La Couronne de Cuivre

" Moi j'ai toujours détesté poser ! Et pourtant, Riniel a souvent insisté... Mais rester des demi-journées entières au même endroit, même dans le jardin, sans bouger, c'était bien trop long pour moi. Elle se venge un peu maintenant, puisque, par la force des choses, je bouge moins... mais elle n'a jamais réussi à faire un portrait de moi dans ma jeunesse ! Ou du moins, si elle en a fait, c'était de mémoire..."
Elle haussa les épaules.
" Et d'ailleurs, qu'allez-vous faire de ce portrait de vous ? Ce n'est pas exactement le genre de chose qu'on peut trimballer facilement dans un sac à dos sans l'abîmer... Si vous comptez faire un détour par la Haute-Forêt, c'est un peu encombrant..."

Kasumi chercha d'instinct à croiser le beau regard de Sylvia alors qu'il se demandait quoi répondre à sa grand-mère. La question donnait une nouvelle fois à réfléchir : trimbaler un tableau de maître dans la nature n'était certainement pas une bonne idée surtout qu'il n'avait aucune envie de l'abîmer le moins du monde.

- Eh bien, on pourrait le laisser dans la cabane de Sylvia le temps de notre séjour en Haute-Forêt. Ou alors le laisser ici et le prendre avant qu'on nous téléporte vers l'un des comptoirs dont papa parlait. J'avoue que je n'y ai pas trop réfléchi. D'autant que je n'ai pas de point de chute permanent en Helonna. Enfin, pas pour le moment.

" Ah bon ?", s'étonna la grand-mère.
C'était un sujet qu'ils n'avaient effectivement jamais eu l'occasion d'aborder.
" Et bien heureusement qu'on a des moyens magiques de communication, dans ce cas ! On n'aurait même pas su où t'envoyer un courrier... Cela dit, je ne critique pas, j'ai moi-même été itinérante une bonne partie de ma vie.
- Mais le problème de ce tableau n'est pas si évident, en effet... Même si on le laisse ici ou dans ma cabane là-bas, il faudra ensuite le transporter par le bateau. je n'ai pas la moindre idée des précautions à prendre avec ce genre d'objet, moi...
- Je suis sûre que Riniel aura des suggestions à vous faire. Mais si le transport est problématique, vous pouvez toujours le laisser ici. si un jour ton père va te rendre visite, là-bas ou ailleurs, tu peux être certain qu'il aura à emmener avec lui des parchemins importants ou des objets précieux dans la valise diplomatique. Il pourra vous amener le tableau... Et d'ici là vous aurez peut-être une adresse, qui sait ?"

Kasumi laissa d'instinct sa main glisser sur celle de sa compagne à l'évocation de ce sujet. Ils n'avaient fait que l'aborder jusque-là et ils avaient bien sûr encore le temps d'y penser mais il ne voulait pas lui donner l'impression de trop s'avancer ou de l'enfermer dans ses propres choix :

- Je crois qu'idéalement, ce serait bien de se trouver un abri où passer l'hiver au chaud mais nous avons encore largement le temps pour cela : le printemps a à peine débuté en Helonna. Et nous verrons bien comment les choses et nos envies tourneront d'ici là de toutes façons ! En tous cas, je vous laisserai l'adresse d'une auberge où je me rends régulièrement si vous voulez me contacter autrement que magiquement.

" Ce serait bien, oui. Et si vous êtes un habitué, ils feront peut-être suivre le courrier pour vous..."
Elvilith avala lentement ses dernières gorgées de thé, savourant le breuvage.
" Et si Elryndel vient nous rendre visite... vous viendrez aussi ?
- Je ne dépend tout de même pas de lui pour mes destinations de voyage ! Peut-être viendrai-je avant, ou après... ou en même temps...
- Tant mieux !
- Et en parlant de voyages... Tu as intérêt à bien préparer ton faucon au voyage qui l'attend, notamment à la partie téléportation.
- Je me doute...
- Et toi, tu n'as pas de familier, Kasumi ?"

Le rôdeur put confirmer que Sylvia s'était rapprochée de sa grand-mère pendant son séjour et il en était ravi. La rôdeuse avait visiblement un don pour se lier à ses proches et cela ne pouvait que faciliter son intégration à la famille. Mais Elvilith détournait déjà la conversation vers un autre sujet lui tenant à cœur :

- Si j'en ai un mais il n'a pas pu m'accompagner. Je crois d'ailleurs que ce n'est pas une si mauvaise chose vu les endroits où nous avons dû nous rendre. Ma louve était plus heureuse dans ses forêts natales. Mais j'espère bien la retrouver quand nous rentrerons...

" Oh, tu la trouveras sûrement à t'attendre... Quelques veilles d'absence, ça n'est pas si long dans la vie d'une louve. Elle doit sentir confusément que tu es vivant mais très loin... et elle te sentira subitement tout proche. Les animaux ressentent cela mieux que nous, il me semble. En tout cas, mes familiers ont toujours été capables de me retrouver alors même que je n'aurais su dire dans quelle direction ils se trouvaient..."
Elle sourit, songeuse.
" je devrais peut-être songer à me retrouver un familier, malgré mon âge... ça me manque un peu, je dois dire. Mais peut-être un petit animal, cette fois-ci... Il faut que j'y réfléchisse..."
Secouant la tête, elle finit par les congédier joyeusement.
" Mais je parle, je parle, et des heures passionnantes de séance de pose vous attendent !"

Kasumi avait eu envie d'assouvir sa curiosité en demandant à sa grand-mère quels avaient été ses familiers précédents mais c'était un sujet trop important pour l'aborder entre deux portes, sans doute. Le demi-elfe poussa donc un soupir à fendre l'âme que n'aurait pas renié Tilmandil avant de se diriger vers les escaliers. En réalité, il n'était pas si mécontent de devoir poser : il y avait même pris goût quelque part même s'il ne l'avouerait sans doute à personne, pas même à Sylvia.

Riniel les attendait près de la baie vitrée, guettant l'apparition du soleil, l'air un brin contrariée. mais lorsqu'elle les vit entrée, elle haussa les épaules et s'approcha des deux toiles qu'elle avait fixées sur un chevalet.
" Si ma mère a dit deux heures, c'est qu'il faut deux heures j'imagine. Elle est incollable en météo. Mais soit. En attendant, est-ce que vous pourriez vous installer tous les deux dans la lumière... enfin, le peu de lumière... Je veux peaufiner vos traits. Ensuite on ira dehors pour les effets de lumière. "
Elle saisit un pinceau.
" Kasumi, je veux que tu regarde Sylvia avec adoration, et Sylvia, que tu aies l'air plongée dans un doux rêve... Voilà... Et ensuite, Kasumi, je veux que tu prennes un air stupéfait. oui, comme l'autre jour. Sylvia, prend un air farouche et déterminé... et toi aussi Kasumi. "
la séance se poursuivit ainsi pendant une bonne demi-heure, peut-être une heure même, avant que l'elfe donne le signal du déménagement. Le soleil n'était toujours pas là, mais il ne tarderait guère. Bien sûr, elle prit elle-même l'une des toiles, chargeant Kasumi du chevalet et Sylvia de la peinture. Elle remonterait prendre l'autre elle-même ensuite.
" Je vous laisse choisir un coin qui vous plaise dans le jardin. Ma seule contrainte, c'est qu'il doit y avoir l'ombre des feuillages sur ton visage, Kasumi. Enfin, quand il y aura du soleil. C'est moins important pour Sylvia.

Cette séance avait été tout à fait agréable car elle lui avait donné l'occasion de maintes interactions avec Sylvia. S'il avait été difficile de se retenir de rire en plusieurs occasions, Kasumi n'était pas mécontent de leur début d'après-midi. Cela dit, l'idée de sortir était plus séduisante encore. Malgré la fraîcheur, le rôdeur appréciait l'idée de passer un moment dans le jardin. C'était sans commune mesure avec la forêt qu'il adorait tant mais c'était un bon début ! Bien évidemment, le demi-elfe s'était proposé - uniquement par jeu - de porter la seconde toile mais il avait rapidement du battre en retraite. Et comme il arrivait le premier dehors, il se dirigea vers l'endroit où se situait un banc bien placé. Il hésita néanmoins un instant pour obtenir l'assentiment de la rôdeuse qui le rejoignait avec son attitude déterminée et enjouée qu'il appréciait tant.

Le soleil finit par faire son apparition, et la lumière dorée de l'automne nimba le jardin, lui donnant des allures féeriques. Les rayons jouaient avec les feuillages et Riniel paraissait absolument ravie de l'effet. Elle ne lui demanda plus de prendre la moindre expression particulière, exigeant au contraire une immobilité complète pendant de longues minutes. Puis elle le fit s'accroupir quelques minutes derrière un buisson peu dense, aux aguets, puis derrière un arbre, avant de l'autoriser à s'asseoir à nouveau.
Le soleil déclina peu à peu. Tilmandil et Dan rentrèrent de la ville, et le barde s'esclaffa en apercevant son demi-frère en pleine séance de pose. Malgré son insistance, Riniel lui interdit, à lui aussi, de voir l'oeuvre en cours de réalisation, et il finit par s'éloigner en direction de la maison, annonçant qu'il les attendrait dans la salle à manger pour l'apéritif. Peu après, Riniel annonça que la séance de pose était -enfin- terminée. Elle n'avait plus besoin d'eux pour terminer les décors. l'oeuvre serait probablement achevée demain soir et ils pourraient la voir après-demain en fin de journée, une fois sèche.

La séance avait été relativement inconfortable, notamment pendant les moments où aucun mouvement ne lui avait été autorisé. Cependant, le rôdeur avait l’habitude de rester à l’affût durant les parties de chasse et ce n’était en somme pas très différent. Quand Riniel le « libéra », il n’en fut pas moins soulagé et le fit discrètement savoir à Sylvia en plaisantant :

- Est-ce que tu as du subir tout ça toi aussi ou alors s’agit-il d’un complot contre moi ?

Riniel leur avait fait savoir qu’il faudrait patienter encore deux jours pour voir les toiles et il en avait bien l’intention. Cependant, il serait certainement temps de discuter de la date de leur prochain départ. Cela dépendrait en partie du moment de son procès et des mesures qui pourraient être proses contre lui mais il ne voulait pas donner l’impression à Sylvia de vouloir s’éterniser tout l’hiver.

" Ah, moi... C'était un peu différent ! Moins long, en un sens... Heureusement d'ailleurs, je n'aurais pas tenu des heures et des heures comme ça."
La remarque fit rire Riniel qui les écoutait d'une oreille, et les deux femmes échangèrent un regard entendu. Bien sûr, aucune des deux ne se donna la peine d'expliquer à Kasumi le pourquoi de leur hilarité.
" Allez donc prendre un verre, je vous rejoindrai plus tard ! Hum... avant ça, Kasumi, je ne suis pas contre un petit coup de main pour monter les chevalets... Les chevalets, j'ai dit, pas les toiles ! Un chevalet c'est ça, ne fait pas l'imbécile !"
Et c'est dans la bonne humeur générale que se déroula le retour à la maison.

Tilmandil tenait compagnie à Dan à la salle à manger, autour d'un vert de vin cuit. Elvilith et Elryndel n'étaient pas encore présents, et Galawen ne rentrerait que le lendemain après avoir téléporté les cousins. Riniel fila droit à son grenier, entraînant avec elle Kasumi et Sylvia, chargés de matériel, puis les congédia aussitôt.

Kasumi n'avait pas manqué de remarquer l'échange de regard entre Sylvia et Riniel mais il se garda bien d'interroger l'une ou l'autre sur sa signification. Soit il aurait bientôt la réponse, soit il valait mieux qu'il s'abstienne de le savoir. Cela ne l'empêchait bien sûr pas d'être intrigué mais la sagesse recommandait de ne pas trop s'immiscer dans les histoires et les petits secrets des femmes.

Enfin libéré de ses obligations immédiates après avoir déposé le matériel qu'il avait monté, le rôdeur poussa un soupir de soulagement un brin exagéré avant d'entraîner sa compagne au rez-de-chaussée. Ils rejoignirent ainsi son père et son grand-oncle et furent promptement servis d'un verre destiné à les requinquer dans la bonne humeur.

Le premier sujet que tenait à aborder Kasumi était toutefois relativement sérieux :

- Dis-moi, papa : quand penses-tu que je recevrai des nouvelles du procès qui me concerne ? Non pas que je sois pressé mais j'aimerais autant savoir...

Pour planifier leur retour dans la Haute-Forêt mais inutile d'aborder si frontalement le sujet.

Son père sourit, et répondit d'un ton rassurant.
" J'ai contacté un avocat hier, je n'ai pas encore de nouvelles. Il doit d'abord vérifier si une plainte a bien été déposée, ce qui est probable, puis prendre rendez-vous avec le juge chargé de l'enquête. Il m'avait dit de compter trois jours au maximum... Ça fait qu'on aurait des nouvelles après-demain au plus tard. Si tout se passe comme je l'espère, le juge lui aura donné la permission de te représenter pendant toute la procédure. Ou peut-être qu'il voudra te rencontrer une fois... mais quoiqu'il en soit, on sera bientôt fixés."

Elryndel avait toujours su trouver les mots pour apaiser son auditoire et cela fonctionna tout aussi bien sur son fils. Trois jours, c'était aussi le temps qu'il fallait pour que le tableau soit prêt. Cette idée le rasséréné car se retrouver bloquer - même dans sa famille - à cause des choix qu'il avait fait avant la frontière aurait probablement pesé sur son humeur. Il aurait certes mieux valu être fixé sur son sort au plus vite mais il se dit que trois jours était un délais on ne peut plus court, surtout selon les critères elfiques.

- Merci papa. Je suis rassuré. Et si l'affaire prend de l'ampleur, je crois que nous repasserons de toute façon par ici en revenant de la Haute-Forêt.

Il se tourna néanmoins vers Sylvia, soucieux d'obtenir son accord : de son point de vue, il devenait urgent qu'ils commencent à affiner leurs projets.

Sylvia acquiesça.
" J'aimerais pouvoir rassurer ma famille et mes amis là-bas, expliqua-t-elle. Même si Galawen a communiqué avec eux pour leur dire qu'on s'était téléportés ici, ce n'est pas pareil de le faire de vive voix... Mais effectivement, on risque de repasser ici après. Enfin, sauf si quelqu'un arrive à nous téléporter directement de là-bas jusqu'au Calimshan, ou la péninsule de Chult... ou vers Maztica qui sait ? Ou n'importe où qui nous rapproche suffisamment...
- J'ai cru comprendre que vous résidiez dans ces lointains continents de l'ouest ?" intervint le grand-oncle, d'un ton empreint de curiosité.

Kasumi adressa un sourire rassurant à la rôdeuse comme pour l'assurer que retourner rassurer sa famille était bien l'une de ses priorités dès qu'ils en auraient fini de leurs obligations à Everaska. Il répondit aussitôt après à son aïeul, détectant la curiosité qui teintait sa voix. A moins qu'il ne s'agisse d'une mauvaise interprétation due à son accent :

- En effet, je voyage beaucoup sur Helonna, le plus petit de ces continents de l'ouest. Vous y seriez-vous déjà rendu par hasard ?

Dan secoua la tête.
" Non, je ne suis pas allé si loin. Je voyage beaucoup, je suis allé jusqu'à la péninsule de Chult, et même, assez récemment, jusqu'au nouveau continent de Maztica. J'en ai ramené des graines inconnues ici, du café, qui permettent de faire une boisson assez énergisante. Mais hélas je n'ai pas su convaincre la cuisinière d'essayer... "
Il sourit.
" Je vous ferai goûter si vous voulez... Mais vous connaissez peut-être déjà, sur vos îles. Il me semble que le sud de Maztica est tout proche de... Dorrandin, c'est ça ? Et vous, vous dites habiter... Hélonna ?

Le rôdeur acquiesça, heureux de trouver à partager son savoir, si modeste soit-il :

- C'est bien ça. Mais je suis allé une fois sur Dorrandin aussi. Et vous avez raison pour le café : c'est une boisson excellente surtout quand on doit veiller tard. Personnellement, je préfère le chocolat chaud qui est aussi importé des plantations de Maztica mais je peux vous montrer comment transformer vos graines si vous le souhaitez. Et qui sait, si elles ne sont pas torréfiées, vous pourriez en obtenir un plant vivace. A condition de le maintenir dans les bonnes conditions climatiques...

L'oncle rit.
" Vous m'excuserez, mais le jardinage, ce n'est pas mon truc ! Vous devez me confondre avec ma petite soeur...
- Qu'est-ce que tu lui veux, à ta soeur ? intervint un peu sèchement Elvilith qui arrivait à ce moment-là.
- Rien du tout, je t'assure, je disais juste que je n'y connaissais rien en plantes, contrairement à toi. Il voulait que je plante des graines de café...
- On en tire des ingrédients intéressants pour certaines potions magiques. Ça aurait pu t'intéresser...
- Pour des... mais depuis quand tu t'y connais en potion ?
- Je tiens ça d'une amie. Je te rassure, je ne fais pas de potion, je ne marche pas sur tes plate-bandes...
- Mais donc, coupa Elryndel, soucieux sans doute d'éviter une escalade verbale, nous goûterons ces graines de café infusées tout à l'heure...
- Non, ça perturberait notre sommeil. Il vaut mieux demain matin, ou midi.
- D'accord...
- Je connais aussi le chocolat, ajouta Dan en se tournant vers Kasumi. Mais je n'en ai pas ramené. Ce sera pour la prochaine fois... Mais racontez-moi, qu'est-ce qui vous a poussé à voyager si loin ?

Visiblement, ces deux-là n'entretenaient pas vraiment des rapports des plus cordiaux. Et en bon diplomate, Elryndel avait su éviter un esclandre sans doute mémorable. Sa grand-mère lui semblait en effet être une rôdeuse au caractère entier et les mages étaient rarement réputés pour leur tempérance et leur modestie... Heureusement qu'ils pouvaient disposer des services d'un maitre conciliateur pour cohabiter sous le même toit l'espace de quelques jours. Kasumi chercha à contribuer aux efforts de ce dernier en saisissant la diversion que Dan lui offrait sur un plateau :

- Sans doute comme la plupart des jeunes gens écervelé : la soif de découverte, l'attirance pour l'inconnu et les mystères. Je dois dire que je n'ai pas été déçu. Et le voyage aurait déjà valu le coup rien que pour le chocolat ! Donc rendez-vous est pris ! Sylvia et moi nous vous en ramènerons si nous résistons à la tentation de tout manger pendant le trajet.

" Celui que j'ai goûté se buvait dans du lait, il ne se mangeait pas... quoi que j'ai goûté aussi une sorte de pâte sombre et amère, certains cuisiniers comptaient tenter de l'utiliser en pâtisserie. Peut-être l'ont-ils déjà fait dans vos îles...
- De ce que j'en ai entendu, les deux graines sont considérées comme des aphrodisiaques..., fit remarquer Elvilith avec un sourire mutin à l'adresse de Kasumi.
- Et... quand donc repartez-vous dans vos îles lointaines ? C'est un long voyage... Il n'est pas prudent de faire la traversée maritime en plein hiver..."

Le rôdeur réagit comme l’on pouvait s’y attendre à la remarque de sa grand-mère mais il évita aussi soigneusement de relancer le sujet, s’intéressant plutôt à la dernière question abordée par son grand-oncle :

- Il faut encore que Sylvia et moi en discutions mais j’avais dans l’idée que nous partions dans quelques jours, peut-être une à deux veilles maximum. En fait, ce serait surtout risqué si nous partions d’Amn ou d’Eauprofonde mais si nous partons d’un comptoir de Chult, le temps y est beaucoup plus calme à cette période. Et nous arriverions bien plus rapidement à destination. C’est d’ailleurs le début du printemps là-bas… Maztica pourrait être une autre solution mais je ne sais pas si nous y trouverons rapidement un navire en partance pour Helonna.

Dan hocha la tête.
" Oui, depuis Chult la traversée sera plus calme et plus courte. Je dirais quatre ou cinq veilles, tout de même... Mais je pense qu'il y a des liaisons un peu plus régulières que depuis Maztica. Cela dit, je n'en sais rien. Il y a quelques comptoirs qui se sont développés le long des côtes du nouveau continent, il doit bien en partir des bateaux également pour vos îles, et la traversée doit être bien plus courte, pas plus d'un mois je pense pour Hélonna si vous partez du sud de maztica, moins d'une veille pour Dorrandin. Il faudrait que vous puissiez vous renseigner, auprès d'une compagnie maritime de la côte des épées, par exemple. Eux sauront vous dire à quelle fréquence il y a des navettes entre Maztica et vos îles, à quelle fréquence il y en a depuis Chult. Mais si je comprends bien... vous comptez gagner Chult ou Mazrica par magie ? Vous avez quelqu'un qui puisse vous y emmener ?"

Le rôdeur se fit davantage pensif et chercha sa grand-mère du regard avant de répondre au mage :

- A dire vrai nous n'avons pas encore trouvé de mage capable de nous emmener si loin non. Et pour ce qui est de Maztica, il est exclu de prendre un navire à destination de Dorrandin. A mon départ, le passage entre les deux îles était strictement bloqué par une guerre qui s'y menait. Cela s'est certainement apaisé mais j'aime autant que l'on évite Dorrandin dans ces conditions.

" Il doit y avoir des navires de commerce qui partant de Maztica pour Hélonna, je pense, intervint Elryndel. Comme il y en a depuis les comptoirs de Chult. Vous gagneriez sans doute deux veilles en passant par Maztica, mais il sera plus difficile de trouver un mage pour vous y emmener
- Moi, je le peux, répliqua Dan. Enfin... je connais un ou deux comptoir sur la côte ouest de la péninsule de Chult, et un autre sur Maztica, relativement au sud mais peut-être pas autant que vous l'auriez souhaité. Ça devrait faire une traversée un poil plus court, une veille de gagnée peut-être. Les deux imposent une étape par la forêt de Téthyr, mais Maztica demande une étape de téléportation supplémentaire..."

Le regard du rôdeur se mit à briller d'espoir quand son grand-oncle aborda la question qu'il n'osait pas lui-même poser.

- C'est certain que ça nous aiderait beaucoup et rendrait le voyage bien moins long et périlleux... Mais est-ce que vous seriez disposé à nous aider ? C'est un très grand service et je n'osais pas vous le demander.

" Bah, si vous choisissez de partir de Chult, je peux vous y emmener en fin d'après-midi et revenir le lendemain matin... soit ici, soit chez moi dans le Cormyr. Donc ça n'est pas grand-chose, comme service ! Si vous préférez Maztica, ça me prendra plus longtemps, mais je trouverai bien quelque chose d'utile à faire lors de mon escale là-bas... non, vraiment, ça ne me dérange pas de vous rapprocher de chez vous. Il faudra juste me dire quand... pour que je fasse coïncider la fin de mon séjour ici avec votre départ. "
Il grimaça subitement, comme se souvenant d'un détail.
" Mais ne traînez pas trop tout de même, je dois être de retour chez moi d'ici deux veilles..."

Si son grand-oncle ne l'intimidait pas tant et si cela n'aurait pas été inconvenant, le rôdeur se serait levé pour le serrer dans ses bras. Apparemment, l'un de leurs plus gros problèmes était en passe de trouver une solution. Deux veilles... A dire vrai, cela laissait largement le temps d'un séjour rapide dans la famille de Sylvia. Et si Kasumi avait un temps envisagé de retourner voir Celd comme il en avait parlé avec Eärundra, il lui faudrait y renoncer. C'était du reste plus prudent car la traversée des marais avait révélé à quel point elle pouvait être dangereuse et il ne voulait pas s'y risquer avec sa compagne. A deux, ça aurait été bien trop téméraire.

- Nous ne partirons pas plus tôt qu'après-demain soir pour la Haute-Forêt alors nous vous le ferons savoir d'ici là. En tous cas, je vous remercie vraiment pour votre aide, grand-oncle Dan !

La Couronne de Cuivre

[Everaska] Quête: Racines