La Couronne de Cuivre

Quête : Abandon...

Quand l'homme-panthère fut retourné au temple pour retrouver Calawen, il la retrouva à la fois exaspérée et angoissée. Le petit Bryan était décidément trop instable et s'était une nouvelle fois replié sur lui-même.

Il prit Calawen à part et lui raconta ce qu'il avait fait.

- Il y a toujours une chambre au nom de Elza et Bryan au Loyal. Je propose que l'on aille inspecter la bijouterie, qu'en penses-tu ? Elza est une voleuse de haut-vol, peut-être auront-ils été volés ?

Quête : Abandon...

L'elfe n'avait pas la patience d'attendre que Bryan sorte de sa prison mentale. Pourtant elle ne fit rien pour laisser transparaître ses émotions, et attendit le retour du rôdeur. Fortement agacée, elle accueillit l'arrivée de Saiko avec soulagement.

- C'est une idée comme une autre, et je n'en vois pas d'autre. Tu l'as connaissais personnellement ?

Quête : Abandon...

- Elza nous avait offert un très court coup de main au début de notre enquête sur les Caves du Loyal, je ne lui ai que très peu parlé. J'aurais juste le sentiment d'un travail inachevé si je ne parviens pas à ramener Bryan à sa mère. A quoi bon le sortir des caves du Loyal si c'est pour ensuite le jeter à la rue ?

On y va ? Tu sais où c'est ? Je sais seulement que ça se trouve dans le quartier du temple, et que ça s'appelle la Fistule Dorée ou un truc du genre...

Quête : Abandon...

- Le ramener à sa mère ? Tu ne veux pas plutôt dire à sa soeur ? C'est la Fibule dorée, pas la Fistule. Pourquoi pas pustule pendant qu'on y est ! Je n'y ai jamais mit les pieds, mais je sais où cette bijouterie se trouve. Je vais nous y conduire. Pouvons-nous laisser Bryan ? Je crois que oui. Aucun de nous ne peut quelque chose pour ce gamin. Seul sa soeur pourra s'en occupé. Allons-y. Nous avons assez perdu de temps comme ça.

Après s'être assurés qu'un prêtre resterait au chevet de Bryan, l'ensorceleuse et le rôdeur sortirent du temple, et prirent la route versla Fibule Dorée.

[Quête : la fin de la suprématie]

A peine quelques minutes plus tard, la jeune cavalière déboucha au trop sur la grandiose place du Temple de la cité helmite. Un sentiment d’urgence l’habitait : elle courait après son amour propre. Elle préférait enquêter ici où elle avait moins de chance de se faire rire au nez que sans une taverne bondée. Il serait toujours temps de s’y rendre plus tard, au moment d’aller se coucher. Arrivant sur le parvis du grand temple de Helm, le plus majestueux des édifices entourant la grande esplanade pavée, elle commença à se demander si on lui ferait bon accueil à une heure aussi tardive et surtout comment formuler la requête qu’elle avait en tête.

Elle sauta à bas de sa monture lui intimant l’ordre de ne pas bouger tandis qu’elle gravissait la volée de marches larges et profondes menant à la porte principale du Temple. Celle-ci était gardée par deux gardes solidement armés. Elle se drapa dans toute la dignité qui lui restait pour s’adresser d’une voix qu’elle se voulait ferme et résolue au plus proche des deux hommes en faction :

- S’il vous plaît messire, je viens de loin et j’ai fait une course rapide pour prendre des nouvelles concernant un message alarmant. On m’a fait parvenir ce message qui fut distribué, ici-même, il y a environ deux jours.

Elle énonça le contenu de l’affiche que lui avait donné son frère. Pour prévenir toute hilarité de la part du manostien, elle s’empressa d’ajouter :

- Bien que le ton de celui-ci fasse immédiatement penser à un canular, j’ai jugé plus prudent de venir moi-même requérir des informations. Je crains que ce genre d’annonces n’augure des troubles à la frontière avec Mélandis. Pourriez-vous m’indiquer quelqu’un qui en saurait davantage ?

HRP : pas de soucis Ravy, j’avais prévu de gagner du temps pendant que vous menez votre conversation.

[Quête : la fin de la suprématie]

Sous l’œil éberlué du garde, la jeune femme baissa la tête et sanglota. En fuyant son regard, elle parvint à marmonner :

- C’est moi le courrier, nous n’avions pas de moyen plus rapide de savoir… pas de moyen…

Elle se ressuya de sa manche avant de se descendre les premières marches en direction de son cheval, la tête basse. Elle allait maintenant trouver un peu de réconfort dans le meilleur établissement de la ville.

[Quête : la fin de la suprématie]

Après avoir quitté la Taverne de la taie dorée où elle avait accepté de mener une mission qui la conduirait dans les terres du chaos, Chandara avait grand besoin de retrouver sa sérénité et de puiser de la force et du réconfort dans le sanctuaire de son dieu. En milieu de matinée, elle se dirigea d’un pas résolu sur la Place du Temple après avoir déposé son cheval au Loyal Paladin. Elle gravit les quelques marches la séparant des lourdes portes ouvragées de l’imposant édifice et adressa un bref salut aux gardes en faction devant les portes. L’entrée était libre aussi la laissèrent-ils passer.

C’était la première fois que Chandara pénétrait dans le lieu consacré. Son cœur bondit aussitôt dans sa poitrine quand un chant liturgique emplit ses oreilles. Ses yeux furent émerveillés à la vue de l’architecture cossue et digne de l’intérieur de la salle principale. Son regard brillant fut presque immédiatement attiré par l’imposante statue en armure trônant au centre de la nef. Quelques prêtres allaient ici et là, vaquant aux affaires séculières tandis que d’autres priaient. Elle ne tarda pas à repérer l’origine du chant qui faisait résonner toutes les fibres de son être. Il provenait d’un cœur de jeunes fidèles situés sur une estrade en surplomb des bancs permettant aux pèlerins de prendre place dans la maison d’Helm.

La jeune femme marcha dans l’allée centrale, les bras légèrement écartés, les paumes en avant comme pour s’imprégner de l’atmosphère de ce lieu. Elle s’arrêta au bas des marches menant à la partie haute supportant la statue du Dieu Gardien. Elle s’agenouilla en posant son arme devant ses genoux avant de s’adresser à son dieu à voix basse.

- Tout puissant Gardien, accorde-moi la force. Permets à mes yeux et à mon cœur de demeurer vigilants dans les épreuves que j’affronte en ton nom. Guide mes pas dans la sagesse de ta voie, accorde-moi de faire les bons choix. Tout puissant Helm, accorde-moi de me montrer digne de te servir pour l’éternité. Tout puissant Helm, accueille mon âme pour une vie passée à te servir. Tout puissant Helm accorde-moi de défendre ton nom par mes paroles et mes actions. Tout Puissant Helm, accueille en ta maison ton humble servante.

La jeune femme resta agenouillée des heures à se recueillir, ponctuant l’évocation silencieuse de ses souvenirs par de nouvelles prières adressées au Dieu Gardien. Laissant passer l’heure du déjeuner, elle finit par attirer l’attention d’un certain nombre de prêtres qui n’osèrent toutefois pas la déranger avant qu’elle n’ait fini son recueillement.

Les personnes qui venaient se recueillir dans le temple était assez nombreuses. Celles qui restaient plusieurs heures d'affilé étaient beaucoup plus rares. Des paladins ou des prêtres en pélerinage pour la plupart. L'affluence au temple ce jour là n'était pas énorme et les prêtres ne manquèrent pas de remarquer la jeune femme qui priait depuis longtemps déjà.

Un des prêtres se montra plus curieux que les autres. Peut-être que la jeune femme avait des soucis, peut-être qu'au-delà du recueillement, elle était venue chercher une présence humaine parmi les Helmites. Il s'approcha de Chandara et effleura son épaule.

"Me permettrez-vous de m'enquérir du pourquoi d'une si longue méditation, jeune dame ? Cherchez vous conseil ou réconfort ?"

[Quête : la fin de la suprématie]

La jeune femme n’avait pas remarqué l’approche discrète du prêtre, toute à sa concentration méditative. Elle manifesta un mouvement de surprise quand ce dernier lui effleura l’épaule.

- Que…

Toujours agenouillée, la jeune fidèle tourna ses yeux verts vers la figure sympathique du saint homme. Elle lui adressa un sourire sincère avant de lui répondre en se redressant avec grâce et agilité malgré les heures passées à genoux.

- Je n’ai pas vu le temps s’écouler. C’est la première fois que je me rends en pèlerinage en ce lieu de Sainteté. Mes pas me conduisent demain en des lieux où la sagesse de notre Gardien est bafouée. J’espérais trouver quiétude en sa maison avant d’entamer pareil voyage. Serais-je assez digne pour que vous consentiez à m’accorder sa bénédiction, mon Père ?

Le prêtre sourit avec affection.

"Seul Helm connaît la véritable couleur de votre coeur. Je ne suis pas là pour vous juger. Dans ce temple, quiconque souhaite la bénediction du Vigilant la reçoit. Et si l'attitude de certains peut faire hésiter, celle de quelqu'un comme vous, après tant d'heures à prier mérite amplement cette faveur divine. Que notre Seigneur Helm veille sur vous et vous accompagne dans votre voyage. Qu'il soit votre lumière quand tout n'est qu'obscurité et qu'il soit votre force quand la défaillance vous gagne."

Prêtre --> Bénédiction --> Chandara

[Quête : la fin de la suprématie]

Les paroles du prêtre s’écoulèrent dans l’esprit de Chandara bien avant qu’il n’entame son chant divin. Elle eut la sensation étrange que la bénédiction d’Helm donnait vie à une partie de son âme, lui octroyant une étincelle de vigueur qu’elle devrait développer par elle-même. Cette bénédiction était peut être la leçon la plus importante de sa courte vie : Helm montrait la voie à quiconque désireux de l’écouter mais le chemin devait être emprunté par la force de sa propre volonté.

Cette révélation tout comme la gentillesse du prêtre et sa bénédiction lui dessinèrent un sourire rayonnant sur le visage et l’incitèrent à lui poser une question supplémentaire :

- Je ne me sens pas encore digne de formuler une requête pour avoir le privilège de servir notre Gardien avec le soutien des autorités du culte mais à qui pourrais-je m’adresser pour être jugée sur mon aptitude à rejoindre l’Ordre ? A supposer que je ne me déshonore pas lors de mon séjour des terres du chaos…

Le prêtre répondit à Chandara sans se départir de son petit sourire bienveillant.

"Si vous souhaitez mettre votre lame au service du Vigilant, le mieux serait que vous vous rendiez directement au bâtiment du Très Noble Ordre du Coeur Radieux. Là-bas les paladins du Vigilant sauront vous dire quoi faire si vous souhaitez rejoindre leurs rangs. Cependant faites attention. Ne perdez pas votre vie ou votre âme dans cette mission. Vous semblez encore bien jeune, entourez-vous bien pour ce voyage. Vos compagnons seront peut-être votre salut."

[Quête : la fin de la suprématie]

La jeune aspirante eut du mal à contenir son excitation. Devenir une paladine de Helm serait un honneur plus grand que ce dont elle avait jamais rêvé. Elle avait décidé de se couper de ses origines paysannes pour s’élever au nom d’une cause plus grande. Les sacrifices seraient incommensurables, à n’en pas douter. A commencer par ce voyage à Mélandis sous la direction de personnes qui ne lui inspiraient aucune confiance. Sa décision était prise.

- Vous me faites beaucoup d’honneur à m’en croire digne. Avec votre bénédiction au fond du cœur et de l’âme, je parcourrai les terres du Chaos pour en revenir sous le regard vigilant de notre Gardien s’il en décide ainsi. Je me présenterai alors à l’Ordre du Cœur Radieux en pensant à vous et à votre bonté.

La jeune femme s’inclina gracieusement avec un sourire radieux. Elle boucla son marteau à sa ceinture et se dirigea résolument vers les portes du Temple et son destin qui la reconduirait peut être en ces lieux avant longtemps. Chandara flâna un moment dans les rues de Manost, notamment pour observer les patrouilles helmites et pour reconstituer ses provisions au marché du port.

Le prêtre l’avait incité à s’entourer de compagnons sur qui compter. Elle savait pourtant qu’elle devrait composer avec les autres mercenaires tout en préservant son intégrité morale et physique. Vers la fin de l’après-midi, elle fut rattrapée par une faim tenaillante et porta ses pas vers le Loyal Paladinpour y passer une nouvelle soirée agréable, un repas chaud et un bon lit, trois choses qu'elle ne reverrait pas de sitôt.

("Quête : condamner Jack")

Yaga prit temps d'aller au Temple , dit bonjour au prêtre et le prêtre , en ayant vu son symbole , dit :

"Un drow helmite ? C'est la première fois... Vous ressemblez à quelqu'un que je connais , c'est un drow gentil lui aussi . Entrez , je vous prie !"

Et là Yaga commença à prier Helm en disant :

"ô grand et puissant Helm... aide-moi à m'en sortir contre tous ces préjugés et..."

Une explosion survint alors et un personnage apparût et dit :

"Désolé de vous interrompre mais cette explosion que vous venez d'entendre est celle de la maison de Jack ."

Yaga ,un peu en colère , dit :

"Je sais qu'il méritait coups et blessures , mais la , ça va trop loin !"

Il s'excusa d'être parti tôt du Temple et alla voir ce qu'il se passe là-bas :

http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post188198

Etant devenu manostien , Yaga alla dans le Temple de Helm , dit bonjour aux prêtres , s'entraîna quelques temps et devint plus fort . Un jour , un bléssé par des ronces géantes (grave mais pas critique) surgit de nulle part , attendant de l'aide , Yaga dit alors :

"Ne bougez plus , je vais vous soigner !"

L'homme se soulagea et dit :

"Merci beaucoup... monsieur !"

Peu importa au bléssé que ce soit un drow ou un orque qui le soigna du moment qu'il était soigné , Yaga dit alors :

"Vous êtes guéri maintenant !"

L'homme solagé et guéri dit alors :

"Merci , je ne fais jamais de préjugés sur les autres races , monsieur... "

Le drow dit alors :

"Je m'appelle Yaga Kal 'Ogden !"

L'humain étonné dit alors :

"Merci , monsieur Kal'Ogden !"

L'homme dit au revoir à tout le monde , sortit du temple , et continua son bonhomme de chemin !

En cette fin de matinée, une lumière vive illuminait le temple, tombant à flot sur la statue chryséléphantine du dieu qui trônait avec majesté derrière l'autel où les prêtres affectés au culte achevaient leur office. Debout au premier rang, Mical chantait avec les autres, non sans remarquer les regards de haine intense que s'échangeaient les deux officiants, les prêtres Loras et Telmir, connus pour appartenir à des factions rivales : les mots échangés lors du conclave flottaient encore dans toutes les mémoires des clercs...

"Moi, Loras, j'ai posé ma candidature pour que le culte retrouve les vraies valeurs helmites. Nous rendrons à Manost sa pureté de cité sainte, bannirons les athées et les apostats qui aujourd'hui s'immiscent jusqu'au conseil ! Notre cité se doit d'être un modèle pour tous, et une mollesse coupable nous a livrés aux traîtres, aux étrangers !"

Telmir était alors intervenu pour soutenir le nom d'un autre candidat, et rappeler que l'orientation du culte relevait moins du choix du grand prêtre que de celui du grand Emissaire : la politique de ce dernier n'avait pas à se voir remise en cause. Et le feu roulant des invectives avait repris...

Les chants se tarirent, tirant Mical de ces réflexions : il était temps. Loras et Telmir se tournèrent le dos, non sans que Mical n'ait eu le sentiment que le premier allait jeter son ciboire à la tête du second. Alors que l'assemblée se dispersait, il vit un paladin du Coeur Radieux venir à lui depuis les derniers bancs. Il s'agissait de sire Elbeth, qu'il avait connu lorsqu'il n'était encore qu'écuyer au sein de l'Ordre : le paladin avait préféré attendre la fin de l'office pour venir le trouver, mais il avait manifestement une raison précise de venir le saluer.

"Salutations, Mical. Voici un moment que je ne vous ai vu."

Il entraîna son interlocuteur en dehors de la grande salle du sanctuaire, vers les quartiers des prêtres.

"Votre adaptation à la vie du temple se passe-t-elle bien ?"

Le prêtre au crâne rasé inclina légèrement la tête afin de saluer le nouvel arrivant, avant de lui emboîter le pas, marchant de front avec lui en direction des dortoirs du temple.

« Sire Elbeth, c’est un honneur de vous revoir. »

L’arrivée du paladin était une diversion bienvenue, permettant à Mical de chasser un instant les préoccupations qui l’accablaient. Ces derniers jours, il avait passé des heures en prières, espérant que le Vigilant lui accorde la sagesse de faire les bons choix en ces temps troublés.

« Pour répondre à votre question, je ne saurais me plaindre de ma situation personnelle. Il ne pourrait y avoir plus grande joie que de dédier sa vie à son dieu. »

La réponse venait du fond du cœur. Être ordonné prêtre avait toujours, aussi loin qu’il s’en souvienne, été son rêve. Jamais il n’avait connu de sentiment comparable à la fierté qu’il avait ressenti le jour où il avait été jugé digne de servir Helm le Vigilant, et il était bien décidé à ne pas décevoir ses frères et son dieu. Mais aujourd’hui, l’inquiétude avait remplacé l’enthousiasme. La mort du prélat Alréac Poingvaillant et le chaos qui s’en était suivi était une mise à l’épreuve de tous les fidèles du dieu gardien. Pour la première fois depuis bien longtemps, Mical doutait, hésitait sur la voie à suivre. Et Mical n’aimait pas douter.

Le doute est le premier pas vers la corruption.

Il poussa un profond soupir, avant de poursuivre d’une voix sombre.

« Je pourrais juste souhaiter que la période soit plus... apaisée. »

Elbeth hocha la tête. Agitée, l'époque l'était pour le moins. Depuis qu'Artryl était devenue Manost, Alréac Poingvaillant avait toujours soutenu en tout la politique du Grand Emissaire. En l'assassinant, les cyriciens avaient porté un coup dur à l'église helmite, et cette dernière semblait incapable de parler à nouveau d'une seule voix. Ambitions, calomnies et guerres de factions : un bien sinistre spectacle, où l'homme de foi ne savait trop où était la justice, ni même s'ils continuaient bien tous d'adorer le même dieu.

Il y avait ceux qui confondaient le Gardien avec un gardien de prison, et qui voulaient recréer un corps d'Inquisiteurs... Ceux qui rejetaient toute la politique intérieure et extérieure du conseil actuel, refusant ces compromis qu'ils appelaient compromissions et qui liaient alors Manost à Mélandis, aux druides noirs et à toutes sortes de voisins peu recommandables... Ceux qui souhaitaient relancer des croisades contre tout ce qui ne vénérait pas leur dieu, ceux qui voulaient créer des missions, et ceux qui souhaitaient au contraire permettre à certains cultes alliés de développer davantage leurs lieux de culte en territoire manostien... Tant de divergences de vue, et derrière elles, de profondes querelles de personnes et des haines à peine dissimulées.

"Je vous comprends. En un sens, je rends grâce au Vigilant de ne pas avoir à me prononcer ni à donner ma voix comme vous devrez le faire. Et je ne peux que souhaiter que toute cela cesse au plus tôt..."

Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, comme pour vérifier que nul n'était à portée d'oreille. Mais le couloir était désert.

"Mical, mon supérieur, le Haut prélat Guiguemar, m'envoie vous convoquer à son bureau. J'ignore si cette convocation a quoi que ce soit à voir avec les événements actuels, ni ce qu'il vous veut... Quoi qu'il en soit, il ne souhaite pas que vous en parliez avec d'autres prêtres, et il n'est jamais très sage de le faire attendre."

Les sourcils de Mical se froncèrent à cette dernière remarque.

« Je ne suis pas sûr d’apprécier devoir dissimuler quoi que ce soit à mes frères Helmites. Ce genre d’attitude me parait peu propice à un retour de la confiance au sein de notre Ordre. »

Le prêtre n’avait jamais compris ce goût pour le secret que semblaient cultiver quelques dirigeants de Manost, et, à son grand regret, certains de ses coreligionnaires du temple. Les dieux leur avaient donnés des jambes pour se tenir droit à la lumière du jour, pas pour ramper à plat ventre dans l’ombre ! Si la cause était juste, ne valait il pas mieux agir au vu et au sus de tous ? Non, Mical n’était guère convaincu que quoi que ce soit de positif puisse provenir d’entrevues à la dérobée, à la manière de vulgaires criminels tremblant à l’idée d’être pris.

Pourtant, la proposition d’Elbeth le troublait. Que pouvait bien vouloir le Haut Prélat ? Et pourquoi s’adresser à lui, entre tous les prêtres de son église ? Peut être y avait il là une solution, une issue à la crise qui secouait le temple. Quel spectacle désolant devait il présenter sous le regard de l’œil du Vigilant ! Si il y avait la moindre chance que Guiguemar puisse aider à un dénouement satisfaisant de la situation actuelle, il ne pouvait légitimement pas passer à côté.

« Toutefois, les temps semblent décidément sous le signe du secret. Votre missive m’intrigue, je dois bien l’admettre. Et j’ose croire que le Très Noble Ordre du Cœur Radieux ne me demanderait pas de garder le silence si il n’estimait que le bien commun l’exige. »

Pourquoi devait il être confronté à une telle décision ? Quel que soit son choix, il avait l’impression de trahir quelqu’un. On lui avait autrefois appris que le chemin de la Justice était clair et aisément reconnaissable, et pourtant aujourd’hui, il n’aurait su dire où il se trouvait. Et il devait choisir, malgré tout, et en supporter les conséquences. La mort dans l’âme, il prit sa décision en soupirant.

« Très bien, je me plierai à vos conditions. Je suis prêt à me rendre immédiatement auprès du Haut Prélat. J’espère agir ainsi pour le bien de Manost, du Temple et du Vigilant. »

Mical priait pour avoir fait le bon choix. Il ne put s’empêcher de songer que l’armure de plates qu’il portait n’avait jamais été aussi pesante qu’aujourd’hui…

Elbeth le couvait d'un regard contrit. On en était donc là : en ces temps troublés, un prêtre avait presque le sentiment de trahir les siens quand il répondait à une convocation du Haut-Prélat de l'Ordre, alors même qu'il ne savait pas ce que ce dernier lui voulait et qu'il lui resterait toujours la possibilité de refuser ce qu'on pourrait lui demander de faire.

"Vous dramatisez peut-être un peu les choses, Mical. Le Haut-Prélat reçoit beaucoup de monde en ce moment, car il est en première ligne pour l'organisation du conclave. Peut-être souhaite-t-il seulement avoir une idée de l'état d'esprit des plus jeunes prêtres ? J'ai néanmoins conscience que cela n'explique pas ses exigences de secret. Bah. Si celles-ci vous gênent, vous pourrez le lui dire vous-même... Après tout, c'est mon supérieur, pas le vôtre. Et Sire Guiguemar passe pour apprécier que l'on aille droit au but."

Un courant d'air glacé traversait le couloir, et sire Elbeth emmitoufla inconsciemment son bras droit dans les replis de sa cape de laine brune.

"Je dois moi-même rentrer au siège de l'Ordre. Faisons route ensemble, voulez-vous ?"

Le prêtre médita sur la réponse qui lui avait été faite. Présentée ainsi, l’affaire ne semblait effectivement pas aussi grave que ce qu’il aurait pu imaginer. Parfois, il avait l’impression que l’atmosphère pesante qui régnait autour du temple de Helm en ce moment affectait son jugement et exacerbait sa méfiance.

Je manque de sommeil, voilà ce que j’ai. Il y a bien longtemps que je n’ai pu profiter d’une vraie nuit de repos.

Légèrement honteux de la défiance dont il avait pu faire preuve à l’égard du paladin, Mical hocha doucement la tête.

« Ce sera un privilège de vous accompagner jusqu’à l’Ordre. Je vous suis, mon ami. »

< Depuis l'Ordre du Coeur Radieux


Lorsqu'il pénétra sous la nef du lieu de culte, il sembla à Mical que le lieu n'était plus le même. Auparavant, le temple avait toujours été un sanctuaire, un havre de paix et de pureté, à l'abri des tourments du monde extérieur. Mais aujourd'hui, cette vision lui semblait bien lointaine et naïve... En quelques minutes, ses illusions s'étaient effondrées.

Maudit soit notre laxisme ! Comment avons nous pu permettre à la corruption de se glisser en notre sein ?

Loras était il la source de tous les problèmes ? Mical n'en était pas convaincu. Il espérait encore que ce dernier puisse être innocent ; Après tout, Guiguemar lui même n'avait que de vagues soupçons à son égard... Peut être même que les indices menant à lui n'étaient que de fausses pistes visant à jeter le discrédit sur l'un des favoris de l'élection ? Mais il ne pouvait prendre le risque d'ignorer le danger. Il l'avait déjà trop longtemps fait.

Ce qui amena le prêtre à son second problème. Il n'avait rien d'un espion, et la subtilité ne faisait pas partie de ses plus grandes qualités. A coup sûr, toute tentative de surveillance de Loras serait remarquée par l'intéressé, à fortiori si il avait quelque chose à cacher. Et si Guiguemar se trompait, Mical se serait fait un ennemi d'un membre influent du temple, peut être même de son prochain dirigeant.

Non. Si il est innocent, il comprendra. Seuls les coupables craignent que le regard d'autrui se portent sur eux.

Sa résolution raffermie, Mical se dirigea lentement vers ses quartiers. Dans cette tâche qui lui avait été confiée, une dernière prière au Vigilant semblat de circonstance.

La journée qui suivit parut à Mical d'une insupportable longueur. Il régnait dans les quartiers des prêtres une ambiance délétère, faite de suspicion, d'ambitions, d'inquiétudes. Rares étaient sans doute les clercs au courant comme lui des projets du Haut Prélat, mais il n'était pas besoin d'être dans la confidence pour se douter de l'importance de la réunion qui allait venir. La première tentative s'était soldée par un échec flagrant, et les dissensions internes du culte y avaient éclaté au grand jour. Qu'allait-il se passer, cette fois-ci ? Comment éviter que cela ne se reproduise ? Il se murmurait que le commandant des paladins avait sollicité des témoins extérieurs ; allait-on aussi les rendre témoins des querelles de parti, y perdant toute dignité ?

Des préparatifs discrets s'étaient faits durant la journée. Prévoyant que la session risquait de se prolonger, on avait rapporté des bancs d'un entrepôt souterrain situé près de la crypte. Une heure avant le coucher du soleil, le temple avait été interdit au public. Les bancs avaient alors été installés dans la nef et les paladins du service d'ordre avaient pris position sur son pourtour et près des portes. Le Haut-Prélat n'était pas encore là, néanmoins ; un de ses seconds se chargeait de distribuer les consignes aux guerriers saints.

Les premiers prêtres à arriver n'étaient pas ceux du temple, encore reclus dans leurs quartiers, mais ceux qui arrivaient de plus loin ; la plupart étaient chapelains de lieux de culte helmites secondaires situés un peu partout en ville, mais il en venait aussi de la campagne environnante, jusqu'à deux jours de marche quelquefois. Ils s'assemblaient en silence et prenaient place dans les rangées. Certains se mettaient à prier. D'autres discutaient à voix basse avec leurs confrères.

Le crépuscule venant, l'afflux s'intensifia. La coutume était que les portes du temple soient hermétiquement fermées lorsqu'aurait disparu le dernier rayon du soleil. Dans le temple, de jeunes novices allumaient les torches. Dans leurs quartiers, les prêtres se décidaient enfin à rejoindre leurs coreligionnaires. En suivant le flux, Mical remarqua quelques figures discrètes qui entraient par une porte latérale et prenaient place sur des estrades, non loin de l'autel : ce devaient être les garants. Beaucoup de visages inconnus parmi eux, mais il identifia néanmoins Eloern, le maître de la guilde des arcanes - archimage et helmite fervent, ainsi que le grand prêtre du culte tormite.

Le paladin qu'il assaillit de ses questions était un jeune homme visiblement débordé par l'afflux des demandes ; il l'accueillit en rejetant machinalement en arrière une mèche de cheveux rebelle qui lui donnait de faux airs de jeune premier.


"Messire, bienvenue et merci d'avoir daigné venir. Vous pouvez choisir votre place dans les gradins à ma gauche, tenez, près de messire Eloern si vous voulez ? Je ne sais précisément comment se déroulera la réunion de ce soir. La coutume est que les débats précèdent un vote à main levée, et l'on revote aussi longtemps que la majorité absolue ne s'est pas accordée sur un nom. Mais lorsque les portes seront closes, messire d'Aulfray prendra la parole, n'ayez crainte, il devrait préciser tout cela."

Dans la nef, les prêtres prenaient place, et les factions se reformaient. Mical repéra les partisans de Loras, qui formaient autour de leur chef, au cinquième rang, une escorte d'honneur particulièrement fournie. Loras semblait plus que confiant en sa bonne étoile, souriant avec une fatuité de souverain couronné. La double défection des deux derniers jours en faisait effectivement le favori de la soirée. Si toutefois vote il y avait...


Les rangs se remplissaient rapidement. il restait quelques places derrière les lieutenants de Loras ; si Mical ne se dépêchait pas, il ne pourrait trouver place à proximité de son groupe.


"Ils se font un peu attendre, les officiels. J'espère que le p'tit viendra", grogna une voix bourrue dans les gradins, à portée d'oreille de l'ambassadeur. Celle d'un archimage grognon, ancien maître du Grand Emissaire, une des célébrités de la cité : Eloern.

Au sein du temple, les bancs achevaient de se remplir, tandis que là-bas, sur le port, le soleil finissait de s'abîmer dans la mer. Il n'y avait que lors des célébrations majeures du culte – la rencontre des boucliers, par exemple – que le temple accueillait l'ensemble de ses prêtres, et cela valait la peine d'être vu : aussi immense qu'il puisse paraître à vide, le bâtiment était alors empli de cierges, de robes et de harnois.

Du côté des garants, les derniers arrivants s'empressaient de s'asseoir sur un recoin de banc, de crainte d'attirer l'attention sur leur retard. Tel ne fut cependant pas Lothringen. Entré bon dernier, il stationna près du seuil, attendant manifestement quelqu'un d'autre que le paladin chargé des placements. Après quelques instants, en effet, sire Guiguemar surgit de la sacristie, et entama avec lui une brève conversation à voix basse.


"Il ne viendra pas, n'est-ce pas ?"
"Non. J'ai fait ce que j'ai pu pour le convaincre, mais c'est un vrai helmite, bien buté..."
Le paladin soupira.
"Vous allez donc devoir assister à la cérémonie. Je ne veux pas que le Grand Emissaire vienne à m'accuser de..."
"Ne vous inquiétez pas, je porterai ma part de responsabilité. Souhaitez-vous que je me fasse discret ?"
"Oui – non, bien sûr, ou ce n'aurait aucun sens. Mais n'oubliez pas : mieux vaut que vous n'interveniez pas, quoi qu'il arrive..."


Hochant la tête en guise d'assentiment, Lothringen prit place aux côtés de l'ambassadeur luménien et de l'archimage Eloern, avec lequel il échangea un salut laconique. Les deux hommes paraissaient bien se connaître.

A la vue du Haut-Prélat, le silence s'était fait peu à peu dans les rangées. D'impatience, deux des partisans de Loras n'en cessaient pas de commenter à voix basse.


"Ils vont bientôt fermer les portes, oui ? J'ai hâte d'en venir à l'essentiel."
"Le suspense n'est pourtant pas insoutenable, à ce qu'il me semble..." Le prêtre gloussa.
"Je me méfie du sieur d'Aulfray. Il se murmure que ce dernier s'est beaucoup agité, ces derniers jours. Je m'attends à une entourloupe."
"La procédure d'élection est fixée par la tradition. Il n'est pas prêtre. Il ne peut pas y faire grand chose..."
"Moui..."


Le bavardage fut interrompu par un son de cloche qui résonna sourdement dans toute la nef, paraissant ébranler les murs et les dallages. Ce n'était que la cloche rituelle qui signalait la fermeture des portes et l'ouverture du conclave. Le Haut-Prélat ne l'entama pas par un discours, mais par une succession de prières auxquelles l'assemblée fournissait les repons. Cela durerait un moment.