La Couronne de Cuivre

Elle finit par ouvrir les yeux et poser sur lui un regard un peu embrumé, puis pétillant de joie. Elle se tourna légèrement et souleva la tête pour l'embrasser, avec douceur et tendresse.
" C'est un bonheur de me réveiller dans tes bras, murmura-t-elle. Est-ce qu'il est tard ? Tu crois que les autres ont déjà déjeuné ?
La lumière vive pénétrant dans la grotte semblait indiquer qu'ils étaient en milieu de matinée, et que le temps était plutôt clair, mais nuageux à en juger par le bout de ciel qu'ils apercevaient. le froid était piquant, et le contraste avec les jours précédents particulièrement rude. Ils devinaient du givre dans les recoins 'ombre qui subsistaient.

Kasumi affichait un sourire rêveur et son regard était captivé par celui de Sylvia. il approcha son visage du sien et posa ses lèvres sur sa joue puis contre sa tempe avant de murmurer d'un ton calme et posé :

- Il n'est jamais assez tard pour moi quand je t'ai à mes côtés au réveil. Mais ma famille aura très certainement déjà mangé : les elfes dorment peu, c'en est presque injuste ! J'ai appris depuis longtemps qu'il était inutile de tenter de rivaliser avec eux sur ce plan là.

Sans même s'en rendre compte, il passa une main sous leur couverture pour lui caresser tendrement l'épaule avant d'ajouter d'un ton langoureux :

- Est-ce que tu as des envies particulières pour la journée ? Tu as peut-être envie de voir le petit cadeau que je t'ai ramené, non ?

Si la première question, concernant ses envies, la fit s'alanguir, tendre les lèvres pour un baiser, la seconde stoppa net cet élan.
" Tu m'as ramené un cadeau ??!!"
Sylvia, soudain parfaitement réveillée, se redressa d'un bond, envoyant valser les couvertures.
" Et tu me dis ça seulement maintenant ? Espèce de cachottier ! Tu l'as caché où ce cadeau ? Montre-moi !"
Ses yeux brillaient d'une curiosité presque enfantine.

Kasumi éclata de rire de sa réaction presque enfantine mais - une fois de plus et alors que la lueur du jour la mettait encore davantage en valeur - il ne put que s'extasier devant le spectacle du corps nu de la rôdeuse rousse. Il se leva lentement, juste pour jouer un peu avec la curiosité de Sylvia et pour le plaisir de la contempler un peu plus longuement puis il posa leur couverture sur ses épaules avec prévenance avant de déclarer.

- Si tu peux attendre juste une minute, je vais le chercher et te le rapporter. Je ne pouvais tout de même pas prendre le risque que tu le retrouves dans mon sac !

Il faudrait pour cela prendre le temps de s'habiller, par décence pour les elfes qui l'attendaient au dehors encore plus que pour lutter contre le froid piquant régnant dans la grotte.

Sylvia serra la couverture un peu plus fort autour d'elle, cherchant un peu de chaleur, et ne put s'empêcher de le bombarder de questions en s'habillant.
" Parce que tu l'as mis où, le cadeau ? Dans le sac de provisions ? Ou... dans le sac d'Eärundra ? Tu sais que ça ne se fait pas, d'utiliser le sac d'une autre pour transmettre un cadeau à une femme ? Tu as vraiment fait ça ? Tu veux dire qu'Eärundra l'a vu, qu'elle sait ce que c'est ?
Cette idée n'avait pas vraiment l'air de lui plaire... Et même l'arrivée de Vif-Argent, qui vint se percher sur son épaule, ne parvint pas à la distraire de ses interrogations.

Kasumi sentit que le moment était venu de lui parler même s'il s'en voulait de briser ce beau moment et de risquer de renforcer les inquiétudes de Sylvia. Alors, après avoir enfilé ses chausses à la hâte, il se tourna vers la rôdeuse et lui offrit sa main, lui renvoyant un regard un peu grave :

- Dans le désert, il y a eu un moment où je n'étais pas sûr de m'en sortir. Où j'ai dû me livrer aux asabis. Je croyais qu'ils me tueraient. Je voulais t'offrir un dernier gage de mon amour au cas où je ne pourrais pas revenir. Alors je l'ai confié à Eärundra, oui... Mais finalement, ils n'ont pas réclamé ma vie...

Il marqua une pause pour laisser le temps à la jeune femme de digérer la révélation et... d'y réagir si elle le souhaitait. Il ne disait pas tout. Pas que les asabis lui avaient pris bien d'autres choses. C'était à Sylvia de prendre l'initiative de l'interroger si elle avait besoin de le savoir. Il répugnait à partager ce poids avec quiconque dans le cas contraire.

Digérer l'information ne semblait pas chose facile.
Sylvia ouvrait des yeux ronds comme des soucoupes, et mit quelques secondes à reprendre la parole.
" Tu t'es... livré à tes ennemis ? Tu es fou ? Enfin, connaissant ces brutes, tu devais t'attendre à ce qu'ils te tuent ! Si j'avais su, jamais je t'aurais laissé partir sans moi ! Je ne m'attendais pas à ce que tu prennes des risques pareil..."
Puis elle fronça les sourcils.
" Et tu dis... qu'ils n'ont pas réclamé ta vie ? Pourquoi ? L'argent leur suffisait ? D'ailleurs, tu sais que quand tu as parlé de rançon, on a tous cru qu'Eärundra avait été capturée et qu'ils attendaient une rançon pour la libérer ?"

Kasumi baissa légèrement les yeux et son regard se fit penaud. Il prit quelques secondes pour puiser de la force en lui et répondit alors d'un ton calme, en sérénité avec lui-même pour essayer de transmettre à Sylvia sa confiance :

- Je ne me suis pas livré sans garanties... J'ai d'abord tenté une autre approche mais ce n'était pas moi. Et elle a échoué. Je me suis rendu seulement quand j'étais assuré qu'ils ne cherchaient pas ma mort. Il y avait un risque cependant alors je ne voulais pas partir sans te dire au revoir au travers de mon cadeau. Mais je n'en suis pas sorti tout à fait indemne. J'ai accepté de verser l'or pour réparer une partie du tort que j'ai causé sans le vouloir. Mais c'est devenu une sorte de rançon pour ma liberté, pour laisser cette histoire derrière moi et qu'ils me laissent aller définitivement sans plus chercher à me nuire. Mais avant cela j'ai dû apaiser les fantômes de mes victimes en m'excusant auprès d'eux. Et aussi accepter de ne plus attaquer d'asabi sans discernement... Cela n'a pas été tout à fait facile mais je ne m'en suis pas senti diminué quand je l'ai fait. C'est même comme si on m'avait ôté un poids des épaules.

Il marqua une pause, chercha à puiser davantage de force en lui puis dans le regard de Sylvia, dans l'assurance qu'elle l'écoutait et le comprenait - au moins dans une certaine mesure - puis il enchaîna d'une voix plus faible :

- Et pour faire lever la malédiction, j'ai dû donner une partie de moi. Une partie de ma force.

Il se redressa alors pour plonger cette fois son regard dans celui de sa compagne, sans plus chercher à se protéger.

Il lut de l'étonnement dans ses yeux, puis vint la compréhension, et même la compassion.
" Une partie de... ta force ?"
Doucement, elle s'assit près de lui et passa un bras autour de ses épaules.
" Ça... ça fait mal ? Tu n'as pas l'air tant changé que ça, pourtant... Je n'ai rien remarqué en tout cas. Mais c'est vrai que je ne t'ai pas vu combattre ni soulever de lourde charge... Ça doit être... difficile... de se savoir diminué ?""

Il accueillit son contact avec joie, posant doucement sa tête sur son épaule comme s'il avait soudain besoin de se sentir en connexion avec elle pour lui répondre le plus sincèrement possible :

- Je suis soulagé que tu n'aies rien remarqué... Hier soir. Je m'en serai voulu de ne plus pouvoir partager tout ce que voulais partager avec toi.

Quelque peu inquiet tout de même, il rechercha sa confirmation avant de poursuivre :

- C'est déstabilisant. Cela l'a été encore plus le premier jour. J'ai dû m'adapter et je vais avoir de nouvelles limites à accepter. Mais je suis confiant : je ne cherche pas à regagner à tout prix ce que j'ai perdu. J'ai le sentiment que je m'y ferai. J'ai d'autres forces, d'autres ressources. Tu es l'une d'elle. Et je suis heureux de pouvoir tant puiser de bien être à être à tes côtés.

La rôdeuse était songeuse.
" La force, ça peut se regagner, il me semble... je vais te concocter un entraînement spécial, digne de ce qu'on faisait dans notre adolescence ! je suis sûre qu'en un rien de temps tu vas retrouver tes muscles !"
Elle sourit.
" Mais... tu es sûr que ce n'est pas une sorte de malédiction ? Tu as demandé à un clerc ?"

Kasumi avait souri de la bienveillance et de la complicité qu'il avait senti de la part de Sylvia en cet instant. Son ton se fit pourtant plus grave durant un instant :

- J'ai demandé à Ta'sslan, l'ami druide d'Eärundra. Selon lui, l'esprit des asabis qui m'a prélevé cette force est quasiment divin. Pour la retrouver, il me faudrait donc demander cette faveur à un être aussi puissant que lui. A un autre dieu... Je préfèrerais ne pas partir à la recherche du miroir aux alouettes comme l'a fait mon père. Cela ne lui a valu que fausses pistes et déceptions. Donc je ne veux pas me raccrocher à cette idée là. En revanche, j'accepte avec joie ton entraînement ! Je serai ton élève et tu seras mon instructrice, comme autrefois !

Mais Sylvia n'abandonnait pas la partie.
" Il y a peut-être des clercs puissants à Everaska, qui pourraient avoir un autre avsi que Ta'sslan ? Mais je ne sais pas s'ils aideraient un demi-elfe, ce ne sont pas forcément les dieux que tu révères... Quel Dieu serait susceptible de venir en aide à un demi-elfe... Mielikki, peut-être ? Il faudrait un clerc qui puisse intercéder pour toi... je ne sais pas dans quelle mesure c'est possible, je n'y connais rien dans ce domaine, mais ça ne me semble pas complètement absurde de l'envisager..."
Elle resta un instant songeuse, puis finit par sourire, espiègle.
" Mais dans tous les cas, je ne te dispenserai pas d'entraînement ! Tu vas retrouver ta forme en un rien de temps !"
Elle jeta un coup d'oeil au-dehors, évaluant l'heure.
" Mais pour ça, on ferait mieux de commencer par déjeuner, non ?"

Kasumi lui adressa cette fois un clin d'œil complice, puisant de l'énergie et de l'allant dans l'enthousiasme de sa partenaire. Mutin, sa main descendit sans prévenir dans son dos, caressant sa peau du bout des doigts avant de répondre avec espièglerie :

- Mais avant toute chose, il va falloir songer à nous habiller ! Je te rassure : je ne résisterai sans doute pas longtemps avant de vouloir te retirer tes vêtements à nouveau mais tant que ma famille est là - et surtout Tilmandil - mieux vaut se montrer sages.

La jeune femme répondit à ses caresses d'un doux baiser, avant d'acquiescer.
" Oui, je préfère éviter de faire du nudisme devant ton frère... Il a beaucoup trop tendance à jouer les séducteurs et à se laisser charmer par n'importe quelle jeune femme qui passe..."
Elle lui fit un clin d'oeil mutin.
" Mais ne t'en fais pas, il ne s'y est pas risqué avec moi. Il a juste insisté pour m'apprendre à danser... et accepté, aussi, de m'apprendre des dizaines de comptines pour enfant !"
Tout en bavardant, elle attrapa ses vêtements et les enfila rapidement, avant de lui jeter un coup d'oeil critique.
" Maintenant que tu me le dis, et que je regarde bien... tes muscles ont l'air d'avoir un peu fondu, c'est un fait ! On va y remédier...."

Le demi-elfe était encore tout à sa tendresse mais il ne s'était pas interdit d'observer à nouveau la nudité de Sylvia sans pour autant se montrer par trop démonstratif et intrusif. Il s'habilla alors lentement à son tour avant de la rejoindre et de passer une main derrière sa taille, posée sur sa hanche.

- Alors c'était vrai ? Je suis impatient de t'inviter à danser !

Et - cette fois en se penchant pour lui murmurer à l'oreille :

- Et de t'écouter chanter ces comptines à nos enfants !

Sylvia fit durer volontairement l'habillage, ou du moins il en eût l'impression. Elle sourit, rougissant légèrement, lorsqu'il parla de danse, et surtout lorsqu'il évoqua leurs enfants, mais elle se contenta d'acquiescer doucement, en silence, avant de lui prendre la main pour l'accompagner dehors.
Comme ils l'avaient escompté, les elfes étaient tous levés, et la "table" du petit déjeuner avait été prise d'assaut. Fruits frais -plus familiers que ceux du désert-, formage, jambon, lait, thé, pain frais, confiture et miel... de quoi prendre un petit déjeuner délicieux qui lui ferait oublier tous ceux de la veille écoulée.
Leurs compagnons avaient fini de déjeuner, mais ils avaient pris soin de leur laisser un peu de tout. Eärundra et Elvilith discutaient, un peu à l'écart. Le père de Tilmandil, encore assis avec Galawen et Tilmandil, leur fit signe de les rejoindre. Il semblait parfaitement détendu, reposé. Tilmandil avait son air malicieux habituel.
" Alors les amoureux ? Bien dormi ? Hum, pardon... passé une bonne nuit, devrais-je dire ? parce que sans vouloir te vexer, tu n'as pas l'air si reposé que ça..."
" Tilmandil !"
" Et bien quoi, c'est la vérité non ? Je trouve que Kasumi n'a pas l'air spécialement en forme..."

Kasumi dédia à son demi-frère d'un clin d'œil taquin et répondit d'un ton innocent :

- J'ai passé une très bonne nuit et toi ? Mais tu as raison : il m'en faudra d'autres pour me remettre de mon voyage dans le désert !

Il fit le tour de la "table" improvisée pour embrasser son père puis - avec davantage de pondération - Galawen et laissa Sylvia s'asseoir où elle le désirait avant de prendre place à ses côtés. Le petit-déjeuner paraissait succulent et il avait hâte d'y gouter.

Le petit déjeuner était nettement meilleur que ceux qu'il avait concoctés au cours de son voyage. mais c'était peut-être l'effet du climat, ou le plaisir d'être à nouveau en famille.
Galawen et son père saluèrent les nouveaux arrivants, avant de reprendre leur conversation, détendue, qui portait sur les amis d'Elryndel que Galawen avait invités et dont elle se refusait à donner le nom. De fil en aiguille, ils évoquèrent plusieurs connaissances de la famille, dont Kasumi se souvenait plus ou moins vaguement. En particulier deux clercs qui leur avaient rendu visite l'avant-veille, se félicitant du rétablissement du diplomate, et se demandaient, bien évidemment, comment ça avait été rendu possible... Ils avaient été, également, très intéressés par l'expérience du monde du Rêve qu'Elryndel leur avait relatée.
" Il est probable qu'ils viennent t'en demander davantage... parce que pour moi, c'est très flou, ce qui s'est passé dans ce drôle d'univers..."

Kasumi ne boudait pas son plaisir et dégustait les mets qui lui semblaient bien plus savoureux que dans ses souvenirs. Quand Elryndel lui posa une question, il reposa sa troisième tartine à la confiture de framboise à peine entamée pour trouver le temps de lui répondre :

- Oh, ça ne me pose aucun problème : je les verrai à mon retour ou alors à cette petite fête qui s'annonce ! Tu dois être impatient de recevoir à nouveau du monde, non ? Surtout qu'ils ne viendront pas pour s'inquiéter de ta santé cette fois...

" Oui, c'est agréable de reprendre une vie normale. Surtout que je n'y croyais plus guère... Je ne te serai jamais assez reconnaissant de ton aide...
- Hey, c'est grâce à moi ! C'est moi, quand même, qui suis allé à sa recherche dans ces lointains pays des mers de l'ouest...
- Tu as bien fait, effectivement. Et même si tu avais échoué à m'aider... je suis heureux, aussi, que ça t'ait donné une raison de revenir. Je sais bien que tu ne comptais probablement pas couper les ponts définitivement, j'attendais patiemment que tu te décides à faire le chemin jusqu'ici... mais les événements ont hâté ton retour et c'est une bonne chose.

Kasumi regarda tour à tour son père, son frère puis Sylvia et les autres. Il prit conscience de tout ce qui aurait été différent s'il n'avait pas décidé de revenir. Il n'aurait pas revu son père, cet homme sage qu'il admirait et s'efforçait d'imiter dans les moments où il privilégiait la négociation à son naturel tourné vers l'action. Il n'aurait pas eu connaissance de l'existence de son demi-frère, un phénomène dont il était extrêmement fier et qui l'incitait sans cesse à dépasser ses limites, à réfléchir à ses choix. Il y avait bien sûr Eärundra dont l'amitié lui était précieuse, dont le regard sur le monde l'avait amené à prendre de la hauteur et à réfléchir à ce qui comptait vraiment pour lui. Et - plus important que tout - il y avait Sylvia, leurs retrouvailles, leurs amours, tout ce qu'ils avaient enfin osé se dire et partager. Celle qui avait réveillé la partie en lui qu'il n'avait jamais pleinement assouvi. Le regard brillant et un peu flou, il répondit d'une voix chaleureuse tout en glissant une main sur celle de la rôdeuse assise à côté de lui :

- Oui papa, c'est vraiment une très bonne chose. Je suis heureux d'être revenu. Et que tu te sois remis.

" Je crois qu'on fêtera le retour du fils prodigue en même temps que la résurrection du père !," lança joyeusement Galawen.
Eärundra et Elvilith revenaient vers eux, discutant à voix basse. Elles s'interrompirent en approchant, et la druidesse sourit à Kasumi.
" Bon... il va nous falloir décider ce que nous faisons dans les heures et jours à venir. Je sais que Sylvia veut essayer de monter un aigle... Et as-tu décidé de qui devait t'accompagner, Kasumi ?
La druidesse avait posé la question d'un ton neutre, et Kasumi nota qu'elle évitait de croiser le regard de Sylvia.

L'approche de la druidesse était pour le moins directe mais il ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir besoin d'être fixée sur sa participation ou non à ce dernier voyage. Il répliqua d'une voix pondéré, en ne fuyant pas le regard de Sylvia, bien au contraire :

- Nous en avons discuté tous les deux hier soir. C'est dur pour nous deux de nous séparer aussi vite... Mais il est plus prudent que tu m'accompagnes cette fois encore, Eärundra. Tu as des talents complémentaires aux nôtres pour ce qui est du désert. A moins que tu veuilles essayer de monter l'aigle avant que nous nous décidions définitivement, Sylvia...

Sylvia secoua négativement la tête.
" Non. La décision est prise, même si c'est un peu rude pour moi... Mais je veux quand même essayer de monter un aigle ! Ça doit être grandiose, de voler !
- Oui, ça l'est..., sourit la druidesse. Et Kasumi pourra vous montrer... Il a bien progressé durant tous ces jours de voyage, il sait se faire comprendre et obéir de sa monture... il faut juste éviter de le laisser chasser en plein vol, sauf si vous aimez les sensations fortes !

Kasumi sourit lui aussi, fier de l'abnégation de sa compagne. Il ne pouvait qu'imaginer combien ça lui coûtait et pourtant elle n'avait pas tergiversé. De son côté, il était partagé entre une pointe d'inquiétude devant les dangers que représentaient un premier envol et la joie de partager ces sensations incomparables avec Sylvia.

- Oui, je te montrerai. Nous volerons ensemble. Dès que Rubis et Opale seront prêts. Mais avant cela, Eärundra, est-ce que je peux récupéré quelque-chose que j'ai laissé dans ton sac de voyage ?

" Hum... Tu parles de tes sous-vêtements de notre dernière nuit commune ?"
Tilmandil gloussa, et Sylvia serra les lèvres.
" Ca va, je plaisante. Mais j'hésite, je ne laisse pas n'importe qui fouiller mon sac ! Enfin, je pense savoir ce que tu veux prendre, donc je te laisse y aller... Il est dans la grotte que tu vois là-bas, l'avant-dernière, à côté de celle de Léo. Il n'est pas encore revenu de sa chasse matinale..."

Kasumi jeta un regard sévère à la druidesse : qu'avait-elle besoin de plaisanter sur ce sujet sensible pour Sylvia ? Qu'à cela ne tienne, il était persuadé que la rôdeuse avait assez de sagesse pour ne pas prendre ces petites sorties au sérieux. Il se leva sans un mot mais avec un vague hochement de tête en remerciement pour les indications puis se dirigea vers la grotte indiquée, bien décidé à récupérer l'objet qu'il comptait offrir à Sylvia. Dès que le moment serait venu en tous cas...

Il trouva sans peine l'objet qu'il avait fabriqué, soigneusement enveloppé dans des tissus. il et nota au passage que la druidesse avait tout aussi soigneusement protégé le cadeau qu'il lui avait offert, ainsi que le lion qu'elle avait elle-même sculpté. Preuve qu'elle y tentait particulièrement.
Lorsqu'il revint vers ses compagnons, ceux-ci s'affairaient à ranger les vestiges du petit déjeuner. Sylvia se porta à sa rencontre, impatiente.
" Alors, tu l'as trouvé ?"
Personne ne semblait vraiment faire attention à eux... ou alors ils dissimulaient poliment leur curiosité.

Kasumi lui dédia son plus beau sourire tout en dissimulant l'objet dans son dos. Comme à son habitude, il chercha à faire durer le plaisir, s'amusant de l'impatience de Sylvia :

- Bien sûr ! Mais tu le veux vraiment tout de suite ? Tu ne préfèrerais pas que je te montre comment voler d'abord ? Le cadeau serait toujours là à notre retour... Il ne va pas s'envoler !

La Couronne de Cuivre

[Désert d'Anauroch] Quête : Racines