[MP] Histoire : Ailyn

[Smidge]

"Oui, je comprends", lui répondit-elle.

L'inspectrice soupira, puis esquissa un sourire narquois.

"Ne vous inquiétez pas, ce sera bientôt à votre tour.", lança-t-elle tout à coup, sans même se retourner.

Sofia se tourna la tête, et aperçut Marjorie, qui s'était vraisemblablement approché d'un peu trop près d'elles.

"Marjorie, c'est bien ça ?, poursuivit-elle, sans se départir de son sourire. Maintenant que je vous tiens, il serait dommage de ne pas en profiter. Vous étiez présente également lorsque le corps a été découvert, non ? Vous souvenez-vous de quoi que ce soit ?"

Au moins, elle semblait en voir fini avec elle... pour le moment.

[Ailyn]

Sofia garda le silence. Elle voulait écouter un peu, savoir si elle était en bonne ou bien en mauvaise posture... Tout cela était bien complexe, et elle ne savait plus vraiment ce qu'elle pouvait ou non se permettre de faire. Elle avala une nouvelle gorgée de la liqueur remise par Emile. C'était pour l'instant toute la liberté qu'elle avait.

[Smidge]

Sofia retint sa respiration, et tendit l'oreille autant que possible.

"Je..., bredouilla Marjorie. J'ai cru voir une forme humaine...dans...dans l'ombre."

De quoi parlait-elle ? L'avait-elle... vue trancher la gorge de Lucien ?

L'inspectrice ne répondit pas tout de suite, mais Sofia n'osa pas tourner le regard dans leur direction, de peur de se trahir.

"Rien d'autre ne vous vient à l'esprit ? N'importe quoi, le moindre détail, même insignifiant ?"

Un temps qui lui parut incroyablement long s'écoula dans un silence assourdissant.

"J'ai vu..."

Sofia déglutit.

"...mademoiselle, en larmes, c'est tout".

Soit elle ne savait effectivement rien... Soit elle l'avait couverte. Le tout était de savoir dans quel but...

[Ailyn]

Toute cette histoire était pour le moins étrange et Sofia n'aimait pas cela. Elle avait toujours aimé que les choses soient simples, qu'on puisse facilement les comprendre, les toucher... que le sens soit limpide pour tous. C'était certainement pour ces raisons qu'elle avait choisi la sculpture comme discipline maîtresse. Mais rien n'était limpide ce soir, en dehors du fait que Lucien avait certainement toujours été une ordure de première catégorie, qui en plus de s'en tirer en distribuant son argent aux bonnes personnes, savait jouer une comédie des plus répugnantes.

Elle regarda Marjorie, intensément, de manière à ce qu'elle comprenne de quoi il retournait lorsque celle-ci en aurait terminé avec l'inspectrice. Qu'avait-il bien pu se passer avec Marjorie ? Quels rapports entretenait-elle avec Lucien ? Etait-ce elle qu'elle avait entrevue dans la cuisine ? Voilà qui n'aurait rien d'étonnant... Mais cela signifiait également qu'elle avait le pouvoir de la dénoncer...

Chez Sofia, la méfiance le disputait à la compassion. Comme toujours.

[Smidge]

"Bien, je crois que ce sera tout", conclut finalement l'inspectrice après avoir ajouté quelques notes supplémentaires à son calepin.

Elle s'éloigna de Marjorie, se tourna dans sa direction, et déclara à leur attention à toutes les deux.

"Si quoi que ce soit vous revient en mémoire, n'hésitez surtout pas à venir m'en parler."

Elle les salua brièvement, et se dirigea aussitôt en direction de Nils, dont le sourire omniprésent s'effaça aussitôt.

"À votre tour maintenant. Votre nom ?"

Marjorie lui rendit son regard, sans qu'elle puisse y déceler un quelconque malaise qu'aurait certainement impliqué une dénonciation de sa part.

Son évocation de la "silhouette dans l'ombre" n'en demeurait cependant que plus mystérieuse...

[Ailyn]

Sofia voulait poser des questions. Elle aurait aimé savoir ce que Marjorie savait. Mais elle n'avait aucune envie de se trahir... Comment faire ?
La fatigue commençait à prendre le dessus, et elle ressentait le besoin d'obtenir des réponses. Sans vraiment réfléchir, elle appela Marjorie d'une voix faible et tremblotante.
La terreur n'était toujours pas passée...

[Smidge]

La jeune fille s'approcha d'elle, et s'inclina dans une courte révérence.

"Oui, madame ?"

[Ailyn]

Sofia se racla bruyamment la gorge avant d'avaler une bonne gorgée de la liqueur. Oups ! Le verre risquait de se finir bien vite... Elle prit son temps, et demanda, lentement et toujours aussi faiblement :

"Vous étiez dans la cuisine ?"

Elle ne voulait rien demander de plus. Elle voulait juste en apprendre un peu plus. Mais en dire trop risquait de la mettre en danger.

[Smidge]

Les joues de Marjorie rosirent soudainement. Elle ouvrit plusieurs fois la bouche, mais aucun son ne sortit.

"Je..., balbutia-elle. Non, pas du tout. Le maître m'avait demandé d'aller chercher son coupe-papier, et j'y suis allé. Ensuite, je vous ai entendu crier... et..."

Elle resta immobile et silencieuse quelques longues secondes. Sofia reconnut aisément ce regard. Le même que le sien lorsqu'elle repensait à cet instant quelques heures plus tôt. Elle cachait quelque chose, c'était évident.

Tout à coup, Marjorie cligna plusieurs fois des yeux, et reprit d'une voix un peu plus assurée.

"Excusez-moi, je ne connais pas encore votre nom... ?"

[Ailyn]

Impossible d'en tirer quoi que ce soit. Sofia aurait pu pousser les investigations plus loin, mais elle n'en eut pas le courage. Pas en public, pas dans ces conditions. Si cette femme la couvrait, il ne fallait pas laisser les autres savoir, en particulier l'inspectrice...

"Je m'appelle Sofia", répondit-elle, avec une voix plus calme qu'auparavant.

Elle attendit quelques instants et laissa sa curiosité prendre le dessus :

"Marjorie... que faites-vous ici ? Comment avez-vous été amenée à travailler ici ?"

[Smidge]

Marjorie haussa les sourcils.

"J'ai... C'est ma mère, Yvette, qui m'a faite embaucher ici. C'est... comment dire... un peu embarrassant... L'ancienne femme de chambre qui travaillait ici... est morte, dans un accident. Je ne sais pas trop ce qui s'est passé, mais ma mère a demandé au Comte si je pouvais venir travailler à sa place, et il a accepté. C'était il y a deux ans maintenant. Je n'aime pas trop parler des morts, vous comprenez..."

Elle soupira.

"Pourquoi me posez-vous cette question ?"

Sofia n'eut cependant pas le temps de répondre que les portes du salon s'ouvrirent tout à coup, dévoilant le notaire, accompagné d’Émile.

"Madame Lemaçon ?, lança-t-il à l'attention de l'inspectrice, tout en brandissant une épaisse enveloppe. J'ai retrouvé... enfin, nous, avec l'aide d’Émile bien sûr, avons réussi à mettre la main sur le testament du Comte !"

Il marqua une courte pause, qu'il utilisa pour capter l'attention de tous.

"Il se fait tard, poursuivit-il, et peut-être... pourrions-nous conclure cette soirée par sa lecture, et aller tous nous coucher ?"

Un murmure d'approbation s'éleva de l'assemblée. L'horloge sur le mur indiquait presque minuit vingt, et Sofia commençait à ressentir durement le contre-coup des épreuves de la soirée...

Yvette s'approcha brièvement de la policière, et lui murmura quelque chose, à laquelle elle répondit d'un hochement de tête.

"Très bien, répondit-elle peu après en direction du notaire, procédons à la lecture du testament."

[Ailyn]

Sofia se redressa et avala la fin de sa liqueur après avoir entendu ces dernières paroles. Tâchant de ne pas avoir l'air trop intéressée (l'était-elle réellement de toutes façons ? que pouvait-elle vouloir d'un monstre comme Lucien...).

Elle se leva et, demandant à Marjorie de la suivre d'une voix faible, tâcha de trouver une place un peu plus proche de l'agitation causée par l'apparition du testament.

[Smidge]

Le notaire s'approcha de l'inspectrice et lui présenta l'enveloppe.

"Je vais à présent procéder à l'ouverture", déclara-t-il solennellement.

Il décacheta la cire rouge de l'enveloppe, et en tira un papier soigneusement plié, qu'il déplia. Maître Marquand ajusta ses lunettes, et commença la lecture d'une voix claire.

"Je soussigné Monsieur De Rochebois Lucien, né le 7 décembre de l'année 1863, résidant au Château de Rochebois sur la commune de Villeneuve-les-Ilias, déclare être saint de corps et d'esprit à cette date."

Le notaire marqua une hésitation, et plissa un instant des yeux.

"Étant sans descendance directe, je déclare officiellement léguer la totalité de mes biens immobiliers, incluant le château et la propriété qui l'entoure, ainsi que toute la fortune sur mes divers comptes bancaires... à la compagnie industrielle d'armement « Schneider Electric »."

Sofia n'en croyait pas ses oreilles... "Sans descendante directe" ?? Et d'où avait-elle eu son fils, d'après lui ?? Elle ne se manifesta cependant pas davantage, n'étant de toute façon pas en mesure de prouver quoi que ce fut. Elle soupira, une profonde amertume au fond de la gorge. Toute cette épopée, tous ces traumatismes... pour rien... Et une usine d'armement... Toute cette fortune colossale, destinée à faire la guerre... C'était à pleurer.

"Cependant... Ce legs ne saurait être validé que si je devais décéder de façon naturelle, et... par conséquent... hem... ennuyeuse."

Maître Marquand se racla la gorge. De quoi parlait-il ? Elle pouvait le certifier, Lucien n'était pas mort calmement dans son lit !

"Je cite toujours, bien sûr", précisa-t-il.

Il rehaussa de nouveau ses lunettes avant de poursuivre. Le coeur de Sofia battait à tout rompre.

"Si toutefois, je devais trouver la mort par la main d'autrui, je souhaiterai récompenser l'intelligence éventuelle de mes actuels employés, quels qu'ils soient à l'heure où ces lignes seront lues. Cet héritage reviendrait à celui d'entre eux qui parviendrait à trouver le nom de mon assassin - preuves à l'appui - dans un délais de 3 jours à compter de mon décès."

Et rien pour son fils ? Pour la mère de son enfant ? La mégalomanie de Lucien était bien à la mesure de son ego...

"De plus, poursuivit-il, un trésor se trouve caché dans ma demeure, au château, dissimulé par mes soins. Et celui-ci reviendra au premier qui parviendra à le découvrir."

Le notaire marqua une nouvelle pause.

"Fait le samedi 31 décembre 1921, à Villeneuve-les-Ilias, en 2 exemplaires, dont un remis sous cachet à Maître Louis Marquand."

Il restait peut-être une chance, après tout...

[Ailyn]

Le sang battait aux tempes de Sofia et elle semblait ressentir son environnement avec une acuité inhabituelle. Chaque son, chaque froissement, semblait retentir à ses oreilles comme un hurlement.

Elle était dans un état qu'elle n'avait absolument jamais connu. Avoir porté la main sur Lucien était une chose, mais sentir à quel point il s'était joué d'elle lui paraissait intolérable... Se dire qu'elle avait infligé un geste fatal à celui qui avait joué aux dés avec sa propre vie...
Il lui avait fait du mal comme jamais personne d'autre avant. Et ce testament était le dernier couteau glissé entre ses omoplates. Puisse-t-il ne jamais rester en paix, le salaud...

Il restait peut être une chance d'obtenir quelque chose et de disparaître... Peut-être aurait-elle le courage de chercher cette nuit...

Si Marjorie ne l'avait pas vendue avant...

Elle se tourna vers Marjorie, tâchant de garder ses traits les plus impassibles possibles. Elle avait tout vu. Qui ne vendrait pas une immigrée pour se tailler la part du lion, franchement ?
Sofia ne le ferait jamais, elle en était certaine. Parce qu'elle savait ce qu'était réellement la misère, que ce soit matérielle ou affective. Mais elle ne pouvait jurer de rien concernant Marjorie...

Sofia garda les bras croiser, son regard toujours fixé sur Marjorie, la seule personne qui risquait de l'éloigner de son fils.

A moins qu'elle ne prenne les devants ? Dans sa confusion, Sofia avait du mal à voir quelles possibilités s'offraient à elle.

[Smidge]

Après un silence quasi électrique, l'inspectrice prit la parole.

"Bien, écoutez-moi tous, commença-t-elle en s'adressant à l'assemblée. J'invite bien entendu tous ceux qui auraient le moindre indice concernant cette enquête à me le faire parvenir... mais je vous demanderai, pour votre sécurité, de ne prendre aucune initiative."

Elle poussa un soupir.

"Sur ce, il se fait tard et je pense que vous avez tous besoin de repos. Nous en reparlerons demain."

Le brouhaha reprit lentement, chacun étant plongé dans ses pensées, et la plupart se dirigèrent en direction des portes au fond de la pièce dans un concert discret de "bonne nuit".

Marjorie se tenait toujours à ses côtés, un sourire un peu trop naïf sur les lèvres, avant de lui indiquer d'un signe de tête le petit couloir sur leur droite.

"Vous venez, madame ?"

[Ailyn]

Le danger était énorme. Il allait falloir s'assurer des intentions de Marjorie... Elle en savait trop. Beaucoup trop. Et il fallait falloir s'assurer qu'elle n'en dise pas plus... Ou bien disparaître... Sofia ne savait pas encore ce qu'elle allait faire. Un peu de patience, et elle en saurait plus.

"Je vous suis, évidemment !" répondit la jeune femme avec un ton faussement enjoué et un sourire qu'elle souhaitait le moins crispé possible.

Elle lui emboîta le pas.

[Smidge]

Marjorie l'invita à la suivre dans la petite chambre.

"Et nous y voilà. Ce n'est pas très spacieux... Mais j'espère que cela suffira..."

L'endroit était étonnamment exigu en comparaison avec le reste, mais cela suffirait. En se serrant un peu dans le lit, elles pourraient y tenir aisément toutes les deux. Le mobilier était sobre. En dehors du lit, la pièce ne disposait que d'une petite chaise, d'un guéridon, et d'une étroite table de chevet.

"Je vous ai ramené une chemise de nuit, j'ai pensé que..."

Elle l'interrogea du regard en lui désignant le vêtement simple plié sur le dossier de la chaise, puis commença elle-même à se déshabiller.

[Ailyn]

Sofia n'y tenait plus. Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Qu'elle dise quelque chose. Sinon, elle allait étouffer. Elle sentait que sa respiration devenait de plus en plus difficile au fil du temps, et elle ne tiendrait pas la nuit comme ça, elle le savait. Elle ressentait maintenant Marjorie comme une étrangère, comme un danger...

Elle se redressa, se plaça négligemment devant la porte et demanda doucement, d'une voix calme, sans tremblement :

"Vous avez des projets Marjorie ?"

[Smidge]

La jeune femme la dévisagea, stupéfaite.

"Je... je ne sais pas, je n'y avais pas vraiment réfléchi..."

Elle haussa les épaules, et une fois en petite tenue, enfila sa chemise de nuit.

"Je suis épuisée, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas couchée aussi tard..., avoua-t-elle. Vous voulez le réveil à quelle heure demain ?"

Marjorie se glissa dans les couvertures, et saisit un large réveil orné de deux grandes coupes métalliques en forme de cloche.

[Ailyn]

"Je... je ne sais pas", répondit Sofia. "Je ne sais pas à quelle heure vous vous levez d'habitude... en même temps que vous, ça ira."

Voilà que le tremblement la reprenait. Vite, il fallait se ressaisir.

Pour retrouver une contenance, elle se précipita sur la chemise de nuit, se déshabilla prestement avant d'enfiler tout aussi rapidement cette nouvelle tenue.
Elle se glissa dans le lit, l'envie de dormir s'étant presque totalement envolée, et demanda ensuite :


"Vous avez déjà trahi quelqu'un, Marjorie ?"

[Smidge]

Elle sentit Marjorie se raidir à sa question.

"Je... je ne sais pas. Je n'ai jamais eu l'occasion de trahir qui que ce soit..."

Elle régla le réveil sur 6h30, et marqua un temps d'arrêt.

"Pourquoi me posez-vous toutes ces questions ?"

[Ailyn]

Sofia se tourna vers elle, tranquillement, sans précipitation avant de lui lancer :

"Parce que j'ai confiance en vous, Marjorie. J'ai une grande confiance en vous. Je serais triste de vous voir la briser."

[Smidge]

Marjorie resta interdite quelques instants, visiblement interloquée.

"Heu... merci ?", répondit-elle enfin, plus interrogative que véritablement convaincue.

Elle tendit son bras, et éteignit la lumière de chevet.

"Bonne nuit."

"Bonne nuit", lui répondit Sofia.

L'obscurité soudaine emporta avec elle toute l'agitation de la journée, et un calme presque surnaturel, oppressant, pesa soudainement sur leurs épaules.

On ne percevait plus au loin que les grincements mystérieux et caractéristiques de toutes les vieilles demeures, ainsi que quelques reliquats de la tempête enfin adoucie dans le lointain...


[HRP : C'est la nuit. Chaque personnage doit se reposer suffisamment pour être en forme le lendemain, mais il est cependant aussi possible d'agir pendant cette période. Un temps plus long sera laissé aux joueurs dans cet intervalle, afin qu'ils aient le temps - le cas échéant - de réaliser leurs actions entreprises. Si vous voulez simplement que votre personnage se repose, attendez mon prochain post, qui indiquera le matin.

Mais ce n'est pas tout !

Sur la période nocturne, vous pourrez - si vous le souhaitez - poster "inutilement", simplement pour brouiller les pistes, et faire penser aux autres joueurs que "quelque chose" se passe au château Une fois, deux fois... autant que vous le voulez. Je répondrais bien sûr en conséquence, pour donner le change. Le matin venu, ces posts seront supprimés, et l'histoire reprendra son cours normal.
Si toutefois un évènement imprévu devait se produire pendant votre nuit, un (vrai, cette fois) post vous en informerait, et vous serez libre de réagir comme pendant la journée.]

[Ailyn]

Dormir était bien la dernière chose dont Sofia avait envie. Mais il fallait néanmoins se reposer pour le lendemain, car la journée serait longue... et les mensonges si petits... Mais si nombreux certainement.

Sofia ne dormait de toutes façons depuis plusieurs années que d'un oeil, son fils ayant gardé longtemps une santé des plus précaires, elle se levait à une certaine époque plus de dix fois par nuit pour vérifier que tout allait bien.

Elle glissa négligemment sa main sur une partie de la couverture qui bougerait forcément si sa voisine prenait l'inspiration d'aller fureter ou bien... la dénoncer.

[Smidge]

Sofia ne dormait pas à poings fermés, et de loin. Même si la fatigue avait eu finalement raison d'elle, elle demeurait autant que possible aux aguets.

Contrairement à ce qu'elle aurait supposé premièrement, ce ne fut pas un mouvement suspect de sa colocataire improvisée qui la tira de sa somnolence.

Un bruit, sourd. Comme... un claquement de porte ? Elle n'aurait su en dire plus. Une chose était sûre cependant... C'était indiscutablement proche.

Quelle heure pouvait-il donc être ?... Il ne lui semblait pas avoir dormi très longtemps, pourtant... Elle se tourna discrètement vers Marjorie, qui n'avait pas esquissé le moindre mouvement. Si elle ne dormait pas, elle n'en laissait rien paraître...

[Ailyn]

Lentement, très lentement, Sofia se redressa dans le lit.

La dernière fois qu'elle avait laissé sa curiosité prendre le dessus... elle s'était retrouvée avec une agression suivie d'un cadavre sur les bras, ça n'allait pas recommencer tout de même.

Pourtant, que pouvait-il encore se passer ? Devait elle se lever pour aller voir ?
Pourrait-elle éventuellement camoufler l'arme de son crime ailleurs ? Si elle était dénoncée par Marjorie, au moins ne pourrait-elle rien prouver...

Sofia sortit du lit tranquillement du lit, tâchant de ne pas faire bouger les draps. Puis elle se dirigea vers la porte à pas de loup.

Que pouvait bien lui coûter d'écarter un peu le battant pour observer le couloir ? Si peu, bien peu...

Elle tourna le bouton de porte au ralenti, tâchant de n'alerter si sa voisine de lit, ni qui que ce soit qui rôderait dans le couloir...

[Smidge]

Le coeur tambourinant, Sofia posa la main sur la poignée de la porte, qu'elle tira le plus lentement du monde à elle.

Un grincement bien trop fort à son goût accompagna son geste. Un courant d'air frais lui souleva une mèche de cheveux, et elle posa son oeil le long de la fente.

Il faisait noir. Bien trop en tous cas pour ses yeux, qui ne lui permettait cependant pas de se fier à ce seul sens. Sofia les ferma, abandonnant sa vue pour mieux se concentrer sur son ouïe.

Cependant, malgré quelques longues secondes d'écoute, elle ne perçut rien de plus que le crépitement du feu dans la cheminée de la salle à manger.

La personne qui était à l'origine de ce bruit demeurait invisible. Si toutefois elle n'avait pas rêvé...

[Ailyn]

Un peu déçue, Sofia ne se laissa pas démonter.

"Quelques pas dans le couloir... Juste pour vérifier, juste le temps de m'assurer qu'il n'y a réellement personne... Juste ça... Ce n'est pas si grave ?"

Sofia écarta lentement le battant pour faire quelques pas dans l'encadrement de la porte.

[Smidge]

Sofia s'avança très lentement dans le petit couloir, et tendit l'oreille. Vers la droite - en direction de ce sordide couloir en cercle aux colonnes à tête de gargouille, et vers la gauche, en direction de la salle à manger.

Non, définitivement non... Il n'y avait (plus ?) personne.

Il restait cependant toujours la possibilité de retourner dissimuler l'arme du crime...

Ou pas.

[Ailyn]

Sofia hésitait à explorer un peu... Il y avait toujours la possibilité de tomber sur ce fameux trésor... ou prendre cet élément pour alibi si on tombait sur elle en train de dissimuler son forfait...

Son hésitation la poussa à regarder en arrière, pour vérifier si Marjorie dormait. Elle écarta à nouveau le battant en silence et tendit l'oreille en jetant un oeil dans la chambre qu'elle venait de quitter.