La Couronne de Cuivre

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Salazar et le coq échangèrent un regard.
-L'est me va... fit ce dernier. C'est le plus court : par l'ouest, il nous faudrait faire tout le tour des montagnes, alors que là, il nous suffira de dépasser leur partie la plus orientale. Bien sûr, nous passerons non loin de la Tour de l'Observatoire, mais ça serait pareil de l'autre côté, avec le phare... Reste juste à savoir si nous marcherons sur la lande, où nous pouvons voir venir de loin d'éventuels ennemis, et être vus d'eux, malheureusement, ou si nous choisiront d'évoluer dans la forêt. Là, nous serions plus dissimulés mais nous pourrions nous faire surprendre... Je ne sais ce qui vaut le mieux.

Evidemment, il n'y avait rien eu dans le lac. Mais Arthur était sûr de son choix : s'il avait ne fût-ce que posé un orteil dans l'eau froide, une écrevisse géante lui aurait emporté tout le pied. L'expérience était bonne conseillère. N'importe quelle créature vorace des profondeurs pouvait deviner que Damant était coriace et probablement du genre à vous rester sur l'estomac.
Il continua à scruter les alentours tandis que ses compagnons discouraient sur les mérites de la lande ou de la forêt. Il serait bien intervenu mais il avait la certitude qu'on ne tiendrait pas vraiment compte de son avis, donc autant ne pas gaspiller d'énergie en salive inutile et palpitations inhérentes à la prise de parole en public. Il était paladin, il se contenterait de faire son possible pour protéger le groupe en cas de grabuge.

Acquiesce à la remarque de Joon et hausse les épaules en se remettant en route

Nous verrons ce point quand nous aurons à repartir de cette île, il nous reste un sacré chemin à faire avant cela! Mais garde ton idée en tête, je gage que nous en aurons l'utilité!

En passant devant Arthur, lui tape l'épaule avec un sourire.

Nous ne sommes plus sous le regard des généraux de Luménis, tu peux aussi te dérider un peu l'ami. Si nous devons y passer nous y passerons, mais je préfèrerais profiter de mes derniers instants de manière plus joviale que de casser ma pipe au terme d'une journée de ruminations moroses.

Reprend plus haut pour l'ensemble du groupe tout en continuant sa marche d'un pas vif.

Avec un rôdeur dans nos rangs et une si petite troupe, je serais d'avis d'emprunter le couvert des bois pour progresser, la lande est une meilleure option à conditions que nous soyons une petite armée comme au départ. Mais puique nous avons le choix de rester discret, que Joon son loup et même son chat peuvent ressentir ou nous faire savoir s'il y a quelque chose à portée et que pour ma part, j'ai l'habitude des sentiers discrets et de ce que l'on peut s'y attendre ou non à trouver, je préfèrerais encore cette voie-ci.

Se retourne un instant et regarde ses compagnons, leur fait signe de se mettre en route et sourit au coq

Je ne sais si ton perroquet saurait enfiler le costume de l'éclaireur ou s'il n'est vraiment là que pour le folklore, mais s'il peut te comprendre un minimum cela serait interressant.

Reprend sa marche d'un pas décidé et conclut après un grand sourire

Et maintenant qui m'aimes me suive! ... Et les autres aussi par la même occasion!

«Hak Hak !»

Et Joon de se remettre en marche, le pas léger et la mine plutôt confiante. Le chat et Outshi accourent à l'appel druidique et arrivent au rythme de Joon, le chat nettement plus calmement que le louveteau presque surexcité. Étrangement, le chat semblait plus grand et plus trappu que le lupin.

«C'est intriguant tout de même... Je le connais depuis bientôt deux mois... mais il n'a pas l'air d'avoir grandi depuis...»

Il faudrait faire attention en cas d'altercation. Il avait eu de la chance sur le navire, mais l'animal était encore chétif et fragile. Mais pour l'heure, la perspective de voyager par les bois réjouissait Joon, il pourrait d'une part se rendre utile, et puis faire montre de ses talents.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Ils prirent donc vers l'est, quittant les abords immédiats de la côte pour gagner la lisière de la forêt, puis s'y enfoncer quelque peu. Cette dernière était particulièrement touffue, foisonnante, luxuriante ; nul sentier ne s'y ouvrait, et les rescapés devaient constamment se tailler un passage à coups de lames au milieu des myriades de buissons et autres fougères qui composaient le sous-bois entre les troncs serrés. Sous le couvert des arbres, il faisait terriblement chaud, terriblement humide, et malgré leurs ablutions, ils ne tardèrent pas à être couverts de sueur. Seul point positif : les insectes, gigantesques et probablement voraces, les laissaient pour l'heure tranquilles. Peut-être les cinq naufragés et leurs animaux leur paraissaient-ils trop étranges pour constituer un bon festin ? Impossible à dire.
Le plus pénible, au milieu de cette déjà très pénible progression, c'était le sentiment tenace d'être observés. Le louveteau, le chat et même le perroquet du cuistot - qui pouvait très bien jouer le rôle d'éclaireur mais ne le faisait que de mauvaise grâce, trouvant manifestement bien plus agréable de demeurer tranquillement installé sur l'épaule de son maître - ne repèrent pourtant rien d'autre que des animaux, autour d'eux.
Pourtant, l'impression demeurait. Sinon s'amplifiait.

Au bout de quelques heures de marches, Damant posa son sac, sans quitter ses armes et se dirigea vers le cuistot pour lui emprunter un peu d'eau... lui glissant à l'oreille dans un chuchotement

Tu ne nous sens pas observés l'ami? Je pense que si ton compagnons faisait un très rapide tour de piste, cela nous aiderais à savoir ce qui se passe. Un tour RAPIDE autour de notre position pendant que nous feignons de prendre une pause et un croassement du côté de ce qui nous observe nous permettrait de nous débarrasser de ça... Et s'il comprend ceci : rester en mouvement et en hauteur, pour sa propre sureté...

Il redonna la gourde au coq en lui assenant une claque sur l'épaule avec un rire, ce qui eu pour effet de rameuter à leurs pieds un Outshi tout excité par la perspective d'un jeu ou autre, sa queue décrivant des huits rapides et erratiques pendant qu'il cherchait à se faire remarquer en se dressant sur ses pattes arrières.
Damant le ramassa en riant de nouveau et eu ainsi l'excuse de le rendre à Joon pour s'adresser à son ami, lui fourrant le louveteau dans les bras et lui glissant sans se départir de son sourire amusé

Nous sommes suivis... Reste discret mais si tu vois quelque chose, trouve un moyen de nous le faire savoir, que l'on avise...

Il se redressa ensuite et passa entre Salazar et Arthur à l'épaule duquel il imprima une pression de la main.

Pause, besoin naturel à satisfaire, gardez l'endroit et attentions aux grosses bébêtes qui nous entourent, avec de tels gabarits on est facilement rangés dans la catégorie "proies à pister"!

Il appuya sa remarque désinvolte d'un regard fuyant faussement inquiet mais qui mettrait sûrement le paladin aux aguets, fataliste et prompt à prendre au premier degré toute notion de danger comme il l'était. Salazar moins affecté par la notion de naufragé sur une île perdue devait avoir senti aussi cette insistance avec laquelle la flore semblait darder un regard sur eux.
Il s'éloignat ensuite de plus d'une dizaine de mêtres en inspectant discretement mais consciencieusement les alentours, dans une direction vers laquelle il ne se sentait pas observé. Se soulagea en restant aux aguets, rendant son alibi plus crédible avec un soupir de soulagement et attendit d'être sur de ne pas être observé dans ce coin pour aviser...

Joon acquiesça, la mine quelque peu assombrie par la discretion forcée de Damant. Il avait senti ce poids peser sur lui depuis un bon moment, mais Outshi n'avait pas réagi, le chat ne semblait pas particulièrement craintif ni en alerte... Et la forêt était habitée par d'innombrables créatures, sans compter les animaux classiques au format cauchemardesque. Selon Joon, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter outre-mesure : ils étaient des intrus dans un organisme, la forêt mobilisait des yeux pour les surveiller, les étudier... Mais à son avis, une menace aussi pesante serait déjà passée à l'acte. C'était probablement leur attitude sereine qui les avait protégés jusqe là : ce qui les observait actuellement n'arrivait pas encore à déterminer s'ils étaient des proies, ou des prédateurs.

Il retint Damant par le bras juste avant que celui-ci ne s'éloigne un peu.

«Si tu arrives à localiser plus ou moins ce qui nous épie, à moins qu'il ne s'agisse d'une psychose de groupe, préviens-moi. Je vais vous distancer un peu, et vous rejoindre en faisant une boucle, j'arriverai peut être à voir ce qui nous suit.»

Joon observa le terrain. Seul, sans emprunter le chemin tracé par ses amis, et sans lames, il aurait du mal à évoluer, avec toutes ces ronces... Sa dague était davantage un gros poignard qu'un couteau, et n'avait pas véritablement de lame tranchante. Tailler un chemin avec le tranchant de sa lance serait éreintant et relativement peu discret. Cela dit, les arbres particulièrement rapprochés offriraient peut être un passage pratiquable. Il frotta ses vêtements dans la terre pour les ternir et prendre une couleur plus proche de celle des troncs, s'épongea le front et les paumes, pleines de sueurs, et chuchota à ses deux animaux :

«Shh'kin Arthur !»

Les deux animaux cherchèrent le paladin du regard et allèrent s'assoir tout proche de lui, l'air nettement plus alertes qu'auparavant. Le ton grave du druide avait eu son petit effet. Joon de son côté, palpa le tronc, pria pour ne déranger aucune créature dans les cimes, et se lança dans l'escalade du premier arbre.

Flanqué des deux bestioles, le jeune paladin tenta de donner le change. D'après ce qu'il avait saisi, il fallait faire semblant de rien. Ce n'était pas évident, car il était très mauvais acteur et il brûlait d'incanter pour détecter le mal aux environs. Mais ce ne serait pas très discret et donc probablement mal venu. Il demeura donc immobile, les mains sur le pommeau de son épée, scrutant les bois alentours d'un air qu'il espérait détaché. Son arme pesait une tonne et il se demanda s'il existait des paladins se battant aux fléchettes. C'était peut-être moins glorieux, mais certainement meilleur pour le dos. Un craquement l'arracha à sa rêverie mais ce n'était rien de particulier, sans doute l'envol d'un oiseau ou le mouvement du vent dans les branches. Joon et Damant semblaient chercher quelque chose dans l'environnement proche. Arthur était persuadé que ce qui les observait se trouvait à des lieues de là. Un mage dément, sûrement, se servant d'une boule de cristal viciée pour les espionner à distance. Si c'était possible. Il n'en savait rien. Mais il ne pouvait pas non plus demander à Salazar, comme ça. La présence espérait peut-être qu'ils ne se doutent de rien.
Il tapota doucement la tête du louveteau à ses côtés et accepta l'eau que lui proposait le Coq. Il avait envie de se mettre torse nu mais il sentait que les moustiques géants y verraient là une provocation. Il agita donc l'avant de sa chemise d'une main distraite, attendant que le druide ou le bretteur donne le signal du départ.

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Après que le coq lui eut glissé quelques mots à l'"oreille", le perroquet avait consenti à s'envoler. Non sans, toutefois, lâcher une phrase bien sentie à propos de "l'inacceptable esclavage auquel on soumet les animaux" et du fait qu'il valait mieux les laisser libres que de les contraindre à obéir à l'homme, quand bien même l'homme ait-il une épaule confortable. Sans doute avait-il entendu la réplique de quelque protectrice de la faune sauvage croisée lors d'une escale...
Mais quoi qu'il en soit, il prit son envol. Et son exploration fut tout aussi vaine que celle de Damant ou de Joon : il ne repéra rien. Rien de rien. La forêt était touffue, les cachettes nombreuses, ce qui pouvait expliquer cet échec. Il n'était pas impossible, non plus, que les possibles guetteurs soient passer maîtres dans l'art de la dissimulation. A moins, évidemment, que cette tenace impression d'être observés ne soit au final... qu'une impression. Qu'il n'y ait dans les parages que des animaux curieux, ou inquiets.
Une nouvelle fois, impossible de savoir... Le sentiment ne se dissipait pas, en tout cas.

Joon redescendit de l'arbre et frotta ses mains pour retirer la sève et l'écorce effritée. Un peu agacé de n'avoir rien aperçu, il sentait surtout l'inquiétude monter. Il se ne sentait pas pris au piège, il était même plutôt dans son élément, encore que la forêt fût plus dense que n'importe quelle parcelle de son ancien foyer. En revanche, ils ne pourraient se protéger tous les uns les autres, combattre serait délicat, et si chacun fuyait dans des directions opposées...

Il préféra arrêter d'y penser. D'autant plus que maintenant, ayant pris conscience et émis des hypothèses sur cette pression, il serait plus difficile de paraître désinvolte... Aussi Joon se leva et alla dans la direction dans laquelle ils poursuivraient leur chemin, et attendit que chacun se soit reposé pour repartir.

Une fois soulagé, Damant avait entreprit avec prudence et discretion de faire le tour de la zone. Mais rien d'autre qu'un mulot gros comme un chien de berger ou un doryphore aussi imposant qu'une botte d'orque ne s'était laissé surprendre...

Dépité, il rejoignit les autres et entreprit à nouveau de se mettre en route. Non sans avoir demandé brievement à Salazar si tout cela n'aurait pas pu provenir d'une quelconque magie divinatoire de leurs ennemis.

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Salazar haussa les épaules.
-Il me semble que d'ordinaire, les sorts de divination ne provoquent pas ce genre de sensation chez ceux qu'ils ciblent... murmura-t-il. Après, malheureusement, sur cette île, je m'attends à tout... Bref : spontanément, j'en doute, mais ça n'est pas impossible.
Ils se remirent en route, tentant d'être aux aguets sans trop le montrer. Ils avaient de toute façon fort à faire ne serait-ce que pour s'ouvrir un chemin : ils étaient parvenus dans une zone encore plus dense de la forêt.
Et loin de diminuer, l'impression demeurait constante.
Sinon allait croissant.
Ils en étaient presque amenés à tendre l'oreille au moindre bruit, au moindre craquement, au moindre souffle. Lesquels, par nature, n'étaient pas rares, dans semblables sous-bois.

Cette vigilance constante était des plus épuisantes et la moiteur ambiante ne contribuait pas à alléger l'atmosphère. Arthur se sentait tendu, presque physiquement, mais il réalisa qu'il n'avait pas vraiment peur. En réalité, il se sentait plutôt impatient. Comme un ressort que l'on comprime à outrance, il n'avait qu'une envie, se déplier brusquement, relâcher la vapeur, sans doute se battre. Son épée à deux mains était une machette relativement efficace, bien qu'éreintante, mais les grimaces outrées de Joon lui avaient fait renoncer à cette technique de progression au profit d'un écartement fastidieux mais pacifique des broussailles autour d'eux. De dernier de cordée, le paladin avait maintenant pris la tête du groupe, sans vraiment y prendre garde, et il scrutait les taillis avec concentration. Il n'avait aucune idée d'où ils se trouvaient, d'où ils se rendaient. Mais l'important était d'aller de l'avant.

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Ce fut donc Arthur qui, le premier, remarqua qu'ils s'approchaient d'une clairière. Il le nota à la plus grande lumière qui filtrait des bois, devant lui. A l'espacement légèrement plus important, entre les troncs qui jaillissaient du sol... Quant à savoir la taille que ferait cette clairière, c'était impossible. Il fallait avancer pour en avoir le coeur net.
C'était bien là son intention, mais sa progression fut brutalement stoppée.
Car il fut également le premier a remarquer ce crâne, accroché à un arbre.
Ce crâne humain couvert de mousse. Et dont l'orbite gauche était transpercée d'une flèche.

Charmant... se dit Joon. Visiblement, l'île était habitée, et pas seulement par des mages psychopathes. Ou bien ils s'étaient reconverti dans le tribalisme forestier. Bien que la mousse suggère que le crâne fut ici depuis un moment, il n'avait rien de rassurant. Était-ce celui d'un mage ? D'un des gardes luméniens ? Ou un de ceux qui rôdaient dans les bois... Par ailleurs la clairière ornée d'un pareil trophée, une éloquente mise en garde, lui rappela la demeure d'un druide qu'il connaissait. Le vieillard truffait son domaine de runes, de protections et d'animaux gardiens. La clairière lui inspira la même chose, du moins, s'il y avait une chance pour qu'un druide protégea ce lieu, il valait mieux éviter d'y pénétrer. Il se rapprocha d'Arthur pour lui glisser un mot à l'oreille.

«Aussi intriguante que soit cette découverte, je recommande que nous nous éloignions de la clairière sans la traverser. Elle serait propice à une escale mais je pense que nous risquons gros à y mettre les pieds...»

" Je suis tout à fait d'accord. Vraiment tout à fait. Sans aucun doute." balbutia le paladin que la surprise avait paralysé momentanément.
Sans armures, ils étaient bien mal équipés contre d'éventuelles flèches.
" Mais ne pourrions-nous pas... envoyer le chat ou votre loup ? Je veux dire... avec vos pouvoirs... Ne pouvez-vous pas voir à travers leurs yeux, ou quelque chose comme ça ? Juste par précaution... Parce que je n'ai pas tellement envie de lui tourner le dos, là comme ça, à cette clairière, voyez-vous..."

Joon fixa un instant le paladin. Il voyait mal ce que la clairière pouvait leur apprendre. Le louveteau ne pouvait pas même atteindre le crâne ni la flèche. D'un autre côté le louveteau était une créature relativement innocente et anodine au milieu d'un forêt, si ce n'était sa taille...

«Bon, mais vite alors... Outshi, viens, viens !»

La druide s'accroupit pour caresser le louveteau. Il observa un peu autour des aventuriers, puis la clairière. Puis, il se leva et pointa le crâne et murmura d'une voix sifflante et claquante :

«Shh'fonom !»

Suivant la direction indiquée par Joon, le louveteau s'aventura timidement dans la clairière.

Suivant le plan de Joon et Arthur d'une oreille, Damant en profita pour s'avancer, de quelques dizaines de pas sur la gauche, de la clairière, restant à couvert et silencieux et essayant de voir si quelque feuillage ne se mettrait pas à bruisser lorsque qu'Outshi serait en plein soleil.

Par acquis de conscience, son arbalète légère était dans sa main, un carreau encoché et paré à toute éventualitée

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Rien ne bougea tandis qu'Outshi s'avançait entre les arbres puis s'aventurait dans l'espace dégagé qu'ils cernaient de toutes parts. De son exploration, il transmit à Joon une vision fugace : la clairière était déserte, en dehors des insectes, des petits rongeurs et des autres représentants de la faune locale qui s'y ébattaient. En revanche, il y avait les vestiges d'un feu. Ses cendres avaient été dispersées, le foyer recouvert d'herbes. N'eut été la légère odeur qui persistait, dont le flair aiguisé du louveteau put saisir les fragrances, il serait passé totalement inaperçu.

«Shh'fi !»

Le druide siffla l'ordre aussi bas que possible, incitant le louveteau à inspecter les cendres. D'après ce qu'il avait perçu, Joon pensa qu'il était bien trop vieux pour avoir quelqu'affaire à voir avec leurs compagnons, idem pour la mousse sur le crâne... Quant à déterminer si c'était là l'œuvre des soldats en faction sur l'île... Ou peut être qu'ils n'avait pas tous été possédés ? Peut être était-ce là les restes d'un soldat rénégat... Difficile à dire, trop de spéculations possibles, il valait mieux se concentrer sur le concret et selon Joon, cette clairière portait nombre d'informations capitales, mais pas pour eux et pas pour l'instant. Ils devaient d'abord rallier leur destination. Depuis peu cependant, Joon songeait à quitter le petit groupe et à bifurquer seul vers l'Observatoire, par acquis de conscience...

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Les fouilles du louveteau permirent à son mettre de parvenir à quelques conclusions. D'abord, sans dater de la veille, le feu n'était guère ancien. Au plus, il remontait à quelques jours. Et les ossements éparpillés dans les cendres étaient éloquents : on avait mangé du gibier, ici. Peut-être bivouaqué.

Joon rappela Outshi et fit un rapport rapide à Arthur, lequel devait en savoir plus sur les habitudes des soldats de Luménis, bien que les conditions soient pour le moins atypiques. En revanche Joon en conclut que non seulement la faune était démesurée, mais la flore semblait croître à une vitesse surprenante. Ils devraient à l'avenir être prudent lors de l'établissement de leurs campements, sans compte la menace latente de se faire tirer dessus par des archers psychopathes...

«Cher Paladin, nous pourrions contourner la clairière pour aller récupérer cette flèches, peut-être pourriez-vous alors identifier si elle provient du contingent en faction sur l'île ?»

" On peut faire ça, oui..." murmura Arthur, toujours inquiet. " Je ne sais pas si je pourrai en tirer quoi que ce soit, cela dit... Peut-être que la flèche est beaucoup plus ancienne... que le feu, je veux dire. Que ce ne sont pas les mêmes personnes. Parce que le crâne est moussu, quand même... Non ? Enfin, je dis ça..."
Il attendit de voir quelle direction allait emprunter le druide, plus rompu à ce genre d'exercices, avant de se couler dans ses traces.

Damant était revenu vers leur position et tapa sur l'épaule du paladin avec un sourire

Cela ne coûte rien d'essayer l'ami ! je te rapporte cette flèche...

Il fourra son arbalète entre les mains de Joon avec un sourire

Si quelqu'un sait s'en servir, je ne serait pas contre une couverture !

Il sortit son épée et posa son sac et sa hache d'abordage aux pieds du jeune elfe et du paladin.

Je vous laisse ceci pour l'instant! Faites le tour par la gauche, je vais passer par la droite sous le couvert des arbres pour aller chercher cette flèche et on se retrouve de l'autre côté de la clairière. Pour celui qui utilisera l'arbalète, essayez d'avancer à une vitesse constante mais mesurée, je ferais de même ; une pause lorsque je serais à découvert pour prendre la flèche, puis on repart en reprenant le même rythme prudent.

Se retourne et commence à courir vers son "point de départ" situé à une cinquantaine de mètres de là après un petit signe de main.

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L'opération se déroula sans anicroche, à part, peut-être, ce désagréable sentiment que le moindre de leurs mouvements était épié, guetté. Nul ne les attaqua tandis qu'ils contournaient, Damant d'un côté, ses compagnons de l'autre, la clairière ; nul ne tira comme le cartographe sortait à découvert pour récupérer la flèche et que le crâne, libéré, tombait au sol dans un bruit sourd ; aucun trait ennemi, enfin, ne les frappa alors qu'ils se retrouvaient.
L'examen auquel ils se livrèrent alors leur révéla que la flèche était relativement récente : son bois n'était pas pourri, son empennage de plumes sombres guère abîmé. On avait donc dû s'en servir récemment pour accrocher un sinistre trophée lui-même beaucoup plus ancien. A moins, évidemment, que la mousse locale, influencée par les étranges propriétés de l'île, ne se développât à une vitesse incroyable.

" C'est une flèche récente." annonça Arthur, tout à fait conscient d'énoncer une platitude. " Je n'ai aucune idée de qui l'a tirée. Ça pourrait être un des rôdeurs qui nous accompagnaient, je suppose... Ou un soldat... Ou n'importe qui d'autre, évidemment. Sauf que si mes souvenirs sont bons, les magiciens ne tirent pas de flèches, si ? Enfin, ils envoient des flèches empoisonnées ou acides ou enflammées ou mortelles, ou je ne sais quoi... Mais pas des bêtes flèches en bois avec une petite pointe affûtée en métal. Je crois."
Il sourit à son auditoire.
" Bon, mais comme on n'a pas de rôdeur avec nous, ça ne va pas nous aider beaucoup... A moins que Fritchi puisse faire le pisteur ?"

Damant haussa un sourcil et se tourna vers Joon, voyant combien de temps il mettrait à le prendre mal...

Puis il se tourna vers Salazar et le cuistot et haussa les épaules, cette fois, avant de se remettre en route par l'est en scrutant la forêt attentivement, essayant par ailleur d'entendre le bruit de vagues qui leur indiqueraient qu'ils sont retournés pres de la côte ; ou d'apercevoir la cime d'une montagne qui signifirait qu'ils pourraient alors poursuivre en longeant ces dernières.

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HRP : Bon, je me suis permis de vous faire un poil agir... Mais j'aimerais bien qu'on avance

Si le jeune cartographe n'entendit pas le bruit de la mer - peut-être était-elle trop loin, à moins que le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes ne le dissimule -, il repéra, par une brèche dans la voûte végétale, les contours d'une cime enneigée, rendue indistincte par la distance qui les en séparait. C'était néanmoins un point de repère suffisant pour reprendre leur route vers l'est sans crainte de trop s'égarer.
Comme Joon ne détecta pas de piste fraîche, ils repartirent, reprirent leur pénible progression au cœur de la jungle. Une heure, deux s'écoulèrent, et la nuit s'annonça.
Ils en étaient à chercher un lieu de bivouac lorsque Outshi jappa.
L'instant suivant, sans qu'ils aient rien vu venir, sans qu'ils aient repéré le moindre mouvement suspect, une flèche fendait l'air dans un sifflement aigu, se plantait juste devant eux, à quelques centimètres seulement de la pointe de leurs bottes.
-Plus un pas, plus un geste, dit une voix autoritaire perdue au milieu des branches touffues, impénétrables aux regards.

Joon arma sa lance et se tint en position immobile, pointe brandie dans la direction d'où venait la flèche. Il scrutait les branchages, cherchant à discerner le tireur ambusqué.

Damant se figea lorsque la flèche se planta entre ses pieds et ceux de Joon, son regard se tourna vers la voix et il raffermit sa prise sur sa hache, son épée était à son flanc, Arthur tenait l'arbalête, mais pas même chargée ; et ses lames de lancer étaient dissimulées à l'intérieur de son gilet...
Il se retrouverait avec une flèche dans le corps avant d'en avoir sorti un seul, surtout si la voix n'était pas seule... et puis pour viser où de toute façon?

Se passant la langue sur les lèvres, il se décontracta et s'appuya d'une épaule sur l'arbre voisin, cherchant toujours du regard la personne embusquée.

C'est une variante champêtre d'un-deux-trois : soleil?

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