La Couronne de Cuivre

Taliesin, comme presque tous les soirs depuis la naissance des jumeaux et, surtout, depuis son arrivée à la ferme, ne fut pas long à sombrer. Il dormit d'un sommeil profond et réparateur, s'éveilla aux aurores, se leva promptement et, sitôt prêt, emmena les jumeaux aux rez-de-chaussée. La journée s'annonçait d'autant plus chargée que Mathilde serait absente un bon moment ; elle s'annonçait peu joyeuse, aussi, vu le départ de Guéric. Mais l'elfe se rassérénerait en songeant qu'il viendrait leur rendre visite dans deux mois. Et, de toute façon, il y aurait trop à faire pour vraiment se prendre en longues réflexions.

Guéric les quitta un peu après le repas de midi, embrassa une dernière fois les enfants, les adultes, puis demanda à Taliesin de l'accompagner jusqu'à la sortie du domaine, au cas où il aurait de bons conseils à lui donner pour la route. Il le remercia encore, pour le séjour, le fait d'avoir été nommé parrain de Tristan, puis l'enjoignit à nouveau de ne pas craindre le futur. Il lui donna rendez-vous à la fin de l'automne puis franchit les limites de la ferme, où se tenaient postés plusieurs gardes, ainsi que le capitaine de Rivecendre et Mathilde, qui les avait précédés. L'officier se permit de venir à la rencontre de Taliesin. Il fut bref : il avait un courrier pour le barde, qu'il lui remit, avant de s'éloigner à nouveau.

Après avoir remercié amicalement l'officier, le barde demeura où il se trouvait le temps d'adresser un dernier salut à Guéric. Puis il se détourna et, lettre en main, se mit en quête d'un endroit tranquille pour la lire à son aise. Il se demandait qui pouvait bien lui écrire... Kerun lui semblait l'auteur le plus probable, suivi de près par son avocat dont il ignorait encore l'identité. En dehors de ces deux-là, il ne voyait pas... Mais il n'allait pas tarder à être fixé et la missive aurait au moins l'avantage de le détourner de l'insidieuse mélancolie qui accompagnait le départ de son ami.

La missive n'émanait ni de Kerun, ni de son avocat. L'enveloppe était d'excellente qualité, tout comme le parchemin qu'elle contenait. Le courrier était daté de trois ou quatre jours plus tôt, et si Taliesin ne reconnut pas d'emblée l'en-tête, il l'identifia très rapidement en lisant les premières lignes du message.

Messire,

Je vous écris aujourd’hui pour deux raisons. D’abord, pour vous remercier, ensuite, pour vous présenter une requête.

Je me nomme Armand, je suis aujourd’hui le commandeur des paladins de l’Aster, les preux de Lathandre, dont le siège est, comme vous le savez sûrement, situé à Luménis. Je ne pense pas que nous nous soyons jamais rencontrés.

Mes remerciements concernent la libération d’un de nos preux, perdu pendant la dictacture, Deverell. Il fut autrefois notre instructeur de cavalerie et nous l’avions pensé mort. Espéré, peut-être, compte tenu de son destin terrible. Aujourd’hui, cependant, alors que nous l’avons retrouvé vivant, notre joie est sans limites, et je suis heureux de pouvoir vous annoncer que, même s’il ne pourra jamais redevenir celui qu’il était avant sa déportation, il est désormais à nouveau un membre à part entière de la commanderie, et un homme sur lequel je suis fier de pouvoir compter. Je vous le dois, à vous et à d’autres, et je voulais vous en remercier.

Ma requête concerne Baptiste, le fils de Filippa. Nous vous sommes évidemment immensément reconnaissants d’avoir arraché cet enfant, que nous pensions perdu, aux griffes des Mélandiens. Nous avons appris qu’il s’était attaché à vous et nous n’avons nulle intention de vous contester sa garde. Cependant, il est le fruit de l’une des nôtres et la Commanderie ne peut décemment pas agir comme s’il était toujours présumé mort. Nous désirons l’aider, et vous aider si vous en gardez la responsabilité. Nous aimerions également le revoir, chez vous ou chez nous, selon son désir. J’ai été informé, bien sûr, de sa rancune à l’égard de notre ordre, je devine donc que la démarche ne sera pas forcément anodine. Mais je la pense nécessaire, j’espère que vous le verrez ainsi, vous aussi.

Je vous remercie pour l’attention que vous avez bien voulu porter à ma missive et espère avoir de vos nouvelles dans les veilles à venir.

Que Lathandre éclaire, toujours, votre piste,

Sire Armand de Luménis,
Ordre de l’Aster

Tout d'abord, le barde n'en crut pas ses yeux. Il lui semblait avoir convenu avec Kerun qu'il ne vaudrait mieux pas informer la Commanderie du retour de Baptiste avant que le procès ne se soit terminé et que sa propre situation n'ait été moins précaire. Mais plus qu'un accord, il avait s'agit d'une conversation à bâtons rompus. De surcroit, Hippolyte et Gurvan avaient plus que probablement parlé de leur ami, rendant impossible la préservation du secret... Et de toute façon, une fois sa surprise passée, une fois la lettre relue, il dut bien admettre qu'elle ne contenait rien d'inquiétant : les paladins n'entendaient pas forcer Baptiste à le quitter, à rejoindre la Commanderie...
Rangeant soigneusement le courrier dans son enveloppe, il se mit en quête de Galathée pour l'informer de la requête de sire Armand. Il souhaitait avoir son avis sur la question, en discuter avec elle et, sans doute, définir de quelle manière ils préviendraient Baptiste. Ce dernier point et la réaction du gamin, voilà tout ce qui l'inquiétait dans cette affaire.

Galathée ne fut pas surprise.
" C'est probablement passé par Gurvan, dit-elle. C'était prévisible."
Elle haussa les épaules et reposa le panier qu'elle transportait. Les poires étaient mûres et les guêpes embusquées : il fallait réagir avec promptitude et la plupart des habitants de la ferme étaient au verger.
" Je crois qu'il faut lui en parler, simplement. Il va se braquer, refuser, pester, mal dormir pendant quelques jours... Peut-être qu'il aura du venin à cracher. Et puis il ira les voir, à mon avis, immanquablement."

Il opina du chef.
-Je suis du même avis. Et je pense que plus on lui en parlera tôt, mieux ce sera : pour lui, parce qu'il ait important qu'ils aille voir les paladins, et pour moi, parce que je ne voudrais pas que sire Armand s'imagine que je lui oppose une fin de non recevoir.
Il jeta un regard en direction de la maison.
-Je vais déposer cette lettre dans notre chambre : je ne voudrais pas que quelqu'un la trouve avant qu'on en ait informé Baptiste. Ensuite, j'irai donner un coup de main au verger, et je guetterai une opportunité d'en discuter avec lui.

Il ne fut pas très difficile de forcer la rencontre. Il y avait de nombreux arbres, beaucoup de fruits, et quand il fallut ramener les paniers pleins vers la ferme pour les protéger des insectes gourmands, Taliesin put aisément coincer Baptiste dans le garde-manger. Le gosse était en sueur, car le soleil tapait, et il sourit au barde en épongeant l'eau qui lui ruisselait sur le front.
" J'espère que tu n'es pas trop triste de voir partir Guéric. Ça me fait bizarre qu'il soit parti... Bon, je ne le connais pas très bien mais... vu ce qu'on a traversé... Enfin... Je sais qu'il revient bientôt. Et puis sa vie, c'est la mer."

Il acquiesça.
[color=#FFFFF66]-Oui... Et même si son départ m'attriste, même si, comme tu le sais, je suis allergique aux adieux... Je vais me concentrer sur le fait qu'il sera de retour parmi nous dans une poignée de veilles.[/color]
Il jeta un regard autour de lui. L'endroit était mal choisi pour la discussion qu'il envisageait, car ils pouvaient y être dérangés à tout instant.
-Baptiste, je dois te parler de quelque chose. Je te rassure tout de suite : il n'y a rien de grave. Mais c'est un sujet important et je voudrais l'aborder dans de bonnes conditions. Alors voilà, s'il y a ici un lieu où... où tu te sens particulièrement à l'aise...

Le gosse se raidit immédiatement, comme s'il anticipait la mauvaise nouvelle malgré les paroles du barde.
" Non. Enfin ça m'est égal. N'importe où." dit-il.
Il y avait peu de lieux privés dans la ferme, qui ne comportait que des hangars, des chambres, les pièces de vie. Le mieux était peut-être de s'éloigner un moment dans la campagne, s'ils voulaient vraiment avoir la paix, voire d'aller dans le bois.

C'est pour celle-ci qu'il opta : c'était un endroit paisible, préservé des regards indiscrets... Bref, il conviandrait parfaitement.
-Viens, dit-il d'un ton doux en lui pressant légèrement l'épaule.
Pour gagner le bois, il le mena par un itinéraire qui leur permit d'éviter les rencontres. Et, une fois parmi les arbres, il ne tarda pas à s'immobiliser et à lâcher le morceau : inutile de prolonger l'incertitude du gosse trop longtemps.
-Quand j'ai accompagné Guéric à la sortie de la ferme, le capitaine de Rivecendre m'a remis une lettre de sire Armand, le nouveau commandeur des paladins de Lathandre. Il souhaitait me remercier pour la libération de sire Deverell et me parler de toi.
Il sourit.
-Le point sur lequel je veux d'emblée insister, c'est qu'il n'a aucune intention de réclamer ta garde : il sait que des liens se sont tissés entre nous, il ne cherchera pas à interférer... Bref, vraiment, tu peux être rassuré : ni lui ni ses collègues ne s'opposeront à ce que tu reste avec nous.
Il prit une profonde inspiration.
-Par contre, comme tu es le fils de l'une des leurs, comme ils ne peuvent pas faire comme si tu n'étais pas revenu... Ils souhaitent t'aider, Baptiste. Et ils aimeraient te revoir, que ce soit à la commanderie ou ici, à la ferme. Ils estiment que c'est important et... je le crois aussi. Alors voilà, j'aimerais juste que tu envisages la possibilité que cette rencontre ait lieu. Sachant que tu n'es forcé à rien, sachant que tu peux prendre tout ton temps...

Le gamin blêmit puis s'empourpra presque aussitôt et ferma les yeux.
" Je ne veux pas y aller, dit-il d'une voix sourde. C'est une entourloupe. Ils ne me laisseront pas revenir ici. Ils ne me laisseront pas rester. Ils voudront que j'entre au temple ou quelque chose comme ça. On ne peut pas leur faire confiance."
Puis il grimaça.
" Sauf qu'un paladin, ça ne ment pas, bien sûr, hein."
Il se retourna et fit quelques pas mesurés dans la forêt.
" Qu'est-ce qu'ils pourraient faire pour m'aider, hein ?"

-Je ne sais pas ce qu'ils envisagent, admit-il tout en le suivant. Je sais juste qu'il n'y a pas d'entourloupe... Et je sais aussi que les revoir, ça t'aiderait en soi. Cela te permettrait d'aller mieux, cela contribuerait à ce que... à ce que tes blessures commencent à cicatriser.
Il parlait d'une voix très doux, d'un ton très réconfortant.
-Mais je suis conscient que cette rencontre constituera pour toi une terrible épreuve. Alors tu peux prendre tout ton temps pour y réfléchir, pour t'y préparer. S'il te faut des mois entiers, ce n'est pas un problème.

Baptiste, songeur, se pencha pour ramasser un morceau de bois. Il en frappa le tronc d'un arbre, plus par réflexe que par intention, sans rage.
" Je ne suis pas prêt, dit-il. Pas prêt du tout."
Il secoua la tête.
" Mais je sais que tu as raison. Et que ça part d'un bon sentiment... De leur part, je veux dire. J'imagine qu'il y a des gens que je connais qui ont survécu. Mais je n'ai pas envie de les voir, pas maintenant."
Il leva les yeux vers Taliesin.
" Sauf si tu penses que c'est utile... pour la ferme, je veux dire. Ils veulent peut-être me donner un peu d'argent. Ça pourrait nous aider pour l'hiver."

Il secoua la tête.
-Ne t'inquiète pas pour ça. Nous ne sommes pas sur la paille et nous avons bien des moyens de gagner de l'argent.
Que le gosse précipite les choses pour les aider financièrement... C'était aussi horrible qu'inenvisageable.
-La seule chose qui compte dans cette affaire, c'est ton ressenti. Je dirai donc à sire Armand que je t'en ai parlé, que tu ne te sens pas encore prêt mais que nous lui ferons signe quand tu le seras.

Baptiste acquiesça, les lèvres pincées, manifestement soulagé que Taliesin n'ait pas sauté sur l'occasion de le pousser vers les paladins.
" D'accord. Dis-lui que j'y songerai."
Il frappa à nouveau le tronc de l'arbre, puis jeta le bâton dans un buisson.
" Mais que je ne deviendrai jamais paladin. Dis-le lui. Quoi que j'ai pu prétendre autrefois."

-Je pense qu'il le sait déjà, dit-il, très sérieux.
Si le paladin était au courant pour sa rancune à l'égard de l'ordre, il l'était aussi pour cela.
-Tu deviendras ce que tu auras décidé de devenir, Baptiste, conclut-il, presque solennel. Personne ne décidera à ta place. J'y veillerai, sois-en assuré.

Le gosse acquiesça à nouveau.
" Merci."
Il fit quelques pas.
" Je voudrais être un peu seul, maintenant, si ça ne te dérange pas."

Il acquiesça, même si le voir toujours le replier de la sorte l'attristait.
-Très bien. Cependant, je voudrais te dire que si tu as besoin de parler, ou d'être soutenu... Je suis là. Rien ne t'oblige à garder constamment tes émotions pour toi.
Il lui sourit.
-Je retourne au verger. Comme ça, au besoin, tu sais où me trouver.
Et de joindre le geste à la parole sans ce presser.

Baptiste ne le suivit pas et ne le rappela pas. Il gagna donc le verger où la cueillette se poursuivait. Il nota que Galathée et Victor le surveillaient du regard comme il approchait des arbres. Les enfants Merlu travaillaient avec énergie sous la houlette de leur père. Il entendit qu'ils parlaient de tartes et de confitures, de canards rôtis, de jus, de poiré doux, de compote... Les estomacs galvanisaient les ouvriers.

Et il y avait de quoi ! De son point de vue, rares étaient les fruits à égaler la saveur des poires... C'est donc avec autant d'énergie que les autres qu'il s'attela à la tâche, rejoignant sa compagne et leur garçon. Il faisait terriblement chaud, les guêpes leur disputaient âprement la récolte mais il en aurait fallu plus pour le décourager, d'autant qu'entre sa vague inquiétude pour Baptiste et le départ de Guéric, il avait bien besoin de s'occuper la tête et les mains...

Baptiste ne reparut qu'une bonne heure plus tard, à un moment où même Galathée semblait légèrement inquiète. Il paraissait détendu, mais il ne fallait pas être sorcier pour deviner que c'était une pose. La rôdeuse fit cependant signe au barde de ne pas intervenir et ils terminèrent la cueillette alors que le ciel fonçait doucement. Il était un peu tard pour improviser les célèbres canards dont l'elfe avait le secret, mais Guillhem leur concocta une compote délicieuse qu'ils mangèrent avec de la purée et des lardons, un repas tout simple qui combla les plus affamés d'entre eux. Ensuite, les enfants montèrent en bon ordre pour écouter l'épopée de Taliesin, et la nuit les saisit.

Il choisit de ne rien changer à ses habitudes : sitôt le récit terminé, il veilla à ce que tous les enfants se couchent, s'attarda un moment pour s'assurer qu'il n'y avait pas trop de chambard puis regagna sa chambre. Tout en glissant rapidement dans le sommeil, il croisa les doigts pour que Baptiste ne passe pas une trop mauvaise nuit et pour qu'il ose venir les trouver, Galathée et lui, si vraiment quelque chose clochait. Il n'en était pas certain, malheureusement. Enfin, il verrait bien...

Ce fut sans doute son souci qui le maintint dans un sommeil relativement léger. Il entendit craquer une latte de plancher et s'éveilla. Personne n'était entré dans leur chambre, cependant, mais quelqu'un se déplaçait dans le couloir, à pas de loup. Taliesin devina qu'il gagnait l'extrémité du palier et s'engageait dans l'escalier vers le rez de chaussée, veillant à ne pas faire de bruit.

Bien sûr, ce pouvait être n'importe qui, mais qu'il s'agisse de Baptiste lui paraissait malgré tout le plus probable.
Bien sûr, si le gosse avait choisi de ne pas le réveiller, c'est qu'il souhaitait rester seul. Mais rester tranquillement couché alors que le petit garçon se sentait peut-être très mal, cela lui semblait impossible.
C'est pour ces deux raisons qu'après une brève hésitation, il se leva pour gagner le couloir à pas de loup. Il souhaitait en avoir le coeur net mais n'avait pas encore décidé s'il révélerait ou non sa présence. Cela dépendrait de ce qu'il verrait.

Taliesin suivit donc le promeneur nocturne, mais le temps qu'il atteigne, prudemment, le rez de chaussée, il avait entendu la porte s'ouvrir et se refermer, en grinçant légèrement sur ses gonds. C'était la porte qui donnait sur le jardin, aussi put-il suivre l'enfant, car il s'agissait effectivement de Baptiste, quand il s'avança sur la pelouse, entre les chaises abandonnées et les massifs fleuris. La lune était presque ronde, diffusant une belle lumière, qui permettait sans doute à ses yeux humains de percevoir la nature endormie autour de lui. Un renard fuit précipitamment vers la forêt lorsqu'il s'approcha. Pendant un moment, il sembla à Taliesin qu'il ne savait pas où il allait, puis il bifurqua vers le potager et l'endroit où un tronc couché servait de banc au jardinier fatigué. C'est là qu'il s'assit, les genoux repliés contre la poitrine, et demeura immobile.

Immobile, taliesin le resta lui aussi, car il ne savait quoi faire. D'un côté, il ne pouvait pas se résigner a abandonner le gosse dehors, en pleine nuit, seul avec ses affres. De l'autre, il ne voulait pas lui imposer une présence qu'il n'avait pas désirée. Ou qu'il n'avait pas osé requérir, peut-être... Bref, il était indécis et opta pour le statu quo, au moins dans l'immédiat. Il continuerait à surveiller Baptiste à distance, pour s'assurer que son trouble ne s'agravait pas, pour vérifier, aussi, qu'il ne s'endormait pas là où il se trouvait...

Baptiste ne bougea pas pendant un long moment. Taliesin percevait ses soupirs, voyait ses épaules s'affaisser avant de se relever. Parfois il semblait avoir un sanglot, mais il était de courte durée, il ne pleurait ni ne gémissait. Il était figé dans la nuit, au milieu du ballet des chauve-souris qui poursuivaient les moustiques nombreux.

Mal à l'aise, las de ses hésitations, le barde finit par prendre une décision : il opta pour l'attitude qui lui était la plus naturelle, qui lui semblait la plus normale, à savoir rejoindre Baptiste. Après tout, s'il avait s'agit de Victor, il ne se serait même pas posé la question... Il avança donc dans la direction de l'enfant, sans faire aucun effort pour masquer son approche - il n'avait aucune envie de le prendre au dépourvu. Et si son apparition était mal prise, il pourrait toujours s'excuser et rebrousser chemin.

Baptiste ne parut ni surpris, ni fâché. Il leva les yeux quand le barde fut à sa hauteur et lui décocha un pauvre sourire.
" J'avais du mal à dormir." dit-il simplement.
Il se décala pour faire une place au barde sur le tronc.
" Je me disais que peut-être, je devrais retourner à la commanderie. Que ce serait plus simple pour tout le monde. Je suis certain que je m'y ferais. Les gens là-bas sont bienveillants et ce n'est pas parce que je vis dans les locaux de l'ordre que je devrai devenir paladin."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La ferme Desmoulins