La Couronne de Cuivre

RP : Retour à l'abri

Astrée ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose... mais ne trouva aucun prétexte pour s'opposer à son compagnon. Elle se tut, et se contenta d'une grimace, un peu furieuse de s'être fait avoir ainsi. Et préféra hausser les épaules. Après tout, c'était sa surprise, il avait le droit de choisir le moment de la lui montrer. Mais tout de même... Elle trouverait un moyen de prendre sa revanche.
Elle lui tourna donc le dos et se mit en devoir d'allumer le feu, attendant qu'il lui apporte son manteau pour aller chercher deux seaux d'eau supplémentaires.

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Kasumi s'esquiva sans relever l'air furibond de sa compagne. Il était de retour environ un minute plus tard avec le manteau qu'il posa délicatement sur les épaules d'Astrée. Il en profita pour déposer un léger baiser sur sa joue avant de faire deux pas en arrière. La rôdeuse put vite constater que la poche extérieure de son manteau était anormalement renflée. Kasumi était tout sourire, conscient qu'il avait réussi à la surprendre.

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Astrée ouvrit des yeux ronds de surprise... et une bouche tout aussi ronde en un "oh" muet. Elle ne s'attendait certes pas à cela.
Elle sentit la rougeur monter à ses joues, et glissa la main dans sa poche, pour se donner une contenance... et assouvir enfin sa curiosité.
Avant même de le toucher, elle devina qu'il s'agissait d'un objet en bois qu'il avait dû sculpter là-haut, en attendant son arrivée. Sans le sortir, elle tenta d'en deviner la forme, effleurant les contours, si doux, si finement polis.
- Je croyais qu'il fallait attendre la lumière du jour pour mieux l'apprécier ? fit-elle, taquine, en souriant... et rougissant encore plus.
Puis, dévorée de curiosité, elle sortit l'objet de sa poche.

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Kasumi était ravi de la rougeur d'Astrée et qu'elle ne se soit doutée de rien et il ne la quitta pas des yeux tandis qu'elle sortait l'objet de sa poche pour découvrir de quoi il s'agissait. Sans un mot et un peu anxieux que le cadeau ne lui plaise pas, Kasumi observait la petite sculpture d'une vingtaine de centimètres représentant Astrée et les trois formes de son fidèle et cher compagnon Prince des Frelons. Astrée était fièrement juchée sur sa monture. Les détails étaient si réalistes qu'on devinait d'un coup d'oeil son habileté à l'équitation. Sa main gauche,semblait abriter précieusement la forme fragile de l'abeille tandis que la droite était tournée paume vers le ciel. Astrée souriait comme de coutume, la tête légèrement tournée en direction de son épaule sur laquelle l'écureuil était juché malicieusement. Très modeste et rougissant à son tour, Kasumi brisa le silence :

- Il valait mieux que tu ne le vois pas avec trop de lumière pour ne pas remarquer ses défauts.

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Astrée se mit à rire.

- Quels défauts ? Je n'en ai jamais trouvé aucun sur tes autres statuettes ! Et celle-ci semble tout aussi belle.

Elle caressa du bout du doigt les formes élancées de l'étalon, puis la sihouette la représentant, rougissant de voir que son compagnon exagérait sans doute un peu certaines des courbures de son corps.

- Elle est magnifique, fit-elle en le remerciant d'un baiser. Tu es vraiment un sculpteur hors pair.

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Kasumi profita de ce que la rôdeuse s'était approchée pour l'embrasser en l'enserrant dans une étreinte à la fois tendre et passionnée. Il déposa lui aussi un baiser sur ses lèvres, profitant largement de la situation.

- C'est que j'ai une magnifique source d'inspiration ma belle rôdeuse.

Un nouveau baiser un peu plus appuyé vint ponctuer cette déclaration et le demi-elfe ne donnait pas de signe de vouloir desserrer son étreinte tandis que le feu allumé par Astrée crépitait derrière eux.

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Le baiser se prolongea quelques instants. Mais bientôt des bruits se firent entendre dans la pièce commune. Le jeune garçon était apparemment redescendu de sa chambre. Et peut-être comptait-il prendre un bain, même si, Astrée s'en souvenait, les Voyageurs préféraient fièrement dire qu'ils ne se lavaient que dans l'eau glacée des ruisseaux. Celui-ci pouvait faire exception.. ou vouloir se conformer aux us et coutumes en vigueur chez ses hôtes.
- Je suis désolée d'interrompre cet agréable moment, murmura la rôdeuse, le souffle un peu court... mais je crois qu'on a une marmite à remplir ! Le reste devra attendre....
Elle eut un sourire d'excuse, et s'empara des deux seaux.
-Reste à l'intérieur, ou tu vas prendre froid, tu es trempé, fit-elle, un brin autoritaire.

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Kasumi dut convenir à regret que la rôdeuse n'avait pas tort. Leurs hôtes n'allaient pas tarder à se demander ce qu'ils faisaient s'ils continuaient à lambiner ainsi. Le rôdeur céda néanmoins de bonne grâce à l'injonction ferme mais protectrice de sa compagne. Il s'assit nonchalamment à côté du poêle pour se réchauffer et adressa un regard plein d'amour à Astrée qui retournait dehors chercher les deux seaux d'eau manquants.

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Astrée fut rapidement de retour. L'air avait nettement fraîchi, et elle n'avait aucune envie de s'attarder dehors plus que nécessaire. Sa poche renflée contenait la nouvelle statuette de Kasumi - elle se dit en souriant qu'elle allait pouvoir bientôt ouvrir une galerie d'art...
Ils vidèrent ensemble les deux seaux dans la marmite qui chauffait.

- Viens, on va dire au gosse qu'il peut se baigner, fit Astrée à Kasumi en l'entraînant hors de la pièce. Aux voix, ils devinaient que le garçon se trouvait avec son hôte dans la pièce principale. Enfin, à moins que tu ne veuilles profiter de l'eau avant ?

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Kasumi se laissa entraîné hors de la petite salle d'eau par Astrée qui le tenait par la main. Avec galanterie et un peu de malice, il répondit qu'il laisserait l'enfant se baigner en premier puis qu'il lui céderait la place pour passer en dernier, à moins qu'elle l'invite à partager son bain. Evidemment, ce n'était là que forfanterie : jamais il n'oserait tenter quoique ce soit de déplacé avec leurs hôtes qui pouvait les entendre.

Dans la salle commune, les premières odeurs de cuisson alléchantes rappelèrent à Kasumi qu'il n'avait pratiquement rien mangé de la journée tout comme la veille. Maintenant que les choses étaient rentrées dans l'ordre et que l'angoisse ne lui coupait plus l'appétit, son estomac criait famine de manière fort peu discrète.

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Hugo et le jeune garçon étaient assis à table, discutant paisiblement. D'après le peu qu'ils entendirent, le jeune garçon expliquait qu'il était en route pour rejoindre sa famille, à une journée de marche vers le nord. Astrée hésitait à les interrompre. Mais déjà Hugo se tournait vers eux.
- Vous prendrez bien un petit apéritif pour fêter dignement la fin de cette aventure ? Pendant que notre jeune invité prend un bon bain bien mérité ?
- L'eau sera chaude d'ici quelques minutes, tu peux y aller, renchérit Astrée, souriant au jeune garçon. Avant d'ajouter en rougissant à l'attention de leur hôte :
- Et j'aurais moi aussi besoin d'un petit décrassage avant de...
- J'ai pas besoin de me baigner, l'interrompit le jeune garçon. Je l'ai déjà fait, ce matin, dans le torrent !
Astrée lui sourit, amusée, sans se formaliser de l'interruption.
- Tu sais que c'est plus confortable, l'eau chaude ?
- J'en ai pas besoin, je vous dit ! Enfin, sauf si vous refusez de me donner à manger sans ça...
- Oui, tu as bien deviné, je refuse de nourrir un invité dont les mains ne seraient pas parfaitement propres, intervint Martha, sortant juste à point de la cuisine. Alors file vite.
Le jeune garçon dut s'avouer vaincu, et, tête basse, se dirigea vers la salle d'eau.
- Ma proposition d'apéritif tient toujours, fit leur hôte en se tournant à nouveau vers les rôdeurs. Mais je n'avais pas vu que vous étiez trempé...
Astrée se sentit rougir, et préféra laisser Kasumi répondre. Après tout, il était nettement plus trempé qu'elle....

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Croiser le regard un peu gêné d'Astrée ne fit qu'accroître sa propre confusion et Kasumi n'eut pas vraiment le temps d'inventer un motif crédible pour expliquer l'état de leurs tuniques. Peu convaincant, il balbutia quelques explication lapidaires :

- Je dois être plus fatigué que je le pensais, je me suis montré maladroit en sortant le seau du puits. Je vais me changer si ça ne vous dérange pas.

Puis, prenant enfin conscience de la proposition qui leur était faite, il enchaîna pour changer de sujet :

- Enfin, si ça ne vous dérange pas d'attendre cinq minutes pour l'apéritif. Il va de soi que je trouve l'idée excellente.

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Le sourire amusé qui s'afficha sur le visage de Hugo était explicite. Et fit rougir Astrée encore davantage. Elle le cacha du mieux qu'elle put en détournant le regard, mais avait du mal à se retenir de rire devant la mine déconfite de son compagnon.
- Je ne suis pas autant mouillée que toi, je peux attendre ici, fit Astrée en s'asseyant face à leur hôte. Par contre... Si tu veux bien me descendre une serviette et une tunique de rechange pour que je puisse me changer après m'être lavée, tout à l'heure, ce ne serait pas de refus.... Enfin, s'il reste de l'eau après la toilette de ce jeune homme bien sûr !

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Kasumi sentait la rougeur qui lui chauffait les joues et fut donc ravi de la possibilité de diversion qui lui permettait de reprendre contenance avant le repas. Il adressa un sourire d'adoration à sa compagne avant de se lever et de lui répondre avec déférence :

- Tout ce que tu voudras ma chérie.

Le fait que ces mots lui deviennent peu à peu familier lui plaisait décidément énormément. Il se dirigea d'un bon pas vers l'escalier qui menait à leur chambre en prenant soin de s'emparer de son sac au passage. Deux minutes plus tard, il était de retour et portait une des tuniques qu'Astrée lui avait choisie à Deux ponts. Dans sa main, la rôdeuse put reconnaître une de ses propres tuniques. le demi-elfe avait choisi, consciemment ou non, un des plus belles. En tous cas une de celle qui soulignait le plus ses courbes féminines.

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Astrée nota mentalement de ne plus demander à Kasumi de choisir une tunique à sa place pour un simple repas fermier. Celle-ci était bien sûr le plus cintrée, la plus décolletée... Celle qu'elle aurait réservé à une auberge ou un restaurant. Mais après tout, elle pouvait aussi décider de faire honneur à leurs hôtes.
Elle ne fit aucun commentaire, se contentant de remercier son compagnon avec un large sourire.
Déjà, Matthieu était de retour - il avait visiblement écourté le plus possible ses ablutions, et elle se dirigea à son tour vers la salle d'eau, laissant Kasumi seul avec son hôte et le jeune garçon.
- Vous goûterez bien un peu de vin de noix ? demanda Hugo, avant d'adresser un sourire désolé au jeune garçon. Malheureusement, il te faudra te contenter d'un verre de lait, tu es un peu jeune pour ça.
- J'ai déjà bu de l'alcool, protesta celui-ci, et mon père me laisse parfois prendre l'apéro quand il a du monde !
- On ne sert aucun alcool avant 16 ans, ici, et je ne pense pas que Martha accepterait la moindre exception, répliqua leur hôte en verant une bonne rasade de vin de noix dans le verre du rôdeur. Le jeune garçon baissa la tête, un peu vexé sans doute.
- Au réveil de nos dames... et à la fin de cette triste histoire ! lança Hugo en levant son verre.

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Le rôdeur trinqua de bon cœur avec Hugo répétant avec enthousiasme le toast qu'il avait porté en y ajoutant un mot pour les hôtes qui les accueillaient si chaleureusement sa compagne et lui. Le vin avait du corps, les noix lui donnant un goût qui n'était guère familier au demi-elfe mais pas du tout désagréable. Il ne se priva pas d'en complimenter Hugo en demandant s'il s'agissait d'une spécialité locale. Le verre de vin permettait d'attendre agréablement les effluves prometteuses du repas délicieux que mitonnait Martha. Kasumi se sentait presque comme chez lui chez leur hôtes, une notion qui lui était encore inconnue quelques semaines plus tôt lui semblait-il.

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Astrée revint sur ces entrefaites, vêtue de la tunique que Kasumi avait choisie. Elle rougit devant le regard appréciateur de celui-ci, mais s'efforça de garder contenance alors qu'elle s'asseyait près de lui.
Matthieu avait tourné la tête vers elle à son entrée et la suivait d'un regard un peu trop insistant à son goût. Mais ce n'était qu'un jeune adolescent, et elle savait pertinemment qu'il était à l'âge où on commence à être fasciné par ces choses-là. Elle ignora donc du mieux possible son regard, et lui-même parut s'apercevoir de son inconvenance, reportant son attention sur le verre de lait que Hugo lui servait, comme promis.
- Vous repartez demain matin ? demanda Hugo, davantage pour entretenir la conversation que par réelle curiosité. Excusez-moi, mais avec tous ces événements, j'ai oublié où vous alliez. Vers le nord, c'est ça ? Dans la même direction que notre jeune invité ?
- Je vous vois venir... Je ne veux pas qu'on m'accompagne, je voyage seul ! l'interrompit le jeune garçon.

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Kasumi adressa un regard indulgent à l'adolescent. Après tout, lui aussi aimait bien partir seul à l'aventure à son âge. Et il était alors trop fier pour accepter une aide qui diminuait à ses yeux la teneur de ses "exploits". Il répliqua donc fort diplomatiquement à Hugo :

- Nous partirons en milieu de matinée je pense. Il nous reste encore notre lessive en souffrance et ce serait dommage de ne pas profiter de la laverie du village.

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Astrée approuva d'un hochement de tête, et ajouta.
- Tu auras donc tout le temps de nous distancer....
- Je partirai à l'aube, moi, fit fièrement Matthieu. J'en ai pour la journée avant d'arriver....
Astrée réfléchissait, tentant de se remémorer la carte.
- Ta famille t'attend près du hameau de Grange-Blanche ? Je ne me rends pas compte des distances....
- Oh, non, Grange-Blanche, c'est presque à deux jours à pied. Un peu moins pour vous puisque vous êtes à cheval... Ils m'attendent à mi-chemin, à peu près. Dans un endroit où personne s'arrête jamais, on est tranquilles.
Il se tut, craignant peut-être d'avoir trop parlé en dévoilant un secret de famille. Mais déjà, Hugo changeait de sujet, revenant à des préoccupations autrement plus importantes pour lui.
- Cet homme qu'on a chassé... ce sorcier.... C'était quoi, à votre avis ? Vous pensez qu'il peut revenir, encore, se venger ? Vous pensez qu'il faut qu'on avertisse les autorités? Ou qu'on demande de l'aide à Haute-Roche ?

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Kasumi imaginait ce que seraient les prochains jours de voyage vers l'abri d'Astrée mais fut distrait de ses pensées vagabondes par la question de leur hôte. Il réfléchit un moment à sa réponse avant d'en faire part aux deux villageois, tentant de se montrer à la fois objectif et prudent :

- Etant donné son lien avec la nature, il m'évoquait peut être un druide bien que je n'en ai jamais croisé qui maîtrise ainsi les enchantements ou se servent d'un instrument pour charmer des humains. Mais quoi qu'il puisse être en réalité, je pense qu'il n'a aucune intention de revenir. A moins que certains fermiers aient cherché à le suivre ce dont je doute que les meilleurs pisteurs soient capables.

Le demi-elfe avait évité soigneusement de parler de barde bien que les compétences de l'individu se rapprochent en quelque sorte de leur art profane. Il ne savait pas comment Astrée réagirait à cette remarque et se gardait bien de risquer d'évoquer en elle des souvenirs douloureux.

RP : retour à l'abri

Astrée hocha la tête et intervint à son tour.
- Oui, je pense aussi que c'est un druide, même s'il a des méthodes assez étranges... Ses affinités avec la nature sont évidentes. Et je ne vois pas pourquoi il reviendrait, il n'a plus rien à faire par ici... Vous l'aviez déjà vu auparavant ?
- Non.
- Il est probable qu'il n'ait été que de passage...

Martha fit son apparition sur ces entrefaites, apportant une grande casserole de soupe apparemment consistante au vu des morceaux de lard et de viande qui surnageaient au milieu des légumes.
Le chef de famille murmura quelques mots pour remercier Chauntéa de ses bienfaits, et sa femme fit enfin le service, pour le plus grand soulagement des estomacs affamés - ni Astrée, ni le rôdeur n'avaient mangé à leur fin au cours des deux journées écoulées.
- Je fais une lessive demain matin au lavoir, annonça Martha à la cantonnade. Voulez-vous que j'en profite pour laver des vêtements à vous ?
La question s'adressait aussi bien aux rôdeurs qu'à Matthieu, mais celui-ci déclina l'invitation, expliquant qu'il voulait partir à l'aube.
- Nous ne voulons pas vous donner davantage de travail, répondit timidement Astrée. Nous avions prévu de faire aussi notre lessive au lavoir, nous n'avons rien de particulier à faire...
- C'est vraiment comme vous voulez. Je sais que certaines personnes préfèrent laver elles-mêmes leur linge, donc je n'insiste pas. Je ferai simplement chauffer un peu plus d'eau, de façon à ce qu'il vous en reste. Mais n'hésitez surtout pas si vous voulez que je joue les blanchisseuses ! Après tout, vous voulez peut-être vous reposer un peu demain...
Astrée ne se sentait nullement fatiguée, après près de 36h à dormir. Mais son compagnon pouvait, lui, rêver d'une grasse matinée.

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Kasumi n'avait pas non plus dans l'idée de s'attarder plus que nécessaire au village. Il était même plus que jamais impatient de reprendre la route seul avec Astrée. L'accueil de leurs hôtes n'était pas en cause mais il avait simplement envie d'un peu d'intimité avec sa compagne. Il répondit avec diplomatie à la proposition de Martha :

- Merci de votre offre mais nous préférons vous accompagner. N'hésitez pas à nous appeler une heure après l'aube demain. Nous aurons une longue route à parcourir demain.

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Il fut convenu que Martha les réveillerait pour le petit déjeuner, et irait ensuite au lavoir commencer à faire chauffer l'eau en attendant qu'ils la rejoignent. Mathieu, quant à lui, fit savoir qu'il n'avait besoin de personne pour se réveiller.
Le repas fut animé de bavardages insignifiants. Leurs hôtes, après la tension de la journée, semblaient désireux de se changer les idées en discutant de tout et de rien. Ayant appris que Kasumi habitait Luménis, ils l'interrogèrent sur les événements de l'hiver précédent, heureux de voir de leurs yeux un héros de la guerre civile.

Si Astrée et Martha étaient en pleine forme après leur repos prolongé, les hommes accusaient la fatigue d'une journée très chargée, et la veillée ne se prolongea pas indéfiniment. le jeune Matthieu ne donnait pas signe de vouloir monter se coucher, mais Astrée devinait la fatigue de ses autres compagnons : elle fut donc la première à se lever, refusant le digestif aimablement proposé par Hugo.
- Je crois qu'il est temps pour nous d'aller dormir, fit-elle en consultant du regard son compagnon. Nous avons une longue route demain.

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Kasumi, un peu gêné d'être au centre de l'attention, avait minimisé au maximum son implication dans la résistance Luménienne, argumentant sur le fait qu'il était arrivé tard avec les renforts Manostiens et n'avait donc pas eu à subir les privations et les exactions imposés pendant de longs mois par le régime. Heureusement, les sujets plus légers avaient pris le pas sur ces sombres remémorations. Lorsqu'Hugo lui proposa un cordial, il refusa poliment et se rangea à l'avis d'Astrée d'aller se coucher. il n'avait pas besoin de feindre la fatigue qui lui fournissait une excuse polie toute trouvée. Après avoir souhaité la bonne nuit à leurs hôtes, le demi-elfe accompagna donc sa compagne vers l'escalier et la promesse d'une confortable nuit de sommeil.

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Astrée ouvrit la porte de leur chambre et laissa galamment son compagnon entrer le premier, inversant pour une fois les rôles.

- Je m'occupe de fermer les volets. Installe-toi, tu dois être épuisé après ces deux journées de démarches et de recherches...

Joignant le geste à la parole, elle se dirigea vers la fenêtre, fermant les lourds volets de bois.

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Kasumi ne se fit pas prier pour s'asseoir sur le lit, gagné par la fatigue qu'il avait maintenu à distance ces deux derniers jours. Il observait avec une attention hypnotique sa compagne fermant les volets et lui sourit lorsqu'elle vint le rejoindre.

- Je crois que je n'aurai pas de mal à m'endormir en effet. A moins que tu souhaites que je reste éveillé ?

Le demi-elfe avait lancé cette remarque sur un ton taquin mais son effet fut gâché par le bâillement qu'il ne parvint pas à réprimer.

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Astrée se mit à rire, amusée par la remarque bravache de son compagnon, mais apitoyée par la fatigue qu'il affichait.

- Mon pauvre, tu n'auras pas besoin de berceuse ce soir. Mais si tu veux, je peux te proposer une petite séance de massages pour achever de te détendre... Même si tu ne sembles pas en avoir réellement besoin.

Tout en parlant, elle s'assit sur le lit et commença à se déshabiller, observant du coin de l'oeil la réaction de son compagnon. Elle s'amusait beaucoup de l'émotion que suscitait immanquablement chez lui de ce genre de situation.

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Kasumi ne perdit pas une miette du spectacle même si l'attitude de sa compagne ne se voulait pas provocante et que le manque de sommeil atténuait ses réactions. A dire vrai, il avait un peu prémédité cette situation en choisissant volontairement une tunique qu'Astrée ne portait jamais pour dormir. Il savait qu'elle lui préférait les vêtements amples et plus confortables pour la nuit. Refusant de laisser échapper une bonne occasion, il se redressa sur un coude et lui répondit d'une voix entendue :

- A dire vrai, toutes ces heures en selle ou à grimper aux arbres m'ont laissé les muscles tendus. Un petit massage ne pourrait que me faire du bien. enfin, si cela ne te dérange pas bien sûr.

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- Avec plaisir !, répondit joyeusement Astrée.
Elle se sentait en pleine forme et n'avait guère sommeil, même si elle savait qu'il lui fallait prendre des forces pour la longue étape du lendemain. La barrière montagneuse qu'ils avaient à franchir dans les deux jours à venir était particulièrement élevée en altitude, ils trouveraient probablement de la neige en route, et la prochaine nuit risquait de ne pas être très confortable.
Elle s'installa confortablement derrière son compagnon et l'aida à enlever sa tunique, avec des gestes doux et un brin langoureux. Elle chosit dans son sac un petit flacon d'huile dont elle connaissait les vertus relaxantes du parfum, s'e enduisit les mains, et commença doucement à masser lesmuscles, par caresses circulaires, alternant douceur et fermeté, tentant de dénouer un à un les muscles des côtes et du dos.

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Kasumi se laissa faire avec délice. Astrée semblait parfaitement détecter les muscles qui le crispaient et les détendre par ses caresses expertes. Il laissa échapper à plusieurs reprises des soupirs de soulagement et de bien être. A dire vrai, il y a bien longtemps qu'il était détendu mais il souhaitait que le massage ne prenne pas fin, luttant contre les signes de fatigue qu'il avait du mal à réprimer. il sentait ses yeux se fermer et papillonner mais il n'avait pas envie de voir le sommeil interrompre les soins attentionnés dispensés par sa bienaimée.

- C'est divin. Mais, promis, demain ce sera ton tour...

Sa voix était ensommeillée elle aussi, signe extérieur qu'il ne tiendrait plus longtemps malgré ses efforts.

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