La Couronne de Cuivre

" Tu peux t'installer, si tu veux... Mais c'est peut-être un peu risqué... La descente n'est pas très discrète, et il y a le chien. Peut-être dans une grange ? J'imagine qu'ils pensent qu'un centaure dort sur la paille. Ils doivent en avoir des quantités entreposées quelque part... Enfin... Je dis ça, mais si tu veux profiter du lit, je veux bien partager. Je ne voudrais juste pas que tu aies des ennuis... Cela compromettrait nos chances à tous les deux, et à tous les centaures, ici et au delà des remparts."
Il avait ajouté ces derniers mots avec une certaine gravité.

Astrée hocha la tête.
" Je sais, je ne veux pas prendre le moindre risque. Mais je pense comme toi qu'ils ont de bonnes réserves de pailles, et avec un peu de chances elle se trouvent à proximité des écuries, ce qui me fournira une cachette y compris en journée. Je vais voir. Si vraiment je ne trouve rien de valable, je te demanderai peut-être l'asile pour la nuit prochaine... Et ne t'en fais pas pour le chien, à force il devrait finir par me connaître."
Elle se releva, s'étira brièvement.
" Avant que je ne te laisse reprendre ta nuit interrompue... Est-ce que tu es certain de demeurer là pour les jours à venir ? J'aimerais bien reprendre Prince avec moi mais je ne veux pas risquer de te perdre..."

" Oh, Astrée, je n'ai aucune certitude sur rien, dit Neffen en secouant la tête. Je viens d'arriver, on m'héberge au mieux et au plus vite... Alors, oui, sans doute serais-je encore ici demain et la nuit suivante... Mais peut-être pas. Je n'en sais rien. Mais je voudrais que tu ne t'inquiètes pas pour moi... Il me semble que nous prendrons davantage de risques à nous retrouver tous les jours qu'en décidant de ne nous voir que lorsque nous avons des choses importantes à nous confier. Reprends ton animal avec toi... Je trouverai un oiseau. Nous nous retrouverons de la sorte, qu'en dis-tu ?"

Astrée grimaça, pas vraiment convaincue.
" Un oiseau aura du mal à me trouver si je suis cachée à l'intérieur d'un hangar, objecta-t-elle. Je ne serai pas souvent en train d'arpenter les rues, et lorsque je le ferai, ce sera très discrètement... Je préférerais revenir la nuit prochaine, au moins pour être certain que tu es encore là, et que tu puisses me dire si tu risques de déménager. Tu en sauras peut-être plus..."
Et puis, faire le point à deux sur ce qu'ils savaient les aiderait à avancer dans leurs plans. Mais la raison principale était qu'elle s'inquiétait de le perdre dans cette trop grande cité.
" Cela dit, je comprends bien qu'on multiplie les risques d'être surpris, même si j'apprivoise bien le chien. Une autre solution, si je n'ai pas un besoin urgent de te voir, serait que je t'envoie Prince, avec un message sur un bout de parchemin, juste pour te demander si tu as besoin qu'on se voie ou si tu envisages de bouger d'ici... il suffirait que tu laisses ta fenêtre entr'ouverte en début de soirée. Mais tu ne pourrais pas me répondre, tu n'as rien pour écrire ici ? Quoique je dois pouvoir te fournir ça, en espérant qu'ils ne se demandent pas où tu l'as pris... "
Et savait-il écrire ? Sans doute que oui, il était tout de même le shaman...
" Ou alors, une autre solution est que je me trouve à un endroit convenu d'avance, tous les soirs en début de nuit, au cas où tu aies besoin de m'envoyer un oiseau. Mais si c'est moi qui dois te voir et que tu n'es plus là... je ne sais pas comment on fera."

" Hum... Je ne suis pas pour que nous laissions des traces écrites. Ce serait catastrophique si les Montequins avaient vent que quelque chose se trame... Je dois pouvoir me promener assez rapidement à l'intérieur de l'enceinte sans qu'ils se méfient de moi... Il faut que j'aie l'opportunité de sonder un maximum des domestiques... et éventuellement que je vois qui de la harde est encore récupérable..."
Il pinça les lèvres.
" En fait, il faudrait que tu puisses demander à Sheldon d'être patient... Le mieux est effectivement que tu reviennes demain soir... mais nous ne devons pas nous presser inutilement. Même si nous nous perdons de vue un jour ou deux, ce n'est pas dramatique. Je me servirai de pies pour te contacter, c'est mon oiseau de prédilection. Elles ne parlent pas mais elles sont futées... et elles te guideront jusqu'à moi si je me déplace... On pourrait définir un code, comme dans cette chanson... Une pie, tout va bien. Deux, danger. Trois, je dois te parler, quelque chose comme ça... Mais nous pouvons y réfléchir... et en reparler demain."

" Je serai là demain. Sans doute plus tôt qu'aujourd'hui. On aura pris nos marques, on y verra plus clair, et on aura le temps de réfléchir d'ici là à l'organisation. Et j'aurai probablement réussi à parler à Sheldon. Mais si tu as besoin de me trouver, si tu déménages ou quelle que soit la raison, je serai certainement dans le quartier où se trouvent les écuries des centaures capturés, près de la place... Enfin, je ne sais pas s'il y a d'autres écuries ailleurs."
Elle fit signe à Prince de grimper dans sa poche.
" Et j'espère que tu arriveras à... réveiller, si on peut dire, la plupart des centaures. Tu me disais qu'ils sentiraient ta présence, même sans comprendre, et que ça leur apporterait du réconfort. C'est vraiment formidable ce que tu peux faire...."
Elle sourit.
" Je vais te laisser dormir, et me débrouiller pour m'installer quelque part. Je reviens demain. En attendant, bonne chance... et reste prudent. Même s'ils te croient, ils peuvent craindre que tu n'aies fini par prendre le parti de tes ravisseurs. Mais je sais que tu es très bon comédien"
Après tout, c'était ce qu'elle avait fait, en un sens...

" Ne crains rien... Ils n'ont aucune raison de me croire retors... Aucune. Et je ne ferai absolument rien qui puisse les inquiéter. Dans quelques jours, quand j'aurai repris du poil de la bête, j'irai regarder quelques centaures dans les yeux... et en fonction, nous aviserons. C'est toi qui vas devoir travailler ces jours-ci, Astrée... Moi je dois consolider ma couverture."
Il sourit.
" Mais va dormir. Pense à ta propre survie avant tout. Et à demain."

" Bonne nuit Neffen. Prends soin de toi..."
Elle avait beau savoir qu'il était shaman et avait des pouvoirs extraordinaires, le voir dans la peau d'un jeune homme tout frêle l'inquiétait, lui donnant instinctivement envie de le protéger. Il n'y avait pas de raison que les Montequins ne ressentent pas exactement la même chose... Donc effectivement, pour l'heure, elle courait davantage de risques que lui. Il fallait qu'elle se trouve une planque sûre.
" Et à demain !", souffla-t-elle en se coulant par la fenêtre avant de se laisser glisser jusqu'au sol. En attendant qu'il lui lance la corde, elle chercha du regard la silhouette du chien. S'il était toujours réveillé, elle avait tout intérêt à prendre le temps de le caresser encore un instant pour achever de s'en faire un ami.

Elle devina du mouvement dans le jardin : le chien avait manifestement décidé d'écourter sa nuit et circulait sur la pelouse en parcours imprécis. Lorsqu'il entendit le bruit de la fenêtre, il leva la tête (ou du moins Astrée en eut-elle l'impression, car on n'y voyait vraiment pas grand chose) et émit un aboiement étouffé, joyeux. La rôdeuse dut donc effleurer son esprit pour le réduire au silence avant de gagner le sol. Neffen lui relança sa corde puis rentra à l'intérieur. S'il lui avait adressé un signe, elle ne le vit pas, mais il faisait plus noir encore que quelques heures plus tôt. Un voile de nuages masquait partiellement la lune. Elle put se faufiler vers la rue sans difficultés où les lampes offraient un petit sentier de lumière.

A cette heure-ci, elle ne risquait guère de croiser quiconque, mais elle s'appliqua néanmoins à raser les murs, juste au cas où. Sa priorité était de se trouver une cachette à proximité des écuries. Idéalement, un endroit d'où elle pourrait voir soit les portails principaux, soit les entrées à l'arrière des bâtiments. Enfin, au moins de l'un d'entre eux. Elle ne pourrait de toute façon pas tout surveiller à la fois. Et il lui fallait avant tout un endroit où elle pourrait dormir en sécurité. La réserve de paille était certainement très proche des écuries.
Tout en cheminant, elle observait les rues qu'elle traversait, essayant de comprendre un peu l'organisation de la cité. Neffen logeait dans une zone résidentielle, il devait y avoir également un quartier commerçant, des artisans, une salle de réunion du conseil et une pour les fêtes, des entrepôts en tout genre... et des écuries bien sûr. Il serait utile de repérer, à l'occasion, l'endroit où étaient stockées leurs réserves d'armes. Elle connaissait déjà l'emplacement de la caserne, près des remparts, c'était certainement à proximité. Peut-être y en avait-il plusieurs. Mais elle s'en occuperait la nuit prochaine. Pour l'heure... il fallait dormir en sécurité. Et aussi voir si les toits des écuries lui étaient accessibles, et vérifier si des fenêtres pouvaient s'ouvrir, juste au cas où.

La cité était assez mélangée : il y avait des commerces et des habitations à droite et à gauche, beaucoup de petites granges similaires à celle qu'elle avait occupée lors de sa première nuit à Montequine, mais aussi plusieurs grands bâtiments qui devaient être des écuries ou des hangars. En effet, ce n'est pas dans les quelques stalles qu'avait vues Astrée qu'on pouvait héberger les nombreux centaures de la ville. Il semblait d'ailleurs que certains étaient gardés chez leurs propriétaires respectifs, dans un box attenant à la maison. Si Astrée connaissait l'ouest de la ville, l'est demeurait un mystère, mais elle n'avait pas vraiment le temps de s'y attarder, aussi trouva-t-elle relativement facilement un vaste entrepôt à proximité des écuries, avec une vue sur la place où Sheldon avait été autrefois retenu. Il y avait de nombreux moustiques, des souris, une colonie d'araignées et quelques chats sauvages, mais la rôdeuse se trouva aisément une place en hauteur, entre quelques ballots hirsutes.

Elle s'installa de son mieux, veillant à sa dissimuler complètement entre des ballots de paille pour ne pas être visible depuis l'entrée du hangar au cas où quelqu'un y entre tandis qu'elle dormait. Il y avait tant de paille à disposition qu'elle pouvait compter être tranquille pour les jours à venir. Et de surcroît, cela lui assurait un couchage confortable... pourvu qu'elle s'enduise préalablement d'un peu de baume répulsif contre les moustiques et autres insectes.
Il fallait absolument qu'elle se réveille dès l'aube le lendemain, pour observer l'arrivée de Caribert et les premiers mouvements sur la place. Et elle commençait à avoir sommeil. Mais elle prit néanmoins le temps de s'approcher une dernière fois des écuries : elle voulait essayer d'accéder au toit, et à ces fenêtres que Prince avait mentionnées. Ce pourrait être un moyen d'accès si on pouvait les ouvrir... sans doute pas aujourd'hui, sauf si vraiment la chance était avec elle, mais s'ils devaient organiser la libération en une nuit de tous les centaures, il fallait qu'elle vérifie si elle pourrait passer par là.

Accéder au toit lui demanderait une nouvelle escalade, sans doute en utilisant la gouttière. Mais celle-ci ne semblait pas avoir été prévue pour supporter le poids d'un humain... Peut-être tiendrait-elle, peut-être pas... Fixer une corde dans la corniche semblait tout aussi hasardeux, même si Prince pouvait sans doute aller repérer la présence d'une cheminée ou de quelque chose du genre susceptible d'être plus solide. Cela dit, Astrée ne se souvenait pas avoir vu d'âtre à l'intérieur de l'édifice.

Il était hors de question de laisser la moindre trace suspecte cette nuit, ce n'était donc pas le moment de tester si la gouttière supportait son poids. Quant à lancer une corde... Il faudrait que son grappin de fortune, en bois, se fixe quelque part là-haut... Ou alors, trouver une échelle quelque part ? Elle sentait la fatigue lui embrouiller l'esprit, l'empêchant de réfléchir efficacement. Elle avait pourtant dormi quatre jours apparemment. Enfin, dormi n'était pas le terme exact. Elle avait été inconsciente.
Tout de même, il lui fallait savoir, pour leurs actions à venir, s'il était possible d'accéder aux écuries par le toit. Elle décida donc d'envoyer Prince en reconnaissance. Simplement pour savoir s'il y aurait quelque chose, là-haut, susceptible d'être accroché par un grappin, pour le jour où elle en aurait besoin. Et bien sûr, à tout hasard, si des fenêtres étaient ouvertes. Mais s'il n'y avait aucune ouverture praticable, ce qui était fort probable, elle se promettait d'aller enfin se coucher. Tout le reste pouvait attendre demain...

Prince mit longtemps à revenir. Animal diurne, il n'y voyait goutte et se sentait extrêmement exposé. Le cri des chouettes vagabondes n'était pas pour rassurer l'écureuil qu'il était : sous forme d'abeille, il lui aurait fallu toute la nuit pour atteindre ses objectifs. Il chemina donc lentement sur la gouttière, puis sur le toit, inquiet et circonspect. Les fenêtres étaient apparemment petites, sans trace de charnières ou de loquet. Il y avait quelques trous d'aération juste avant la corniche, mais qui ne permettaient pas le passage d'un être plus gros qu'un écureuil. Il n'y avait pas non plus de cheminée. Ce n'était pas un toit prévu pour qu'on l'arpente, assurément.

Astrée caressa doucement la petite boule de poil et le remercia mentalement d'avoir pris le temps de l'aider. Même si c'était pour faire chou blanc à l'arrivée, elle savait l'effort qu'il avait dû fournir. Il était plus que temps, pour tous les deux, de dormir enfin. Quant aux moyens de pénétrer sans clé dans les écuries... et bien elle y réfléchirait le lendemain, à tête reposée. Pour l'heure, elle n'en pouvait plus.

Elle se réfugia donc prudemment dans la cachette qu'elle avait repérée un peu plus tôt, vérifia une dernière fois qu'elle n'était pas visible de l'intérieur du hangar, et s’emmitoufla dans une couverture. La paille était chaude et moelleuse, elle ne tarderait guère à dormir. Elle songea encore un moment aux dangers, aux difficultés auxquelles ils se heurtaient et qui lui paraissaient toutes plus insurmontables les unes que les autres. Son épuisement n'était peut-être pas étranger à cette sensation d'impuissance qui la minait. Non, décidément, mieux valait attendre demain pour analyser froidement tout ça. Penser à autre chose.
Elle glissa sa main dans sa poche, trouva la corde de luth roulée en boule, songea à Reynald dont elle était sans nouvelles et qui peut-être avait tenté de la contacter les jours précédents. Elle ne savait pas si elle parviendrait à le revoir un jour vu les risques qu'elle encourrait. Elle sentit une boule se former dans sa gorge et décida qu'il valait mieux cesser de penser à quoi que ce soit... Même la berceuse sylvestre lui faisait penser soit à Reynald, soit à Neffen.
Mais heureusement, elle était bien trop épuisée pour se torturer trop longtemps l'esprit. Elle espérait juste parvenir à se réveiller aux premières lueurs de l'aube.

La rôdeuse connut une nuit un peu agitée, dérangée par les bestioles qui vivaient dans la grange. Celles-ci ne s'intéressèrent pas particulièrement à la rôdeuse, mais ne se privèrent pas non plus de vaquer à leurs activités : chasse pour les fouines et les chouettes, batailles rangées pour les matous, promenade et étreintes couinantes pour les souris et autres rongeurs... Les araignées tissaient. Les moustiques bourdonnaient sans oser se poser sur le baume odorant de la rôdeuse. Prince soupirait de temps en temps dans son sommeil, calfeutré à l'intérieur de la chemise de sa maîtresse, seul refuge sûr en ces lieux dangereux.
Elle dormit et s'éveilla en boucles, et son organisme se plaignit de ces cahots nocturnes.
Au petit matin, du bruit dans la rue l'arracha à son sommeil. Elle n'était pas bien reposée.
Par la lucarne de la grange, elle put apercevoir la place devant les écuries. Deux silhouettes s'y trouvaient, elle reconnut Caribert et un autre homme de Montequine. Le ciel était encore gris, légèrement voilé. Le second homme commença à remplir des seaux à la pompe voisine tandis que le débourreur ouvrait le cadenas qui fermait la porte principale du grand bâtiment.

Prince... J'espère que tu as mieux dormi que moi et que tu es en pleine forme. Tu vas avoir du boulot aujourd'hui.
Elle bailla, chercha dans son sac quelques galettes données par Dymphéa, puis revint se poster près de la lucarne. Manger l'aiderait peut-être à se réveiller...
Bon... Elle avait besoin, en priorité, de trouver Sheldon. Elle aurait voulu également savoir combien il y avait de centaures dans ces deux écuries. Celles-ci semblaient abriter des centaures capturés au cours de la guerre et non nés en captivité, donc probablement des centaures sur qui ils pourrait compter s'ils devaient combattre. Mais il lui faudrait, pour cela, certainement aller les explorer elle-même, et pour cela être certaine de ne pas être dérangée, donc choisir un moment creux de la journée. S'il y en avait...
Elle comptait rester pour le moment à son poste, observant attentivement les activités de la place. Les deux hommes étaient-ils les seuls à s'occuper des centaures ? Se trouvaient-ils par là quasiment en permanence ? Non, ils allaient certainement, parfois, en conduire un à l'extérieur, comme ça avait été le cas pour Byron. Elle pourrait profiter de leur absence pour se glisser à l'intérieur, si elle était sûre qu'ils ne reviennent pas immédiatement... et si la place était déserte.

Elle ordonna à Prince de se faire abeille pour aller explorer d'abord l'écurie où s'était trouvé Byron, puis celle qui la jouxtait. Il fallait qu'il trouve Sheldon, à moins que par chance on le réinstalle dans l'armature de bois. Elle lui en donna une image aussi précise que possible - il s'en souvenait certainement. Elle lui suggéra de se faire voir de lui sous sa forme d'écureuil, en restant prudent. Peut-être le centaure roux se souviendrait-il qu'il lui appartenait... Et, s'il arrivait à comprendre sa demande, elle aimerait qu'il lui indique si tous les boxes étaient occupés ou s'ils étaient majoritairement vide. Si ses souvenirs étaient exacts, il devait y en avoir une quinzaine de chaque côté dans l'écurie de Byron. Elle n'avait jamais vu l'intérieur de l'écurie voisine. Ensuite, elle l'enverrait explorer les autres écuries du village... qui abritaient probablement des centaures domestiques. Il faudrait sans doute qu'il suive Caribert puisque c'était lui qui était en charge des centaures à dompter. Mais pour l'heure, la priorité était Sheldon.

Pendant que Prince partait en reconnaissance, Astrée observa la suite des activités sur la petite place. La structure en bois demeura déserte. L’homme aux seaux rentra dans l’écurie, deux autres arrivèrent et le suivirent, un troisième parut directement par la grande porte, sans doute entré par derrière. Des centaures parurent également, dont l’un transportant un chargement de grain. Les gens bavardèrent. Caribert finit par quitter l’écurie avec un centaure bai qu’il attacha à une barrière avant de le harnacher en sans se presser. La créature semblait parfaitement passive mais se cabra légèrement au moment où il l’enfourchait. Cela ne dura cependant pas longtemps et ils partirent au pas dans les rues. Il y avait, au total, beaucoup de mouvement et beaucoup de monde. Un second centaure fut amené sur la place et changea de mains, repartant avec une jeune femme qui venait d’arriver. Prince revint un peu plus tard avec les premières informations qu’il avait récoltées. Il y avait dix-neuf centaures dans l’écurie, tous des hommes. Aucun n’était cependant le chef de la harde.

Astrée grimaça. Il y avait fort à parier que l'écurie voisine contenait, elle, exclusivement des femmes centaures. Mais il fallait tout de même qu'elle envoie Prince le vérifier, au cas où. Et les compter aussi. Peut-être reconnaîtrait-il Kess ? Non qu'elle escompte obtenir une quelconque aide de la centaure : si leur chef n'était pas là, c'est probablement qu'on l'isolait des autres, et nul ne saurait où il se trouvait. Et puis, de toute façon, Kess ne lui ferait pas confiance. Cela dit, peut-être qu'elle se trompait, qu'il y avait deux écuries pour les hommes, et que les femmes étaient ailleurs.
Mais s'il ne se trouvait pas dans l'autre bâtiment, elle jouerait décidément de malchance. Qu'avaient-ils bien pu faire de Sheldon ? L'isoler ? Dans quel but ? Empêcher une évasion ou lui miner le moral ? De toute façon, elle ne voyait qu'un seul moyen de le retrouver s'il n'était pas dans l'écurie : filer Caribert. Il était probable qu'il passe le voir tous les jours. Il fallait donc qu'elle charge Prince de coller aux basques du débourreur.
Mais pour l'heure, l'homme venait de partir, elle pouvait donc envoyer Prince explorer le bâtiment voisin. En lui ordonnant de revenir rapidement si elle l'appelait, au cas où Caribert refasse sa réapparition.

Le débourreur ne reparut pas tandis que Prince reprenait ses pérégrinations vers la seconde écurie. Elle était plus petite que la première mais organisée de manière sensiblement similaire. A nouveau, elle ne renfermait que des centaures de sexe masculin, mais ils étaient plus jeunes que ceux du bâtiment opposé. Aucune trace de femmes, et donc de Kess, et aucune trace de Sheldon, à nouveau. Cette seconde écurie se prolongeait par un second hangar que l'abeille en profita pour visiter : c'était une large piste de sable couverte, sur laquelle travaillaient deux hommes et deux jeunes centaures encore adolescents. Pendant ce temps, le mouvement continuait sur la place : deux centaures furent emmenés dans les rues de la ville, un autre revint, et Caribert semblait parti pour un bon moment. Le soleil était désormais haut dans le ciel. Le clerc qu'Astrée avait entrevu lors de son arrivée à Montequine, des jours plus tôt, fit à un moment son apparition, et on lui amena un centaure blanc, auquel il prodigua manifestement des soins, mais de nature non magique. La rôdeuse vit aussi passer la petite fille qu'elle avait contribué à sauver, ainsi que l'herboriste. Ni l'une ni l'autre ne firent cependant plus que saluer les personnes au travail avant de continuer leur chemin.

L'apparition du prêtre attira son attention. Était-ce lui qu'elle avait vu l'autre soir, lancer un sort à Sheldon ? Elle ne le saurait peut-être jamais... Puis la vue de Madeleine la replongea dans des souvenirs guère agréables, avec subitement une vague angoisse : la gamine avait-elle la capacité de percevoir que Neffen était un centaure ? Non, c'était peu probable, et elle ne serait de toute façon pas aux aguets en ville.
En fait, il ne se passait rien d'impoortant. Il y avait trop de monde. Trop d'animation. Elle était coincée dans ce hangar depuis lequel elle ne pouvait rien faire à part donner des ordres à Prince. L'inaction, et les déconvenues successives, commençaient à lui peser. Il faut dire, à sa décharge, qu'elle avait mal dormi. Et bien trop peu. Cette simple pensée provoqua un bâillement. Peut-être devrait-elle songer à faire une sieste dans un petit moment. De toute façon, que pouvait-elle faire d'autre ? Sortir serait risquer d'être vue...
Elle renvoya Prince en exploration, sans consigne précise autre qu'explorer les rues alentours pour voir s'il y trouvait d'autres écuries... et Sheldon. Il pouvait aussi être exposé sur une autre place, dans un autre quartier, après tout. Mais non, elle n'y croyait pas. Elle lui demanda de ne pas trop s'éloigner pour être prêt à suivre Caribert s'il revenait, et, bien sûr, de la prévenir et de le suivre s'il avait la chance de le croiser. Et de ne pas s'épuiser inutilement, également. Il se reposer un moment s'il en avait besoin...

Pendant ce temps, gardant toujours un oeil sur la place, elle fit l'inventaire de ses découvertes. Ou plutôt de ses non-découvertes. Sheldon n'était pas là. Les écuries étaient inaccessibles durant la nuit. Il y avait trop d'animation la journée pour tenter quoi que ce soit. Et elle était coincée ici à ne rien faire... Peut-être devrait-elle se trouver une autre planque en journée. Existait-il quelque part un quartier moins animé où elle pourrait glaner des informations intéressantes ?
Histoire de se redonner un peu de coeur à l'ouvrage, elle avala un peu de viande séchée et une galette. Le ravitaillement serait également un problème si elle devait rester plusieurs jours ici. L'inaction lui pesait, mais elle n'avait guère le choix. A moins qu'il existe une autre issue à son hangar, donnant dans une rue déserte ? Non. Partir à l'aveuglette, sans but précis, serait prendre des risques inutiles. Elle ne pouvait compter que sur Prince, et sur ses explorations en soirée. Il lui faudrait donc dormir un moment dans l'après-midi pour être active cette nuit. Allez, disons... dans une heure ou deux. Elle rappellerait Prince pour qu'il fasse le guet pendant ce temps, pour ne pas manquer une réapparition du débourreur.

Prince se remit donc en mouvement. Tandis qu'Astrée lorgnait le village à ses pieds, elle entendit que l'on entrait dans la grange, murmures de conversations, et elle distingua, entre les planches disjointes de son perchoir, que l'on chargeait de la paille dans deux chariots. Comme de coutume, les humains se contentaient de superviser tandis que les centaures effectuaient le gros du travail, maniant la fourche, rangeant les ballots, puis soulevant les chargements pour les reprendre dans la rue. La paille ne fut pas emmenées vers les écuries, mais plutôt vers le bas de la ville. Prince revint une heure plus tard pour l'avertir de ses autres découvertes : quelques écuries individuelles accolées à des maisons, la forge du maréchal ferrant, l'écurie des enfants où ils semblaient vivre sans la présence du moindre adulte. Il avait aussi déniché une écurie réservée aux centaures de la garde. Les portes étaient ouvertes et de nombreuses personnes profitaient du beau temps pour vaquer dans les champs et en bordure de forêt. Aucune trace de Sheldon, toujours.

Astrée étira ses muscles engourdis par la longue immobilité, et se détourna un moment de la lucarne. Il faisait trop beau aujourd'hui, les rues étaient trop fréquentées. Elle se prit à espérer une journée de brouillard et de pluie, voire de tempête, où elle pourrait circuler dans les rues, calfeutrée dans sa capuche, sans croiser quiconque ni éveiller de curiosité... mais ce ne serait pas pour aujourd'hui. Non, décidément, le plus sage était de dormir pour pouvoir se lancer ce soir dans une exploration nocturne efficace.
Elle laissa Prince en faction à la lucarne, lui demandant de la réveiller dès que Caribert serait de retour. Ou, bien sûr, si des humains faisaient mine de vouloir monter la rejoindre dans sa cachette. Il lui faudrait ensuite suivre Caribert, peut-être en s'accrochant tout simplement à ses vêtements, jusqu'à retrouver Sheldon. Elle apprendrait ainsi, également, où logeait le débourreur, et saurait l'emplacement d'autres écuries éventuelles dont il avait la charge. Et il était fort possible que la filature dure jusqu'au lendemain matin...
Il n'était pas si évident de s'endormir en plein jour, même bien fatiguée. Elle rabattit sa couverture sur ses yeux, s'efforçant de ne pas laisser ses pensées tournoyer indéfiniment. Ce n'était pas le moment de se demander comment se procurer les clés ou de décider par avance l'itinéraire qu'elle suivrait le soir. Elle devait dormir. Elle songea aux paroles de Neffen. Il avait parlé de... ramener à la harde les centaures domestiques, ou quelque chose comme ça ? Si elle avait bien compris, une fois cela accompli, ils obéiraient automatiquement à Sheldon ? Cette race était... bizarre. Un peu comme des abeilles, finalement. Des abeilles géantes... Ce fut sur cette analogie étrange qu'elle se sentit sombrer.

Son sommeil fut cette fois plus réparateur. Elle s'éveilla environ deux heures plus tard, tandis qu'une pluie violente détrempait les rues, giboulée imprévue qui pétaradait sur le toit au-dessus d'elle. Prince était toujours sur le bord de la lucarne, écureuil aux poils ébouriffés. Pendant l'averse, tout le monde semblait s'être mis à l'abri, à l'exception d'un centaure attaché à la barrière qui, stoïque, affrontait les éléments. D'après ce que la rôdeuse comprit de ce que Prince lui suggéra, le débourreur était rentré quelques minutes avant le déclenchement de la tourmente, et il n'avait pas encore trouvé l'énergie d'aller le rejoindre sous une telle ondée.

Elle rejoignit l'écureuil et le prit un moment dans ses mains, le caressant doucement. Elle ne pouvait guère le blâmer de ne pas se précipiter pour affronter la pluie. Elle se demandait même ce qui lui avait pris, tout à l'heure, de souhaiter une tempête... Cela dit, si elle avait été certaine que le mauvais temps dure, elle aurait pu sortir. Si elle avait la moindre idée de l'endroit où se trouvait Sheldon, par exemple, elle serait allée lui parler.
Mais il ne s'agissait probablement que d'une courte giboulée, et elle ne serait guère avancée si elle se trouvait loin de sa cachette au retour du soleil. En si peu de temps, elle ne pourrait rien faire d'utile. Il restait à espérer que Caribert attende lui aussi la fin de l'averse pour sortir. Il ne lui semblait pas homme à reculer devant une tempête. Et surtout, qu'il ne sorte pas par la porte de derrière avant que Prince ne l'ait rejoint.
Elle expliqua à l'écureuil qu'il devrait traverser la place à toute vitesse dès qu'il s'en sentirait le courage, sans doute quand la pluie serait un peu moins violente, sous forme d'écureuil, et rentrer discrètement dans l'écurie où se trouvait Caribert. Puis, une fois à l'abri, se changer en abeille. Et suivre le débourreur partout là où il se rendrait. Le plus simple serait sans doute se s'accrocher prudemment à ses vêtements, dans son dos peut-être. Et si possible à l'abri de la pluie. Et des regards. Et des dangers d'écrasement. Et... Enfin... qu'il fasse ce qu'il pensait être le plus prudent. Mais Caribert pouvait les conduire à Sheldon bien plus rapidement que s'ils devaient explorer un par un tous les bâtiments de la ville. Il pouvait aussi leur indiquer à son insu l'emplacement d'autres écuries éventuelles abritant des centaures de la harde.
Elle répéta ses consignes. Suivre Caribert sans se mettre en danger. Trouver Sheldon. Et repérer aussi d'autres écuries éventuelles. Revenir, ou au moins la contacter, dès qu'il aurait trouvé Sheldon.

Prince s'en fut donc, écureuil trempé dans l'averse qui se calmait doucement. Peut-être ironiquement, la pluie cessa tout à fait au moment où il atteignit l'entrée des écuries et qu'il se faufila à l'intérieur. Pendant un moment, il ne se passa rien de bien surprenant : certaines personnes ressortirent et recommencèrent à vaquer à leurs occupations, sortant un centaure ou l'autre, transportant du matériel, ou devisant sur la place aux pavés rutilants. Caribert reparut un peu plus tard et Astrée eut la confirmation, par un léger frôlement d'esprit, que Prince s'y était vaillamment arrimé, prêt à visiter Montequine de fond en comble. La créature était étonnamment obéissante, peut-être percevait-elle l'épuisement de la jeune femme, toujours est-il que malgré sa perplexité — qu'elle ne pouvait dissimuler à sa maîtresse —, elle se pliait à ses désidératas sans rechigner. Le débourreur partit à pied, accompagné d'un homme plus jeune, qu'Astrée pensa reconnaître sans revenir sur son nom, et ils se dirigèrent vers le centre du village.
Puis débuta une longue attente, tandis que le soleil retrouvait son bleu ciel...

L'attente promettait d'être interminable. Mais puisqu'elle avait choisi ce point de guet pour aujourd'hui, il fallait qu'elle en apprenne tout ce qu'elle pouvait. Elle était tentée de contacter Prince régulièrement, pour vérifier qu'il allait bien, pour savoir où il se trouvait, ce qu'il voyait. Mais mieux valait lui faire confiance et le laisser se concentrer sur sa mission. Quant à elle, sa sieste l'avait un peu revigorée, et elle parvenait à réfléchir plus efficacement aux options qui s'offraient à eux.

Si Neffen parvenait à réveiller l'âme des centaures domestiques, et si les forces centaures se trouvaient alors supérieures aux forces humaines -ça commençait à faire beaucoup de si-, il s'agirait d'organiser un soulèvement de tous les esclaves. Sheldon le conduirait : elle pouvait lui faire confiance quant à la stratégie, il était certainement meilleur qu'elle -ce qui n'était pas difficile, il fallait bien l'avouer. Il aurait besoin d'informations sans doute, comme la position de la garnison, des armureries, ce genre de choses. Et son rôle à elle serait de libérer les centaures de leurs attaches, ce qui nécessiterait de repérer auparavant toutes les écuries, et de savoir s'y introduire. Donc, si on tablait sur une attaque nocturne, d'en avoir la clé. Il fallait qu'elle détermine si Caribert était le seul détenteur de ces clés ou si d'autres en possédaient des doubles. Donc qu'elle vérifie si c'était forcément Caribert qui ouvrait et refermait les portes, le matin et le soir, y compris les portes de derrière. Et puis, il n'avait peut-être pas toutes les clés...
Elle frissonna en songeant aux combats qui les attendaient peut-être. Il faudrait qu'elle essaie d'obtenir de Sheldon que ça ne tourne pas au massacre aveugle.

Et si les forces n'étaient pas équilibrées... et bien il faudrait trouver un moyen de sortir sans avoir à se lancer dans un combat désespéré. Et pour cela repérer également les portes dans les remparts, savoir qui les gardait, comment les ouvrir... Et trouver une ruse quelconque.
Tout un programme. Elle allait devoir passer une partie de la nuit, et des suivantes sans doute, à explorer le village de fond en comble. Mais pour l'heure, elle ne pouvait qu'observer les allées et venues sur la place et répondre à quelques questions basiques : durant quels horaires la porte était-elle ouverte ? Pouvait-on espérer s'introduire discrètement dans les écuries de jour ou l'endroit était-il trop fréquenté ? Ils ne refermaient tout de même pas à clé à chaque passage ? Les centaures nés en captivité avaient-ils les bras entravés ? Il faudrait qu'elle vérifie de quelle façon on entravait ceux-ci pendant la nuit aussi.
Décidément... Mieux valait cesser de réfléchir avant de se décourager devant la complexité de sa mission. Et observer...

La plupart des centaures qu'Astrée voyait entrer et sortir des écuries n'avaient pas les bras entravés, mais certains les avaient attachés dans le dos, ou devant leur poitrail. Tous paraissaient relativement nerveux et les mises en selle étaient souvent difficiles. Ceux qui circulaient dans la rue ou procédaient aux livraisons ne l'étaient généralement pas, là aussi avec quelques exceptions. La porte demeurait ouverte, mais il y avait tout le temps du monde sur la place. La traverser sans croiser quelqu'un paraissait pratiquement impossible, bien qu'il y ait parfois une minute ou deux de battement. Mais la place jouxtait une rue manifestement fort fréquentée.
Prince revint en milieu d'après-midi, sans le débourreur, voletant dans la brise. Il se fit écureuil dès qu'il eut franchi la lucarne et faillit s'endormir dans les bras de la rôdeuse aussitôt. Il reprit cependant ses esprits en devinant l'urgence et lui apprit qu'il avait trouvé Sheldon. Ce dernier était retenu non loin, dans une petite écurie plus centrale. Caribert était néanmoins en train de s'occuper de lui et paraissait en avoir pour un certain temps. Il sembla à Astrée que son compagnon était revenu la trouver à la fois pour l'en avertir, mais aussi pour se soustraire à ce qu'il se passait là-bas, bien qu'il ne l'exprimât à aucun moment de manière claire.

Astrée caressa doucement la petite boule de poils, félicitant longuement l'animal pour son courage et son sang-froid, avant de le laisser se glisser au chaud dans l'une de ses poches.
Elle n'était pas sûre du tout d'avoir envie de savoir ce qui se passait là-bas, d'imaginer à quelle type de torture Caribert pouvait avoir recours pour faire plier la volonté du chef des centaures. Elle espérait qu'ils n'étaient tout de même pas en train... de le castrer ? Non, ils avaient dit qu'ils donnaient deux veilles à Caribert pour tenter le domptage, on n'était pas encore tout à fait au terme. Elle espérait juste que l'évasion de Byron n'ait pas modifié leurs plans ? Peut-être devrait-elle s'en assurer, y aller. Mais il y avait trop de monde dans les environs, vraiment trop. Si seulement le temps pouvait à nouveau tourner à la pluie... Il faudrait qu'elle guette le moment opportun, s'il y en avait un. Sinon, elle attendrait le soir. Peut-être trouverait-elle une cachette à proximité de l'écurie de Sheldon, d'ailleurs. Si possible dans un secteur moins fréquenté...
Elle n'avait pour le moment rien d'autre à faire qu'à continuer son guet, aussi se réinstalla-t-elle le plus confortablement possible près de la lucarne. Si par chance le temps se gâtait à nouveau, elle irait voir au-dehors. Par acquis de conscience, elle demanda tout de même à son écureuil si la vie de Sheldon était en danger immédiat.

La Couronne de Cuivre

[Quête] Montequine