La Couronne de Cuivre

" Un autre moyen... Hum... je ne vois pas exactement de quoi tu veux parler."
Difficile de savoir si elle était sérieuse ou se moquait de lui.
" Et donc quelque part, dans un château appartenant à une vénérable famille d'elfes marins, tu aurais un descendant ? Un enfant tout jeune, j'imagine ? Et... tu n'as jamais eu envie de le voir ?

Kasumi avait rougi – évidemment – mais il prit le contrepied de la question de la druidesse pour dédramatiser la situation, ajoutant un élément qu’elle aurait bien de la peine à croire :

- Non non, j’ai parlé d’une lignée, pas d’un enfant unique ! Le temps s’écoulait différemment dans leur petit monde. J’ai rencontré une de mes arrières-arrières petites filles ou quelque-chose comme ça... Ne fais pas les gros yeux : tout ce que je te raconte est rigoureusement véridique ! Et si, un jour, tu viens nous rendre visite sur Helonna, je me ferai un plaisir de te présenter les descendants de cette communauté.

" Je demande à voir, oui ! Mais donc, en fait, tu as fait un voyage dans un lointain passé... Et as eu des enfants qui en ont eu à leur tour... "
Elle rit.
" Et bien je comprends mieux pourquoi tu préfères les humaines aux elfes ! Imagine, tu courrais le risque d'épouser ton arrière petite fille si tu te laissais séduire par une jeune elfe d'Hélonna ! Ça ne doit pas être simple comme situations, remarque... "
Elle s'allongea, bailla, se retourna à demi vers lui.
"Il faudra que je te rende visite là-bas, rien que pour voir ça de plus près ! Je serais toi, je crois que je chercherais à connaître mes descendants..."

Le regard du rôdeur se perdit dans le vague durant un moment, envisageant sérieusement cette possibilité avant de répondre d’un ton incertain :

- Allons, ce n’est probablement qu’un rêve très étrange… Peut-être que j’ai vécu les souvenirs d’un autre : Helonna regorge de magie après tout ! Mais je maintiens mon invitation : ce sera toujours un plaisir de te revoir. Mais de toute façon, il est probable que je vienne aussi de temps à autre rendre visite à ma famille. Enfin, sauf si je suis banni de la ville pour avoir volé un vieil aigle à la Garde Ailée ! Cela nous fera un point commun, remarque !

" Oh, je ne suis tout de même pas bannie de la ville ! Juste regardée de travers par tous les responsables des forces armées, les gardes, un certain nombre de membres de grandes familles bien pensantes... Mais ça s'est tassé peu à peu. Je pense que ta grand-mère y est pour quelque chose. Même si elle aussi est un peu vue comme quelqu'un de bizarre, elle fait en quelque sorte partie des familles les plus respectées, ça donne du poids à son opinion."
Elle se retourna pour jeter un coup d'oeil à Rubis et Opale.
" Je doute que Rubis ait envie de retourner au bercail, murmura-t-elle, plus sérieusement. Tu as peur que ça te vaille des ennuis ? Tu es membre d'une famille Everaskane, mais tu n'habites pas là, tu es demi-elfe de surcroît..."

Kasumi se rapprocha des braises mourantes comme le froid commençait peu à peu à se faire piquant puis il répondit avec sincérité et conviction :

- Non, les ennuis, j’en ferai mon affaire. Sauf si cela nuit à ma famille évidemment. J’espère toutefois éviter la prison ou que mon père soit obligé de s’acquitter du prix d’un aigle. Mais dans tous les cas, je respecterai le choix de Rubis. Et d’Opale : il a l’air de bien s’entendre avec elle ! Peut-être qu’il vaut mieux que je prétende qu’il est mort lors de mon voyage dans le désert : cela éviterait des recherches. Qu’en penses-tu ?

" Je ne sais pas... ça dépendra, déjà, de la présence ou non de gardes ailés dans le ciel des montagnes à notre arrivée. S'ils le voient, on ne pourra pas mentir... Ou peut-être qu'après ta seconde expédition là-bas, tu peux le laisser juste à la frontière du désert, sans t'enfoncer jusqu'à la frontière. ce sera plus discret."
Elle s'allongea à nouveau, ferma les yeux.
" De toute façon, tu n'as pas à craindre les recherches. S'il suit Opale jusqu'à son nid, il est suffisamment loin pour qu'ils ne le repèrent jamais."
Elle bailla à nouveau, se retourna. Le sommeil n'était plus très loin...

Kasumi lui adressa un nouveau sourire attendri avant de se relever souplement pour inspecter une dernière fois les environs :

- Oui, c’était mon intention d’annoncer qu’il avait disparu après ma seconde expédition : c’est bien moins risqué ainsi. Mais nous en reparlerons demain ! Tâche de te reposer un peu, je prends mon tour de garde, Eärundra la druide artiste !

Il avait l’intention de laisser l’elfe accomplir sa rêverie comme les autres soirs avant de prendre sa place : une petite routine qui s’était révélée efficace jusqu’ici.

" Bonne nuit, répliqua la druidesse d'une voix ensommeillée. Sa respiration, déjà, se faisait plus régulière, alors qu'elle sombrait dans cet étrange sommeil des elfes. Au-dehors, l'atmosphère fraîchissait de minute en minute, mais ils n'avaient de toute façon pas assez de bois pour s'en prémunir.

La nuit se déroula sans anicroche. Eärundra s'éveilla au bout de quatre heures pour prendre son tour de garde, et Kasumi put se reposer à son tour.
Il fut réveillé de bonne heure par les premiers rayons du soleil. Il avait la sensation de n'avoir pas assez dormi. les récentes nuits écourtées, ajoutées à la fatigue du voyage, se faisaient sentir. Il n'y avait pas la moindre ombre où s'abriter, et déjà, les rayons lui semblaient trop ardents. Le contraste avec la montagne allait être spectaculaire.
" Je crois qu'on ferait bien de déjeuner rapidement et de se mettre en route sans tarder. Il fait vraiment trop chaud ici, j'ai hâte de retrouver un peu de fraîcheur. Enfin, si tu ne vois pas d'inconvénient à déjeûner sur le pouce...

Le rôdeur n’en voyait aucun et manifesta même son enthousiasme à entamer cette dernière journée de cette étape du voyage. Si tout se déroulait comme prévu, ils seraient en terres elfiques ce soir et – mieux encore – il pourrait enfin retrouver celle dont il se languissait au plus profond de lui-même.

- Non, je ne comptais pas traîner « au lit » ce matin ! Notre étape sera longue et j’aime autant qu’on soit déjà en vol quand Galawen me contactera.

L’étape promettait d’être aussi longue qu’il était impatient et il se serait peut-être même privé de petit déjeuner si l’elfe n’avait pas déjà tout préparé comme à son habitude. Il serait cependant plus frugal que la veille ce qu’il n’allait certainement pas lui reprocher.

l'elfe était aussi pressée que lui de quitter ces terres inhospitalière, et le petit déjeuner fut rapidement expédié. Elle proposa même de préparer un petit casse-croûte qu'ils pourraient manger en vol pour ne pas avoir à faire halte à midi. Il n'y aurait de toute façon pas d'oasis digne de ce nom sur leur trajet.
" Nous devrions quitter le désert en milieu d'après-midi... et je n'ai pas envie de faire halte tant qu'on n'est pas sortis de cet enfer. je ne sais pas ce que tu en penses... Et puis, ça nous permettra d'arriver plus tôt !"

Eärundra savait le prendre par les sentiments. Certes il n’appréciait guère l’expérience de manger en vol mais au moins ils ne devraient pas survoler de montagnes avec les courants d’air chaotiques que cela impliquait. Le rôdeur accepta donc la proposition sans aucune réserve. Etant donné qu’il s’était levé relativement tôt et qu’ils n’avaient pas traînés, il était probable qu’il lui reste encore près d’une heure avant la communication prévue avec la compagne de son père. Il était fort aise de n’avoir rien de nouveau à lui apprendre. En tous cas il croisait les doigts pour que ça demeure le cas.

Ils prirent leur envol de bonne heure. Même les aigles semblaient sentir qu'on approchait de leur terre natale et faisaient preuve d'un enthousiasme inhabituel.
L'horizon était pour le moment aussi immuable que les jours précédents : sable, dunes, roches à perte de vue. Un troupeau au loin, sans doute une caravane. Le soleil, dans leur dos, était brûlant.
" Kasumi ? Quelles nouvelles ?"
La voix avait résonné si soudainement qu'il sursauta légèrement. L'aigle, incapable de comprendre d'où venait cette subite crispation des muscles de son cavalier, fit une légère embardée.

Fort heureusement, l’expérience des derniers jours – tant des embardées imprévues que des sorts de communication de Galawen – l’avaient préparé à garder pied dans ce genre de situations. Le demi-elfe dut cependant se concentrer un peu plus longuement avant de trouver les mots pour répondre.

- Nous volons vers vous ! Nous arriverons avant ce soir.

C’était concis et cela avait le mérite d’éviter à Galawen de poser la question bien naturelle qui allait suivre.

La réponse ne se fit pas attendre.
" C'est parfait. Nous nous mettons en route tout de suite pour la frontière. Nous amenons des montures. Doit-on en prévoir une pour Eärundra ?"
En partant en milieu de matinée, ils seraient à la frontière avant la fin d'après-midi... si toutefois ils savaient tous monter à cheval.

Le rôdeur jugea le moment opportun pour aborder la question de leur nouveau voyage imprévu. Il n’aimait pas trop l’idée de devoir le faire en économisant ses mots et par ce moyen distant mais il était nécessaire de préparer le terrain et aussi de permettre à sa famille de s’organiser.

- Nous devons livrer la rançon dans le désert. Nous en aurons pour six jours.

A Galawen d’en tirer les conséquences qui s’imposaient. Et peut-être aussi d’en toucher un mot à Sylvia. Il s’en voulait de ne pouvoir lui annoncer la nouvelle lui-même mais peut-être cela valait-il mieux ainsi que de la décevoir au moment de leurs retrouvailles.

Il y eut un instant de silence, comme si Galawen prenait le temps de digérer la nouvelle.
" D'accord", répondit-elle finalement.
Elle était arrivée au bout de ses trente mots, mais Kasumi avait encore un peu de marge de son côté.
Devant eux, au loin, il lui sembla que l'horizon sableux se modifiait légèrement. sa couleur n'était plus la même... ou peut-être était-ce un signe que l'air là-bas était moins sec. En tout cas, c'était indéniable, ils approchaient de la frontière du désert.

Sept mots. C’est ce qui lui restait pour exprimer tout ce qu’il avait envie de dire. Galawen – et Sylvia plus encore – auraient besoin d’explications. Mais il n’avait pas encore l’opportunité de leur en fournir même si la frontière approchait. Bientôt il pourrait enfin parler librement mais pour l’instant il ne pouvait que tenter de les aider à digérer la nouvelle, à patienter aussi, à ne pas s’inquiéter au-delà du nécessaire.

- Une formalité, vous saurez tout ce soir.

C’était le mieux qu’il pouvait faire. Il était à court de mots. Il ne pouvait qu’espérer qu’elles le croiraient et s’abstiendraient d’imaginer les pires des scénarios.

Il sentit le contact se rompre. Devant lui, pas de doute, on devinait la fin du désert.
Vers midi, les dunes laissèrent la place à une lande semi-désertique, plantée de quelques bouquets d'herbe sèche et quelques buissons d'épineux. Au loin, il voyait maintenant la silhouette des montagnes. Everaska. Il eût la sensation -non, la certitude- que les deux aigles accéléraient encore leur allure, rendant un peu plus délicat encore son casse-croûte.
Puis la température s'adoucit, et l'herbe au-dessous devint moins sèche. Les premiers contreforts des montagnes leur apportèrent un peu de fraîcheur. Les premières maisons, les premiers hameaux, annonçaient la civilisation. Quelques troupeaux de chèvres, de moutons, de bovins. Un enfant qui leur faisait signe, joyeusement.
Et puis, enfin, ce furent les montagnes. Et avec elle, le froid. La neige, là-bas sur les sommets. Sans doute le froid n'était-il pas si intense qu'il le paraissait, mais le contraste était rude. Kasumi reconnaissait vaguement les reliefs survolés plusieurs jours plus tôt. il fallait passer ce col, là, puis c'était le prochain. Il lui sembla vaguement apercevoir un petit groupe qui s'acheminait vers eux, encore un un quart de lieue peut-être, mais déjà les aigles amorçaient leur descente, pour les poser exactement à l'endroit d'où ils avaient débuté leur voyage.

Malgré le violent contraste de température, Kasumi s’était émerveillé du retour vers un monde plus végétal, plus vivant. Il ne ressentait que maintenant combien ce milieu naturel lui avait profondément manqué, combien il avait un besoin viscéral de se sentir entouré de cette vie que défendait sa déesse. Le désert était maintenant derrière eux – hélas pas définitivement encore – et il eut tout le temps de s’en réjouir avant de constater que sa compagne et sa famille était à l’heure pour leur rendez-vous. Il ne leur restait plus qu’à atterrir, à prendre soin des aigles et ils seraient sans doute là. Il mit aussitôt pied à terre, savourant le contact de ce sol bien plus familier qu’il ne l’aurait cru seulement quelques jours plus tôt. Pris d’une impulsion sans doute un peu infantile, il arrangea sa mise et notamment ses cheveux en bataille à cause du vent puis se tourna vers Eärundra, tout sourire :

- Tu sais que tu as bronzé depuis notre départ ? Je me demande si Léo va te reconnaître !

Eärundra n'eût pas le temps de répondre. Une grosse boule de poils fauve surgit du bosquet en contrebas et se précipita sur elle, la renversant sans ménagement dans son élan. Bien sûr, elle avait reconnu le lion et ne fit pas le moindre geste pour s'en défendre, se laissant mordiller les bras sans réagir, caressant la crinière, roulant finalement dans l'herbe avec lui en une simulation de lutte. Elle finit par se relever, l'air radieux.
" On dirait que oui... Et inutile de te battre avec tes cheveux, c'est peine perdue je crois ! Mais elle te reconnaîtra quand même ! Et puis, elle t'observe déjà depuis l'atterrissage, si je ne m'abuse..."
La druidesse, amusée, contemplait un faucon au pelage blanc tâcheté, perché sur un arbre tout proche.

Kasumi avait regardé avec attendrissement les retrouvailles de Léo et d’Eärundra mais il ne put s’empêcher d’éclater de rire en entendant sa réponse.

- Tu as raison : je n'ai pas beaucoup changé mais je suis déjà jaloux : je n'aurai certainement pas droit au même accueil que toi !

Songer à Sylvia l'amena à observer l'oiseau plus attentivement : il aurait dû remarquer l’oiseau mais il avait été distrait. Qu’importait : cela signifiait que la rôdeuse avait pu développer son lien avec l’animal et ça le réjouissait pour elle. Le demi-elfe abandonna sa lutte vaine contre ses cheveux étonnamment revêches – sans doute à cause du soleil brûlant des derniers jours – pour s’approcher lentement de l’oiseau.

- Bonjour toi… Je me demande quel est le nom que t’a trouvé ta maîtresse.

L'animal lui semblait en excellente santé, il avait même pris de poids s'il pouvait se fier à ses souvenirs.

Le faucon pencha la tête de côté, sans répondre bien sûr, puis s'envola pour rejoindre probablement sa maîtresse.
Eärundra avait commencé à décharger leurs maigres bagages, aidée -ou plutôt gênée- par Léo qui continuait à lui faire fête. Ils achevaient de deseller leurs aigles quand le bruit d'un galop se fit entendre. Une tornade rousse descendit d'un hongre blanc -manquant tomber en réalité- et se précipita dans les bras de Kasumi.
" Enfin ! Depuis le temps que j'attendais..."
Elle l'embrassa sans lui laisser le loisir de répondre...

Finalement, Kasumi aurait pu sourire de s’être trompé au sujet de l’accueil qu’on lui réservait. Mais le temps n’était plus à l’ironie alors que Sylvia réveillait en lui des sensations de plénitude et d’euphorie par son baiser fougueux. Baiser qu’il s’empressa de lui rendre malgré sa surprise, oublieux de tout ce qui entourait leur couple. A lui aussi elle avait manqué. Plus qu’il ne l’imaginait. Quand ils se séparèrent pour reprendre leur souffle, le demi-elfe regarda sa compagne avec admiration, la redécouvrant et s’extasiant de sa beauté comme s’ils avaient à nouveau été séparés pendant des années. Son regard brillant plongé dans le sien, il approcha son visage d’elle pour murmurer avec spontanéité :

- Même en ayant voyagé à travers la moitié de Toril, je n’ai jamais aperçu de femme aussi magnifiquement belle et si extrêmement séduisante que toi.

Puis, sans lui laisser le temps de répondre, il l’embrassa à son tour avec douceur.

Leur baiser les coupa un moment du monde, et Kasumi ne fut qu'à demi conscient de l'arrivée d'autres cavaliers et des salutations qui s'échangeaient.
" Bon, dis tout de suite qu'on aurait pas dû venir, finit par lancer la voix de Tilmandil tandis qu'il lui assénait une grande claque dans le dos. Mais on peut aussi repartir tout de suite !"
Sylvia recula d'un pas, son regard fixé sur le sien, les yeux brillants. Derrière elle se trouvait Tilmandil, bien sûr, mais aussi sa grand-père, déjà en grande discussion avec Eärundra, ainsi que Galawen et Elryndel. Kasumi nota que son père, s'il n'avait pas complètement recouvré la forme, était en bien meilleur état que lorsqu'il l'avait laissé.

Kasumi arborait un sourire extatique quand il vit sa famille se réunir autour de lui mais il n’en lâcha pas moins Sylvia, glissant un bras derrière sa taille pour la garder contre lui tandis qu’il répondait de bonne humeur mais non sans une certaine dérision :

- Jaloux ! Tu veux toi aussi un bisou, Tilmandil ?

Il adressa à son frère un clin d’œil comique mais il était content de le revoir et il savait que Tilmandil s’en rendait compte. Un peu plus gravement, il s’avança vers son père en entraînant doucement Sylvia. Sans se départir de son expression heureuse, il s’adressa à l’elfe qui semblait avoir retrouvé toute sa volonté de se battre, de vivre. Il semblait encore affaibli physiquement mais Elryndel avait à nouveau cette lueur dans le regard qui donnait envie de l’écouter.

- Je suis heureux de tous vous retrouver. Et de te voir en meilleure santé papa.

" Je crois que je suis sur la bonne voie, cette fois-ci", confirma son père.
Il lui sourit, avec le même regard vert que Tilmandil... ou le sien.
" Merci... Je ne sais pas comment tu as fait..."
" On espère bien que tu vas nous raconter ! Et avec les détails, que je puisse mettre ça en chanson !"
" c'est un véritable miracle..."
Elvilith, sa grand-mère, se contenta de lui sourire, approbatrice.

Voir les membres de sa famille si heureux portait Kasumi mais il avait plus envie de profiter de l’instant que de se lancer dans un récit ou de se projeter vers les jours suivants. Il tenta donc d’expédier ces formalités tout en sachant bien que Tilmandil et les autres reviendraient à la charge.

- J’ai négocié avec l’esprit des asabis et Huassasth comme tu me l’as appris, papa, et nous avons trouvé un arrangement... Mais pour l’heure, je dois vous avouer que je meure d’envie de manger à nouveau de la nourriture raffinée. Et c’est probablement le cas d’Eärundra aussi ! Enfin, tant qu’on ne me demande pas de cuisiner ! Et est-ce que vous avez prévu de camper par ici ?

" On a prévu tout ce qu'il faut, oui, surtout si tu désires repartir très vite... Et à tout hasard, ta grand-mère a tenu à apporter un peu de matériel divers et des provisions."
" Ce ne sera pas du luxe ! Apparemment vos bagages ont fondu comme neige au soleil..." ajouta Elvilith en secouant la tête, amusée.
" S'il manque quelque chose, Galawen peut se téléporter jusqu'à la maison ce soir et ramener le nécessaire demain... et ceux qui l'accompagneront bénéficieront d'un vrai lit !"
" Ne me regarde pas comme ça, ce ne sera pas moi !"
" Moi je penche plutôt pour Kasumi et Sylvia", répliqua Tilmandil, taquin.
" Non, le choc serait trop rude après une veille à la dure..."
Sylvia paraissait quelque peu intimidée et se taisait.

Kasumi répliqua avec une certaine ironie au commentaire sur leurs bagages, soulagé toutefois que ses parents aient été suffisamment prévoyants pour leur apporter ce qui pouvait leur manquer :

- Curieusement, certains asabis n’ont pas apprécié mon sens l’humour. Ils ont réagi nerveusement et comme ils étaient une douzaine, nous leur avons laissé ce qui était superflu. Heureusement que vous avez pensé à tout ! Enfin, j’espère : parce que je commence sérieusement à manquer de linge de rechange…

Remarquant que Sylvia était quelque peu mal à l’aise, il lui adressa son plus tendre sourire avant d’ajouter d’un ton doux :

- Il se trouve que nous avons un peu d’avance sur notre rendez-vous prévu dans les montagnes. Nous sommes attendus dans sept jours alors qu’il ne nous en faudra pas plus de trois pour atteindre le lieu de rendez-vous. Cela dit, en partant un peu en avance, nous pourrions intercepter le shaman et son escorte et conclure notre marché avant qu’ils n’atteignent les montagnes mais nous ne sommes vraiment pas pressés de repartir.

HRP : 11111 !

La Couronne de Cuivre

[Désert d'Anauroch] Quête : Racines