La Couronne de Cuivre

RP : Retour à Luménis

Le regard de l'archéologue se rétrécit un peu et il répondit d'un ton moins assuré face aux objections habilement soulevées par la rôdeuses. Cette approche déstabilisa quelque peu l'érudit qui aurait tôt fait de contredire de manière pédante l'impudente si elle s'était montrée plus directe et moins insidieuse.

- En fait, de l'avis commun, la participation des elfes à la construction du Pont n'a été que minime si ce n'est purement décorative. Ce sont les colons humains implantés dans les environs qui ont pris la plus grande part au projet. Quant aux elfes qui vivaient ici, il n'est pas erroné d'avancer que nous en ignorons tout ou presque. Leur existence même est tenue pour improbable mais mes découvertes vont tout changer. Si seulement je pouvais trouver quelqu'un capable de traduire ces vieilles runes, je suis certain qu'une grande partie du mystère pourrait être levée. Ma datation est approximative et va demander beaucoup d'efforts pour être affinée mais peut être que la mention de faits historiques dans ces fresques nous y aideraient grandement.

RP : Retour à Luménis

Astrée hocha la tête en souriant, notant mentalement que l'homme n'avait pas su répondre valablement à son objection, mais désireuse de ne pas trop le contredire.
- Ce serait intéressant de savoir pourquoi ils ont disparu en seulement deux ou trois génération elfiques, oui... Il y a forcément une raison, j'imagine.
Elle laissa son regard errer sur le chantier.
- Et ces fresques, vous allez les emmener à Luménis pour les faire étudier là-bas ?

RP : Retour à Luménis

L'homme sourit fièrement avant de détromper la jeune femme :

- Non, les archéologues qui se respectent emploient une solution moins destructrices pour amener ce genre de trésors dans leurs laboratoires pour les étudier. C'est une méthode que je suis fier d'avoir mise eu point. Il s'agit d'une technique de moulage qui permet de faire une sort de copie de l'objet. Il ne faut pas oublier que l'emplacement d'une fresque a souvent autant de signification que son sens littéral. Seriez-vous intéressée par une démonstration ?

RP : Retour à l'abri

Astrée échangea un regard avec son compagnon pour vérifier qu'il n'y voyait pas d'objection. Après tout ils avaient du temps devant eux...
- Oui, pourquoi pas.... Je serais curiuse de savoircomment vous pouvez obtenir des copies fidèles tout en étant suffisamment robuste pour le voyage...

RP : Retour à Luménis

Kasumi fit savoir qu'il était tout à fait d'accord pour consacrer un peu de temps à lever ce mystère. Il descendit de sa monture et offrit sa main pour aider sa compagne par galanterie plutôt que par nécessité. L'archéologue les abreuva d'un discours continu sur ce qu'il espérait trouver dans ces ruines tout en les emmenant en direction d'une zone qui concentrait la plus grande part de l'activité du chantier. L'homme âgé désigna une arche s'ouvrant dans un mur bas mais bien conservé. Tout au long des montants se dessinaient des idéogrammes délicats. Au niveau de la clé de voûte, un symbole attirait immédiatement l'attention : il représentait un épis de blé et une tête de cheval. La calligraphie du dessin semblait étrangement familière aux rôdeurs. Sous l'arche commençait le début d'un escalier s'enfonçant sous terre mais pour l'heure encombré de pierres.

RP : Retour à Luménis

Le long discours du savant était difficile à suivre pour des novice, et Astrée prenait pleinement conscience de ses lacunes en histoire. Elle n'écouta bientôt que d'une oreille, regardant d'un oeil curieux les restes de bâtisses et monuments, les quelques fresques et tracés cunéiformes. Etant bien incapable de dire si ce qui ressemblait à une écriture elfique en était bien une, elle préféra se concentrer sur les dessins et symboles plus parlants.
Son regard fut attiré par la clé de voûte. Un épis de maïs et un cheval. Une civilisation basée sur l'agriculture, très certainement. Voilà qu'elle se mettait à tenter de deviner, elle aussi, telle une archéologue amateur. Mais tout de même, ce dessin lui rappelait vaguement quelque chose. Hochant la tête machinalement à chaque fois que le savant faisait une pause dans ses explications, elle tentait de se souvenir de l'endroit où elle l'avait déjà vu. Non, elle ne l'avait pas vu. Juste quelque chose qui ressemblait... mais quoi ? Perdue dans ses pensées, elle faillit trébucher et tomber tête la première dans l'escalier en ruine, mais se ressaisit à temps, et tourna à nouveau son attention vers l'homme, espérant qu'il ne se vexerait pas de sa distraction - s'il l'avait remarquée.

RP : Retour à Luménis

Mais l'archéologue semblait tout à fait absorbé par ses propres explications et répondait avec force détail et circonvolutions à une question que Kasumi avait eu le malheur de lui poser. Astrée avait perdu le fil de la conversation depuis longtemps mais son attention fut détournée lorsqu'elle sentit vibrer un objet. Un son aigu mais tellement bref qu'elle aurait pu l'imaginer se fit entendre quand elle passa à la verticale de l'arche. En tous cas, le demi-elfe et l'archéologue ne semblaient pas l'avoir perçu car leur conversation continua sur le même rythme.

RP: Retour à Luménis

Astrée sursauta et ragarda de tous les côtés, cherchant l'origine du bruit. Les autres étaient-ils si absorbés par leur conversation qu'ils ne l'avaient pas entendu ? Ou alors était-ce un effet de son imagination ? Les sourcils froncés, elle observait les alentours, réfléchissant à toute vitesse. Elle avait une vague sensation de déjà vu. Quand donc avait-elle pu entendre un sifflement aigu, et être la seule à l'entendre ?
Il lui fallut plusieurs minutes avant de se souvenir de l'étrange médaillon qu'elle avait trouvé plusieurs semaines auparavant, suivi peu de temps après d'une autre trouvaille semblable. Et quelques minutes encore pour se souvenir de l'endroit où elle l'avait rangé: dans la poche intérieure de sa veste, avec quelques menus objets précieux à ses yeux. Elle le sortit discrètement. Bien sûr, ce n'était pas le même contexte, et elle avait peut-être imaginé le bruit, peut-être parce que le lieu avait fait remonter des souvenirs à sa mémoire. Mais mieux valait vérifier : le bruit ressemblait tellement à celui de son souvenir...

RP : Retour à Luménis

Tout ce temps fut meublé par les explications et les théories de l'archéologue qui ne laissait quasiment pas participer le rôdeur à la discussion. A peine celui-ci put-il annoncer qu'il reconnaissait certains des mots écrits sur le fronton comme "maison" et "guerriers" ou "héros". L'archéologue avança qu'il était parvenu aux mêmes observations et que son hypothèse de travail était que le bâtiment était soit une garnison, soit un tombeau pour les défenseurs valeureux de la communauté.

De son côté, Astrée parvint enfin à mettre la main sur les médaillons qu'elle cherchait. Ceux-ci semblait maintenant inertes mais un cri se fit entendre alors qu'elle tentait de renouveler l'expérience. L'un des ouvriers s'était approché en courant :

- Maître Ancalmo, vous devriez venir voir ça ! Le sol s'est mis à trembler il y a quelques minutes.

L'archéologue fronça les sourcils et partit précipitamment dans la direction indiquée par le messager en prenant à peine le temps de s'excuser.

RP: Retour à Luménis

Astrée pâlit légèrement à la mention du tremblement de terre, mais ne dit rien.
Une coïncidence. Ce ne pouvait être que cela. Le bruit, d'ailleurs, n'avait peut-être été que le fruit de son imagination. Il n'y avait aucune raison pour que son médaillon puisse faire trembler la roche...
Elle regarda le savant s'éloigner et interrogea Kasumi du regard.
- On devrait peut-être le suivre....

RP : Retour à Luménis

Kasumi manifestait lui aussi quelques signes d'inquiétude bien que l'affaire ne les concernait en rien a priori. Le demi-elfe acquiesça à la question de sa compagne et prit les devants :

- Oui, allons vérifier s'il n'y a aucun danger ! Tu m'as l'air bien soucieuse.

Cette dernière question avait été posée alors que le rôdeur s'était déjà mis en chemin et était sur le point de rattraper le chercheur. Les ouvriers s'étaient tous accumulés autour d'un monticule et regardaient en direction d'un trou ménagé dans le plafond d'une structure basse. L'ouvrier qui était venu chercher le responsable des recherches reprit la parole pour préciser les détails de l'incident.

- Les pierres se sont effondrées d'un coup. La dalle qui dissimulait l'entrée a du être fragilisée par nos travaux. Heureusement, il n'y a eu aucun blessé. Nous travaillons tous sur le sixième bâtiment.

RP:Retour à Luménis

Astrée se sentit immédiatement soulagée : l'incident avait une cause logique. Le médaillon n'y était donc absolument pour rien. Et elle avait certainement imaginé l'étrange bruit. La fatigue et les émotions de la veille lui avaiet sûrement causé une hallucination.
Néanmoins, par curiosité -elle tenta de se persuader que c'était bien par simple curiosité et nullement parce qu'elle cherchait un rapport entre le lieu où ils se trouvaint et les médaillons-, elle s'approcha du monticule pour l'observer de plus près.

RP : Retour à Luménis

Astrée dut presque jouer des coudes pour s'approcher à portée de vision du trou. Celui-ci, presque parfaitement circulaire, ouvraient sur une salle d'environs 3 mètres de haut dont le sol en dalles de pierres était jonché de débris issus des matériaux du plafond. Pour en apprendre davantage, il allait falloir descendre explorer cette salle et ainsi découvrir si elle communiquait avec d'autres installations ou s'il s'agissait d'un bâtiment isolé. Déjà, les ouvriers s'activaient-ils pour placer une échelle de corde pour leurs éclaireurs. L'archéologue en chef prit la parole :

- Méfiance, nous ignorons tout de ce qui pourrait se cacher dans ces tunnels et surtout de leur état de conservation.

RP: Retour à Luménis

Il n'y avait rien à voir. Rien de visible depuis là où ils se trouvaient en tout cas. Elle observa quelques instants, en connaisseuse, les ouvriers installer l'échelle de corde. Ils ne prétaient plus guère attention à eux, trop occupés par leur trouvaille.
- Nous allons vous laisser à vos découvertes, hasarda-t-elle à l'attention de l'archéologue. Vous avez bien autre chose à faire que jouer les guides pour un couple de curieux...
Elle s'interrompit, jetant un coup d'oeil à Kasumi. Après tout, puisqu'il avait une ascendance elfique et davantage de connaissances historiques qu'elle, peut-être ces fouilles présentaient-elles un intérêt pur lui, et souhaitait-il rester encore un peu ?

RP : Retour à Luménis

Le premier ouvrier avait mis ce temps à profit pour atteindre le fond du trou. Alors qu'Astrée venait de poser sa question à mi-voix, l'éclaireur annonça à voix forte :

- Il y a une porte mais un mécanisme la verrouille. On dirait qu'il faut une clé spéciale !

L'archéologue, bien plus intéressé par ces informations que par les rôdeurs qu'il avait presque oubliés, répondit distraitement à la jeune femme pour leur souhaiter bon voyage. Kasumi se rangea à l'avis de sa compagne tant il était maintenant impatient de reprendre la route et de retrouver le confort promis par Luménis.

RP: Retour à Luménis

L'intervention de l'ouvrier fit hésiter Astrée un instant. Elle repensa à l'étrange sifflement qu'ele avait entendu, venant peut-être de son médaillon... mais non, cela n'avait certainement rien à voir, et puis elle avait sûrement imaginé le bruit puisque personne d'autre qu'elle ne l'avait entendu.
Et de toute façon, tant de personnes se pressaient près de la trouvaille qu'elle ne pouvait pas apercevoir ce qui se passait au fond du trou. La fameuse porte était invisible. Et il n'était décidément pas dans son caractère de s'imposer au milieu de tant de gens, alors qu'elle n'avait objectivement rien à faire ici. Elle recula donc discrètement, après un bref signe d'adieu à l'archéologue qui était bin trop occupé pour le voir, et prit la main de Kasumi, l'entraînant à sa suite. Il était temps de reprendre la route.

RP : Retour à Luménis

Kasumi lui adressa un sourire avant de la suivre en direction de leurs chevaux laissés au bord de la route.

- C'était étrange comme rencontre tout de même. Mais ça ne m'a pas coupé l'appétit, bien au contraire ! Et si nous trouvions une autre clairière un peu plus tranquille pour nous deux ?

RP: Retour à Luménis

Astrée sourit.
- Oui, moi aussi je suis affamée. C'est incroyable comme le temps a passé vite, l'heure de déjeuner est passée depuis un moment déjà... Tu as raison, on va s'éloigner un peu du chantier et de la route pour une pause, le coin est trop fréquenté.
Elle caressa machinalement l'échine de Prince et de Moïse, essayant de distribuer équitablement les caresses : le plus vieux avait tendance à être parfois un peu jaloux du jeune et espiègle étalon.
- Il doit y avoir une rivière par là-bas, vers ces arbres... Ca nous permettra de remplir nos gourdes. Qu'en dis-tu ?

RP : Retour à Luménis

L'endroit semblait en effet prometteur et les rôdeurs s'y dirigèrent sans se presser. En chemin, Kasumi taquina gentiment sa compagne :

- Je ne te connaissais pas cette passion pour l'archéologie. Tes questions ont bien failli pousser le professeur dans ses retranchements. Le pauvre homme s'est bien rattrapé sur moi ! Un drôle de personnage tout de même. Je me demande si on entendra à nouveau parler de lui.

RP : Retour à Luménis

Astrée ne put s'empêcher de rire à la mention de sa soi-disant passion.
- Une passion... parlons-en ! Moi je n'ai fait que poser quelques questions dictées par mon ignorance complète ! Toi, en revanche, tu avais l'air passionné par ses explications. Au point de ne rien voir ni entendre de ce qui se passait autour...
L'allusion à l'étrange sifflement lui avait échappé. Absurde : elle l'avait certainement imaginé. Elle préféra donc enchaîner immédiatement, reprenant son sérieux.
- Il y a quand même peu de chance qu'on le croise à nouveau, dans une ville aussi grande que Luménis. Surtout qu'il doit être enfermé la plupart du temps dans son bureau ou son laboratoire de recherche, ou alors en déplacement comme ici... Un drôle de bonhomme, oui. Heureusement que tu étais là pour faire la conversation, je n'avais pas grand-chose à lui dire à part poser des questions dérangeantes...

RP : Retour à Luménis

Tout en installant leur campement provisoire pour leur déjeuner, Kasumi répondit d'un ton badin :

- Allons, il était bien plus intéressé par ses réponses que par mes questions. Mais il m'a l'air de mener une vie pas si déplaisante que cela. Voyager, chercher et découvrir des trésors et des secrets. Enfin, pour changer la routine des vieilles pierres, une jeune et jolie femme vient de tant à autres poser des questions dérangeantes. Ça pourrait me plaire.

RP: Retour à Luménis

Astrée rit.
- Oui, je t'imagine tout à fait dans le rôle ! Mais il faudrait que tu prennes quelques années de plus. Parce que là, je regrette, mais avec tes magnifiques cheveux noirs, ta voix envoûtante, ta musculature herculéenne... tu n'as vraiment rien du vieux savant passionné par ses recherches !
Un concert de piaillement se fit brusquement entendre, interrompant leur discussion. Un groupe de moineau se disputait violemment, sans guère se soucier de déranger les conversations humaines. Astrée sourit, simplement heureuse de se retrouver ainsi, en pleine nature, près de celui qu'elle aimait. Elle profitait de chacun de ces instants, respirant l'air pur et vif de cette belle journée printanière. dans peu de temps, ilsseraient en ville et tout cela lui manquerait terriblement.

RP : Retour à l'abri

L'intervention des oiseaux eut le mérite de faire diversion et de détourner Kasumi du silence intimidé auquel l'avaient amené les remarques d'Astrée. Il put donc réfléchir à sa réponse à mesure qu'ils s'éloignaient et répliquait d'un ton mi sérieux, mi amusé :

- On verra donc dans quelques années ! D'ici là, rien ne m'empêche de cultiver d'autres passions !

Après un instant, il ajouta d'un ton plus sincère :

- Cela dit, si je suis comme lui content de trouver le confort de la ville pour quelque temps entre deux expéditions, je préfère l'aventure et la vie en plein air une fois reposé. Autant m'habituer à ce rythme : il me semble que tu ne te plairais guère à rester trop longtemps éloignée de la nature et des montagnes...

RP : Retour à l'abri

Astrée hocha vigoureusement la tête : non, la vie en ville ne lui conviendrait pas. Elle avait trop besoin de cette sensation de liberté que procure le voyage et la vie en plein air. Elle sentit son coeur s'alléger subitement en réalisant que son compagnon ne lui demanderait pas de s'adapter à la vie en ville. Sans qu'elle en ait eu vraiment conscience, cette simple éventualité était source d'angoisse. Bien sûr, elle n'aurait pas osé l'avouer à son compagnon : après tout, il fallait bien que l'un des deux s'habitue au rythme de vie de l'autre, pourquoi donc aurait-ce été à lui de faire l'effort plutôt qu'à elle? Mais puisqu'il le proposait de lui-même... Oui, elle se sentait soulagée. Leur séjour en ville ne durerait pas, il ne serait qu'une étape entre deux voyages.
- Tu n'as pas tort, opina-t-elle. Je ne suis pas faite pour la vie en ville... mais si je me souviens bien d'une discussion, il y a fort longtemps, lorsqu'on était en route pour ce maudit vallon, toi tu me disais que tu aimais vivre dans cette ville, que tu ne voulais plus être toujours en voyage. Je ne voudrais pas que tout ça te manque...

RP : Retour à Luménis

Un sourire se dessina sur le visage de Kasumi qui se contenta pendant un moment de passer un bras autour des épaules de sa compagne avant de répondre :

- Je préfère grandement être à tes côtés que seul en ville. Luménis a des attraits que je compte bien te faire découvrir mais pas pour y vivre si ça doit te rendre malheureuse. C'est important d'avoir un lieu d'attache mais ce ne doit pas forcément être ici et puis il y a tant de lieux à découvrir ensemble tant que nous sommes jeunes et vifs. Il sera bien temps de rechercher plus de confort quand l'âge nous rattrapera.

RP: Retour à Luménis

Ce fut en devisant ainsi, de choses sérieuses, de choses légères, de choses importantes et d'autres futiles, en refaisant le monde et en plaisantant gaiement, qu'ils achevèrent leur périple et arrivèrent en vue des portes de Luménis.

HRP : ayant pris le temps de jouer tranquillement le trajet alors que nos persos étaient attendu d'urgence sur Luménis, il peut sembler au lecteur éventuel qu'il y a quelques télescopages de dates de postage... car oui, le post qui suit logiquement celui-ci a été écrit il y a déjà un certain temps... Mais ce post de transition permet de remettre l'histoire dans l'ordre !

Quête : Equité

Astrée ne fut pas très longue à se mettre en route. Elle avait passé une nuit confortable dans son hamac, dans le calme tout relatif du petit bosquet, et se sentait parfaitement d'attaque pour le long voyage qui l'attendait.
Le Pont des Trois Sires n'était plus très loin, et même si elle aurait préféré ne pas avoir à y passer tant que Kasumi n'avait pas réglé son affaire, il fallait bien qu'elle traverse la rivière quelque part... Et puis, elle en profiterait pour se ravitailler un peu en produits frais : si ses souvenirs étaient exacts, la campagne serait moins peuplée au fur et à mesure qu'elle s'éloignait de Luménis, et elle risquait de passer quelques nuits dehors.

Elle prit quelques instants pour admirer l'architecture du pont et le débit impressionnant du fleuve au-dessous. Les eaux étaient trop fortes pour la navigation, aussi s'y trouvait-il moins de péniches que lors de son dernier passage. Mais la ville, autour, était toujours aussi animée.
Elle fit un petit effort pour éliminer quelques-uns des tâches terreuses de ses vêtements, et s'efforça de se tenir un peu plus droite sur sa selle, histoire de faire une impression correcte aux gardes qui patrouillaient toujours aux alentours du pont. Pourvu qu'elle ne croise pas celui avec lequel ils avaient un contentieux... Pour une fois, elle aurait presque souhaité qu'il pleuve, pour avoir une bonne raison de se cacher sous sa capuche.
Il y avait certainement un petit marché sur les quais, comme l'autre fois, où elle trouverait un peu de viande, quelques légumes et oeufs, et peut-être même un peu de lait pour son prochain petit déjeuner.

Quête : Equité

Aucun des gardes en faction ne sourcilla sur le passage de la rôdeuse et celle-ci n'en reconnut aucun. Si les routes devaient se dépeupler loin de Luménis, la jeune femme en était encore beaucoup trop près pour que cela se remarque, et le Pont était encombré comme jamais, dans les deux sens. Mais elle parvint quand même à mener sa monture (passablement agacée par la proximité de tant de bipèdes) jusqu'aux quais où, comme elle l'avait espéré, quelques échoppes proposaient des produits de saison. On avait apparemment abattu les premiers agneaux, et les feuilles vertes des salades, épinards, scaroles et autres mâches étaient à l'honneur, engloutissant les étals sous leur luxuriance. Elle put également dénicher du lait et des oeufs sans difficultés, à des prix bien plus raisonnables qu'à la capitale. Une fois qu'elle aurait réussi à se dégager de la foule, elle pourrait reprendre sa route vers Rohan.

Quête : Equité

Cela lui avait pris un temps fou de faire la queue aux différentes échoppes. Elle avait mis pied à terre pour s'approcher, mais ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d’œils incessants vers sa monture restée un peu plus loin, vaguement attachée au bout d'une longe comme tous les autres chevaux. Non pas qu'elle craigne qu'on lui vole ses bagages, comme devaient l'imaginer ceux qui la voyaient lorgner prince d'un air inquiet. Mais elle connaissait Prince : coincé ainsi au milieu d'une foule dense il ne devait avoir qu'une envie : prendre la poudre d'escampette. Elle avait beau se dire était trop intelligent pour se transformer ainsi à la vue de tous, elle se méfiait de son impulsivité.
Après un temps qui lui parut infiniment long, elle avait alourdi encore son paquetage, compensant largement le poids de ce qu'elle avait consommé jusque-là. Mais c'était le prix à payer pour varier un peu son alimentation avc quelques légumes, de la viande fraîche, du lait... Ce serait bien agréable.
Il lui fallut également refréner l'impatience de sa monture - et la sienne- lors de la traversée du fleuve, qui se faisait à une allure d'escargot. Il était finalement près de midi lorsqu'enfin elle parvint à la sortie de la ville.

Quête : Equité

Mais tout vient à point pour qui sait attendre et Prince des Frelons salua leur libération d'un hennissement tonitruant avant de prendre le grand galop sur la route, forçant passants et cavaliers à s'écarter sur leur passage. L'étalon n'en avait que faire et filait à une telle vitesse que les excuses murmurées d'Astrée s'envolaient dans la brise sans que personne ne puisse les entendre. Il fusa ainsi ventre à terre pendant près d'une heure, grisant sa cavalière tout en la déguisant à nouveau de boue fraîche. La rôdeuse n'avait pas vraiment le loisir de contempler en détail l'environnement autour d'eux, mais elle fut quand même frappée par le fait qu'il continuait à y avoir beaucoup de monde sur la route. L'animal ralentit encore mais conserva une allure soutenue. Il paraissait d'excellente humeur et relativement increvable.
Quand le soleil commença à décliner à l'horizon, Prince salua son départ progressif de nouveaux hennissements, et la nuit les surprit en rase campagne. Il y avait moins d'arbres, cette fois, les steppes de la Trouée prenaient peu à peu le pas sur les terres arables du delta de la Lézarde, mais Astrée dénicha quand même un bosquet convenable. Le lendemain, si Prince continuait à avaler les lieues comme s'il avait un fiélon aux trousses, ils arriveraient à Rohan.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Le Pont des trois Sires