La Couronne de Cuivre

" C'est bien noté, répondit l'avocat en hochant la tête. Je vois vos priorités. Mais ne vous en faites pas, un bannissement même de courte durée est extrêmement peu probable, simplement il figure dans la liste des peines encourues... Mais si on bannissait tous ceux qui un jour volent un bien collectif, on ne s'en sortirait pas ! C'est vraiment dans les cas les plus graves après moult récidives..."
Il sourit.
" Ah, j'oubliais... Dans la liste des peines possibles, il y a également tout type de travaux d'intérêt généraux, qui peuvent vous êtes proposés à la place de tout ou partie du dédommagement financier. Y seriez-vous favorable, ou préférez-vous l'amende ?

Décidément, la justice à Everaska était bien loin de tout ce qu'il avait pu imaginer si l'on pouvait influencer le juge quant à la façon de purger sa peine... Kasumi se contenta de hausser un sourcil et de préciser à nouveau que sa priorité était de ne pas se créer de nouvelles obligations retardant son départ :

- J'aimerais bien participer en réduisant le coût supporté par ma famille mais je ne vis pas ici et je ne compte pas y rester plus que nécessaire. Je crois donc que ces travaux d'intérêt général sont à exclure.

L'avocat prit un parchemin sur son bureau et y consigna quelques notes.
" Très bien ! J'ai bien tout noté. Ne vous faites pas trop d'illusions cependant quant à la marge de manœuvre dont je dispose : c'est le juge qui fixera la peine encourue. Mais il arrive qu'il laisse le choix, entre des travaux d'intérêt général ou une amende majorée. Quant aux questions d'inéligibilité ou d'interdiction d'utilisation de matériel commun, vous n'aurez pas le choix s'il les prononce, mais vos priorités peuvent orienter en partie mon plaidoyer pour accentuer plutôt certains aspects ou d'autres..."
Il sourit.
" Etes-vous prêts à aller au rendez-vous avec le juge ou avez-vous des questions ?"

Kasumi se contenta de hocher la tête, s'en remettant à l'expérience de son avocat mais aussi à Tymora pour que les choses se passent au mieux. Il hocha la tête à sa question et répliqua d'un ton calme :

- Je suis prêt. Enfin presque : ce n'est pas une situation qui m'est très familière alors quel est le protocole avec le juge ? Va-t-il m'interroger ?

" Oui, il va vous interroger... des questions toutes simples où vous n'aurez que peu à répondre. L'objectif de la convocation d'aujourd'hui est simplement d'obtenir l'autorisation que je vous représente tout au long de la procédure et y compris au procès. Il va sûrement répéter les faits qui vous sont reprochés, mais vous n'aurez rien à défendre ou à plaider aujourd'hui : c'est mon rôle lors de l'audience. Aujourd'hui, on fixe juste les modalités de déroulement de la procédure... ne vous inquiétez pas !"
Il se leva et se dirigea vers la porte.
" Laissez-moi parler le premier, et ne prenez la parole que lorsqu'il s'adressera à vous."

Kasumi se leva à son tour pour suivre son défenseur : il inspira profondément comme pour réunir tout son calme pour la nouvelle confrontation à venir. Ne pas parler sauf si on l'interrogeait directement : c'était dans ses cordes. Il suffisait de se blinder contre ce qu'il entendrait. Tout ce qui importait était de pouvoir quitter la ville ce soir et ne pas être contraint d'y revenir pour la suite de la procédure. Le demi-elfe accompagna l'avocat sans un mot, s'en remettant entièrement à lui. Il fallait espérer - là encore - que le choix de sa famille n'ait pas été mauvais.

L'avocat le conduisit dans un dédale de couloirs jusqu'à un bureau immense, meublé avec goût, où les attendait une elfe aux cheveux grisonnants noués en chignon, à l'allure sévère, vêtue d'une robe pourpre.
" Maître Elen ?
- Maître... Glorel, je présume ? Et vous devez être... Kasumi, fils d'Elryndel, que maître Glorel annonce vouloir représenter. Votre avocat vous a-t-il mis au courant des faits qui vous sont reprochés, ou dois-je les détailler ?"

Kasumi ne s'était pas attendu à une mine moins sévère pour un juge aussi tâcha-t-il de ne pas se laisser perturber, prenant tout de même le temps de consulter maître Glorel du regard avant de prendre une nouvelle inspiration et de répondre avec gravité :

- Bonjour votre honneur. Afin d'éviter tout malentendu, j'apprécierais que vous détailler les faits retenus contre moi.

" Vous êtes accusé de vol. Plus précisément, d'avoir refusé de rendre l'un des aigles de la Garde Ailée qu'on vous avait prêté de façon tout à fait exceptionnelle. Reconnaissez-vous les faits ?
- Votre honneur... Je pensais que nous n'étions là que pour fixer les modalités de déroulement de la procédure ?, intervint hardiment l'avocat, gardant toutefois un ton extrêmement respectueux.
- Et c'est bien le cas... Mais vous avez raison, je devrais reformuler ma question : Kasumi, fils d'Elryndel, comprenez-vous les faits qui vous sont reprochés et avez-vous quelque chose à déclarer qui soit susceptible de modifier l'acte d'accusation ?"
L'avocat fit discrètement signe à Kasumi d'en dire le moins possible...

Et Kasumi décida de faire confiance à son défenseur, ne s'étant jamais retrouvé dans ce genre de situation et craignant d'aggraver les choses s'il prenait la moindre initiative. Il s'en tint donc à une déclaration des plus lapidaires et directe qui soit, tâchant tout de même d'employer un ton plein d'humilité :

- Je comprends les faits qui me sont reprochés et je n'ai rien à déclarer, votre honneur.

La juge griffonna quelque chose au bas d'un parchemin, qu'elle lui tendit.
" La première étape, pour vous, est de lire ce document, qui explique un peu plus en détail les faits qui vous sont reprochés, et signer au bas de la feuille si vous n'avez rien à ajouter, comme vous venez de le dire. Nous allons ensuite fixer une date pour la procès, que la législation prévoit devoir avoir lieu dans les trois mois au maximum.
- Mon client est attendu sur le continent où il vit, dans les nouvelles terres de l'ouest, et doit quitter Féérune avant cette date. Il souhaiterait donc que je puisse le représenter lors du procès. Mais il va de soi qu'il se rendra disponible si pour une raison ou une autre vous souhaitez le convoquer."
La juge se tourna vers Kasumi.
" Est-ce bien ainsi que vous voyez les choses ? Désirez-vous vous reposer entièrement sur votre avocat, au point de le laisser vous défendre selon la manière qu'il jugera bonne sans que vous ayez aucun moyen de contrôle ou de rectification sur ce qu'il dira ?"

Etait-ce une question de pure forme ? Si c'était le cas, elle n'avait rien de particulièrement rassurant. Mais Kasumi n'avait de toute façon guère le choix en la matière. Après un instant d'hésitation et un regard jeté à son avocat, il mobilisa toute son assurance pour répondre d'une voix égale :

- Votre honneur, je fais toute confiance à mon avocat ici présent pour retranscrire fidèlement ma déposition et défendre au mieux mes intérêts.

Il entreprit ensuite de lire le texte que le juge lui avait tendu avant d'y apposer sa signature.

Le texte relatant les faits reprochés à Kasumi, une fois dépouillé de tout l'enrobage de termes juridiques, correspondait plutôt bien à la réalité, et il put le signer sans hésitation.
" C'est mon métier de représenter mes clients au mieux de leurs intérêt... et notre déontologie nous impose de respecter strictement leurs souhaits. Je me suis du reste entretenu à ce sujet avec le sieur Kasumi tout à l'heure, et je reste à sa disposition pour tout complément qu'il estime devoir apporter.
- Certes... mais il doit être clairement informé du fait que s'il signe la procuration vous permettant de vous exprimer en son nom, il ne pourra ensuite en aucun cas revenir sur vos déclarations, même si elles lui paraissent trop peu fidèle à sa pensée."
La juge tira sur une cordelette et on entendit un petit carillon cristallin dans la pièce voisine. Un jeune elfe, son secrétaire sans doute, parut, et elle lui demanda d'aller lui chercher un formulaire qu'il ramena en un temps record.
" Pour donner tout pouvoir à votre avocat pour vous représenter, il faut que vous remplissiez tous deux ce document, expliqua-t-elle à Kasumi. Bien sûr, il ne garantit en aucun cas que vous serez dispensé de venir. Cela me donne simplement la possibilité de me passer de votre présence."
Le formulaire était une simple procuration, où chacun d'eux devait indiquer son identité complète, et signer. Il précisait ce que la juge venait d'expliquer, à savoir que le mandaté agissait et s'exprimait au nom du mandataire, et que ce dernier ne pourrait pas contester ce qui aurait été dit en son nom. Il mentionnait simplement la possibilité, pour les litiges les plus graves, d'un procès pour abus de confiance.

Cela faisait quelques minutes à peine qu’il se trouvait dans le bureau du juge mais toute cette procédure commençait déjà à donner des maux de tête à Kasumi mais il se força à lire le document dans son intégralité avant de compléter soigneusement la partie qui lui incombait, de le signer puis de le remettre à maître Glorel pour qu’il en fasse de même.

Le demi-elfe avait inscrit l’adresse de ses parents à Everaska ainsi que celle de la taverne de la Bienveillance si jamais on devait le contacter en Helonna. Il était du reste prêt à signer tout et à peu près n’importe quoi du moment que cela puisse le libérer rapidement de ses obligations juridiques. Il avait grand besoin d’un bon bol d’air et même la pluie glaciale serait une bénédiction en l’occurrence.

" Votre honneur, je tiens à rappeler qu'il s'agit d'un simple vol, et de la part d'une personne qui n'a jamais eu aucun démêlé avec la justice. Et j'ai déjà porté au dossier l'engagement de sa famille à régler tout frais financier qui serait requis par la cour. Pensez-vous, dans ces conditions, que sa présence sera nécessaire lors du procès ?, s'enquit l'avocat
- Et si la peine comprend autre chose qu'une amende et un dédommagement ? Y avez-vous songé ? Il faudra qu'il soit présent si l'accusation demande un autre type de peine.
- L'essentiel n'est-il pas qu'il soit présent pour purger sa peine, même s'il n'est pas là au procès ?
- Effectivement... Mais sa famille est-elle prête à se porter caution dans ce sens ? Et vous-même, sieur Kasumi, pouvez-vous vous engager, dans le cas où la peine prononcée nécessite que vous reveniez sur le territoire pour un temps, à obtempérer dans les plus brefs délais ?"

Cette question fit blêmir le rôdeur : allait-il devoir vivre avec cette épée de Damoclès en plus au-dessus de la tête après les conditions imposées par ses ennemis ataviques ? Devrait-il remettre tout projet ou forme d'engagement à plus tard pour répondre à une convocation qui risquait de tomber à tout moment ? Il s'efforça néanmoins de retrouver son calme, pensant au prochain séjour en forêt, au départ qui l'attendait :

- Je ne me déroberai pas à mes obligations mais je tiens à implorer la clémence et la compréhension de votre jugement : je ne suis pas résident everaskan et un voyage depuis les terres lointaines d'Helonna n'a rien d'anodin.

Sans compter qu'il ne comptait pas attendre les bras croisés pendant trois mois qu'une convocation arrive et le prive de toute opportunité.

Son avocat se tourna vers lui.
" Rassurez-vous, il est très rare que ce genre de peine soit prononcée, dans ce genre de cas.
- Oui, effectivement. Mais ce sont des peines qui existent et qu'il est de mon devoir de vous présenter. En l'état actuel de mes connaissances sur le dossier, elles sont effectivement peu probables, mais je ne peux être absolument certaine d'avoir déjà tous les éléments -sans quoi le procès aurait déjà lieu- donc je ne peux rien vous promettre. Mais effectivement, pour un simple vol, les peines sont généralement pécunières...."

Kasumi n'était pas convaincu : tant qu'il restait une possibilité - même minime - qu'il puisse être rappelé à Everaska, il ne pourrait pas envisager sereinement de faire des projets, de s'engager sur une mission, de partir en voyage avec Sylvia même. Tout cela allait lui être refusé pour une simple incertitude improbable...

- Est-il possible que la peine, si elle devait être autre que financière, puisse être commuée en un bannissement temporaire ou définitif de votre territoire ? Non pas que je cherche à me dérober à un autre type de peine mais, encore une fois, revenir d'Helonna pour une courte peine me condamnerait bien au-delà de celle-ci : par le coût, la durée et le danger d'un tel périple.

La juge secoua la tête, les lèvres pincées.
" Jeune homme, les peines ne sont pas négociables ! Vous imaginez le genre de dérive que cela occasionnerai ? En revanche, il est évident que je dois prendre en compte les spécificités des situations individuelles, et dans votre cas, le fait que vous soyez citoyen d'un état situé à des milliers de kilomètres d'ici. Si je pensais sérieusement avoir besoin de vous faire jeter en prison, je vous interdirait purement et simplement toute sortie de territoire....
- Et... C'est ce que vous comptez faire ? Vous pensez réellement que cette affaire nécessite une assignation à résidence ?"
La juge secoua la tête.
- Là, dans l'affaire qui nous occupe, lorsque je lis la déposition du plaignant, il n'y a rien qui m'incite à penser que ça puisse être nécessaire. Bien sûr, on peut toujours découvrir d'autres faits que nous ignorions, qui pourraient m'amener à revenir sur cette décision. C'est pour cela que je vous demande de vous engager à purger votre peine, quelle qu'elle soit. Si vous avez la certitude de n'être coupable que de ce seul et unique délit aux yeux de la loi everaskane, alors vous n'avez rien à craindre, les peines prononcées ne nécessiteront pas votre déplacement ici. Mais s'il s'avère que vous ayez d'autres faits à vous reprocher, il pourrait en aller autrement.

Le demi-elfe fut quelque peu rasséréné par ces propos surtout après que son avocat ait évoqué clairement le sujet d'une interdiction de quitter la cité. Il répondit d'un ton un peu moins pressant et davantage courtois :

- Comme je l'ai dit, je m'engage à revenir ici si la situation l'exige mais, à ma connaissance, je ne suis impliqué dans aucun autre crime ou délit.

C'était tout de même une procédure étrange : le rôdeur s'était attendu à ce que le juge s'en tienne aux accusations listées dans le premier document et voilà qu'il évoquait la possibilité qu'il puisse éventuellement être impliqué dans d'autres événements... Il doutait toutefois que le juge soit autorisé à lui interdire de quitter la ville sous ce seul prétexte mais mieux valait jouer la carte de la conciliation et de la collaboration dans le cas présent.

" Bon... vous allez me mettre cet engagement par écrit, sur ce parchemin. La formulation est libre, contentez-vous d'écrire que vous vous engagez à revenir à Everaska purger toute peine qui serait éventuellement prononcée contre vous. Sachez aussi que nous pouvons, par le biais de nos diplomates, obtenir une extradition si cela s'avérait nécessaire, il ne s'agit donc pas d'un engagement à prendre à la légère."
Elle tendit un parchemin vierge à Kasumi, lui demandant de bien préciser son identité, y compris sa filiation everaskane, avant de signer.
" Nous reste-t-il des modalités à fixer, votre honneur ? Et souhaitez-vous revoir mon client encore une fois avant le procès ou est-il dès à présent libre de ses déplacements et de quitter le territoire.
- Vous êtes effectivement libre de quitter le territoire à compter de maintenant, répondit la juge en se tournant vers Kasumi. J'ai toutes les signatures qu'il me faut pour poursuivre la procédure. Je vous recontacterai dès que l'instruction sera finie, pour vous indiquer la date du procès, ajouta-t-elle à l'adresse de l'avocat. D'ici un mois, je pense, sauf si de nouveaux éléments changent les choses. J'ai encore quelques personnes à auditionner...
- C'est parfait, en ce qui me concerne."

Parfait, il fallait le dire vite. Mais à force de documents, ils avaient tout de même obtenu ce qu'ils avaient désiré obtenir. Il y avait d'ailleurs peu de risque que le juge ne mette sa menace à exécution surtout pour un délit aussi modeste. D'autant qu'il n'y avait pas vraiment de relations diplomatiques entre Luménis et Everaska. Il répondit avec courtoisie mais sans enthousiasme excessif :

- Cela me convient aussi. Merci votre honneur, merci maître.

Il décida d'attendre que son avocat se lève le premier de peur de commettre un impair qui puisse lui porter préjudice.

Son avocat se leva, et salua la juge d'une légère inclinaison du buste, et il n'eût qu'à l'imiter. Quelques instants plus tard, ils se trouvaient dans le couloir, et Maître Glorel se tournait vers lui.
" Peut-être souhaitez-vous des informations complémentaires ? Ou simplement discuter de ce qui a été dit ? J'ai encore un peu de temps devant moi, si vous le souhaitez. Nous pouvons retourner à mon bureau."
Les couloirs étaient plus fréquentés qu'à son arrivée, et un groupe d'elfes particulièrement pressés manqua les bousculer au passage : il devait être aux alentours de midi, l'heure de la pause repas.

Et aussi l'heure de retrouver Sylvia qui devait l'attendre avec impatience. D'un autre côté, il ne voulait pas se montrer discourtois ou donner l'impression de se désintéresser de l'affaire.

- Merci, maître : je pense avoir compris l'essentiel. Mais j'aurais cependant une question : comment allons-nous communiquer ? Pour le procès, le verdict ? Ou si vous avez une information importante à me passer ? Ma famille compte quelques mages qui peuvent me contacter au besoin mais peut-être aviez-vous pensé à autre chose.

L'avocat secoua négativement la tête.
" Non, j'avais effectivement l'intention d'utiliser Dame Galawen, la compagne de votre père, comme messagère. Je vous tiendrai au courant de la date du procès, puis, une fois celui-ci passé, des décisions qui y auront été prises. il est extrêmement peu probable que j'aie besoin de vous contacter pour une autre raison, ou alors ce serait mauvais signe... mais ne vous en faites pas, c'est une affaire sans surprise."
Il lui adressa un sourire confiant.
" Je me tiens à votre disposition, quoiqu'il en soit, si vous souhaitez des informations supplémentaires avant de quitter la ville... et même après, si vous parvenez à communiquer par l'intermédiaire de votre famille."

Le rôdeur tendit sa main et esquissa un sourire sincère cette fois, laissant apparaître un certain soulagement en le saluant en retour :

- Merci encore une fois, maître. pour le moment, je n'aurais pas pu imaginer meilleur déroulement à la procédure. Au revoir, donc !

Tout était dit à présent et il prit congé, ayant toutes les peines du monde pour se contenter de marcher rapidement et non de courir dans les couloir du palais de justice. Il n'avait qu'une hâte, le laisser derrière et se tourner vers ce qui l'attendait dehors.

Au-dehors, la pluie tombait toujours, quoiqu'un peu moins drue, et Sylvia l'attendait à l'intérieur de la taverne, devant une tasse de thé vide. Elle était la seule humaine au milieu d'une clientèle d'elfes, de milieux aisés à en juger par leurs vêtements, et Kasumi la devina mal à l'aide. On devinait un mélange de curiosité et de méfiance dans les regards qui se posaient sur elle, et certains de ces regards étaient fort peu amène.
Elle sourit néanmoins en le voyant arriver.
" Alors ?"

Dieux ce que cette femme était splendide. Même inquiète et désorientée... Tout en approchant de la table, le rôdeur lui dédia un large sourire autant pour la rassurer que parce que sa présence à elle le rassurait lui.

- Je suis libre. Nous pouvons partir ce soir et ensuite pour où nous aurons envie. J'ai signé quelques documents mais il ne devrait pas y avoir de complications. Ni pour nos projets, ni pour le reste.

Il avait une furieuse envie de la serrer dans ses bras mais peut-être pas devant tous ces elfes qui les regardaient comme des bêtes curieuses. Non, il était temps de rentrer à la maison.

Le visage de Sylvia s'illumina d'un large sourire et elle lui serra spontanément les deux mains, hésitant elle aussi à s'épancher davantage en public.
" Alors c'est parfait ! s'exclama-t-elle. Tu veux un thé au jasmin pour fêter cette bonne nouvelle, ou déjeuner au restaurant, ou bien tu préfères rentrer ? "
Il était visible qu'elle n'avait pas grande envie de s'attarder trop longtemps ici.

Ses mains étaient chaudes et douces et Kasumi lui répondit d'un ton attendri :

- Je préfère rentrer si tu veux bien : autant passer les dernières heures en ville au chaud avec ma famille.

Il l'entraîna ensuite dehors, guilleret, oublieux de son sinistre rendez-vous avec le juge et même de la pluie glaçante qui s'immisçait partout. Rien ne comptait du moment qu'ils pouvaient simplement marcher côte à côte en amoureux.

La Couronne de Cuivre

[Everaska] Quête: Racines