[Lieu] Le Comptoir sur la Sombre

[Voyageuse]

Situé à l'embouchure du bras nord de la Sombre, le Comptoir est un petit bourg de plusieurs dizaines d'habitations, blotties les unes contre les autres sur la rive nord, et entourés de fortifications impressionnantes, qui, de façon surprenante, sont davantage tournées vers la terre que vers la mer. Parmi les quelques centaine d'âmes qu'il abrite, un bon quart des habitants sont des soldats de l'armée Luménienne, renforcés de plusieurs mages, prêtres et paladins.

La raison de cette présence militaire est évidente pour quiconque connaît la géopolitique de l'île. L'endroit se trouve aux portes des landes des Sirènes, région hautement dangereuse où les morts-vivants sont légion. Mais surtout, la cité se trouve en aval d'Ithillion, qui n'a jamais fait mystère de ses ambitions politiques et a toujours refusé la suprémacie luménienne. Le comptoir est le seul accès à la mer possible depuis Ithillion, le bras sud de la Sombre étant totalement impraticable. Même si le bras nord n'est guère mieux loti, accessible seulement à de petites barges à fond plat, l'endroit est constamment sous surveillance militaire.

*****

Quête : Influences Politiques


La journée de navigation s'était déroulée sous un ciel gris, des nuages de plus en plus lourds roulant dans le ciel. Lorsqu'ils arrivèrent au Comptoir, en milieu d'après-midi, l'orage n'était plus très loin, et Luc, le convoyeur, semblait tendu. Mais malgré son impatience, il dut patienter de longues minutes au bureau de capitainerie à l'entrée de la cité, le temps que le garde de faction étudie les parchemins qu'il lui tendait.
" Personne ne passe jamais là, expliqua-t-il à Gabriel en éloignant la barge du quai, poussant sur un le long bâton. Le seul village en amont, c'est le nôtre...
- Et Ithillion, remarqua Anita.
- Oui, bien sûr. Mais le fleuve n'est pas praticable entre Ithillion et chez nous. Heureusement..."

[Cendres]

Gabriel ne se sentit pas à l’aise, certainement à cause de la proximité d’Ithillion.
«Mais, c’est lieu stratégique...» Le jeune homme pensa que sa corpulence pouvait attirer le regard d’éventuels espions Ithilliens et il essaya de se détendre en respirant doucement.

[Voyageuse]

Luc avait entendu sa remarque.
" C'est un point stratégique pour Lumenis, oui. C'est pour ça qu'on est contrôlés. J'ai une autorisation spéciale de circulation, que j'ai montrée à la capitainerie, et on va sûrement vous demander votre identité en débarquant..."
Tout en parlant, il franchissait une espèce d'arche de pierre. C'était un ouvrage imposant, de construction récente, où on avait percé quelques meurtrières orientées de façon à surveiller l'amont du fleuve.

Juste au-delà de l'arche, la rivière s'élargissait en un large port. Le fond avait dû être creusé pour autoriser la navigation de navires à plus gros tonnage : on y trouvait, outre quelques barges semblables à la leur, une demi-douzaine de chalutiers et un navire de grande taille. Il ne s'agissait malheureusement pas du navire militaire par lequel Gabriel était arrivé dans la région. A l'autre extrémité du port, des murailles s'ouvraient sur un large passage vers la haute mer.

Luc dirigea adroitement leur embarcation vers le quai réservé aux livraisons fluviales. Un garde s'avança à grandes enjambées vers eux, les toisant sans aménité.
" Bonjour, Luc. Je vois que vous amenez autre chose que de la marchandise aujourd'hui... Merci de me donner vos noms et votre nationalité?", ajouta-t-il d'une voix forte et autoritaire à l'adresse de Gabriel et Anita.

[Cendres]

Gabriel n’aima pas l’attitude du garde, mais ne montra pas son agacement et obéit «Je suis lumenien et je m’appelle Gabriel de Batz. »

[Voyageuse]

Le garde hocha la tête. Il tenait à la main un parchemin et un support, qu'il posa sur le muret qui bordait le quai, pour y noter les informations recueillies.
" Et vous ?"
Il s'adressait à Anita.
" Je m'appelle Anita... Je viens du village des Pierres Levées, comme Luc.
- Pourquoi dissimulez-vous votre visage ?
- Oh... c'est juste parce qu'il va bientôt pleuvoir..."
Avec une hésitation, Anita ôta sa capuche, révélant ses traits. Le garde lâcha une exclamation de surprise.
- Elle habite bien le village, confirma Luc, venant à son secours.
- Comment une drow pourrait-elle être d'ici ?
-Je suis une semi-drow. Un voyageur m'a trouvée dans les contreforts des Rocheuses, et il m'a laissée au village. J'étais une enfant... je ne me souviens de rien."
Elle avait débité son histoire d'une traite, comme un récit appris par coeur, sans la moindre émotion. Le garde hésita.
" C'est l'apprentie de notre rôdeur," précisa Luc, secourable.
Indécis, le garde préféra reporter son attention sur Gabriel.
" Et vous ? Comment se fait-il qu'un Lumenien arrive par ce côté-ci ?"

[Cendres]

« Je suis soutien-interprète de l’armée lumenienne. Mon régiment a été envoyé combattre des morts vivants dans les Landes des Sirènes…nous avons été battus…je suis le seul survivant de la troupe et j’ai été sauvé par Anita la fille adoptive de Noah, le rôdeur du village des pierres Levées. Je retourne à la caserne pour y faire mon rapport sur les évènements de la bataille. »

[Voyageuse]

" Ah, heu..."
Il lui sembla que le soldat se redressait légèrement, retrouvant le maintien raide de la parade.
" En ce cas, soldat, bienvenue au Comptoir. J'ai entendu parler de ce détachement, maintenant que vous le dites. Vous aviez débarqué plus au nord... Mais j'avais cru comprendre qu'il y avait un seul survivant, qui avait déjà regagné le navire pour rendre compte de... hum... de l'échec de la mission. N'hésitez pas, en effet, à descendre au fort faire votre rapport. La caserne est dans l'alignement de l'arche sous laquelle vous êtes passés.
Il griffonna quelques mots sur son parchemin et recula d'un pas.
" Tout est en règle, pour ma part. Vous pouvez circuler"

Luc n'avais pas attendu sa permission pour sauter à terre, et amarrait déjà son embarcation, avec l'aide de son petit-fils.
" Au boulot, lança-t-il. Il faut qu'on termine avant la pluie. Il faut tout amener dans le hangar que vous voyez de l'autre côté du quai. Celui de gauche, le plus petit, précisa-t-il en leur désignant un baraquement de bois. Je vais récupérer les clés..."
Il se dirigea d'un bas leste, malgré un léger boitillement, vers une guérite qui se trouvait à quelques dizaines de toises de là. Mais on les avait aperçus, et un garde en sortait déjà, un gros trousseau de clé à la main.
" Bon, j'suppose que j'm'occupe des moutons, soupira Anita. Tu me raconteras ce que ça veut dire, soutien-interprète ?"

[Cendres]

« Mais Anita…je peux déjà répondre à ta question sur ce qu’est un soutien-interprète. Je faisais partie du personnel de soutien et j’étais interprète ou porte-parole. Mais je te raconterai plus tard… comment j’en suis venu à me battre…Ce qui m'étonne c'est le rescapé...Bon, il faut que je débarque les ballots…ça me connait. » dit-il en souriant.

[Voyageuse]

" Mais... soutien... c'est quoi, le personnel de soutien ? Bon, je suppose que ce n'est pas celui qui soutient une construction, ni celui qui console les compagnons dans la peine..."
Tout en parlant, elle détachait les cordes délimitant l'"enclos" des moutons. D'une main ferme, elle empoigna l'un d'eux par sa toison de laine et le guida sur la passerelle qui menait à l'extérieur. Les autres suivirent. Ils avançaient lentement, bouchant le passage : il n'était pas possible de décharger les ballots tant qu'ils n'avaient pas tous débarqué. Mais Gabriel pouvait commencer à les monter depuis la soute.
" Donc je suppose que... ça veut dire que tu ne vas te battre que quand les autres ont échoué ? Ou que tu restes à l'arrière du combat ? Désolée si je suis curieuse... mais je n'y connais rien en stratégie militaire. Et interprète... tu traduis quoi ?"

[Cendres]

« Tu as presque tout deviné... Quand je me suis enrôlé, l’armée a choisi de me placer parmi le personnel de soutien…c’est-à-dire les soldats qui apportent des compétences supplémentaires comme l’architecte qui construit des ponts adaptés aux différents terrains, parfois uniquement pour satisfaire les officiers haut gradés comme l’intendant, le sommelier… Pour ma part, mon grand-père m’a fait étudier plusieurs langues comme le Commun, l'Elfique, le Nain…pour que je reprenne la compagnie commerciale de la famille. C’est comme ça que je suis devenu interprète et porte-parole sur le terrain. Mais, j’ai reçu le même entrainement physique que les fantassins. Et puis, j’ai été réquisitionné avec tous le personnel de soutien pour la bataille finale… »

[Voyageuse]

" Donc, en réalité, tu es interprète plutôt que soldat, conclu Anita avec un sourire. C'est sûrement plus intéressant !"
Elle était obligée de parler fort pour couvrir le bêlement des moutons anxieux qui passaient un à un la passerelle. Le dernier agneau parvint enfin à la terre ferme, et la rôdeuse prit quelques instants pour les rassembler autour d'elle, leur distribuant quelques poignées de foin pour les amadouer.

A ce moment, une première goutte de pluie tomba sur le sol, puis une seconde. Luc avait ouvert le hangar et se dirigeait dans leur direction, en clopinant légèrement. Il leur fit digne de se hâter, et Anita se dirigea sans hésiter vers le hangar, son maigre troupeau accroché à ses basques.

[Cendres]

Gabriel chargea son dos de sacs et se dirigea vers le hangar et repartit en courant dans la barge pour en décharger d’autres avant que la pluie ne devienne battante.

[Voyageuse]

Leur cargaison craignait l'humidité, et Luc lui demanda de garder la tourbe pour la fin : le houblon était prioritaire sur le reste, devant rester sec. Le riz, une fois récolté, n'aimait guère l'humidité et risquait de se gâter. La tourbe, en revanche, sécherait sans difficulté.
Anita et le jeune Sam vinrent rapidement en renfort, mais ils ne furent pas assez rapides, et c'est sous une pluie battante qu'ils achevèrent le déchargement de la tourbe.

Une fois l'ensemble des ballots rassemblés dans le hangar, Luc donna un peu de fourrage aux moutons -il en avait toute une réserve, et l'odeur et les traces de crottin suggéraient qu'il n'en était pas à son premier chargement de cette nature.
" Merci à vous deux pour votre aide ! Si j'avais dû embaucher quelqu'un, le temps de le trouver... j'aurais sûrement dû attendre une accalmie, voire demain."
Luc affichait un sourire affable, clairement soulagé.
" Vous avez bien mérité une bonne bière. Je descend souvent à l'auberge du Cheval Fou pour la nuit... Mais vous n'êtes pas obligé de faire comme moi : il y a aussi celle des Marais, si vous préférez. Elle est peut-être un peu plus calme. Le Cheval Fou est plus fréquenté par les marins et les commerçants, les Marais plutôt par la Garde Luménienne, et par les locaux. Laquelle préférez-vous ?"

[Cendres]

« Allons à l’auberge du Cheval Fou ! Ne changez pas vos habitudes pour nous, Luc ».
Gabriel pensa que la présence d’Anita et la sienne passeraient inaperçue au milieu des marins et des commerçants. Il se tourna vers son amie « Qu’en penses-tu Anita ? »

[Voyageuse]

La semi-drow haussa les épaules.
" Moi, ça m'est égal".
La pluie qui tombait maintenant à verses lui donnait une bonne raison pour maintenir sa capuche rabattue, dissimulant ses traits.
" Elle est facile à trouver. Vous prenez cette rue, là, que vous apercevez, qui s'éloigne du quai. Pas la première, mais la deuxième. L'auberge est presque tout de suite, sur votre droite, vous ne pouvez pas la manquer. Moi, j'ai encore quelques démarches à faire, de la paperasse... Et ma chambre est déjà réservée de toute façon, avec Sam : ils savent qu'on descend une fois par veille. Mais vous ne devriez pas trop tarder à réserver vos chambres. Vu la taille du navire à quai, ils doivent avoir pas mal de clients ce soir... enfin, sauf s'ils dorment à bord bien sûr."

Sur ces paroles, Luc referma le hangar derrière eux et se dirigea vers la guérite d'accueil aussi vite que lui permettait son boitillement. Le jeune Sam, quant à lui, s'en retourna paisiblement vers la barge, tandis qu'Anita chargeait son sac sur son dos et se dirigeait d'un pas décidé -et pressé- vers la rue en question.
Il s'agissait en réalité d'une ruelle étroite, dont les pavés laissaient place quelques toises plus loin à de la terre battue, menaçant de se transformer en torrent de boue vu la météo. Mais l'auberge, comme l'avait dit Luc, se trouvait à quelques pas seulement : c'était un vaste bâtiment à deux étages, aux fenêtres illuminées par les nombreuses bougies et autres chandelles rassemblées à l'intérieur. La pièce principale, sur laquelle ouvrait une solide porte de bois, était grande, chaleureuse, bien éclairée... et incroyablement bruyante. Il faut dire qu'il y avait une bonne trentaine de clients à l'intérieur, rassemblés autour d'une demi-douzaine de tables, et une seule serveuse qui naviguait de l'un à l'autre.
Anita, peut-être intimidée, laissa Gabriel entrer le premier.

[Cendres]

Gabriel fut frappé par le brouhaha de l’auberge bondée ce qui l’amena à s’interroger sur la pertinence de son choix. Le contraste entre le calme des Landes et le petit espace rempli de bruits et de voix humaines était saisissant. Mais même s’ils ne parviendraient pas à suivre une conversation, ils ne seraient pas remarqués par les clients. Il suivit le conseil de Luc et se dirigea vers le comptoir où se trouvait l’aubergiste pour réserver deux chambres.

[Voyageuse]

Il n'y avait personne derrière le comptoir, mais l'unique serveuse de la salle finit par s'intéresser à eux.
" Deux chambres ? Plutôt calme ou plutôt fiesta ? Ce soir, on va avoir de l'animation, et même un barde... alors si vous êtes parmi les fêtards, je vous mets des chambres au premier étage, juste au-dessus de l'animation. Vous êtes jeunes ! Ou bien, vous voulez dormir, je vous installe tout en haut, au calme. Bon, par contre, je n'ai plus beaucoup de chambres. Une dernière avec un grand lit au premier étage, et une juste à côté avec un petit lit... et j'en ai deux, très petites, juste sous les toits, mais chacune à un bout de la bâtisse. Et vous voulez dîner aussi, je suppose?"

[Cendres]

Gabriel se tourna vers Anita. « Que penses-tu des deux chambres plus confortables attenantes, mais plus bruyantes du 1er étage ? ». Il s’adressa à la serveuse « Effectivement, nous dînerons. »

[Voyageuse]

Anita acquiesça.
" J'ai besoin d'assez peu de sommeil, en général... et puis, ça fait des années que je n'ai pas goûté à une soirée animée, avec de la musique. En fait, je n'ai jamais pu profiter vraiment de ce genre d'ambiance. Je crois... que ça pourrait me plaire. Je n'ai pas envie de me coucher trop tôt."
Elle sourit.
" Bien sûr, toi, tu feras comme tu voudras ! Mais va pour les deux chambres attenantes ! Je te laisse le grand lit. Question de gabarit, précisa-t-elle.
- Alors voici les clés... Chambres 11 et 13. On a aussi une salle d'eau à l'extrémité du couloir, vous allez trouver sans peine. Vous me pardonnerez de ne pas vous accompagner... je suis un peu débordée. Mais vous aurez une place réservée pour le dîner."

Les deux chambres en question se révélèrent, en réalité, pas très grandes et meublées d'un mobilier un peu vétuste. Les lits avaient un sommier grinçant, le plancher trop fin laissait passer le brouhaha de la salle, mais l'ensemble était propre. Et la chambre de Gabriel possédait même, luxe inouï, une véritable armoire et une table servant de bureau.
" Ça fait une éternité que je n'ai pas dormi dans le bruit... mais autrefois, ça ne me gênait pas !"

[Cendres]

« Je suis partant pour une soirée animée ! Laissons nos sacs dans la grande armoire mais, je garde sur moi les deux épées… Sauf si tu veux faire un brin de toilette avant moi, je vais dans la salle d’eau me débarrasser de la poussière des ballots de riz. Puis j'irai te rejoindre à notre table.»

[Voyageuse]

" Moi, j'ai besoin de m'enlever l'odeur de moutons que je traîne sur moi. Mais vas-y le premier, on a tout notre temps avant le dîner... et laisse-moi tes armes, va, tu ne vas pas te laver avec ! Pendant ce temps, je vais installer mes affaires. Il y a de fortes chances qu'on ait à passer plus d'une nuit ici. Tout dépend du moment où on trouvera un navire partant dans la bonne direction... mais je n'ai pas la moindre idée d'à qui il faut nous adresser. Et puis, tu ne devais pas faire un rapport à la garnison locale ? Demain, je suppose ?"

[Cendres]

Gabriel n’avait pas oublié, mais c’était un évènement douloureux. Il répondit à Anita « J’irai demain dans la matinée et je demanderai à l’officier de la garnison, quand un navire part pour Lumenis. Bon… A toi l’honneur, passe en première à la salle d’eau, tu m’as déjà laissé la plus grande chambre. »

[Voyageuse]

La jeune rôdeuse haussa les épaules et n'insista pas.
" Comme tu veux !"
Après une brève hésitation, elle rabattit sa capuche et s'éloigna dans le couloir, le laissant seul. Le bruit venant de la salle au-dessous lui parut plus fort, un brouhaha de conversation animées, de rires, parsemé de quelques jurons.
Lorsqu'Anita revint, une bonne odeur de soupe commençait à embaumer l'atmosphère. Elle annonça qu'elle l'attendrait dans sa chambre pour redescendre dîner. Elle n'avait pas très envie de s'installer seule à une table dans une taverne remplie de marins. Elle avait pu noter en effet que la clientèle était essentiellement masculine.

[Cendres]

Gabriel lui confia ses épées et le sac contenant le luth. Il craignit qu’un voleur parmi tous les hommes de l’auberge lui déroba ses armes et l'instrument à cordes.
« Anita, je n’ai pas confiance en ces hommes, sauf pour faire la fête. Je me dépêche, l’odeur de la soupe m’ouvre l’appétit. Nous descendrons ensemble. »

[Voyageuse]

La salle d'eau était petite, mais il y avait là une bonne réserve d'eau et une marmite, au-dessus d'un feu bien fourni, permettait d'avoir de l'eau chaude à verser dans le baquet -lequel était un peu trop petit pour Gabriel. Il y avait en outre du savon et des serviettes à disposition des clients, et donc tout le confort qu'on pouvait attendre d'une auberge modeste. Il y avait également, hélas, la queue devant la porte, et Gabriel dut attendre patiemment son tour, derrière deux grands gaillards en tenue de marins, avant de profiter à son tour d'un bon décrassage... qu'il ne pouvait guère faire durer : deux autres personnes attendaient derrière lui.

Lorsqu'il eut terminé ses ablutions, il retrouva Anita, assise d'un air rêveur sur son lit. Elle n'avait finalement pas défait ses bagages, se contentant de glisser l'ensemble dans le coffre au pied du lit.
" Il y a des serrures, à mon coffre et à ton armoire. On peut y laisser nos affaires en sécurité, y compris nos armes. Sauf si tu préfères les garder avec toi ?"

[Cendres]

« Tu as raison, je mettrai mes armes dans l’armoire. » Gabriel évalua la chambre et s’adressa à Anita en souriant « La chambre est petite comme la salle d’eau mais l’ensemble est propre et accueillant… La cuisine sent bon aussi… Je me dépêche de mettre mes affaires sous clef et descendons dîner ! »

[Voyageuse]

La salle du bas était comble. Deux grandes tablées, au centre de la pièce, accueillaient les convives les plus bruyants, essentiellement des marins à en juger par leurs tenues. Plusieurs petites tables étaient positionnées contre les murs, pour accueillir des couples ou de petits groupes. Anita, sans hésiter, se dirigea vers l'une d'elles. Il sembla à Gabriel qu'elle choisissait le recoin le plus sombre. Elle dissimulait ses traits sous son capuchon et sa démarche discrète indiquait qu'elle ne voulait pas se faire trop remarquer. Une fois assise, cependant, elle ôta sa capuche, ce qui leur valut quelques regards appuyés lorsque des yeux se posaient par hasard sur elle. Mais personne ne fit le moindre commentaire : l'attention générale était tournée vers une estrade, à une extrémité de la pièce, où un duo de musiciens était en train de s'installer.

La serveuse qu'ils avaient déjà vue plus tôt s'approcha. Elle était maintenant appuyée par deux collègues masculins.
" Le menu du jour, c'est une soupe de poissons, suivie de légumes farcis gratinés. Si vous voulez autre chose, on peut vous proposer une assiette de charcuterie à la place de l'un ou l'autre plat... Et que voulez-vous comme boisson, bière ou vin ?"

[Cendres]

Gabriel scruta la salle prêt à intervenir dans tous incidents menaçant la sécurité d’Anita. Rassuré, il répondit à la serveuse : « Pour moi, ce sera le menu du jour et de la bière… Mais attendez… ». Il s’adressa à son amie : « Anita, que préfères-tu ? Du vin ou de la bière ? »

[Voyageuse]

" Bière, toujours", répondit Anita d'un ton joyeux, mais un peu forcé.
Elle semblait un peu tendue dans cet environnement et jetait des coups d'oeils furtifs autour d'elle.
" Je vous amène ça... La soirée sera animée ce soir, on a des musiciens, probablement un peu de danse..."
La serveuse s'esquiva.
" Hum... en fait, je parle de faire la fête... mais je ne suis pas sûre d'oser..."

[Cendres]

Gabriel désira qu’Anita se détende et s'amuse. « C’est à cause des regards que l’on t’a lancés en rentrant que tu n’oses plus ? Tu sais, les clients seront attentifs à la scène. Et puis, nous sommes ensemble et peut-être m’inviteras-tu à danser ? »