En quelques mots
C'est très sympa pour l'instant. Pour un accès anticipé, le jeu est vraiment stable et fonctionnel (coucou BG3
), les principales mécaniques de jeu sont bien en place. Visuellement, c'est pas ouf et le jeu n'est pas à la pointe de la technologie, mais je rappelle qu'il y a 17 personnes en tout et pour tout dans le studio (pour comparaison, BG3 c'est environ 300 personnes sur le projet). Les combats sont fluides, l'interface agréable, les règles de D&D fidèlement adaptées et l'ambiance très sympa.C'est quoi le concept du jeu ?
Le jeu se passe dans l'univers de Solasta, créé par les développeurs pour l'occasion et qu'ils comptent adapter en univers de campagne pour du jdr sur table. Il s'agit d'un univers de fantasy classique, où les hauts elfes pratiquent la magie, les gobelins ont des campements tribaux, les bandits parcourent les routes en quête de victimes et les nains ont tous l'air bourru. Mais la spécificité de cet univers, c'est qu'il y a un millénaire, le monde a connu le Cataclysme : un événement inexpliqué qui a détruit l'ancien empire haut elfe dont la magie et les connaissances n'ont plus jamais été égalées. Et avant ce cataclysme, il n'y avait pas de dieux en Solasta ... Aujourd'hui, le monde se divise en plusieurs entités politiques, mais un endroit demeure : ce qu'on appelle les "badlands", les ruines de cette ancienne civilisation, un espace inhabité, dangereux, mais fourmillant de secrets pour les aventuriers et les factions en quête de pouvoir et de savoir. Au début du jeu, on incarne un groupe de 4 aventurier·es, qu'on crée nous-même et qui sont engagé·es par le Conseil des Héritiers, une organisation "internationale" si je puis dire, pour aller enquêter sur un fort situé dans le no man's land à proximité des Badlands, dont l'officier n'a plus donné de nouvelles.
Les règles sont sous licence du SRD 5.1 de D&D (ouch ça sonne lourd), autrement dit les règles de base de la 5e édition. Dans les grandes lignes, on retrouvera donc le même fonctionnement qu'un certain Baldur's Gate 3, sorti lui aussi en accès anticipé il y a peu, donc attendez-vous à des comparaisons entre les deux jeux dans ce post !
Donc on crée tous nos persos ? Ça donne quoi ?
On crée effectivement notre groupe de 4, pas de compagnons dans ce jeu. A la place, on a donc quatre personnages principaux, qu'on crée selon du D&D classique : on choisit notre race, notre classe, on lance les dés ou on achète les points de carac, on choisit nos compétences, notre historique ... et ensuite on détermine nos traits de personnalité pour chaque personnage, en fonction de son historique et son alignement. Par exemple un historique de Vaurien proposera les traits de personnalité "cupidité" "égoïsme" mais aussi "bonté", tandis qu'un alignement loyal neutre proposera "autorité" "légalisme" "pragmatisme" ou "prudence" (info non contractuelle, je cite de mémoire
). A partir de ça, on en choisit deux pour l'historique et deux pour l'alignement, qui peuvent être les mêmes : si je choisis bonté pour mon historique et bonté pour mon alignement, mon personnage sera vraiment porté sur la bonté, plus que sur les traits que j'aurai choisi une seule fois. Ça déterminera les répliques du personnage, tant dans les dialogues "auto" que dans les options proposées au joueur. 
Ma dream team. A droite, la roublarde halfeline qui parle un langage très familier adore faire des blagues lourdes et couper la parole des gens ; à gauche la magicienne cupide et assoiffée de savoir aime bien réclamer de l'argent ou faire sa nerd sur des infos historiques.
La création de personnage est extrêmement fluide et intelligible, et le jeu nous indique quelles caracs privilégier selon notre classe. Il propose aussi des personnages pré-tirés si on débute, mais conseille évidemment de faire notre propre groupe d'aventurières. Les options graphiques ne sont pas très variées et vous aurez remarqué que tous mes persos sont moches, ce n'est pas un choix de ma part, j'ai pas trop eu le choix. On n'est pas dans BG3 avec sa motion capture et sa vingtaine de coupes de cheveux disponibles. Mais ça fait le travail, et autant l'aspect graphique est limité, autant l'aspect technique (quel sort choisir, quel domaine divin, quel archétype, etc.) sont je trouve très bien expliqués et clairs.
L'univers inclut des archétypes et domaines spécifiques pour la fiche de perso : le jeu a son propre panthéon avec ses propres domaines divins, j'ai beaucoup aimé l'implémentation en jv de certains choix, par exemple le domaine divin de l'intuition (pour un clerc) permet de connaître le résultat d'une option de dialogue de persuasion ou intimidation (ne me demandez pas ce que ça donne concrètement, je n'ai pas testé). Je me suis fait une prêtresse de la mort, comme dans ma partie de BG3, et j'ai une aura qui donne avantage aux JS contre la mort à mes alliés à proximité. Leurs archétypes de mages sont aussi intéressants, avec notamment le Vertmage, une sorte d'hybride mage/rôdeur assez intriguant.
Bon et le gameplay alors ?
Je vous renvoie au précédent sujet sur Solasta pour ne pas faire de redites (notamment ici).
Principale conclusion : je trouve le combat très fluide et sympa. Je sais que ce sont deux jeux en accès anticipé donc loin d'être terminés, mais pour l'instant, j'ose le dire : beaucoup de règles sont bien mieux intégrées dans Solasta que dans BG3. Le système est différent, ceci dit : en choisissant une map divisée strictement en cases (y compris hors du combat), ils se simplifient la vie pour l'import des règles de D&D (qui reposent beaucoup sur les notions de distance, de zone de contrôle, de couvert, et sur une map divisée par une grille). Le jeu nous met des fenêtres pop-up quand on a la possibilité d'avoir une réaction (par exemple ma paladine avec le style de combat Protection peut utiliser sa réaction pour imposer le désavantage à un ennemi attaquant son alliée à proximité) ou une option supplémentaire (utiliser son Châtiment divin pour un paladin). Il y a des jets d'initiative visibles. Il nous indique si un ennemi a un bonus à la CA, si on aura avantage ou désavantage, etc. Par contre, contrairement à BG3, on n'a pas de pourcentage de chances de toucher indiqué, et c'est vrai que ça me manque un peu. Sinon, le jeu intègre aussi la verticalité dans ses combats (oui, comme BG3, décidément) et on peut s'amuser à pousser les gens ou leur faire tomber des cailloux dessus.
L'interface est fluide et lisible, en combat, dans l'inventaire, en dialogue ... je sais, je me répète, mais ça me semble important, surtout quand en face on a un jeu Larian avec leur fouillis caractéristique.
En dehors du combat, j'aime bien la map qui s'affiche de manière un peu stylisée quand on clique dessus, et qui intègre plein d'options de déplacement rapide si on a déjà visité les lieux.
Quand on voyage d'un lieu à l'autre, d'une ville à l'autre, on passe sur une carte du monde. Des rencontres aléatoires sont possibles, chaque journée consomme des rations de nourriture (donc il faut être préparées), et on peut choisir notre vitesse de voyage, exactement comme dans D&D : aller plus vite fait gagner du temps, mais rend moins observateurs (donc on peut louper la collecte d'une ressource d'artisanat ou de nourriture) et plus susceptibles d'être assaillis par des bandits.
La carte du monde, avec un petit texte qui détaille ce que font nos persos. C'est aussi durant les voyages que l'artisanat s'opère (oui, il y a de l'artisanat, si on a la recette, les ingrédients et les outils adaptés).
Oh non, une embuscade !
Bon c'est sympa ton truc mais c'est écrit avec les pieds ou c'est intéressant ? Parce que je veux un RPG, moi, pas un jeu de baston et de tactique
Alors j'y ai encore trop peu joué pour avoir un avis définitif, mais je peux quand même donner mes premières impressions.
Globalement : ce n'est pas ultra ambitieux, et en tout cas pas original. Mais ce n'est pas parce qu'un jeu est original qu'il est forcément bon, et parfois du classique ça peut être très bien. Solasta est fait par des rôlistes, ça se sent, il y a de la passion dans l'écriture. De ce que j'ai vu, pour l'instant, ça s'oriente vers de la campagne de jdr tout à fait classique, ne vous attendez pas à des larves dans l'oeil, des illithids et des "qu'est-ce qui fait la nature d'un homme". L'aventure commence par nos quatre aventurières en train de boire des bières dans une taverne en attendant leur futur employeur : oui, c'est cliché. Mais c'est écrit avec humour, et cette introduction permet de servir de tuto : chaque personnage raconte comment elle est arrivée jusqu'ici, à base de "oh là là moi j'ai dû affronter des loups" "et moi on m'a embauchée pour aller dérober un truc dans un fort" "et moi j'ai exploré un mystérieux campement gobelin".
Je pense que, si Solasta est bien fait, ce sera une histoire tout ce qu'il y a de plus classique, qui ne révolutionne aucun cliché de fantasy ; mais à vrai dire, ce n'est pas leur ambition. Leur ambition c'est de restituer l'ambiance d'une partie de jdr entre potes, et je trouve que pour l'instant, ça marche très bien. L'histoire n'est pas originale pour un sou, mais j'aime bien l'écriture qui ne se prend pas trop au sérieux, mais a l'air très généreuse niveau exploration, lore, donjons et humour. Et leur univers de campagne m'intrigue aussi : là encore, on ne réinvente pas le monde, mais le monde a l'air rempli de mystères, de secrets du passé et de choses à explorer, et ça me plaît bien. Donc voilà, si vous voulez un RPG avec des compagnons atypiques, une histoire qui vous fait réfléchir sur le sens de la vie et des quêtes à dix choix différents pour la résoudre, je pense que Solasta n'est pas pour vous. Mais si vous êtes ok avec l'idée que c'est un jeu fait par seulement 17 personnes, avec beaucoup d'amour pour le jdr sur table et une envie de faire un petit jeu de fantasy bien agréable et bien peaufiné, je pense que le jeu en a sous le capot.
Quelques liens :
La page Steam du jeu (actuellement à prix réduit, et l'accès anticipé est vendu moins cher que le prix final du jeu)
Leur campagne Kickstarter pour une présentation générale
Le site officiel du jeu
).
