[Lieu] Le Comptoir sur la Sombre

[Voyageuse]

Le marchand secoua la tête.
" Ce n'est pas quelqu'un que je connais, non... D'ailleurs, je pense que ce n'est pas quelqu'un d'ici. Il avait un léger accent. Mais on est un comptoir marchand, cela n'a donc rien de surprenant...
- Il ne vous a vendu que cette épée ? intervint le capitaine.
- Oui. Il n'avait rien sur lui ressemblant à un luth. Il était pressé, donc j'ai fait une bonne affaire. J'ai pensé que son bateau partait sans doute avec la marée hier soir..."
Il tendit la main pour reprendre l'épée, un peu hésitant.
" Je l'ai achetée trente pièces d'or. Elle est donc légalement à moi... mais si vous tenez à la récupérer, compte tenu de cette embrouille à propos de son origine, je veux bien vous la céder pour le même prix."

[Cendres]

Gabriel n’en revint pas du toupet du marchand et calmement il lui tendit le fourreau vide en lui disant.
« Tenez, ce fourreau vaut largement 500 pièces d’or, mais je vous le cède pour 30 pièces, compte tenu du prix que vous me faites pour récupérer mon épée. »
Puis, il se tourna vers le capitaine.
« Capitaine, peut-être que le marchand saura reconnaître l’accent du voleur ? Mais, sans que cela fasse de lui le complice d’un éventuel espion...bien évidemment »

[Voyageuse]

" Ce fourreau est à moi, gronda le marchand. Tout comme cette épée que j'ai acquise de façon légale ! Parce que vous, qui me dit que vous ne l'aviez pas volée à quelqu'un ? Et ne vous embarrassez pas à me sortir une histoire de donjon, c'est ce qu'ils disent tous...
- On se calme !, répliqua le capitaine en fronçant les sourcils. C'est un objet volé, on est venu nous déclarer le vol... donc vous êtes coupable de recel d'objet volé ! Je serais vous, je ne la ramènerais pas trop. Vous pouvez garder le fourreau puisqu'il n'a pas fait l'objet d'une déclaration de vol, mais pas l'épée.
- Mais je n'avais aucun moyen de le savoir ! Comment je fais pour être dédommagé ?
- Et bien, vous croisez les doigts pour qu'on trouve le voleur. Je noterai dans mon rapport qu'il vous a escroqué de 30 pièces d'or et doit vous les remplacer.
- Mais... Vous ne le trouverez jamais ! Je parie qu'il est reparti dès hier soir, ou au pire avec la marée du matin...
- Pas ce matin, c'est une certitude. Mais si vous nous en disiez davantage sur lui ?
- Je vous ai déjà tout dit ! Il était totalement quelconque... un homme de taille moyenne, avec un manteau de voyage quelconque dans les tons bruns, d'assez bonne qualité je dirais, il avait les cheveux sombres, il était mince... c'est à peu près tout ce dont je me souviens. Une voix grave, agréable. Un très léger accent... qui ne m'évoque rien de particulier. Pas celui d'ici, ni de Lumenis, ni d'Antelucas ni de Solarcis. Assez proche de celui de Corelliah, je dirais... Je ne sais pas si je l'ai déjà entendu. Peut-être... mais je n'ai jamais vu cet homme auparavant, j'en suis certain.
- Ithillien ?
- Je n'en sais rien, je ne connais pas d'Ithillien.
- Riche ou pauvre ?
- Heu... ni l'un ni l'autre. Un voyageur, peut-être un marchand mais je ne crois pas, il aurait négocié.
- Des armes sur lui ?
- Rien de visible en-dehors de l'épée qu'il vendait. Je présume qu'il avait une dague quelque part.
- Autre chose qui vous vienne à l'esprit ?
- Non... vraiment rien".

[Cendres]

Gabriel fit part de son étonnement au sujet de la vente de l’objet magique.
« Capitaine, pourquoi le client de Monsieur a-t-il pris le risque de voler l’épée magique pour un prix ridicule... avec un fourreau en supplément et garder le luth ? Peut-être que l’épée s’est manifestée en s’éclairant quand le voleur l’a saisie… et pour l’isoler de son contact, il l'a glissée dans un fourreau… ? Il a gardé le luth car il connait certainement ses pouvoirs... Je pense que c'est un ithillien."
Il s’adressa au marchand.
« Pouvez-vous nous montrer le fourreau afin de l’identifier et ainsi confirmer l’origine du voleur ? »

[Voyageuse]

Le marchand le lui tendit avec un haussement d'épaules.
Le fourreau de cuir était d'apparence tout à fait banale. Il semblait parfaitement adapté à l'épée, mais celle-ci était d'une taille et d'une forme tout à fait ordinaire.
" Il n'a peut-être pas marchandé parce qu'il n'avait pas le temps et qu'il ignorait la valeur potentielle de cette épée, remarqua le vendeur Il n'avait pas l'air de s'y connaître... mais il devait savoir qu'elle était magique pour me la vendre ainsi.
- Il est possible qu'il l'ait mise dans un fourreau juste pour que vous ne fassiez pas le rapprochement avec l'épée nue qu'on aurait pu vouloir vous vendre."
Quoiqu'il en soit, le fourreau en question ne comportait rien qui puisse trahir l'identité de son propriétaire.
" Je crains qu'on n'ait aucun moyen d'identifier le voleur... Qu'est-ce qui vous fait penser qu'ils sont ithilliens ?"

[Cendres]

« Le luth a été volé par des ithilliens qui savaient exactement où le trouver...dans la demeure d'un Etre Antique…un poulpe télépathe. Cet objet avec d'autres étaient extrêmement bien protégés par des pièges magiques. Celui-ci a poursuivi les voleurs et fait chavirer leur embarcation pour récupérer son trésor. Mais, ils ont pu lui échapper. Ensuite, en récompense d'une mission, le poulpe m’a offert ce luth magique repris lors du chavirage. Je pense aussi que mon amie et moi avons été suivis jusqu’à l’auberge dans le but de nous le dérober. Le ou les deux voleurs ont vendu l’épée, mais non pas le luth. Pourquoi l’ont-ils gardé ? Je continue à penser qu’il a une grande valeur pour Ithillion… De nombreuses patrouilles ithilliennes sillonnaient les Landes. »

[Voyageuse]

Dans le regard de ses interlocuteur, l'intérêt le disputait au doute, et plusieurs froncements de sourcils pensifs accueillirent ses déclaration. Le marchand semblait particulièrement intéressé par la mention du trésor, le capitaine plus réservé.
Ils ne firent aucun commentaire.... sauf à la dernière phrase, où le capitaine s'exclama.
" De nombreuses troupes ithilliennes ? Que voulez-vous dire par là ? J'ose espérer que si une armée sur le pied de guerre se trouvait dans les landes, mes éclaireurs auraient détecté sa présence !

[Cendres]

Gabriel se dit qu’il avait dû un peu trop exagérer la présence ithillienne.
« Non, non ce n’était pas une armée sur le pied de guerre… Mais plutôt quelques petites patrouilles non loin de l’île de l’Etre Ancien. Il y avait des magiciens parmi les soldats … Je me souviens aussi qu’un des deux voleurs de l’îlot était un enchanteur… Il faut retrouver ce voleur s’il est encore au Comptoir. »

[Voyageuse]

Le capitaine gardait les sourcils froncés.
" Pour ce dernier point, c'est plutôt facile. Nous avons un registre de toutes les entrées, il suffit de le consulter. Les mages, clercs et autres sorciers sont généralement repérés et c'est précisé sur le registre... mais certains clercs savent masquer leur aura et certains mages se faire passer pour de vulgaires badauds. On ne peut donc être sûrs de rien... mais c'est par cela qu'il faut commencer. le registre des entrées maritimes et celui des entrées fluviales.
- Et celui des entrées terrestres non ? Enfin, sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas...
- Il n'y a quasiment jamais d'étranger qui arrive par la porte sur la lande. Si ça avait été le cas récemment, j'en aurais été averti."
Le capitaine se tourna à nouveau vers Gabriel.
" Vous parlez de plusieurs troupes. Combien en avez-vous vu exactement ? Combien d'hommes approximativement dans chacune ? Réfléchissez, essayez de vous souvenir... mais ne répondez pas immédiatement : je pense que nous allons poursuivre cette discussion dans mon bureau. Si vous n'avez rien d'autre à faire ici...?"

[Cendres]

Gabriel était inquiet, Anita aurait dû le rejoindre. Il en fit part au capitaine.
« Capitaine, mon amie devait me rejoindre ici…je vais m’assurer qu’elle ne m’attend pas à l’auberge. Si elle ne s’y trouve pas, je laisserais un message à l’aubergiste lui disant de me rejoindre à votre bureau, d’autant qu’elle pourra préciser le nombre de patrouilleurs...j’avoue que je commence à être inquiet de ne pas savoir où elle se trouve… »

[Voyageuse]

Le capitaine se tourna vers le marchand pour lui signifier qu'il pouvait désormais rouvrir sa boutique, et se dirigea vers la sortie, entraînant Gabriel avec lui.
" Elle avait peut-être une course à faire... et il y a foule au marché à cette heure. Peut-être que vous devriez aller y jeter un coup d'oeil en passant.... et faire le tour des commerces ? ",
Il poussa la porte, faisant tinter une petite clochette, et ils se retrouvèrent dans la rue. Il y avait une petite dizaine de devantures visibles tout autour de la place, et probablement autant dans la rue principale qui redescendait sur les quais, et dans quelques rues transversales. Sans compter le marché, sur la place face à lui, où une quinzaine d'étals étaient pris d'assaut. S'il voulait fouiller la cité, ce serait long et fastidieux, mais pas complètement infaisable.
" En tout cas, je vous attendrai dans mon bureau, j'y serai toute la matinée. Vous demandez le capitaine Carpentier."

[Cendres]

Gabriel fit un tour d’horizon de la place bondée de monde. Il pensa que même si la tâche serait fastidieuse, sa grande taille pouvait aussi le faire repérer par Anita lors de sa recherche.
Il répondit au capitaine.
« Je vais retrouver mon amie parmi tout ce monde et nous vous rejoindrons. A plus tard. »
Le jeune homme se dirigea vers le premier étal du marché.

[Voyageuse]

D'aussi loin que portait sa vue, il ne voyait personne ressemblant à Anita. Bien sûr, la semi-drow était fluette et discrète, capable de se glisser partout sans se faire remarquer, mais il l'avait suffisamment cotoyée pour la reconnaître...
L'étal le plus proche était celui d'un maraicher devant lequel se pressaient trois ou quatre clients, mais son voisin, un rempailleur de chaises, n'avait personne. Il s'agissait d'un homme déjà âgé qui semblait s'ennuyer ferme, et qui accueillit Gabriel d'un sourire jovial.
" Bonjour à vous... Que puis-je pour votre service ?"

[Cendres]

Gabriel s’avança vers le vendeur avenant.
« Bonjour, je ne veux pas acheter quoi que ce soit. Mais, je cherche mon amie, une jeune femme à l’allure gracile, très reconnaissable par sa démarche souple et vive…elle est coiffée du capuchon de sa cape de couleur ocre beige foncé, des bottes de cuir fauve, une tunique toujours dans les ocres...de teinte verte, donnant un ensemble harmonieux à son habillement. L’auriez-vous vu passer ? »
Le jeune homme s'étonna lui-même de décrire Anita par des détails qui lui plaisaient.

[Voyageuse]

" Hum... une jolie jeune fille si je comprends bien... et étrangère aux lieux, tout comme vous, je présume."
Il haussa les épaules.
" Ça ne me dit rien. Je connais de vue la plupart des gens que j'ai vu sur le marché ce matin... ce sont des locaux, ou des voyageurs qui reviennent périodiquement. Il y avait peut-être bien une ou deux nouvelles têtes, mais si elles avaient été féminines, je les aurait remarquées ! Je suis désolé de ne pas pouvoir mieux vous renseigner..."

[Cendres]

Gabriel rougit sans que cela se voit sur sa peau olivâtre, quand le rempailleur qualifia Anita.
« Non, non, je vous en prie, c’est moi qui vous remercie…elle est peut-être plutôt vers les quais… Mais si vous la voyez..." Dit-il en souriant. "Dites-lui de me rejoindre dans le bureau du capitaine Carpentier. »
Le jeune homme salua le marchand et prit la direction de la rue principale en scrutant autour de lui.

[Voyageuse]

Il ne vit personne ressemblant à Anita sur le marché, et personne non plus dans la rue principale.
Celle-ci n'était pas très longue, descendant vers le port en pente douce, et était coupée par une petite ruelle. A gauche, dans l'angle formée par la rue principale et la ruelle, se trouvait l'auberge. Une demi-douzaine de boutiques parsemaient la grande rue, et Gabriel se souvenait en avoir vu deux ou trois autres dans la ruelle, du côté droit. La rue se prolongeait également vers les "hauteurs" (un terme très relatif dans une aussi petite cité) de l'autre côté de la petite place, avec une ou deux devantures supplémentaires. Plus loin, à l'extrémité haute de la rue, une rangée de bâtisses barrait le passage, appuyées contre le mur d'enceinte. Elles faisaient probablement partie de la caserne dont l'entrée était toute proche : il suffisait d'emprunter une étroite ruelle, qui longeait plus ou moins le mur d'enceinte.

[Cendres]

Ne voyant toujours pas Anita, l’inquiétude de Gabriel augmenta. Il choisit de prendre la ruelle de gauche pour continuer ses recherches chez les marchands avant de retourner à l’auberge. Il pressa le pas.

[Voyageuse]

Il y avait quelques boutiques avant d'atteindre la ruelle : un marchand d'armes, une épicerie, une mercerie, un vendeur de laine, un cordonnier... Le dernier avant d'atteindre la ruelle était un petit bijoutier qui, d'après l'affiche exposée sur la porte, ne faisait pas que vendre : il achetait également un bon prix tout objet en or. Sans doute était-ce l'endroit où Anita avait envisagé de l'envoyer revendre ses pièces d'armure dorées.
Il hocha aussitôt la tête en entendant la question de Gabriel.
" Vous parlez bien d'une jeune semi-drow ? Si c'est bien ça, je l'ai vue hier après-midi... et aussi entrevue ce matin, enfin il me semble que c'était elle. C'était un peu bizarre d'ailleurs... Elle avait l'air de se cacher."

[Cendres]

Quand le marchand eut fini de parler, Gabriel sentit l’anxiété se manifester par une accélération de son rythme cardiaque.
« Comment ça…elle avait l’air de se cacher ? Avez-vous vu des hommes la suivre et sauriez-vous les décrire ? Quelle direction a-t-elle pris ? »
Le jeune guerrier se questionna sur le sens de cette poursuite. Le luth leur avait été dérobé…est-ce parce qu’ils soupçonnaient Ithillion de préparer un renversement du pouvoir à Lumenis ? Anita était alors en danger de mort...

[Voyageuse]

Le marchand ouvrit de grands yeux.
" Hein ? Non, je n'ai rien vu de tel ! Je veux dire... je n'ai vu personne ! Elle est juste rentrée dans ma boutique subitement, en coup de vent, et s'est mis à observer les bijoux exposés près de la vitrine, là..."
Il désignait des boucles d'oreille sur le mur le plus proche de la vitrine, qui n'évoquaient rien de particulier à Gabriel.
" Moi je croyais qu'elle venait me proposer des objets en or à acheter, puisqu'elle était venue se renseigner hier. Mais elle m'a dit que non, elle ne faisait que regarder... Alors je me suis approché un peu, en me demandant si elle n'avait pas l'intention de... de piquer quelque chose discrètement. Vous savez, on voit de tout, et une bijouterie c'est tentant pour les gens malhonnêtes. Mais j'ai eu l'impression qu'elle regardait plutôt ce qu'il se passait dans la rue et non les bijoux. Elle est restée quelques minutes, et ensuite elle est sortie, et je l'ai vue s'éloigner d'un pas très souple, très silencieux. Par là," précisa-t-il en montrant la petite ruelle, du côté opposé à celui où se trouvait l'auberge.

[Cendres]

Gabriel se demanda pourquoi Anita n’avait pas pris le chemin pour se réfugier à l’auberge. Peut-être parce que son poursuivant y logeait ou alors elle avait retourné la situation en suivant son traqueur. Il sortit de la boutique tout en remerciant et en saluant le marchand pour se diriger vers la petite ruelle en se déplaçant en silence, les sens en éveil.

[Voyageuse]

La petite ruelle, complètement déserte, rejoignait un peu plus loin une autre rue, qui, à gauche, descendait vers le port, et à droite, remontait parallèlement à la rue principale, probablement jusqu'aux murailles. Contrairement à la rue principale, on y trouvait peu de commerces. Des coups de marteau sur de la ferraille indiquaient probablement la présence d'une forge, du côté des quais, et un atelier de menuiserie occupait un immense bâtiment de bois près de l'intersection. D'Anita, il n'y avait nulle trace, et aucun badaud ne pouvait le renseigner.
En montant vers la droite, une odeur un peu incongrue vint chatouiller les narines de Gabriel : celle des chèvres. Quelque part vers le haut de cette rue devait se trouver une sorte de bergerie. Il lui suffit d'avancer de quelques dizaines de mètres pour voir, au-delà d'un coude de la rue, la cité se transformer : les lieux ressemblaient davantage à un hameau de campagne malgré les murailles qu'il devinait au loin. Quelques poules vadrouillaient en totale liberté, des enfants jouaient, et deux femmes lavaient leur linge dans un grand bac de pierre.

[Cendres]

"Par où était passée Anita ?", s’interrogea Gabriel. L’odeur de la bergerie dirigea son regard sur deux buandières discutant tout en frottant leur linge dans le lavoir du Comptoir de la Sombre. Il se dirigea vers les deux femmes pour les questionner du passage éventuel de son amie.

[Voyageuse]

Ses deux interlocutrices secouèrent la tête.
" On n'a vu passer aucun étranger à la cité...
- J'ai vu juste le Jeannot avec sa charrette, comme tous les matins... Et aussi Mathilde qui devait certainement sortir le troupeau hors les murs.
- Moi j'ai vu Judith également, il me semble... Et les gosses du coin, bien sûr. Mais pas de jeune fille comme vous décrivez. Désolée de ne pas pouvoir vous aider davantage..."

[Cendres]

Gabriel remercia les deux femmes et revint sur ses pas et choisit de se diriger vers l’atelier de menuiserie.

[Voyageuse]

L'atelier de menuiserie était un vaste bâtiment où travaillaient une demi-douzaine de personnes. Il leur était impossible de savoir si Anita était passée pendant qu'ils travaillaient : le portail, fermé, cachait la rue. Mais ils avaient pris leur service en début de matinée et aucun d'eux ne se souvenait avoir vu la moindre étrangère à la cité alors qu'ils cheminaient en direction de l'atelier.
Il n'eut pas plus de succès à la forge, où, malgré une porte grand ouverte, personne ne surveillait ce qu'il se passait dans la rue.
La rue se poursuivait, de ce côté-ci, jusqu'aux quais, aboutissant à l'extrémité ouest du petit port, tout près de l'endroit où était amarrée un peu plus tôt la barge de Luc. Sur sa droite, il reconnaissait la grande arche de pierre qui délimitait l'entrée du port, là où un garde contrôlait les entrées venant du fleuve. Au-delà, le fleuve s'enfonçait dans les terres, rejoignant le village des Pierres Levées, et, bien au-delà, Ithillion.

[Cendres]

Le temps s’était écoulé sans qu’il sans aperçoive, il pensa alors qu’Anita était peut-être retournée à l’auberge ou à la caserne pour s’y réfugier. Mais par acquit de conscience, il marcha vers la grande arche où était posté un garde.

[Voyageuse]

Il dut franchir l'arche, en cheminant sur une berge étroite, et se trouva sur un quai minuscule, face à une petite guérite, là où Luc s'était arrêté à leur arrivée pour déclarer leurs identités et la composition de son chargement. A en juger par la position du soleil dans le ciel, midi approchait, et ce serait certainement sa dernière étape : le capitaine avait averti qu'il l'attendait dans son bureau durant la matinée, il n'était pas certain qu'il y soit encore au-delà de midi.

A sa question, le garde secoua négativement la tête.
" Je n'ai pas vu de jeune fille. Il y avait juste une barge qui remontait le fleuve, celle de Luc, tôt ce matin. Et personne n'est passé sur la berge, ni dans un sens, ni dans l'autre..."

[Cendres]

Gabriel remercia le soldat en faction. Inquiet, il courut vers le bureau du capitaine Carpentier.