[Lieu] Les taudis

[Nynaeve]

Quête : Dans le bain.


Le petite fille commença confuse à refermer la porte, obéissant à son frère.
"Attend, pourrais-tu juste prévenir ton frère que Luaryne est venue lui faire un p'tit coucou, s'il-te-plait..?" lança-t-elle alors que la porte de se refermer.
Même si elle ne savait si ses paroles avaient été saisies allaient être reportées, Myrhela attendit impatiemment que la porte se réouvre..

[Galathée]

Gaspard rouvrit la porte quelques seconde plus tard, manifestement confus.
« Luaryne, je suis… je suis désolé. » murmura-t-il, rougissant. « Ahum. Je ne sais pas… Ce n’est vraiment pas un endroit… Et je ne peux pas vraiment partir maintenant, pas avec Sally et… »
Le braillement d’un bébé résonna alors derrière lui et il grimaça.
« Je ne peux pas sortir. »
Il avait l’air hésitant.
« Si tu bouches ton nez et que tu fermes les yeux et que tu oublies tout ce que tu auras vu ensuite… Peut-être que tu pourrais quand même entrer ? »

[Nynaeve]

"Ah.. je dérange.. j'suis désolée, c'est juste que j'ai ma journée de libre.. les bains ont fermé aujourd'hui, 'fin je me suis dit que j'pouvais peut-être essayer de te rendre visite, mais je ne veux pas gêner, on pourra se revoir une autre fois en cas," dit-elle simplement pour les apparences, mais n'ayant aucune envie de partir. La dernière phrase de Gaspard avait animé sa curiosité. Oublier ce qu'elle verrait? Jamais! Cependant Myrhela assura le contraire au jeune homme..

[Galathée]

Gaspard était profondément embarrassé, mais il invita Myrhela à l'intérieur. La masure était sombre, mal entretenue, et plusieurs fissures de mauvaise augure lézardaient sur les murs humides. Il l'entraîna jusqu'à une petite pièce qui servait de cuisine, dans laquelle fumait un âtre accueillant parmi les mauvaises odeurs. La petite fille s'y trouvait, perchée sur une chaise, et dans un panier sur le sol gigotait un bébé pâle qui se remit à pleurer aussitôt le jeune homme entré. Il s'accroupit d'ailleurs pour le prendre dans ces bras, puis dévisagea Myrhela avec une grimace, dégagea une chaise sur laquelle dormait un gros chat noir, et la lui offrit, avant de s'appuyer sur la table en berçant le nourrisson.
" Ma mère est sortie. Faut que je garde le fort." fit-il avec un sourire gêné. " Enfin, si on peut appeler ça un fort... Je suis désolé, ce n'est pas très romantique."
Réalisant ce qu'il venait de dire, il rougit comme une tomate et étouffa une quinte de toux dans son poing.
" Et je peux juste t'offrir du thé, j'en ai peur."

[Nynaeve]

Le fait que Gaspard appelle la maison un fort la surprit, mais passa outre pour le moment.
"Oh non ça ira je n'ai pas soif, puis je ne suis pas venue ici pour te piller ton garde à manger", fit-elle en souriant.
Maintenant qu'elle était entrée, elle ne comprenait pas trop ce que Gaspard ne voulait pas qu'elle voit.. Elle espérait bien avoir l'opportunité justement de voir et de bien marquer dans sa mémoire ce qu'elle était censée devoir oublier..
Même si elle aurait bien aimé simplement parler de choses futiles au jeune homme, elle ne pouvait se permettre de simplement bavarder avec lui. Mais elle ne savait pas comment amener la conversation là où elle le voulait avec finesse. Bah lance toi et tu verras bien se dit-elle.
"Tu joues souvent les nourrices? Tu as l'air de bien t'en sortir en plus dans ce travail.. J'ai souvent plus vu les garçons s'adonner à des trafics qu'à cela", dit-elle presque en rigolant, mais espérant sérieusement que la discussion prendrait la tournure voulue. Sinon tant pis elle retenterait sa chance dans un petit moment.

[Galathée]

Le jeune homme eut un sourire un peu penaud.
" On fait ce qu'on peut. Ma mère est parfois... enfin, elle n'est pas toujours très... disponible, on va dire." fit-il en haussant les épaules. " Alors faut bien... avoir plusieurs cordes à son arc. Je ne sais jamais bien quand elle va rentrer. Et je peux pas vraiment laisser les petits tout seuls."
" J'suis pas p'tite, d'abord." ronchonna Sally, perchée sur sa chaise.
" Je sais bien, Sal."
Il sourit à Myrhela.
" C'était bizarre de te voir aux Thermes l'autre jour. Je ne savais pas que tu bossais là. Enfin, c'était une bonne surprise, c'est pas ça."

[Nynaeve]

Bizarre de me voir aux thermes.. parce que c'est le lieu de trafics? se demanda-t-elle
"Ben.. encore heureux que tu ne connais pas tout de ma vie quand même.. fit-elle avec enjouement, en fait je n'y travaillais pas quand on s'est rencontré la première fois. Enfin là c'est juste un boulot pour gagner un peu d'argent le temps de trouver quelque chose qui me plait vraiment.. Mais dit moi, il y a un truc qui me surprend, tu ne fais allusion qu'à ta mère; Flore m'avait dit qu'elle passait masser ton père à domicile car il ne pouvait plus se déplacer, il n'est pas ici?"
Un nouvel essai, pas très discret trouvait-elle tout de même, mais si elle ne tentait rien, le soleil aurait le temps de se coucher qu'elle n'aurait rien appris de nouveau. Cela la peinait assez d'essayer de se servir ainsi de Gaspard, mais le connaissait-elle vraiment de toute façon? Il avait l'air d'un aimable jeune homme, assez enclin à passer outre la loi, mais jusqu'à quel point? Bah, se servir un peu de quelqu'un est pardonnable, pensa-t-elle, faire passer un jeune homme que l'on apprécie assez avant tous ces gens qui souffrent du trafic de lotus noir l'était surement moins..

[Galathée]

" On n'a pas d'père." fit Sally avant que Gaspard eut pu ouvrir la bouche.
Il demeura alors muet, rougit, puis poussa un profond soupir.
" Non, y'a pas d'père." répéta-t-il, d'une voix lente. " C'était... c'était juste... parce que..."
Il grimaça.
" Oh bah... Je peux te faire confiance, t'es du coin, hein ?" fit-il. " C'était un mot de passe. Une manière de dire à ta patronne que quelqu'un devait passer la voir. C'est tout, j'faisais juste le messager. Mais je ne la connais pas, elle, je te promets. J'ai juste dit ce qu'on m'avait dit de dire."

[Nynaeve]

"Ouais je vois, je comprend que tu aies pu être surpris de me voir travailler là-bas, fit-elle un sourire restant sur ses lèvres pour tenter de détendre l'atmosphère le plus possible vu qu'elle allait tenter de creuser le sujet, je me demande bien qu'est-ce qui mérite autant de prudence de la part de cette personne.. C'est quelqu'un que tu connais bien qui t'as envoyé faire cette commission?"
Peut-être trouverait-il cette curiosité suspecte mais tant pis.. le risque en valait surement la peine pensa-t-elle.

[Galathée]

Gaspard eut une nouvelle grimace, et jeta un regard en coin à sa petite soeur, qui lui tira la langue, puis haussa les épaules et sortit de la pièce, une expression rusée sur le visage. Elle avait manifestement compris qu'il désirait rester en tête à tête avec son invitée, mais rien n'indiquait qu'elle ne resterait pas en embuscade, curieuse de la conversation.
" Ecoute, Myrhela..." commença Gaspard, dès que Sally fut hors de vue. " Ici... Enfin... Dans ce quartier de Luménis... On est un peu soumis, comment dire... A un gouvernement parallèle, on va dire. Une économie parallèle ? Disons que la milice ne peut pas vraiment faire régner l'ordre et jusqu'ici les conseillers et tous ces richards des beaux quartiers n'ont pas vraiment trouvé de solutions pour nous... Pour les gens qui ont peu de choses... Alors fatalement... Certains groupements se sont implantés... Ils font la loi, ils t'aident si tu les aides, ils t'écrasent si tu les défies... C'est sans doute pas évident à comprendre pour toi, tu viens de loin, mais j'imagine que ça fonctionnait pas différemment là d'où tu viens, s'il y avait des coins plus difficiles... Bref. Moi je travaille pour un... un de ces groupes."
Il soupira.
" Ce n'est pas exactement la matière de mes rêves, mais les rêves... Il y a des endroits où on en a moins. Où on les range."
Il haussa les épaules.
" Donc je fais ce que je peux, je louvoie. J'avais l'intention de ne pas trop me mouiller, mais mon frère aîné s'est mis dans une sale situation, en gros. Alors j'essaie de le racheter. Puis d'apporter de quoi bouffer aux petits, au passage."

[Nynaeve]

Myrhela avait remarqué la gêne de Gaspard de parler de tout cela, mais elle ne voulait pas en rester là et avoir seulement appris qu'il se déroulait dans cette ville les mêmes choses que dans son ancienne cité, et surement en fait dans toutes les cités existantes.
"Oui je comprend, j'avais entendu parler de ce genre de pratiques dans mon ancienne cité, mais j'ai eu la chance de ne pas y avoir été confrontée personnellement. Je me suis toujours dit qu'il devait bien y avoir une solution pour contrer ces gens.. mais bon je ne l'ai pas encore trouvée.. Mais ces groupes ont quoi comme buts à part avoir une sorte de pouvoir sur leur quartier? Juste gagner de l'argent? J'aimerais parfois connaitre ces gens et leurs dire leurs quatre vérités à la figure.. Tu les connais les chefs de ces organisations toi?"
Myrhela se doutait que la petite fille, même si assez respectueuse de son grand frère d'après elle, avait une curiosité de la même trempe qu'elle. Écouter les conversations en douce avait toujours été attirant pour elle, c'est pourquoi voir dépasser la figure de Sally dans un coin ne l'aurait pas surprise. Cependant, étrangement elle ne remarqua rien de suspect. La petite fille serait-elle très douée pour se cacher dans l'ombre? se demanda Myrhela..

[Galathée]

" Ce sont les choses habituelles, tu sais." fit-il en haussant les épaules. " Pour la plupart, ce sont des trafiquants d'objets volés ou de lotus noir... Certains sont actifs dans le racket, d'autres montent des opérations de cambriolage plus vastes... Il y a les tueurs à gages, heureusement peu nombreux, puis les proxénètes... Quant aux chefs... Leurs noms sont généralement connus, mais ils sont invisibles. Intouchables. Surprotégés. Certains doivent même habiter dans les quartiers fleuris, derrière des façades respectables... A mon échelle, on connait leurs noms, mais on se contente de travailler avec des intermédiaires. C'est ce qui finira par t'arriver aussi, si tu traînes dans le coin. Heureusement, avec ta vivacité, j'imagine qu'on trouvera autre chose à te suggérer qu'un coin de trottoir..."
Il toussa dans son coin, gêné d'avoir osé sous-entendre quelque chose d'aussi sinistre, mais au moins, Myrhela sentait qu'il avait été honnête avec elle.

[Nynaeve]

L'idée de devenir un agent double la traversa, mais elle la rejeta immédiatement. Elle n'était pas venue à Luménis pour se créer de nouveaux ennuis. Elle comprit que Gaspard n'allait surement pas lui donner les noms des chefs de ces groupes, mais elle réalisa alors qu'elle n'avait pas pensé à quelque chose: ces noms étaient surement connus de Kérun ou de de d'autres agents, seulement ils ne faisaient rien contre ces gens. Impuissance contre ces personnes? Peur d'une apparition de nouveaux chefs de groupe? Elle ne le savait, mais comptait bien le demander à Kérun la prochaine fois qu'elle le verrait.
En attendant, un changement de sujet semblait à ses yeux propice. Elle ne voulait pas attirer l'attention sur elle vis à vis des trafics, et puis Gaspard ne lui apprendrait surement rien en plus de toutes façons.. Myrhela tenta donc d'amener la conversation sur un sujet plus futile..

[Galathée]

Bien qu'il n'en dise rien, Gaspard sembla soulagé de changer de sujet, et comme par miracle, la petite Sally réapparut peu après, son "sixième sens" l'ayant sans doute avertie que la conversation avait repris un tour plus acceptable pour ses jeunes oreilles.
Gaspard vanta les nouveaux bains luméniens, la qualité de l'eau et surtout des massages puis interrogea Myrhela, Luaryne, sur ses projets pour le futur proche. Il finit aussi par mettre un thé à chauffer et le lui servit dans des tasses ébréchées mais propres. Il n'était pas mauvais.

[Nynaeve]

Ses projets pour le futur proche et encore plus pour le futur lointain étaient encore très flous. En venant à Luménis elle n'avait pensé à rien d'autre qu'à fuir son ancienne vie, à s'en aller loin de tout ses mauvais souvenirs, à tout simplement oublier et repartir à zéro. La question de Gaspard l'interloqua, elle ne faisait que survire et non vivre vraiment, trouvait-elle. S'installer, avoir une famille et une vie tranquille? Voyager, découvrir de nouveaux horizons? Aider une cité à laquelle elle ne s'était pas encore très attaché?
"Je dois avouer que je me suis souvent laissée porter par le cours du destin et de mes envies du moment. Une vie tranquille pourrait m'attirer, cependant la peur de la monotonie me retiens beaucoup d'y rêver, et toi alors quels sont tes rêves? Ça me donnera peut-être des idées.."
Myrhela essaya d'évaluer l'heure qu'il était, il ne faudrait pas qu'elle manque le rendez-vous au temple de Mystra, puis identifier les lieux et les alentours de la rencontre lui semblait important..

[Galathée]

Il était encore relativement tôt, la maison de Gaspard était après tout sa première réelle étape depuis qu'elle avait quitté les Thermes, mais elle percevait déjà les premiers couinements de son estomac : il lui faudrait bientôt débusquer quelque chose pour se sustenter.
Gaspard sembla embarrassé par la question, puis sourit doucement.
" Mes rêves..." commença-t-il.
" Il voulait s'engager dans la milice, au départ. Mais si tu fais ça, par ici, on te casse rapido la figure." intervint Sally, d'un ton connaisseur. " Ou bien on brûle ta maison, on casse les vitres..."
Le jeune homme grimaça en levant les yeux au ciel.
" Je me voyais bien marin, un temps." dit-il finalement. " Mais bon, pour l'instant, c'est pas vraiment possible. Je verrai quand Sally sera plus grande, ou quoi."

[Nynaeve]

"On peut être de la milice mais pas officiellement j'pense.. mais bon ce serait risqué quand même surement.." Peut-être que s'il se renseignait dessus il réaliserait son rêve mais elle ne voulait pas trop s'attarder sur le sujet de la milice.
"Marin..? Je me rappelle de mon voyage en bateau au fond des cales et il ne m'en reste pas un très bon souvenir.. mais si on est sur le pont c'est peut-être sympa.."
Myrhela avait du temps devant elle, mais les sujets de conversation ne fleurissaient pas vraiment dans sa tête. Elle se tourna alors vers la petite fille, et lui demanda: "Et toi Sally? Tu envisages quoi pour ton futur?"

[Galathée]

La petite fille fit une grimace, puis sourit.
" Moi je voudrais bien devenir prêtresse d'Ilmater. Mais Gaspard dit que c'est bête..."
Le jeune homme leva les mains au ciel.
" Je dis pas ça, je dis juste que tu ne sais pas de quoi tu parles." fit-il. " Tu dis Ilmater parce que c'est juste à côté et que tu aimes bien les chansons."
" Ben j'suis certaine qu'il y a des gens qui adhèrent à ça pour des raisons encore plus bêtes."
" C'est possible, mais c'est pas pour ça que tu vas devenir prêtresse pour autant."

HRP : N'hésite pas à faire un bond dans le temps si tu veux te rendre immédiatement ailleurs.

[Nynaeve]

Myrhela passa ainsi une matinée agréable. Elle quitta Gaspard en début d'après-midi, ne manquant pas de lui dire qu'elle serait heureuse d'être amenée à le revoir de nouveau. Son ventre réclamant à manger et devinant le peu de moyens du foyer, elle préférait rentrer au quartier général des agents secrets de Luménis pour déjeuner. Elle se garda un bout de pain pour le soir.
La jeune fille alla se changer, mettant des vêtements foncés en prévision de son rendez-vous qui se déroulerait dans la pénombre du soir. Elle glissa le bout de pain dans une poche, pris son Ninja-to et sa cape qu'elle avait en venant à Luménis. Ainsi préparée, elle s'apprêta à ressortir, mais elle ne savait ce qu'elle pourrait bien faire en ville à part s'attirer des ennuis comme la dernière fois avec le prêtre de Lathandre. N'aimant pas ne rien faire, Myrhela décida de mettre son temps à profit pour réviser sa carte de la ville et plus precisements les alentours du temple de Mystra. Commençant à bien connaitre sa nouvelle maison, elle se dirigea sans encombre dans la salle où étaient entreposés pleins de cartes et de livres de toutes sortes. Au bout de quelques minutes elle trouva le plan des rues et égouts de Luménis, et aussi un livre qui l'avait attirée. D'après les premières lignes qu'elle avait lues rapidement, il devait parler de l'Histoire des elfes. Elle l'emporta en plus du plan, un peu d'entrainement de lecture ne lui ferait surement pas de mal pensa-t-elle. Ce qu'elle ne savait pas c'est qu'en le lisant elle découvrirait l'Histoire du peuple de l'un de ses parents..
Remarquant qu'elle avait de moins en moins de luminosité pour lire, elle compris qu'il était temps qu'elle aille au temple de Mystra.

[Galathée]

Quête : Brumes

Personne ne s’était interposé.
Il quitta l’enceinte du temple, descendit les quelques marches qui le séparaient de la rue, drapé dans son manteau, le visage dissimulé par le capuchon qui le protégeait des frimas, puis s’éloigna à grands pas. Il n’avait pas d’idée précise d’une direction, mais son instinct, son histoire, l’écartèrent du quartier bourgeois qu’il n’avait jamais adopté, du quartier gouvernemental où les mauvaises rencontres étaient probables, du port de son enfance en demi-teinte, sous la houlette d’un père glacé. Il pénétra donc dans ces ruelles grises, dont l’hiver avait figé la fange, que le froid épurait quelque peu, dans ces endroits oubliés et craints, qu’il avait arpentés mille fois, auxquels il avait dévoué toute son énergie quand il était plus jeune, avant Morféa, avant le Conseil, avant les Sharites. Il ne s’y sentait pas oppressé, pas en danger, il connaissait le dédale des allées et des impasses par cœur, même si des travaux de rénovation avaient commencé à en changer le visage. Un mois plus tôt, on lui aurait interdit d’y venir sans une escorte d’au moins dix gardes. Aujourd’hui, tous semblaient avoir capitulé, l’abandonnant à son errance, à sa volonté corrompue, maladroite, inconsciente. Il ne fit attention à rien, à personne. Il savait d’expérience que l’attitude était cruciale, dans ce genre de lieux, et il avait retrouvé ses habitudes d’instinct. Pourtant, les taudis l’avaient trahi, autrefois. Ils s’étaient rangés derrière le dictateur maudit, succombant à ses promesses creuses, sa haine viscérale, en dépit des lendemains…
Tout aussi creux, finalement.
Sans qu’il n’en prenne réellement conscience, il s’était fixé un itinéraire et il s’immobilisa devant la modeste chapelle d’Ilmater, petite baraque vétuste et poussiéreuse, centre de convergence d’une foule miséreuse à la recherche d’une oreille compatissante et active. Il hésita une seconde, puis se glissa parmi les requérants, et y pénétra, anonyme et sans intention.

[Galathée]

Quête : Dans le bain

Parti du cimetière, Myrhela sur les talons, Veldross descendit dans les ruelles sans s'attarder, saluant de temps en temps quelqu'un qui traînait sur son pas de porte. Dans l'ensemble, le quartier était plutôt déserté : il était tard et il faisait particulièrement froid.
Le fossoyeur finit par tourner dans une dernière artère, la Route des Cordonniers, marcha encore quelques dizaines de mètres, puis s'arrêta devant une petite masure grise, aux carreaux poussiéreux et à la gouttière branlante, le numéro 23. Il sortit une clef de sa poche, l'introduisit dans la serrure, et sans un regard en arrière, s'engouffra dans ce qui semblait être son bien sinistre domicile. De l'extérieur, on l'aurait pensé inhabité.

[Nynaeve]

Myrhela aurait voulu savoir ce qu'il se passait à l'intérieur de cette maison, mais elle n'était pas suicidaire. Elle ne pouvait espérer à cause de la saleté sur les carreaux voir quelque chose à travers les fenêtres. De plus elle doutait qu'entrer par la porte soit un bon choix. Cependant le fait que Geohan Veldross se soit habillé élégamment la poussait à tenter quelque chose. Plusieurs minutes après que le fossoyeur soit entré dans la demeure, la jeune fille s'approcha furtivement de la porte, et y colla délicatement son oreille contre. Elle espérait pouvoir saisir des brides de conversation. Elle garda une de ses mains sur le manche de son poignard, souhaitant prevenir quelques possibilités malencontreuses.
Elle se doutait en effet que Veldross ne soit pas seul. Si elle n'entendait rien, tant pis se disait-elle, elle reviendrait le lendemain matin et entrerait dans l'habitation quand le jeune homme serait parti travailler.

[Galathée]

Mais le silence le plus total régnait dans la demeure : ni conversations, ni bruits de pas. Rien qui eut pu indiquer la présence d'un être vivant, en tout cas pas à portée d'oreille. Lorsque Myrhela se risqua à jeter un oeil par la fenêtre, au travers des carreaux poussiéreux, elle nota que la pièce entrevue semblait laissée à l'abandon, vide, comme si personne n'habitait cette maison, sinon les araignées, cafards et autres rats d'égout.

[Nynaeve]

Le bon sens de Myrhela l'incitait à ne pas prendre de risques, mais sa curiosité eut le dessus. Après avoir vérifié une dernière fois qu'elle ne voyait ni n'entendait personne dans la demeure, la jeune fille s'approcha de la poignée de la porte et la tourna doucement. C'est avec surprise qu'elle ne sentit aucune résistance, la porte n'était pas verrouillée. Tout d'abord elle ne fit que l'entrouvrir cherchant du regard quelques ombres anormales. Puis ne voyant rien de spécial, elle s'engouffra dans la demeure, les sens en alerte. Si quelqu'un la surprenait, elle savait que le baratin ne la sauverait pas. C'est pourquoi c'est avec son arme dans la main qu'elle avança dans la pièce, bien décidée à la fouiller jusqu'à trouver quelque chose d'intéressant.

[Galathée]

Mais Myrhela n'eut pas à se servir de son arme. La maison était abandonnée, complètement vide si ce n'était pour quelques vieux meubles troués, pourris et poussiéreux, abandonnés à droite à gauche. Les deux étages étaient semblables au rez de chaussée, une odeur infecte de renfermé et de moisissure planait dans toutes les pièces, et la toiture était percée.
La jeune fille put cependant pister sa proie assez facilement : les traces humides de ses pas se dirigeaient au travers de la maison, jusqu'à une bibliothèque vermoulue, posée contre un mur. Ensuite, elles se volatilisaient.

[Nynaeve]

Appeler bibliothèque l'étagère qui lui donnait l'impression qu'elle allait s'écrouler sous le poids des quelques livres présents était, trouvait-elle, assez exagéré. Enfin, ce mot aurait surement convenu avant que cette demeure soit ainsi laissée à l'abandon. Myrhela posa son oreille contre le mur. Comme pressenti elle n'entendit rien. Elle commença alors à chercher un levier, n'importe quoi qui pourrait déclencher un mécanisme d'ouverture. Elle se retrouva vite les mains pleine de poussière à force de toucher tout les objets présents ainsi que les murs.
Elle craignait que l'enclenchement du mécanisme ne soit relativement bruyant, c'est pourquoi elle se préparait à chaque instant à devoir se cacher rapidement.

HPR: Vraiment désolée pour ces réponse très tardive..

[Galathée]

HRP : pas de mal, je suis moi-même très irrégulière en ce moment...

Le meuble en lui-même était moins pourri qu'il n'y paraissait, même si les vestiges de ce qu'il avait porté tombaient en lambeaux sous les doigts de la jeune femme. Il serait difficile pour elle de camoufler ses recherches, mais c'était sans doute son dernier souci. A force de chercher, elle finit par trouver les fentes qui révélaient la présence de la porte dérobée. Comme l'attestait l'absence de traces au sol, celle-ci s'ouvrait vers l'intérieur du mur, et non pas dans la pièce. Restait à en dénicher le mécanisme, et espérer qu'il ne soit pas piégé.
Son regard affûté se posa soudain sur une petite quille de bois, sous une des planches branlantes de l'étagère, qui était trop propre, presque luisante. En la saisissant entre le pouce et l'index, elle parvint à la faire bouger d'avant en arrière, et elle entendit un déclic. La paroi gauche de la vieille bibliothèque s'effaça alors, révélant un conduit obscur et libérant le remugle caractéristique des égouts. Le tout s'accompagna d'un grincement sinistre, mais pas aussi sonore qu'elle l'avait craint. Plus loin dans le couloir, la lueur d'une lampe à huile brillait, éclairant le début d'un escalier. En se concentrant, elle crut aussi entendre le glouglou tranquille des canaux souterrains charriant les mille détritus de la vie luménienne.

[Nynaeve]

Myrhela s'engouffra lentement dans le couloir, ne voulant commettre aucune erreur. Elle observa le couloir qui malgré l'obscurité régnante laissait ses yeux en voir les détails. Elle rechercha le mécanisme qui lui permettrait de réouvrir la porte qui s'en doutait-elle allait bientôt se refermer. Il ne faudrait pas qu'elle se retrouve coincée dans ce couloir étroit ne lui offrant visiblement aucune cachette.
Après avoir trouvé ce qui lui semblait être le mécanisme pour ouvrir la porte, elle avança avec précaution et son arme toujours en main, s'arrêtant juste avant de se retrouver dans la lumière que projetait la lampe à huile. Myrhela tendit l'oreille, pensant être assez près et espérant ne pas devoir se rapprocher, encourant alors encore plus le risque de se faire remarquer.

[Galathée]

Mais la lampe ne marquait qu'un tournant dans le couloir. Celui-ci débouchait ensuite sur les bords d'un canal odorant qui charriait son habituelle eau crasseuse. Quelques rats s'enfuirent lorsqu'elle arriva au niveau des égouts, et elle découvrit une sorte de quai, auquel étaient amarrées deux barques. Une troisième s'était manifestement trouvée là un peu plus tôt, car les pas menaient droit sur l'eau, dans un espace vide. En scrutant l'obscurité qui s'enfonçait sous la ville, Myrhela repéra finalement une petite lumière en mouvement, sur sa gauche, et en se concentrant, elle parvint à deviner le son caractéristique, ténu, de rames qui s'enfoncent dans l'eau. A cet instant, elle entendit la porte de l'étagère, beaucoup plus haut, qui se refermait dans un léger grincement. Le silence suivit : personne ne s'était engagé derrière elle. Restait à savoir si elle se mettrait en chasse de Veldross.

[Nynaeve]

Myrhela connaissait les égouts quasiment par cœur. Elle n'était plus en territoire inconnu, et ne voulait pas laisser passer cette chance. Elle commença donc à poursuivre furtivement la barque en se fiant à son ouïe, bien décidée à découvrir où Geohan Veldross allait se rendre. Il n'y avait aucune peur en elle liée aux risques qu'elle pouvait courir, bien au contraire elle dut s'avouer qu'elle aimait cela, cette montée d'adrénaline.. Les paroles de Kérun qui lui recommandaient de ne prendre pas trop de risques n'étaient plus qu'un ombre pour la jeune fille.
Lorsqu'elle eut rattrapé son retard sur les trafiquants, Myrhela continua à marcher en longeant les parois des égouts en restant assez près de l'embarcation pour ne pas perdre sa trace mais assez loin pour ne pas se faire repérer.