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[Quête : Tentatives]

Posté : mar. 24 juin 2008, 13:51
par Taliesin
La chouette s'envola, décrivit un large cercle pour se dissimuler aux regards des soldats et, en catimini, gagna la fenêtre ouverte, à l'étage. Elle traversa une chambre, gagna le couloir puis l'escalier et se posa dans un recoin sombre. D'où elle était, elle offrait à Galathée une vue partielle de la salle à manger. Les Merlus s'étaient regroupés contre un mur, pétrifiés. La fille de Guilhem tenait dans ses bras son plus jeune frère : c'était bien à lui qu'appartenait la chemise sanglante, mais il paraissait ne pas avoir encore trop souffert. Mais Guilhem lui-même... Il gisait sur le sol, à côté de la grande table, son justaucorps imbibé de sang. Il avait visiblement reçu une importante blessure à l'épaule, mais il vivait encore. Les Morfens, quant à eux, se tenaient accroupis près des fenêtres, l'arme au poing. Quatre, du moins : le cinquième était invisible.
Derrière elle, Galathée entendit un bruit de pas légers. Tournant vivement la tête, elle vit une ombre disparaître au coin de la grange. De là, l'archer avait une bonne vue sur la façade et pouvait tirer sans trop se découvrir.

On le sentira passer, hein ? reprit le sergent.-Tu vas nous taper d'sus avec tes p'tits poings ? Essaie pas d'nous faire croire qu'z'êtes nombreux. C'est pas à un vieux soldat qu'on apprend la guerre ! Quand on est nombreux, on se montre, pour faire peur à l'autre. Si on se planque, c'est qu'on est que dalle... et lâche, de surcroît. Mais donc, r'v'nons à nos affaires. Si vous continuez votre p'tit jeux, ils crèvent tous, pigé ? Tous. Et salement, tu peux m'faire confiance. Si vous êtes bien sages, par contre... Bah, l'fermier a r'çu, j'sais pas s'il survivra. On peut donc s'en t'nir à ça et épargner les mioches. Fais ton choix, ma belle ! Mais fais-le vite.

Re : Par monts et par vaux

Posté : mar. 24 juin 2008, 14:11
par Galathée

Elle s’humecta les lèvres, soupira et ferma les yeux. Elle aurait aimé échanger avec Mathieu, savoir ce qu’il en pensait, où il se tenait, ce qu’il avait l’intention de tenter. Mais chaque minute comptait.

« Je n’ai peut-être que mes poings, mais je ne suis pas seule. Les miens ne sont jamais seuls. Je parle aux chats et aux abeilles, aux rats et aux corbeaux. Vos chevaux ne vous obéissent plus. Les loups se massent sur votre route. L’aigle, l’ours, la panthère, le serpent, aucun n’ignorera qui vous êtes. Vous ouvrirez cette porte, et une nuée d’êtres furieux se porteront à votre rencontre. Vos épées n’y pourront rien. La morsure de l’araignée terrasse le plus valeureux paladin, l’assassin le plus retors. Je ne suis jamais seule. »

[Quête : Tentatives]

Posté : mar. 24 juin 2008, 14:31
par Taliesin
-Bah, au pire, on amène deux trois mouflets comme bouclier ou pâture pour vos bébêtes, hein. C'pas très dur... fit le sergent après un court silence. Mais, d'toute façon, on en arrivera pas là. Vous s'rez capturée, quoi qu'vous fassiez. Simplement, si vous le faites volontairement, y aura moins d'casse pour les p'tiots. A vous d'voir... Mais voyez vite, très vite. Je m'impatience, là. Vous avez peut-être besoin d'une nouvelle preuve qu'on rigole pas ? Y a qu'à demander, si voous en voulez une...
Dans la pièce, le sergent se tourna vers les Merlu et leur adressa un sourire narquois.

Re : Par monts et par vaux

Posté : mar. 24 juin 2008, 14:58
par Galathée
La rôdeuse jura à voix basse.
« Je ne me rendrai que si nous procédons à un échange. » dit-elle finalement. « Laissez les sortir, tous, et je ne ferai pas d’histoires. Je suis la seule que vous voulez. Je serai votre otage et mes alliés ne vous importuneront pas. »

[Quête : Tentatives]

Posté : mar. 24 juin 2008, 15:04
par Taliesin
Cette fois, les soldats éclatèrent franchement de rire.
-En gros, tu nous proposes de nous dépouiller volontairement de nos otages ? Arrêtes ton char ! On t'aura, tu le sais, ça. On t'aura que tu le veuilles ou non, et tu s'ras pas en état d'convoquer tes bestiaux. Je te le redis une dernière fois : jette ton épée, dis à ton pote de j'ter son arc, et rendez-vous. C'est... comment qu'on dit ? Notre dernière sommation. Après, va y avoir du sang. Hum... Par l'quel tu veux qu'on commence, d'ailleurs ? Dis-nous ton préféré. On l'enverra t'rejoindre. Morceau par morceau.
Il semblait décidé à mettre un terme aux pourparlers... Ce qui n'augurait rien de bon.

Quête: Tentatives

Posté : mar. 24 juin 2008, 15:37
par Galathée
La jeune femme s’appuya au cheval pour reprendre des forces. Il ne lui resterait rien à offrir, se rendre n’avait aucun sens, l’expérience l’avait prouvé. Si seulement l’archer avait réfréné ses ardeurs, ils auraient eux aussi disposé d’un otage. Mais les Morféens se souciaient sans doute peu de la vie de l’un des leurs. Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle tente, les soldats auraient le temps et l’opportunité de massacrer la plupart des Merlus. Partir était peut-être la seule option valable, la seule chose qui puisse faire honneur à ce qu’ils lui avaient donné pour elle. Se sacrifier en vain n’apporterait rien au plus grand nombre. Toute la région était menacée. D’autres enfants, d’autres familles.
Elle ferma un instant les yeux.

« Ilmater, soutiens ceux qui vont souffrir dans l’épreuve. Ouvre leur les portes des Paradis Jumeaux et accueille-les dans ta miséricorde. Sache qu’ils étaient innocents et que la noirceur du monde les a fauchés. Recommande-les à Liira, pour qu’ils connaissent la joie, et que Tyr veille à châtier ceux qui les ont blessés. » psalmodia-t-elle à voix haute, avant de frôler l'esprit de Tempérance et de Plume.
Nous partons.

[Quête : Tentatives]

Posté : mar. 24 juin 2008, 15:58
par Taliesin
-Bons dieux, elle se tire ! Une bonne femme, ça peut pas faire ça quand des mômes sont en danger ! s'exclama l'un des soldats.
-Du bluff.
-N'empêche, elle a bien l'air...
-Qu'est-ce qu'on fait ?
La jeune femme n'entendit pas la suite.Elle enfourcha sa monture, attendit que Plume se soit posée sur son épaule, puis quitta la cour au trot, sans un regard en arrière. Elle prit la route en direction d'Eau-Vives, mais, avant qu'elle ne se fut trop éloignée de la ferme, elle entendit un bruit, derrière une haie.
-Attendez ! fit le rôdeur barbu en sortant à découvert.

Quête: Tentatives

Posté : mar. 24 juin 2008, 16:08
par Galathée
Elle immobilisa Tempérance et baissa les yeux. Son cœur battait la chamade, elle se sentait prise de vertiges. S’arrêter était la pire des choses à faire, elle en était bien consciente car sa résolution flanchait déjà. Elle croisa le regard inquiet de Mathieu, y trouva les traits de son frère, des enfants et fut prise d’un grand tremblement.
Elle attrapa son arc, mit pied à terre, puis envoya Tempérance au galop vers la route. La jument protesta d’un hennissement puis s’esquiva dans la poussière.

« Ils me croient partie, retournons-y. » fit-elle en rejoignant le rôdeur.
Le poids qui avait grandi dans sa poitrine s’était brusquement levé, mais l’urgence était toujours aussi pressante.

Re : Par monts et par vaux

Posté : mar. 24 juin 2008, 16:17
par Taliesin
-Joli coup...fit l'homme en lui emboîtant le pas. Vous les avez déroutés... C'était la seule chose à faire. La porte arrière est gardée, j'ai pu vérifier. De plus, ils ne tueront personne tant qu'ils seront dans l'incertitude. Ils ne vont pas les cajoler, c'est le moins qu'on puisse dire, mais ne feront rien d'irréparable tant qu'ils ne vous auront pas capturée. Enfin... Je l'espère.
Ils rejoignirent les abords de la ferme. Rien n'avait changé, depuis leur départ. La porte était toujours close, et aucun des soldats ou de leurs otages n'étaient en vue.

Quête: Tentatives

Posté : mar. 24 juin 2008, 16:30
par Galathée
« Ils n’ont pas l’air de vouloir me suivre. C’est curieux… Je les espérais plus attachés à ma personne. » murmura Galathée.
Elle se tourna vers lui.

« C’est une aubaine que vous ayez décidé de vous soucier d’eux, après tout… Vraiment… Nous ne sommes pas encore tirés d’affaire, mais sans vous… Sans vous, il n’y aurait plus rien à sauver. »
Elle jeta un œil à la ferme.
« S’il y en a un à la porte de derrière, un qui surveille la cour, ça en laisse trois à proximité des enfants. Peut-être y a t-il moyen de neutraliser le guetteur à l’arrière sans qu’ils ne s’en rendent compte ? Ensuite votre écureuil peut en neutraliser un, ma chouette, un, ce qui en fera un pour chacun d'entre nous… »

[Quête : Par monts et par vaux]

Posté : mar. 24 juin 2008, 16:40
par Taliesin
Mathieu grimaça.
-Qu'on puisse éliminer celui de derrière sans faire trop de bruit, je crois ça possible. Par contre... Mon écureuil n'est pas un tueur, au mieux, il pourra en distraire un quelques instants.
Il fixa la maison.
-S'ils ne vous ont pas suivis... C'est qu'ils doivent se demander si ce n'est pas du bluff. Si l'un de nous n'est pas resté en arrière... Ils préfèrent donc rester planqués. Et au cas où vous seriez réellement partie, j'imagine qu'ils se disent que d'autres vous trouveront.

Il lui fit face, à nouveau.
-Et si je suis venu... Je ne pensais pas intervenir. Je suis intervenu trop tard. Si je n'avais pas cru qu'ils partaient pour de bon, tout à l'heure... J'aurais pu vous prévenir à temps. Enfin, ce qui est fait est fait.

Re : Par monts et par vaux

Posté : mar. 24 juin 2008, 19:11
par Galathée
« Ne nous perdons pas en conjectures, il n'en est plus temps… » fit-elle. « Et je n’imaginais pas que votre écureuil allait égorger un soldat… Le distraire sera déjà un premier pas. Nous devons compter sur les initiatives de vos neveux. »
Elle pinça les lèvres, toucha Plume, la renvoya vers la bâtisse.
« Allons-y. » proposa-t-elle ensuite, prête à le suivre.
Malgré son éloignement des dernières années, il avait probablement grandi dans la ferme, devait en connaître les recoins et les secrets.

[Quête : Tentatives]

Posté : mar. 24 juin 2008, 22:08
par Taliesin
Ils longeaient l'une des haies enclosant la ferme et s'était bien rapprochés du logis lorsque Mathieu saisit le bras de la jeune femme.
-Attendez... souffla-t-il.
Par un trou dans les branchages, ils virent la porte s'ouvrir, et l'un des enfants - l'un des deux gardeurs de vaches qui avaient répondu aux questions de Galathée - sortit sur le perron.
-T'as intérêt à pas faire le con...lança un soldat depuis l'intérieur, On te surveille. Et au moindre faux pas... Y en a un ici qui ramassera sévère. Pigé ?
Le gamin, livide, acquiesça faiblement. Il descendit les marches, s'approcha des chevaux qui se tenaient tout près et s'empara de sa bride, avant de le conduire en direction de l'écurie.
-On dirait qu'ils sont partis pour rester toute la nuit... murmura Mathieu.
Comme pour confirmer ses propos, une fenêtre de la salle à manger s'ouvrit, et un autre enfant en ferma les volets.
-Et ils se barricadent... Passer à l'offensive maintenant serait tentant, mais ils doivent être sur leurs gardes... S'ils étaient tranquilles, ils auraient fait ça eux-même... Enfin, ils peuvent se terrer tant qu'ils voudront, nous entrerons quand mêm. Ils seront sans doute moins vigilants lorsqu'ils se croiront en sécurité...

Re : Par monts et par vaux

Posté : mer. 25 juin 2008, 11:17
par Galathée
Galathée acquiesça, et les deux rôdeurs s’installèrent pour attendre la nuit. Ils virent ainsi l’enfant rassembler les chevaux un à un pour les mettre à l’écurie, mais malgré l’immense tentation de se porter à son secours, voire de l’avertir de leur présence, ils se tinrent coi. Le risque était trop grand pour ceux qui étaient encore à l’intérieur. La jeune femme ressentit néanmoins un déchirement douloureux lorsqu’il finit par regagner la ferme et disparut.
Le ciel s’obscurcit peu à peu, l’ombre gagna les prés et les bois, recouvrit la bâtisse calfeutrée derrière ses volets clos.
Galathée plongea son esprit dans celui de Plume, cherchant à savoir ce qui se passait à travers ses yeux.

[Quête : Tentatives]

Posté : mer. 25 juin 2008, 11:45
par Taliesin
L'animal avait repris sa position initiale près de l'entrée de la salle à manger et pu révéler à la rôdeuse que les sbires du seigneur de Montcerf avaient pris leurs aises. Trois s'étaient installés autour de la table. Un autre parcourait la maison, surveillant portes et volets barrés. Le dernier était toujours invisible.
Ils avaient ligoté, bâillonne et abandonné contre un mur les deux plus grands fils du fermier. Leur visages étaient couverts d'ecchymoses, signe qu'ils avaient vainement tenté de se rebeller. Leur père gisait près d'eux, également ficelé : on avait pris soin de nettoyer et de panser sa blessure, laquelle suintait toujours, cependant.
Quant à ses cadets et à sa fille, ils étaient libres de leurs mouvements et s'afféraient à répondre aux exigences de leurs ravisseurs, leur apportant de quoi boire et de quoi manger et supportant tant bien que mal gestes déplacés et rudoiements. L'adolescente, surtout, était victime des attentions grivoises des soudards. Ils ne l'avaient pas violentée, néanmoins. Pas encore.

-On aurait pu passer plus mauvaise soirée... fit l'un des soldats en vidant son verre.
-Et c'est que l'tout début...
-Mais... Et nos ordres ? s'enquit le dénommé Boris qui, de tous, semblait le moins goûter la situation. On devrait pas tenter de la capturer, plutôt que de rester là ?
-Bah, la garce reviendra tôt ou tard. J'les connais, les gueuses... Et on l'invitera à notre petite fête... Et si des fois elle s'pointait pas, on aura tout l'temps d'lui courir sus demain ! répondit le sergent d'une voix tranquille.
-Et si elle va chercher des renforts ?
-Tu parles ! Avec tous nos collègues qui sillonnent le pays en disant c'dont elle est soupçonnée, s'fera chopper si elle tente !

Quête: Tentatives

Posté : mer. 25 juin 2008, 12:01
par Galathée
La jeune femme quitta l’oiseau et réintégra les fourrés où ils attendaient.
« Nous ferions mieux de ne pas trop tarder. » dit finalement Galathée, avisant Mathieu. « Ils boivent, c’est un avantage pour nous, mais ça pourrait bien devenir rapidement un désavantage pour votre famille. Vous qui connaissez mieux les lieux que moi… Une suggestion pour notre angle d’attaque ? »

[Quête : Tentatives]

Posté : mer. 25 juin 2008, 12:06
par Taliesin
Le rôdeur se frotta la barbe d'un geste machinal.
-On pourrait passer par mon ancienne chambre... J'avais l'habitude de faire le mur, et on peut sans trop de mal escalader le mur... Et ouvrir la fenêtre de l'extérieur. J'avais un peu... adapté les choses. Mais je crains qu'ils ne nous entendent. Plus ils seront ivres, moins ils feront attention, mais c'est risqué, comme vous l'avez dit... Si l'un de mes neveux déclenchait du chambard, ça nous aiderait aussi à nous infiltrer sans être remarqué, mais il lui en cuirait...
Il soupira.
-Quoi que nous fassions, il y aura de gros risques, de toute manière.

Re : Par monts et par vaux

Posté : mer. 25 juin 2008, 12:09
par Galathée
« Nous avons d’autres alliés potentiels pour créer du chambard. » fit-elle, songeuse. « Allons jusqu’à votre chambre, puis nous demanderons à un rat de passage de créer une diversion. Quant aux risques… Trop réfléchir nous condamne à l’inertie. Nous ne pouvons plus nous le permettre. »

[Quête : Tentatives]

Posté : mer. 25 juin 2008, 12:17
par Taliesin
Mathieu opina et se remit à longer la haie. Courbé en deux, il la franchit par l'interstice qu'avait laissé un arbuste mort, puis, presque rampant, se coula parmi les premiers arbres du verger. La nuit était sombre, les troncs nombreux, lui-même silencieux et discret comme une ombre. Il était peu probable qu'un guetteur placé de ce côté de la maison, encore à quelque distance, ait remarqué quoi que ce soit.
-C'est là, chuchota-t-il en montrant du doigt une fenêtre aux volets clos, près de l'angle de la bâtisse.
De la maison leur parvient un bruit de verre brisé, un cri, un rire... puis à nouveau le silence. Restait à savoir si c'était la le signe du début des choses sérieuses, ou un incident sans grandes conséquences.

Quête: Tentatives

Posté : mer. 25 juin 2008, 12:34
par Galathée
Galathée ferma les yeux et retourna dans l’esprit de Plume. Il était tentant d’utiliser la chouette pour parvenir à ses fins, mais c’était un animal trop voyant, trop étrange, il inquiéterait fatalement les gardes. Non, il lui fallait une créature banale, un cancrelat de ferme, une souris ou un rat, voire une araignée, apte à créer un semblant de remue-ménage le temps qu’ils gagnent l’intérieur de la bâtisse.

[Quête : Tentatives]

Posté : mer. 25 juin 2008, 13:00
par Taliesin
L'un des gamins avait visiblement fait un faux mouvement en servant à boire au sergent, inondant son assiette et sa cotte de mailles de vin. De colère, le soldat avait jeté son verre au sol... et envoyé le gamin le rejoindre d'une taloche, ce qui n'avait pas manqué d'amuser ses collègues.
-T'as gâté ma bouffe, p'tit salaud !
rugit l'officier qui, lui, ne riait pas. Ton père t'as jamais appris qu'on gaspille pas, cul-terreux ?
Il dévisagea le gamin sans aménité aucune, puis reprit, d'une voix brusquement adoucie, peut-être plus sinistre que ses glapissements.
-Va me chercher du chevreuil. Tout de suite.
L'enfant se releva, tenta de réprimer ses larmes et déguerpit lui quérir une assiette propre et le met qu'il réclamait.
Il n'y avait dans la pièce nul animal ou insecte propice à la diversion que désirait provoquer la rôdeuse. Par contre, elle repéra, non loin d'elle, juste devant la porte de derrière où devait veiller l'un des soldats, un rat musqué en train de se repaître d'une poire tombée au sol.

Quête: Tentatives

Posté : mer. 25 juin 2008, 13:58
par Galathée
La jeune femme se glissa dans l’esprit du rongeur, furtive, et lui suggéra d’aller se réfugier au chaud. L’animal agita les moustaches, lorgnant la silhouette sombre de la ferme, puis se dandina vers la porte et repéra une fissure dans le bois, par laquelle il se faufila. De l’autre côté, dans une réserve humide, un homme attendait, la main sur la garde de son épée, écoutant les bruits du dehors en fumant la pipe. Sur une étagère à quelque distance se trouvait les reliefs de son repas, ainsi qu’une coupe de vin entamée. Il grommelait à mi-voix, probablement peu satisfait de son sort.
Le rat ne lui prêta qu’une attention distraite, escalada ses chaussures, puis sauta sur l’étagère et commença à grignoter ce qu’il restait de sa pitance. Quant il en eut fini avec la nourriture, il bouscula l’assiette de son derrière replet et se pencha sur le vin, passablement assoiffé. Il renversa la coupe au passage, avec un couinement ravi.
Au dehors, Galathée et Mathieu étaient prêts à se mettre en mouvement.

[Quête : Tentatives]

Posté : mer. 25 juin 2008, 14:33
par Taliesin
Le soldat se tourna vivement au bruit que fit l'animal.
-Fiche le camp, saloperie ! beugla-t-il en décochant un revers de la main qui manqua le rat musqué mais envoya sur le plancher coupe et assiette qui s'y brisèrent avec fracas.
Il y eut un bruit de course, dans le couloir, et un second soldat apparut.
-Qu'est-ce qui s'passe, Grégor ?
-Rien, une saleté de bestiole qui s'avalait mon pinard... Attends que j'remette la main d'sus...
Ils examinèrent tous deux la petite pièce, mais le rat était invisible.
-Bah... J'vais aller dire à l'un des mouflets qu'il te resserve.
-Ouais, merci... ça s'passe comment, là-bas ?
-Ils boivent, ils bouffent, rien d'plus, pour l'instant. On a rien manqué.
-J'espère bien... Mais va pas falloir qu'on tarde à nous r'lever, j'en ai ma claque : il se passe rein, dehors. La gonzesse s'est débinée.
-Probab'.. Mais on sait jamais...
Pendant qu'ils discutaient, Mathieu escaladait déjà la façade de la maison, trouvant sans peine des prises sur les pierres d'angle. Il avait bondit sitôt qu'avait retenti le cri d'indignation du soldat, la rôdeuse sur les talons. Parvenu près de la fenêtre, il escamota une latte apparemment bien en place d'un volet, faufila son bras dans le trou et repoussa les vantaux de bois. Derrière, les battants de la fenêtre étaient ouverts : vu la chaleur qu'il faisait, les soudards avaient préféré ne pas se calfeutrer totalement. Sans doute, aussi, ne redoutaient-ils guère que quelqu'un s'infiltre par l'étage...
Le rôdeur se hissa à l'intérieur, bientôt imité par Galathée. Ils se retrouvèrent dans une chambre déserte. Un lit étroit, une table, une armoire massive et un coffre en constituaient le mobilier.
-Rien n'a changé, souffla Mathieu. A croire que personne ne dort ici depuis que je suis parti...
Il se détourna et referma les volets. Ceux-ci émirent un grincement lugubre et, en bas, les gardes tendirent l'oreille. Ils allèrent jusqu'à entrouvrir la porte de derrière, mais le verger était désert, silencieux et, haussant les épaules, ils refermèrent.
Grégor reprit sa pipe et son compère alla s'enquérir auprès du sergent de l'heure à laquelle ils pourraient enfin se mêler aux réjouissances.

Re : Par monts et par vaux

Posté : jeu. 26 juin 2008, 11:21
par Galathée
Plume était toujours en place, et Galathée retourna dans ses yeux pour aviser de la situation dans la salle à manger. Les soldats continuaient à s’enivrer, rabrouant sans cesse les plus jeunes Merlu, que la fatigue et l’anxiété rendaient maladroits. Le plus petit avait le visage rougi par les larmes, lesquelles avaient tracé des sillons dans le sang séché sur ses joues. Cela ne semblait émouvoir les Morféens en rien, et il était la butte de la plupart de leurs remontrances. La rôdeuse sentait que les hommes étaient sur le point de franchir le seuil d’une ivresse dangereuse, où ils rangeraient leurs inhibitions humaines pour laisser libre cours à leurs envies.

[Quête : Tentatives]

Posté : jeu. 26 juin 2008, 11:38
par Taliesin
Le soldat qui patrouillait jusqu'ici dans la maison gagna la salle à manger sitôt finie sa discussion avec Grégor. Il narra l'épisode du rat musqué, ce qui ne manqua pas de faire rire ses comparses, puis s'enquit du moment où lui et l'autre sentinelle seraient enfin relevées.
-D'ici peu... répondit l'officier. Encore un poil de patience, minuit va pas tarder... S'pourrait bien que la fille se soit tirée pour d'bon... P't'être qu'un seul veilleur, ça suffirait... ENfin, j'verrai. Fais un dernier tout, pis tu pourras t'amuser.
L'homme acquiesça et quitta la pièce pour reprendre sa ronde, tandis que son supérieur réclamait du vin.

Re : Par monts et par vaux

Posté : jeu. 26 juin 2008, 11:56
par Galathée
Galathée quitta l’oiseau pour aviser son homologue, debout dans la pénombre.
« Nous devrions pouvoir neutraliser l’homme qui effectue les rondes, il passera fatalement par ici… » souffla-t-elle. « Mais nous n’avons pas droit au moindre bruit. Vous l’assommerez, et je retiendrai sa chute. Ce n’est pas le plus épais d’entre eux. Il nous en restera ensuite quatre… Votre écureuil est-il à l’intérieur ? »

[Quête : Tentatives]

Posté : jeu. 26 juin 2008, 12:00
par Taliesin
Il acquiesça.
-Il est à l'étage Je pense que nous pouvons sans mal nous débarrasser de cet homme, mais... Si j'ai bien compris, c'est sa dernière ronde avant d'être relevé : les autres ne s'inquiéteront-ils pas de son absence ? Il avait l'air impatient d'en terminer...
De la salle commune montèrent de nouveaux éclats de rires, et l'un des gardes se mit même à chanter... Avant de se taire, probablement ramené à la raison par le sergent.

Re : Par monts et par vaux

Posté : jeu. 26 juin 2008, 12:13
par Galathée
« Cela nous obligera à passer à l’offensive… » proposa Galathée. « Vous préférez attendre qu’il soit relevé ? Il est frais comme un gardon, n’a quasiment rien bu… C’est probablement un des plus dangereux. Si nous pouvons nous en débarrasser sans risques… Je le ferais. Ensuite, nous irons régler son compte au garde qui lorgne le verger. »

[Quête : Tentatives]

Posté : jeu. 26 juin 2008, 12:26
par Taliesin
Il grimaça, indécis, puis hocha la tête.
-Vous avez raison. Fafnir nous préviendra dès qu'il arrivera par ici...
Il se positionna près de la porte, et attendit. Le garde ne se présenta pas d'emblée, cependant : sans doute avait-il commencé par le rez-de-chaussée afin de prévenir son compère de la bonne nouvelle.
Le tumulte de la salle à manger avait tendance à aller grandissant, ponctué de rires, de chants débutés puis abandonnés, d'exclamations plus ou moins amusées...
Les marches de l'escalier finirent par émettre des craquements de protestation. Le soldat, sa bougie à la main, s'apprêtait à gagner l'étage. La chambre où ils se terraient ne serait pas la première pièce qu'il visiterait, loin s'en fallait. Mais l'instant de passer à l'action se rapprochait.

Quête: Tentatives

Posté : jeu. 26 juin 2008, 12:34
par Galathée
Galathée retint son souffle et se plaça à droite de la porte. Dans les ténèbres, elle distinguait à peine la silhouette de Mathieu, juste en face d’elle. Elle ne savait pas ce qu’il avait choisi comme arme pour assommer le soldat, espérait que les choses se dérouleraient sans heurts. C’était la partie la moins hasardeuse de leur escapade. Elle eut une pensée furtive pour Taliesin et Victor, qui dormaient probablement, insouciants, à des lieues de là, songea à ce que l’instant présent signifiait, aux risques, aux conséquences. Puis elle chassa tout ce qui menaçait de la troubler et retrouva la nuit et les pas de leur adversaire qui se rapprochait.