La Couronne de Cuivre

Taliesin assura son interlocuteur que ses enfants savaient se tenir, réserva donc les places puis s'en retourna à l'auberge.
Le coche, c'était fait ; le courier, c'était fait : il n'avait donc plus aucune démarche à accomplir. Ni aucun projet particulier, d'ailleurs : ce n'était pas comme s'ils étaient restés oisifs ces derniers temps, ou comme si Pont-d'Ire offrait beaucoup de possibilités.
Bref : une soirée paisible, une nuit tranquille et ils seraient partis.

La nuit le fut, tranquille, d'autant que les enfants dormaient dans une autre chambre, et Taliesin ne fut donc dérangé par personne : pas de ronflements, de soupirs, de paroles prononcées au creux d'un rêve, de besoin pressant au milieu de la nuit. Le lendemain, ils purent se lever à leur aise, petit-déjeuner copieusement dans la salle de l'auberge, puis, une fois que Taliesin eut réglé leur séjour, ils firent une promenade digestive jusqu'à la route principale. Ils la traversèrent prudemment, bien sûr, mais privé de souvenirs de l'accident, Baptiste ne ressentit rien de cette peur extrême qui saisit parfois les gens victimes de drames. Le retard pris dans leur voyage fit qu'ils se retrouvaient à voyager, à nouveau, avec la Compagnie d'Hélonna. Le coche était un véhicule impressionnant, bleu ciel, tout en longueur, qui comprenait trois rangées de sièges placées dans le sens de la route. Les deux premières comprenaient trois places et la dernière seulement deux, car le coche avait une forme évasée, plus étroite devant et derrière. Il était tiré par cinq chevaux, placés en flèche, à la robe grise.
L'attelage était mené par deux personnes, une femme humaine et un halfelin, qui accueillirent les voyageurs à leur arrivée.
" Bienvenue dans le coche en direction de Togoria, dit la femme. Je suis Jenny, votre cocher, et voici mon postillon, Sagramor. Bon, nos autres passagers roupillent encore, je propose que vous preniez les deux rangs arrières, comme ça vous serez tranquilles. Sagramor va prendre vos affaires et les fixer sur le toit, on pourra les descendre ce soir, mais gardez avec vous ce dont vous aurez besoin pour la journée."

Ainsi firent-ils.
Lui-même n'aurait pas besoin de grand chose, durant le trajet : mais il conseilla aux enfants de prendre de quoi se distraire, qu'il s'agisse de livres ou du fameux jeu de cartes offert à Marius par Amrod.
Restait à espérer que cela suffirait pour un voyage qui s'annonçait autrement plus ennuyeux que celui qui les avait menés jusqu'ici.

Les deux autres voyageurs se présentèrent peu après. Le premier était un humain encore jeune mais aux cheveux presque totalement gris, qui portait des vêtements de bonne facture, sobres, et dont il était difficile de deviner la profession. Le second était un homme plus âgé, taillé comme une barrique, les joues rosies par un goût pour la bonne chère. Il n'était pas plus aisé de se faire une idée de son art mais il ne voyageait manifestement pas avec le premier. Comme Taliesin et les enfants étaient déjà installés dans le coche, ils ne virent pas les sabots de Titus, installé dans le fond avec Baptiste, mais il était clair que dès la première halte, ils ne pourraient pas manquer l'étrange race de leur compagnon de route.
Une fois que tout le monde fut installé, Jenny fit claquer son fouet et les chevaux se mirent en branle. Il ne leur fallut que quelques minutes pour quitter Pont d'Ire, après quoi ils prirent un petit galop soutenu et filèrent dans la campagne, vers l'ouest.

Le barde n'aurait rien de particulier à faire durant les heures à venir, sinon veiller à ce que la marmaille reste relativement tranquille et silencieuse. Il n'aurait pas, non plus, beaucoup de moyens pour s'occuper : s'il n'y avait eu d'autres passagers, il aurait pu se livrer à des exercices magiques mais voilà, d'autres passagers, il y en avait. Alors il devrait se contenter de regarder le paysage.
Au moins celui-ci était-il charmant.

La matinée se déroula tranquillement. Victor et Marius sortirent rapidement les cartes et, plutôt que d'opter pour un jeu connu, inventèrent quelque chose de neuf et de proprement incompréhensible pour l'observateur, car les règles semblaient changer à mesure que progressait la partie. A l'arrière, Baptiste s'endormit rapidement, signe qu'il n'avait sans doute pas parfaitement récupéré de sa mésaventure. Titus, lui, rassembla bientôt toutes les mouches du coche sur son petit morceau de fenêtre et sembla leur tenir un conciliabule, tout en lorgnant le paysage jauni par l'été.
Ils firent une halte à midi, auprès d'un trio de petites maisons au toit de chaume. Il semblait y avoir un semblant d'échoppe où on vendait de la nourriture et suffisamment d'ombre pour s'installer un moment pour déjeuner avant de reprendre la route.

Accueillant avec plaisir cette pause, qui serait l'occasion tant de se sustenter que de se dégourdir les jambes, Taliesin demanda aux enfants de ne pas s'éloigner de lui tandis qu'il irait acheter leur pitance. Une fois le repas terminé, il les laisserait se défouler mais, dans un premier temps au moins, il préférait que tout le monde reste groupé. Par ailleurs, il se tiendrait prêt à réagir aux éventuelles réactions hostiles des deux autres passagers quand ils viendraient à découvrir la nature de Titus : il faudrait faire montre de diplomatie, tout en prenant, au besoin, la défense du petit faune.

Mais aucun des deux passagers ne se montra hostile. Ils ne parurent pas même s'en soucier beaucoup. Le plus jeune s'installa sous un chêne avec un livre, le plus âgé musarda entre les maisons et passa un long moment à bavarder avec leur cocher, puis avec le fermier qui habitait la plus grande des trois maisons. Les enfants jouèrent sur l'esplanade entre les maisons, avec deux jeunes chiens pleins d'énergie et d'excellente humeur. Seul Titus s'écarta pour profiter un peu de la nature environnante, mais sans s'éloigner, respectant en cela les consignes de Taliesin.
Il leur fallut ensuite repartir et ils reprirent les mêmes places dans le coche, qui fila bientôt sur la piste, emporté par ses cinq chevaux gris.

Et ils reprirent, aussi, les mêmes activités que précédemment, quoique le barde se dit qu'il y ajouterait, peut-être, une sieste digestive.
Les enfants s'étaient fort bien tenus durant toute la matinée et même pendant la pause. Il espérait qu'il en irait de même durant l'après-midi et, au besoin, il raconterait des histoires à ceux qui viendraient vraiment à s'ennuyer. Il croisait les doigts, aussi, pour que le lieu où ils s'arrêteraient leur permette de jouer un peu en extérieur : cela leur ferait du bien et ce serait bien mérité après une pareille journée de voyage.

La sieste de Taliesin fut de courte durée car Marius et Victor décidèrent d'escalader les sièges pour rejoindre Baptiste et Titus à l'arrière, où il n'y avait absolument pas la place pour quatre enfants, quelle que soit leur taille. Baptiste fut le premier à faire le trajet dans le sens inverse, puis aida Titus à le rejoindre à côté Taliesin, mais le faune se prit le sabot dans la lanière d'un sac à dos, trébucha et heurta le barde, l'arrachant à ses rêveries. Les deux premiers s'imaginèrent alors bandits de grand chemin et se placèrent à la fenêtre pour canarder les autres voyageurs sur la route de flèches imaginaires. Il était clair qu'il allait falloir faire quelque chose avant que la pression à l'intérieur du coche ne le fasse exploser comme une marmite.

Bon, il était temps de sortir l'une de ses armes secrètes...
-Les gars, je comprends que vous commenciez à en avoir assez, mais il va encore falloir prendre votre mal en patience un certain temps, sans quoi nous risquons d'importuner les autres voyageurs... leur dit-il à mi-voix. Cependant, je peux essayer de rendre la fin du trajet moins pénible. En vous narrant quelques aventures inédites de Gérard de Berge, par exemple. Qu'en pensez-vous ?

" Il doit être drôlement vieux, avec tout ce qui lui arrive, à ce Gérard de Berge, remarqua Baptiste d'un ton un peu acide.
— Il est immortel ! s'exclama Marius, avec emphase.
— C'est un personnage inventé, Baptiste, fais pas ton malin !" rétorqua Victor.
Titus, évidemment, n'en pensait rien.

Au moins avait-il capté l'attention de deux d'entre eux ! Des deux plus bougeons : des autres, il n'y avait pas grand chose à redouter.
-Inventé, inventé, en es-tu si sûr ?
Sourire en coin.
-Mais donc, un beau jour...
Et de débuter un récit qu'il prévoyait long, pour vraiment les occuper, et aussi animé que riche en rebondissements, pour capter leur attention de bout en bout. Du moins était-ce l'objectif...

S'ils furent captivés, ils ne manquèrent pas de manifester leur approbation avec bruit et enthousiasme. Les deux autres voyageurs ne se plaignirent pas pour autant : ils firent contre mauvaise fortune bon coeur et écoutèrent le récit du barde. Même Baptiste parut finalement intéressé. Titus, lui, n'avait pas encore le niveau de commun pour suivre parfaitement les aventures du personnage et de toute façon, il paraissait généralement un peu déstabilisé. Quand le barde en eut fini, ils étaient encore loin de l'étape du soir, malheureusement...
" C'était trop bien ! s'exclama Marius.
— Ça me rappelle ma jeunesse, dit le plus âgé des deux hommes. Ma mère était une spécialiste de Gérard de Berge. Elle prétendait même l'avoir rencontré !"
L'autre voyageur était moins enthousiaste.
" Quel... barbare, si vous me pardonnez l'expression. Je ne suis pas sûr que si j'avais des enfants, je voudrais qu'ils s'inspirent d'un tel modèle. Sans critiquer nullement l'interprétation, bien sûr."

-Oh, mais je vous comprends très bien, répondit le barde, conciliant. Et pour être honnête, je n'ai pas spécialement envie, moi non plus, qu'ils prennent Gérard de Berge comme modèle. Heureusement, les histoires n'ont que rarement pareille influence. Pour l'heure, en tout cas, elles se contentent de stimuler leur imagination, d'inspirer leurs jeux et, surtout, de les distraire.
Ce qui était l'essentiel.

" Les jeunes ont besoin d'héroïsme ! renchérit l'aîné des deux étrangers.
— Il existe bien des formes d'héroïsme." dit l'autre.
Baptiste bailla aux corneilles.
" Une autre ! Une autre ! s'époumona Marius, faisant trembler le coche.
— Ouais ! Gérard !" ajouta Victor.
Titus poussa un bref soupir mais n'ajouta rien.

Il acquiesça.
-D'accord. Mais en échange, restez calmes et aussi silencieux que possible, d'accord ? Je ferai en sorte qu'à notre arrivée, vous puissiez bouger et faire autant de bruit que vous voulez mais en attendant, songez à nos compagnons de voyage... Je peux compter sur vous ?
Et ce serait donc parti pour un nouveau récit... à rallonge !

Ni Victor, ni Marius ne parvinrent à rester silencieux et calmes, trop emportés par le récit de Taliesin. Baptiste tenta de les cadrer d'un "chhhhhhhuuuuut !" excédé mais à la trente-cinquième fois, il laissa tomber. Le voyageur amateur de Gérard profita du récit tandis que l'autre tentait, tant bien que mal, de reprendre sa lecture.
Enfin, le coche ralentit et s'engagea sur une route secondaire. Ils trottèrent quelques minutes dans un environnement plus arboré puis s'engagèrent dans une allée bordée de statues monumentales et s'immobilisèrent un peu plus loin, sur l'esplanade devant un superbe château de pierres grises, planté sur sa motte et entouré de douves. Le pont-levis était baissé.
" Bienvenue à la Motte, annonça Jenny d'une voix forte. C'est notre étape pour la nuit.
— Wow." lâcha Baptiste, stupéfait, ce qui résumait assez bien l'humeur générale.

-N'y pensez même pas ! dit Taliesin avec un sérieux sciemment démesuré. Si vous vous habituez à la vie de château, je ne suis pas sorti de l'auberge. Alors non, navré : ce soir, pour vous, ce sera bivouac sous la tente !
Il plaisantait, bien évidemment. Mais il espérait que les maître des lieux n'avaient rien contre les gosses ayant un énorme besoin de se dépenser bruyamment... En tout cas, ce serait une étape aussi originale qu'imprévue, ce qui n'était pas pour lui déplaire.

" Le coche est trop lourd pour le pont-levis, il vous faudra traverser à pied, dit Jenny. Mais on s'occupe de vos bagages. Le seigneur des lieux vous attend de l'autre côté."
Impressionnés, les enfants suivirent les deux autres voyageurs et Taliesin au-dessus des douves. Elles étaient profondes, et on devinait le dos argenté d'un poisson, affleurant de temps en temps à la surface. La façade du château, grise et couverte de lierre, se dressait au-dessus d'eux et ses oriflammes battaient au vent. Les fenêtres étroites, sombres, semblaient les observer.
" Ils sont là ! Ils sont là !" pépièrent soudain des voix aiguës et de petites silhouettes détalèrent sous l'arche de la porte.
Comme les visiteurs y parvenaient, un jeune homme en tablier apparut.
" Bienvenue à la Motte aux Gens, voyageurs ! s'exclama-t-il. Par ici je vous prie."
Il s'effaça pour les laisser entrer dans la cour. Loin d'être sévère comme les remparts, elle était en pleine activité. Des poules et des oies s'y égayaient, le four fumait, un forgeron travaillaient dans un coin et plusieurs longues tables étaient installées au milieu. Il y avait aussi une trentaine de personnes au bas mot, la plupart occupées, mais pas toutes.
" Vos chambres sont dans l'aile sud, je vais vous montrer. Nous mangeons dehors ce soir, j'espère que ça ne pose de problèmes à personne, mais avec ce beau soleil, et vu la température glaciale à l'intérieur... On s'est dit qu'il fallait en profiter."
Un groupe d'une demi-douzaine d'enfants les observaient, dissimulés ici et là.

Certes, il ne fallait pas se fier aux apparences, mais l'endroit ne lui faisait pas l'effet d'être une demeure seigneuriale. Du moins, de l'être encore. Sans doute s'agissait-il désormais d'une sorte d'hostellerie destinée aux voyageurs... Remarquez, un seigneur avait très bien pu décider de transformer ainsi sa résidence, en profitant de sa position privilégiée... Enfin : le barde finirait par connaître le fin mot de l'histoire. Dans l'immédiat, tout ce qu'il pouvait dire, c'est que les lieux lui plaisaient et qu'il n'aurait probablement aucun souci à se faire concernant les enfants, qui pourraient s'amuser tout leur saoul et ce, en bonne compagnie.

Le jeune homme qui les avait accueillis les mena jusqu'à un escalier de pierre qui grimpait vers le premier étage de l'aile gauche du château. Un court couloir, muni de quatre portes y débouchait. Il installa les deux voyageurs seuls dans les pièces de droite, et Taliesin et les enfants dans celles de gauche, qui communiquaient. L'unique salle d'eau, à partager, était au bout du couloir, dans une salle ronde qui se trouvait en réalité dans une des quatre tours d'angle.
La double chambre donnait vers la cour, un peu bruyante à l'heure actuelle, mais leur hôte les assura qu'ils ne seraient pas dérangés plus tard dans la nuit. Les lits étaient simples mais propres et frais, et il y avait de quoi loger quatre personnes dans chacune des deux pièces, ce qui était amplement suffisant.
" La cour vous est ouverte, bien sûr, et je suis sûr que vous trouverez quelqu'un pour vous conduire au ponton des douves. Evitez juste les écuries et les étables, les animaux sont parfois effrayés par le bruit." dit ensuite l'hôtelier aux enfants.
Sur un sourire, il les laissa ensuite s'installer.

Une fois tout le monde installé, et à moins qu'ils ne veuillent faire la visite des lieux autorisés du château en sa compagnie, ils auraient quartiers libres. Si Titus les accompagnait, il leur demanderait simplement de veiller sur lui et de s'assurer que les autres enfants ne lui cherchent pas des noises voire, mieux encore, qu'ils l'acceptent dans leurs jeux : ce serait bien si le petit faune, une fois n'est pas coutume, se voyait réserver un bon accueil...

HRP : heu... y'a que quatre mômes

Les enfants étaient partisans de profiter de la cour — la seule partie du château à leur disposition, jusque là — et dès qu'ils furent redescendus en bas des marches, ils disparurent dans la petite foule, l'un à gauche, l'autre à droite, le dernier au centre. Titus resta en arrière, cramponné à la main de Taliesin : il y avait beaucoup trop de gens aux alentours pour qu'il se sente à l'aise. Les regards, sans s'arrêter sur lui, le frôlaient indéniablement. L'elfe n'entendit aucun commentaire, cela dit. Il repéra leur hôte, qui discutait avec une femme plus âgée près d'un cochon à la broche. Leur cocher était assise à l'une des tables, une chope à la main, tandis que le postillon bavardait avec le plus âgé des deux voyageurs. Le plus jeune arriva derrière Taliesin, dans l'escalier, et le gratifia d'un sourire embarrassé avant de chercher quelque chose du regard... quoi, sans doute ne le savait-il pas lui-même car la joyeuse cohue de la cour était indéniablement déconcertante.

HRP : Navré, réminiscence du temps où Lola était du nombre.

Il allait donc mener son exploration en compagnie de Titus. Et qui sait ? Une fois plus habitué aux lieux et à leur animation, peut-être aurait-il envie de rejoindre le reste de la petite bande. Il ne l'y forcerait pas, cependant, et si vraiment il le sentait trop mal à l'aise, il essayerait de lui trouver un endroit plus tranquille, comme un éventuel jardin intérieur ou cette fameuse jetée. Si rien ne lui convenait, tant pis, il pourrait toujours se retirer dans la chambre. Il espérait, toutefois, que les choses n'en arriveraient pas là.

Titus resta cramponné à sa main et ils circulèrent dans la cour encombrée. Les gens les saluèrent mais le barde réalisa qu'ils étaient passablement stupéfait d'accueillir un tel duo : un elfe du soleil et un faune, ils étaient peut-être les seuls de leur race respective qu'ils verraient jamais. Les enfants semblaient avoir disparu, seuls restaient quelques bébés et des adolescents plus âgés, qui donnaient généralement un coup de main aux adultes. Petit à petit, cependant, les travaux prenaient fin, chacun se choisissait un bout de table ou de banc, se faisait servir quelque chose. Une femme d'un certain âge, mais encore très vive, s'arrêta devant eux.
" On ne vous a encore rien proposé à boire, je vois. Que puis-je vous servir, messire ? Et à toi, petit bout ?"
Le faune disparut derrière Taliesin.

-Ne lui en veuillez pas : Titus est du genre timide et comme il a parfois été... mal accueilli, disons, cela n'arrange rien, répondit le barde, souriant.
Puis il se pencha vers le petit faune et lui parla en sylvestre.
-Tout va bien : cette dame t'a juste demandé ce que tu voulais boire. Et elle m'a l'air tout ce qu'il y a de plus gentille.

" Il est trop mignon." ajouta la femme.
Titus demeura dissimulé derrière Taliesin.
" C'est votre familier ?"

Il faillit rire, tant la remarque était cocasse. Mais ça n'aurait pas été très respectueux.
-Point du tout, dit-il d'un ton amical. C'est mon pupille.
Voilà qui, de son point de vue, éclaircissait les choses de manière diplomate. Car il n'y avait eu, lui semblait-il, aucune malice dans la remarque de la femme : juste de la méconnaissance.
-Bon, il est décidément trop impressionné pour répondre... J'imagine qu'un jus de fruit lui conviendrait, si vous en avez. Quant à moi... Une bière, peut-être ?

La femme acquiesça, pensive, sans quitter Titus des yeux, avant de sourire et de revenir au barde.
" D'accord. Une bière et un jus de fruits. Trouvez-vous une place quelque part : personne ne mord, pas même les chiens !"
Puis elle s'esquiva vers ce qui ressemblait à un comptoir, autour duquel étaient attroupés une dizaine de personnes en grande conversation. Pour le reste, il y avait effectivement moyen de s'asseoir un peu n'importe où autour des tables.

La Couronne de Cuivre

[Quête] A travers la vallée...