La Couronne de Cuivre

" Et pourquoi ça ? Je serais bien malavisé de te reprocher de t'engager avec une jeune humaine, rôdeuse, et fort belle de surcroît. Après tout, c'est ce que j'ai fait moi-même... Quant à la rapidité avec laquelle tu as fait ton choix, j'imagine que c'est ton ascendance humaine qui ressort. Donc ça ne me surprend pas vraiment. Tu tiens ça de ta mère, sans doute..."
Elryndel sourit.
" Mais nous aurons tout le temps d'en reparler à ton retour... D'ici là, je te souhaite un bon voyage. Puisse Sehanine Archelune guider tes pas et te ramener sain et sauf à la maison."

Une nouvelle fois, Kasumi donna une accolade à son père. Ce geste lui venait désormais naturellement maintenant qu'il avait mûri, qu'il pouvait développer une nouvelle relation d'égal à égal avec lui.

- Merci papa. Nous en reparlerons à mon retour. Mais avant que vous ne vous mettiez en route, je vais dire au-revoir à Tilmandil sinon il risque de te cuisiner pour savoir tout ce qu'on s'est dit. Inutile de dire que je compte sur ta discrétion !

La discussion entre Tilmandil et Sylvia s'interrompit sitôt qu'il approcha, et ils échangèrent un regard de connivence avant de s'avancer à sa rencontre.
" Tu as l'air tout détendu... ça a dû te faire du bien de parler à ton père...
- Profites-en, ça ne durera pas !, prophétisa Tilmandil. On voit qu'il ne t'a pas tenu l'un de ses grands discours politico-philosophiques dont il a le secret. Tu verras quand tu rentreras à la maison ! A moins que tu n'y échappes, à la réflexion : tu n'es pas d'Everaska... Mais moi, c'est à ça que j'ai vu qu'il allait réellement mieux : il a recommencé à parler politique. Et sur ce thème, crois-moi, on ne l'arrête pas !
- Moi, je n'ai rien remarqué...
- Il n'ose pas quand il y a des invités, il s'auto-censure !

Le demi-elfe se réjouissait de la complicité qui était née entre le frère qu'il venait de se découvrir et l'amie d'enfance qui était devenue bien plus que cela. Il leur sourit à tous les deux sans s'empêcher de se demander de quoi ils avaient bien pu discuter et la raison de ses regards de connivence qui ne lui avaient pas échappé. Il était du genre à aimer les surprises alors il ne chercha pas vraiment à faire d'hypothèse mais - au lieu de cela - il n'hésita pas à asticoter un peu son frère :

- Non, papa ne ressent pas le besoin de parler politique ou philosophie devant nous autres rôdeurs : tu devrais te sentir privilégié, quelque part ! Mais c'est inutile de lui demander de quoi nous avons parlé sur le chemin du retour : je lui ai demandé de garder le silence et tu sais certainement aussi bien que moi qu'il est aussi doué pour garder des informations secrètes que pour parler pendant des heures ! Ce trait chez toi doit venir de lui, à bien y réfléchir !

" Il a tout d'un barde quand il s'y met, je confirme ! Il ne lui manque que l'usage de la magie..."
Tilmandil sourit, rêveur.
" Tu as raison, je dois tenir de lui. Sauf pour la capacité à garder un secret : mon rôle est au contraire de les dévoiler ! Et tu aurais tout intérêt à ne pas l'oublier...
- Et moi non plus, je présume ?
- Oh, rassure-toi, je peux les garder un petit moment... tant qu'ils ne sont pas utiles, en fait !
- Ca me rassure énormément...
- De toute façon, il n'y avait rien de secret dans ce que tu me disais ?
- Et bien...
- Donc pas de souci ! Mais je parle, je parle, et j'oublie que vous avez hâte de vous bébarrasser de nous puisque vous avez prévu de passer deux jours en amoureux dans le palais luxueux où vous avez dormi cette nuit... une grotte c'est le luxe absolu pour un rôdeur, c'est bien ça ?

Kasumi n'était pas dupe : le barde essayait d'éveiller sa curiosité mais il ne lui offrirait pas une victoire sur un plateau, ça non ! Si Sylvia voulait garder des secrets, il n'allait pas chercher à les connaître : elle aussi avait droit à son petit jardin privé. Non, au lieu de cela, il chercha à rebondir sur la taquinerie de son frère sans aucun sarcasme - ou presque :

- Personnellement, je préfère les forêts, les terriers ou les cabanes construites sur une branche. Un simple hamac quand il fait doux et beau pour observer les étoiles au travers de la canopée. Non, les palais sont pour les bardes comme toi ! Et je suis certain que tu as autant hâte de retrouver ceux d'Everaska ! En partant maintenant, vous devriez arriver avant qu'il ne fasse vraiment froid dans les cols... Alors je ne vais pas te retenir, petit-frère ! Nous nous reverrons dans six ou sept jours et j'aurais encore plus de secrets à te dévoiler ou non.

Le barde rit joyeusement.
" Oh, mais je connaîtrai tes secrets, sois-en sûr ! Je saurai te les arracher, c'est mon métier... De toute façon, je suis sûr que notre chère grand-mère a d'ores et déjà fait parler Eärundra, qui a dû tout lui raconter de votre séjour là-bas... il ne me reste plus qu'à lui faire boire un de ces petits alcools de poire qu'elle aime tant, lancer le sujet sur le bon vieux temps et ses relations avec la druidesse, laisser évoluer la discussion... et le tour est joué ! Je saurai tout, absolument tout !"
Il paraissait absolument certain de ce qu'il avançait, mais peut-être n'était-ce qu'une façade.
" Mais je vais vous laisser, je vois bien que vous avez hâte d'être en tête à tête... Je te souhaite un bon voyage, petit frère... et à bientôt, Sylvia ! Demain soir, c'est ça ?
- Après-demain soir.
- Tante Cinia sera heureuse de terminer ton portrait...
- Arrête avec ça !
Sur quelques dernières plaisanteries, Tilmandil s'éloigna, rejoignant son père qui aidait déjà Galawen à se hisser en selle. Un signe de la main, un au-revoir, et ils se mettaient en route, tandis que Sylvia glissait tendrement sa main dans la sienne.

Kasumi les regarda partir puis s’éloigner sur la route qui les ramènerait vers Everaska. C’était une situation quelque peu étrange : c’était lui qui partait toujours le premier d’habitude. De surcroit, il savait qu’il lui restait un voyage à accomplir. Mais s’il y pensait trop, il ne pourrait pas vraiment profiter de ces deux jours de vacances que lui réservaient enfin la providence. Il s’efforça donc de revenir à l’instant présent, à la sensation de bien-être qu’il éprouvait à se sentir aimer, aux petites attentions de Sylvia comme cette main qu’elle avait agrippée. Il rompit le silence d’un ton paisible, esquissa un sourire doux :

- Mon frère a l’air de t’apprécier énormément… Et ma tante aussi d’après ce que j’ai entendu sur ce fameux portrait !

" Ta tante est très gentille, très douce... Et ton frère et bien... tu le connais aussi bien que moi je crois ! Il ne rate pas une occasion de me mettre en boite..."
Sylvia sourit, détendue, heureuse.
" Mais oublie cette histoire de portrait. C'est elle qui a insisté ! Apparemment, elle fait les portraits de tous les membres de la famille... d'ailleurs elle m'en a montré un de toi quand tu avais douze ans, c'est très ressemblant ! Bon, je lui ai bien dit que je ne fais pas vraiment partie de la famille, mais elle n'a pas voulu en démordre".
Son sourire disait clairement combien elle appréciait d'être ainsi considérée.

Ce sourire était irrésistible, lui faisait battre le cœur plus vite. Kasumi l'enlaça spontanément, répondant d'un ton doux et heureux en posant une main sur sa joue en une caresse délicate :

- Elle a bien fait je trouve ! Ma tante est très fine je pense : elle a compris combien tu étais importante pour moi. Même si tu ne fais pas encore officiellement partie de ma famille.

Sa compagne avait légèrement rougi.
" C'est... gentil à toi... de... enfin... de me trouver... importante..."
Elle sourit.
" J'avais peur que la discussion d'hier ne soit dû qu'à l'enthousiasme d'un soir... Que tu changes d'avis... Et..."
Elle planta son regard dans le sien.
" Qu'est-ce que tu vas faire après ta mission dans le désert ? Ou veux-tu aller ? Où... veux-tu vivre ?"

Il laissa sa main glisser le long de sa joue, doucement. La passa derrière sa nuque, approcha son visage du sien mais, au lieu de l'embrasser, il se contenta de sourire et de répondre avec une grande sincérité :

- Ce n'était pas irréfléchi : je ne vais pas changer d'avis. Je souhaite avoir des enfants avec toi. Et je souhaite les élever à tes côtés.

Il marqua une pause, le temps de réfléchir à sa seconde question, quelque part plus délicate mais finit par répondre avec le même aplomb, le même regard planté dans le sien :

- A long terme, à l'endroit qui nous plaira le plus je suppose. A court terme, je comptais passer quelques jours en famille avec toi si tu le désires. Puis repasser au campement pour que tu puisses rassurer la tienne. Eärundra m'a aussi conseillé de retourner parler à Celd de mon problème mais je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Puis, j'aimerais repasser en Helonna, récupérer ma louve, mes affaires. Et si tu es d'accord avec tout ce programme, nous serons libres d'aller ensuite où tu le voudras.

Sylvia était songeuse.
" Où je voudrai ? Je ne sais pas trop où ce sera... Et puis il faut que ce soit un endroit qui nous convienne à tous les deux. Par exemple, je ne pourrai pas vivre à Everaska... On pourrait décider de revenir en Haute-Forêt, peut-être, et s'installer là-bas... mais j'aimerais voir du pays, avant. Je n'ai pas eu, contrairement à toi, l'occasion de voyager, et ça me manque. Donc je serai ravie d'aller découvrir des terres lointaines de l'ouest dont tu m'as parlé."
Elle secoua la tête.
" Mais c'est trop tôt pour y songer, sans doute. On a un programme tout établi pour les mois à venir... le reste attendra !"
Son regard se fit plus espiègle.
" Et en parlant de programme... là, tout de suite... quel sera le programme de ces deux jours en tête à tête ? Enfin, plus tout à fait deux jours d'ailleurs..."

Le regard de Kasumi s'était fait plein de reconnaissance et d'espoir, heureux que Sylvia partage - au moins en partie - ses aspirations pour les prochains mois, voire les prochaines années. Ils auraient ensuite tout le temps de décider, l'important pour lui étant de l'avoir à ses côtés, de trouver un endroit où se poser, plus tard, quand des enfants entreraient dans leur vie.

A sa dernière intervention, le regard du rôdeur se fit malicieux alors qu'il répondait aussitôt :

- Oh... Une promenade dans les environs, quelques bains à cette petite source fraîche, un peu de chasse ou de pèche aussi peut-être... Bref, des choses de rôdeur ! Je pourrais aussi te sculpter complètement nue... Mais là, tout de suite, mon programme est de t'embrasser si tu en es d'accord !

Ses yeux pétillaient d'une lueur provocatrice qu'elle avait maintenant appris à reconnaître et, pourtant, il lui laissait pleinement l'initiative de répondre...

Elle était d'accord... et elle le prouva par un baiser doux et langoureux, interminable. Peut-être même était-elle d'accord pour autre chose qu'un baiser, d'ailleurs, puisque ses mains glissaient déjà le long de ses chausses, comme par inadvertance.
" Et... elle est où, cette source fraîche où on pourra se baigner nus ? lui souffla-t-elle à l'oreille. Pas pour me sculpter, juste pour... le plaisir de se baigner tous les deux en amoureux... ! Bon, on peut aussi faire un concours de pêche et celui qui perd doit rester nu toute la journée... hum, non, il fait trop froid..."

Comme à chaque fois qu'elle posait les mains sur des zones sensibles de sa personne, le rôdeur sentit un agréable frisson l'ébranler. Il répondit avec une pointe d'humour :

- Ce ne serait pas juste : si tu perdais, je ne pourrais de toute façon pas rester tout habillé bien longtemps à te regarder alors que tu serais dans le plus simple appareil ! Et je crois que la source est par là, fit-il en désignant les hauteurs.

- J'ai même repéré un petit bassin quand je volais mais l'eau doit y être fraîche, même à cette heure alors on ferait mieux de se dépêcher ! Ou bien trouver une méthode pour nous réchauffer après le bain !

Son regard reflétait maintenant son impatience alors qu'il récupérait son sac contenant serviette et couverture et l'entraînait joyeusement au travers de la lande.

La source était véritablement glacée, plus encore que dans ses souvenirs -ou peut-être était-ce le contraste avec les températures qu'il avait rencontrées dans le désert.
Mais la température ne semblait pas un problème pour Sylvia qui se déshabilla en un clin d'oeil et se précipita dans l'eau, se mouillant consciencieusement avant d'effectuer un plongeon parfaitement stylé -à l'échelle de la source bien entendu : le bassin ne faisait que quelques mètres de large. Le rôdeur eût la sensation qu'elle ralentissait ses gestes exprès pour s'exhiber devant lui.
" Brrr, tu as raison, elle est glacée ! Il va falloir que tu viennes me tenir compagnie pour me réchauffer..., suggéra-t-elle avec un sourire faussement innocent

Kasumi n'avait pas détaché son regard d'elle la moindre seconde, admirant son corps souple et finement musclé, ses courbes gracieuses, sa féminité généreuse et délicieuse, le teint de sa peau et le contraste troublant avec la couleur de ses cheveux. Il avait observé son plongeon avec émerveillement. Rappelé à la conscience par ses mots, il entreprit aussitôt de retirer ses bottes, sa tunique puis ses chausses, ne cachant pas combien la vision de Sylvia avait suffi à éveiller son excitation. Il plongea malgré tout aussitôt dans l'eau glacée après avoir à peine pris le temps de se mouiller et le regretta aussitôt qu'il entra en contact avec l'eau limpide mais bien trop fraîche. Il émergea en toussant et en se frictionnant les épaules puis effectua quelques brasses pour rejoindre sa compagne.

- Brrr, moi aussi j'ai besoin d'être réchauffé, c'est malin !

Et il lui ouvrit ses bras, abandonnant l'idée de se laver ou de simplement nager pour un moment au moins.

- Que puis-je faire pour vous plaire, belle nymphe enchanteresse ?

" Oh... Je crois que tu sais exactement, et même bien mieux que moi, ce que je veux que tu fasses...", fut la seule réponse qu'il obtint avant que deux lèvres rencontrent les siennes.
De baisers en caresses, de tendresse en étreintes, ils perdirent la notion du temps. Le ciel au-dessus d'eux s'était dégagé, laissant apparaître le soleil automnal, et la nature alentours était magnifique. Mais ils n'en avaient cure, n'ayant d'yeux que l'un pour l'autre.

" Je t'aime..."

Une éternité plus tard, enlacés sous la couverture à quelques mètres de la source, ils peinaient à reprendre pied dans la réalité, quand un faucon se permit de les rappeler à l'ordre, poussant un cri strident à quelques mètres d'eux.
" Ah... Je crois qu'il est jaloux... D'habitude, je m'occupe un peu plus de lui..."

Encore gorgé des plaisirs intenses de leur étreinte, un brin rêveur et la tête dans leur monde de douce volupté longtemps après leurs extases partagées, le demi-elfe ressentait la plénitude de cet instant prolongé où il pouvait sentir le corps chaud de Sylvia lové tout contre le sien. Dressé sur un coude, tourné vers l'élu de son cœur, l'une de ses mains était resté distraitement posée sur son sein comme si ce lien les ancrait l'un à l'autre au-delà de la passion de leurs ébats. Son regard brillant, brûlant, attendri parfois valait aussi tous les "je t'aime" tout comme les légers baisers dont il la gratifiait de temps à autre. Loin de le gêner, l'arrivée du faucon de la rôdeuse fit sourire son compagnon.

- Dois-je redouter de me prendre des coups de bec de temps à autre ? Je crois que le risque en vaut largement la peine, cela dit.

Son air doux et amusé laissait toutefois à penser qu'il ne prendrait pas ombrage si elle décidait de se lever pour rasséréner l'oiseau qui partageait un lien fort avec elle.

" Méfie-toi, il a le bec aussi acéré que la langue de ton frère !" répliqua joyeusement Sylvia en se redressant pour aller gratter doucement le crâne de l'oiseau.
Elle était entièrement nue, et il la vit frissonner dans la fraîcheur automnale, mais elle ne fit pas mine de vouloir attraper un vêtement.
" Hum... la prochaine fois que tu nous organise une baignade en tête à tête dans un endroit enchanteur... vaudrait mieux que ce soit sous un autre climat ! On pourrait passer deux jours tout nus, à vivre juste d'amour et d'eau fraiche, s'il faisait un peu plus chaud...."
Elle finit par renoncer à le provoquer inlassablement et se réfugia sous les couvertures, prenant un malin plaisir à l'étreindre de son corps glacé.
" Je crois qu'il faut encore que tu me réchauffes, glissa-t-elle, mutine. Mais ensuite... faudra peut-être qu'on se préoccupe du dîner ?"
Un cri strident du faucon lui répondit.

Le rôdeur frissonna au contact de sa peau nue et glacée mais il l’enserra aussitôt de ses bras pour l’attirer contre lui tout en lui frottant le dos des épaules au fessier, s’attardant d’ailleurs particulièrement à cet endroit avant de laisser courir ses mains bien chaudes sur le reste de son corps. Mais le faucon insistait, sans doute malheureux du manque d’attention de sa maîtresse. Sans cesser ses attentions délicates, le rôdeur répondit d’un ton patient :

- Avec de telles perspectives, je crois que j’aurais bien envie que nous nous installions près d’un étang ou d’une source chaude. Je crois que je pourrais passer bien plus que deux jours à t’admirer nue et à te faire l’amour… Si Vif-Argent ne me picore pas d’ici là… Est-ce que tu voudrais que nous chassions avec lui ? Comme ça nous resterions ensemble et il ne se sentirait pas délaissé.

" Chasser avec lui... Ça dépend ce que tu entends par là. Il chasse de trop petits mammifères pour que ça puisse nous intéresser... mais il peut faire du repérage pour nous, à la rigueur."
Sylvia se redressa sur un coude et sourit.
" De toute façon, il faut bien qu'il s'habitue à ce que tu aies la priorité dans mon coeur ! Il s'y fera, tu verras ! Mais je n'ai pas d'objection à terminer la journée par une petite partie de chasse ensemble...."

Au pire, on leur avait laissé de quoi dîner copieusement, il y avait veillé, alors la partie de chasse pourrait avant tout être tournée vers la détente et le plaisir plus que par la recherche d'une réelle efficacité.

- Première Neige s'y habituera aussi je pense et je suis certain que vous vous entendrez bien. Et je n'ai pas non plus d'objection à finir la journée en chassant si tu me promets que nous finirons la soirée dans les bras l'un de l'autre ! Mais donc, puisque Vif Argent est ton champion, je te laisse mener la chasse ! Si tu veux je rabattrai le gibier qu'il repérera, sinon on attend en embuscade comme la fois où tu as tiré ce superbe canard.

Sylvia se redressa, comme à regret, et s'extirpa de la couverture.
" Moi, je préfère la technique de l'embuscade. Rabattre le gibier tout seul, c'est un peu trop aléatoire, il n'ira pas forcément là où je l'attend... Certes, l'embuscade, çe sais bien que ça n'utilise pas les compétences de vif-Argent... mais je n'ai encore jamais chassé avec lui. Il faudra que j'apprenne à tirer parti des possibilités qu'il m'offre. Mais c'est un apprentissage que j'aurai six jours pour faire, en ton absence, et que je poursuivrai plus tard. Pour le moment, chassons comme nous en avons l'habitude. L'après-midi touche à sa fin, on devrait bientôt voir arriver par ici des petits mammifères ou du plus gros gibier, venus s'abreuver. il suffit de bien se cacher... et on tirera de quoi te faire quelques provisions à emporter dans le désert. Enfin, si ça te convient..."

Le rôdeur se redressa à son tour et récupéra ses vêtements avant de répliquer avec enthousiasme :

- Bien sûr que ça me convient ! Cette technique a donné d'excellents résultats par le passé vu que tu es une archère hors pair ! Il ne reste plus qu'à trouver un endroit où nous cacher. Tu promets de ne pas tenter de me déconcentrer si on se cache ensemble ? Sinon, je devrais chercher une autre cachette !

Son sourire amusé montrait qu'il n'avait pas l'intention de mettre la menace à exécution si la rôdeuse dérogeait au sérieux de leur partie de chasse.

La rôdeuse leva au ciel des yeux amusé.
" Tu es vraiment incorrigible... Tu sais qu'on a encore toute la nuit pour ça ? Remarque, je ne suis pas contre s'adonner à cette saine activité nuit et jour... Mais quand je chasse, je chasse ! Méfies-toi plutôt de ne pas prendre une flèche perdue si tu me provoques en cherchant à me déconcentrer au moment où je tire !"
Tout en parlant, elle enfilait ses vêtements, frissonnant. Le soleil déclinait à l'horizon et le froid gagnait peu à peu le petit plateau où ils se trouvaient.
" N'empêche qu'on devrait se choisir chacun un buisson, pour ne pas se gêner... Je prends celui-ci, fit-elle en désignant le plus proche de la source. Tu devrais prendre celui-là, pour être bien positionné par rapport au soleil. Les bêtes seront trop éblouies pour nous voir... J'espère juste que la brume qui monte ne nous jouera pas trop de tours... Allez, le premier qui a une proie a gagné... et c'est le perdant qui cuisine !"

Le demi-elfe répliqua sans vergogne tout en se dirigeant vers "son" buisson :

- Dans ces conditions, je veux bien te laisser gagner ! Mais tâche de me laisser une petite proie pour me consoler tout de même !

Quoiqu'il en ait dit, le rôdeur prit position et se dissimula avec le plus grand sérieux même si son regard s'égarait bien plus souvent que nécessaire vers un autre buisson où se cachait l'élue de son cœur.