La Couronne de Cuivre

HRP : euh, d'accord, ben ce que je vais faire je retourne à la première table, comme ça je suis plus ou moins accessible, selon ce qui se passe =)

Joon saisit les pièces, les soupesa. Elles étaient plutôt lourde compte tenu de leur taille, et étonnamment froide. Il saisit un morceau de tissu dans son sac et l'enroula autour des pièces. Il en garda quelques unes dans la main pour son repas. Il jeta un regard emprun de reconnaissance à la jeune femme et son compagnon.

"Je vous remercie, me voila rassuré quant à mon séjour maintenant. Je ne sais pas encore combien de temps je resterai, tout dépendra de mes rencontres... Je suis à la recherche d'une troupe de nains... En vérité, cela fait bien trois mois, donc je suis plutôt à la recherche de leur destination, probablement un royaume nain souterrain. Mais ne connaissant pas la région, je suis venu ici pour me préparer.

Il jouait machinalement avec les quelques pièces entre ses doigts.

"Si vous voulez bien m'excuser je vais aller reprendre avec moi mon compagnon avant que quelqu'un ne le découvre mordillant les chaises, et m'entretenir avec le tenancier ! Merci encore ! Si vous êtes encore là tout à l'heure, très bien, sinon je vous souhaite bonne fortune pour votre expédition !"

Joon n'était pas très au fait du langage corporel, ne savait pas s'il devait les embrasser ou juste poser une main sur un bras. Il resta une seconde en suspens, puis sourit et s'éloigna.
Il salua ses trois premières rencontres, reprit Outshi dans le harnais sans le réveiller, et se dirigea vers l'homme, incroyablement imposant derrière son comptoir.

HRP : il ne fallait pas vous inquiéter pour moi !

Le tenancier était affairé derrière son comptoir, jonglant avoir trois chopes, autant d'assiettes, et cette mystérieuse monnaie dont Joon venait de faire l'acquisition. Il finit par trouver un peu de temps pour le jeune elfe et se tourna vers lui, essuyant au passage ses mains sur son tablier.
" Alors mon gars, qu'est-ce que je peux faire pour toi et ton p'tit chien qui dort ? " demanda-t-il sans ambages.

Joon admira l'habileté de l'homme. Il tendit sa paume ouverte contenant les pièces.

"Je viens vous régler mon repas de ce soir ! Et éventuellement prendre une pièce où loger pour quelques jours."

Il souriait tout le temps depuis que la culpabilité d'avoir profité d'une hospitalité sans donner en retour lui avait été retiré. Sans être particulièrement à l'aise dans la ville, il trouvait l'auberge particulièrement accueillante, chaleureuse.

"Je vais peut être avoir besoin de rester vraiment longtemps, savez-vous si un herboriste près d'ici aurait besoin d'un apprenti ?"

Le tavernier fronça un peu les sourcils et se pencha sur la paume de Joon pour y choisir les pièces nécessaires à ses demandes. Il se tourna ensuite vers le mur et décrocha une clef d'un petit tableau, avant de la poser sur le comptoir.
" Vous pouvez payer au serveur, à table, pour ne pas vous déranger." commença-t-il. " Je vous donne la chambre 12, elle donne sur la cour intérieure, c'est plutôt tranquille. Puis le soleil ne tape pas droit dessus, vous aurez moins chaud si la canicule s'installe... C'est ce qu'on dit, en tout cas. L'été commence de plus en plus tôt, ces dernières années... Bref. Vous pouvez rester aussi longtemps que vous voulez : nous avons des résidents de longue durée, ce ne sera pas nouveau. Je peux vous trouver quelqu'un pour faire votre lessive et on change les draps deux fois par veille."
Il se gratta le crâne.
" C'est pour autant qu'votre bestiole mette pas le bordel, mais j'imagine qu'il est bien élevé. Juste que les autres clients adorent pas quand un chien s'met à aboyer en pleine nuit, vous imaginez... Si ça dégénère, y'a un chenil au rez de chaussée, près des écuries. En général, je demande aux gens d'y laisser les bêtes trop massives. Mais le vôtre, c'est tout juste un gros chat. Qu'il dérange pas le vieux Poyon et nous nous entendrons bien."
Le vieux Poyon, un matou tigré ventru endormi sur une étagère voisine, se contenta d'ouvrir un oeil et de le refermer.
" Pour ce qui est de votre herboriste... Hum... Les temples font un peu ce genre de choses, mais vous m'avez pas l'air d'une graine de dévot, si ? Je crois pas qu'ils vous fileraient leurs secrets sans que vous ne passiez le costume... Peut-être ont-ils besoin de cueilleurs, mais ce n'est pas vraiment de l'apprentissage... Sinon... Il y a la vieille Constance qui a une échoppe sur l'esplanade des docks... mais je ne sais pas où elle habite. Et sans doute dans les Beaux Quartiers, vous trouverez une boutique ou l'autre spécialisées dans les herbes... Mais il faudrait vous renseigner là-bas."

Joon aquiescça. Il se demanda comment se comporterait Outshi. Dans la forêt, il s'aventurait peu hors du campement établi par son maître, et il n'avait aboyé qu'une fois, lorsque un ours les avait réveillé au matin. Naturellement quand celui-ci avait rugit, Joon et le louveteau s'étaient enfuis sans demander leur reste. Non, ce qui inquiétait Joon, c'était la maladresse du louveteau. Mais ce serait l'occasion de parfaire son éducation.

"Très bien, merci à vous, j'irai rendre visite à ces gens demain matin. Bonne soirée !"

Il rangea les clés dans son sac et se dirigea vers la table où il avait dîné. Sa lance était toujours posée dans le coin de la pièce, et la jeune femme, l'elfe et le barbu étaient toujours là. Il s'assit en leur racontant sa bonne fortune, et dégusta les dernières tranches de pain qu'Outshi avait épargné. Il avait cherché le couple de voyageurs mais dans la foule il n'avait pas réussi à les repérer.

"J'ai vraiment hâte d'aller en ville demain. Il y avait un vieux temple près de mon foyer, mais ce n'étaient que des ruines. Je me demande à quoi ressemblent ceux en bon état..."

Les mésaventures de Joon avaient eu l'effet original d'amener les trois autres convives à discuter en bonne entente, alors qu'avant son arrivée, ils mangeaient en s'ignorant.
" Il n'y a pas un genre de temple, chaque dieu a son style..." fit le barbu.
" Les grands temples luméniens sont assez tape à l'oeil, en général..." ajouta la jeune femme. " Le Sanctuaire de Lathandre, tape à l'oeil... Le Temple de Mystra, tape à l'oeil... Le Temple de Helm, tape à l'oeil aussi."
" La chapelle d'Ilmater est moins spectaculaire." reprit son homologue.
" A l'intérieur, c'est quand même grand."
" Il n'y a pas de temples elfiques à Luménis, j'en ai bien peur." dit l'elfe. " Mais il y a un petit bosquet sur les quais, pas loin d'ici, dont on dit qu'il sert de lieu de culte à ciel ouvert pour Mielikki, la dame des animaux... Ça devrait vous plaire."

Joon avait déjà entendu un ami de son parrain citer plusieurs fois Meilikki, il connaissait un peu ses principes, mais pas son culte. De manière générale, il n'avait jamais senti que la nature se personnifiait et référait à un être symbolisé. Il pecevait plutôt comme un désordre naturel des choses, en perpétuel effort pour s'ordonner. Une sorte de force autonome.

"Et donc humains et elfes ont des dieux différents ? Ça me semble étrange... Que sont les quais exactement ? C'est la même chose qu'un quartier ?"

HRP : Désolé pour le retard Taliesin! Je vais m'incruster un petit peu si ça ne vous dérange pas

Redescendu de sa chambre après un bain salvateur, Damant avait passé une chemise de toile ouvragée plus colorée que ses habits de voyage ; et laissé ses cheveux libres et après des mois en mer, le fait de ne plus les attacher était en soi quelque chose de salvateur également!
Il était resté quelques minutes accoudé à la rembarde de l'étage qui offrait une vue plongeante sur la salle. Il avait ainsi remarqué le jeune elfe accompagné de ce qui ressemblait plus à un louveteau qu'à un chiot ; l'elfe semblait quelque peu emprunté et Damant avait pu profiter en partie de la conversation qu'il avait eu avec ses camarades de tablée. L'elfe était amusant, la vie urbaine l'était moins et le fait de ne rien entendre au concept de monnaie n'était surement pas le présage d'un bon séjour dans une cité comme Luménis. Un demi sourire aux lèvres, il s'était senti un élan d'affection pour cet étranger et avait entreprit d'arriver avant lui auprès du tenancier, pour ne pas avoir à le voir se faire embarquer par la milice sitôt que l'aubergiste aurait sû qu'il ne serait pas payé. (une auberge de la réputation de la Bienveillance n'ayant certainement pas à déplorer le prix d'une assiette, mais ayant malheureusement le devoir de faire un exemple des mauvais payeurs pour préserver la qualité de sa clientèle!).

Cependant, le jeune couple qu'il avait croisé dans le couloir alors qu'il se rendait à sa chambre tout à l'heure avait offert son aide au jeune... Joon, oui c'était bien ce nom qu'il avait prononcé...
Joon était reparti vers sa table, Damant lui emboita le pas, en demandant au passage à un serveur d'amener un repas, un grand pain, un fromage et cinq chopes de leur meilleure bière pour la table qu'il lui désignait, oui, celle avec le chiot.
Les autres tables étaient bondées, bon point. Il se dirigea vers la table de Joon d'un air guilleret et salua la petite compagnie d'un signe de tête en s'asseyant sur le dernier siège libre, entre Joon et la guerrière rousse. Son éternel sourire charmeur aux lèvres.

Les quais sont toujours les quartier les plus intérressants que l'on puisse trouver dans une ville et presque autant de fois les plus dangereux! Toutefois ici, il m'a semblé que la garde à cet endroit était honorablement fournie ; et s'il y a un bosquet consacré à la reine de la forêt en ces lieux...

Hausse les épaules en souriant à Joon avant de se retourner vers le reste de l'assemblée.

Vous parliez des temples il me semble? Ceux d'Oghma ne sont généralement pas bien... "tape à l'oeil" il vous acceuillent avec toute l'austérité qu'il est possible de concevoir. Ce n'est qu'en y lisant les ouvrages répertoriés qu'on commence à s'y sentir en sécurité!

Jette un coup d'oeil vers le serveur avant de caresser distraitement le louveteau entre les oreilles, son regard posé sur le jeune elfe.

Vous n'êtes pas plus habitués à la ville l'un que l'autre j'imagine?

"Non effectivement ! Mais je m'instruit, je pense déjà pouvoir me tirer de plusieurs situations embarrassantes à l'avenir, sans compter celles déjà évitées grâce à ces gens."

Joon ne s'offusqua pas du geste tendre du nouvel arrivant, tant qu'il ne réveillait pas Outshi, il n'y avait aucun problème. La taverne semblait le dépayser de moins en moins de son foyer : excepté l'étrange système de monnaie, il régnait une certaine harmonie entre les convives, du moins entre les plus avenants. Il n'avait pas encore osé trop observer du côté des ivrognes près du comptoir, et avait fait tout particulièrement attention à n'en heurter aucun lorsqu'il alla voir le tenancier. De même, il appréhendait sa visite de la cité, le lendemain. Mais assurément, l'auberge était une sorte de microcosme tout à fait accueillant.

"Je m'appelle Joon au fait, enchanté !"

Puis, parlant à l'homme mais d'un ton suffisamment ouvert pour inviter les autres également :

"J'ai cru comprendre que beaucoup ici n'étaient pas des résidents fixes à Luménis, qu'est-ce qui vous amène ici ?"

Kasumi et Astrée échangèrent un regard complice en regagnant leur propre table. Ils observèrent avec amusement un moment encore le jeune elfe qui découvrait les subtilités de la vie citadine. Somme toute, cette brève rencontre avait détourné le rôdeur, pour un moment au moins, de la tristesse qu’il avait éprouvé en constatant l’absence de leurs amis. Kasumi nota qu’un nouvel arrivant s’était invité à la table du jeune druide. Décidément, Joon semblait doué pour s’attirer la sympathie des convives...

Le serveur apporta aux rôdeurs leurs desserts, qu’ils prirent soigneusement le temps de déguster. Il commençait à se faire tard mais contrairement à son habitude, Kasumi ne semblait pas pressé de quitter la salle commune. Peut être parce qu’Astrée s’y sentait plus à l’aise ce soir. Peut être aussi parce que cette veille était en une certaine façon, un hommage au barde qu’ils auraient tous deux aimé voir se produire et enchanter les foules de la Bienveillance.
Au bout d’un moment, le demi-elfe se mit à caresser tendrement la main de sa compagne, la mine à la fois pensive et distraite.

Se tourne à nouveau vers Joon avec un sourire amusé

Damant, le plaisir est pour moi!

Se retourne alors que le serveur arrive et pose l'assiette façe à lui, le pain et le fromage au milieu de table ainsi qu'une pinte devant chaque convives. Attrapant sa bière, désigne le pain et fromage de la main, souriant plus largement.

Messieurs, Dame, je vous en prie! En dédommagement de la place que vous m'offrez et par avance pour mes bavardages incessants.

D'un clin d'oeil à Joon, lève sa pinte comme pour lancer le départ. Puis jette un oeil en salle et croise le regard du jeune couple étants venus "à la rescousse" du jeune elfe. Lève discrètement sa chope à leur attention en hochant la tête, pour leur souhaiter le bonsoir, avant de rediriger son attention sur la table et son assiette, des mains ayants déjà fais leur avancé sur le pain et un couteau trônant sur le fromage entamé.
Avale un morceau de viande avant de reprendre, nonchalant.

Les voyages... j'était sur un navire ces derniers mois, pour mon "travail". J'avais envie de poser un peu le pied à terre quelque temps.

Avale une nouvelle bouchée de son plat en observant distraitement le reste de la table, un sourire en coin pour la femme rousse, puis reprend.

Mais j'avais également une affaire à régler ici même, un petit héritage mobilier.

Hausse un sourcil.

En espérant que cette cahute quelle qu'elle soit tienne encore debout! Depuis le temps que ce papier la concernant prenais la poussière!

Joon remercia Damant et porta la chope à ses lèvres. Le brevage avait une odeur piquante, et une couleur ambrée qui le surprit. À la première gorgée il eut l'impression d'avoir avalé une braise et reposa vivement son verre. Il essaya de dissimuler une légère quinte de toux.

"Poser le pied à terre ? Étiez-vous donc dans les cieux pour avoir pareille envie ?"

Il observa les autres convives qui buvaient naturellement. Il les imita. Toujours la même sensation, comme si sa gorge brûlait au contact du liquide. Curieusement, ce n'était pas désagréable. Quand il reposa sa chope vide, le monde de la taverne semblait avoir doublé. Il essaya de fixer Damant dans les yeux, mais ne sut pas très bien lequel choisir parmi les trois voyageurs qui dansaient devant ses yeux.

"Étrange, très étrange, je crois que j'ai la tête qui tourne, je..."

Il se prit la tête dans les mains, sans pouvoir arrêter la pièce de tourner. Il sentit la nausée lui monter, et attrapa nerveusement un morceau de pain.

La soirée avançait. Kasumi et Astrée avaient dégusté lentement leur dessert, arrosé d'un petit pchet de cidre, tout en bavardant joyeusement de leurs projets pour les jours à venir. Ils jetaient de temps à autre un regard au sympathique jeune elfe dont ils venaient de faire la connaissance. Il semblait en bonne compagnie, et des éclats de voix joyeux leurs parvenaient, un peu plus fort au fur et à mesure que la soirée avançait.

Elle aperçut un autre personnage qui rejoignait la tablée. Rien d'étonnant à cela : cette table était justement prévue pour regrouper les personnes seules. Elle le reconnaissait, ils l'avaient croisé tout à l'heure. Même si elle avait aussitôt détourné le regard... Il offrit à la tablée une tournée de bière. Laquelle semblait avoir un effet assez inattendu sur le jeune druide qui n'en avait certainement jamais goûté....
Il faut qu'il s'arrête, se dit Astrée, il va être malade....
Elle avait envie d'intervenir, mais n'osait pas. Après tout, ses voisins de tablée étaient mieux placés pour cela, ils s'étaient certainement rendu compte que leur compagnon ne tenait pas l'alcool... Et puis, il devait bien s'en rendre compte par lui-même... Et puis... et puis, elle était trop timide et cela ne la regardait pas, voilà tout.

Elle voulut interroger du regard son compagnon. Mais au même moment, sa fatigue se rappela à elle sous la forme d'un baillement imprévu qu'elle étouffa au dernier moment.
- Je crois que je suis épuisée... Et si on montait ?
Sans attendre l'assentiment de son compagnon, elle repoussa sa chaise. Son regard tomba à nouveau sur le jeune elfe qui tentait de manger un morceau de pain, sans doute pour éponger l'alcool.
- Tu crois qu'il faut qu'on intervienne ? souffla-t-elle discrètement à son compagnon. Je ne voudrais pas qu'il se fasse jeter dehors... Mais.... Il va se débrouiller, non ?

RP : Rendez-vous

Kasumi jeta un regard amusé du côté de l’elfe. Il était évident à son attitude que l’alcool lui faisait un certain effet. S’ils n’avaient pas été à la Bienveillance, le rôdeur aurait craint qu’un client malintentionné en profite pour lui dérober son or. Il serait alors intervenu pour mettre en garde le druide attachant. Mais ici, il ne risquait rien, sinon un mal de tête carabiné le lendemain matin. Lui laisser faire cette découverte serait le meilleur des avertissements contre les dangers de l’alcool. Un service à lui rendre en somme. Il espérait toutefois que ses voisins de table sauraient le réfréner s’il faisait mine de dépasser ses capacités.

Il reporta son attention sur Astrée et un sourire se dessina sur ses lèvres. Il se pencha à son oreille pour lui glisser quelques mots sur un ton mutin :

- Il se débrouillera très bien. Je connais l’aubergiste, il lui trouvera un lit s’il n’est pas capable de le trouver lui-même. Quant à moi, je crois bien que je saurais trouver le nôtre. Tout de suite…

Il adressa un sourire plein de signification à sa compagne avant de la précéder dans l’escalier.

Dans la salle...

Les trois autres convives avaient profité des présentations de Damant et Joon pour les imiter. L’elfe s’appelait Rémiel, la jeune femme Gwineth et l’homme plus âgé Devon. Ils suivirent la conversation des deux nouveaux venus sans intervenir, jusqu’au moment où Joon se mit à tituber.
« Je pense que notre jeune ami ne tient pas l’alcool. » observa Devon, avec une grimace amusée, tandis que Rémiel lui tendait une main secourable pour l’aider à se stabiliser.
« Si vous devez vomir, évitez de le faire sur le loup. » fit-il en haussant les sourcils. « Ça va ? Vous vous sentez bien ? »

Etouffant un rire, il acquiesca à la remarque de Devon.

Je le crains également! A Joon, lui tendant un large bout du fromage commun en lui désignant son morceau de pain. Mange ça l'ami, ça devrais éponger le trop plein d'alcool!

Le regarde osciller sur sa chaise quelques instants en souriant.

Je n'était pas dans les cieux mais en pleine mer et ... ce que tu découvre en ce moment comme sensation, j'y avait droit jour et nuit! d'où l'envie d'un sol stable!

Joon n'avait plus vraiment la tête à relever les mots qu'il ne connaissait pas. Où plutôt, c'était comme si chaque idée dansait dans son crâne et sa poitrine, si bien que chaque fois qu'il se focalisait sur l'une d'elles, il perdait l'équilibre et sentait son cœur se soulever. Finalement il essaya de ne plus penser du tout, saisi le morceau de frômage d'une main moite et, tournant la tête vers Damant, esquissa une triste grimace qui se voulait la traduction d'un "merci beaucoup, je sais pas ce que je ferais sans vous, je suis vraiment très heureux de vous avoir rencontré".

Se tournant vers Rémiel il voulut hocher la tête en signe de "oui", mais se ravisa et, plongeant sa tête dans ses bras, fit un signe de la main, probablement quelque chose comme "ça ira ne vous en faites pas pour moi, diantre mais cette table est vraiment en très beau bois".

Dans la chambre n°17, au bout du couloir au premier étage...

Astrée suivit son compagnon en étouffant un baillement. Elle était repue.
Devant la porte de la chambre – de leur chambre, songea-t-elle avec un frisson de plaisir – elle saisit la main de son compagnon et entremêla ses doigts aux siens. Ils échangèrent un regard. Complices, et heureux. Les mauvais souvenirs de sa capture par les esclavagistes étaient loin, Deux – Ponts était à l’autre bout de l’île, et elle se sentait parfaitement détendue et heureuse. Bien sûr, il subsistait une certaine méfiance envers les inconnus, une peur de se trouver seule au milieu d’étrangers. Mais elle en viendrait à bout, elle le savait. Quand Kasumi était là, rien ne pouvait l’atteindre.

Elle entra dans la pièce sans lâcher la main de son compagnon, et referma la porte derrière eux, les isolant des regards indiscrets.
- Tu me semblais bien pressé de retrouver notre lit…. Serait-ce parce que tu tombes de sommeil ?, fit-elle, taquine, en l’enlaçant.

La réponse du rôdeur ne se fit pas attendre. Sans lâcher la main qui enserrait la sienne il se mit à embrasser la jeune femme avec passion, glissant une main derrière son dos pour l’enlacer à son tour. En l’attirant doucement vers leur lit, le demi-elfe répliqua du même ton entendu qu’avait employé sa compagne :

- Je pourrais bien tomber mais je préfère autant que ce soit dans tes bras. Et j’ai une ou deux idée en tête pour te réveiller si jamais tu as sommeil. Tu ne comptes tout de même pas passer la nuit avec tout ça sur le dos ?

Arrivé au bord du lit, il se mit en devoir d'aider Astrée à se dévêtir en commençant par ses bottes. La soirée promettait d’être longue…

La soirée promettait d'être longue, en effet. Mais ils ne virent pas le temps passer, tout préoccupés qu'ils étaient l'un de l'autre. Le monde aurait sons doute pu s'écrouler autour d'eux qu'ils ne s'en seraient pas aperçu, trop occupés à échanger baisers, caresses et mots d'amour.
Lorsqu'ils eurent épuisé leur grand sac de baisers, quand de tant s'embrasser leurs becs furent usés, quand leurs corps comblés d'amour donné et reçu s'affaissèrent côte à côte, Astrée sourit. Heureuse. Elle eut une pensée amusée pour le jeune rôdeur timide et indécis qui osait à peine la frôler lors de leur dernier séjour ici, et qui s'était transformé en amant passionné. C'était loin, dans une autre vie...

Elle se lova contre lui, posant sa tête au creux de son épaule, caressant distraitement son torse. Elle le trouvait beau, dans la semi-obscurité de leur chambre. La lueur de la bougie irisait ses cheveux, allumant des reflets bleutés.
- Je t'aime, souffla-t-elle doucement à son oreille.

HRP : Pas de droit d'auteur à payer à Brassens, j'espère !

Kasumi était bien, infiniment détendu, laissant la main d’Astrée lui toucher doucement le torse. Au bout d’un moment, il se tourna sur le côté pour la regarder en face. Les yeux de sa belle semblaient briller de leur propre feu à la lueur incertaine de l’unique chandelle.

- Je t’aime. Je suis si content de t’avoir à mes côtés..

Une expression de tristesse troubla son visage un instant alors qu’il enlaçait la jeune femme d’une main posée autour de sa taille. Il s’exprima d’un ton calme, doux.

- J’espère que Taliesin est avec Galathée et Victor, où qu’ils se trouvent. Eux aussi méritent le bonheur après tout ce qu’ils ont traversé… Je n'arrive pas à imaginer qu'il ait pu leur arriver malheur alors qu'ils ont survécu à la dictature et aux Sharites.

Le regard d'Astrée s'assombrit. Au fond d'elle-même, elle était certaine qu'il leur était arrivé quelque chose. Elle aurait voulu croire à une envie subite de changer de vie, de fuir de mauvais souvenirs. Après tout, Taliesin lui avait paru ruminer de sombres pensées durant leur mission, peut-être avait-il souhaité recommencer quelque part une nouvelle vie, avec sa femme et son fils, loin de ce qui semblait le ronger.
- J'espère aussi, fit-elle simplement. Elle ne voulait pas ôter à son compagnon l'espoir qu'il semblait entretenir. Elle préférait garder pour elle ses trop pessimistes certitudes. Ils ne les reverraient sans doute jamais....
- Ca m'a fait un choc de voir leur maison désertée, avoua-t-elle cependant. Et sans ajouter un mot, elle se blottit davantage contre son compagnon, cherchant à puiser un peu de réconfort dans la chaleur de ses bras. Ils gardèrent un moment le silence.

Puis elle secoua la tête et décida de changer de sujet.
- Que fait-on demain ? On devrait retirer un peu d'argent et faire quelques courses, non ? J'ai besoin de quelques vêtements. Et puis... Je t'avais promis de fabriquer un hamac à deux places, il me faudrait du cordage pour ça. A moins que tu n'aies des amis à aller voir ?

Kasumi sourit en sentant le corps chaud d’Astrée se lover contre lui. Il avait maladroitement abordé le sujet qui les préoccupait tous deux. Il avait bien senti que la rôdeuse n’entretenait pas l’espoir fou qu’il avait voulu afficher. Une nouvelle il fut surpris par l’habileté de la jeune femme à lui remonter le moral en dépit de ses propres craintes. Parler du lendemain était un sujet à la fois banal et une perspective joyeuse. Il fallait continuer à avancer malgré leurs pertes.

- Intéressante question. Nous ferons tout ce qui te fera plaisir. Et si acheter une jolie robe pour m’emmener danser en fait partie, j’en serai doublement réjoui. En rentrant, nous pourrions éventuellement passer dire bonjour au forgeron Dorrian et peut être voir si Messire Artwin s’en sort toujours avec sa joyeuse bande de trublions. Et nous pourrions passer au sanctuaire s’il nous reste du temps. Je me dois de remercier Garance pour le travail qu’elle accomplit avec le bosquet. Enfin, si ça ne te dérange pas bien sûr.

Dans la salle de l'auberge...

Joon sentit qu'on posait une main sur son épaule.
" Mon gars, je pense que tu ferais mieux d'aller te coucher dans un vrai lit... La table est jolie, mais peu confortable." dit Rémiel, amicalement, sans hausser la voix.
" Pas sûr qu'il soit encore en état de marcher..." lâcha Devon, un peu sceptique.
" Ce n'est pas grave, je suis fatiguée, moi aussi, je vais l'aider à monter jusque là."
Des pas contournèrent la table et la jeune femme vint se pencher sur le jeune elfe.
" Tu es toujours éveillé ?"

Joon releva la tête, et malgré le tourbillon qui faisait trembler la pièce devant ses yeux, il vit la jeune femme s'approcher. Il peina à se lever en prenant largement appui sur la table, palpa le harnais pour vérifier si Outshi était bien avec lui, et agripa sa lance comme une canne.

"Oui... On peut y aller, merci...

Il tenta de se retourner pour saluer les autres convives mais sentit le vertige le saisir de plus belle, il se contenta donc d'un geste de la main, confus et précipité pour rabattre le plus vite possible sa main sur la lance.

Sans se formaliser, Gwineth glissa son épaule sous l'autre bras de Joon et l'aida à se frayer un passage vers l'escalier qui montait aux étages. Les convives, encore nombreux à cette heure tardive, s'écartèrent de leur chemin sans interrompre leurs conversations, ni leur prêter de réelle attention : ce n'était manifestement pas la première fois que l'on voyait passer un visiteur saoul à la Bienveillance. Négocier les marches représenta un défi un peu plus complexe : la cage d'escalier était un peu trop étroite pour y progresser à deux de front, Gwineth fit donc passer le jeune elfe devant elle, et le poussa pour le faire avancer. Une fois sur le palier, elle tâta ses poches, en sortit la clef de la chambre et l'entraîna dans la bonne direction, riant sans méchanceté de son allure titubante. Ils finirent par atteindre une porte frappée du chiffre 12, à moins qu'il ne s'agisse de 112 ou 1122, Joon avait un peu du mal à le déterminer. Elle passa la première, alluma une bougie sur la petite table qui jouxtait le lit et revint vers lui pour le tirer à l'intérieur.
C'était une petite pièce qui sentait bon le propre, la fenêtre était ouverte sur une belle nuit d'été, et le lit, propre et d'apparence moelleuse, semblait attendre les fesses ou le dos du voyageur éreinté.

Joon laissa tomber ses affaires près du lit, et se laissa guider, le sol étant plus incertain que jamais. Néanmoins le léger courant d'air lui fit du bien, et le rire de Gwineth avait résonné comme un chant par dessus les éclats de voix de la grande salle. Les nausées se calmaient, et il s'allongea sur le lit après avoir déposé son louveteau près de lui.

La jeune femme s'assit près de lui et lui arracha ses bottes en fredonnant, Joon les entendit tomber sur le sol. Puis Gwineth poussa un petit soupir et rit doucement.
" Mmm... Tu n'es plus bon qu'à dormir, toi. Dommage, dommage."
Il sentit une main fraiche lui toucher le front et des lèvres douces lui effleurer la joue.
" Dors bien, petit elfe." lui murmura-t-elle à l'oreille.
Puis elle se releva et sortit, refermant la porte derrière elle sans faire de bruit.

Chambre 17...

Astrée sourit à la proposition de son compagnon.
- Une robe pour aller danser ? Cela signifierait-il que tu n'as pas totalement oublié les quelques leçons de danse que je t'ai donné l'hiver dernier ?
Elle sourit, taquine, en déposant un léger baiser sur sa joue. Et se blottit de plus belle dans ses bras.

- J'adorerais danser à nouveau avec toi. C'est tellement agréable de tournoyer à toute vitesse, serrée contre toi... Oh oui, c'est une idée merveilleuse. Et j'espère qu'il y aura une soirée dansante pendant notre séjour ici. Mais je n'ai pas forcément besoin d'une nouvelle robe, j'ai encore la jupe que j'ai chetée cet hiver... Enfin, si ça te fait plaisir de m'en offrir une, je ne vais pas refuser ! Il faudra juste que je trouve moi aussi quelques idées de cadeaux à te faire....

Le demi-elfe accueillit la jeune femme contre sa poitrine et caressa son épaule et son bras avec abandon. Il était ravi de l’envie et du plaisir qu’éprouvait la rôdeuse à danser avec lui. Un sourire sincère se dessina sur son visage et transparut dans sa voix lorsqu’il répondit à voix basse, dans l’obscurité de leur chambre. Imaginer la svelte jeune femme virevolter à ses côtés le transportait d’une joie presqu’enfantine.

- Tu me fais le plus beau cadeau qu’une femme puisse me donner chaque jour que tu passes auprès de moi.

Il ponctua sa remarque amoureuse d’un baiser auquel elle ne se déroba pas, bien au contraire… Puis, finalement rattrapés par la fatigue due à l’heure tardive et à leurs émotions de la journée, ils s’endormirent paisiblement, enlacés pour partager une même chaleur et un bien être commun.

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