[Lieu] La Traversée de la Lorien

[Galathée]

Ils ralentirent peu après.
" Nous sommes à l'endroit de l'embuscade, mais il n'en reste rien... dit le mercenaire. Les Patrouilleurs ont dû trouver le cadavre. Je suppose que Kimik n'est plus très loin. Si elle est toujours là où tu l'avais laissée..."
Ce qui n'était malheureusement pas le cas. Le yack s'était envolé, avec tout le matériel qu'il avait transporté. En revanche, Astrée perçut un frémissement dans son esprit, encore distant, mais bien réel. Prince n'était sans doute plus très loin... La druidesse savait cependant qu'elle ne devait pas s'en inquiéter : la créature était capable de la retrouver.

[Voyageuse]

" Il est possible que Kimik nous attende à l'auberge. Soit qu'elle ait poursuivi la route d'elle-même, soit que les patrouilleurs l'aient récupérée... Mais dans ce cas, je ne sais pas ce qu'ils ont pu en faire. Ils ont dû nous croire morts. Et j'espère que les elfes du coin n'ont pas eu trop d'ennuis, non plus. On a pu les accuser...."
Vu la lenteur des négociations avec les elfes, l'enquête devait en être à son tout début, si enquête il y avait. Elle haussa les épaules. Tout ceci s'arrangerait en son temps.
" La seule bonne nouvelle, c'est que Prince se rapproche, annonça-t-elle en devinant sa présence. Mais ce n'est pas lui qui va nous apporter de la chaleur. On verra bien ce qu'on trouve à la prochaine auberge... Tu dois être gelé."

[Galathée]

" Je ne suis plus certain de sentir grand chose. Ces écarts de température... Peut-être devrions-nous envisager de rester dix jours à l'auberge, au chaud, tranquilles, à manger du gibier rôti... Je pense que j'aimerais ça."
Il poussa un bref soupir.
" Mais c'est peut-être une auberge misérable qui nous attend plus loin... avec seulement... des racines. Topinambours et betteraves jusqu'à l'été."

[Voyageuse]

" Du gibier, ça se trouve ! Hum... Bon, d'accord, c'est compliqué en cette saison, surtout en n'ayant pas le droit d'entrer dans la forêt. Mais ils doivent avoir quelques réserves bien cachées. Hum... Je pense qu'on doit pouvoir se les offrir, ces dix jours au chaud ! "
Dix jours avec lui... c'était plus que tentant. S'ils parvenaient à en faire davantage qu'une halte entre amis, ce serait encore mieux.
Elle n'avait guère de souvenirs de l'auberge en question. C'était la première où ils avaient amené Eyri, et elle était davantage préoccupée par l'elfe, à ce moment-là, que par le contenu de son assiette ou la qualité de son lit.
" Tu as quand même la peau un peu violacée. Donc je crois que tu dois être gelé à l'intérieur. C'était quoi, ce sortilège avec la brume argentée ?"

[Galathée]

" Un sortilège de vitesse... pas ordinaire... il ne marche qu'en forêt, et que dans les endroits à forte charge féérique... et pas très bien, dans ce plan... Il laisse un passage très marqué, cependant, qui attire les mauvaises entités... et qui nécessite une présence le moins féérique possible — c'est à dire humaine — pour s'atténuer. Plus vite nous serons à l'auberge, plus vite notre piste disparaîtra. Ce qui serait mieux."
Il relança aussitôt Recha vers l'auberge.
" Nous allons devoir réfléchir à la petite histoire que nous allons raconter aux gens... Il y aura sûrement des patrouilleurs à l'auberge... et ils voudront savoir ce qui s'est passé."

[Voyageuse]

" Je pense qu'on peut rester aussi proche de la vérité que possible, mais sans révéler quoi que ce soit à ton sujet."
Elle réfléchit. Ils n'avaient aucune raison de mentir à propos des deux humains et des elfes : ces derniers avaient enfreint le règle de neutralité de la route et ils devaient pouvoir en répondre au besoin.
"Je pense en tout cas qu'il faut dire la vérité sur ce qui est arrivé à ces hommes. Après, pour notre rôle là-dedans... On peut dire qu'on a vu les restes de l'agression et qu'on a voulu savoir ce qu'il était advenu des deux autres. Expliquer que, puisque tu parles elfique et que tu as d'habitude de bons contacts avec eux, tu pensais pouvoir négocier avec eux... mais que la négociation ne s'est malheureusement pas très bien passée pour nous, qu'on n'a abouti à rien et qu'on a dû fuir. Et puis... pour le fait qu'on n'a plus grand-chose sur nous... Je ne sais pas. Dire qu'on s'est retrouvés dans des ruines bizarres, qu'on a déclenché une magie élémentaire... On doit pouvoir raconter à peu près la vérité sur cette cité tant qu'on ne parle pas des elfes. Bon, évidemment, on va se faire enguirlander pour être entrés en Lorien... Tu en penses quoi ?"

[Galathée]

" Je ne sais pas... Une part de moi a envie de brouiller les pistes, pour éviter que la situation ne s'envenime... "
Il secoua la tête.
" Mais une autre... réalise que j'aurais mieux fait de ne me mêler de rien... et que je fais donc mieux de jouer cartes sur table, histoire d'éviter de m'embarquer à nouveau dans une histoire que je ne maîtrise pas."
Il soupira.
" Le principal est qu'ils comprennent que nous n'y sommes pour rien, je suppose."

[Voyageuse]

Astrée réfléchit.
" Brouiller les pistes... ce n'est pas simple. On peut essayer d'inventer une explication à notre disparition, sans lien avec l'agression. On peut prendre prétexte d'un phénomène magique, ou bien dire qu'on a voulu se mettre à l'abri de la tempête un moment, puis qu'on s'est perdus et retrouvés dans cette cité bizarre. Mais je ne sais pas si c'est une bonne option, concernant les tensions avec les elfes. Ils vont enquêter de toute façon sur la disparition... Peut-être qu'ils n'apprendront rien, avec la neige qui a brouillé les pistes, mais je ne voudrais pas qu'ils accusent à tort la tribu d'elfe la plus proche : les contacts sont déjà tendus.... Ou alors, on peut décider d'aviser en fonction de ce qu'ils ont déjà découvert ? S'ils n'accusent pas les elfes locaux, on peut rester discrets sur ce qu'on sait ..."

[Galathée]

Il haussa les épaules.
" Je ne sais pas. Peut-être éluder dans un premier temps... et voir ce que mes nouveaux employeurs en pensent ensuite..."
Il y avait une construction, dans le lointain, entre les arbres, et Astrée devina l'auberge qu'elle guettait. C'était l'une des plus modestes du parcours, pas exactement un endroit où on aurait voulu se poser pendant plusieurs jours. Mais dans l'immédiat, elle ferait l'affaire : on y mangeait correctement et les chambres étaient propres, à défaut d'être particulièrement confortables.
" Il n'y a personne, remarqua alors Dimitri, tandis qu'ils approchaient. Pas de fumée. A mon avis, c'est désert."

[Voyageuse]

Elle n'était pas convaincue de la nécessité d'aborder leur mésaventure avec Kerun : en quoi cela pourrait-il concerner les services secrets ? Mais elle n'avait qu'une idée très approximative du rôle de ceux-ci, après tout. Ils se mêlaient sans doute un peu de tout...
Elle vit approcher l'auberge avec soulagement, et haussa les épaules à sa remarque.
" Ce n'est pas étonnant : ils ne sont pas avertis de notre arrivée et il n'y a peut-être personne d'autre sur les routes aujourd'hui. Il faut espérer qu'il aient laissé les clés en libre accès. Et des réserves de nourriture. Ou qu'il y ait au moins un bâtiment ouvert, même si c'est juste avec de la paille... Mais si on pouvait manger mieux que des fruits magiques, ce serait aussi bien !"
Elle fronça les sourcils.
" Mais... ça pose un problème, que tout soit désert, par rapport à la magie que tu as utilisée ? Tu dis qu'il faut se rapprocher des secteurs humains... Une simple construction, est-ce que ça suffit ?"

[Galathée]

" Hum... Ça risque de ne pas être suffisant..."
Il arrêta Recha et sauta de selle.
" Mais on va s'arrêter et se réchauffer... et prendre des couvertures a minima. Même si c'est fermé."
Il frappa avec énergie à la porte puis tourna la poignée, qui s'ouvrit.
" Bon, c'est déjà ça... Je n'aurai pas à défoncer la porte."

[Voyageuse]

Astrée sourit.
" C'est mieux, oui. Je n'ai pas les moyens financiers de les dédommager si on cause des dégâts. Mais je suis presque sûre qu'ils laissent les auberges ouvertes lorsqu'il n'y a personne. C'est presque indispensable, en cette saison. On ne peut pas se trouver avec des voyageurs coincés dehors par ce froid..."
Elle se glissa par l'entrebâillement.
" Il y a quelqu'un ?"
Il n'y avait très certainement personne. Il leur restait à trouver une pièce avec une cheminée, du bois de chauffage, et de quoi manger. Ainsi que des couvertures. Elle s'imaginait volontiers attendre au chaud jusqu'au lendemain matin, pour sa part : elle comprenait mal le danger auquel faisait allusion Dimitri.

[Galathée]

Le mercenaire la suivit, circonspect. Comme elle l'avait deviné, l'auberge était vide, mais il y avait du bois de chauffage en suffisance, et un petit message reprenant quelques consignes de base. De la nourriture, par contre, il n'y en avait pas. Il y avait des armoires fermées, peut-être pourraient-ils y trouver quelque chose, mais les lits étaient nus. Dimitri lança un feu dans l'âtre.
" Je crois que je vais quand même devoir forcer une armoire ou l'autre. Je voudrais me montrer plus respectueux du bien d'autrui, mais puisque Kimik n'a pas l'air de s'être arrêtée ici... Si ça se trouve, les patrouilleurs l'ont emmenée dans la direction opposée. Si je ne m'abuse, nous sommes quand même plus proches de Belred que de Nauru..."

[Voyageuse]

" Oui, on est plus proches de Belred. Et ils ont dû redescendre là-bas pour faire leur rapport : les autorités lumeniennes me semblent plus présentes à Belred qu'à Nauru. Après... peut-être que Kimik était déjà partie, d'elle-même, avant leur arrivée... et que son instinct la guide en direction de chez elle."
Elle haussa les épaules, et chercha du regard quelques ustensiles de cuisine pour faire au moins bouillir de l'eau pour une infusion. Quelque chose d'un peu plus grand que sa minuscule timbale.
" De toute façon, on aura des nouvelles tôt ou tard. Mais si on doit repartir, il faut trouver des couvertures sinon on va geler... et donc fouiller les armoires, tu as raison. La prochaine auberge, dans un sens comme dans l'autre, est à une journée de voyage. Tu ne pourras pas rester sans rien sur le corps, aussi parfait soit-il, fit-elle d'un ton léger avant de redevenir immédiatement sérieuse. Mais tu penses que ce serait dangereux de rester là ? Il faut qu'on reparte rapidement ?"

[Galathée]

Dimitri n'avait évidemment pas relevé sa boutade.
" C'est plus dangereux d'être dehors que dedans... Nous n'atteindrons pas l'auberge suivante avant la nuit..."
Il parut songeur.
" Tant pis, il faudra faire avec. Il ne se passera peut-être rien. Le mieux serait de prendre le temps d'ériger une sorte de barrière... humaine... En utilisant des objets typiques de votre race... En forçant quelques serrures, nous y arriverons."
Astrée trouva un matériel de cuisine ordinaire, mis à disposition des voyageurs.
" Pour le reste, il y a sûrement un potager... Il n'est pas interdit de penser que nous y trouverons quelques racines... et puis on peut essayer de piéger quelque chose... Le ragoût de souris, ça se mange. Ou l'écureuil rôti. Enfin, pas le tien, bien sûr."

[Voyageuse]

Elle haussa un sourcil amusé.
" Hum, méfie-toi, si jamais il apprend que tu manges les écureuils, il va te haïr pour la vie !"
Elle mit à bouillir une gamelle d'eau.
" C'est compliqué, de piéger des bestioles, en cette saison. Beaucoup hibernent... Mais d'un autre côté, certains approchent des habitations pour se nourrir, surtout s'il y a un potager. Je verrai si je trouve des traces d'herbivores... Ou peut-être qu'il y a des volatiles. En guettant juste à la tombée de la nuit, j'ai peut-être une chance de tirer un petit gibier quelconque. Et on posera des pièges, aussi. Mais dis-moi, à quel genre d'objets tu penses, pour ta barrière ? Un lit, par exemple ?"

[Galathée]

" Non, pas des choses aussi volumineuses... sans compter que les lits ne sont pas particulièrement humains... Mais, je ne sais pas... un fer à cheval... une théière... une scie... Ce n'est pas une barrière au sens propre, qu'il faut ériger... C'est une barrière symbolique. Marquer les lieux comme humains. Il doit y avoir moyen de trouver tout le matériel requis dans cette salle... Dès que je serai un peu réchauffé, je rassemblerai une petite pile... mais la nuit ne tombera pas avant deux heures, j'espère... Cela nous laisse un peu de marge."

[Voyageuse]

" C'est compliqué, de trouver quelque chose de spécifiquement humain. De non-elfique, oui, c'est pour ça que je pensais à des lits. Mais juste humain... Il faudrait des ustensiles de cuisine typiquement humains ? De la nourriture typiquement humaine ?"
Elle secoua la tête et rit.
" Hum, en fait, je dois avoir faim, pour que mes idées tournent ainsi autour de la nourriture. Mais sinon... peut-être qu'il faut juste que ça ait été fabriqué par des humains ? Des outils, des ustensiles... des couvertures... mes vêtements, je suppose."
Elle jeta quelques feuilles de thé dans l'eau chaude, songeant que ses maigres réserves diminuaient peu à peu.
" Mais tu vas d'abord te réchauffer. J'irai voir dehors ce que je peux espérer trouver pour un repas meilleur que mes baies... J'y suis moins en danger que toi, non ?

[Galathée]

" Tu n'y es pas moins en danger, non, mais tant que la nuit n'est pas tombée, les risques sont limités. Reste à proximité, même si tu vois un faisan dodu."
Il se leva quand elle se dirigea vers la porte, et s'arrêta devant une armoire bloquée d'un cadenas.
" Je me demande ce que tout ça va me coûter..."
Puis, sans plus d'hésitation, il fit sauter la fermeture à l'aide du manche de son épée.
" Si tu ne nous trouves pas de gibier, nous pourrons au moins manger des lentilles ou du pain."

[Voyageuse]

Elle sourit, songeant qu'elle aurait hésité bien plus, si elle avait été seule, à tenter de forcer les serrures.
" Parfait : le gibier n'est pas vital, on ne mourra pas de faim. Et il doit bien y avoir quelques couvertures également dans un autre placard. Mais regarde donc s'il y a un peu de petit matériel, ficelle ou fil de fer fin. Juste de quoi fabriquer des pièges, au cas où l'endroit semble fréquenté par des bestioles. Bien sûr, je peux aussi tenter de bricoler ça avec les moyens du bord, mais c'est plus long... et moins efficace. Et si j'arrive à installer des pièges, ça m'évitera de guetter pendant deux heures dans le froid avec mon arc."
Elle était indubitablement meilleure en tir à l'arc qu'en piégeage, cependant.

" Et à propos de guet... est-ce que je dois aussi guetter un phénomène quelconque qui indiquerait l'approche du danger dont tu parles ?"

[Galathée]

" Non, dit-il. Cela ne sert à rien de faire le guet. Par contre, il faudra qu'on définisse un périmètre, en fonction de ce à quoi nous voulons avoir accès une fois la nuit tombée. Autour de l'auberge ou autour de l'auberge et des écuries ou... du potager, je suppose. Je termine de rassembler des objets, puis j'irai ériger la barrière."
Il était en train de forcer une seconde armoire. Il était clair qu'il ne s'arrêterait pas avant d'avoir trouvé tout ce dont il avait besoin.

[Voyageuse]

Astrée haussa les épaules.
" Je ne vois pas pourquoi on aurait besoin d'aller au-dehors après la tombée de la nuit, que ce soit le potager ou l'écurie. Tu as dit qu'il valait mieux éviter, et l'intérieur nous suffit, non ? D'ailleurs, on aurait juste besoin d'une pièce. On peut y ajouter la cuisine et les latrines, éventuellement la salle d'eau. Il faut juste anticiper et rapatrier tout ce dont on a besoin à l'intérieur, réserve d'eau, légumes.... gibier si j'ai pu en prendre. Et ça dépend aussi de la quantité d'objets que tu vas trouver, je présume."
Elle n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait être ce danger auquel il faisait allusion. Et il n'était guère explicite. Un phénomène magique quelconque, certainement.
Il lui restait à espérer que Prince les rejoindrait avant.

[Galathée]

" Non, il n'est pas question qu'on laisse une partie du bâtiment accessible. Il faut protéger toute l'auberge, a minima. Mais ce n'est pas un problème : le cercle peut être discontinu, du moment qu'il dégage l'énergie requise."
Il eut un sourire.
" Mais c'est mon créneau, ne t'en soucie pas."

[Voyageuse]

Elle acquiesça.
" Je te fais confiance, je n'y connais rien. Je vais m'occuper du ravitaillement, rapatrier à l'intérieur ce que je trouve à manger, et remplir des récipients de neige pour avoir une réserve d'eau. Pour le reste... bah, j'attends tes ordres, fit-elle en souriant avec un léger haussement d'épaules. Par contre, est-ce que je peux te reprendre mon écharpe, et peut-être mon pull, pour aller dehors ? Enfin, si tu es assez réchauffé... Mais tu en as peut-être besoin pour ta barrière ?"
Si elle voulait chasser ou tenter de piéger quelque chose, elle ne devait pas traîner davantage.

[Galathée]

Dimitri lui rendit bien sûr ses affaires — il s'en était dépouillé dès qu'il avait allumé le feu, en réalité, se contentant de la veste que l'elfe lui avait laissée. Il avait bon espoir de trouver des vêtements quelque part, au moins un manteau, peut-être mieux, et au pire, il ne semblait pas rebuté par l'idée de se bricoler quelque chose avec une couverture. Il laissa donc Astrée sortir. L'extérieur de l'auberge était aussi modeste que l'intérieur. L'écurie se résumait à quelques stalles sous un toit pentu, il y avait un puits, un poulailler vide, un morceau de potager dont il ne restait pas grand chose : quelques choux et du pourpier d'hiver, peut-être des topinambours si Astrée décidait de creuser. Il y avait aussi des oiseaux dans les arbres, et des traces de petits mammifères, peut-être des lapins, mais il fallait les pister pour trouver l'entrée de leur terrier.

[Voyageuse]

Elle décida, sans grande conviction, de poser des collets. Ce n'était pas sa spécialité, et elle manquait un peu de matériel. Cependant, pour du très petit gibier, ce pouvait être plus sûr qu'une flèche -et l'un n'excluait pas l'autre. Il lui fallait juste repérer l'entrée de leur terrier, et cela, sans trop s'éloigner, comme elle en avait reçu la consigne. Mais ils se cachaient probablement à proximité immédiate du potager.
Elle comptait poser ses pièges à proximité de leur trou, avant d'aller ramasser quelques légumes. Elle trouverait bien un outil pour creuser à la recherche de racines comestibles quelconques pour compléter. Il lui fallait récupérer de l'eau, également... Elle avait donc largement de quoi s'occuper utilement jusqu'à la fin de l'après-midi.

[Galathée]

Astrée put récupérer les légumes survivants, feuilles et racines, ainsi que de l'eau à profusion. Pour le gibier, il faudrait attendre : à moins de trouver une manière efficace d'attirer les lapins à l'extérieur, il n'y avait aucune raison pour qu'ils sortent de leur cachette alors qu'elle était à quelques pas. Pendant qu'elle travaillait au ravitaillement, Dimitri était reparu, vêtu d'une tunique, de chausses et de bottes qu'il avait manifestement chapardées à l'intérieur. Tout était trop petit pour lui, mais il s'en moquait. Il commença à disposer de menus objets autour de l'auberge : Astrée le vit transporter un seau, une louche, une hache, une lampe à huile, une pelle, un livre, plusieurs bocaux vides et des couverts divers. Il les disposait en faisant trois ou quatre pas entre chacun d'entre eux, puis les déposait simplement sur le sol.
Soudain, la druidesse perçut un léger frémissement à la surface de son esprit et, une seconde plus tard, un écureuil bien connu tomba du ciel, directement sur sa tête. Sans faire davantage de manière, la créature glaciale dégringola à l'arrière de son crâne et alla se glisser à l'intérieur de son écharpe, peu soucieuse du bien être de sa maîtresse. Après tout, elle l'avait scandaleusement abandonné dans les bois, tout ça à cause d'un grand type dont elle s'était entichée. Un scandale !

[Voyageuse]

Elle était occupée à observer d'un air rêveur le grand type en question lorsque l'écureuil glacé lui dégringola dans le cou, et elle l'accueillit d'une protestation étouffée. Mais elle était trop soulagée de le revoir pour lui en tenir rigueur. Elle s'efforça de lui transmettre ses excuses pour avoir été si longue à le retrouver, et lui assura qu'il lui avait été impossible de revenir le chercher auprès des elfes.
Mais tout ce dont il avait besoin, c'était de chaleur, et non d'excuses : elle le laissa donc se blottir dans son cou, tandis qu'elle "oubliait" volontairement quelques feuilles de chou à proximité immédiate de ses pièges. Avec un peu de chance, les rongeurs curieux sortiraient, après son départ, pour voir si leur territoire avait été perturbé, et viendraient se servir... Et elle reviendrait un peu plus tard, très discrètement, en vue des terriers, avec arc et flèches, au cas où les pièges ne suffisent pas.

Elle revint vers Dimitri en souriant, le coeur léger malgré ce danger auquel il faisait allusion. Près de lui, elle ne risquait rien. Elle regrettait presque qu'il ne soit pas resté torse nu, mais ça aurait été cruel de souhaiter une telle chose dans le froid ambiant...
" J'ai posé quelques pièges, j'ai des légumes... Et j'ai retrouvé Prince. Est-ce que je peux t'aider à faire quelque chose ?"
Elle songea qu'elle devrait aussi préparer le repas... quelque chose de bon et ravigotant... Pouvait-on gagner le cœur d'un homme par son estomac ? Une halfeline de sa connaissance aurait dit oui, certainement. Mais Dimitri n'était pas un homme ordinaire. Le genre impossible à séduire.... surtout quand on n'avait aucune compétence en la matière.

[Galathée]

" Non, ça ira, tu es gentille. Je suis content que tu aies retrouvé ta boule de poils."
L'écureuil sortit la tête de sa cachette et vociféra de mécontentement, l'agonissant d'injures incompréhensibles et pourtant curieusement explicites.
" Interdiction de me mordre." lâcha durement Dimitri.
Prince retourna à l'intérieur de l'écharpe d'Astrée, sans demander son reste.
" Essaie de ne pas trop t'effrayer quand tu rentres à l'intérieur. Je te promets que je ferai un peu de rangement avant de partir, demain."

[Voyageuse]

Astrée haussa un sourcil devant l'altercation entre le mercenaire et l'écureuil. Ces deux-là avaient décidément un certain passif. Le temps avait dû paraître long à Prince, lorsqu'elle était en Féérie.
Mais sa dernière phrase lui arracha juste un léger haussement d'épaules.
" Ne t'en fais pas, il en faut beaucoup pour m'effrayer. J'espère juste que les tenanciers ne débarqueront pas à l'improviste ce soir..."
Elle grimaça un sourire, songeant à la difficulté qu'ils auraient à expliquer l'amoncellement d'objets divers tout autour de la maison..
" Mais puisque tu n'as pas besoin de mon aide, je vais commencer nous préparer un dîner convenable... et bien chaud, surtout ! Ça nous fera du bien. Avec un peu de chance, on aura même de la viande à y ajouter."
Elle se dirigea vers la porte d'entrée sans insister davantage, se demandant si l'intérieur était dans un état aussi inquiétant qu'il l'affirmait. Elle pourrait certainement ranger un peu... à condition de ne pas interférer avec ce qu'il était en train de faire. Mieux valait attendre.