La Couronne de Cuivre

Le petit garçon avait ostensiblement levé les yeux au ciel sitôt prononcé le mot "ablutions", et il semblait sur le point de protester : après tout, il estimait avoir eu son content d'eau, avec la tempête. Toutefois, au dernier moment, il sembla pris d'une subite inspiration et opta pour une tactique toute différente.
-Juste des ablutions ? fit-il, la mine désolée. Quel dommage... Moi j'adoooore les ablutions, mais j'aurais cru que j'aurais droit à un bain ! C'est tellement plus agréable, tu sais... Oh, puis je me disais que faudrait sans doute me laver les cheveux ! Regarde, là, j'ai un morceau de paille coincé, j'crois...
Il observa la magicienne, un sourire innocent aux lèvres, mais les yeux pétillant d'espièglerie.
-Pour la lecture, j'suis d'accord. Mais j'crois qu'il va falloir trouver une solution, parce que j'suis pas sûr que je vais arriver à m'assoir. Faire du ch'val, ça fait vachement mal aux fesses...
Il grimaça.
-C'est p't'être pas poli de dire ça ? Hum... Faire du cheval, ça fait souffrir certaines parties de ma nanatomie... J'espère que l'école, à rester sur une chaise toute la journée, ça fait pas le même effet.

Le regard enjoué, serrant les dents pour ne pas rire, voire même sourire, la magicienne regardait Podrick d’un regard interrogatif tout en faisant une mine dégoûtée. Elle était amusée de le prendre à son propre jeu et s’avança pour renifler sa chevelure avant de s’écarter en se pinçant le nez, tenant au bout des doigts un petit morceau de paille.<o>

</o> Mais, c’est une infection, je comprends pourquoi tu ressens tant le besoin de prendre un bain est surtout de te laver les cheveux. S’en suivirent quelques instants de profonde réflexion. Mais, comme pour lire, te poser sur ton séant te ferais trop mal, nous sommes malheureusement obligés de trouver une autre solution, je sais que tu adooores les bains et surtout le lavage de cheveux. Elle s'était abaissée à sa hauteur se retenant encore et toujours de rire, bien que son regard trahissait son état d'âme. Je peux te refuser ce que tu demandes, c'est parfaitement légitime et tu y as droit. elle caressa doucement sa joue. Je sais comment nous allons faire, pour les cheveux, tu te mettras à genou, ainsi tu ne souffriras pas et je me chargerai d'un savonnage intégral, comme si tu étais dans le bain.
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Dans sa lancée, Arya toujours aussi sérieuse avait étalé une des couvertures sur le sol, y déposa une cuvette et d’un geste large et avenant, invita l’enfant à s’agenouiller.<o></o>

Dame Du Varden est à votre service pour réaliser vos désirs Seigneur Podrick, si vous voulez bien prendre place, nous commencerons par votre poisseuse et malodorante chevelure.<o></o>

Podrick ouvrit de grands yeux, sa mine arbora une expression terrifiée, et il recula de quelques pas en levant les mains, comme pour se protéger.
-Non-non-non, souffla-t-il. Je disais ça pour rire. Je racontais n'importe quoi, pour te faire marcher... Des ablutions, ça me convient très très bien. Je préfère mille fois... Et puis... lire, oui, c'est pas grave, je m'assoirai j'ai pas si mal en fait...
Contournant précipitamment la couverture, il s'approcha de la cuvette qu'Arya n'avait pas déplacée et entreprit de retirer son pull, apparemment bien décidé à se soumettre à la toilette qu'avait proposé la magicienne avant que son propre petit jeu ne dégénère dangereusement...

Alors que la tête de l’enfant était sous le pull-over qu’il était en train d’enlever, le sourire de l’elfe se fit radieux, avant de disparaître une nouvelle fois, alors que la tête émergeait et que l’enfant se saisissait promptement du gant et du savon, qu’il trempait le premier dans l’eau pour frotter vigoureusement le second, faire naître une mousse abondante et consciencieusement commencer ses ablutions.

Qui sait ? Peut-être que j’avais aussi envie de m’amuser …

Mais, elle ne put retenir son amusement longtemps et, pour ne pas couper cours à cette soudaine effervescence autour de la cuvette, s’en fut sortir un pot contenant une émulsion transparente qui scintillait sous la lumière qu’elle destinait au corps de l’enfant qui n’avait peut-être jamais été hydraté et également un pot contenant une crème neutre, quelques herbes et graines finement pilées afin de préparer un onguent destiné à soulager le séant endolori du jeune garçon. Lorsqu’elle se plaça à nouveau face à lui, elle ne put cette fois cacher son sourire et le ton de sa voix laissait largement comprendre qu’ils avaient joué à deux.<o>

</o> J’ai entendu un jour un de mes collègues dire « est prit qui croyait prendre », je pense que cela nous va très bien. Elle prit le gant, le rinça soigneusement et s’occupa à enlever le savon qui était légion sur le visage, les bras et le torse de l’enfant. Tu sais, j’avais compris que c’était un jeu tellement ton regard brillait, mais toi tu n’as pas su déceler que je t’avais emboîté le pas. L’hygiène est importante, les ablutions sont incontournables matin et soir, lorsque nous aurons emménager, tu prendras des bains et régulièrement, nous laverons tes cheveux une à deux fois par semaine, cela est nécessaire. Mais aujourd’hui, je n’avais pas du tout l’intention de te laver les cheveux, ni de te faire prendre un bain. Elle posa un baiser sur son front mouillé, avant de sécher soigneusement sa peau. Maintenant, je vais te mettre cette préparation qui va nourrir ta peau, elle est si sèche qu’elle en est rugueuse, ensuite, je mettrais un peu d’onguent sur le séant, ce qui rapidement te soulagera. Qu’aurais-tu fait si tu avais compris que savais que tu blaguais ?<o></o>

L'appréhension qui parut sur le visage de l'enfant aux paroles de la magicienne était bien réelle, cette fois, et il observa les pots qu'elle tenait avec une vive inquiétude. Il se hâta cependant d'en détourner les yeux, de répondre à sa question comme si cela pouvait lui faire gagner du temps ou, mieux encore, faire oublier à l'elfe ses intentions.
-Heu... Si j'avais compris... Je crois que j'aurais dit que je voulais une vraie baignoire. Et du lait de chamelle pour me baigner dedans. Je sais pas ce que c'est, une chamelle, mais ça doit être super dur à trouver, son lait...
Il chercha que dire de plus, ne trouva pas, reporta son attention sur les pots. Et réprima un frisson.
-Mais... Mais c'est pas des trucs pour fille, ça ? C'est les filles qui mettent tout plein de produits bizarres ! Ou p't'être les elfes... Mais moi, j'suis pas une fille et pas un elfe, Tu l'as dit toi-même ! Alors, j'en ai sûrement pas besoin, de ça... J'ai pas si mal et... heu... ma peau elle deviendra plus douce avec le savon, déjà...

Si le bain au lait de chamelle fit sourire Arya, la crainte évidente de l’enfant sur les produits qu’elle s’apprêtait à enduire son corps et son fessier tout en lui étant incompréhensible l’amusait tant elle sentait qu’il les craignait comme si ce fut des potions magiques qui allaient le transformer.<o>

</o> Du lait de chamelle, mais je vois que tu as une culture bien avancée sur les produits qui rendent la peau douce, si tu l'avais fait, j'aurai été bien embêtée ... car je n'aurai pas su où trouver un tel lait, surtout, cela aurait été du gaspillage. Elle s'enquit de mélanger soigneusement la base et les ingrédients de l'onguent. Mais ce ne sont pas de produits bizarres et sache que ces messieurs de la bonne société n’ont aucune crainte d’utiliser des produits similaires, certes, bien moins efficaces et bien moins naturels que ceux que je prépare moi-même, il va bien falloir que tu t’y fasses.<o>

</o> Elle ouvrit le pot de et le mis sous le nez de Podrick, avant d’en prendre sur le bout de ses doigts et de la passer avec douceur sur le corps maigre de l’enfant.<o>

</o> Tu vois, cela n’a aucune odeur et je peux t’assurer que personne ne saura que tu en as mis, mais dorénavant, tu devras enduire ton corps chaque soir avec. Elle prit un tissu fin et l’enduit de l’onguent. Et bien, plus qu’à poser ça sur ton séant et dans peu de temps tu seras comme neuf … enfin presque puisque tu n’as pas pris de bain et que nous n’avons pas laver tes cheveux. Allez, courage petit homme, s’occuper de toi n’est pas dans tes habitudes, mais petit à petit tu y viendras. Arya posa un baiser sur sa joue. Que tu le veuilles ou pas, et qui sait si c'est pas toi qui en redemandera. Les soins à l'enfant étant terminés, l'elfe avait hâte de s'occuper un peu d'elle ce qui lui offrirait quelques minutes où elle pourrait se permettre de se ressourcer. Maintenant, je vais m’occuper de moi, en attendant, tu pourras déjà lire, peut-être un des autres livres, qu’en penses-tu ?<o></o>

C'est un Podrick muet comme une carpe et encore tout gêné du traitement qu'il venait de subir qui s'empressa de se rhabiller, s'empara d'un livre, presque au hasard, et se mit à en feuilleter les pages. Il s'était couché sur le lit - sur le ventre, évidemment - et parut s'abîmer davantage dans la contemplation des illustrations que dans la lecture des mots qu'il avait sous les yeux. Cependant, même les images ne parvinrent pas à conserver longtemps son attention, et il finit par somnoler, tout simplement. Les révélations du petit matin et l'expédition à cheval commençaient à faire sentir leurs effets...

Les ablutions auraient dû apporter à la magicienne un peu de repos, mais son esprit plutôt que de partir dans des souvenirs doux et apaisants, s’en alla vers une réalité qui était de plus en plus présente, Podrick avait des lacunes en tout ce qui avait été son instruction d’elfe. Sans vraiment faire la différence avec les humains, mentalement, elle se mit à énumérer ce qu’il fallait qu’elle lui apprenne et les mille et une raisons pour évoquer que ce fut incontournable.<o>

</o> La connaissance des plantes et leur utilisation, de devenir un excellent cavalier, savoir manier une épée et aussi un arc, apprendre à décrypter les mimiques et les gestes pour définir l’état d’esprit de son interlocuteur, en plus, de la lecture, de l’écriture et du calcul qu’il apprendrait à l’école, lui insuffler l’amour du savoir, de la découverte pour qu’il ne cesse jamais d’apprendre, de parfaire ses connaissances. Elle soupira, un éclair de tristesse passa dans son âme, le temps …<o>

</o> Elle ne devait pas penser cela, qu’il partirait bien avant elle, premier être aimé à la quitter ainsi pour s’en aller vers la vie éternelle. Une grande mélancolie s’empara soudain de son âme, les siens lui manquèrent comme au premier jour, certes, elle avait l’espoir de les revoir un jour, mais aucune certitude. Son regard s’embruma un instant, elle s’enfonçait dans les méandres de son amnésie, mais rapidement elle sentit l’enfant derrière elle et se reprit. Inutile de larmoyer sur ce que l’on ne peut pas changer. Podrick avait besoin d’elle, de son attention. L’elfe ne fut là plus que pour lui et se retourna souriante, peut-être que sachant le métier qu’il souhait faire, elle pourrait cibler son apprentissage.<o>

</o> Quel …<o>

</o> La position de son petit protéger, le nez sur le livre, ne pouvait la tromper, l’enfant était épuisé et il n’était pas loin de s’endormir. Doucement, Arya s’approcha du lit et caressa ses cheveux, enleva avec précaution le livre, l'aider à se déshabiller, ce qui eut tout de même pour effet que l’enfant ouvrit les yeux, mais la fatigue était bien trop grande et le sommeil était déjà là. Les paupières se refermèrent, Podrick dormait profondément. L’elfe glissa le corps inerte sous les draps, couvrit le dormeur avec le duvet avant de poser un baiser sur son front.<o>

</o> Fais de beaux rêves petit Podrick.<o>

</o> Prudemment pour ne pas déranger l’enfant, l’elfe s’allongea à côté de lui se positionnant sur le côté et souriante le regardait avec tendresse. Les images de leur journée passèrent lentement dans son esprit, avant que ne viennent plus que celles qui étaient le support incontournable de ses transes, de ce repos qui lui était dans l’instant indispensable.<o>

</o> Lorsqu’elle repris conscience du présent, ses yeux s’ouvrir sur le visage paisible de son petit protéger, reposée, son esprit ne se concentra plus que sur l’enfant, sa vie, son passé comme son futur, son père, son frère. Les questions sans réponse se succédaient, s’accumulaient et, l’elfe se leva sans bruit, se glissa jusqu’à la petite table sur laquelle se trouvait toujours des feuilles de papier et de quoi écrire. Elle ne s’attachait plus à ce qu’elle ne savait pas, mais cherchait à se souvenir de tout ce qui pourrait permettre de répondre à ses interrogations.<o>

</o> La liste fut vite rédigée. Les conditions de vie de la famille s’étaient dégradée, la mère de l’enfant était morte, ils avaient vécu dans une autre cité, étaient des adeptes de Corellon, ä Lumenis, ils vivaient dans un appartement de deux pièces à l’étage d’une petite maison dont l'enfant devait se souvenir de l'emplacement. Le père avait collaboré avec les rouges et en était décédé. L’enfant orphelin s’était vu spolier du peu qui lui revenait avant de devenir … Arya sentit son cœur s’emballer, se leva et vint doucement caresser la chevelure de l’enfant. Avait-elle bien compris ce qu’il avait voulu dire ou avait-elle mal traduis et compris le pire. Elle avait pu constater que d’être nu parmi les autres ne le gênait qu’à cause des moqueries. Certes, il avait dû vivre des moments traumatisants, mais probablement pas le pire qu’elle s’était d’abord imaginé. Se raccrochant à cette idée, elle savait toutefois, qu’elle devrait trouver l’occasion de faire parler l’enfant sur ce qu’il avait vraiment vécu.<o>

</o> Puis, elle revint à sa feuille et ne vit que peu de pistes possibles pour avancer. Les voisins d’alors qui auraient peut-être quelques informations, bien que selon l’enfant son père ne les fréquentait guère, les nouveaux habitants de l’appartement qui auraient peut-être trouvé un objet, un portrait ou un écrit. Elle devrait également s’informer des cités qui possédaient un temple dédié à Corellon et peut-être qu’avec le portrait de son frère, elle pourrait rencontrer des habitants ayant connu sa famille ou la femme dont il avait été l’écuyer.<o>

</o> C’était peu, mais ce n’était pas rien et pour faire disparaître le doute de ne jamais pouvoir retrouver les racines de l’enfant, elle prit une feuille de papier à dessin et s’enquit de refaire de mémoire le portrait d’Aymeric. Tâche aisée tant elle avait le visage de son petit protéger en mémoire et que les traits de son aîné étaient les mêmes en plus âgé.<o>

</o> Si la paix revenait en elle, se ne fut que de courte durée, peut-être que ses recherches allaient éveiller quelques mauvaises intentions d’un proche parent, voire de n’importe quelle personne malintentionnée qui viendrait à réclamer l’autorité sur l’enfant. La première chose à faire et rapidement était les démarches pour que nul ne puisse venir prendre l’enfant pour le jeter une nouvelle fois dans la misère.<o>

</o> Les minutes et les heures s’écoulaient lentement, la tempête n’était plus, mais la neige était abondante et comme elle avait emmené du travail de l’université prévoyant déjà passer cette nuit précédent l’entrée de Podrick à l’école avec lui, elle se plongea dans ses calculs complexes et se laissa emporter par sa passion, l'alchimie.<o></o>

Podrick commença à s'agiter alors qu'il faisait toujours nuit noire et quand, enfin, il se réveilla complètement, la lueur grise précédant l'aube commençait à peine à gagner le ciel. Il se redressa dans le lit, frotta ses yeux gonflés de sommeil puis sourit à la magicienne.
-B'jour... murmura-t-il.
Il lorgna vaguement les parchemins noircis d'écriture, devant elle, et fit ostensiblement la grimace.
-Ben dis donc, je te plains ! J'suis pas sûr que ça soit tellement un avantage, de pas beaucoup dormir comme les elfes. Si c'est pour encore travailler plus... Vaut mieux dormir plus, à mon avis !

La magicienne sourit, posa sa plume et alla s’asseoir prêt de son petit protéger qu’elle entoura de ses bras avant de poser un baiser sur son front.<o>

</o> Bonjour Podrick, il ne faut pas me plaindre car là, je ne travaillait pas, je vivais ma passion, ce n’est pas comme lorsque tu te dis, il fait froid, j’aimerai mieux dormir plutôt que d’aller sur les quais vendre les journaux, mais plutôt de te dire, tiens il fait super beau, je vais aller à la plage, nager un peu, me promener, enfin faire quelque chose qui rend heureux.<o>

</o> L’alchimie, c’est cela pour moi. Un loisir qui me prend beaucoup de temps et dont je ne pourrais pas me passer. Faire des recherches, échanger mes idées et découvertes et partager mon savoir. Sa main passa doucement dans la chevelure ébouriffée de l’enfant. Toi aussi, je souhaite que tu fasses un métier qui ne soit pas un travail, mais une passion. As-tu déjà songé à ce que tu voudrais faire lorsque tu seras grand ?<o></o>

-Ah ça, c'est une grande question, si tôt matin ! s'exclama Podrick.
Il se concentra, cependant.
-Ben, comme je te disais une fois où tu m'avais posé une question qui ressemblait à ça... J'y ai jamais beaucoup réfléchi. J'devais déjà trouver à m'occuper au jour le jour... Mais j'crois que, dans le fond, j'ai toujours eu envie d'être écuyer, comme mon frère...
Il sourit.
-Bon, mais après, j'sais pas tout ce qu'il est possible de faire, donc... J'saurais pas vraiment répondre à la question ! Même si écuyer, ça a l'air bien !

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Bat a écrit :"Oh le sang elfique n'est pas un problème au combat bien au contraire" fit Dorian en riant.

"Ca aide pas mal les archers pour viser juste des origines elfiques" fit encore le demi-elfe. Mais comme il levait son verre, il disparut soudain sans que personne ni lui ni les Nains ne comprenne pourquoi.

La suite ici

http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post204825

Les trois nains s'entreregardèrent, éberlués.
-Ben ça... murmura Traïn.
-Il a dû utiliser un pouvoir d'elfe, fit Dwaïr.
-Ou de vampire, enchaîna Dwaïn.
-Ou de forgeron.
-Les forgerons, ça n'a pas de pouvoirs comme ça !
-Ben...
Traïn sourit largement.
-En fait, ça me rappelle une histoire... Celle d'un halfelin... Un certain Bill... Bill Beausaquet, je crois. Qui disparut d'une manière similaire le jour de son aniversaire. Certains prétendent qu'il avait un anneau capable de le rendre invisible...
L'oncle et les neveux s'observèrent, à nouveau, puis partirent d'un grand rire. Et, persuadés que Dorian venait de leur jouer un tour à sa façon et qu'ils le reverraient d'ici quelques jours, ils commandèrent une nouvelle tournée de bière.

Le temps n’avait pas d’importance pour l’elfe, midi, minuit, le matin ou le soir, c'était toujours l'heure pour s'activer ou pour se laisser partir dans une transe si le besoin se faisait sentir. Malgré tout. elle savait être une exception et elle tentait de se plier à des horaires qui correspondaient au moins pour certaines heures à celles des Lumeniens. Tout en riant, elle prit l’enfant dans ses bras .

Pour toi, c’est tôt le matin, j’avais oublié que ton ventre était vide et que cela t’empêche de réfléchir. Pourtant tu as déjà un désir, celui de devenir écuyer, il faudra voir si tu en es capable et si le travail te semblera des obligations ou t’apportera beaucoup de plaisir. Et puis, même si tu deviens un bon cavalier, que tu sais manier une épée, tirer à l’arc, tu peux faire n’importe quel métier, j’ai appris tout cela et ce n’est pas pour autant que j’aurai choisi d'être écuyère. Dans un soupire accompagné d’une grimace, elle termina sa phrase. Je ne pourrai pas supporter d’être sous les ordres d’un maître, tout chevalier fut-il. L’elfe se leva et s’enquit de préparer un peu d’eau fraîche dans chaque cuvette. Mais, pour ce matin nous avons d’autres projets et je pense qu’un passage aux ablutions et un petit déjeuner copieux sera la meilleure manière de les aborder. <o>

</o> Sans attendre la réponse de l’enfant, elle avait prit un gant et du savon et commençait à se laver comme si celui-ci allait sans ronchonner venir faire de même.<o></o>

Bien conscient du caractère inéluctable de ce cérémonial matinal, Podrick se contenta de lever les yeux au ciel – autre geste en passe de devenir une tradition – puis s'extirpa des draps et s'acquitta bon gré mal gré de ses ablutions. Puis il enfila ses vêtements, remis, de la main, un peu d'ordre dans sa chevelure hirsute, puis se dirigea vers la porte. Il s'arrêta cependant, la main sur la poignée, et jeta un regard vers Arya.
-Heu... Quand j'disais être écuyer... C'est pas pour être écuyer pour toujours, hein ! C'est pour être chevalier, après ! Mais être écuyer, c'est un peu comme être apprenti, quoi ! Et on gagne ses éperons si on travaille bien... Aymeric il espérait bien les gagner, ses éperons.

L’elfe s'était aussi rapidement dirigée vers la porte, mais ce n’était pas pour descendre prendre son petit déjeuner, dans sa main la brosse à cheveux vint rapidement caresser la sur la chevelure de l’enfant qui après une nuit de sommeil ne pouvait se contenter de quelques doigts passés à la va-vite pour retrouver une forme impeccable.<o>

</o> Les ablutions comprennent aussi tes cheveux, sinon à midi tout le monde pensera que tu sors juste du lit.

D’ailleurs pour que les épis disparaissent, Arya dû avoir recours à l’eau et au peigne. Maintenant futur chevalier, pour gagner tes éperons, tu seras en quelque sorte l’apprenti de ton maître, je dirais surtout son serviteur et cela pendant de nombreuses années. Un sourire amusé se fit sur le visage de l’elfe. Quoique pour un mage dont la spécialité est l’alchimie c’est pareil, c’est le passage obligé pour apprendre. Alors si je n’avais aucune envie de devenir chevalier, c’est certainement parce que je n’aimais pas les armes.<o>

</o> Les cheveux de l’enfant étaient maintenant disciplinés et après avoir rangés peigne et brosse, tous deux descendirent dans la salle qui à cette heure matinale ne voyait la fréquentation que de peu de clients en dehors de ceux qui y logeaient.<o>

</o> L’elfe ne s’était guère inquiétée de savoir où en était le nettoyage de sa maison et n’ayant pas revu les marins chargés des travaux, elle profita que le patron leur apporte leur petit déjeuner pour l’interroger bien qu’elle avait l’intention de passer sur place une fois Podrick à l’école.<o></o>

Les journées passent si vite que je n’ai pas encore pris de nouvelles, mais je suppose que vous avez dû voir les marins qui s’occupe de ma maison et peut-être vous auront-ils dit l’avancement des nettoyages ?<o></o>

Le tenancier eut un sourire amusé.
-Oh oui, je les ai vus, même si hier ils sont rentrés fort tard. A les en croire, faire briller cette maison est pire que remettre à neuf un vieux rafiot en cale sèche depuis des mois... Mais ils disaient avoir bien avancé et espérer terminer le travail ce soir. D'ailleurs, ils viennent juste de repartir. Gageons que leur objectif sera tenu, s'ils ne se tuent pas à la tâche d'ici là !

L’ignorance de la magicienne dans les travaux ménagers ne l’empêcha pas de s’imaginer que cela ne devait pas être un travail facile d’enlever les traces d’un manque d’entretien depuis que l’ancien propriétaire avait été exproprié. Elle soupira d’aise ne doutant pas de la conscience des marins et qu'ils rendraient à sa demeure l'éclat de ses belles années. Elle pourrait ainsi y faire livrer les meubles nécessaires à leur prochain emménagement sans avoir à tenir le moindre chiffon. Son sourire était satisfait et sa voix enjouée.<o>

</o> J’espère bien qu’ils résistent jusque là, je serais ennuyée de devoir le terminer moi-même, j’y passerai des siècles d’autant que je serai obligée de commencer par apprendre ce qu’il faut faire. Je voulais y passer dans la matinée, mais je reporterai cette visite pour l’après-midi, je me réjouis tellement de voir son aspect une fois que tout reluira de propreté et puis … s’ils étaient à bout de forces, je pourrais leur donner quelques potions pour qu’il puisse terminer.

La réponse de l’elfe amusa le tavernier et c’est souriant qu’il se dirigea vers un client nouvellement arrivé. Le regard d'Arya sembla quelques instants partir dans le vide, se projetant dans cette vie qui allait encore être plus chamboulée, car si s'occuper de Podrick l'obligeait à bien des aménagements dans son emploi du temps, mais bientôt, elle devrait faire face à bien des inconnus.<o>

</o> L’appétit de Podrick semblait être revenu à la normale et Arya hésitait à lui demander s’il se souvenait que dans moins d’une heure, il serait sur les bancs de l’école. Elle posa sur lui un regard tendre et protecteur tout en retardant le moment de le lui rappeler lorsqu’ils seraient remontés dans la chambre.<o>

</o> Fin de journée, nous irons ensemble voir si le travail a été bien fait, peut-être que nous ne reconnaîtrons pas la maison tant tout aura changé.<o></o>

L'enfant, visiblement un peu tendu, se fendit néanmoins d'un sourire.
-Oh, on la reconnaîtra forcément ! Sauf s'ils ont peint la façade, rajouté des tours ou quoi... Mais ça risque de bien changer, dedans, oui : ça fera moins tombe avec des fantômes, et plus maison de riche. C'est dommage pour les fantômes, ç'aurait put être marrant d'les chasser, mais s'il y en avait vraiment, ils se s'ront sans doute cachés dans la cave... j'continue à penser qu'y faudrait la fouiller, d'ailleurs ! Elle, elle fait vraiment comme un caveau !

Un caveau, Arya regarda Podrick avec interrogation. L’enfant serait-il déjà descendu dans un caveau et pour quelle occasion ? Mais, l’image de sa maison qu’il décrivait l’amusa et surtout il sous-endentait encore qu’il devait y avoir un passage secret. Ce sujet était plus propice à le détendre que de possibles tristes souvenirs qui pouvaient se rapporter à une crypte en ce matin où déjà commençait à tourner dans son esprit les craintes de ce premier jour d’école.<o>

</o> Et bien, nous aurons à faire une fois sur place. Débusquer les fantômes pour les chasser, les faire sortir de leur cachette ne sera pas facile, mais pour les chasser cela va être difficile. Mais peut-être que si nous savons les appâter, ils pourraient nous révéler l’endroit pour accéder au passage secret, ils doivent bien le connaître, peut-être est-ce même eux qui l’ont fait construire lors de leur vivant. Nous gagnerions du temps pour aller à la recherche du fabuleux trésor qui doit y être caché.<o></o>

Podrick sourit à nouveau.
-Oh, on est pas pressés, c'est marrant de fouiller, d'explorer ! Et même si y a pas de trésor, c'est pas grave. Il y en a moins que ce qu'on raconte, des trésors, et déjà, si on trouve une crypte ou un truc comme ça, ça serait chouette. Ah, pis t'as raison, les fantômes, on a pas besoin de les chasser, s'il y en a. Moi, j'ai pas peur des fantômes. Les gens vivants sont souvent bien plus dang'reux.
Il se fit un instant plus sombre, mais sa bonne humeur revint.
-Et dans tous les cas, même si on trouve rien du tout, rien de rien du tout, ça nous occupera de chercher.

Le mine réjouie d’Arya cachait son amusement que l’enfant pense qu’elle avait besoin de s’occuper, tout en étant persuadée qu'aucun passage secret, ni relique quelconque n'existait dans sa maison. Ce qui était certain pour l’elfe c’est que l’instruction était une nécessité et surtout, aller à l’école une saine occupation et qu'il était maintenant temps de se préparer.

Et bien, pour explorer toute la maison, il nous faudra des années si nous ne voulons pas passer à côté d'une cache secrète. Mais pour l’instant, il faut que nous montions nous préparer, c’est bientôt l’heure de partir et ce serait dommage d’arriver en retard ton premier jour de classe. Tu n’avais pas oublié j’espère ?<o>

</o> Il était évident que Podrick redoutait ce moment et qu’il craignait d’être la risée des autres enfants, peut-être même avait-il caressé l’espoir qu’Arya oublierait que c’était aujourd’hui en éludant le sujet.<o>

</o> Allez, montons préparer tes affaires ! Ensuite je t’accompagnerai, ainsi je pourrai faire la connaissance de ton maître.<o></o>

La mine de Podrick s'était instantanément fermée lorsqu'Arya avait prononcé le mot tabou, celui de l'école. Sans rien dire, il la précéda à l'étage, puis dans leur chambre, avant, docile, de rassembler les quelques affaires dont il aurait besoin pour cette première journée de classe. Cela ne lui prit guère de temps, sans doute trop peu à son goût, et il dut bientôt se rendre à l'évidence : il n'avait plus rien à faire. Sinon attendre le moment fatidique.
-Dis... finit-il par murmurer, embarrassé. Tu es sûr que c'est obligé que tu m'accompagnes ? Je veux dire, moi, ça me gêne pas, mais... Je vais déjà chez les petits, alors si en plus j'ai quelqu'un qui est là comme pour me tenir la main, tu peux être sûre que je me ferai traiter de bébé par tout le monde. Pis c'est pas loin, en fait, je connais bien le quartier... Le maître tu pourrais lui d'mander à le voir à un autre moment...

Arya était attristée que son petit protéger se sente si oppressé par ce premier jour, mais elle ne voulait pas se laisser aller à le plaindre, mais plutôt à lui démontrer qu’il n’avait rien à craindre et que même si cela devait être, qu’il devait garder la tête haute et être fier de lui.<o>

</o> Pour demander à ton maître de le rencontrer à un autre moment, il faudra bien que je vienne pour pouvoir le faire. L’elfe se baissa à sa hauteur et le prit dans ses bras. Que tu aies des craintes, je le comprends, mais il faut que tu apprennes aussi à ne jamais reculer par peur de ce que diront ou feront les autres. Tu dois être fier de toi, ne t’abaisse pas à écouter les bêtises de ceux qui cherchent à te blesser. Ce n’est pas que pour l’école que je te dis cela, c’est pour tout instant. Tu es intelligent, bon et honnête. Tu as su vivre seul de longues années sans dévier du droit chemin. Podrick, un chevalier n’a peur de rien, il part au combat la tête haute, il sais qu’il risque de recevoir des coups, mais ce n’est pas cela qui va l’arrêter. Essaie d'imaginer que tu marches à mes côtés, si tu es apeuré, le regard fuyant, le dos arrondi, les enfants auront le droit de penser que tu as peur d'aller à l'école, par contre, si tu as l'air décidé et autonome, que tu partes voir les autres enfants, alors que je m'approche de ton maître, ils se diront que tu es drôlement courageux, car eux-mêmes se seraient tenus dans un coin de la cour n'ayant pas eu le courage d'affronter les autres enfants. Et puis, plutôt qu'attendre qu'ils apprennent que pour tester tes connaissances le directeur à décidé que tu devais passer quelques jours chez les petits, tu le leur annonces comme si tu trouvais cela stupide, mais que vu que tu n'avais pas ton mot à dire, tu les supporterais. Etre sympathique et demander de l'aide ... le directeur l'a dit, d'autres enfants sont dans ton cas et avant même qu'ils aient eu le temps de se moquer de toi, ils l'auront dit.

L'elfe se mit à miner la scène se reculant d'abord, puis avançant décontractée vers Podrick.
Salut, moi c'est Podrick, mais vous pouvez m'appeler Pod, c'est pas de chance, Arya me donnait des cours privés, c'était cool, une grimace traversa son visage. mais elle tient à ce que j'aille à l'école. Alors me voilà. Elle soupira à fendre l'âme. Pas de chance, le directeur veut tester mes connaissances et il m'oblige à le faire dans la classe des petits. Sa mine se fit renfrognée. Il n'y en pas un parmi vous qui y est déjà passé et qui pourrait me dire comment faire pour supporter cette marmaille.

La scène jouée par Arya eut le mérite de dérider l'enfant.
-Ah ça, j'savais pas que t'étais comédienne, en plus de magicienne ! s'exclama-t-il.
Mais sa mine redevint bien vite sérieuse.
-J'te promets d'faire de mon mieux... Même si... Je sais que les enfants ils aiment se prendre pour des chevaliers et tout. Mais moi, j'sais bien que j'suis rien qu'un môme... Et puis, la peur... C'est important, aussi, un peu.. Enfin j'crois. La maîtresse d'Aymeric, elle lui avait dit que quelqu'un qui a jamais peur, c'est un téméraire. Et qu'être téméraire, ça faisait faire des erreurs, parce qu'on sous-estime l'adversaire, qu'on a trop confiance en soi... Qu'il fallait bien sûr pas avoir tout le temps peur, mais que connaître ça, ça aidait à être sage... Et p uis, si je fais trop le fanfaron, le téméraire, c'est le meilleur moyen pour qu'il y en a qui me toruvent prétentieux...

L’elfe serra un peu plus fort l’enfant dans ses bras se réjouissant qu’il eut quelques instants oublié ses peurs.

Ne crois pas que je ne connaisse pas la peur. Lorsque j’ai commencé à enseigner ici à l’université, non seulement je ne connaissais personne, mais ma connaissance des humains n’était que théorique et la majorité de mes collègues et de mes élèves sont des humains. Alors tu t’imagines que si je m’étais laissée prendre par mes peurs, que j’avais extrapoler ce qui allait m’arriver en pensant que cela ne pouvait qu’être le pire, je ne serai pas là aujourd’hui, j’aurai fuit pour chercher un endroit où mes congénères étaient majoritaires. Je suis restée, je me suis confortée que mes qualités et aptitudes n'avaient pas changés. Tout c’est bien passé, et je suis encore là.<o></o>
Les mots qui suivirent n'étaient peut-être qu'une demi réalité, car bien que l'elfe se voulait de respecter toutes les races, son éducation faisait qu'elle était fière de la sienne, de ce qu'elle était et inconsciemment qu'elle était supérieure, cela lui conférait une confiance qu'il était difficile d'avoir avec le peu d'éducation reçut par l'enfant qui avait été plutôt négative quant à sa personne.

Je n’ai sous-estimé personne, mais je me suis faite confiance pour affronter tous ces inconnus. Mon savoir n’était pas absolu, j’avais besoin d’eux, mais eux aussi avaient besoin de moi. Le premier jour, j’y suis allée la tête haute et l’esprit décidé de réussir.<o>

</o> Il est l’heure maintenant, nous allons y aller. Je vais t’accompagner et tu feras comme tu le sentiras. Je suis là pour toi et je saurai être discrète.<o>

</o> La tension de l’enfant était palpable et bien compréhensible, mais se larmoyer ne servait à rien, il fallait y aller, faire ce premier pas. Lorsque l’elfe et l’enfant quittèrent la taverne, le ciel était gris et le froid intense les saisit les obligeant à marcher d’un bon pas vers l’école du quartier.<o></o>

La taverne n'accueillait pas encore la clientèle venant se restaurer et le calme qui régnait dans la salle convenait parfaitement à l'elfe. Sa matinée lui avait demandé beaucoup d'énergie et rien que l'entrée à l'école de Podrick lui avait demandé beaucoup d'effort et si les quelques achats qu'elle avait faits lui avaient donné le temps de retrouver sa sérénité, elle n'avait pas pu se ressources.

Après avoir récupérer quelques feuilles et de quoi écrire, elle s'installa confortablement devant un thé pour attendre le retour de son petit protéger.

Les heures passèrent. Bientôt, les premiers clients vinrent se faire servir leur petit déjeuner. Et ce fut finalement la grande affluence : midi avait sonné, et il n'y avait plus une seule table de libre, en dehors de celle qu'occupait la magicienne. Elle ne put s'empêcher de jeter des regards de plus en plus fréquents en direction de la porte de la taverne, attendait le retour de Podrick. Celui-ci finit par apparaître. Repérant Arya, il se glissa jusqu'à elle, se laissa tomber sur une chaise et poussa un profond soupir.
-Me v'là... fit-il, apparemment épuisé.

Tant que la clientèle se fit rare, Arya plongée dans les calculs complexes de ses formules ne vit pas le temps passé, mais lorsque l’affluence se fit plus grande, que les voix coupèrent le silence jusqu’à l’anéantir, contrairement à son habitude, elle fut obligée de s’arrêter, non que le bruit ambiant la dérangeait, mais dans son esprit, Podrick était de plus en plus présent. Son optimisme que les craintes de l’enfant avait empreint en était émoussé tant elle avait de méconnaissance de cette école où il était en train de faire ses premiers pas et qu'elle n'avait aucune emprise sur ce qui pouvait lui arriver.<o>

</o> Les secondes devinrent des minutes comme si le temps s’allongeait à l’infini, son regard avait peine à quitter la porte et son cœur s’accélérait à chaque nouvel arrivant. Sa plus grande crainte était que l’enfant trop malheureux décide de s’enfuir à tout jamais et ce n’est que difficilement qu’elle réussit à ne pas se précipiter sur le chemin de l’école pour aller à sa rencontre.<o>

</o> Un soupir de soulagement sortit du fond de son âme lorsqu’enfin l’enfant apparut dans l’encadrement de la porte et ses bras entourèrent affectueusement ses épaules alors qu’un sourire tendre vint illuminer son visage. Elle ne savait comment cette matinée s’était déroulée, mais ne pouvait montrer les craintes qui l’avaient habitée. D’une voix calme et douce, posant un baiser sur la tête de l’enfant, elle devait le laisser se reposer un peu avant de raconter ce qu’il avait fait. <o>

</o> Eh bien, j’ai l’impression que d’apprendre te fatigue plus que ramoner les cheminées. Le temps de te reposer un peu et tu pourras te requinquer avec un bon repas, ensuite tu me raconteras ce que tu as fait.<o>

</o> Elle enleva ses bras protecteurs et lui servit un verre d’eau bien fraîche depuis le broc que le tavernier avait apporté peu avant son arrivée et le lui tendit.
 <o></o>
Nourrir l’esprit vide le corps, alors voilà déjà de quoi le désaltérer.<o></o>

Podrick but, reposa le verre, regarda la magicienne. Et se fendit d'un sourire un peu contrit.
-Bon, j'dois avouer que c'était pas aussi infernal que c'que j'avais cru... Enfin, pas pour tout...
Il secoua la tête, comme en proie à une immense perplexité.
-Comment y font, tous les autres, pour tenir assis aussi longtemps sans bouger ? Dis, comment y font ? Moi, après une heure, j'avais déjà envie de partir en courant ! Quand j'bossais, j'voulais m'arrêter. Mais là... Franchement, c'est pas humain ! J'aurais jamais cru que ça soit aussi fatiguant, juste rester assis... Heureusement, on est sorti pour faire de l'exercice, à un moment, mais quand même...

Pas humain, les mots fit sourire la magicienne comme à chaque fois qu’elle l’entendait de la bouche de cette race. Ils avaient une manière de vivre, les lois et obligations qu’ils avaient eux-mêmes décidés et souvent utilisaient ce terme pour se plaindre. L’enfant n’en était pas l’auteur, mais c’était leur manière d’enseigner et donc bel et bien humain.<o>

</o> L’immobilité et la concentration pendant de longues heures était certes un point faible de Podrick, mais le temps lui permettrait de s’y habituer et si ce fut l’ombre de sa matinée, c’est que dans l’ensemble le contact avec les autres enfants, grands et petits avaient dû relativement bien se passer et Arya se sentit moins oppressée.<o>

</o> Les autres, ils sont simplement habitués, toi tu marchais des heures, grimpait sur les toits, tu étais toujours en mouvement, ce qu’ils ne pourraient pas faire ne serait-ce qu’une matinée. Pour eux l’exercice que vous avez fait, correspond au moment de repos que tu t’octroyais. Je comprends que cela te semble bien pénible, c’est demandé à ton corps le contraire de ses habitudes et te fait ressentir une grande fatigue, mais petit à petit tu n’y penseras plus et ton esprit sera tout à l’écoute de ce que dit le maître ou concentré sur le travail que tu fais. <o>

</o> Le tavernier venait de poser une assiette bien remplie devant l’enfant accompagnée d’un grand verre de lait et un thé fumant devant l’elfe. Voilà déjà de quoi te revigorer un peu, lorsque tu auras mangé, nous irons nous promener et même courir si tu en ressens le besoin. Si ton corps est fatigué, cela te sera peut-être plus facile de rester immobile. Sa main passa doucement sur la joue de l’enfant. Surtout, je suis impatiente que tu me racontes ta matinée.<o></o>

Podrick ne paraissait pas convaincu, c'était le moins que l'on puisse dire. Il n'ajouta rien, pourtant, et s'attaqua à son repas qu'il mangea somme toute avec appétit. Quand il eut terminé, il se cala contre le dossier de sa chaise, adressa à Arya un sourire vaillant.
-Ben, j'sais pas trop quoi te raconter, en fait... A part que je suis resté assis sur une chaise au milieu de tas d'petits qui écoutaient bien sagement et faisaient dans la seconde tout c'que le prof disait. Et il avait même pas besoin de crier. Moi, j'avais toujours imaginé qu'les profs, ça criait pour faire arrêter le bazar. Remarque, là, y avait pas de bazar... Fin bref, on a fait des trucs pas trop durs, ce matin. Au début j'y arrivais bien,c 'était fastoche, mais à la fin, heu... j'avais un peu d'mal à rester concentré, j'crois.

La Couronne de Cuivre

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