[Lieu] Les taudis

[Vel Cheran]

Jordin se tourna vers Marie, indécis.

"Est-ce que, par hasard, vous connaîtriez ces gens ? Je veux dire, s'il y en a qui sont susceptibles d'être des habitués, ils pourront plus facilement nous renseigner. Sinon, je suggère d'aller parler à l'employée de ménage, avec un peu de chance elle est aussi serveuse et voit passer du monde."

[Voyageuse]

Marie secoua la tête.
" Je les connais de vue, ce sont tous des gens du quartier, mais je ne sais pas s'ils traînent souvent au bar. Moi-même, je ne m'y arrête pas souvent..."
Elle haussa les épaules.
" Mais la petite mamie, là dans le coin, est une cliente du magasin. Je peux aller bavarder un peu avec elle... Venez, on va se poser à la table voisine."

A peine s'étaient-ils assis que la jeune femme à la serpillière déposait son matériel dans un coin, avant de s'essuyer les mains sur son tablier et de s'approcher.
" Bonjour... "
Elle sourit soudain à Marie qu'elle semblait reconnaitre.
" Mais... Je ne me trompe pas... vous travaillez bien dans la boutique en face ?, s'exclama-t-elle.
La vieille femme de la table voisine se retourna vers eux en entendant ces mots.
- Oh... je ne vous avais pas vue... Marie, c'est ça ?
- Oui, c'est ça.
- C'est vraiment pas de bol cette histoire qui vous est arrivée... Vous y étiez ? Vous n'avez pas été blessée ?
- Non, non, comme vous voyez...
- Si c'est pas malheureux... Ces voyous... Mais passez votre commande, allez-y, c'est ma tournée ! N'est-ce pas ?, ajouta-t-elle en se tournant vers son compagnon de tablée, qui se contenta de hocher affirmativement la tête, l'esprit visiblement ailleurs.

[Vel Cheran]

"C'est vraiment gentil de votre part", la remercia Jordin.

"J'espère qu'ils ne sont pas venus mettre le bazar ici après s'être enfuis de la boutique."

[Voyageuse]

La jeune serveuse secoua la tête.
" Oh... Non, non bien sûr ! 'Pensez bien qu'on les aurait pas laissé entrer. Le bar était plein à cette heure-là, y z'auraient pas pris ce risque. En fait, on s'est aperçus de rien, il n'y a pas eu de cris, d'éclats de voix. Y'a juste quelqu'un qui a dit, d'un coup, qu'il y avait les gardes, qu'il avait dû s'passer un truc. Puis bon, personnellement, j'avais pas trop le temps de regarder par la vitrine.
- Personne n'a rien vu ? insista Marie.
- Je ne sais pas... Je n'écoutais pas. Faut d'mander à ceux qu'étaient là... Y avait le couple Dominje à cette table, devant la fenêtre. Et à cette autre table, il y avait une bande de jeunes.... Avec le fils Dupupet. C'est à eux qu'il faudrait demander, peut-être."

[Vel Cheran]

Jetant un regard circulaire d'un air dégagé, Jordin s'efforça de vérifier si la boutique pouvait être surveillée depuis l'intérieur du bar, même en cas d'affluence : un guetteur tranquillement assis à une table n'était pas une hypothèse à écarter.

"Pardonnez ma curiosité, mais qu'est-ce qu'il y a au-dessus ?" demanda-t-il en désignant le plafond. "Des chambres à louer ? Ou des habitations ?"

[Voyageuse]

Les fenêtres donnaient sur la rue, et la boutique était nettement visible depuis les tables. Il était possible à un guetteur de se tenir là. Le seul obstacle était, peut-être, la difficulté pour communiquer discrètement avec des personnes situées à l'extérieur, mais ce n'était pas totalement inimaginable.
" Au-dessus, on a deux chambres à louer. Enfin... ce sont presque des petits appartements, en réalité, il y a tout le confort, et nos locataires prennent pension ici pour les repas. On les loue souvent au mois ou à l'année, pour des travailleurs saisonniers. Mais elles sont toutes les deux prises en ce moment, si c'est ce que vous cherchez..."

[Vel Cheran]

Jordin se passa une main sur le crâne, réfléchissant à la réponse de la serveuse. Elle avait l'air plutôt sympathique et prête à aider, il tenta donc de pousser les questions un peu plus loin.

"Par des clients réguliers ? Ou des gens de passage ? Je sais que mes questions peuvent paraître surprenantes voire indiscrètes, je ne sais pas trop ce que je cherche au juste, mais croyez bien que je n'ai pas de mauvaises intentions. J'essaie juste de mettre en place les pièces d'un puzzle qui m'échappe encore pour l'instant."

[Voyageuse]

" On essaie d'enquêter sur l'agression, souffla Marie à la serveuse avec des airs de conspirateurs.
- Ah... Vous pensez que mes clients pourraient avoir un lien avec ça ?"
Elle avait ouvert de grands yeux effrayés.
" Oh, pas directement, mais ils auraient pu laisser leur chambre à des guetteurs... ou est-ce qu'on aurait pu s'y introduire sans leur consentement ?
- Et bien... Je ne crois pas... On a les clés pour le ménage, mais c'est tout..."
Elle revint à Jordan.
" Pour répondre à votre question, l'un de nos clients est un petit jeune qui est là depuis presque deux mois. Il a réservé jusqu'à l'été prochain, il étudie à l'Université de la Magie.
- Ah oui, je vois bien le petit dont vous parlez ! Lucas. Un bon gars, timide et discret, intervint la cliente qui suivait la conversation d'une oreille distraite.
- L'autre... il travaille pour un forgeron je crois, mais on le voit très peu. Il est là depuis quinze jours mais il a donné sa dédite, il part demain."

[Vel Cheran]

"Mmh... Et cet apprenti forgeron, il a l'air de venir ici à des horaires fixes ? Ou bien ses allées et venues sont plutôt chaotiques pour un travailleur ? Bon, sinon, on pourrait repasser demain, pour voir à quoi il ressemble. Au cas où on l'aurait vu ailleurs fréquenter certaines personnes portant des foulards blancs. Sans vouloir sauter aux conclusions trop vite, évidemment : il n'a peut-être rien à voir avec tout ça."

[Voyageuse]

" Et bien... Je ne saurais pas trop dire... Il n'est pas natif de la ville, il connaissait peu de monde à son arrivée, mais il s'est fait des amis à son travail, si j'ai bien compris, et on le voit finalement assez peu ces derniers temps : il dîne souvent avec eux le soir. Je les ai vus une fois ou deux, mais je ne saurais pas dire si ce sont des Foulards Blancs... ce serait bien le genre, remarquez, vu les discours qu'ils tenaient.
- Et... Évidemment, il n'était pas là ce matin ?
- Non, non, enfin, je ne pense pas... mais il a déjeuné plus tard que d'habitude, maintenant que vous le dites, il devait travailler plus tard. Après, je n'ai pas surveillé, avec le marché à côté, je ne savais plus où donner de la tête..."

[Vel Cheran]

"Ces amis dont vous parlez viennent donc le chercher ici pour aller dîner ailleurs ? On pourrait peut-être simplement revenir ici avant le dîner, pour essayer de les apercevoir."

Jordin tapota sur la table du bout des doigts, sans sembler s'en rendre compte.

"J'y pense, vous avez évoqué les propos qu'ils tenaient : vous les avez entendu fanfaronner à propos des Mélandiens ?"

[Voyageuse]

" Oh, ils ne viennent pas systématiquement, je pense qu'ils se donnent rendez-vous ailleurs, maintenant que notre client connaît mieux la ville... Parfois, il ne repasse même pas après son travail, il va directement dîner en ville avec ses copains et il rentre tard. Il y a une porte indépendante pour monter aux chambres, il a les clés, parfois on ne le voit même pas rentrer. Mais, pour répondre à votre question, oui, ce sont des jeunes qui ont des préjugés anti-mélandiens.
- Votre client, intervint soudain Marie, les sourcils froncés, à quoi il ressemble ? Est-ce qu'il est très grand, maigre, les cheveux noirs, un peu longs, avec une épée presque neuve ?
- Oh, non, il est plutôt trapu et pas très grand... Et il a une épée, oui, qui brille bien, mais c'est normal pour un ouvrier forgeron. Mais l'un de ses copains ressemble à la description, par contre.
- Et à une période, ce copain, il venait souvent ici ?
- Oui, il est venu plusieurs fois en deux veilles.
- J'aurais pu le voir, alors...", conclut Marie, songeuse.

[Vel Cheran]

"Ça risque d'être compliqué de trouver des preuves, mais on peut toujours essayer de lui mettre le grappin dessus et de lui tirer les vers du nez. Qu'en penses-tu, Marie ?"

[Voyageuse]

" Je ne sais pas... Si c'est bien le copain du locataire qui est l'agresseur du magasin, il ne va pas se repointer par ici, il risquerait d'être reconnu... par moi, ou par ma patronne. Évidemment, il avait une écharpe pour se cacher le bas du visage, mais il y a les yeux, la dégaine... je suis sûre de le reconnaître."
Elle fronça les sourcils.
" Je ne sais pas comment on peut s'y prendre... On peut sûrement facilement coincer le locataire, il suffit d'attendre son retour, mais si on lui dit de but en blanc qu'on soupçonne son pote, ou même juste qu'on veut voir son pote, il va comprendre qu'il y a un souci et il va disparaître dans la nature.

[Vel Cheran]

"C'est vrai, c'est un risque. On pourrait le suivre, mais je ne crains de ne pas vraiment passer inaperçu", ajouta Jordin, embarrassé.

Il se massa le sommet du crâne, songeur.

"Bon, on peut aussi attendre ici qu'il se montre, et aviser selon la situation. À trop vouloir planifier, on se perd un peu parfois."

[Voyageuse]

Marie haussa les épaules.
" Oui, on peut attendre ici... De toute façon, vu la description, il devrait être impressionnable...
- Hum..., intervint la serveuse, avec un peu d'embarras. Vous faites ce que vous voulez, bien sûr, je veux pas me mêler... Mais il ne va pas revenir avant quelques heures. Au moins... trois heures à peu près, s'il rentre dîner. Ou plus tard. Si vous ne voulez pas attendre trop, je peux trouver sa fiche d'inscription, il a peut-être mentionné l'endroit où il travaille."

[Vel Cheran]

"Ah, ça pourrait servir, en effet !" répondit Jordin d'un ton reconnaissant. "Et sinon, on pourra toujours revenir un peu plus tard."

[Voyageuse]

La serveuse se retira dans une pièce voisine. Ils entendirent des tiroirs s'ouvrir, se refermer, et elle finit par reparaitre, un papier à la main.
" Voici sa fiche. Anton Pasdeloup. Il travaille... au Colosse d'Acier, c'est écrit là. C'est une forge, j'en ai entendu parler...
- Oui, moi aussi, ça me dit quelque chose... Elle ne doit pas être loin d'ici.
- C'est Rue des Chevaliers, intervint la vieille cliente qui, apparemment, n'avait pas perdu un mot de la discussion. Dans les Beaux Quartiers, mais pas très loin d'ici effectivement... et près des murailles. C'est là que mon petit-fils s'est acheté son épée, si j'ai bien compris. Armes naines, les meilleures, d'après lui !"

[Vel Cheran]

"D'où pourrait venir une épée courte de bonne facture..." réfléchit Jordin à voix basse.

"Merci beaucoup pour votre aide, messieurs-dames", dit-il aux clients et à la serveuse.

"Je pense qu'on peut aller se dégourdir les jambes du côté de la rue des Chevaliers, non ?" ajouta-t-il à l'intention de Marie avec un sourire en coin.

[Voyageuse]

" Tout à fait, opina-t-elle d'un ton assuré. Avec un peu de chance, en plus d'y trouver le locataire du dessus, j'y trouverai mon agresseur... même si je en suis pas sûre de pouvoir le reconnaître formellement..."
Elle ne semblait pas s'inquiéter le moins du monde des risques éventuels, malgré son âge. Elle avala d'un trait le reste de sa chope de bière et se leva, entraînant Jordin à sa suite.

Le Colosse d'Acier se trouvait à une quinzaine de minutes à pied. Il leur fallut revenir sur leurs pas, puis obliquer vers la droite dans une rue un peu plus importante qui s'éloignait du Grand Parc Verdoyant en longeant plus ou moins la limite entre les quartiers aisés de la ville et le secteur oriental. Ils durent demander leur chemin une fois ou deux, et finirent par localiser la forge. Tout au bout d'une impasse, à quelques dizaines de toises des murailles extérieures, un grand portail de bois barrait l'accès à un atelier, d'où s'échappaient des bruits métalliques. Même sans l'enseigne -un colosse en armure étincelant sous le soleil-, il n'y avait aucun doute sur l'activité qu'il abritait.

Une petite porte de bois, percée dans l'un des battants du portail, était entrouverte sur une petite cour intérieure. Un grand panneau indiquait l'accueil, sur une porte vitrée juste à droite, derrière laquelle une frêle jeune fille les observait.

[Vel Cheran]

"Bon, voilà ce que je propose : on entre et on se renseigne sur la fabrication d'une arme sur mesure, ou quelque chose dans ce goût-là. On pourrait demander à voir leurs épées courtes, par exemple, histoire de voir si ça vous dit quelque chose."

Il hésita un instant.

"Idéalement, si tu parviens à reconnaître la personne qu'on cherche, ça nous ferait gagner du temps. Mais est-ce qu'il ne risque pas de te reconnaître aussi ?"

[Voyageuse]

" Il risque de me reconnaître autant que je risque de le reconnaître... et peut-être même plus. Lui, il dissimulait son visage, pas moi. Et puis, ils ne voient pas souvent débarquer une vieille femme de mon âge dans ce genre d'atelier. Donc ils vont fatalement me regarder. Il faudrait que j'explique ma présence. Hum... On pourrait dire que... je tiens les cordons de la bourse ? Bof... Pas crédible."
Elle secoua la tête.
"Non, je sais. Je cherche une épée pour mon fils -j'ai pas de fils, hein, mais on va faire comme si. Bref, je cherche une épée pour mon fils, et tu es un voisin venu m'aider à choisir. Bon, évidemment, s'ils me reconnaissent, c'est pas gagné : ils ne croiront pas qu'une vendeuse de tissu gagne de quoi offrir une belle épée à son fils... Quoique, avec quelques années d'économies, pour fêter l'embauche de mon fils unique, prunelle de mes yeux, dans la garde de la cité... ça doit pouvoir se justifier.
Elle haussa les épaules.
" Bon... On y va ? Hum... En bon gentleman et connaisseur d'armes, je suppose qu'il est plus crédible que tu entres le premier."

[Vel Cheran]

"C'est un bon plan, allons-y."

Jordin pénétra dans la cour intérieure d'un pas qu'il voulut assuré, et se dirigea vers l'accueil de la forge. En passant, il jeta l'air de rien un coup d’œil autour de lui, comme s'il cherchait à apercevoir les ouvriers au travail, mais avec en vérité l'intention de repérer un potentiel apprenti correspondant à la description qu'on lui en avait faite.

"Bien le bonjour, madame. Nous venons pour obtenir quelques renseignements : fabriquez-vous des épées dans votre charmant établissement ?"

[Voyageuse]

L'entreprise n'était pas très grande. Il devinait, aux bruits qui s'en échappaient, qu'il y avait là deux ateliers, l'un à gauche et l'autre dans le grand bâtiment au fond de la cour. Il aperçut, dans le premier, deux silhouettes, qu'il identifia comme étant des nains et non des humains. La porte du second atelier était fermée.
" Oui, bien sûr, répondit la jeune femme à l'accueil avec un sourire avenant. Nous fabriquons toutes sortes d'armes et d'armures, mais les épées sont les plus demandées. Il vous faut quelque chose en particulier ? Est-ce une arme de combat ou d'apparat ? Dans le premier cas, il vous faut du métal trempé. Dans le second... c'est plus variable.
- C'est pour... une vraie arme, pour mon fils, intervint Marie, d'une voix peu assurée qui contrastait avec son caractère habituel et devait faire partie de son rôle de composition improvisé.
- D'accord, je vois."
Elle les regarda l'un et l'autre avec une légère hésitation, se demandant peut-être pourquoi Marie mentionnait "son" fils et non pas le leur.
" Par contre... Nous faisons les armes sur mesure, voyez-vous. Il serait dommage qu'une lame trop longue bute le sol lors des mouvements, que la poignée soit trop courte pour sa main, ou que l'ensemble soit trop lourd ou trop léger par rapport à sa morphologie. Il faudrait donc qu'il vous accompagne...."

[Vel Cheran]

"Eh bien, mon amie souhaitait lui faire la surprise", expliqua Jordin en prenant un air embarrassé. "Je suis son voisin, je venais pour l'aider un peu. J'ai été soldat dans ma jeunesse" expliqua-t-il.

Il prit un air pensif.

"Mais c'est vrai que s'il n'est pas là pour faire les essayages, l'équilibre entre la lame, la garde, la poignée et le pommeau risque d'être imparfait", concéda-t-il comme quelqu'un cherchant à insister sur le fait qu'il s'y connaissait.

Il préféra ne pas demander de but en blanc de visiter l'atelier, pour ne pas donner l'impression qu'il s'agissait précisément de l'objet de leur visite. Nul besoin de se précipiter.

[Voyageuse]

" Hum... Vous comprenez donc bien qu'on aura besoin de sa présence. Mais bien sûr, vous pouvez déjà commencer à choisir le genre de modèle que vous souhaiteriez, même si c'est sujet à caution en fonction de sa morphologie. Il est grand comment ? Large, costaud ou pas trop ?
- Grand... comme ça, répondit Marie sans hésitation en montrant une tête plus bas que Jordin. Moins costaud que lui. Mais pas maigrichon non plus...
- Hum... En fait, il vaudrait mieux que vous voyiez ça directement avec Maitre Thogas, je pense... Il pourra aussi vous montrer quelques modèles. Il faut au moins que vous décidiez la composition et la forme de la poignée, la largeur de la lame, si vous voulez une épée longue ou courte, en fonction de votre budget aussi. Il est à l'atelier à cette heure, venez, je vais vous y amener..."

Elle les entraîna vers la porte fermée du bâtiment situé au fond de la cour. Il régnait une forte chaleur à l'intérieur, et le travail battait son plein. L'atelier comportait deux forges : l'une d'elle rassemblait trois ou quatre ouvriers humains, l'autre était utilisée par deux nains, et c'est vers celle-ci que leur guide les entraîna. Le bruit était assourdissant, et l'un des deux nains, probablement Maitre Thogas, leur suggéra, par gestes, de ressortir.

[Vel Cheran]

En passant, Jordin s'efforça de discrètement mémoriser - autant que faire se pouvait - les visages des humains, cherchant particulièrement un jeune apprenti qui correspondrait à la description sommaire donnée par l'aubergiste. Puis il se couvrit les oreilles et indiqua d'un signe de tête à Thogas qu'il avait compris le message, avant de se diriger vers la sortie pour y attendre le forgeron.

[Voyageuse]

Le nain leur emboita le pas et ils s'en retournèrent donc vers l'extérieur, toujours précédés par la jeune femme de l'accueil.
L'examen des ouvriers n'apporta guère de choses à Jordin. L'un d'eux, un peu plus petit que les autres, pouvait être le locataire de la chambre au-dessus du troquet, mais sans certitude. Deux étaient grands avec des cheveux noirs, comme l'agresseur de Marie, mais aussi comme beaucoup d'autres lumeniens.
Mais Marie scrutait les ouvriers, elle aussi, et Jordin la vit tressaillir nettement, avant d'accélérer le pas pour rejoindre rapidement la cour.
" Je dois vous préciser que j'ai assez peu de temps, annonça le forgeron de but en blanc. Mais expliquez-moi donc ce que vous cherchez..."

[Vel Cheran]

"Désolé de vous déranger, nous irons droit au but", répondit Jordin. De toute évidence, Marie avait obtenu l'information qu'ils étaient venus chercher, il n'y avait donc aucune raison de traîner davantage ici.

"Nous venons pour prendre quelques renseignements concernant l'achat d'une épée - une épée courte, c'est bien cela ?" demanda-t-il en se tournant vers Marie.

[Voyageuse]

" Ou... oui, oui, répondit Marie d'un air distrait.
Elle semblait avoir plus ou moins oublié la raison officielle de leur présence et lorgnait vers la sortie. Elle se reprit, cependant.
" C'était pour mon fils... mais votre dame à l'entrée dit qu'il faut qu'il soit là avec nous... alors je sais pas... je voulais savoir au moins le prix...
- Bah le prix, ça dépend ! C'est pour une arme de combat ou de parade ? Avec une protection contre la rouille ? Un acier de plus ou moins bonne qualité ? Quelle épaisseur, quelle longueur ? Quelle forme de poignée et en quelle matière ? De la pierrerie de valeur pour décorer ? Ma p'tite dame, ça peut aller de dix à cent pièces d'or... et même plus si vous voulez quelque chose qui soit renforcée par de la magie !
- Je... heu... non... la magie c'est pas nécessaire... Et je n'ai pas cent pièces d'or..."
Elle jeta un regard implorant à Jordin.