La Couronne de Cuivre

Sylvia sourit.
" Tilmandil a été adorable, et ta grand-mère s'est montrée très soucieuse de mon bien-être. Elle m'a montré quelques coins de nature agréables à l'extérieur de la ville, et Tilmandil s'est chargé de me faire visiter la cité... mais rien à faire, j'aime mieux les zones naturelles !"
Elle s'approcha de lui, et l'enlaça doucement.
" Tu m'as manqué, tu sais... Même s'ils ont été très gentil, ça n'est pas pareil. Je me sentais un peu étrangère... Un peu seule aussi..."

Kasumi l'attira tout contre lui - et poussa un soupir d'aise alors qu'il lui caressait doucement les cheveux - avant de répondre d'un ton doux :

- Je sais que ça ne devait pas être une situation facile à vivre. Je m'en veux un peu de t'avoir laissée seule au milieu d'une ville étrangère. Et avec ta belle-famille...

Il lui sourit un brin timidement, comme s'il mettait beaucoup de choses, beaucoup d'espoirs derrière cette expression d'apparence pourtant anodine.

- Je te promets de te montrer d'autres lieux naturels. On ira où ça te fera envie après que j'aurai laissé cette négociation derrière moi.

La rôdeuse grimaça.
" Sincèrement... Tu crois que c'est mieux que ce soit Eärundra qui t'accompagne ? Je sais bien qu'elle a plus de pouvoirs que moi, j'imagine que la raison voudrait que ce soit elle... mais je ne sais pas, ça m'ennuie un peu. En fait, je trouve qu'elle s'est tellement rapproché de toi... vous vous tutoyez, maintenant... et j'ai l'impression, égoïstement, qu'elle prend tout le temps que j'aurais voulu passer avec toi. C'est pas facile pour moi..."

Kasumi lui répondit d'un regard attendri avant de l'inviter à s'asseoir avec lui. Il nicha sa tête au creux de son épaule avant de répliquer d'un ton incertain mais sincère :

- Je crois que ce serait plus prudent. Parce qu'Eärundra est celle de nous trois qui connait le mieux le désert et qui possède les compétences pour s'adapter à sa dureté. Mais c'est avec toi et avec toi seule que j'ai envie de passer mes journées et mes nuits. Et que j'ai envie de voyager. L'Anauroch n'est pourtant pas un endroit dans lequel je me rends de gaieté de cœur. Et pas un endroit où j'aurais envie d'emmener mes proches.

Il marqua une pause, chercha à se montrer pleinement honnête en ajoutant :

- Eärundra et moi sommes devenus de bon amis au cours de ce voyage. Mais je ne voudrais pas que tu te sentes dans son ombre. Je ne l'aime pas, contrairement à toi. C'est à toi que j'appartiens. Et encore une fois, c'est avec toi que j'aimerais partir à l'aventure. Alors si c'est ce que tu veux, si c'est trop dur pour toi de nous laisser repartir, nous irons ensemble. Même si ça risque d'être difficile.

Elle soupira.
" Je ne suis pas complètement stupide, je sais bien que c'est plus raisonnable que ce soit elle... mais je vais encore devoir attendre, me ronger les sangs..."
Elle ferma les yeux un instant, blottie contre son épaule, cherchant à s'imprégner de sa chaleur, de son odeur, de son contact.
" Enfin, normalement c'est moins dangereux cette fois ? J'ai... moins de raisons de m'inquiéter ?"

Kasumi la laissa se détendre contre sa poitrine pendant un moment, se gorgeant lui aussi de ces sensations, de sa chaleur, de sa présence. Il aurait aisément pu se laisser glisser vers quelque songe mais il finit par répondre avec douceur :

- Nous ne partons pas vers l'inconnu cette fois. Nous savons où nous allons et il n'y a plus rien à négocier. Nous n'aurons à prendre aucun risque. Le shaman est un lâche mais il est honorable, à sa façon. D'autant plus que nous n'aurons pas à nous rendre sur ses terres, cette fois.

A nouveau, elle soupira.
" Si tu le dis... Je suis sûre, quand même, qu'Eärundra aurait pu se transformer en aigle et nous suivre. Mais peut-être qu'elle ne veut pas avoir à... tenir la chandelle comme on dit."
Un autre soupir, encore plus profond.
" J'ai pas envie de te laisser partir, vraiment pas... Dis... Est-ce que... Tu voudrais pas les renvoyer tous chez eux demain, qu'on puisse avoir un ou deux jours rien qu'à nous avant que tu repartes ? En public, je me sens sans cesse surveillée, jaugée, épiée... même si ça n'est sans doute pas le cas, je sais qu'ils sont adorables. Mais je ne me sens pas très à l'aise..."
Elle lui sourit.
" J'ai envie d'intimité... d'être un peu seule avec toi... Après tous ces jours à t'attendre... Mais bon, je comprends que tu veuilles aussi voir ta famille, ton père..."

Le sourire de Kasumi s'élargit et il passa une main distraite dans ses cheveux avant de répondre avec enthousiasme :

- Je les verrai à mon retour. Quand j'en aurai terminé avec le désert et les asabis. et moi aussi j'ai envie de rester seul à seul avec toi. Je ne pense pas qu'ils seront difficiles à convaincre : Tilmandil n'est pas à l'aise hors de la ville, Elryndel non plus et il se remet à peine. Et Elvilith les suivra, elle comprendra. Je leur en parlerai demain matin. Cela nous fera déjà une belle soirée à passer. Puis la nuit sera à nous deux.

Il ponctua sa déclaration d'un tendre baiser à la commissure de ses lèvres.

Elle lui rendit son baiser avec fougue. Puis un autre. Et un autre encore... Et...
Mais des éclats de rire, au-dehors, les obligèrent à se rendre à l'évidence : ils n'étaient pas seuls... et on les attendait sûrement pour le dîner.
Ils entendaient d'ici, les crépitements du feu qui venait d'être allumé.
" On vous attend les amoureux !
- Dépêchez-vous ou c'est moi qui me charge de faire à manger ! menaça la voix d'Eärundra. la druidesse était visiblement de retour.
- Hum... faut y aller, je crois..."

Le rôdeur répondit d'une voix rendue un peu rauque et absente par ces baisers et les promesses qu'ils laissaient entrevoir :

- J'en ai bien peur... Je n'ai plus si faim mais ils ne nous laisserons jamais tranquilles si nous n'y allons pas. Juste un dernier pour me faire patienter !

Il s'accroupit souplement sur la pointe des pieds avant de lui voler juste un dernier baiser et de lui offrir sa main pour l'aider à se relever. Sa famille les attendait : traîner était s'exposer à de légitimes quolibets qu'il espérait éviter. Du moins en partie.

A défaut de quolibets, il y eut des regards entendus, vaguement narquois même. Mais rien de bien méchant.
La table était mise, sur un affleurement rocheux, et tous les autres étaient déjà assis à même le sol. On se poussa pour leur laisser une place -ensemble-, et on leur tendit des fruits secs en guise d'apéritif. Elryndel leva son verre pour un petit discours de remerciements improvisé, et on but un peu plus que de coutume. Contrairement à ce qu'elle avait affirmé, Eärundra n'avait pas fait la cuisine, laissant la place à Elvilith qui, décidément, avait tout d'un cordon bleu, parvenant à des délices avec le peu d'ingrédients rustiques dont elle disposait. Kasumi savait maintenant d'où il tenait son don pour la cuisine... c'est du moins ce qu'affirma Eärundra.
Tilmandil leur joua quelques airs de flûtes, avant de convoquer magiquement un luth et de chanter les exploits imaginaires d'un demi-elfe dans les souterrains d'un autre désert, aventure se concluant par un vol sur tapis, une chanson que Kasumi reconnût puisqu'il l'avait déjà chantée, mais il lui sembla qu'il l'avait améliorée, aggravant un peu les périls et le faisant ressortir en héros sans peur et sans reproche. Il poursuivit sur une version complètement imaginaire des péripéties et autre avanies des combats entre Kasumi et les asabis -les rimes en i ne manquaient pas-, afin de conclure par... une berceuse, qu'il dédia à tous les neveux et nièces qu'il espérait bien avoir...

Kasumi s'était rapidement pris au jeu d'être la cible privilégiée de l'inspiration de son demi-frère mais il n'avait pu s'empêcher de rougir ou de faire mine de protester - respectivement quand le barde visait juste ou qu'il exagérait éhontément les exploits supposés du demi-elfe anonyme. Il ne put s'empêcher de chercher le regard de Sylvia à la mention des "nièces et neveux" et il piqua aussitôt un fard en surprenant l'expression entendue de Tilmandil. Mais, bon joueur, il fut le premier à applaudir la fin du récital :

- Si cette version de ce qui s'est passé dans l'Anauroch est une invitation à te raconter ce qui s'est réellement passé, j'ai bien pris le rendez-vous pour quand je rentrerai. Mais en attendant, ces jolies berceuses m'ont donné envie d'aller me coucher. Je crois que je pourrais dormir pendant une veille ! Merci pour le repas, grand-mère.

Personne n'était dupe de ses réelles intentions, évidemment.

Elryndel se leva pour leur souhaiter une bonne nuit, l'embrassant avec effusion -presque trop : peut-être l'effet d'un peu trop d'alcool.
" Hum... Vous devriez peut-être prendre cette infusion, pour mieux dormir, fit sa grand-mère d'un ton innocent, en leur tendant une tasse.
- C'est un aphrodisiaque ?, questionna Tilmandil, intéressé.
- Une infusion pour dormir, on t'a dit !", répliqua Eärundra en riant.
Kasumi remarqua que Sylvia avait rougi légèrement. Mais elle prit l'infusion avec un remerciement timide.
" De toute façon, pour dormir, il y a mieux que les infusions : j'ai appris plein de berceuses à Sylvia ! lança Tilmandil. " Mais puisque tout le monde sait que vous n'allez pas dormir... à quelle heure on vous lève demain ? Midi ?
- S'ils ne dorment pas, pas besoin de réveil, ils seront debout...
- Non mais à quelle heure on doit vous chercher ?
- Jamais, à mon avis !

Le teint de Kasumi avait - quant à lui - rougi visiblement et il avait accepté la tisane pour tenter de retrouver une contenance. Il tenta de faire abstraction des remarques que s'échangeaient gaiement son frère et sa grand-mère et répondit d'une voix faible et qui lui parut à lui-même assez peu convaincante :

- J'aimerais bien faire une petite grasse matinée alors ne m'attendez pas pour déjeuner demain matin. Tilmandil voudra certainement se mettre en route au plus tôt histoire de retrouver toutes ses admiratrices.

Une façon de préparer le terrain, d'aborder la question par la bande.

" Me mettre en route ? Pourquoi, tu as décidé de rentrer à la maison pour revenir ensuite ?
- Hum... Il n'a pas dit qu'on rentrait tous, intervint timidement Sylvia.
- Tu veux me virer du groupe ? Moi, ton frère ?
- Je pense qu'il veut tous nous virer..., intervint la grand-mère.
- Ah... Mais...
- Mais moi je serai dans le coin pour veiller, lança Eärundra, taquine. Je saurai tout, si vous voulez un compte-rendu !
- Je veux, bien sûr !
- J'espère quand même que tu viendras nous saluer avant notre départ ? Ou tu restes enfermé dans cette grotte quatre jours ? l'interrogea son père, visiblement un brin déçu.

Kasumi était désolé de provoquer tant de surprise et de déception mais il valait bien mieux mettre les choses à plat dès le soir même plutôt que d'attendre le dernier moment pour les aborder. Il se tourna vers son père et répondit avec un pauvre sourire :

- Je n'ai pas encore tout planifié : on pourra en discuter calmement demain. Mais je crois qu'il serait judicieux de se mettre en route un peu plus tôt. Mettons dans un jour ou deux. Nous éviterons ainsi les mauvaises surprises et nous aurons peut-être même la chance de repérer Huassasth avant le jour du rendez-vous et peut-être rentrer plus tôt que prévu. Dans tous les cas, tu pourras compter sur moi pour la fête !

" On y compte bien !
- Tu fais comme tu veux, bien sûr... de toute façon, tu comptes bien rester quelques jours, à ton retour ? Tu ne vas pas repartir tout de suite ? Il y a tellement longtemps qu'on n'a plus eu ta visite...
- De toute façon, il doit rester au moins jusqu'à la fête... et il lui faudra ensuite au moins une veille pour s'en remettre !
- C'est peu...
- Pour des elfes, sans doute. Pour des humains, c'est beaucoup..."

Spontanément, Kasumi se rapprocha de son père pour lui toucher l'épaule et répondre avec un sourire sincère :

- Je ne sais pas combien de temps nous pourrons rester cette fois : la famille de Sylvia risque aussi de s'inquiéter et j'ai aussi une ou deux choses à récupérer en Helonna après que nous soyons retourné au campement. Mais je n'attendrai plus aussi longtemps pour revenir vous rendre visite, vous avez ma parole. Et ça ne sert à rien de parler de demain alors que nous tombons tous de fatigue, non ? Je ne vais plus disparaître sans donner de nouvelles. Tilmandil y veillera au besoin !

" Tomber de fatigue, tomber de fatigue, mon oeil... ne put s'empêcher de rétorquer Tilmandil.
- Ah, ces humains et ces demi-elfes, ce sont des petites natures, tu sais bien qu'ils ont besoin de dormir...
- Ben voyons...
- Donc je vous dit bonne nuit à tous les deux !
- Je vais vous laisser également, je ne suis pas contre un peu de repos...
Elle se tourna vers Elvilith, hésitante.
- Je viens aussi, bien sûr. Ca fait un moment qu'on n'a pas eu l'occasion de bavarder...
Galawen, Tilmandil et Elryndel s'entre-regardèrent.
- Faut me dire, si je dérange, hein, je peux trouver une grotte pour moi tout seul !
- Mais non, on t'accepte, va...
- Bonne nuit à tous, donc !
Et le groupe se disloqua petit à petit, Eärundra et Elvilith s'éloignant vers les grottes les plus éloignées, Kasumi et Sylvia se dirigeant vers la "leur"

Kasumi garda un œil sur les différents groupes en train de rejoindre leur abri, un peu songeur. Qu'il était étrange de les voir tous réunis après ce long séjour dans le désert et même après toutes ces années qu'il avait passées plus ou moins seul. Ces réflexions l'amenèrent à se tourner vers Sylvia dont il avait attrapé la main. Elle aussi devait se sentir étrangère et un peu bousculée malgré la gentillesse de tout ce petit monde. Son besoin d'intimité lui était tout à fait compréhensible. Au-delà du plaisir de se retrouver, ils devaient un peu faire le point, digérer tout ce qui avait changé - parfois brusquement - dans leur vie. A l'entrée de la grotte, il se pencha à l'oreille de sa compagne pour souffler d'un ton ingénu :

- Je me demande ce qu'il y avait dans cette tisane ! En tous cas certainement pas de quoi m'aider à dormir : je n'ai plus vraiment sommeil tout à coup...

Sylvia se mit brutalement à rougir.
" Moi non plus... je veux dire, moi non plus je n'ai pas sommeil..."
Elle l'embrassa légèrement, mais la remarque anodine de Kasumi paraissait quelque peu la préoccuper. Elle ne put s'empêcher de préciser, s'embrouillant dans ses explications :
" Et la tisane... Ce n'est pas ce que tu penses... Enfin, peut-être que si, pour la tienne... mais ce n'est pas forcément ça pour la mienne."
Elle secoua la tête, puis sourit, un peu embarrassée.
" C'est une recette de ta grand-mère... Pour... enfin, c'est quelque chose dont on aurait peut-être dû parler ensemble... mais c'est quand même une histoire de femme. Enfin, je ne sais pas..."

Kasumi était intrigué mais non pas inquiet et son regard s'attendrit devant l'hésitation et la gêne apparente de sa compagne. Il lui caressa doucement la main et sourit pour l'assurer de sa confiance.

- Est-ce que tu veux qu'on en parle ma chérie ? Ou tu préfères que ça reste entre femmes ? Je comprendrai dans les deux cas.

" Oh, ce n'est pas un secret. C'est juste qu'on aurait dû en parler avant... Et qu'on n'y a pas pensé..."
Elle grimaça.
" En fait... ta grand-mère... m'a demandé si... si on avait pris des précautions quelconques, ou si je risquais d'être enceinte... Et c'est quelque chose qui m'était complètement sorti de la tête, j'avoue, je n'y ai pas pensé. Alors, si ça se trouve, peut-être que je suis enceinte... mais sinon, elle m'a donné une recette de tisane qui devrait m'éviter de l'être tant que je ne le souhaite pas..."
Avec un haussement des épaules, elle poursuivit.
" Alors je l'ai prise... mais c'est pas que je veux pas d'enfant, bien sûr ! C'est juste qu'il faut en parler avant... Puis, si ça se trouve, c'est trop tard de toute façon..."

C'était bien le sujet qu'il espérait - et redoutait un peu d'aborder tout à la fois. En tous cas, Kasumi conserva son sourire confiant et invita Sylvia à s'asseoir avec une grande prévenance. Alors seulement il répondit d'un ton doux en mesurant le sens de ses paroles au fur et à mesure où il les prononçait :

- Je voudrais des enfants... Je ne veux pas te le cacher. Maintenant ou plus tard, ce n'est pas si important pour moi. Mais je veux avant tout que tu te sentes prête, que nous nous sentions prêts à en avoir ensemble. C'est vrai que tout a été tellement vite et qu'on n'a pas abordé le sujet. Mais ça ne signifie pas que je voulais l'éviter. C'est juste que... Que ce n'était pas naturel pour moi d'en parler le premier. En tous cas je trouve normal que tu puisses douter : ça demande un certain engagement. Mais... Et toi ? Qu'en penses-tu ? Si tu avais à décider ?

" Moi ?"
La rôdeuse eût un petit rire.
" Mais moi j'en veux, bien sûr, je veux plein d'enfants ! En fait, je n'ai pas du tout envie de prendre cette tisane ! Et pour être complètement honnête..."
Elle rougit.
" J'aurais même été prête à en avoir d'une simple aventure sans lendemain, pour le plaisir de les tenir dans mes bras, peu importait qui soit le père, j'étais même prête à les élever seule ! Mais ça n'a pas marché... Et là, du coup, je ne sais pas vraiment ce que je dois faire, si je dois prendre ou non ces remèdes. Si je m'écoutais, je ne les prendrais pas, mais je ne voudrais pas te mettre devant le fait accompli et que tu te sentes piégé, ou quelque chose comme ça..."

Au lieu de répondre, Kasumi se pencha doucement vers elle pour lui planter un baiser passionné sur les lèvres. Devinant sa surprise, il s'écarta et ne put s'empêcher de rire à son tour avant d'ajouter avec une certaine euphorie :

- Je serais le plus heureux des hommes si tu m'annonçais un jour cette excellente nouvelle. Tu dois savoir que je serai présent pour nos enfants. Que tu n'auras pas à les élever seule. Et si ça doit attendre, je patienterai en sachant que nous désirons la même chose tous les deux. C'est un peu bête mais j'avais peur que tu ne veuilles jamais en élever. Que tu ne souhaites vivre les contraintes que cela impose... En tous cas, ce n'est pas la peine de prendre ces remèdes pour me ménager...

Sylvia sourit, radieuse.
" Alors je ne les prendrai plus ! Parce que je n'ai pas envie d'attendre... Tu sais, la période où une femme humaine peut avoir des enfants est relativement courte, et plus on est âgées, plus la grossesse peut poser des problèmes. J'ai déjà passé l'âge habituel des premiers enfants... donc je ne veux pas attendre !
Elle déposa un baiser mutin sur ses lèvres.
" D'ailleurs... je crois qu'on devait le faire maintenant, tout de suite, ce bébé..."
Sa voix s'était faite beaucoup plus enjôleuse, et ses mains commençaient déjà à le déshabiller.

Le regard de Kasumi s'illumina alors qu'il éprouvait la joie de la rôdeuse par empathie. Puis il sentit ses mains parcourir son corps et un frisson délicieux le parcourut de la tête aux pieds. Il répondit avec enthousiasme :

- Et nous essayerons encore et encore pour être sûr que ça marche !

N'attendant pas vraiment de réponse, il avança une main vers la taille de sa compagne, défaisant les lacets de ses chausses avec application sans plus la quitter des yeux. Il la gratifia de caresses aussi légères qu'attentionnées tandis qu'il achevait de la dévêtir patiemment. Puis, quand ils furent tous les deux complètement nus, il la contempla d'un regard neuf mais aussi passionné qu' au premier jour. Sa main droite remonta le long de son aine pour finalement se fixer sur l'un de ses seins, éprouvant par le toucher et la vue des sensations pleines, intimes, partagées. Oubliées les visions troublantes du désert devant cette perfection dont il détacha avec peine le regard. Alors qu'il sentait les attentions insistantes de sa partenaire sur sa propre intimité, il se pencha sur son corps chaud et murmura d'une voix rauque et ravie :

- Comment fais-tu pour être de plus en plus belle et radieuse de jour en jour ?

Elle lui répondit simplement d'un baiser, ayant depuis longtemps perdu la parole devant ces attentions tendres et passionnées.
Ils firent l'amour avec tendresse et fougue, avec passion et douceur, leurs corps s'embrasant en même temps, puis se reposant avant de mieux repartir à l'assaut l'un de l'autre, se connaissant, se répondant, s'enflammant à nouveau.
Ils s'endormirent fort tard, épuisés et comblés.

Kasumi se réveilla le premier, alors que le soleil était déjà haut dans le ciel. Il se sentait parfaitement détendu et reposé, malgré sa courte nuit. Sylvia dormait encore, mais il devinait qu'elle émergerait au moindre de ses mouvements.

Mais il se sentait trop bien en cet instant pour avoir envie d'y mettre fin. La discussion qu'il avait eu avec Sylvia la veille lui revint en mémoire et il se mit aussitôt à sourire, ressentant une vague d'euphorie : l'un et l'autre n'avaient plus peur de se livrer et semblaient sur la même longueur d'onde, partageant des aspirations et des désirs communs. Jamais il n'aurait osé espérer des retrouvailles aussi parfaites. Des retrouvailles qui s'étaient terminées dans les bras l'un de l'autre, qui les avait amenés à partager leur plaisir, à se livrer et s'offrir l'un à l'autre sans contrainte, sans arrière-pensée, fixés sur la satisfaction de l'instant présent tout en ayant l'assurance que le lendemain serait aussi radieux et chantant. Il tourna très légèrement la tête vers sa compagne et sentit son cœur s'accélérer alors qu'il contemplait son visage, ses légères tâches de rousseur, la courbe délicate de son nez, celle - plus pulpeuse - de ses lèvres, les mèches indisciplinées mais d'un roux étonnant sur son front. Au-delà de tous ces détails qu'il adorait individuellement, c'est sa sérénité qui le faisait vibrer une fibre en lui à cet instant. Alors, simplement heureux de cette vision, de la sensation de chaleur qui se dégageait d'elle, de son odeur agréable, il attendit le moment où elle ouvrirait les yeux pour le trouver à ses côtés.

La Couronne de Cuivre

[Désert d'Anauroch] Quête : Racines