendit compte lorsque la masse arracha sans peine une branche de la grosseur de son bras, à quelques pouces de lui.

Cependant, la végétation jouait en faveur du demi-elfe. Il ne lui fallut pas attendre longtemps pour qu'une nouvelle occasion se présente : l'arme, s'abattant là où il se trouvait un instant plus tôt, rencontra au sol un buisson épineux, dense et touffu, obligeant son adversaire à tirer des deux mains pour la dégager. Cela lui laissait, à nouveau, quelques bref instants d'immobilité relative, tandis que, campé fermement sur ses deux jambes, le géant sur le manche de la masse.

[Kasumi]

Le demi-elfe raffermit sa prise à deux mains sur son épée et effectua un pas sauté pour renforcer le coup qu'il abattit du bout de sa lame sur les poignets exposés du monstre. Avait-il mis assez de force et de précision pour les trancher ? Il n'attendit pas de le savoir pour préparer un retrait rapide d'un nouveau jeu de jambes. Le combat était éprouvant physiquement et mentalement et il sentait qu'il ne pourrait pas maintenir tant de mobilité et de concentration plus de quelques minutes encore.

[Voyageuse]

Il y eut un cri de rage et de douleur, et la masse resta coincée dans les branchages : la créature avait lâché son arme, dans un geste réflexe causé par la souffrance.
Rendu fou de douleur, le géant tenta brusquement de donner un coup de pied dans la tête de Kasumi, qui esquiva de justesse. Ses poignets n'avaient pas été tranchés par le coup d'épée, mais ils étaient tout de même profondément entaillés, et un liquide noir coulait de ses blessures. Il était peu probable qu'il parvienne à reprendre son arme en main.

[Kasumi]

Kasumi ne se faisait guère d'illusion : désarmer ce genre de colosse ne le rendait pas pour autant inoffensif. La tentative de coup de pied ne faisait que confirmer qu'il ne pouvait pas se permettre de rester à la portée de ses coups. Mais au moins la créature ne bénéficiait plus de la même allonge mortelle. Lui-même se sentait essoufflé alors que sa capacité de se déplacer pourrait se révéler décisive, il prit soin de s'écarter rapidement de sa cible et d'incanter hors de sa portée :

Kasumi -> Grande foulée -> Kasumi

Ainsi espérait-il pouvoir rester plus facilement à bonne distance et frapper la créature tout en lui tournant autour.

[Voyageuse]

La créature qu'il affrontait semblait souffrir, et ses gestes étaient moins assurés, moins rapides. Son bras droit pendait lamentablement, le poignet trop blessé pour être d'une quelconque utilité. Bien sûr, le monstre n'avait pas repris son arme, et il semblait avoir perdu toute assurance : il se contentait de lutter à mains nues, se défendant contre les quelques coups d'épée que Kasumi arrivait à porter, par de grands gestes désordonnés. Le demi-elfe avait désormais l'avantage, c'était lui qui portait les coups et l'autre qui s'en dépêtrait tant bien que mal... Jusqu'au moment où il tourna les talons pour tenter de fuir dans les broussailles.

[Kasumi]

Même blessé, ce monstre était une abomination qui pouvait s'en prendre aux occupants naturels de la forêt. Kasumi se sentait épuisé mais il n'avait pas l'intention de le laisser fuir sans tenter de le detruire. Profitant de sa vitesse supérieure, il se mit en chasse de la créature puis, arrivé à distance convenable, il en appela aux pouvoirs de la nature pour placer une zone piégée sur la trajectoire de son ennemi en fuite :

Kasumi -> Croissance d'épines -> Sol devant le mort-vivant

Avec un peu de chance, le colosse s'y empètrerait et le demi-elfe pourrait tenter de l'achever à distance.

[Voyageuse]

Des buissons d'épineux surgirent aussitôt du sol, et, en quelques instants, agrippèrent les jambes du géant qui venait d'entrer dans la zone. Celui-ci poussa un cri de rage et se mit à lutter de son mieux pour en sortir. Il était particulièrement fort, mais les ronces étaient tenaces, et surtout magiques : il ne parvient pas à s'en défaire immédiatement.
Kasumi put alors tirer quelques flèches, en visant soigneusement sa cible. Au moment même où son adversaire parvenait enfin à se dégager des épines, il l'atteignit à la base du cou. Il s'écroula, pas tout à fait mort encore, mais hors d'état de se défendre davantage.

[Kasumi]

D'un geste, Kasumi mit fin à son sortilège et s'approcha prudemment jusqu'à être certain que la créature était incapable de se relever. Il leva ensuite pour l'abattre précisément à la base de la nuque, espérant rendre le repos à une abomination née de la magie noire beaucoup trop présente dans sa forêt. Il n'y prit aucun plaisir : devoir affronter ce genre de monstre était un signe de la désolation régnant loin de l'orée des bois et de la tâche insurmontable qui l'attendait au cours des années à venir.

[Voyageuse]

La créature ne poussa aucun cri lorsqu'il l'acheva. Un sang noir gicla de la blessure tandis que le géant s'affaissait, sans vie. Vu de près, il ressemblait fort à un ogre en version mort-vivant. Mais son odeur de charogne n'encourageait pas à poursuivre l'examen de trop près.
Kasumi put alors s'intéresser à ce qui l'entourait, et réaliser qu'il se trouvait dans un secteur de la forêt où il n'avait jamais mis les pieds. On y trouvait moins de buissons d'épineux aux formes torturées, mais plutôt de jeunes arbres, droits et vigoureux. La souillure ici lui semblait moins forte, sans qu'il puisse l'associer à la présence de grands arbres centenaires comme c'était le cas à d'autres endroits. Il ne ressentait nulle protection magique ou divine. Simplement un peu moins de noirceur que là où il avait dormi. Même les oiseaux lui semblaient plus nombreux, plus gais à saluer le soleil -soleil qui perçait plus profondément qu'ailleurs les frondaisons. Preuve qu'il existait, même dans cette forêt maudite, quelques oasis préservés, ou en tout cas moins atteints.

[Kasumi]

Etait-ce bien réel ou une impression laissée par la destruction de l'abomination ? Sans doute y avait-il un peu des deux. Kasumi acheva sa tâche en incinérant le cadavre inerte en concentrant une flamme sacrée afin d'éliminer la souillure résiduelle induite par la carcasse pourrie.

Ce faisant, il adressa une prière à sa déesse et se mit à chercher les traces du loup qu'il avait apperçu avant le combat ? S'était-il trop éloigné de sa destination initiale, la présence du canidés indiquait que la meute l'avait repéré.

[Voyageuse]

Il n'eut aucune peine à repérer le loup : il l'aperçut en train de surveiller d'un œil farouche les flammes qu'il venait d'invoquer. Il avait probablement suivi le déroulement du combat, peut-être simplement dans l'espoir de pouvoir se repaître d'un peu de viande fraîche. Espoir vain, en l'occurrence.
Kasumi le vit aller et venir durant quelques minutes, semblant hésiter sur la conduite à tenir. Puis il s'éloigna, sans chercher à savoir s'il était suivi - ou du moins sans se retourner : son odorat suffisait peut-être à le rassurer sur ce point.

[Kasumi]

Kasumi estima que le loup progressait dans la direction approximative de l'ancienne tanière aussi se mit-il à le suivre en faisant attention à rester relativement silencieux et à ne pas sembler menaçant. Il faisait maintenant grand jour, signe que le combat s'était éternisé et incitation à hâter le pas : il fallait absolument qu'il prenne contact avec la meute avant que la journée ne soit trop avancée. Il avait en effet l'intention de passer la nuit avec eux pour les réhabituer à sa présence et espérer les convaincre de le suivre le lendemain matin.

[Voyageuse]

Ils progressèrent durant une petite heure environ vers le sud-ouest, ce qui correspondait à peu près à la direction que souhaitait suivre Kasumi. Puis le loup infléchit sa progression et se dirigea franchement vers le sud. Il semblait à Kasumi qu'il était maintenant tout proche de l'endroit où il avait vu la meute la dernière fois. Mais il ne percevait pas la présence de Première Neige, et peinait à trouver des traces de la présence de la meute : le sol avait été gratté par d'autres bêtes, moins profondément, il n'y avait pas de touffes de poils accrochées aux ronces, il trouva juste les restes de quelques déjections anciennes. Il semblait que les loups ne soient pas venus dans ce secteur depuis plusieurs jours.
Il pouvait poursuivre encore vers l'ouest -il commençait à reconnaître les lieux, et estimait pouvoir rejoindre la tanière en une petite heure. Ou préférer suivre le loup gris qui trottinait prudemment loin devant lui, vers le sud.

[Kasumi]

Kasumi se fiait souvent à son instinct. Et son instinct lui soufflait que les loups avaient sans peut-être déjà déserté leur ancienne tanière. Aussi près de cette dernière, il aurait dû trouver des traces plus récentes. Il aurait également du sentir Première Neige qu'il avait chargé d'escorter les dominants vers leur nouveau foyer. Il lui semblait que c'était dans cette direction que le loup qu'il suivait comptait se diriger à son tour. Son instinct lui dictait de rester en sa compagnie, au moins tant qu'il ne changerait pas de trajectoire. Qu'il était agréable de se laisser porter ainsi pour une fois...

[Voyageuse]

Le loup ne chercha pas à le distancer. il avançait d'un pas régulier, et, comme Kasumi l'avait deviné, se dirigeait plus ou moins dans la direction où il avait prévu d'emmener la meute. L'endroit, cependant, était à plus d'une journée de marche, et il ne pourrait que s'en approcher.
Il traversa des lieux connus, chargés de magie sombre, et d'autres plus riants, même si le terme ne convenait guère : ils étaient en tout cas presque ordinaires. le loup n'hésitait pas un instant, et accéléra imperceptiblement l'allure, comme pressé d'arriver -ou de distancer Kasumi ? Ce qu'il finit par faire, d'ailleurs : alors que le soleil baissait à l'horizon, Kasumi le perdit de vue, au coeur d'un secteur rocailleux où il ne pouvit guère laisser d'empreinte....

[Kasumi]

Il ne pouvait en vouloir à l'animal de rechercher l'abri de son refuge avant la nuit. Car, même si cette partie de la forêt revêtait des aspects de normalité, aucun endroit n'était vraiment sûr une fois la nuit tombée dans la Forêt Maudite. Comme le loup n'avait pas cherché à le perdre jusqu'ici, Kasumi décida de poursuivre en ligne droite au travers de la zone rocailleuse. Il espérait retrouver plus tard davantage de végétation pour y déceler la confirmation du passage de loups mais également pour se ménager un abri avant que la nuit ne tombe tout à fait : le combat du matin l'avait épuisé et il était soucieux de ne pas se laisser surprendre en terrain découvert.

[Voyageuse]

Il poursuivit donc son chemin à travers la rocaille, au milieu d'arbres secs au tronc noueux. La végétation lui indiquait que le terrain était sec, que l'eau était rare. Il ne s'y trouvait pas de rivière ni de troncs creux plein d'eau. Le feuillage était moins épais, et la lumière du soleil pénétrait largement dans le sous-bois, luttant sans peine contre la souillure de la forêt : il n'y avait pas de brume au sol, et la sensation de maléfice était grandement atténuée. Néanmoins, l'endroit était peu hospitalier, trop sec : il n'y vit pas trace de prédateurs ni de grands herbivores.
Puis il atteignit à nouveau un secteur de grands arbres au tronc sombre, l'humus sous ses pas redevint humide, il entendit le murmure d'un cours d'eau. Mais la brume au sol allait en s'épaississant, et son instinct l'avertissait que les lieux étaient hantés par de sombres puissances. Il lui fallait cependant décider d'un endroit où passer la nuit : il devina, à la baisse de luminosité, que le soleil disparaissait à l'horizon.

[Kasumi]

En forêt, la variété des abris était limitée mais leur choix manquait rarement. Mettant à profit ses années d'expérience en la matière, le demi-elfe se mit en quête d'un arbre suffisamment solide pour supporter son poids alors qu'il se mettrait hors de portée des créatures rôdant au sol. Mais avant de gagner son perchoir, il prit soin de rechercher le ruisseau pour y remplir sa gourde et se débrabouiller rapidement pour éliminer les remugles du combat matinal et de sa longue course en forêt. Dans la moiteur de cette fin d'été, il n'en trouverait que plus facilement un sommeil réparateur.

[Voyageuse]

L'eau du ruisseau avait un goût un peu ferrugineux, mais il avait trop soif pour s'en soucier vraiment. Elle était claire et propre, et c'était tout ce qu'il lui demandait. Il put se désaltérer et procéder à quelques ablutions.
Il trouva ensuite sans grande difficulté un grand chêne aux branches accueillantes, haut et robuste, dans lequel il s'installa pour la nuit. L'arbre voisin, encore plus haut, était d'une variété qu'il ne reconnut pas. Il ressemblait à un chêne mais avec des feuilles trop larges, et, surtout, de petits fruits à l'odeur sucrée qui lui étaient inconnus. Plusieurs oiseaux y nichaient, et picoraient sans vergogne les fruits en question. A vrai dire, l'arbre semblait même attirer les oiseaux, qui lui offraient un voisinage bruyant et plutôt joyeux compte tenu de l'atmosphère habituelle de ces bois.

[Kasumi]

C'était vraiment un soulagement de constater que la vie parvenait à s'accrocher et même à prospérer malgré la corruption qui imprégnait les bois. Cela renforça sa conviction qu'aider les loups à s'installer sur un nouveau territoire et entretenir le bosquet pouvait permettre à la vie de coloniser à nouveau les lieux. C'était une plus qu'une pensée rassurante, cela validait les choix de vie qu'il avait fait récemment et pour lesquels il était si facile de nourrir des doutes. Alors, malgré un certain inconfort et le risque toujours présent, il s'endormit sans peine au sommet de son abri sylvestre.