[Lieu] Temple de Sunie

[Galathée]

" Et bien dans ce cas, je vais aller me changer — je ne voudrais pas lui donner une attaque, la pauvre — et puis je me mettrai en route. Quant à vous, je vous souhaite de trouver quelqu'un à votre goût. Mais méfiez-vous de ces lieux : tous les clercs sont, par essence, magnifiques. Je ne sais pas si votre allégorie gagne à ne représenter que la beauté... Enfin, je ne connais pas votre Sunie, évidemment."
Il fronça les sourcils.
" C'est vrai ça, au fait... Qui est votre Sunie ?"

[Althéa]

L'espace d'un instant, Amélie eut la vision fugitive d'un Soren débarquant nu à la Bienveillance devant une Angèle médusée. Oui, son amie aurait été bonne pour une crise cardiaque si elle ne s'enfuyait pas en courant. Mieux valait ne pas tenter le diable. Et elle n'osait imaginer son humeur pour le restant du voyage.
Laisser le clerc de Sunie aller lui parler pendant qu'elle déambulait dans le temple était un peu lâche mais comme elle l'avait dit, c'était absolument nécessaire. Il ne fallait pas que la paladine puisse se cacher derrière elle.

La question du clerc lui fit revenir en mémoire son modèle qui par chance avait tout bonnement frappé à sa porte.

"Elle s'appelle Chandara et elle vient de Cojum. Aux dernières nouvelles, elle est devenue paladine de Sunie."

[Galathée]

A cette mention, Soren rit joyeusement.
" Chandara, oh oui, je vois bien le personnage."
Il sourit.
" Elle a posé pour moi, déjà. Je n'en aurais pas fait Sunie, mais je peux comprendre pourquoi vous le faites... Vous n'êtes pas sunite, je présume ?"

[Althéa]

"Chandara a posé pour vous ?"

Amélie n'en croyait pas ses oreilles. Chandara avait posé pour Soren. Quand elle avait posé pour elle, elle se rendait à peine compte qu'elle était susceptible de plaire. Elle dégageait une sorte de magnétisme ingénu. Mais de là à franchir le pas et à poser pour Soren pour qui les habits tenaient lieu de superflu. Elle sourit.

"Elle a fait un beau chemin depuis Helm. Elle s'est vraiment accomplie. Et je trouve que Sunie lui va bien. Ce n'est pas la déesse que je vénère, non. Par contre, si vous me dites que vous avez réussi à faire poser Angèle, je ne vous croirai pas."

[Galathée]

" Je pensais que c'était sous-entendu. Bien sûr que j'ai fait poser Angèle, qu'est-ce que vous croyez ? Que je suis un bleu ? J'ai au moins quinze ans de plus que vous, très chère. Je connais mon art... et j'ai un certain pouvoir de persuasion. Je pourrais vous faire poser vous, aussi. Mais je n'ai pas le temps."
Il haussa les épaules.
" Et Sunie va bien à Chandara, mais elle est beaucoup trop jeune. Sunie est une femme accomplie, sûre d'elle, fière de son corps... Chandara... est indéniablement très jolie. Et elle a le potentiel... Mais elle est trop jeune. Sauf si votre objectif est de représenter une certaine "jeunesse" fictive de nos divinités. Mais alors j'éviterais de me choisir moi pour Milil. Je n'ai plus vingt ans."

[Althéa]

Le sourire d'Amélie s'élargit d'avantage. Pour une fois qu'elle avait l'occasion de discuter avec un artiste qui ne serait pas d'emblée d'accord avec elle ou qui lui donnerait raison par manque de connaissances. Et Soren possédait assez d'assurance et de maîtrise pour pousser aider ses modèles - dont Angèle - à se mettre à nu et sans doute à en tirer le sublime.

"Je crois que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre. Je pense que vous avez raison pour Sunie. Et j'ai tendance à souvent aborder les modèles féminins par rapport à mon âge et le manque de maturité qui va avec, je dois bien l'avouer parfois. Je crois que pour bien faire, il faudrait que j'attende que Chandara s'accomplisse encore un peu. Pour Angèle, ce n'est pas que je doutais de vous, ni d'elle d'ailleurs. Mais je la connais d'une certaine façon : une paladine armée d'un code pénal à qui on a un jour demandé de veiller sur moi et qui le fait tant bien que mal. Et j'ai beaucoup de mal à la voir autrement."

[Galathée]

" Mais peut-être n'est-il pas nécessaire de la voir autrement. Nous avons tous de multiples visages, ce qui ne veut pas dire qu'il utile, sain ou nécessaire de les montrer tous à tout le monde."
Il sourit à nouveau, regarda vers la façade du Temple.
" Mais je m'en vais me changer puis surprendre Angèle. Je vous souhaite, de votre côté, bonne chasse à Lliira. Et ne vous souciez pas trop de mon opinion : chaque artiste à ses travers, ses lubies, ses bonheurs, son doigté. Nourrissez les vôtres et négligez donc les vieux grognons qui vous disent comment faire."
Sur un ultime clin d'oeil, il repartit vers l'entrée du sanctuaire.

[Althéa]

Amélie se retrouva seule en compagnie des hortensias bleus, quelque peu déboussolée par les propos de Soren, dans le bon sens toutefois : elle avait matière à réfléchir. En rentrant, elle reverrait ses esquisses. Et puis, surtout, elle allait partir à la recherche de Liiria, ce qui promettait d'être une quête passionnante. Elle se sentait beaucoup mieux que lorsqu'elle avait traîné son chagrin dans le temple. Elle pouvait à présent voir les éléments d'un point de vue différent et surtout comment faire face.

Mais pour l'instant, elle chercherait Liiria en attendant qu'Angèle et Soren aient fini de discuter. Elle espéra que l'échange serait bénéfique pour l'un autant que pour l'autre.

[Galathée]

Pendant un temps, elle demeura seule avec les hortensias et les abeilles. Elle entendait le rire et les murmures de conversations proches, des mouvements derrière les buissons comme certains se faufilaient non loin, mais personne ne vint l'importuner. Il était probable qu'avec tous les coins et les recoins du labyrinthe des jardins sunites, on puisse longtemps errer sans jamais tomber sur quelqu'un de bien caché... Ce qui était sûrement l'idée. Puis Amélie entendit un bruissement sur sa droite, se retourna pour ne rien voir, sauf les feuilles qui bougeaient. Quelqu'un l'observait... ou alors c'était un animal... Difficile de le deviner car il n'y avait plus personne.

[Althéa]

Si Angèle aurait bondi et regardé autour d'elle avec crainte, Amélie se contenta de poser sur le buisson un regard empli de curiosité. Ne voyant rien, elle se leva et s'approcha de l'arbuste en question. C'était sûrement un animal ou peut-être un oiseau. Dans tous les cas, si elle ne trouvait rien, elle se mettrait en quête de sa Liiria.

Elle craignait l'immobilité qui permettrait à ses doutes de ressurgir. Mieux valait rester dans l'action autant qu'elle le pouvait. Ensuite, elle verrait. En attendant, la perspective de trouver un nouveau modèle l'enthousiasmait au plus haut point.

[Galathée]

Pendant un moment, le buisson ne bougea plus. Des papillons croisaient à proximité et un parfum flottait dans l'air — celui des hortensias mais aussi un autre, plus capiteux, provenant sans doute d'un parterre voisin et apporté par la brise. Puis il y eut à nouveau un mouvement et un visage apparut à la hauteur de celui d'Amélie, ouvrant de grands yeux, puis explosant de rire. C'était une jeune personne — fille ou garçon, difficile de le dire à cet âge — d'une beauté stupéfiante, peut-être une dryade en maraude, mais probablement plutôt un novice du Temple. Il (ou elle) disparut aussitôt dans le feuillage mais Amélie devina que l'espion anonyme n'était pas parti très loin et demeurait à la lisière de la végétation.

[Althéa]

Pendant quelques secondes, Amélie resta totalement stupéfaite avant d'éclater de rire à son tour. Puis elle avança doucement, un peu pour ne pas effrayer l'apparition, un peu pour prolonger la beauté de l'instant. Ce n'était pas tous les jours que la beauté rieuse se manifestait à travers des buissons.

Elle ne parla pas non plus, pas encore, se contentant d'observer en espérant pouvoir se souvenir de chaque détail.

[Galathée]

" Comment tu t'appelles ?" demanda bientôt une voix, mais plus sur la droite.
Sans doute le farfadet sunite s'était-il (ou elle, la voix ne permettait pas non plus d'en décider) déplacé dans le feuillage, à pas de loup.
" Pourquoi tu es toute seule sur un banc ? Personne ne fait ça, par ici."

[Althéa]

L'apparition s'était déplacée sans se montrer, mais elle avait parlé, ce qui relevait en soi d'un progrès. Amélie accueillit les questions avec un sourire. Elle n'avança pas, décidant qu'elle laisserait à l'inconnu le choix de faire un pas vers elle si il ou elle le désirait. Pour l'instant, elle pouvait se contenter de ce visage rieur et beau au milieu de la végétation. Elle espéra être capable d'en reproduire l'esquisse sur son carnet de croquis. Mais un doux pressentiment lui disait que oui.

"Je m'appelle Amélie. Je ne suis pas d'ici. Je ne fais que passer en fait. Et je cherche des modèles pour dessiner."

Occupation qui lui sembla soudain un peu futile.

"Et toi, qui es-tu ?"

[Galathée]

" Je suis Mian." répondit l'espion dissimulé dans ses broussailles.
Il n'avait pas bougé, cette fois.
" Des modèles ? Il y en a plein, dans le jardin et dans le temple. Mais tu ne risques pas de les trouver en restant assise sur un banc dans un coin."

[Althéa]

"Hé bien, enchantée, Mian.", répondit Amélie.

Elle ne savait pas quelle était la nature de son espion mais quelque part, un nom c'était déjà bien.

"Et tu as tout à fait raison. J'allais repartir. J'avais juste besoin de réfléchir un peu avant. Et toi, qu'est-ce que tu fais par ici ?"

[Galathée]

" J'arpente et je batifole, répondit la voix. Et je respire... Je flâne... Je songe... Je ne pense pas beaucoup. Ça fronce le front, ce n'est ni gracieux, ni élégant."
Un rire s'échappa à nouveau des hortensias.
" Il y a une séance de pose dans le jardin des coquelicots, si tu cherches des modèles. C'est là que les peintres du Temple se retrouvent pour travailler de concert et que ceux qui désirent étaler leur beauté se pavanent."

[Althéa]

Niam avait raison, réfléchir, surtout sur des sujets pesants n'avait rien d'élégant. Surtout avec la perspective d'un rassemblement de modèles. Elle sourit en entendant son espion s’esclaffer de nouveau. Il y avait énormément de joie dans cet élan-là. Un peu à l'image de Liiria. Une sorte de rappel sur le fait que la vie pouvait être légère si on le prenait du bon coté. Elle demanda.


"Et toi, est-ce que tu crois que je pourrais te dessiner aussi ? Seulement si tu veux."

Un peu pour son vitrail, mais surtout pour se souvenir de ce beau moment.

[Galathée]

" Je ne sais pas si ce serait approprié, dit Mian au bout d'un moment. Je suis trop jeune, à mon avis. Les prêtres pourraient trouver ça inconvenant... ou prétentieux. Pourquoi tu veux me dessiner ?"
Il (ou elle) s'était déplacé vers la gauche, à nouveau, et arriverait sans doute bientôt à l'air libre... si Amélie parvenait à l'en convaincre.

[Althéa]

Amélie hocha la tête, quelque peu embêtée par sa proposition. Ainsi Niam était un novice du temple de Sunie.

"Je suis désolée, je ne veux pas te mettre dans l'embarras. J'avais envie de dessiner juste ton visage, au moment où tu es apparu entre les buissons, il y avait presque quelque chose de magique. Bon, c'est un peu idiot dit comme ça."

[Galathée]

" De magique, haha !" s'exclama la voix.
Les feuilles s'écartèrent et Mian en sortit. Il devait avoir quatorze ou quinze ans, parfaitement androgyne, les cheveux châtains, courts, bouclés, encadrant son visage presque elfique. Il avait le regard très clair et un sourire charmant, dont il usait manifestement avec générosité. Même sans l'effet de surprise, sa beauté demeurait stupéfiante. Son corps mince était drapé dans une tunique rouge vif, à la manière sunite.
" Tu es une flatteuse. Mais j'ai l'habitude."

[Althéa]

Amélie répondit au sourire. Il y avait dans la beauté de Niam quelque chose d'évanescent, presque irréel. Et il était déjà conscient de sa beauté mais aussi de ce qu'elle provoquait. Il devait entendre qu'il était beau chaque fois qu'il mettait le nez dehors, même si les compliments avaient l'air de glisser sur lui. Peut-être s'habituait-on à la longue. Il avait l'air d'avoir choisi d'en rire.

Elle réajusta son luth dans son dos avant de se rasseoir. Peut-être Niam voudrait-il discuter un peu, même si elle ne savait pas si et de quoi il aurait envie de parler. Elle lui demanda.

"Tu habites au temple depuis longtemps ?"

Après, pour une personne de son âge, le temps devait avoir une signification toute relative.

[Galathée]

" Dans celui-ci, non, dit Mian en esquissant quelques lents pas de danse sur l'herbe rase. Mais dans un temple, oui. Depuis toujours, en fait. J'étais encore un petit bébé quand Sunie m'a ouvert son sanctuaire. Je m'y plais bien. Je ne voudrais pas me trouver ailleurs."
Son sourire revint.
" Et toi ? Tu es depuis longtemps dans le temple ?" demanda-t-il (ou elle), l'expression mutine.

[Althéa]

Amélie regarda Niam interloquée. Lui - ou elle ! - avait toujours vécu dans un temple sans connaître ses parents et était heureux. Une part d'elle-même - celle à laquelle elle refusait de prêter l'oreille - se dit qu'il en aurait été de même si sa mère n'avait pas débarqué en lui montrant qu'elle avait d'autres liens que ses parents biologiques. Elle mit la pensée dehors avec diplomatie. Elle n'avait pas envie d'être triste, amère ou en colère. Ce n'était ni le moment ni l'endroit. A l'âge de Niam, elle non plus ne savait pas et tout était mieux ainsi.

Elle sourit de nouveau.

"Je ne fais que passer ici. Je suis arrivée tout à l'heure. C'est un bel endroit."

[Galathée]

" Ha ! Bien sûr que c'est un bel endroit ! Le plus beau de la ville, a minima ! Après, on dit que le temple d'Antelucas est encore plus beau... mais comme ils y règnent, c'est plus facile, évidemment."
Il s'approcha d'elle.
" Pourquoi es-tu ici ? Tu cherches l'amour ?"

[Althéa]

Niam semblait tout à fait sur de son fait, et force était de constater qu'il avait sûrement raison. Bien sûr, Amélie n'avait pas encore vu tous les endroits de la ville mais au vu de la beauté de cet endroit-là, elle était prête à se laisser convaincre.

Sa question cependant la prit au dépourvu. En même temps, elle était quelque part logique vu l'endroit. Le temple respirait, inspirait et peut-être de trouver l'Amour vu qu'il lui était dédié.

Elle pensa à Marvin de l'autre coté de la mer. Il lui manquait.

"Non, je ne cherche pas l'amour. Je l'ai déjà trouvé mais pas ici. Ici, je suis venue presque par hasard."

[Galathée]

" On ne vient jamais ici par hasard, dit Mian avec un sourire entendu. Quand on entre dans un Temple, c'est toujours parce qu'on cherche quelque chose. Sans doute n'est-on pas toujours capable de savoir exactement ce qu'on cherche... mais ça ne change rien."
Il haussa les épaules, sans se départir de son air malicieux.
" A moins que tu ne sois tymoranne ? Tu en as l'allure."

[Althéa]

Amélie répondit de nouveau au sourire, même si elle ne s'était jamais attendue à ce qu'on la prenne pour une tyrmorane. Mais Niam avait raison, elle n'était pas venue par hasard au temple mais pour ... elle ne savait pas vraiment au début quel sentiment l'avait poussée à en franchir les portes. Puis elle avait voulu des réponses. Même si elle n'en avait pas vraiment obtenu - peut-être parce qu'elle ne savait pas vraiment ce qu'elle cherchait - elle s'était sentie apaisée. Et voilà qu'on la prenait pour une adepte de Tymora. Alors que son père - que Brandon Devlin - était un de ses prêtres. Mais chacun voyait des coïncidences là où il le voulait. Elle secoua la tête.

"Non, je ne suis pas Tymorane. Je vénère Liiria. Mais j'ai entendu parler du temple de Sunie et j'ai voulu aller voir."

Surtout qu'une certaine malédiction la reliait au lieu.

[Galathée]

HRP : C'est Mian, hein, pas Niam

" Je comprends. N'importe quel visiteur devrait venir voir. En même temps, s'il y en avait trop, ça deviendrait insupportable. On devrait trier à l'entrée : seulement les gens beaux sont invités. On te laisserait passer. Tu as bonne mine."
Mian inclina la tête.
" Par contre, tu n'as pas l'air très joyeuse, pour une Lliranne. Est-ce que tu n'es pas censée rire et danser ? C'est des choses qu'on fait à plusieurs, normalement. Pas solitaire sur un banc dans les hortensias... quoique si tu fumes de la fleur d'hortensia, tu vas rire, promis."

[Althéa]

Ah, c'est malin

Amélie ne put s'empêcher de rire franchement. Comment ça, fumer de la fleur d'hortensia ? L'idée était plutôt amusante mais surtout, elle s'imaginait la tête d'Angèle si elle la découvrait se livrant à cette activité là. Elle ne rirait pas du tout, c'était certain. Et Mian lui confirmait que son état d'esprit actuel n'était en accord ni avec le lieu et encore moins à ce qu'elle était habituellement. Bien sûr, elle ne dansait pas en riant tous les jours - loin s'en fallait, elle vivait à Manost ! - mais elle avait envie de retrouver sa propension de voir le verre à moitié plein que le verre à moitié vide.

"Tu as raison. Mais je ne suis pas toujours comme ça. C'est juste que j'ai appris une mauvaise nouvelle ou tout du moins quelque chose qui m'a fait de la peine sur le moment. ça va passer, je pense. Pas en fumant des hortensias."

D'ailleurs, comment une personne de son âge était au courant des propriétés euphorisantes - s'il ne plaisantait pas bien sûr - des fleurs ?