La Couronne de Cuivre

RP : Retour à l'abri

Première Neige avançait nettement plus vite qu'eux sur ce terrain escarpé, et elle arriva au col une bonne heure avant les deux rôdeurs. Ceux-ci avaient dû mettre assez rapidement pied à terre, mais maintenaient une allure tout à fait raisonnable compte tenu du type de terrain.
La louve leur apprit que le troupeau s'était légèrement déplacé, et se trouvait un peu plus loin, mais fort heureusement dans la direction qu'ils comptaient prendre. Ils y parvinrent en tout début d'après-midi. Le chien de berger vint à leur rencontre, jappant joyeusement, suivi peu après par son maître. Ce n'était pas le jeune homme qu'ils avaient rencontré la première fois, mais la ressemblance était frappante. Son frère ainé, très certainement : les rôdeurs se souvenaient que le berger avait annoncé qu'il allait le relayerait.
- Bonjour à vous, voyageurs... Oh, mais je vous reconnait, vous êtes le rôdeur qui a aidé le village l'autre jour ! Vous vous en retournez par chez vous ?
Son visage s'était éclairé d'un grand sourire.

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Kasumi salua le berger avec chaleur, à la fois content de son accueil et un peu gêné par sa soudaine popularité. Il décida d'emblée de ne pas incriminer le jeune Matthieu et renforcer les préjugés envers son peuple :

- En effet, nous retournons vers le nord. Mais dîtes-moi, vous êtes probablement ici depuis tôt ce matin. Vous n'auriez pas vu le jeune garçon qui a dormi chez Martha et Hugo comme nous ?

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Le jeune berger sourit de toutes ses dents.
- Oui, je suis ici depuis très tôt ce matin, puisque j'y ai dormi, j'ai mon campement juste là-bas. Et je ne sais pas si un jeune garçon a passé la nuit chez mes parents, mais j'en ai effectivement vu un, d'une douzaine d'année peut-être, un peu dépenaillé. C'est celui que vous cherchez ? Il est parti par là il me semble. Il avait l'air sympathique, bien qu'un peu réservé. Et il semblait bien connaitre la route. Vous le cherchez pour quoi ? Enfin, c'est sans doute indiscret...

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Kasumi était soulagé, assuré que le jeune garçon était bien Matthieu. Il répugnait à révéler la véritable raison de ses questions aussi improvisa-t-il un mensonge qu'il espérait crédible :

- Nous allons dans la même direction que lui mais il a choisi de partir plus tôt. C'est une chance car nous avons remarqué qu'il avait oublié des affaires. Nous espérons le rattraper avant la nuit pour les lui rendre. Vous croyez que c'est possible ? Est-il passé il y a longtemps ?

Kasumi espérait maintenant que Première Neige pourrait détecter l'odeur récente du jeune garçon et suivre sa piste mais elle ne pouvait pas se montrer si près du berger et de son troupeau...

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Le berger grimaça.
- Je ne sais pas si vous le rattraperez avant la nuit, il est passé il y a plus de deux heures... Presque trois, peut-être, je ne sais pas exactement. Et il marchait d'un bon pas. Mais d'un autre côté, le sentier est praticable à cheval pendant un petit moment à partir d'ici, vous allez gagner du temps. Ensuite, il me semble que c'est trop escarpé, juste avant le col. Et encore pire après, si mes souvenirs sont exacts, même si en général je m'arrête au col.

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Kasumi remercia le berger pour ses indications puis il s'excusa de ne pouvoir rester plus longtemps. La route était encore longue et le rôdeur espérait toujours intercepter Matthieu avant qu'il ne rejoigne son clan.

Les rôdeurs contournèrent le troupeau en menant les chevaux par la bride puis purent chevaucher leurs montures à nouveau, les poussant aussi vite qu'il était prudent. Première Neige les rejoignit dès qu'ils furent hors de vue et Kasumi lui demanda de flairer une piste, juste par sécurité.

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Première Neige ne se fit pas prier pour partir à la recherche d'empreintes olfactives. Sur ce terrain herbeux, suivre une piste était aisé pour elle. Elle en repéra même plusieurs, mais la plupart étaient trop ancienne. Par chance, une seule des pistes était assez récente pour correspondre au passage du jeune Matthieu.
Ils avancèrent à une allure soutenue, Première Neige en tête, pendant près de deux heures, avant que le chemin jusque-là relativement large qui montait petit à petit en altitude se transforme en étroit sentier rocailleux, qui, lui, grimpait assez rudement. Ils durent mettre pied à terre. Sur ce terrain rocailleux, la piste devenait plus difficile à suivre pour la louve, mais elle pouvait néanmoins leur confirmer que le jeune garçon était passé par là, et que la piste était de plus en plus fraîche.

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Kasumi aida galamment Astrée à descendre de cheval, en profitant pour la serrer une minute dans ses bras. Puis, sur un sourire, il reprit la route derrière Astrée et Première Neige qui ne semblait pas incommodée par le chemin difficile. ombrage posait davantage de difficultés et c'est pourquoi le demi-elfe lui faisait fermer la marche. S'il glissait sur ce terrain, il ne risquerait pas de provoquer un éboulement qui blesserait sa compagne. Prince des frelons était bien plus à l'aise, changeant son rôle en se faisant allègrement porter par sa maîtresse.

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La montée se poursuivit à un rythme plus lent. Le col était visible au loin, mais il leur faudrait marcher encore un bon moment avant d'y parvenir. Ils y seraient avant la nuit, certes, mais la descente derrière était sans doute longue.

Au fur et à mesure qu'ils grimpaient, le froid se faisait plus intense. Au détour du sentier, ils se retrouvèrent sur le versant nord d'un des sommets, et eurent la mauvaise surprise de voir la route barrée par la neige. Un reste d'avalanche, peut-être, ou bien un gros névé rescapé de l'hiver. Tout piste devint impossible à suivre pour Première Neige, mais cela n'avait plus guère d'importance : on voyait clairement des empreintes de pas, relativement récentes, d'un piéton qui traversait la neige. En les observant de plus près, elle s'avéraient un peu étranges, comme si le garçon avait glissé... Et effectivement, dès qu'ils eurent posé un pied sur la neige, ils comprirent que celle-ci était plus proche de la glace que d'une fraîche poudreuse. Le terrain était véritablement glissant, et toujours aussi escarpé. S'ils tombaient dans le ravin à droite.... Ils iraient sans doute s'écraser contre le tronc d'un des sapins en contrebas.

Astrée grimaça. Le passage était difficile sur une bonne trentaine de mètres, peut-être un peu plus.
- On fait comment ? Nous, on doit pouvoir passer, quitte à avancer à quatre pattes si ça glisse trop, mais Ombrage ? Tu crois qu'on peut l'encorder ? Ou alors on tente de casser la glace ?

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Kasumi ne perdit pas que quelques secondes à réfléchir. S'il avait eu le temps, il aurait bricolé des semelles antidérapantes pour qu'Ombrage ne risque pas de se blesser mais il ne pouvait guère se le permettre sans abandonner toute chance de rattraper Matthieu. Au lieu de cela, il passa en revue l'environnement immédiat, plusieurs idées germant dans son esprit eu fur et à mesure. Finalement, il jeta son dévolu sur un jeune sapin poussant commodément juste à côté du chemin. il dégaina son épée et en coupa plusieurs branches. Il revint ensuite en courant vers l'amas de neige et de glace et les étendit au sol.

- On va faire un essai. Ombrage devrait moins glisser en marchant là-dessus et il sera facile de récupérer les branches au fur et à mesure de sa progression. Evidemment, nous perdrons du temps par rapport au garçon, mais peut être pas tant que ça... Je vais le tenir par la bride si tu veux bien t'occuper des branches.

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Ainsi fut fait. Mais Astrée insista néanmoins pour que tous s'encordent, monture et cavaliers, par mesure de sécurité.
Elle passa la première, et, dès qu'elle eut traversé le névé, attacha l'extrémité de la corde à un sapin.
- Maintenant, tu peux y aller, même si vous glissez vous ne tomberez pas trop bas, vous ne risquez pas grand-chose... Enfin, j'espère qu'aucun de vous ne se cassera la jambe... Quand tu contournes Ombrage pour transporter les branches, passe au-dessus, onne sait jamais....

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Kasumi sourit à sa compagne et mit un point d'honneur à suivre son conseil, se montrant prudent au détriment de la rapidité. Si l'un d'eux se blessait, ils perdraient plus que les quelques minutes nécessaires à la traversée. le rôdeur était un peu nerveux, surtout quand une branche se dérobait sous le pied d'Ombrage et qu'il devait le stabiliser au prix d'une glissade. Il finit une ou deux fois sur les fesses mais parvint finalement à bout de l'obstacle. une fois Ombrage en sécurité, il commença à défaire la corde et ramassa une belle poignée de neige fraîche dont il fit une boule. Celle-ci ne tarda pas à atteindre Astrée. le sourire aux lèvres, Kasumi tenta de justifier son geste :

- Pour avoir ri quand je suis tombé trois fois de suite ! La vengeance est un plat qui se mange très froid.

Il n'y avait évidemment aucun signe de rancune dans la voix du rôdeur qui trouvait sa plaisanterie très amusante.

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Astrée, trop éloignée de la zone enneigée pour lui rendre la pareille, se contenta de tirer la langue en retour, et haussa ostensiblement les épaules. Elle lui tourna le dos et se remit en marche, sans attendre qu'il ait fini de détacher la corde. Ca lui apprendrait...
Le chemin devenait de plus en plus rocailleux, le paysage de plus en plus minéral, et, pour la louve, la piste de plus en plus difficile à suivre. Mais ils n'avaient de toute façon guère de doute sur l'itinéraire : il n'y avait qu'un seul chemin possible.
Pour couronner le tout, un vent glacial se mit à souffler du nord, alors qu'ils atteignaient le col. Astrée regrettait sa cape, si chaude, qui devait l'attendre avec Moïse dans son abri. Elle laissa ses pensées vagabonder vers le bon feu qu'elle allumerait dans se cheminée, en rentrant... Un courant d'air un peu plus froid la fit éternuer. Elle était en train de s'enrhumer.

L'après-midi touchait à sa fin, et le soleil était bien bas sur l'horizon, lorsqu'ils amorcèrent la descente vers la petite vallée qui s'étendait au-delà du col. Le chemin était toujours aussi escarpé, le paysage toujours aussi minéral. Ils ne pourraient pas chevaucher avant d'avoir franchi le plus gros de la descente, soit près de trois heures de marche sans doute.
- On arrivera en bas après la tombée de la nuit, et on ne sait pas où se trouve leur campement, estima Astrée. Que fait-on ? On continue jusqu'à trouver Matthieu, qui sera probablement déjà au campement ? Ou tu veux faire halte avant, dans une des petites grottes de la paroi ?

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Kasumi examina la pente escarpée qui s'ouvrait devant eux. il savait qu'il y avait maintenant peu de chance de trouver Matthieu avant la nuit et surtout qu'il atteigne le camp où il pourrait cacher ses biens mal acquis et trouver la protection de son clan. Le demi-elfe n'était pas décidé à les lui céder ou entrer en conflit avec les voyageurs. Le souvenir cuisant de sa dernière rencontre avec leurs pairs était encore vif dans son esprit.

- Peut être que nous verrons les feux de leur campement. As-tu une idée de comment nous pourrons les aborder si Matthieu est avec eux quand nous le rejoindrons ?

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Astrée grimaça, haussa les épaules.
- Non, aucune idée... Mais on verra bien une fois qu'on les aura trouvés. Je connais un peu leur mode de fonctionnement, mais je verrai une fois là-bas si j'aborde le sujet directement ou pas. On verra selon l'impression qu'ils nous font.
Elle replaça au chaud dans sa poche l'écureuil qui faisait mine d'aller explorer les alentours.
- Mais tu as raison, on devrait repérer les feux de leur campement en arrivant de nuit. On n'a plus qu'à descendre.

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Kasumi reprit la tête de la marche, tirant Ombrage par la bride pour ne pas risquer qu'il s'écarte de la petite piste escarpée. Il jetait des regards inquiets en direction du ciel se demandant s'ils parviendraient à une zone un peu moins difficile avant la nuit. Lorsqu'Astrée éternua à nouveau, il se retourna et revint vers elle pour lui poser sa cape sur les épaules avec tendresse.

- Si nous n'arrivons pas en bas avant qu'il fasse noir, je te guiderai.

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Astrée serra la cape autour de ses épaules en frissonnant, profitant quelques instants de sa chaleur bienfaisante. Le soleil se couchait doucement à l'horizon, et le ciel allait s'assombrir. Dans une heure il ferait nuit noire, et elle aurait en effet bien besoin d'être guidée.

- Merci... Mais tu vas avoir froid, objecta-t-elle en lui rendant le vêtement. Je ne voudrais pas que tu tombes malade....

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Kasumi refusa le vêtement avec un sourire, insistant pour qu'elle le remette encore un peu.

- Tu me réchaufferas si j'attrape froid. A moins que ce soit une façon polie de me dire que ma cape sent drôle...

Première Neige partit en avant de sa foulée déliée. Elle arriverait sans doute avant la nuit au bas de la pente.

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Astrée se mit à rire.
- Bon, je te propose un compromis : on la porte chacun à tour de rôle, ça te va ? Et de toute façon, même si ça ne te va pas... je ne te laisserai pas le choix !

Ils se remirent en marche, suivant le sentier qui descendait en lacets et offrait une vue plongeante sur le petit vallon en contrebas. Ils devinaient, dans la lumière déclinante, un petit lac entouré de bois, avec quelques espaces dégagés. Quelques légères nappes de brumes commençaient à apparaître, annonçant froid et humidité.
Ils savaient que Première Neige arriverait avant eux et pourrait repérer les lieux, mais cela ne les empêchait pas de guetter la moindre trace de fumée ou de mouvement...

Au bout d'une demi-heure, Astrée s'arrêta et tendit sa cape à son compagnon, insistant pour qu'il la prenne à son tour, argüant qu'elle était enfin réchauffée. Puis elle s'arrêta net.
- Regarde là-bas ! On dirait de la fumée, ils ont dû allumer un feu.....
Effectivement un mince filet de fumée montait de derrière un bouquet d'arbres, non loin du lac. Mais il leur faudrait sans doute près de deux heures pour y parvenir.

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Kasumi regarda dans la direction indiquée par la rôdeuse et se fendit d'un compliment pour son sens de l'observation :

- Tu as l'œil ! Matthieu n'est certainement pas encore arrivé là-bas mais il y sera bien avant nous s'il s'agit bien du campement des voyageurs. Est-ce que tu te sens de marcher encore un peu pour approcher d'eux ? Je ne sais pas s'il vaut mieux les aborder de nuit ou attendre le matin. Première Neige va essayer de nous informer sur ce que le garçon fait de nos affaires.

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Astrée hocha la tête.
- Oui, il faut qu'on s'approche de toute façon... Quant à savoir s'il vaut mieux leur parler ce soir ou demain matin... Certains voyageurs, du moins parmi ceux que j'ai cotoyés, aiment terminer la journée par quelques excès de boisson, donc si on veut avoir une discussion calme et sensée avec eux, ce n'est certainement pas le bon moment... A moins que tu ne compte te lancer dans une bagarre, mais je ne pense pas que ce soit ton intention, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil.
Puis elle soupira.
- Le mieux qu'on ait à faire, c'est de descendre voir de plus près. Première neige en a sans doute encore pour un petit moment, mais elle nous donnera des informations quand elle y sera. Dis-lui bien de ne pas se faire voir, ils n'aiment guère les loups...

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Kasumi transmit les conseils de prudence d'Astrée bien que la louve n'en ait pas besoin pour se méfier des campeurs. Le soleil rasait maintenant l'horizon et les ombres s'allongeaient de chaque côté de la piste. Kasumi maudissait le sort qui les forçait à se presser encore une fois alors que le voyage aurait du être agréable et sans danger. Il commençait aussi à accuser les premiers signes de fatigue, pas encore tout à fait remis des nuits courtes précédentes.

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Astrée, contrairement à Kasumi, n'avait nullement manqué de sommeil, et se serait sentie en pleine forme s'il n'y avait pas eu ce refroidissement malencontreux qui s'annonçait. Le coucher de soleil était magnifique, mais la température baissait très vite. Heureusement, le vallon vers lequel ils se dirigeaient les abriterait du vent pendant la nuit.

Première Neige arriva en vue du campement juste avant que la nuit s'installe. La luminosité avait grandement décliné, lui permettant de s'approcher sans être vue. Son oeil exercé de chasseuse nocturne lui permettait d'y voir presque comme en plein jour, à l'heure où les humains ne distinguent plus que grisaille.
En guise de campement, il s'avéra qu'il n'y avait que deux roulottes, un chien, trois cheveux et deux tentes d'aspect plutôt miteux. Quelques personnes discutaient autour d'un feu de camp. Elle reconnut l'odeur dont elle suivait la trace depuis quelques temps : Matthieu était arrivé. Elle distingua aussi une odeur particulièrement déplaisante pour toute bête : celle de l'alcool.

Astrée, mal à l'aise dans la pénombre qui s'installait, se laissait guider par son compagnon, l'obligeant à ralentir le rythme. Ils étaient quasiment parvenu au fond de la vallée, mais il leur faudrait encore une bonne heure pour rejoindre le campement. Mais le chemin devenait moins abrupt, moins dangereux. S'il avait fait jour ils auraient pu chevaucher sans problème.

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Kasumi demanda à Première Neige de rester aux abords du campement et de le prévenir si Matthieu faisait mine de s'éloigner. Pour sa part, il dut convenir que cela ne servait à rien de poursuivre ce soir et risquer de se blesser. Il doutait que les voyageurs leur fasse bon accueil surtout à cette heure de la nuit aussi valait-il mieux attendre l'aube et tenter de se reposer un peu. Le demi-elfe décrivit ce que la louve lui avait transmis sur la disposition des nomades.

- Matthieu est avec eux. Je pense que nous ferions mieux de prendre quelques heures de sommeil et d'aller parler de bon matin. Je suis certain que même chez eux il est mal vu de ne pas respecter l'hospitalité de ses hôtes. Qu'en penses-tu ?

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Astrée hocha la tête.
- Oui, il vaut mieux s'arrêter... On verra demain, dans quel état d'esprit ils seront. Si ce sont des habitués des vols à la tire, ils ne seront pas très sensibles à ce genre d'arguments je pense. Tu sais, ils n'ont vraiment pas le même rapport à la propriété privée que nous. Pour beaucoup d'entre eux, un vol, c'est pas grave, ils estiment qu'un objet appartient à celui qui est assez malin pour le prendre... Ils ont par contre très peur de se retrouver en prison, la privation de liberté c'est pour eux la pire des tortures, on peut jouer là-dessus... Mais peut-être que le simple fait d'avoir été découvert suffira à leur faire rendre l'objet, soit parce qu'ils ont peur des ennuis, soit parce qu'ils estiment avoir perdu à ce petit jeu. Et puis, certains ont quand même en eux le respect de la demeure d'un hôte et de sa confiance... On verra bien dans quelle catégorie ceux-ci se classent.

Ils avaient atteint une zone plus plane, avec quelques petits biefs dont ils entendaient le ruissellement, des bosquets pour s'abriter. Le ciel était dégagé, le temps froid, mais au moins étaient-ils à l'abri du vent.
- Par contre, je n'y vois rien, avoua la rôdeuse. Je te laisse décider où on peut s'installer....

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Le rôdeur déposa spontanément un baiser sur la joue de sa compagne avant de la guider pour qu'elle puisse s'asseoir. Il s'éloigna un peu pour réunir quelques branches qui leur permettraient de combattre le froid et l'obscurité sans toutefois se faire repérer. A son retour, il commença à préparer un petit foyer entre quelques rochers.

- Ici, ce sera parfait. En partant aux premières lueurs de l'aube, nous les rattraperons avant qu'ils ne quittent la vallée. Je vais nous préparer quelque chose à manger. Puis je tiendrai la promesse que je t'ai faite si tu es toujours partante pour un massage. Nous ne pouvons pas aller plus loin ce soir alors autant nous détendre un peu.

Evidemment, la dernière phrase revêtait un second sens dont le rôdeur n'avait peut être même pas pris conscience. Quoique son sourire puisse laisser penser le contraire.

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Astrée ne répondit que par un éternuement. Elle parut ignorer complètement le double sens de la proposition de son compagnon. Et pour cause...
- Je ne serais pas contre une bonne infusion de thym ce soir, avoua-t-elle. J'ai pris froid. Et pour le massage... J'adorerais, à condition qu'on fasse d'abord un bon feu pour se réchauffer, mais j'espère que cela ne nous fera pas repérer... Quoique, même s'ils s'aperçoivent qu'il y a d'autres personnes dans la vallée, je ne pense pas qu'ils s'en inquiètent. Par contre, il est hors de question que je te laisse tout faire tout seul ! Laisse-moi au moins t'aider à éplucher les légumes...

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Le demi-elfe regarda la jeune femme avec une mine inquiète et s'empressa d'aller chercher une couverture.

- Bien sûr que tu peux m'aider. J'adore quand nous faisons des choses ensemble. Approches-toi un peu du feu pendant que je vais regarder ce que nous avons pour ta tisane. Que dirais-tu d'un peu de rôti avec quelques pommes de terre pour le dîner ? Je ne sais pas pour toi mais marcher comme ça m'a mis en appétit.

HRP Je suis pas boucher ni charcutier... Mais faire un rôti soi-même à partir de gibier, ça doit pas être simple (a)

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Le menu proposé fut adopté, et bientôt une délicieuse odeur de viande embaumait l'atmosphère.
Astrée s'était enroulée dans la couverture apportée par Kasumi, mais ne pouvait s'empêcher de frissonner encore. Elle n'avait pas réellement faim, ce qui était un peu inquiétant compte tenu de la longue marche qu'ils venaient d'affectuer, avec seulement un petit en-cas froid à midi. Elle se sentait un peu fiévreuse. Rien de grave, sans doute.
- En dessert, on n'a que des pommes.... Moi, je n'en veux pas, mais n'hésite pas à te servir. Et il doit rester un peu de miel pour l'infusion. Par contre, Matthieu a emporté la sacoche à pharmacie, où j'avais de l'eucalyptus. Je vais devoir me contenter d'un petit peu de thym sauvage, il y en a qui pousse par ici. C'est moins efficace, soupira-t-elle.

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Kasumi s'approcha d'elle tandis que la viande cuisait. Il était maintenant vaguement inquiet et posa sa main sur le front d'Astrée, plein de sollicitude.

- Tu es brûlante ! Tu tiens le coup ? Mets un peu plus de bois dans le feu pendant que je cueille le thym. J'irai chercher quelques branches supplémentaires pendant que le repas cuit.

Il répugnait à s'éloigner d'elle et la laisser seule alors qu'elle se sentait manifestement mal. Cette escapade en pleine montagne était sans doute encore un peu trop après tout ce qu'elle avait subi au printemps. Une fois de plus, le demi-elfe maudit mentalement le voleur qui les forçait à tenir un tel rythme.

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