[Désert d'Anauroch] Quête : Racines

[Voyageuse]

Elvilith haussa les épaules.
" Ecoute, on verra ce qu'en pense ton père. Je ne suis pas vraiment au fait des hautes tractations diplomatiques, moi. Qui sait, peut-être qu'il a un moyen de pression pour obliger le commandant Uriol à revoir ses tarifs à la baisse. Je n'en sais strictement rien."
Elle lui sourit, et lui tapota l'épaule.
" Mais ne te mets pas martel en tête. Je lui en parlerai. Toi, ne te préoccupe pas de ça. Tu as bien d'autres soucis à régler..."

[Kasumi]

Kasumi lui rendit son sourire, soulagé qu'elle n'ait pas mal pris sa réponse. Il était probable qu'ils n'aient fait que repousser le problème mais au moins pourrait-il partir dans le désert le cœur un peu plus léger. Et d'ailleurs, le moment de se mettre en route approchait grandement bien qu'il fut certainement encore tôt dans la journée. Le rôdeur se proposa tout de même pour faire la vaisselle, prenant cette excuse pour repousser de quelques minutes son envol loin de sa compagne.

[Voyageuse]

Mais ce délai supplémentaire lui fut refusé.
" Non, le coupa Elvilith lorsqu'il s'avisa de s'occuper de la vaisselle. Laisse-nous faire. Tu as un long voyage qui t'attend, et plus vite tu seras parti, plus vite tu sera de retour...
- Elle a raison, renchérit Eärundra.
Sylvia se contenta de pousser un profond soupir de résignation, hochant la tête avec un brin de tristesse. Sans dire un mot, elle lui empoigna la main et lui serra de toutes ses forces... forces supérieures aux siennes, il en reprenait conscience.

[Kasumi]

HRP : argh : tu es obligée d'insister là où ça fait mal ?

Le contact des mains de Sylvia était rassurant même s'il était douloureux à plus d'un titre : non seulement il lui faisait prendre la mesure de ce qu'il avait perdu sans doute définitivement quoiqu'ils en disent mais en plus il se faisait la réflexion que c'était le dernier avant plusieurs jours. Il se leva sans un mot et sans faire mine de retirer ses mains et lui adressa un pauvre sourire. Pas aussi triste et désespéré que lors de son départ précédent mais d'ores et déjà nostalgique et désolé. Il s'efforça pourtant d'adopter un ton léger, que partiellement convaincant :

- En rentrant, je compte bien voir ce magnifique tableau de toi et aussi t'inviter à danser !

[Voyageuse]

oui

" Et moi je compte sur toi pour... bien plus que ça", répliqua gravement la rôdeuse.
Sa voix était altérée par l'émotion : elle en avait visiblement gros sur le coeur.
Mais Elvilith semblait bien décidée à raccourcir leurs adieux.
" Viens donc m'aider pour la vaisselle ! Tu le reverras bientôt, va !"
Mais Sylvia ne pouvait se résoudre à lâcher ses mains, son regard vert fixé sur le sien, ardent.
" Il faut qu'on y aille, vraiment..."
L'intervention de la druidesse lui valut un bref regard noir, avant que les yeux de Sylvia se reportent, à nouveau, sur le rôdeur. Impulsivement, elle l'étreignit de toutes ses forces, l'embrassant avec fougue.

[Kasumi]

HRP : Pff ! :s

Kasumi n'avait cure des incitations à se presser et il rendit son baiser à la rôdeuse en les oubliant l'espace d'un bref instant. Une minute ou deux de plus ne changeraient fondamentalement pas leur programme et il sentait bien que sa peine était partagée. Ils se montrèrent toutefois raisonnables et finirent par se séparer, le regard légèrement humide. Avant de se séparer de sa compagne, il lui murmura à l'oreille pour n'être pas entendu des elfes :

- Tu peux compter sur moi pour tout ce que tu voudras. Je me rattraperai de ce temps perdu, c'est une promesse !

[Voyageuse]

" T'as intérêt !" souffla-t-elle d'une voix rendue légèrement rauque, par la tristesse plus que par le désir cette fois-ci.

En se détachant de sa compagne, il put constater que la druidesse n'était pas restée inactive : elle était en train de charger les derniers paquets sur les aigles, qu'elle avait déjà sellés et sanglés, peut-être avant même leur réveil. Il y avait du bois, des provisions, de l'eau, comme lors de leur première expédition. Ils manquaient en revanche de grains pour les aigles.

Elvilith s'éloignait avec la vaisselle, leur tournant le dos pour les laisser faire tranquillement leurs adieux. Ils purent donc s'embrasser à nouveau -Sylvia ne parvenait pas à le laisser partir-, une fois de plus. La rôdeuse recula enfin d'un pas, séchant une larme.
" Bon voyage. Et reviens vite !"

Du coin de l'oeil, il vit Eärundra se mettre en selle, prête à partir, et son aigle commencer à avancer d'un pas, puis d'un autre...

[Kasumi]

C'est le cœur gros qu'il se détourna de Sylvia, lisant toute sa tristesse qui faisait écho à la sienne. La tête lui tourna un peu alors qu'il s'approchait de Rubis sans savoir quelle part revenait à son mal être et laquelle était imputable à ses nuits bien trop courtes et à sa faiblesse encore mal intégrée. Il devrait s'y faire cependant, espérer que le vol se déroule bien et que la nécessité de planifier sa prochaine destination le détournerait un peu de ses pensées sombres et nostalgiques.

Alors qu'il se hissait en selle, il adressa un dernier pauvre sourire à Sylvia qu'il ne s'était empêché d'admirer une dernière fois, forte et fragile tout à la fois, séduisante et compatissante. Il n'avait qu'une envie : repartir avec elle et oublier toute cette histoire mais il n'en fit rien et donna le signal à son aigle de prendre son envol vers l'est, à la suite d'Opale et d'Eärundra.

[Voyageuse]

Eärundra était loin devant, filant de toute la vitesse de ses ailes. Les premières lieues furent chaotiques, Rubis navigant entre les courants ascendants, avec parfois de brusque décrochages, des virages imprévus. plus d'une fois il perdit de vue la druidesse, mais il savait pouvoir faire confiance à sa monture ailée pour la retrouver.
Les montagnes devinrent collines, les sommets enneigés se firent herbe drue, puis sèche. Ils firent une pause pour déjeuner à midi, quasiment au même endroit qu'ils l'avaient fait lors de leur premier voyage, à la limite entre les montagnes rocheuses et pelées et le désert. Et ils repartirent presque aussitôt, se contentant d'un repas sur le pouce.
Au-dessous, le paysage défilait, désormais presque familier. Désert de dunes, de roches, de sable à nouveau. Une tâche sombre évoquant l'eau, qui se révéla un mirage. Des dunes, encore.
Puis, alors que le soleil déclinait à l'horizon, ils aperçurent l'oasis où ils avaient fait halte lors de leur voyage précédent... il y avait une éternité déjà.

[Kasumi]

La journée avait paru interminable au rôdeur : non seulement il se dirigeait dans la direction inverse à laquelle il aspirait mais la fatigue accumulée lors des dernières nuits se fit cruellement sentir. A tel point qu'il dut se secouer, à plusieurs reprises où il fut au bord de l'assoupissement. Après des heures de vol inconfortable, il repéra enfin les lieux qu'il avait en mémoire : la première oasis, l'une des plus dangereuses. Avant de se poser, il se fit attentif à la présence ou non de visiteurs à la tenue bleue et blanche, espérant de tout cœur qu'ils aient mis le cap sur un autre lieu de bivouac.

[Voyageuse]

Il y avait foule à l'oasis. comme d'habitude peut-être. Une immense tribu de bédouins, apparemment. Avec femmes, enfants -deux ou trois dizaines tout de même-, chèvres à perte de vue, quelques auroch également. La bonne nouvelle était qu'il n'y avait pas d'uniforme bleu et blanc. Ils occupaient les côtés nord et ouest du point d'eau, les plus ombragés bien sûr. Le sud, libre de tout occupant, était complètement aride. A l'est, quelques arbustes plus ou moins épineux leur offriraient une protection toute relative contre le soleil.
Toutes les têtes étaient levées vers eux, bien sûr, mais à cette distance il était difficile de lire les expressions. Eärundra, par signes, lui désigna l'extrémité nord-est, toute proche des bédouins, avec un regard interrogateur.

[Kasumi]

Kasumi était soulagé par ces premières observations : il allait falloir se montrer vigilants et veziuller une partie de la nuit bien entendu mais Eärundra avait largement la possibilité de rendre de menus services aux bédouins de sorte à s'attirer leur bienveillance à leur égard. Le rôdeur hocha donc calmement la tête en signe d'approbation avant de faire virer Rubis pour qu'il se pose aussitôt après la druidesse.

[Voyageuse]

Puisqu'ils se posaient tout près du campement, il y eut foule, bien sûr, à l'atterrissage. Plusieurs dizaines de personnes, principalement des hommes, armés, qui parlaient une langue inconnue en faisant de grands gestes.
Eärundra s'avança aussitôt vers eux, calme et souriante. Peut-être la vue d'une femme les impressionnerait-elle moins, mais elle était elfe, et cette race n'était pas courante dans le désert. Ils restèrent donc encore quelques instants à l'observer avec méfiance avant que deux hommes fendent la foule pour s'approcher. L'un d'eux, un vieillard aux cheveux blancs et au visage couturé de cicatrice, prit la parole avec des mots de salutation, sans doute, auxquelles la druidesse répondit dans la même langue en inclinant la tête, avant de poursuivre en langage commun en demandant asile, expliquant qu'ils demandaient simplement à partager l'ombre de l'oasis pour la nuit.
Kasumi et les aigles avaient leurs lots de coups d'oeil curieux, particulièrement de la part de jeunes gens et d'enfants qui mouraient d'envie de s'approcher, mais la druidesse en discussion avec leur chef concentrait l'essentiel de l'attention.

[Kasumi]

Remarquant qu’Eärundra avait pris les choses en main et semblait maîtriser tant le langage des bédouins que la meilleure manière de les aborder, le rôdeur demeura en retrait, prêt à intervenir en cas de grabuge imprévu mais ne souhaitant pas imposer une présence par trop menaçante.

Autant pour renforcer cette impression que parce qu’il avait surpris les regards curieux des enfants, Kasumi leur rendit leur sourire et leur fit signe qu’ils pouvaient approcher pour mieux voir tout en demandant à Rubis et Opale de se tenir tranquille. La dernière chose dont ils aient besoin aurait été que les aigles s’affolent à cause de la présence des bambins et de leur remue-ménage.

[Voyageuse]

La cohabitation s'annonçait plutôt bien. Les enfants s'approchèrent, lentement, hésitants, puis un peu plus assurés en voyant que les aigles ne semblaient pas être agressifs. Ils étaient simplement inquiets de cet afflux subit de bambins..
Ils firent mine de reculer, et il fallut toute la persuasion du rôdeur pour qu'ils restent en place : on devinait qu'ils étaient fort tentés de s'envoler loin de tout ce remue-ménage...
Du coin de l'oeil, Kasumi vit la druidesse s'éloigner avec le chef présumé de la tribu, le laissant seul avec une vingtaine d'enfants de tous âges aux yeux pétillants de curiosité.
"Ils s'appellent... comment ? demanda l'un d'eux d'un ton hésitant, dans un langage approximatif.
- Ils sont à toi ?
- C'est des... chameaux qui volent ?
- Tu es un elfe ?"
Les questions fusaient en tout sens.

[Kasumi]

Kasumi s'était toujours senti à son aise en compagnie d'enfants. Leur curiosité et leur faculté à s'émerveiller de tout étaient rafraichissantes. Le sourire du demi-elfe s'élargit tandis qu'il s'efforçait de répondre lentement et distinctement à toutes les questions posées à la fois :

- Voici Rubis. Et là, c'est sa compagne, Opale ! Non, ils ne m'appartiennent pas, ils sont tous les deux libres et ils ont choisi de m'aider. Comme les chameaux, ils nous transportent ainsi que notre matériel sur de grandes distances. Mais ils voient beaucoup plus loin et se déplacent bien plus vite. Non, je ne suis pas vraiment un elfe : je suis autant elfe qu'humain en fait.

[Voyageuse]

" Ben tu ressembles pas vraiment à un humain... T'es maigre et t'as des grandes oreilles..."
- Attention, il va te provoquer en duel si tu l'insultes !
- M'en fiche, je suis plus fort.
Celui qui parlait était en effet un jeune adolescent au visage juvénile mais à la carrure impressionnante pour son âge.
- Comment tu as fait pour leur demander de t'aider, aux oiseaux géants ?
- Il est peut-être druide ? Ou shaman ?
- Et pourquoi tu traverses le désert ? Tu as des choses à vendre ?

[Kasumi]

Kasumi s’amusa des remarques des jeunes bédouins sans s’en formaliser le moins du monde : le côté direct de certaines pouvait aisément se justifier par le fait que nombre d’entre eux n’avaient certainement jamais été en contact avec des étrangers sans parler d’elfes ou de demi-elfes. Il se tourna néanmoins vers l’adolescent à la forte carrure pour lui donner un conseil qui lui serait certainement utile s’il adoptait ce genre d’attitude provocatrice avec tous les voyageurs :

- Méfie-toi : si quelqu’un semble avoir moins de muscles que toi, ça ne signifie pas qu’il sera moins dangereux lors d’un duel.

Puis, pour mettre fin à l’incident et s’assurer qu’il ne s’envenimerait pas, il entreprit de répondre aux autres questions des petits bédouins :

- Je suis un rôdeur : j’ai l’habitude de me faire comprendre des animaux et de communiquer avec eux. C’est comme ça que je suis devenu ami avec Rubis.
Opale est la compagne de l’elfe qui voyage avec moi. Elle est druide. Quant à ce qui nous amène à traverser le désert, c’est une affaire avec un shaman du nord.

HRP : les oreilles de Kasumi sont légèrement allongées et pointues mais pas "grandes" et il n'est pas maigre non plus. Non mais !

[Voyageuse]

HRP : bah, pour un humain, il parait qu'un demi-elfe ressemble à un elfe... donc oreilles pointues et carrure moindre

" Un shaman du nord ? questionna l'adolescent. De quel tribu ? il y a peu de clans bédouins qui ont la chance d'avoir un shaman ou un druide dans leurs hommes..."
Il semblait, malgré son jeune âge, très au fait des affaires des adultes.
Les plus jeunes, eux, ne quittaient pas les aigles des yeux.
"Est-ce que je pourrais... monter dessus ? Faire un tour avec vous ?
- T'es folle toi ?"
D'autres exclamations fusèrent, dans une langue inconnue. Mais la fillette qui avait posé la question ne semblait pas plaisanter le moins du monde. Elle fixait le rôdeur d'un air suppliant.

[Kasumi]

Le rôdeur jeta un regard pénétrant à l’adolescent et répondit avec calme et assurance :

- Je ne connais pas le nom de sa tribu et je n’ai pas non plus dit qu’il s’agissait d’un clan de bédouins ni même d’hommes.

Il esquissa un sourire en entendant la jeune-fille et son regard suppliant suffit à l’attendrir. Il répondit néanmoins avec fermeté :

- Il va me falloir l’accord de tes parents pour te laisser grimper dessus. Mais sinon tu peux les approcher. Rubis aime particulièrement qu’on lui gratte le côté du cou.

Il ne voyait pas vraiment d’objection à faire plaisir à l’enfant courageuse mais pas si cela devait provoquer un incident avec sa tribu ou que l’on puisse être tenté de croire qu’il essayait d’emporter l’une des leurs.

[Voyageuse]

La petite fille, un brin circonspecte, s'approcha de l'oiseau géant. Rubis se prêta de bonne grâce au jeu, penchant sa tête pour la regarder de plus près et se laissant effleurer par la main de la gamine.
Prenant de l'assurance, celle-ci s'empara de la lanière de cuir qui permettait de se hisser sur son dos... et se hissa, sans demander la moindre permission à personne.
" Ouah... Ce que c'est haut !"
Rubis, un peu surpris de la présence de l'intruse, fit un pas de côté puis un autre, puis se mit à se secouer violemment pour se débarrasser de l'importune. La gosse atterrit rudement au sol avec un cri de douleur, et se mit à pleurer.
" Ah, c'est malin ! Tu t'es cassé quelque chose ?
- Oui, je crois...," chouina la gamine.
Kasumi ne comprit guère la suite de la conversation, en langue bédouine, mais il était évident que la gosse ne parvenait pas à se relever sans aide. Une cheville foulée, au mieux, une jambe cassée au pire. Nul ne semblait lui en tenir rigueur, heureusement : tous étaient conscients que l'enfant avait pris trop de risques. Une adulte se fraya un passage parmi les gosses, avec de hauts cris. Sa mère, peut-être. La gosse pleurait toutes les larmes de son corps et semblait se faire copieusement enguirlander...

[Kasumi]

Kasumi se sentait tout de même en partie responsable de n'avoir pas su empêcher l'incident en se montrant plus ferme et en soulignant que les aigles étaient des prédateurs dangereux. Il s'interposa donc entre la femme et l'enfant et demanda - en langue commune et par gestes - à examiner la jambe de la gamine. Si les blessures étaient graves, il ferait appel à Eärundra, sinon, ses compétences en premiers soins et du repos devraient suffire. Pour les dégâts physiques du moins. Pour la frustration et l'amour-propre, il ne pourrait pas grand chose pour la téméraire petite bédouine.

[Voyageuse]

Ce n'était qu'une entorse, et la mère de la gosse ne semblait pas opposée à ce qu'il tente de la soigner par ses propres moyens. Elle le remercia avec force gestes, et lui amena même des bandages, lorsqu'elle vit qu'il utilisait les siens, pour regarnir sa trousse de secours. Ils étaient dans un tissu plus lourd et moins élastiques, mais ils pourraient le dépanner si le besoin se faisait sentir.
Avec une dernière réprimande, la mère entraîna la jeune aventurière vers l'intérieur de leur campement. Les adolescents s'étaient éloignés, et ne restait sur place que deux ou trois enfants de sept ou huit ans, qui continuaient à lorgner l'aigle avec curiosité. L'un d'eux sortit un morceau de galette de sa poche et le tendit timidement à Rubis, manquant se faire pincer la main lorsque l'aigle s'en empara. Ils préférèrent, à leur tour, s'éloigner prudemment.
Un peu plus tard, un jeune homme lui apporta, avec quelques courbettes, des fruits et des galettes. Il devina, à la ressemblance physique et à ses explications dans un commun approximatif, qu'il s'agissait du grand frère de la gosse qu'il avait soignée.
Eärundra revint à la nuit tombée, pour lui annoncer qu'ils étaient cordialement invités à partager le repas du chef de la tribu. Et il serait certainement très impoli de refuser

[Kasumi]

Il n’était en effet pas envisageable de refuser d’autant que le rôdeur était plutôt satisfait de la tournure des événements. En apparence, ils ne s’étaient pas attiré la défaveur des membres de la tribu et même bien au contraire. Se faire inviter alors qu’on était étranger au désert devait être un honneur rare. Toutefois, le fait d’abandonner leurs bagages et les aigles sans surveillance n’enchantait pas vraiment Kasumi. Les histoires que l’on racontait à propos de certaines tribus bédouines incitaient à se méfier. Si on avait l’intention de les voler, l’invitation serait une aubaine. Le demi-elfe décida donc de prendre quelques précautions qu’il espérait inutiles. Il commença par s’arracher un cheveu et le plaça sur le sac contenant leurs affaires les plus précieuses à savoir l’or confié par Elryndel et ses biens les plus personnels. Si quelqu’un avait tenté d’ouvrir le sac, un coup d’œil à leur retour suffirait à le savoir. Cela n’avait rien de dissuasif mais au moins serait-il encore temps d’agir avant le départ des bédouins. Il demanda ensuite à Eärundra à voix basse de passer le message aux aigles de les prévenir si quelqu’un tentait de les approcher. Du moins quand ils seraient là car il était probable qu’ils s’envolent pour chasser à un moment donné.

[Voyageuse]

Eärundra observait ses préparatifs avec un oeil amusé, puis plus sérieux en la voyant "préparer" le sac contenant l'or. Avec un froncement de sourcil, elle finit par s'en emparer et se diriger vers les aigles. Elle grimpa brièvement sur le dos d'Opale, lui fixa une sangle autour du cou et y accrocha le sac. Il était désormais fortement improbable que quiconque ose venir le chercher...
Puis elle l'entraîna dans le dédale du campement voisin, jusqu'à l'immense feu central où cuisait un animal entier - une chèvre peut-être, mais de taille imposante. On les fit asseoir, on leur tendit un gobelet avec un étrange breuvage à l'intérieur -un alcool très fort, aux herbes. Le chef s'inclina brièvement devant eux et leur montra comment trinquer à la mode bédouine -en levant le verre très haut au-dessus de la tête avec une exclamation qu'il eût bien du mal à reproduire et qui déclencha quelques rires. Il y avait une dizaine de personnes, des notables de la tribu peut-être, pas de femme en dehors de la druidesse, et encore moins d'enfants. Deux jeunes garçons faisaient le service, affables, s'exprimant parfois de quelques mots dans un commun approximatif. Les discussions allaient bon train, comme s'ils n'étaient pas là, et nul ne semblait se préoccuper du fait qu'ils ne comprennent pas un traitre mot de ce qui s'échangeait. La bonne humeur était de mise, et on leur souriait largement, on remplissait leur verre d'alcool, leur bol de nourriture -très fortement épicée-, on lui tapait sur l'épaule pour lui raconter quelque chose d'incompréhensible, on riait à gros éclats. Eârundra semblait plutôt à son aise, souriant et marmonnant les rares paroles de politesse qu'elle connaissait, faisant rire leurs hotes par son accent elfique. la soirée s'annonçait festive, détendue... et longue à en juger par la quantité de plats qu'on apportait encore.

[Kasumi]

Après les nuits plutôt courtes qu’il venait de passer et la journée de voyage, le manque de sommeil allait bientôt devenir une difficulté. L’effet était largement renforcé par l’incapacité du rôdeur à suivre les conversations et par la quantité impressionnante de nourriture. Il faisait un effort honorable pour gouter un peu de chaque plat - en tous cas à ceux qui ne lui paraissaient pas trop étranges. Il limita toutefois sa consommation d’alcool au minimum, allant même jusqu’à en renverser discrètement de petites quantités dans le sable pour ne pas risquer de vexer ses hôtes. Bon an, mal an, il essayait lui aussi de repérer le bon moment pour répondre quelque formule de politesse quand on s’adressait directement à lui mais il n’arrivait pas vraiment à profiter de la fête. Il était heureux qu’on ne les invite pas à y participer plus activement, du moins jusque-là. Et peut-être les bédouins comprendraient qu’ils ne puissent rester jusqu’au bout de la nuit avec le départ aux aurores qu’ils avaient prévu le lendemain. Un vœu pieu sans doute : c’est dans ces cas-là qu’il regrettait pleinement de ne pas être un elfe lui aussi.

HRP : merci de poster aussi souvent pendant tes vacances !

[Voyageuse]

Après la viande vinrent les légumes, fortement épicés mais délicieux, puis le fromage, accompagné de miel en un mélange un peu surprenant. Puis les fruits, et les liqueurs. Il devait être près de minuit, et le repas paraissait enfin toucher à sa fin, au grand soulagement du rôdeur, lorsque le chef présumé de la tribu s'assit face à eux.
" Nobles étrangers qui venez du pays des elfes... Etes-vous les mêmes que ceux qui, quelques jours plus tôt, ont survolé la région vers l'est, puis vers l'ouest ?"

[Kasumi]

Kasumi peinait à rester éveillé et il ne faisait désormais plus que picorer dans les plats qu’on lui présentait. Entre deux bouchées, il jetait de fréquents regards anxieux vers Eärundra ou vers les étoiles pour mesurer l’avancée de la nuit et les heures de sommeil qu’il devrait encore sacrifier. L’arrivée du chef de la tribu le fit cependant se secouer et il fut attentif à sa question et à son attitude. Le ton employé n’annonçait a priori rien de fâcheux mais, ne connaissant que très peu les mœurs bédouines, il ne pouvait pas non plus en être certain. Il choisit donc une formulation prudente et élusive pour répondre :

- C’est probable en effet mais peut-être pouvez-vous nous donner plus de détails pour que nous puissions vous le confirmer ?

En fait il espérait bien que le chef aborde la raison de sa question par la même occasion. En fonction de celle-ci, il pourrait se montrer plus affirmatif ou, à l’inverse, éluder une situation potentiellement problématique.

[Voyageuse]

Le chef secoua la tête avec un demi-sourire.
" Pourquoi donc éludez-vous à demi ma question ? Avez-vous donc quelque chose à cacher ?"
Il soupira et le fixa d'un regard incisif.
" C'était une question de pure forme. Je sais que vous êtes ces étrangers-là. Mais votre... prudence dans votre réponse m'intrigue. Ou m'inquiète. Peut-être y a-t-il des raisons peu avouables à votre présence ici ? Quelque chose qui aurait à voir... avec Pénombre et les Netherisses ? Ou avec le Zhentarim ? Ou... les asabis peut-être ? il y a tant de factions qui se partagent ces terres arides...

[Kasumi]

Ce bédouin était plus fin qu'il ne l'avait d'abord envisagé et Kasumi jugea donc préférable de se montrer plus franc. Visiblement, le chef de tribu ne portait pas dans son cœur les mêmes ennemis que lui : il y avait donc un certain avantage à révéler la raison de sa présence. Du moins en partie :

- Voyez cela comme de la prudence, simplement. Mais vous nous avez invité à partager votre repas alors je vous dois un peu plus d'honnêteté : au cours de notre voyage, nous avons eu affaire à ses groupes plus ou moins directement. Mais croyez-moi, la raison de notre présence ici n'est pas de tremper dans leurs machinations, bien au contraire. Les mages de Pénombre ont manipulé des créatures à l'est des montagnes et nous avons fait notre possible pour aider un druide de nos amis à les contrer. Quant aux asabis, je n'éprouve aucune bonté pour eux : l'un de leurs shamans a empoisonné mon père et c'est la première raison de ma venue dans le désert.