La Couronne de Cuivre

-Pas le moins du monde, renchérit le clerc. C'est même tout le contraire, car je suis sûr que vous êtes le seul à pouvoir accomplir un grand exploit : celui de convaincre Albérich de tenter une expérience, de tenter de ne plus parler travail ne serait-ce que cinq minutes d'affilée.
Hubert n'avait pas les moyens de savoir s'il s'agissait là d'une boutade ou si Thibault espérait réellement que la discussion prenne un tour plus léger. Ce qui lui semblait certain, en revanche, c'est que son arrivée ne le dérangeait pas.

" Ah, dit Hubert, embarrassé. Heu. Bon, et bien... Je vais tâcher de retenir ce que j'avais à lui demander pendant les cinq minutes à venir. Je ne sais pas, moi, vous n'avez pas des anecdotes du temps jadis à échanger ? Quand vous étiez de sémillants jeunes novices, arpentant les rues d'Eredhun, à la recherche de la lumière et de la beauté ?"
Albérich lui décocha une grimace interdite, et le paladin regretta de ne pas être tout de suite passé aux choses sérieuses.
" Je ne comprends pas, dit le Luménien. Tout est travail, en ce moment ! Tu me reproches de ne parler que de ça, Thibault, mais tu n'as pas davantage de sujets de conversation à aborder."

-De un, tout est travail la plupart du temps pour la plupart des gens, ce qui ne les empêche pas de se ménager des pauses de temps à autres. De deux, j'ai des tas et des tas de sujets de conversation non liés au travail mais le souci, c'est que je doute qu'ils te plaisent...
Thibault croisa les bras, sourire espiègle aux lèvres.
-Mais d'accord, faisons un essai : je vais te proposer un petit florilège de sujets badins et tu choisiras celui que tu préfères. Hum, voyions voir... Voilà ! Nous avons, au choix : débat sur la plus belle décoration de notre résidence ; échange sur les derniers romans que nous avons lus ; partage d'informations et de supputations sur les couples en formation ou potentiellement formables au sein de la Communauté... Oh et, bien sûr, récits de nos exploits de jeunesse pour satisfaire la curiosité d'Hubert. En échange de quelques anecdotes le concernant, évidemment !

" J'ai eu une jeunesse exemplaire, dit Hubert, avec un petit sourire malicieux. Aucune anecdote. J'étais sage, appliqué, obéissant, absolument irréprochable. Désolé.
— Mouais. Reprenons... Décoration : je n'ai ni goût, ni avis. Si Giovanni avait commencé son travail, sans doute pourrions-nous en parler, déjà, mais à part prétendre que ses modèles se débinent, on ne peut pas dire qu'il soit très actif sur ce front. Romans. Quels romans ? Je n'ai plus lu de roman depuis...
— Tu lis un roman. En ce moment. Je l'ai vu.
— Tu l'as vu ?!"
Hubert s'empourpra, se souvenant qu'il ne s'en était rendu compte que parce qu'il était entré dans la chambre d'Albérich en pleine nuit.
" Heu... Peut-être pas, en fait. Je confonds avec quelqu'un d'autre, je crois... Hum."

Thibault les observa l'un et l'autre, le sourcil froncé, sa curiosité manifestement piquée. Néanmoins, il vola au secours du paladin en changeant de sujet.
-Giovanni a commencé son travail, tu sais. Pour l'heure, quand il a un moment de libre, il interroge les membres de la Communauté pour savoir comment ils veulent être représentés, avec qui, ce genre de chose, et il s'efforce de trouver une solution pour que chacun soit content. Mais au moins deux personnes ont déjà posé pour lui : votre tour viendra donc, peut-être à un moment où vous saurez moins débordés...

" Je serai toujours débordé, dit Albérich avec le sourire. En tout cas, autant qu'en ce moment. Mais je ne reculerai pas quand Giovanni viendra me chercher. Je me suis baladé dans le plus simple appareil pendant un certain temps, l'autre nuit, mine de rien. Heureusement, tout le monde était suffisamment occupé pour ne pas s'en soucier.
— Qui a déjà posé ?" demanda alors Hubert, soucieux de détourner la conversation à son tour.

Mais cette fois, le Sunite ne lui prêta pas main forte. Au contraire.
-Que tu crois, Albérich, que tu crois : tout le monde ne baisse pas pudiquement les yeux quand une personne nue passe à proximité, et je puis t'assurer que tu as été détaillé comme il se doit. Mais je ne livrerai pas de noms.
C'est seulement ensuite qu'il changea de sujet.
-Et si tu veux que Giovanni ose venir te trouver un jour... Il faudrait que, le soir, tu ne te réfugies pas parmi les membres du Conseil avant de filer ventre à terre te barricader dans ta chambre. Parce que tu sais, le soir, c'est à peu près le seul moment où il peut consacrer du temps à la fresque.
Il se tourna vers Hubert.
-Quant à ses premiers modèles, il s'agit de Gaspard et de son écuyer.

" Tiens, je n'imaginais pas Gaspard en pionnier de l'aventure, dit Hubert en souriant. Il est plus déluré que je ne le croyais."
Il rougit ensuite, conscient d'avoir probablement commis un impair.
" Enfin... En tout bien tout honneur, bien sûr. Je sais que c'est de l'art, tout ça.
— Je suis fatigué, le soir. Je me lève tôt, je travaille toute la journée... Pourquoi est-ce que Giovanni ne peut pas simplement venir me trouver à midi pour me dire : est-ce que ce soir te convient ? On essaie de me faire croire que cette fresque est on ne peut plus naturelle, et tout le monde se comporte de manière empruntée ! C'est quand même un comble ! Je dois aller le supplier ?"

-Non, tu dois juste arrêter de parler boulot pendant les repas, ce qui est un crime pour les bardes, pour les Sunites et encore plus pour les bardes sunites.
Il se fit soudain plus sérieux.
-Non, allez, j'arrête de t'embêter. En fait, il a simplement voulu commencer par des Anteluciens, pour qui ce genre de chose est familière, afin de mettre en place ses méthodes dans ce contexte particulier. Il passera aux autres ensuite. Je pense aussi qu'il rechigne a te déranger avec des choses pouvant sembler futiles alors que tu as beaucoup de dossiers cruciaux à gérer.

" Les Anteluciens ont l'habitude de ce genre de choses ?" dit Albérich, surpris.
Il se tourna vers Hubert.
" Tu viens de ce coin-là, non ?
— Non. Pas vraiment. Les moeurs d'Antelucas restent à Antelucas. La campagne avoisinante est... tout ce qu'il y a de plus ordinaire."

-Mais Antelucas est ordinaire ! Simplement, il y a là-bas beaucoup d'artistes et d'écoles vouées aux beaux-arts, donc beaucoup de gens sont amenés à servir de modèle.
Il secoua la tête.
-Vous savez quoi ? A vous deux, vous allez finir par me faire croire à cette rumeur à laquelle je n'ai jamais voulu prêter foi jusqu'ici, à savoir que les Lathandrites de Luménis sont plus rigoristes, en matière de mœurs, que les pourtant proverbiaux Helmites de Manost...
Son sourire revint.
-Enfin, vous envisagerez sans doute tout cela différemment après avoir vous-mêmes posé. On s'en fait tout un monde alors que ça n'est vraiment pas grand chose.

" Mais je n'en fais pas un monde !
— Et j'ai déjà posé pour un sculpteur sunite ! Mais pas nu, c'est tout.
— Rigoriste, n'importe quoi. On a le droit de ne pas avoir envie de s'exhiber...
— Et je ne doute pas que ce soit très anodin.
— Moi non plus."

-Mais il n'est pas question d’exhibitionnisme... Un corps est un corps, voilà tout... Mais bon, je ne vais pas vous ennuyer davantage avec ça.
Il se frotta le menton.
-Il faudrait quand même que je vous fasse rencontrer des Sharessiens. Ensuite, vous trouverez les Sunites et les Anteluciens très, très sages. Vous les trouveriez peut-être même trop sages.

" Chacun ses limites, voilà tout, dit Hubert pour tempérer. C'est sans doute une question de culture, rien d'autre. Pour vous autres, Sunites, montrer son corps est... ordinaire. Pour nous, ça ne l'est pas. Ainsi soit-il. L'important n'est-il pas que chacun soit à l'aise dans le sien ? De corps, je veux dire."
Albérich eut un sourire.
" Ça doit bien faire cinq minutes, maintenant, non ? Ou bien je dois attendre qu'Hubert ait fini l'assiette qu'il n'a même pas commencée ?"

Thibault rit.
-Tu es vraiment incorrigible, mon vieux.
Il se tourna vers le paladin.
-Je vous en prie, posez-lui votre question. Sinon, il va être en manque et nous faire un malaise. Car oui, le travail peut-être une drogue : il en est la preuve.

" Oh, je sais." dit Hubert d'un air entendu.
Il avait un souvenir très net de la manière dont il avait du plus d'une fois arracher Albérich à son bureau, à Solarcis, pour l'emmener jouer aux Hermines ou boire à la taverne.
" Ce n'est pas une drogue, c'est généralement un plaisir, en ce qui me concerne. Mais ici, dans les circonstances présentes, je vois davantage cela comme une nécessité, ou un devoir. Si je ne m'acquitte pas des choses importantes pendant mon temps de veille, c'est ma nuit qui en pâtit."
Il se tourna vers Thibault.
" Tu es dur avec moi. Quand je suis venu te voir, à Eredhun, l'année dernière, je n'avais plus rien à faire depuis des mois. Je n'ai pas pu t'ennuyer une minute avec mon travail... En fait, c'est toi qui m'as parlé du tien, même ! Est-ce que j'ai grommelé ? Non."

-Normal : je parlais de mon travail parfois et d'autres choses souvent. Et puis, mon travail n'est pas du travail mais du plaisir, donc ça ne compte pas.
Il eut un sourire aussi innocent que fugitif.
-Plus serieusement... Je suis ravi que ta situation ait changé du tout au tout, ravi aussi que tu prennes plaisir à ce que tu fais. Et mes grommellements sont largement une posture : regarde, nous parlions des petits Paludiers depuis le début du repas sans que j'aie rechigné un seul instant. Simplement, et cela tient à mes inclinations personnelles ainsi qu'à mon parcours, j'ai du mal à imaginer pouvoir m'épanouir en ne faisant que travailler, en ne discutant que de mon travail : j'ai besoin de parfois souffler, de parfois penser à autre chose, de parfois me distraire... Du coup, je projette ça sur toi, je me dis que tu vas finir par exploser si tu ne parviens pas à décrocher ne serait-ce que quelques minutes par jour.
Son sourire revint.
-Et puis, j'essaye de faire en sorte que tu restes fréquentable : comme la plupart des gens aiment décrocher de temps à autre, si tu ne réussis pas à le faire et les ramène sans cesse à leur labeur, ils vont finir par te fuir ! Et tu n'aurais plus, dès lors, qu'Hubert et moi comme interlocuteurs. Bon, d'accord : ça pourrait être pire.
Évidemment, l'ensemble de cette tirade-ci avait été prononcé sur le ton de la boutade.
-Mais bref, j'arrête de t'ennuyer avec ça.

Finalement, si la propension d'Albérich à parler de travail agaçait Thibault, peut-être Hubert avait-il tout intérêt à l'encourager discrètement... C'était un aspect de sa personnalité qui ne le gênait en rien et qu'il trouvait presque définitoire de son ami. Quelque part, son côté bosseur participait à son charme. Il se retint cependant d'aborder le sujet qui lui avait servi d'excuse pour s'installer à table avec eux : il ne voulait pas se mettre Thibault à dos en allant aussi ostensiblement à l'encontre de ses souhaits.
" Nous avons trouvé une place, ce matin, avec une statue au centre... Barthélémy et Gabriel y ont reconnu des éléments qui rappelaient Waukyne. Apparemment, il n'est pas impossible que ces anciens aient vénéré des dieux similaires aux nôtres...
— Nous savons peu de choses, finalement, des peuples humains antérieurs à la colonisation féérunienne..."

-Non, effectivement... Il semble qu'ils n'aient pas été très nombreux, car la plupart des ruines que l'on retrouve sont liées aux elfes et, dans les montagnes, aux nains. Enfin, la plupart des ruines dans d'autres régions que les Landes... Ici, ça a l'air un peu différent : peut-être y a-t-il eu d'autres vagues de colonisation, dans un passé lointain, ou au moins des contacts avec les peuples vivant outre-mer... Enfin, je dis ça, mais on retrouve des divinités ressemblant aux nôtres dans la plupart des civilisation, surtout pour des aspects aussi incontournable que le soleil, la nature, l'amour, le commerce...

" Certaines civilisations sont quand même davantage portées sur la guerre et la mort que d'autres, et leur panthéon le reflète... Mais dans ce cadre-ci, en l'imaginant verdoyant comme il devait être, cela n'avait sans doute pas beaucoup de sens... Je suis curieux de voir si nous trouverons de véritables temples dédiés à des entités proches de celles que nous connaissons aujourd'hui, dit Albérich.
— Il doit bien y avoir un livre ou l'autre sur les dieux de ces anciens, non ?
— Pas à ma connaissance. Mais je ne m'y suis jamais intéressé, non plus. Le panthéon féérunien est déjà bien assez complexe à lui seul."

-Moi de même ! fit joyeusement Thibault.
Il avala quelques bouchées de son repas, lequel avait commencé à refroidir depuis qu'ils discutaient.
-Nous en apprendrons plus en découvrant leurs temples. Mais, à mon avis, ils se situent du côté sud : depuis les remparts, on voit bien que les édifices situés sur les berges du lac ont fière allure. J'ai vraiment hâte de m'aventurer dans cette partie de la ville. Et je ne dis pas cela simplement parce que s'y trouvent ses thermes légendaires...

" Je ne vois pas ce qu'on pourrait vouloir de plus que ce qu'on a déjà ici... dit Albérich avec une mine sceptique. Evidemment, vu que tu es un grand spécialiste de la question, peut-être voudras-tu bien m'éclairer ? C'est juste une question de lumière et de fresques, ou bien il existe des mystères aquatiques qui me sont inconnus ? Parce que les jolies masseuses ne seront pas restées à t'attendre dans ces thermes légendaires. Et le savon parfumé à la lavande millénaire... doit sacrément arracher la peau."
Hubert faillit rire mais se retint.
" J'imagine que vous avez les thermes d'Antelucas à l'esprit..."

-Albérich, s'il ne les a jamais vus, en a peut-être entendu parler car ils sont proverbiaux...
Son regard se fit lointain. Se fit rêveur. Puis il revint à la réalité... et aux interrogations de l'ancien aubemestre.
-Les thermes de la forteresses sont très bien mais... un peu petits : ils sont rapidement surpeuplés aux heures d'affluence et, crois m'en, celles-ci sont nombreuses. Des installations qu'il nous reste à découvrir hors de ces murs, je ne sais rien, hormis qu'elles seront beaucoup, beaucoup plus vastes, avec différents bassins, différentes salles... Pour le reste, je ne peux que me perdre en conjectures à partir de ce que j'ai déjà vu ici et là sur Helonna. Peut-être y a-t-il des bains à remous : c'est très agréable. Peut-être y a-t-il ce que d'aucuns appellent des douches : des sortes de petites cascades qui massent délicieusement la peau. Et je te passe toutes les sortes de saunas...

" D'accord, dit Albérich avec le sourire. Je te souhaite qu'ils soient à la hauteur de tes espérances. Moi... J'espère qu'il reste un dispensaire quelque part... Vu la magnificence des constructions, l'usage subtil de la magie dans la fermeture des coffres, dans le chauffage de l'eau... Je me dis que leur médecine devait être fabuleuse. Je sais que pour un clerc, c'est particulier, vu la facilité avec laquelle on répare l'organisme mais... Je suis passé de l'autre côté... et je connais nos limites. Un hospice de belle taille, voilà ce que j'aimerais découvrir."

-Mais si leur magie était aussi efficace en médecine qu'elle l'était dans d'autres domaines, pourquoi auraient-ils eu besoin d'un édifice où cantonner malades et blessés ? N'auraient-ils pas été instantanément guéris ? Bon, en même temps, ils préféraient peut-être les rémissions moins brutales...
Il haussa les épaules.
-Je te souhaite d'en trouver un, en tout cas. Personnellement, j'ai toujours trouvé ce genre d'endroit sinistre et déprimant mais je gage que les habitants de cette ville, s'ils en ont bâti un, auront réussi à le transformer en œuvre d'art, comme tout le reste.

" Nous n'avons décidément pas les mêmes valeurs, dit le Lathandrite avec un petit sourire en coin, avant de se tourner vers Hubert. Et toi ? Qu'est-ce que tu aimerais découvrir ?"
Le paladin s'était attendu à ce que la question arrive jusqu'à lui, aussi avait-il eu le temps de réfléchir à la question.
" Je n'ai pas de goût particulier pour l'architecture... mais j'imagine qu'une forge, ça m'intéresserait. Cependant, je ne crois pas qu'elle serait très différente de celles que nous connaissons aujourd'hui. Leurs armes et leurs armures sont de belle facture, mais gardent des courbes classiques... Sans doute sont-elles fabriquées de manière assez classique aussi..."

-Vu l'ampleur de leur pouvoir, vu les étranges machines de guerre qu'ils construisaient, cela ne m'étonnerait pas que leurs forges aient été un peu particulières, voire mues uniquement par magie ou par des automates... Tout est possible. Néanmoins, j'avoue que si cette dernière hypothèse se confirmait, je trouverais cela triste : à l'instar de tous les autres artisans, les forgerons sont des artistes...
Il sourit.
-Enfin, nous verrons bien ! J'espère que nous trouverons tous notre compte dans l'exploration de cette cité et je ne doute pas que ce soit le cas.

Hubert profita de ce semblant de conclusion pour attaquer son repas avec davantage d'entrain. Albérich avait presque terminé le sien, mais il semblait d'humeur à s'attarder, et lui jetait de temps à autre une oeillade presque malicieuse. Le paladin devina qu'il attendait toujours qu'il aborde le sujet qui l'avait mené jusqu'à eux. Il décida d'attendre quelques minutes diplomatiques supplémentaires avant de se lancer.
" Au fait... Ce matin, nous avons exploré dans de meilleures conditions qu'hier... Barthélémy nous a modifié le climat pour que nous n'ayons à souffrir ni de la neige, ni du vent... Hum. Je me demandais si c'était le genre de choses que tu savais faire... ou vous d'ailleurs, Thibault... ou si c'était l'apanage de clercs plus expérimentés, voire des Chauntéens uniquement...
— Non, c'est à la portée de n'importe quel clerc d'une certaine expérience... Mais hors de la mienne : j'ai pas assez de métier, effectivement."
Il se tourna vers Thibault.
" Je ne sais pas pour toi..."

Le Sunite secoua la tête.
-C'est également hors de ma portée. Je ne suis pas assez vieux et assez sage pour maîtriser un tel sortilège et je doute de jamais l'être. Assez sage, j'entends... Dommage : vu le nombre de joyeuses excursions que j'ai vu gâchées par le mauvais temps et que je verrai gâchées de même dans les années à venir, j'aurais bien aimé pouvoir le lancer. Et, plus prosaïquement, j'aurais été ravi de pouvoir aider de la sorte la Communauté.

" Dommage, effectivement, dit Hubert. Mais ce n'est pas grave : nous nous débrouillerons. Le temps va peut-être s'améliorer rapidement... et au pire... Est-ce que tu crois que tu pourrais suppléer à Barthélémy jusque là ? Je m'en veux de bouleverser les prévisions, mais l'impact de son sortilège est tel que j'ai bien peur de devoir le réquisitionner à temps plein tant qu'il fait mauvais.
— Je le remplace au dispensaire sans soucis. Je peux même y déplacer mes documents, comme ça je continue à travailler à d'autres choses en attendant...
— J'en parlerai au conseil ce soir. Il faut que nous définissions nos priorités et que nous nous organisions en fonction. On peut aussi décider de suspendre l'exploration tant que le blizzard souffle."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue