[Quête] Trône du soleil

[Lothringen]

Une petite troupe formée d'une quinzaine de cavaliers en armes arrivait au grand trot en vue des hauts remparts de la cité helmite.

Robes souillées d'écume et de poussière, selles fumantes, bouches baveuses et flancs ensanglantés:ces chevaux-là se souviendraient longtemps de leurs cavaliers d'occasion. On les avait menés grand train, sans les ménager aucunement, depuis des jours, sur bien des lieux. Les assassins avaient voulu perdre le moins de temps possible, dûssent toutes leurs montures périr à l'arrivée.

La route de Manost était, comme toujours, très fréquentée, mais il était aisé de voir que le flux des voyageurs était de beaucoup plus important dans le sens des départs que dans celui des arrivées. La rumeur des troubles qui agitaient la ville depuis que leurs mystérieux compatriotes y sévissaient suffisait apparemment à décourager plus d'un visiteur.

Restait à trouver moyen de pénétrer dans la cité sans rameuter derrière soi tout un ordre de paladins, et aussi à entrer en contact avec les groupes d'assassins déjà implantés sur place.

Saryak n'avait pas de solution toute faite à proposer.
Il avait en ville des contacts qui pourraient les aider à passer l'entrée discrètement, mais il y avait fort à parier que ces réseaux-là n'avaient aucun rapport avec les chasseurs de Mérillym.
De plus, Manost étant une cité particulièrement attentive à tout ce qui touchait sa sécurité, le fait que l'alerte avait été donnée contre eux compliquerait les choses; il faudrait se montrer particulièrement prudents - bien plus qu'à Mélandis.

Saryak proposa à Hamais d'entrer le premier, seul, en ville, sans trop s'armer, le plus légalement du monde; il irait rencontrer un sien contact qui se chargerait de leur faire escalader les remparts à la nuit tombée. Ce qui signifiait évidemment qu'il allait falloir abandonner les chevaux à leur sort.

- Mais, pour ce qui est de rejoindre nos alliés, dit Saryak, c'est sur vous seul que nous devons compter. Avez-vous une suggestion? Pouvez-vous deviner, d'après les méthodes qui sont les vôtres habituellement, à quel endroit ils auront pu placer leur quartier général? Sinon, vu que la ville entière commence à être à leurs trousses, nous aurons quelque peine à les localiser!

[Arya Du Varden]

Hamais regarda les hauts remparts de Manost qui se détachaient au loin, puis porta son regard sur Saryak tout en dépoussièrant sa tenue qui avait quelque peu souffert durant le voyage. Il était déçu du manque d’initiative du lieutenant qui aurait à ses yeux au moins dû tenté une proposition, il mit se manque d’initiative au compte d’un régime qui veut que seul celui qui commande détienne la vérité et tout subalterne ne peut donner son avis que sur demande de son supérieur et ce dernier ne souhaitant pas s’abaisser, c’est le serpent qui se mord la queue !

Fixant Saryak, comme pour lui donner une leçon, il se mit à parler lentement, pausant la voix à chaque fin de phrase.

Analyser la situation, voilà le meilleur stratagème, c’est à dire le seul.

Nous avons face à nous une cité qui est, selon les renseignements dont nous disposons, très bien surveillée, car elle veut garantir une grande sécurité tant à ses citoyens qu’aux visiteurs.

A voir la foule composée de voyageurs et fort probablement également de citoyens pressés de quitter la ville, des assassins de basse classe appâtés par le gain ont du semer le désordre. La conséquence veut que les forces de sécurité ne peuvent qu’être sur des charbons ardents et nos contacts doivent indubitablement en pâtir.

Dans ce contexte, seul un endroit animé jour et nuit peut convenir pour passer inaperçu et garantir ainsi toute sécurité d’anonymat.

Un port est le seul secteur remplissant ses conditions et il y est aisé de dénicher mille possibilités pour placer un quartier général, les hangars étant fort nombreux.

Il y a toujours foule et toutes les classes sociales s’y croisent, ajoutons le va et vient continuel des calèches et charrettes de marchandises et nous avons là un fourmillement propice à tout un chacun, comme pour nous, pour passer inaperçu.

De plus, une foule de gamins curieux en guenilles grouille en quête de quelques pièces d’or à gagner et ils en savent toujours plus qu’il n’en faut, ce qui permet de recueillir le plus discrètement qu’il soit les renseignements utiles pour notre mission, voire probablement situer l’antre de nos comparses et qui sait des renseignements sur Mérillym.

C’est donc sur le port que nous nous rendrons. Là, nous appâterons un ou deux de ces chenapans pour qu’ils glanent ce qu’ils ne sauraient déjà et aussi pour nous assurer de leur fidélité.

Tout s’achète !

Dans le temps où il prononça ses derniers mots, il sortit subrepticement une bourse bien remplie qui teinta lorsqu’il la déposa dans la main de Saryak. Celui-ci n’eut aucune peine à comprendre qu’il tenait là quatre ou cinq ans de sa maigre solde.

Maintenant, va, soi discret et ne traîne pas, nous t’attendrons ici

[Lothringen]

Saryak s’exécuta aussitôt, comprenant que le moindre commentaire serait mal perçu. Laissant donc à ses compagnons la plus grande partie de son équipement, il se présenta aux portes comme l’un de ces nombreux visiteurs anodins qui traversaient la ville quotidiennement.
Comme il ne portait sur soi aucune autre arme qu’un gourdin un peu fatigué (« z’ont qu’à bien se tenir, ces voleurs de mes deux ! »), les soldats le laissèrent passer sans prendre vraiment la peine de le regarder, et le mélandien put s’enfoncer librement dans les rues de la ville, en direction de ces contacts secrets qui leur serviraient de passeurs.

Pendant ce temps, la petite troupe s’était abritée un peu à l’écart de la route, en attendant la nuit. L’absence de Saryak créait quelques tensions, car les mélandiens, majoritaires en nombre, avaient une tendance certaine, en l’absence de leur supérieur direct, à considérer ceux à qui on les avait « prêtés » comme des pratiquants de basse catégorie. Ils ne le disaient pas, mais chacun de leurs gestes exsudait le mépris. Jusqu’ici, les assassins noirs n’avaient en effet guère eu vraiment l’occasion de prouver leur valeur ; et on les jugerait sur pièces. En attendant, les deux groupes ne se parlaient guère…

La nuit commençait à se faire fraîche quand une flèche enflammée, tirée depuis les remparts, les avertit de ce qu’ils étaient attendus. Ils s’approchèrent avec précaution jusqu’au pied du chemin de ronde, à la verticale de l’endroit d’où la flèche avait été tirée. Plusieurs cordes pendaient. Il allait falloir faire vite, car les rondes étaient régulières, et, pour ne pas attirer l’attention, Saryak n’avait certainement pas pris le risque de s’en prendre aux gardes.

L’escalade dans un sens, puis la descente de l’autre côté se passèrent sans incident notable, sauf que l’un des assassins noirs se foula la cheville à la réception, ce qui risquait fort de les ralentir en cas de poursuite.
Les passeurs convoqués par Saryak descendirent en dernier, rentrèrent leurs grappins et, sur un signe du mélandien, s’éclipsèrent aussi discrètement qu’ils étaient intervenus.

Les assassins étaient désormais dans Manost, et les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer.


[HRP: poste une dernière fois ici, pour dire où tu vas...]

[Arya Du Varden]

Hamais et Saryak venaient d’être les observateurs d’une scène qui leur déplu fortement. La tension était telle entre les deux groupes qu’un des Mélandien venait de bousculer hargneusement un assassin noir au seul moment où il fut en déséquilibre juste avant de reprendre pieds. Ce dernier n’ayant pu maîtriser sa réception sentit sa cheville gonfler autant que sa rage et son poignard se mit aussitôt à briller. Hamais le regarda et ce regard suffit à le modérer et le poignard disparu aussi vite qu’il était apparut. Il n’était pas question que les choses s’enveniment dans le groupe, on aurait besoin de toutes les forces présentes.

Un seul regard entre Saryak et Hamais suffit, la colère de l’assassin noir envers ce geste imbécile était aussi grande que son amertume, s’approchant du coupable les yeux emplis de rage, sa voix se fit discrète vu les circonstances, mais le ton valait largement le manque de son.

Plus jamais ça et avertit tes compères !

Il n’eut pour toute réponse qu’un sourire railleur, qui disparut aussitôt sous son regard devenu tranchant comme l’acier et sa poigne de fer. Il n’était pas question que l’on discutât ses ordres

Plus jamais ça et avertit tes compères, je ne répèterai pas encore une fois !

Le Mélandien, contre son gré, mais reconnaissant qu’en l’instant il n’avait pas d’autre choix acquiesça et en toute hâte se porta à la hauteur des siens.

L’assassin noir maugréant rejoignit Saryak, le timbre de sa voix était dur comme le roc, acéré comme la lame de son épée et son regard lançait des éclairs tel un orage destructeur.

Séparez-vous en deux groupes. Saryak, le Mage, la moitié de la troupe mélandienne et un de mes hommes dans un groupe. Le reste de la troupe avec moi Dès maintenant, respect absolu, nous sommes là pour remplir une mission et non pour permettre à certains d’entre vous de laisser libre cour à leur lugubre caractère.

Son regard noir et tranchant se porta sur le Mélandien auteur de ce qui a ses yeux était digne du couperet. Celui-ci tourna la tête subrepticement pour éviter de supporter ce regard auquel il savait ne pas avoir droit de répondre sous peine de sanctions.

Nous nous dirigerons vers le secteur portuaire, rendez-vous au quartier général de nos contacts. Il s’approcha du lieutenant et pour lui démontrer sa confiance, de toute manière il n’avait pas d’autre choix le groupe ne pouvant se déplacer au complet sans attirer immanquablement l’attention et il restait persuadé que Saryak possédait une grande capacité et que lui laisser la liberté de mener cette équipe était lui faire honneur sans prendre aucun risque pour les hommes.

A toi de jouer Saryak, même à bon port les hommes que je te confie !

Les deux groupes disparurent en direction du port tels des fantômes.

[Lothringen]

Un petit lien pour ne pas se perdre : la suite ici. :notme: