[Lieu] La ferme Desmoulins

[Taliesin]

Le barde s'efforça de ne pas rire, de ne pas surenchérir... et il y parvint.
-Bah, il faut les monter pour les peindre, de toute façon. De surcroit, elles sècheront plus vite à l'air libre et Guéric pourra admirer le fruit de son travail et la manière dont il s'inscrit dans le paysage. Je suis certain que ça rendra très bien.
Il faudrait juste éviter de trop s'en approcher lorsqu'elles auraient des occupantes. Mais comme ça n'était visiblement pas pour tout de suite...

[Galathée]

Ils se mirent au travail. Monter et peindre les deux premières ruches leur prit la matinée. Il faisait chaud, très chaud, et Jehan leur apporta de l'eau pour survivre à la température. Ils firent une courte pause à midi, mais apparemment, il n'y avait pas de repas collectif organisé et chacun mangeait au moment qui lui convenait dans son activité. Ils reprirent donc pour l'après-midi, avec les trois autres ruches, qu'ils tournèrent vers les champs. Le soleil commençait doucement à décliner quand ils en eurent terminé. Ils sentaient la peinture et la sueur, mais les cinq petites maisonnettes étaient désormais installées et prêtes à accueillir leurs butineuses.

[Taliesin]

Éprouvant à juste titre la satisfaction du devoir accompli, Taliesin soupira d'aise tout en admirant le résultat de leurs efforts.
- On a fait du bon boulot, les gars ! lança-t-il, tout sourire. Et chapeau bas pour tes réalisations, Guéric : tu t'en es vraiment bien tiré. De surcroit, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve que ça rajoute du cachet au paysage...
Il jeta un regard en direction de la ferme. Il n'était pas sans ressentir une certaine appréhension à l'idée d'y retourner et de découvrir comment la journée s'était passée pour Galathée. Mais ils ne pouvaient pas non plus trop temporiser...

[Galathée]

Mais lorsque Taliesin, Baptiste et Guéric se présentèrent à la table du souper, le barde put constater que fidèle à ses éclats, Victor paraissait parfaitement calme. Il était assis entre Jehan et Benoît et le trio infernal bavardait avec animation. Galathée fit signe à Taliesin de venir s'asseoir près d'elle. Guéric et Baptiste se glissèrent près de Mathilde. Les fourneaux avaient été gérés par Guillhem qui avait cuisiné les prises matinales de Galathée et Jehan, à savoir de beaux lièvres qu'ils avaient aromatisés au basilic du potager.
La rôdeuse sourit au barde.
" Bravo pour les ruches. J'ai été voir celles du bois, elles sont vraiment magnifiques."

[Taliesin]

Il lui rendit son sourire.
-Oh, le mérite revient surtout à Guéric : il a vraiment fait du bon travail !
Il hésita à lui demander comment s'était passée sa journée mais décida qu'il vaudrait mieux le faire lorsqu'ils ne seraient que tous les deux.
-Penses-tu essayer de leur trouver des résidentes dès à présent ? s'enquit-il plutôt.

[Galathée]

" Non. Pas activement, en tout cas. Si je déniche un essaim sauvage, pourquoi pas, mais il faudrait qu'il soit près d'ici, pour le transporter. En général, au printemps, les jeunes reines prennent leur essor et se cherchent un nouveau logis. Ce sera le moment idéal pour partir en chasse."
Elle sourit.
" Et si tu t'inquiètes... Tout s'est bien passé. Il a rechigné et puis il a admis, et puis il a bien bossé. Et tu sens..."
Elle huma l'air.
" On a même eu le temps de se laver ! Je crois même qu'il est fier."

[Taliesin]

Il ne put réprimer un léger soupir de soulagement et se morigéna intérieurement pour ses appréhension : le caractère volcanique de Victor l'amenait parfois à oublier sa bonne nature.
-Et il y a de quoi être fier : je n'ai pas eu l'occasion de voir l'état du poulailler avant votre intervention mais de ce que j'en ai entendu dire, c'était... horrible. Vous avez donc mérité toutes mes félicitations et tout mon respect.
Son sourire se fit mutin.
-J'espère cependant que tu n'as pas utilisé toutes les huiles parfumées : j'aimerais me débarrasser de certaines fragrances qui émanent de ma personne...

[Galathée]

" Pour moi, tu es pareil à l'habitude. Et nous n'avons utilisé que du savon assez ordinaire. Parfumé à la lavande, parait-il. Mais je ne le sens pas, je dois bien avouer. Quant au poulailler en lui-même... Pour moi, c'est presque la routine... Victor a failli rendre son petit-déjeuner, mais il s'y est fait, à mesure. Je ne pense pas qu'il sera volontaire pour la prochaine fois, cependant. Enfin... Nous en reparlerons plus tard."

[Taliesin]

Taliesin acquiesça. Tout bien réfléchi, il n'était pas mécontent d'avoir échappé à cette tâche et croisait les doigts pour ne pas avoir à l'accomplir avant longtemps, très longtemps. Malheureusement, quelque chose lui disait qu'il n'y couperait pas. Mais si Victor avait survécu, et si c'était un moyen d'éviter le nettoyage de la porcherie...
-En tout cas, je suis heureux que la journée se soit bien passée, au final.
L'instant suivant, chassant toute pensée liée à des activités peu ragoutantes, il s'attaqua au repas.

[Galathée]

La soirée n'apporta rien de bien spécial. Ils mangèrent puis montèrent à l'étage, Taliesin raconta la suite de l'épopée aux enfants, Victor ne vint pas lui parler, Baptiste pas davantage, et les deux garçons se placèrent loin l'un de l'autre. L'extinction des feux fut un peu chahutée, mais rien d'ingérable : Taliesin commençait à gérer ce genre de choses sans réelles difficultés. Ensuite, ce fut l'heure de regagner la salle à manger pour la fin de soirée habituelle. Quand le barde y pénétra, Guillhem et Antoine s'affrontaient aux Dames, tandis que Mathilde et Elliot étaient de sortie. Galathée et Guéric devisaient tranquillement devant le feu, des vertus réelles et fantasmées du miel.

[Taliesin]

S'étant assis près de ces derniers et ayant écouté leur conversation avec attention, il se prit à songer à l'une des multiples péripéties qui avaient émaillé le périple hélonnien effectué l'hiver précédent en compagnie de Victor : la rencontre avec Ava. La sorcière les avait menés par le bout du nez et s'était arrangée pour lui faire consommer une incroyable quantité de miel, afin de lui donner meilleur goût. Au point même qu'après coup, il avait pensé qu'il ne pourrait plus jamais en manger... Ça n'avait pas été le cas, pourtant.

[Galathée]

Galathée sourit à Taliesin.
" Veux-tu en savoir davantage sur Victor et le poulailler ? demanda-t-elle, lorsque la conversation sur le miel commença à s'essouffler. Pas qu'il y ait de grandes choses incroyables à raconter... Il a fait sa mauvaise tête, en prétendant qu'il était persuadé que Baptiste apprécierait réellement de nettoyer le poulailler en ta compagnie, je lui ai dit que ça ne prendrait pas et que c'était pour sa pomme. Il a ronchonné. Il s'y est plié. Je ne lui ai pas servi de grands discours, sinon pour lui dire que je trouvais son comportement mesquin. Il a retrouvé le sourire au fur et à mesure du travail. Dans le fond, il sait bien que ça l'était, mesquin."

[Taliesin]

-Le pire, c'est que Baptiste était ravi, au petit déjeuner... murmura-t-il. Peut-être pas de nettoyer le poulailler, mais de travailler avec moi et, sans doute plus encore, que Victor soit venu lui parler... Si tu avais vu son expression quand il a découvert le pot aux roses, si tu l'avais vu fuir pour dissimuler son trouble... Honnêtement, ça faisait de la peine... Et le plus triste, c'est que ça a dû lui rappeler de mauvais souvenirs : je ne serais pas étonné que la petite fille dont il était l'esclave, et qui était du genre ignoble, lui ait déjà joué ce genre de mauvais tour, lui faisant croire de belles choses pour mieux l'humilier... Mais ça, évidemment, Victor ne peut pas le savoir.
Il soupira.
-La réaction de celui-ci ne m'étonne pas. Il a son fichu caractère mais c'est surtout un bon garçon. C'est pour ça que je continue à me dire que la situation finira par s'améliorer, même si ça doit prendre des mois.

[Galathée]

" Nous ne savons pas grand chose des rapports qu'ils avaient auparavant... et je ne serais pas surprise qu'une partie de leur inimitié vienne de là. Baptiste, d'après ce que tu m'as raconté, était un gosse futé, parfois trop... Il est aussi un peu plus âgé que Victor... Je ne serais pas surprise qu'il y ait là une forme de revanche."
Elle sourit.
" Mais j'ai bon espoir, personnellement. Il faut juste que Baptiste tienne le coup sans pour autant se réfugier dans nos jupes."

[Taliesin]

-Ce n'est même pas dans nos jupes qu'il se réfugie : c'est à la cuisine. Enfin, peut-être n'y est-il pas allé directement quand il s'est carapaté, ce matin...
Il secoua la tête.
-Je pense également qu'il y a une forme de revanche. Je serais simplement moins mal à l'aise si, plutôt que de coups fourrés, elle prenait la forme de disputes voire de bagarres...
Il s'efforça de sourire.
-Mais ça finira par s'améliorer.
Du moins, comme l'avait souligné la rôdeuse, si Baptiste tenait le coup. Il faudrait être vigilant.

[Galathée]

" C'est des trucs de gosses, intervint Guéric. Vous vous inquiétez pour rien : ça va passer tout seul. Mais c'est vrai que s'ils se tapaient dessus, ce serait peut-être plus simple.
— Je ne crois pas. Ça dépendrait de qui aurait le dessus. Non. Il faut qu'ils apprennent à se tolérer, voire à s'apprécier. Il faudrait presque organiser quelque chose pour qu'ils soient forcés de collaborer devant l'adversité... Evidemment, s'ils nous percent à jour, ça va barder, mais dans le pire des cas, ils nous détesteront de concert."

[Taliesin]

Taliesin ne put s'empêcher de rire.
-Hé, mais ça leur ferait au moins un point commun ! Et rien de tel pour rapprocher des adversaires que de les confronter à un même ennemi !
Il se fit pensif.
-Tu pourrais les emmener tous deux en forêt puis, alors que la nuit tombe, te volatiliser tout à coup. Ils n'oseraient sans doute pas se séparer et, tant bien que mal, seraient contraints de coopérer...

[Galathée]

" En espérant que l'un n'abandonne pas l'autre... et qu'aucun des deux n'a peur du noir. Tu ne crois pas que ça rappellerait trop à Victor... Tu sais... Les circonstances de notre enlèvement ?"
Elle avait dit ces derniers mots avec une apparente légèreté, mais Taliesin pouvait percevoir que le coeur n'y était pas complètement.

[Taliesin]

-Tu sais bien que je ne leur infligerais jamais quelque chose d'aussi rude, répondit-il, sérieux. Mais si je raconte des âneries, c'est surtout parce que je ne vois pas ce que nous pouvons faire. Et l'impuissance, il n'y a rien de pire. Bien sûr, nous finirons sans doute par avoir des idées lumineuses mais, dans l'immédiat, nous devons nous contenter d'observer et d'intervenir en cas de crise, comme aujourd'hui. Les forcer à collaborer sans qu'ils se rendent compte de la manœuvre serait parfait, mais en avons-nous les moyens ? A part être les seuls Luméniens de souche de la maisonnée, ils n'ont rien en commun, pas même en matière de goûts, de savoir-faire...
Il haussa les épaules.
-Enfin, Guéric a sans doute en partie raison quand il dit que nous nous inquiétons trop. En partie seulement, parce que ce sont deux gosses fragilisés pour bien des raisons... Mais quand même : laisser les choses aller leurs cours, recadrer si ça dégénère, guetter l'inspiration, c'est peut-être le mieux à faire.

[Galathée]

" Je trouve que ton idée n'était pas mauvaise, dit Guéric. Enfin... sauf la ressemblance avec votre enlèvement. Effectivement, il ne sera peut-être pas nécessaire d'en arriver là, mais Galathée a raison de penser qu'organiser un événement propice pourrait aider les choses... les hâter, aussi. Enfin. Pas que je m'y connaisse, en mômes, cela dit. Quand j'étais gamin, on était vachement plus rudes."
Galathée soupira.
" Nous verrons bien. Il faudra sans doute être opportunistes."

[Taliesin]

L'elfe acquiesça puis, désireux de changer de sujet - à quoi bon s'y attarder, puisqu'ils n'avaient pour l'heure pas de solution ? -, il décida de rebondir sur la dernière phrase de Guéric.
-Rudes ? Tu veux dire comme cette fameuse nuit où Violette et toi avez joué les fantômes ? J'aurais presque pitié pour vos deux ennemis, tiens... Et je parie que tu n'as toujours pas compris par quel moyen ton acolyte arrivait à faire bouger comme par magie les couvertures !

[Galathée]

Guéric le dévisagea, stupéfait.
" Quoi ? Violette ? Mais de quoi parles-tu ?"
Une grimace déforma son visage.
" Je t'ai raconté ça, moi ? Bouse, je devais avoir bu, et pas qu'un peu."

[Taliesin]

-Soit tu me l'as raconté, soit ce songe... était plus qu'il ne le paraissait.
Il se tourna vers Galathée.
-J'ai une fois rêvé d'un événement du passé de Guéric, et j'ai supposé qu'il me l'avait narré, vu l'exactitude des détails... Et j'ai fait deux rêves similaires sur la Polissonne, cette fameuse nuit où personne n'a réussi à me réveiller. L'un concernait l'enfance de Valaellyn, l'autre... avait trait à ta jeunesse.
On ne lui avait jamais interdit de parler de cela. Et c'était un bon moyen d'oublier leur précédent sujet de conversation.

[Galathée]

" Je ne me souviens pas, dit Guéric, songeur. En tout cas, ça m'étonnerait que je t'ai parlé de Violette. Ce n'est pas une période de ma vie que j'aime me remémorer... et encore moins étaler... Je devais vraiment être très très saoul.
— Quel épisode de ma jeunesse ?" intervint Galathée, curieuse.

[Taliesin]

Il marqua une nette hésitation, craignant de dévoiler un épisode dont elle ne voulait plus entendre parler ou qu'elle ne préférait pas voir dévoiler en public, craignant aussi qu'elle l'assure ne jamais lui en avoir parlé. Mais il était sans doute allé trop loin pour reculer.
-L'épisode où Almeron est enlevé par le seigneur d'un petit bourg et où Feu Follet, après s'être infiltré dans la ville, revient t'informer qu'il sera libéré mais qu'on lui tendra une embuscade, dit-il sur le ton de la conversation. Et j'ai tout vu par les yeux... dudit Feu Follet.

[Galathée]

Galathée le dévisagea, presqu'aussi incrédule que Guéric.
" Feu Follet ?"
Elle demeura silencieuse un moment, fouillant manifestement sa mémoire.
" Une martre. Je me souviens vaguement. Je n'ai pas pu t'en parler, ou alors dans mon sommeil... C'est le premier animal avec lequel je me suis lié... mais il est mort très vite... Une mauvaise blessure, je pense. C'est assez flou dans ma mémoire. Mais c'est vrai qu'Almeron avait été enlevé... Je ne me souviens plus pourquoi, non plus. Dans les Vaux. Je t'ai déjà parlé d'Almeron ?"

[Taliesin]

Il marqua une nouvelle hésitation. La conviction qu'il avait eue dans son sommeil de vivre quelque chose sortant de l'ordinaire semblait bien moins solide dans le monde éveillé...
-J'avoue ne pas me souvenir quand, mais tu l'as forcément fait pour que j'en rêve, répondit-il. Dans le cas contraire, comme je le disais tout à l'heure, cela signifierait qu'il se passe parfois des choses v vraiment étranges quand je dors. Du moins, quand je dors si profondément que rien ni personne ne peut m'éveiller...

[Galathée]

Guéric eut un sourire.
" Des choses étranges, il s'en passe tout le temps, dans ce monde, Taliesin. C'est plutôt quand il ne se passe rien que les choses me paraissent inquiétantes, à moi. Parce que je ne peux pas m'empêcher de me demander quand le prochain truc bizarre va se produire... et puis ça rend l'univers vachement incertain. Enfin... Je suppose que quand on est un peu magicien, comme toi, c'est moins flippant...
— Honnêtement, je ne me souvenais même pas que cette bête s'appelait Feu Follet, Taliesin. Je ne vois pas comment j'aurais pu t'en parler."

[Taliesin]

De longues secondes s'écoulèrent avant qu'il ne reprenne la parole.
-Bon, à la limite, je pourrais concevoir que ces rêves soient une manière de clairvoyance me permettant de découvrir dans le moindre détail des événements passés dont j'ignorais tout jusque-là. Je n'avais encore jamais expérimenté semblables phénomènes mais... soit. Le souci, c'est que si j'admets ce point, il me faut envisager sous un jour nouveau d'autres aspects et là, ça devient véritablement flippant, parce que, dans ces songes, je ne suis pas un simple témoin...
Il prit une profonde inspiration.
-Quand ils débutent, je sais déjà que mon objectif sera d'aider quelqu'un, quelqu'un qui est toujours une personne avec qui j'ai des liens. Je me retrouve alors dans la peau d'un être proche de celui ou de celle que je dois aider : si mon esprit reste intact, je ne peux révéler qui je suis, je dois m'efforcer de me comporter comme mon hôte le ferait et, pour agir, je n'ai accès qu'aux capacités de ce dernier. Enfin, presque.
Il se tourna vers Guéric.
-Quand j'ai... incarné Violette, disons, j'étais cantonné aux possibilités qu'a une petite alfeline. Toutefois, après des heures d'entrainement, j'ai réussi à employer un sort de télékinésie mineure, ce qui m'a permis de déplacer les couvertures quand nous… quand vous avez joué les fantômes. Mais peut-être avait-elle des pouvoirs qu'elle ignorait...
Il fit face à Galathée.
-Quand je me suis retrouvé dans le corps de Feu Follet, j'étais une martre à part entière. Du moins, une martre avec un esprit d'elfe. Du coup, j'ai pu choisir les images mentales que je t'envoyais et essayer de te conseiller par ce biais, ce qui n'avait rien de simple. J'ai pu aussi interpréter ce que j'ai vu et entendu dans le château du ravisseur d'Almeron, à savoir que le seigneur entendait le libérer au grand jour puis l'éliminer en toute discrétion, afin de se débarrasser d'un barde potentiellement trop bavard sans avoir à subir le coût de ce méfait. Il a ensuite fallu que je t'en informe : j'aurais bien écrit dans la neige mais comme ç'aurait été trahir ma présence, j'ai à nouveau usé d'images mentales...
Il eut une moue perplexe.
-Cependant, peut-être n'étais-je pas réellement acteur, peut-être n'étais-je que le simple témoin de décisions prises et d'actes accomplis par mes hôtes. Pourtant, je n'en avais pas l'impression... Si je fais à nouveau un rêve de ce genre, il faudrait que je dise une phrase que je sois le seul à pouvoir prononcer puis, une vois revenu dans le monde éveillé, que je demande à la personne que j'ai aidée de cette étrange manière si elle l'a bel et bien entendue, si elle s'en souvient. Ce serait le meilleur moyen d'être fixé sur la nature réelle de ce phénomène.

[Galathée]

Guéric et Galathée demeurèrent silencieux un moment, un peu submergés par les réflexions du barde.
" Ça me semble une idée, dit la rôdeuse.
— Je ne vois pas bien en quoi cela répondrait à la question, fit Guéric. Tu pourrais être là et en même temps... pas vraiment crucial..."
Son visage se fendit d'une grimace.
" Tu as vraiment vu tout ça ? Les gamins qui nous harcelaient ? La frousse qu'on leur a flanquée ? Merde alors !"
Son expression se fit plus chagrine.
" C'était il y a mille ans."