[Haute-Forêt] Quête : Racines

[Voyageuse]

- Personnellement, je préfère m'en réjouir ! Mais tu ferais sans doute mieux de t'en inquiéter, oui, répliqua-t-elle avec un clin d'oeil.
Elle lui dédia un sourire éblouissant, avant d'enchaîner, d'un ton plus sérieux.
- Je vois que tu as fait la connaissance de mes deux cousins... Mon jeune oncle Gwenaël est venu s'installer ici quelques temps. Il a d'ailleurs eu l'insigne honneur d'héberger ton père.
- Ah, mais oui, je comprends mieux maintenant pourquoi j'avais l'impression de vous avoir déjà croisé, s'exclama Joris, s'arrachant à la contemplation de l'épée. Vous êtes le fils des elfes qui étaient chez nous il y a une veille ! Vous ressemblez beaucoup à votre père. Et vous aussi, ajouta-t-il en s'intéressant pour la première fois à Tilmandil.
- Nous sommes les fils d'Elryndel, en effet. Mais pas de sa compagne, crut bon de préciser celui-ci.
- Et j'imagine que vous êtes venus rechercher votre père...

[Kasumi]

Le rôdeur répondit au sourire de Sylvia en répondant d’un ton mutin :

- Oh, je m’en réjouis : tu es aussi resplendissante que dans mon souvenir ! Mais je m’inquiète plus encore ! Je n’ai pas oublié la dernière fois où tu m’avais dénoncé pour l'incendie du poulailler alors que c'était *toi* qui l'avait déclenché. Et je m’inquiète aussi de tout ce que tu serais capable de révéler à mon demi-frère : avec sa curiosité et ta bonne mémoire, je crains qu’une terrible chanson ne ressorte de tout ça !

Puis, la conversation prit un tour plus sérieux et le rôdeur s’y adapta, un ton plus grave :

- Je serai heureux de rencontrer ton oncle en tous cas. Et pas seulement pour ce qu’il pourrait nous apprendre sur Elryndel. Bien que nous sommes effectivement à sa recherche. Ainsi donc ils ont dix jours d’avance sur nous ? C’est moins que ce que je craignais… Mais je ne vais pas t’embêter avec ces discussions maintenant...

Ne sachant que faire avant que le conseil ne soit réuni, le demi-elfe laissait l’initiative à Sylvia de proposer de les accompagner dans leur visite du campement ou non. Même s’il se rendait compte que la présence d’une amie retrouvée était très agréable, il n’osait pas vraiment imposer sa présence. Après tout, il ne savait quasiment rien d’elle depuis que les années les eussent séparés.

[Voyageuse]

- Dix jours d'avance, à peine... Plutôt sept ou huit il me semble. A dire vrai, je pensais même qu'ils en avaient fini et s'étaient téléportés pour rentrer chez eux. Mais je ne suis pas très au fait de ce qu'ils venaient faire ici, je pense que mon oncle en sait plus.
Elle sourit.
- J'imagine que tu attends que se réunisse le conseil. En attendant, je peux vous proposer une modeste collation chez moi...
- Il peut aussi venir chez nous, protesta Joris.
- Non, ton père n'est pas encore de retour, tu ne peux pas inviter quelqu'un à entrer dans sa demeure sans qu'il l'ait d'abord invité, cela ne se fait pas...
- Oui, ce n'est pas faux...
- Mais tu peux venir avec nous chez moi, si tu veux ! Et ensuite, je parie que Kasumi et....
- Tilmandil.
- Que Kasumi et Tilmandil seront ravis que tu leur fasse visiter le campement.
- Mais il le connaît déjà !
- Oui, mais moi pas, fit remarquer Tilmandil. Et je suis sûr que tu seras un excellent guide. Enfin, sauf s'il préfère me faire visiter lui-même ? Kasumi ?
- Venez d'abord vous sustenter, ça peut bien attendre que vous ayez l'estomac plein non ? les coupa Sylvia.

[Kasumi]

Une semaine d’avance pouvait être rattrapé aisément avec l’avantage de la connaissance du terrain. Toutefois, ils s’étaient peut-être téléportés auquel cas seules les informations que pourraient fournir l’oncle de Sylvia ou le conseil pourraient les remettre sur la piste. A moins qu’Eärundra ne glane une destination précise auprès du Cercle des druides. Mais ce n’était pas encore le moment d’anticiper la prochaine étape du voyage. Pour l’heure, il était plus courtois de répondre à l’invitation sans parler du fait que le demi-elfe en avait envie. Besoin même, pour faire la paix avec son passé tourmenté et son départ précipité, il y a quelques années de cela. Et pourtant si longtemps… Il répondit un peu songeur :

- Nous acceptons avec plaisir ton invitation, Sylvia. Ce petit exercice m’a ouvert l’appétit. Non pas que ta cuisine me manquait, ne va pas te faire d’illusions ! Surtout si ta spécialité est toujours cette tourte aux cèpes et aux framboises. Mais je ne veux pas passer pour le pire des ingrats non plus. Nous te suivons...

Il lui adressa un sourire et un clin d’œil taquin avant d’ajouter à l’adresse de Joris :

- Et nous acceptons aussi ton invitation à nous guider, Joris. Il y a certainement beaucoup de choses qui ont changé depuis mon départ. A commencer par les résidents de la communauté, sans doute.

[Voyageuse]

- C'est une tourte aux cèpes et aux groseilles, pas aux framboises, maugréa Sylvia. Je vois que ta mémoire ne s'arrange pas avec les années...
Puis, satisfaite sans doute de sa pique, elle les conduisit jusqu'à l'un des abris les plus petits, les plus discrets aussi, en bordure du campement.
- Bienvenue chez moi, Kasumi, et à toi aussi, Tilmandil. Le vouvoiement ne lui semblait absolument pas venu à l'esprit. Comme tu vois, j'ai déménagé depuis la dernière fois qu'on s'est vus, j'en avais assez d'être sans cesse sous la surveillance des anciens... Là je suis plus tranquille !
Elle mit à chauffer un peu d'eau pour une infusion, et fouilla dans ses affaires pour en sortir des biscuits secs étrangement parfumés.
- J'y mets un mélange de menthe de d'agrumes... Tu verras, c'est aussi original que ma tourte, mais en meilleur !
L'odeur, tout compte fait, n'était pas désagréable. Et le goût, juste un peu... surprenant.
- Ce n'est pas mauvais, commenta Tilmandil. Sans que Kasumi sache s'il appréciait réellement le biscuit ou s'il faisait simplement montre de politesse.
- C'est sa spécialité, asséna Joris avec enthousiasme. Lui semblait les trouver réellement délicieux.
- Mais raconte-moi donc, pendant que ça infuse... Où donc t'es-tu enfui toutes ces années ?
Elle ne demandait pas pourquoi.... mais on lisait dans son regard que la question lui brûlait les lèvres.

[Kasumi]

Kasumi avait tenté de trouver de quoi répondre à la taquinerie de Sylvia mais rien ne lui était venu sur le coup et la jeune femme avait fait diversion en les menant au travers du campement. Le goût du biscuit était effectivement surprenant, mais loin d’être désagréable une fois la première saveur assimilée. Le demi-elfe se surprit à en piocher un deuxième sur le plateau sans même s’être rendu compte avoir dévoré le premier. Le rôdeur était étonné que Sylvia persiste à vivre dans un endroit si petit mais il fallait lui reconnaître qu’elle avait toujours su se contenter de peu. Il répondit après Tilmandil mais plus pour satisfaire un subit élan de curiosité inconsciente que par simple politesse. Cela lui donnait aussi le temps de réfléchir à l’autre question de la rôdeuse :

- C’est aussi un tout petit plus grand, non ? Mais je suis certain que tu as décidé de te mettre à l’écart pour éviter que les anciens et la moitié du village ne soient tentés de dévaliser ta réserve de biscuits. Ils sont excellents !

Après avoir marqué un instant de pause qui jeta un voile de sérieux sur sa remarque légère et son humeur, le demi-elfe se mit en devoir de satisfaire en partie la curiosité bien naturelle de son amie. Il se souvenait s’être comporté en partie en goujat à l’époque, ne lui révélant guère plus qu’aux autres quant à ses intentions. Certes ces dernières étaient alors guidées par la vengeance et la réaction à sa perte et elles étaient surtout mal définies mais cela n’excusait guère son attitude. Il avait voulu rompre tous les ponts, tout quitter. Il l’avait fait et sans vraiment prendre de gants…

- Tu veux parler des années après celles de l’Anauroch j’imagine… J’ai été un temps mercenaire sans attaches, sans territoire bien défini non plus. Je crois que je ne voulais ni des unes ni de l’autre. Puis j’ai voyagé à l’ouest. Jusqu’aux continents d’outre-mer. Jusqu’à la cité de Luménis. Là, j’ai trouvé à employer une partie de ce que j’ai appris ici. Pas seulement le métier des armes, la force de volonté de protéger aussi. Quelque-chose, quelqu’un…

[Voyageuse]

- Ce qu'il omet de dire, c'est qu'il a une petite amie, précisa Tilmandil, sans souci de discrétion.
Il guettait visiblement la réaction de sa vis-à-vis, se demandant sans doute si elle et Kasumi avaient eu une relation particulière. Mais celle-ci conserva une expression parfaitement neutre.
- Ah, je me disais aussi... Un beau ténébreux comme toi... Elle est belle, j'espère ?
- Belle... Oui, certes... mais pas moitié autant que vous, Dame Sylvia, répliqua Tilmandil avant que Kasumi ait eu le temps d'ouvrir la bouche. Faire des compliments aux jeunes femmes était décidément une seconde nature chez lui. Avec une certaine efficacité, à en juger par la légère rougeur qui colora les joues de Sylvia.

[Kasumi]

Kasumi jeta un regard noir à son demi-frère avant tout pour n’avoir pris aucun gant sur ce qu’il avait préféré taire par soucis de discrétion. Pas seulement d’ailleurs. Pourquoi lui était-il difficile d’évoquer franchement sa relation avec Astrée devant Sylvia ? Un mélange de sentiments étranges refit surface entre timidité et envie de ne pas… - blesser ? - la rôdeuse. Il ne se les expliquait pas vraiment si ce n’est que c’était ce qui avait guidé leurs rapports d’adolescents et de jeunes adultes. Toujours à chercher une occasion d’être ensemble mais sans jamais se rapprocher vraiment. La remarque de Sylvia le fit rougir également même s’il l’associait à une taquinerie justement destinée à le mettre mal à l’aise. Mais pourquoi alors la remarque si légère de Tilmandil lui fit froncer les sourcils ? Il n’avait pourtant aucune raison de se montrer jaloux… Le rôdeur chercha quoi répondre mais ne trouva rien d’intelligent ou de sensé à répliquer. Evidemment qu’Astrée était belle. La plus belle à ses yeux amoureux. Et il n’avait de toute façon pas le droit de complimenter Sylvia sur sa beauté indéniable, quoi qu’il en pense. Ces bardes et leur liberté de ton, tout de même !

[Voyageuse]

Sylvia, du reste, se reprit très vite. Pas assez vite cependant pour son cousin, qui, lui, saisit la perche.
- Hey, j'y crois pas, vous seriez pas en train de draguer ma cousine ?
- Joris, tu apprendras que toutes les femmes aiment qu'on les complimente ! Ce n'est pas forcément une histoire de séduction, enfin, pas toujours ! Mais tu apprendras, avec le temps...
- Hum... Il a le temps pour ça, je trouve !
- Mais ne t'inquiète pas, va, qui donc veux-tu que je drague ? Y'a aucune fille de mon âge.
- Mais... tu es bien silencieux, Kasumi ? ne put s'empêcher de lancer Tilmandil d'un ton taquin. Ah, je comprends, tu dégustes les gâteaux...

[Kasumi]

Le demi-elfe aurait volontiers asséné un coup de coude dans les côtes de son demi-frère mais d’une part il savait se maîtriser, l’épisode avec Amish n’ayant pas totalement épuisé ses réserves de patience et d’autre part il était bien conscient que cette attitude n’aurait fait que contribuer à donner du grain à moudre à Tilmandil. Qui plus est, le barde saurait fort bien se défendre et le mettre dans l’embarras si le besoin ou l’envie s’en faisaient sentir. Il opta donc pour une réponse plus douce, répliquant après avoir adressé un clin d’œil qu’il espérait complice avec Sylvia :

- Il ne faut pas trop faire attention à mon elfe de frère. Il adore monopoliser l’attention sur lui et aussi la parole. D’où ma modeste offrande au silence. Et encore une fois, ces biscuits sont excellents. Si tu parlais moins Tilmandil, tu aurais l’occasion de le savoir !

[Voyageuse]

Sylvia répondit à son clin d'oeil par un sourire un brin songeur. Et Tilmandil se hata de répliquer :
- Mais bien sûr que si, je les ai goûtés, ils sont absolument parfaits ! Tout comme leur hôtesse !
Au haussement de sourcil de celle-ci, il grimaça et corrigea avec un sourire.
- Je radote, il faut croire... L'âge, vous croyez ? Je n'ai que quelques dizaines d'années de plus que vous pourtant...
- Si vieux ? s'exclama Joris, incrédule.
- Et bien oui... mais je suis tout juste adulte selon les critères elfiques.
- Je vois ce que tu voulais dire, à propos de la tendance à monopoliser la parole, intervint Sylvia en se tournant vers Kasumi avec un clin d'oeil complice à son tour. Elle avait parlé suffisamment fort pour être entendue de l'intéressé, tout en faisant mine de ne s'adresser qu'au rôdeur.
Le teint de Tilmandil se colora légèrement, et il parut pour une fois à court de réplique.
- Et donc... tu es parti au-delà des mers de l'ouest. ca doit être fantastique, comme voyage. Est-ce très différent d'ici ?

[Kasumi]

Le demi-elfe adressa un sourire amusé et ressentit une sorte de fierté en remarquant comment son amie avait efficacement mouché le barde, le réduisant pour une fois au silence en le prenant à son propre jeu. Il se fit songeur pendant un moment avant de répondre avec sincérité à la question avancée par Sylvia pour relancer la conversation :

- Fantastique par bien des aspects oui. C’est un monde nouveau, jeune, moins policé d’une certaine manière. Mais aussi complexe que la Côte des Epées avec ses havres de paix et d’ordre et ses guerres perpétuelles entre grandes cités. C’est un monde plein d’opportunités comme ici je suppose. Quand on est assez éveillé pour savoir les voir…

Le demi-elfe se fit songeur à son tour avant de reprendre d’un ton plus joyeux :

- Il est aussi difficile d’y définir sa place toutefois. Mais c’est valable dès lors qu’on quitte le foyer de son enfance, quel que soit l’endroit j’imagine. Je travaille avec les autorités de la cité des lumières même si je n'y tiens aucun rôle officiel. Ah si tu pouvais la voir, tu serais étonnée !

[Voyageuse]

Sylvia sourit, songeuse.
- Tu sembles beaucoup apprécier ta nouvelle vie. Tant mieux pour toi...
Rêveuse, elle regarda par la minuscule fenêtre qui ornait l'un des murs de sa petite cabane.
- Moi j'ai trouvé un équilibre ici. Mais parfois ça me semble un peu trop étriqué. Je manque de rencontres... Et pourtant je n'ai pas le courage de partir, comme toi, à l'aventure par le vaste monde.
Elle lui sourit.
- Tu me fais envie avec ton parcours !
Elle n'était visiblement pas la seule à être impressionnée par la vie du rôdeur : Joris, lui aussi, buvait ses paroles.
- Et... vous avez combattu beaucoup de monstres ? De méchants ?

[Kasumi]

Kasumi sentait la curiosité de son auditoire mais hésitait quant à la conduite à tenir : Joris et Sylvia n’avaient semble-t-il que peu quitté l’abri du campement et l’attrait de la nouveauté pouvait se révéler dangereux pour ceux ne mesurant que peu les risques du monde extérieur. Certes, la vie n’était pas toujours calme et paisible dans ces forêts. Les raids et incursions n’étaient pas si rares en sus des dangers indigènes et sauvages. Mais tout cela n’avait rien à voir avec le chaos sévissant dans les régions sauvages ou même civilisées du nouveau monde. Il commença donc par refroidir les ardeurs des deux rôdeurs, ne quittant pas le gamin des yeux. L’esprit de l’adolescent devait être particulièrement influençable :

- On choisit rarement de se mettre en route. Et le chemin est rarement celui qu’on pensait. Aussi étriqué que le campement puisse être pour un esprit aventureux, s’engager en dehors n’est jamais sans risque. Et on est amené à découvrir plus de mauvaises choses que de bonnes au bout du compte alors ne m’enviez pas trop. Evidemment, il y a des compensations… Des rencontres, surtout. Mais je suis certain qu’ici, des occasions sont données tôt ou tard aussi.

Il adressa un léger sourire énigmatique à Sylvia avant de poursuivre sur sa lancée :

- Mais pour répondre à ta question Joris, j’ai beaucoup combattu oui. Beaucoup trop peut-être. Disciples du tyran qui avait asservi Luménis, immondes esclavagistes, Sharites et même un ou deux vampires… Mais je suis certain que Tilmandil va trouver moyen d’embellir ce triste palmarès si on lui en laisse le temps !

[Voyageuse]

- Je vais m'y employer, confirma le barde avec un joyeux sourire. Nous disons donc : une vingtaine de morts-vivants, une armée d'esclavagistes, toute une secte de sharites... On m'a également parlé de hordes d'asabis. Ça correspond un peu mieux à la réalité, non ? Je suis sûr que tu es trop modeste... En tout cas, ajouta-t-il à l'adresse de l'adolescent, moi je l'ai vu à l'oeuvre. les morts-vivants ne font pas long feu face à lui !
Comme Joris le fixait d'un air incrédule, il entreprit de narrer leurs aventures récentes par le menu, en embellissant quelque peu le récit sans toutefois que cela ne paraisse invraisemblable.
- Et c'est un tapis volant qui nous a ramenés au domicile de mon ami mage.
- Quoi ? Non, vous racontez des craques là...
- Je t'assure que c'est vrai. Un tapis de laine, enchanté, qui volait dans les airs ! Demande à Kasumi.... J'ai promis de mettre tout ça en chanson, il faut vraiment que je m'y emploie...
- Hum... Vous ne feriez pas mieux d'aller visiter les environs plutôt que d'exalter l'imagination déjà débordante de mon jeune cousin ?
Sylvia paraissait elle aussi totalement incrédule.

[Kasumi]

Tilmandil ne dérogeait pas à la règle qui voulait que les bardes ne trouve une histoire racontable qu’en en exagérant tous les aspects. Il le laissa conter tout son saoul sans intervenir néanmoins. Mieux valait le laisser s’exprimer un peu, retrouver une certaine familiarité avec ses habitudes dans cet environnement qui devait lui sembler si étranger, si étrange aussi. Il ne put néanmoins s’empêcher de glisser une taquinerie à son barde de demi-frère quand ce dernier lui en laissa l’opportunité.

- Le seul détail véridique se trouve être ce tapis salvateur, effectivement. Les génies sont capables de grands prodiges, c’est un fait connu ! Quant au combat dans les souterrains, ce n’était franchement qu’une escarmouche : on a surtout eu de la chance de ne tomber que sur des squelettes ordinaires et le gros n’était pas à son avantage dans les escaliers. Après, les ombres sont toujours un peu plus vicieuses même si on a l’habitude. Mais nous sommes à vos ordres, dame Sylvia ! Votre toit, votre loi. J’espère que nous nous reverrons tout de même avant notre départ. Cela fait si longtemps alors ça me ferait plaisir je crois mais je comprendrais que tu en aies déjà assez entendu ! Encore merci pour les gâteaux. Messieurs, il est temps de nous mettre en route et débarrasser le plancher de la maison de Sylvia de nos pieds crasseux et surtout de nos discours oiseux. Joris, c’est donc toi notre guide.

[Voyageuse]

Sylvia et Joris avaient tous les deux les yeux brillants d'intérêts en l'écoutant. Sylvia semblait un peu rêveuse, comme si elle regrettait de ne pas vivre de telles aventures. Joris avait l'air exalté de celui qui se prépare mentalement à affronter les mêmes choses. Ils avaient les mêmes yeux, les mêmes tâches de rousseur, marquant nettement leur lien de parenté, même si Joris n'arborait pas la chevelure flamboyante de sa cousine.

L'adolescent les entraîna avec enthousiasme à la découverte du campement. La forge, l'armurerie, la réserve de provisions et de simples, tout était exactement comme le rôdeur se les rappelait. Certaines cabanes avaient été démolies, de nouvelles avaient été construite ; ils croisèrent plusieurs rôdeurs que Kasumi reconnut et qui le saluèrent avec plus ou moins de curiosité et de chaleur. Deux d'entre eux lui étaient inconnus, et Joris lui confirma qu'ils n'étaient là que depuis peu de temps, comme lui-même, sa soeur et et son père.
Ils finirent par apercevoir sa soeur, assise au pied d'un arbre, caressant son jeune chiot. Mais elle se leva dès qu'elle les vit et s'en fut ostensiblement dans la direction opposée.
- Il ne faut pas en vouloir à Amish, expliqua son frère. Elle se vexe très facilement, c'est vrai, mais ce n'est pas facile pour elle. Étant la plus jeune, et de surcroît une fille, elle a toujours la sensation de devoir faire ses preuves, et qu'on la considère comme une incapable. Elle a très peur qu'on la renvoie chez notre mère si elle n'est pas à la hauteur...

[Kasumi]

Kasumi était loin d’avoir l’assurance et l’aisance d’expression de son demi-frère mais il avait bien senti l’intérêt de son petit auditoire et il devait reconnaître qu’être ainsi écouté avait quelque-chose de grisant, incitant à livrer quelque anecdote supplémentaire, voire à enjoliver un détail parfois. Cela l’amena à une introspection attendrie une fois qu’ils eurent quitté la petite cabane.Si je n’y prends pas garde, ce barde va commencer à m’influencer. Le maudit ! Une fois à l’extérieur, il avait ramassé une petite bûchette devant la maison de Sylvia et commencé à l’écorcer puis à la tailler presque distraitement tout en prêtant attention à la visite et aux commentaires enthousiastes de Joris. Le demi-elfe lui posa parfois quelques questions sur le fonctionnement de tel ou tel dispositif, plus pour le mettre en valeur que pour évaluer ses connaissances. Et si cela permettait à Tilmandil d’en apprendre un peu plus sur leurs coutumes et leurs us, ce n’était pas perdu.

Quand Amish revint au cœur du sujet, le rôdeur s’interrompit dans sa tâche de dégrossissage pour accorder sa pleine attention au jeune garçon.

- Je la comprends. Etant moi-même demi-elfe et le plus jeune, j’en suis passé par là, craignant que mon père ne réclame que je poursuive les études qu’il m’aurait préféré voir suivre à la ville. Mais elle a autant tort que moi à l’époque : elle n’a pas pris conscience de ses talents mais toi et moi savons qu’elle est douée. En tous cas qu’elle a la volonté et la ruse pour réussir là où la force lui fera toujours un peu défaut. En quelque sorte, elle est plus rôdeuse que je ne le suis ou le deviendra quand elle en aura pris conscience. C’est à elle de le faire, à elle seule. Mais il n’est pas interdit de l’y aider...

[Voyageuse]

Tilmandil avait écouta avec autant d'attention que Kasumi les explications du jeune garçon, demandant parfois quelques précisions sur des détails évidents pour les initiés - lui ne l'était pas. Il n'intervint pas lorsque le sujet d'Amish fut abordé, et laissa Joris poursuivre seul l'échange.
- Je fais ce que je peux, soupira le jeune garçon. Enfin, sauf quand elle devient trop insupportable comme tout à l'heure !
Il grimaça.
- Et nos instructeurs sont drôlement patients avec elle. Enfin, presque tous.
Il faillit ajouter quelque chose, un ou deux noms peut-être, mais conscient que ses instructeurs étaient aussi probablement ceux de Kasumi et qu'il aurait été malséant de s'en plaindre, il préféra changer de sujet.
- C'est quoi, ce bout de bois que vous tailladez depuis tout à l'heure ? Enfin, si ce n'est pas trop indiscret...

[Kasumi]

Le rôdeur esquissa un sourire en réponse à l’intervention de Joris sur sa sœur. Il devinait parfaitement lesquels des instructeurs pouvaient se montrer irascibles avec les fortes têtes du genre d’Amish. Jérémiah devait faire partie du nombre à supposer qu’il ait accepté d’enseigner l’archerie à une élève si jeune. Mais ce n’étaient pas ces considérations qui avaient provoquées son sourire. Ne souhaitant pas répondre immédiatement à la question concernant son morceau de bois, il commença par conseiller le jeune homme :

- Tu agis donc avec une grande sagesse ! Quand les filles deviennent revêches, mieux vaut laisser couler sous peine de les rendre pire encore. C’est une leçon qu’il m’a fallu des années à comprendre. Et je sais que dans ta famille, les filles peuvent se montrer terrifiantes quand elles sont en colère… Continue donc ainsi, laisse-lui des occasions de se prouver à elle-même ce dont elle est capable. Et si tu dois l’aider parfois, arrange-toi pour te montrer des plus discrets. Car si elle l’apprend, tu regretteras de l’avoir fait, crois-moi !

Plongé dans ses souvenirs, le rôdeur se fit rêveur avant de sourire de nouveau et d’enchaîner sur la question que l’adolescent venait de lui poser :

- Oh, c’est un de mes petits talents cachés. Mais c’est avant tout une surprise alors je ne peux pas te la révéler. Surtout en présence d’un barde qui a clairement manifesté son intention d’écrire des chansons me mettant en scène.

[Voyageuse]

- Oh, je n'ai rien dit, mais j'avais bien remarqué ton petit manège. Je pourrai donc rajouter, à mon couplet sur le beau rôdeur ténébreux, qu'il est sculpteur à ses heures perdues. Mais donc, tu ne veux pas nous dire ce que tu es en train de sculpter ? Même à moi qui suis la discrétion même ?
Son ton léger et le clin d’œil qui accompagnait sa phrase indiquait clairement que lui-même ne se prenait pas au sérieux.
- Tant pis, je serai contraint de t'espionner à ton insu pour savoir ce que c'est et à qui tu le destines... Même si j'ai une petite idée sur la question.
Il eut un petit sourire énigmatique et se tut.

Près du grand bâtiment où siégeait le conseil, Kasumi percevait des va et viens plus nombreux que tout à l'heure. Peu à peu, le jour déclinait et chacun s'en revenait de ses tâches quotidienne. Il était probable que le conseil n'allait pas tarder à siéger, et que leur présence y serait requise.

[Kasumi]

Le rôdeur était resté muet suite à l’intervention de Tilmandil mais la teinte soudain un peu moins pâle de ses joues en disaient plus long que s’il avait confirmé franchement. Sa tentative de diversion ne devait donc tromper personne :

- Tu pourrais être très surpris si tu te mettais en tête de m'espionner. Peut-être même bien que cette sculpture t’est destinée, Tilmandil ! En tous cas, un rôdeur sait se montrer parfaitement discret, surtout chez lui. Alors ne rêve pas trop ! Mais je ne me fais aucune illusion : tu trouveras bien à inventer de quoi combler les trous du récit. En plus, ce n'est pas le moment : on dirait que le conseil est sur le point de se réunir. On devrait rester ici et voir si Eärundra compte nous y rejoindre.

[Voyageuse]

Joris resta avec eux, écoutant Tilmandil lui décrire d'Everaska et la vie -un peu enjolivée- de barde.
Eärundra demeurait invisible. Ce fut Jérémiah qui vint les trouver, peu après, pour leur signifier que le conseil les attendait. Leur jeune guide s’éclipsa, les laissant se diriger vers la plus grande des bâtisses.

Kasumi connaissait tous les membres du conseil. Outre Jérémiah, qui le présidait, il y reconnut Yan, qui était en quelque sorte leur maître armurier et jouait également les intendants, puis Eliah, le demi-elfe qui lui avait enseigné l'art de tirer efficacement à l'arc. Une femme, assez âgée, était assise près de lui : il mit quelques temps à reconnaître Malvina, experte dans l'art de soigner les blessures, qui adorait transmettre son savoir sur les herbes médicinales. Il y avait également Arthys, qui enseignait d'ordinaire aux jeunes recrues le pistage ainsi que toutes les connaissance utiles sur la faune des bois. Il manquait Cewyn, qui y représentait d'ordinaire le cercle druidique.
- Cewyn nous rejoindra plus tard, expliqua Jérémiah, devinant peut-être ses interrogations. Il m'a fait savoir que nous pouvions commencer sans l'attendre. Ils n'ont pas fini leur conclave...
Ce qui expliquait également l'absence d'Eärundra.
- Nous vous écoutons...
Pour une fois, Tilmandil semblait bien décidé à lui laisser la parole.

HRp : si pour toi le conseil compte plus de membres, si j'ai oublié quelqu'un d'important, tu me dis, j'éditerai... Et il y a sûrement un autre mot que conclave mais c'est le seul qui m'est venu, donc si tu en connais un "officiel" tu me dis !

[Kasumi]

HRP : non non, ça me parait bien pour le nom et nombre.

Kasumi n’était pas vraiment étonné de voir son demi-frère s’effacer cette fois même s’il ne manquait d’ordinaire *aucune* occasion de se taire. Parler lors d’une assemblée officielle requérait d’en connaître les coutumes pour éviter d’y commettre un impair qui porterait à conséquences. Le rôdeur n’était pas certain lui-même d’éviter des bourdes et se sentait un peu nerveux à l’idée de parler pour la seconde fois de sa vie devant le conclave, la première ayant été pour annoncer son départ du campement à la recherche de ceux ayant assassiné sa mère. Ce souvenir douloureux refaisait surface au pire moment mais il fit un effort pour ne pas s’y laisser aller, pour se souvenir des paroles consacrées avant d’aller droit au but, sans fioritures :

- Moi, Kasumi Meredith Hendulaurë, Extérieur mais jugé autrefois digne par mes pairs d’intégrer le second cercle salue les Vénérables du conclave des forêts de l'est et vient exposer humblement deux requêtes au conseil. La première est de réclamer l’asile pour la nuit pour mon demi-frère par le sang et moi-même.

Il excluait Eärundra qui, en tant que druidesse de plein droit avait naturellement droit de passer le temps qu’elle jugerait nécessaire au sein du cercle. De plus, tout ce qui concernait les druides n’était pas débattu en conclave, surtout en l’absence de leur représentant. Il poursuivit du même ton solennel après avoir adressé un regard aux différents maîtres et à Tilmandil :

- Nous sommes à la recherche de notre père, Elryndel qui a trouvé refuge parmi vous il y a quelques temps. Nos intentions sont honorables et ne concernent pas la traque mais nous avons tout lieu de penser qu’il est en danger et nous cherchons à l’aider. Aussi requérons-nous les informations qui nous permettraient de le retrouver.

[Voyageuse]

Plusieurs regards s'échangèrent. Neutres. Avec peut-être un brin de curiosité.
- Le conseil vous souhaite la bienvenue en ces forêts de l'est, jeunes aventuriers qui errez en ces lieux. Le gîte et le couvert vous sont acquis, comme il se doit, en échange bien sûr de votre participation aux tâches collectives. Contrepartie que vous avez d'ores et déjà commencé à acquitter.
Jérémiah eut un regard inquisiteur en direction de Tilmandil, qui, presque timidement, répondit.
- Je me tiens à votre disposition pour l'aide que vous jugerez que je peux apporter. Mais je suis barde, et non rôdeur...
- L'animation de la veillée de ce soir me parait une contrepartie acceptable, répondit Malvina, s’attirant un regard soulagé du barde - et un autre, un rien contrarié, du vieux Jérémiah. Les autres membres du conseil acquiescèrent.

- Quant à votre seconde requête, concernant votre père... Il a effectivement été notre hôte près d'une veille, et est reparti il y a une huitaine de jours il me semble. Un peu déçu, je crois, de n'avoir pas obtenu des druides autant d'informations qu'il l'aurait souhaité, mais les druides gardent toujours jalousement leurs secrets...
- Nous avons donné à Elryndel toutes les informations que nous étions en capacité de lui donner, affirma Cewyn. L'elfe, qui entrait sur ces entrefaites, prit place entre Jérémiah et Eliah. Et nous avons déjà eu cette discussion...
Il se tourna vers Kasumi et Tilmandil.
- Et je me tiens bien sûr à votre disposition pour vous donner les mêmes indications, comme je l'ai fait pour la jeune druide qui vous accompagne.
- Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il est en danger ? intervint Eliah.

[Kasumi]

Kasumi était soulagé que le sujet de la compensation demandée au barde ait été trouvé à l’avantage de son demi-frère. Il devait aussi reconnaître être curieux de l’entendre lors d’une représentation de cet ordre, n’ayant pu que peu admirer ses talents à Luménis, encore sous le choc de la découverte de leur parenté qui plus était. Il craignait peut-être un peu certains ajouts récents à son répertoire mais si cela pouvait donner du moral et du cœur à l’ouvrage à Tilmandil, ce ne serait pas un si cher prix à payer. Et il n’était du reste pas temps de s’en soucier comme les discussions entraient dans le vif du sujet :

- D’après nos informations, notre père a commencé à suivre de mauvais conseils, prêt à croire ce qui n’auraient pas la même probité et honnêteté que maître Cewyn et ses condisciples…

Il adressa un hochement de tête dans sa direction, espérant se gagner un allié en reconnaissant aux druides le mérite de ne pas chercher à tromper par de faux espoirs, l’elfe en quête d’informations.

- La maladie, l’échec des techniques traditionnelles magiques ou non jusque-là lui ont fait prêter l’oreille aux représentants des félons asabis. Je crains qu’ils ne l’aient mis sur une mauvaise piste. J’ignore qu’elles étaient leurs intentions et leur mobile en dehors d’une rétribution peut-être. Mais ce après quoi court notre père aurait peu de chances de l’aider et son état se dégrade de jour en jour loin de tout traitement approprié, à moins que maître Cewyn soit d’un autre avis… Ces questions ne me sont guère familières. Je ne suis qu’un pisteur. C'est pourquoi vos informations seront grandement appréciées. Particulièrement si elles restreignent notre zone de recherche. Avec huit jours d'avance et un mage à leur disposition, le groupe d'Elryndel pourrait fort bien défier toutes nos tentatives de pistage.

[Voyageuse]

Cewyn avait écouté avec attention, tiquant légèrement à la mention des félons asabis. Il était difficile de savoir si c'était parce que la qualification de félon, appliquée à toute une race, le choquait en tant que druide, ou si au contraire il la partageait.
- Je ne peux que confirmer ce que vous savez déjà. Nous le lui avons dit, du reste : la plante qu'il recherche ne peut l'aider. Ni aucune autre plante d'ailleurs... Mais il n'a pas voulu entendre nos conseils, se raccrochant aux faux espoirs que ce shaman asabi a su faire naître en lui.
- Et effectivement, il sera impossible à pister, du moins au départ du campement, confirma Arthys. Ils se sont téléportés... Mais nous connaissons approximativement leur destination.
- Ils se sont rendus de l'autre côté des marécages du delta de la Nouria, à la recherche d'un bosquet sacré où pousse la plante qu'ils recherchent. Tu te souviens, je pense, de la zone dangereuse où la rivière s'évase avant de je jeter dans le Lac aux Murmures. C'est de l'autre côté, à deux ou trois lieues à l'est du lac. Il y a une ancienne piste qui y mène, allant du lac aux montagnes, plus à l'est encore.

Jérémiah intervint à son tour, désireux d'expliciter les choses.
- Pour être plus précis : la compagne de ton oncle et le jeune guide qui les accompagnait s'y sont d'abord rendus seuls, pour épargner à ton père les fatigues du voyage. Puis ils sont revenus le chercher par téléportation, après avoir reconnu les lieux. Ton père est ainsi resté près d'une veille à les attendre. Ils ont préféré faire le tour à l'est par les montagnes, moins dangereuses, plutôt que traverser le marais. Si tu choisis de traverser les marécages, tu peux y être en moitié moins de temps...
- Et apparemment, ils avaient encore plusieurs jours de chemin à faire là-bas. Ils ont prévu une civière pour le transporter s'il s'affaiblit trop.
- C'est hélas tout ce que nous savons...

[Kasumi]

Le rôdeur enregistra les informations à mesure qu’elles se présentaient, cherchant à dresser un tableau complet de la situation et de leurs options. Il commença à réfléchir tout haut non sans avoir remercié les différents intervenants pour leurs explications :

- Si nous ne connaissions pas leur destination approximative, je serais d’avis d’emprunter le même chemin qu’eux pour nous rassurer en suivant leurs traces. De plus les marécages ne me sont pas très familiers et sont très dangereux. Mais le temps nous est compté. Le choix de l’itinéraire n’est pas évident… Je vais devoir en discuter avec Eärundra et Tilmandil et la nuit porte conseil. Si nous décidons de passer par les marais, il nous faudra nous ravitailler en ce que nous n’avons pas pu transporter depuis Everaska. Des bottes et des vêtements étanches mais surtout des antipoisons et de quoi traiter les infections. Pensez-vous que nous pourrons vous en emprunter, maîtres ? Il va sans dire que votre prix sera le nôtre pour ce grand service si nous décidons de passer par les marais. Il se tourna vers Yan et Malvina, les plus à même de connaître l’état des ressources disponibles au campement et celles dont ils pouvaient être susceptibles de se délester.

[Voyageuse]

Jérémiah se leva et se dirigea vers une étagère ornant l'un des murs. Il en revint avec une carte d'âge vénérable à en juger par son aspect.
- Nous connaissons leur destination, approximativement du moins. Et le jeune guide de votre père a eu la sagesse de nous montrer sur cette carte l'endroit où ils comptaient se téléporter.
- Le bosquet est protégé, d'une certaine manière, contre la magie profane, intervint Cewyn, ainsi qu'un large secteur alentour. Ils ne peuvent s'y téléporter directement. Ils avaient pour projet de se téléporter ici... expliqua-t-il en désignant un point sur la carte. Par les marais, c'est à moins d'une demi-veille d'ici, alors que par la route principale, qui passe par les montagnes, ils ont mis une veille. Je pense que pour toi, qui connaît le terrain, il faudrait tout de même compter six ou sept jours.
- Mais il y a déjà sept ou huit jours qu'ils se sont téléportés là-bas... Je sais que le bosquet est extrêmement difficile d'accès, mais tout de même, ils ne devraient pas être loin de leur destination... Je crains fort que vous ne les manquiez. Mais vous ne pouvez le savoir qu'en vous y rendant.

Tilmandil avait sorti un parchemin de sa besace et prenait des notes, recopiant sommairement les données essentielles du plan.

Le fichier joint carte 2 rp kasu.jpg n’est plus disponible.

- Cependant, il est vrai que ces marais sont dangereux. Le moyen le plus efficace de les traverser est de s'y déplacer en barque ou en radeau, en veillant à rester sur les cours d'eau principaux et à ne pas s'enliser... mais de nombreux aventuriers n'en sont jamais revenus. Je ne sais pas si cela vaut la peine de prendre le risque pour gagner trois jours...
- Il va de soi, ajouta Yan, que nous vous fournirons quelques remèdes indispensables si vous décidez de vous y aventurer.
- Et j'ai de quoi payer, précisa Tilmandil.

HRp :en marron ce sont les "routes" ou plutôt sentiers principaux, au cas où tu aies mal compris...
Ah, et si tu te moques de ma tentative de carte je trucide ton perso !

[Kasumi]

Kasumi tenta de mémoriser la carte de son mieux. Cela plus les notes de son demi-frère devrait suffire à se diriger quel que soit leur itinéraire. Cela dit, il avait bien conscience que les cartes de la Haute Forêt risquaient toujours d’être vagues et imprécises, les distances étant trompeuses sur pareil terrain si peu arpenté. La carte donnait toutefois un aperçu plutôt net de leurs choix. Le rôdeur s’était inconsciemment décidé à ne choisir la route principale passant par les montagnes qu’en dernier recours, si le marais présentait des difficultés insurmontables. Il répondit donc dans ce sens :

- Si nous les ratons au bosquet et même si la plante n’est pas toxique pour Elryndel, nous n’avons aucun moyen de savoir s’ils suivront le même chemin qu’à l’aller pour se téléporter on ne sait où. Nous ne pouvons pas courir ce risque. Trois jours pourraient faire toute la différence avec un retard aussi important… J’imagine que nous pourrons embarquer ici et ne pas avoir à transporter l’embarcation à pieds par la route… Si le meilleur moyen est d’emprunter une barque à partir d’ici, nous avons cependant encore une difficulté de taille : je ne suis pas certain que Léo apprécie de se retrouver ainsi contraint dans une petite embarcation pendant un temps aussi long… Nous devrons donc demander à Eärundra ce qu’elle en pense. Et pouvez-vous me dire ce que représentent ces trois points à la limite sud du marais ?