[Lieu] Aubépine

[Kasumi]

Kasumi était un hôte tolérant pour ce qui était des obligations sociales de conversation : il ne se formalisa donc pas du tout de ce que le barde occupait son temps comme il le souhaitait. Lui-même était occupé à soigner quelques plantes à proximité du chêne. Quand Arnaud se tourna finalement vers lui, il s’interrompit néanmoins pour répondre non sans une certaine philosophie :

- Je connais les aventuriers, j’en étais un moi aussi. Peut-être le suis-je encore d’ailleurs. Mais j’ai appris qu’à vouloir trop hâter le destin, on le rencontrait souvent beaucoup plus vite qu’on ne l’aurait voulu. Cela dit, n’ayez crainte : nul ne pourrait vous guider plus rapidement vers la lisière de la forêt que moi : j’emprunte régulièrement ce trajet.

[Arnaud de Laincourt]

« Alors c’est pour le mieux ! » répondit Arnaud.

Et il se replongea dans sa musique, laissant ses pensées divaguer au gré d’une imagination capricieuse. Oui, le bosquet était inspirant, impossible de le nier, mais ce calme, cette quiétude, ce n’était pas la meilleure matière créatrice pour le barde. Comme le suggérait ses musiques, il trouvait sa muse au milieu de l’action, lorsque les sentiments se faisaient flammes, rage et conviction. Le chant de l’acier était pour lui mélodieux tout comme le cri allègre d’une rude victoire.
¨Présentement, s’il parvenait peu à peu à rédiger notes et couplets, il s’égarait souvent, songeait aux femmes de sa vie, au rêve qui l’avait conduit ici ou encore à ce Kasumi qu’il connaissait à peine mais que, peut-être, il pourrait un peu ramener sur un chemin moins passif que celui de gardien de bosquet.

HRP : je te laisse faire passer le temps si nécessaire.

[Kasumi]

La fin d’après-midi fila et Kasumi entreprit de porter de l’eau de la source à certaines des plantes les plus éloignées de celle-ci. Les plantes semblaient alors – un fugace instant – prendre vie et se tendre pour remercier leur bienfaiteur ou profiter au mieux de cette eau miraculeuse. Plusieurs animaux, petits ou grands, se présentèrent également à la source alors que le soleil disparaissait peu à peu sous les frondaisons. Certains d’entre eux boitillèrent jusqu’au demi-elfe qui leur susurrait parfois quelques mots et leur prodiguait des soins. Le clerc s’occupa ensuite de leur repas – sans recourir au feu car cela était interdit en ce sanctuaire – et d’installer un couchage pour le barde. Concentré par ses tâches, ce n’était pas un hôte très prolixe mais efficace. Il encouragea Arnaud à se reposer en lui assurant qu’il le réveillerait juste avant l’aube.

[Arnaud de Laincourt]

Une fois n’était pas coutume, Arnaud avait composé un chant très méditatif, une prose plutôt elfique dans l’idée sur le temps qui passe et le souvenir des actes passés. Le bosquet y était pour quelque chose, assurément. Aux dernières lueurs du jour, il relut le travail accomplit et s’estima satisfait.
Durant ces dernières heures, il n’avait pas été un invité très causant. Il avait respecté le calme qui devait régner en ce lieu. Il ne chercha pas à veiller et fut prompte à s’endormir.

Lorsque Kasumi le réveilla comme prévu avant l’aube, Arnaud lui lança un étrange regard. Puis il se leva, plaqua une main contre les vestiges de sa blessure avant de murmurer dans la même belle langue inconnue que celle employée pour parler à son destrier. L’instant d’après, il retirait les bandages. Son torse allait porter une nouvelle marque mais il était évident qu’il ne les comptait plus. Désormais assuré dans ses gestes, il sortit des fontes de Vaillant un nouveau costume. Une chemise blanche, un pantalon noir, une redingote rouge et un chapeau assorti à large bord et à panache blanc maintenant constituaient sa vêture. Et il en imposait ainsi. Il récupéra sa rapière, ajusta sa ceinture, ainsi que ses bottes de cavalier, remit le reste de ses affaires dans les fontes de Vaillant.

« Dites-moi, Kasumi, vous ne connaîtriez pas par hasard une petite clairière où se dresse les restes d’une tour ? Juste quelques pierres perdues au milieu des herbes folles », demanda subitement le barde.

C’était les premiers mots qu’il adressait au rôdeur clerc depuis qu’il s’était réveillé.

HRP : ton personnage connaît ce lieu. Un coin en théorie sans intérêt, juste un point de repaire parmi d’autres. Il est possible de s’y rendre mais ce n’est pas totalement la bonne direction que celle du village.

[Kasumi]

HRP : ce n’est pas si évident puisque Kasumi n’a que peu voyagé dans cette région précisément mais on va s'en sortir.

Le demi-elfe évalua l’accoutrement du barde avec un regard amusé, l’une des premières émotions qu’il exprimait et qui dénotait franchement avec son attitude jusque-là sérieuse voire austère :

- Les bois sont très denses et les branches basses dans cette partie de la forêt. Vous devriez faire attention à votre joli chapeau !

Il marqua une pause pour fouiller dans sa mémoire. Au bout d’un instant, il se risqua à émettre des hypothèses :

- Cette description peut correspondre à bien des endroits que j’ai visités ou d’en j’ai entendu parler. Mais le plus proche est au nord d’ici, dans la direction de la localité de Respelm. Ce n’est pas franchement notre route et il vaudrait de toute façon mieux quitter la forêt et la longer par la route si vous tenez à vous y rendre.

[Arnaud de Laincourt]

« Ne vous en faites pas pour mon joli chapeau. Il restera là où il est. Et si jamais il s’en va, alors c’est qu’il devait s’en aller. »

Large sourire. Arnaud, maintenant équipé, sortit, toujours des fontes de sa monture, une gourde et une ration de lard séché soigneusement emballée. Il s’approcha ensuite de Kasumi et commença à déballer le lard.

« On partage ? Il vaudrait mieux se remplir l’estomac maintenant car après... après nous risquons fort d’être occupé. »

Le Barde parlait comme s’il savait ce qui allait se passer. Et cette perspective qu’il paraissait pouvoir prévoir le mettait en joie. Son caractère était au diapason de son regard : lumineux.

« Il faudra se rendre dans cette clairière. Il faudra s’y rendre par tous les raccourcis que vous connaissez. Et quand nous y seront, des estomacs pleins seront très utiles, vous verrez. La carte, mon domaine, cela viendra après. »

Il coupa le lard en lamelle. C’était une ration de voyageur, donc une ration d’aventurier.

« Nourriture naine. Excellente ! Et dans la gourde, de la bière ! Fameuse ! »

[Kasumi]

Kasumi n'avait pas rechigné à partager le petit déjeuner offert par le barde mais il tiqua en entendant ce qui ressemblait davantage à un ordre qu'à une proposition. Toutefois, le magnétise et l'aura d'Arnaud de Laincourt étaient tels qu'on ne balayaient pas d'un geste ses demandes. Le barde avait sans doute une bonne raison et semblait pressé par le temps.

Le demi-elfe le fit néanmoins patienter quelques instants pour s'approcher à nouveau du chêne. Il posa une main sur son tronc rugueux et s'exprima d'une voix mélodieuse dans une langue étrange aux intonations chantantes mais dont il était extrêmement difficile de repérer des mots ou même des syllabes.

L'arbre s'anima un peu comme les plantes de la clairière mais, cette fois, Arnaud fut le témoin d'un phénomène tout à fait surnaturel : un être gracieux, composé de bois, se détacha du tronc jusque-là lisse. La dryade répondit au rôdeur dans la même langue avant de s'éloigner vers la source.

Kasumi revint vers le barde pour lui expliquer qu'il venait de laisser un message pour prévenir sa famille de son absence et aussi s'assurer que le bosquet resterait gardé en son absence puis, après s'être mis en route, ajouta :

- J'accepte de vous porter mon aide comme il convient de le faire pour tout voyageur traversant ces bois. Mais j'apprécierai que vous me teniez au courant de la raison de votre empressement à retrouver cette clairière : appartient-elle aussi à votre famille ?

[Arnaud de Laincourt]

Une dryade...
C’était toujours un ravissement que de contempler ces créatures végétales à la beauté délicate. Quel dommage qu’Arnaud soit pressé. Il aurait peut-être un peu papoté avec cette belle demoiselle, voir plus si affinité.
Au lieu de cela, il ne tarda pas à monter en selle. À la question de Kasumi, il répondit :

« J’ignorais son existence jusqu’à cette nuit où elle m’est apparût en rêve. Je sais que nous devons nous y rendre. Pourquoi ? »

Grand sourire.

« Disons qu’il me manque pour l’instant un paragraphe à mon histoire de fier rôdeur clerc me sauvant la vie. Le bosquet est superbe, le protéger est noble mais vous devinez que la clientèle des tavernes attend d’avantage ! »

Le barde ajusta son chapeau de sorte à pratiquement camoufler ses yeux d’argent.

« Ce sera une belle histoire... » ajouta-t-il pour lui-même.

HRP : je te laisse te charger du trajet. Je m’occupe de l’arrivée à la clairière.

[Voyageuse]

HRP pour ceux qui parcourraient ce topic : l'action qui suit se déroule quelques mois avant les posts qui précèdent sur cette page

Quête : Apprivoisement

Bran et Eldrina eurent la sensation que les taillis se refermaient derrière leur passage, masquant la sente, mais c'était certainement une impression trompeuse.
Les nuages eurent la bonne idée de laisser passer un rayon de lune, qui éclaira les lieux suffisamment pour que même le paladin puisse les distinguer.

Face à eux se trouvait un petit bassin d'eau cristalline, délimité par une sorte de muret de pierres moussues. Il était alimenté par une source jaillissant au pied d'un immense sorbier. Un saule pleureur poussait juste à côté, son feuillage retombant comme un rideau au-dessus de l'eau. L'eau courait ensuite librement, s'enfonçant sous le buis, ressortant sans doute au-delà de la muraille végétale, là où Eldrina avait pêché de si belles prises.
L'endroit, magnifique, dégageait une impression de paix et de sérénité totale, plus forte encore que de l'autre côté du mur de buis. On s'y sentait à des lieux de la noirceur de la forêt pourtant toute proche. Et la jeune rôdeuse avait la sensation étrange que la Nature elle-même lui souhaitait la bienvenue en ce lieu.

Elle fut distraite de sa contemplation par le renâclement d'un cheval. Leurs montures se trouvaient sur leur gauche, paissant paisiblement, à demi dissimulées par les buis.

[missElder]

Elle retint son souffle en découvrant le spectacle qui s'offrait à eux. L'endroit était tout simplement magnifique. La clairière où ils avaient déposé leurs affaires était rassurante, sereine, mais ici, c'était si amplifié qu'on croyait être en un autre lieu. Pas étonnant que la jeune belette ait senti quelque chose qui l'attirait ici ... ni que les chevaux aient trouvé refuge en ces lieux, comme elle le constata une fois sa surprise passée. Les lieux étaient superbes, apaisants. Elle n'avait aucun souvenir d'être jamais venue ici avec son maître, ni même qu'il lui en ait parlé ; il est vrai qu'ils ne vivaient pas du même côté de la Forêt. Elle en venait à se demander s'il ne régnait pas une sorte de protection, magique ou divine, sur les lieux, pour qu'ils soient aussi miraculeusement préservés de la noirceur si proche de la Forêt Maudite. Peut-être Bran saurait-il le sentir, si c'était le cas ...

Elle s'ébroua et s'avança vers leurs chevaux. Avec leur torche et les rayons de lune, le paladin devait les avoir vus lui aussi. Du reste, quelque chose lui disait qu'ils ne craignaient rien, ici. Si les chevaux voulaient bien les suivre, il serait sans doute temps de retourner à leur campement de fortune, manger puis passer la nuit, avant qu'il ne commence à se faire tard. Sinon, les chevaux pourraient sans doute rester là jusqu'au lendemain matin - s'ils avaient survécu jusque-là à travers la Forêt, ils ne devraient pas avoir trop d'ennuis en ces lieux. Elle verrait avec Bran, ceci dit. Pour l'instant, elle vérifia que leurs montures allaient bien et s'avança pour leur flatter l'encolure.

[Voyageuse]

Bran s'avança lui aussi vers leurs montures, visiblement soulagé. Les chevaux les regardèrent approcher avec un air vaguement surpris, comme s'ils avaient totalement oublié leur existence. L'un d'eux souffla par les naseaux, ce qui devait signifier une sorte de bonjour. Son comparse fit quelques pas pour boire un peu d'eau du ruisseau, les snobant complètement.
" J'ai l'impression qu'ils nous en veulent un peu de n'avoir pas été là quand ils avaient besoin de nous", fit remarquer Bran.

Le paladin était sensible lui aussi au charme des lieux, Eldrina le devinait à son air rêveur. Ses yeux parcouraient la clairière, s'arrêtant sur la source, détaillant les arbres.
" Ils ont vraiment trouvé un endroit magnifique. Il y a une magie ici... quelque chose que je ne peux pas identifier vraiment... mais ça me fait l'effet d'un sanctuaire. Un endroit où on est à l'abri de tout le mal de ces bois. Ce buis.... c'est comme des murailles. Je me demande si on ne devrait pas dormir ici, d'ailleurs. Je suis sûr qu'on n'aurait pas besoin de monter la garde. Qu'en dites-vous ?"
La belette, quant à elle, avait escaladé le tronc de l'immense sorbier et semblait s'y trouver tout à fait à son aise.

[missElder]

Eldrina laissa échapper un petit rire à la remarque de Bran sur les chevaux. Alors ceux-ci leur en voulaient. Après tout, pourquoi pas ? C'était sa faute à elle s'ils avaient dû suivre toute cette aventure qui avait abouti à l'arrivée de Belette la belette parmi eux. Elle grimaça un instant : il devenait critique qu'elle lui trouve un vrai nom avant que ce surnom ridicule ne lui reste ; elle lui devait un peu plus d'attention que ça, quand même ... Quoi qu'il en soit, si les chevaux s'étaient retrouvés livrés à eux-mêmes lors de l'arrivée du félin qui les avait effrayés, c'était en effet parce qu'ils les avaient laissés seuls trop longtemps. Ils avaient de la chance d'avoir trouvé cet endroit et d'être en sécurité, et ce n'était ni à Bran ni à elle-même qu'ils le devaient - plutôt à la chance, ou bien à cette mystérieuse magie, venue de cet endroit que Bran pensait être une sorte de sanctuaire.

Elle hésita un instant, puis sourit à Bran et acquiesça de la tête. Il avait raison. Quitte à s'installer pour la nuit, autant venir en ces lieux, à l'abri de la muraille naturelle de buis, plutôt que de rester là d'où ils venaient. Et puis, si tous les animaux s'y sentaient bien ...

- Vous avez raison. Mieux vaut nous installer ici et nous reposer un peu de nos frayeurs. Allons chercher nos affaires, alors.

[Voyageuse]

Déménager leurs maigres affaires ne prit que quelques instants. Ils attendirent toutefois que leur repas soit enfin cuit : refaire un feu dans la clairière serait certainement encore plus compliqué, et peut-être même, quelque part, irrespectueux des lieux. Ce n'est qu'une fois sustentés qu'ils s'installèrent confortablement pour la nuit.
L'endroit était incroyablement paisible. Belette semblait décidée à explorer chaque branche de chaque arbre, mais elle finit par se lasser et s'installer confortablement pour dormir, dans le sac d'Eldrina -où devaient subsister quelques miettes de pain. Bran, lui, s'était déjà installé au pied des buis, et s'était assoupi presque aussitôt. Il faut dire que les dernières nuits avaient été un peu mouvementées.

Le souffle du vent dans les feuillages, le murmure de l'eau, ne tardèrent pas à bercer la jeune rôdeuse. Elle dut s'assoupir, au moins un moment, car la lune était haute dans le ciel lorsqu'elle s'éveilla en sursaut. Un bruit avait dû attirer son attention.... Non, c'était Belette qui lui mordillait la main.
Elle ouvrit les yeux sur un spectacle étrange : des lucioles étaient en train de danser dans les airs, formant une chorégraphie complexe au-dessus de la source. Il lui semblait voir des papillons au milieu.... ou peut-être de minuscules êtres ailés. Et elle entendait un chant doux dans une langue qu'elle ne connaissait pas. Un chant incroyablement apaisant. Bran, en bordure de la clairière, dormait profondément.
Elle vit l'un des étranges papillons s'approcher d'elle, et distingua quelque chose qui ressemblait à un minuscule avariel, qui l'observait avec curiosité.

[missElder]

Eldrina s'était laissée bercer par l'atmosphère paisible et bénéfique du lieu, qui avait déjà eu raison du pauvre Bran - il fallait reconnaître qu'elle ne l'avait pas aidé à passer des nuits et des jours apaisés, ces derniers temps. Son sommeil avait été sans rêves, calme, reposant, même si elle ne savait absolument pas quand elle s'était assoupie ni combien de temps. A son réveil, en sursaut, elle se tendit un instant, prête à toute éventualité, avant de réaliser qu'il s'agissait simplement de Belette. Cette dernière avait été très précieuse ces dernières heures, les conduisant jusqu'en ces lieux, aussi se redressa-t-elle pour voir ce qui avait pu attirer l'attention du jeune animal.

Puis elle les vit. L'étrange ballet des lucioles, leur chant, dont elle ne serait pas surprise de découvrir qu'il avait influencé l'aspect extrêmement réparateur de son sommeil. Du chant ? S'ils chantaient, alors ce n'était pas des animaux, mais des êtres pensants. Elle en était à ce stade de ses réflexions lorsque l'un des étranges papillons s'approcha d'elle. Elle plissa les yeux avant que ses quelques connaissances ne lui reviennent. Etait-ce là un avariel ? Elle ne savait pas grand-chose d'eux : son éducation à l'orphelinat avait été très rudimentaire, et son maître l'avait plutôt formée dans les aspects pratiques de la vie d'un rôdeur en forêt, que dans l'histoire et la culture du monde connu. Néanmoins, sans avoir jamais rencontré d'avariel, il fallait dire que la créature (ou plutôt la personne, si ses suppositions étaient correctes) qui lui faisait face ressemblait beaucoup à l'idée qu'elle s'en faisait. Par les dieux, que faire ? Elle hésita un instant, avant de décider qu'elle réveillerait Bran au moindre signe trop étrange ou si elle devait se lever et s'éloigner un peu. Puis elle déglutit, se demandant si on attendait quelque chose d'elle - idée qui lui faisait bien plus perdre ses moyens que quoi que ce soit d'autre.

- Bonsoir, dit-elle finalement d'une voix douce. Après tout, autant être polie.

[Voyageuse]

Le petit être ailé répondit quelque chose dans une langue qu'elle ne connaissait pas, chantante comme le vent dans les branches. Puis il se mit à rire, gaiement. Et d'autres le rejoignirent, tournant autour d'elle jusqu'à lui donner le tournis.
Et puis il lui sembla voir autre chose derrière le rideau de papillons chantant et de lucioles. La silhouette gracieuse d'une femme qui s'approchait. Elle était incroyablement belle et il en émanait quelque chose d'extraordinaire, de magique. Un oiseau était perché sur son épaule, des papillons posés dans ses cheveux. Sa peau et ses cheveux étaient couleur de bois clair.
" Tu ne parles pas notre langue, dit-elle en commun d'une voix un peu rocailleuse, laissant penser qu'elle s'en servait peu. Tu devrais boire un peu d'eau de la source..."
Elle tenait un gobelet dans sa main, qu'elle lui tendit.

[missElder]

La rôdeuse était sans voix, presque hypnotisée, et si à l'instant on lui avait dit qu'elle était en présence d'une déesse, elle l'aurait cru sans hésiter. Bien sûr, elle n'en savait rien, et n'avait à vrai dire pas le temps d'y réfléchir. Simplement, lorsque la femme lui tendit le gobelet, elle le prit sans hésiter, et but. Si cela lui permettait de parler la langue des personnes en face d'elle ... Il n'émanait d'eux rien de maléfique, pas plus que de ce lieu, aussi, pourquoi s'inquiéter ? Elle avait toujours été un peu impulsive pour ce genre de choses, et puisqu'on l'y encourageait ...

[Voyageuse]

Elle sentit une fraicheur vivifiante se répandre dans son organisme, et une sérénité totale l'envahit. Belette sauta sur son épaule et glissa jusqu'à sa main, lapant elle aussi quelques gouttes d'eau dans le verre. L'espace d'un instant, elle se mit à briller d'une lumière douce, éclairant la nuit, puis cette sensation disparut.

La silhouette féminine recula d'un pas, souriante, et une nuée de lucioles et de papillons se mirent à tourner autour d'Eldrina et de la belette, chantant une mélodie dont elle aurait été incapable de répéter les mots, mais qu'étrangement, elle comprenait. Ils parlaient d'une Belette, Blanche et Or et Brune, qui gambadait joyeusement dans l'herbe, et avait choisi une humaine, Or et Rousse et Blanche. Ils parlaient d'un lien entre elle, amitié, responsabilité... tous ces mots s'embrouillaient mais la mélodie était douce et magnifique.
" C'est toi qu'elle a choisie de suivre, et vous voilà liées pour la vie, répéta la silhouette, en écho au chant. C'est une belle responsabilité que tu as acceptée, sans vraiment le comprendre peut-être. Sache juste que cette jeune belette qui dépend maintenant de toi n'est pas tout à fait ordinaire... Je vous souhaite une longue et solide amitié."
Sur ces paroles sibyllines, la silhouette devint floue, et disparut peu à peu, laissant derrière elle la danse des lucioles et des petits papillons qui chantaient -qui n'étaient sans doute pas des papillons d'ailleurs. Eldrina ne savait plus trop. Les lumières des lucioles avaient un effet un peu hypnotique. Elle sentait devenir somnolente.

[missElder]

La rôdeuse avait l'esprit empli de tout ce qu'elle venait de vivre, de voir, d'entendre ces dernières minutes. Un peu hébétée, encore un peu hypnotisée par les chants, les lueurs, elle se sentait comme dans un rêve éveillé. Un grand nombre de questions tourbillonnaient dans sa tête, mais l'atmosphère des lieux et la danse des créatures en face d'elle l'empêchaient de trop réfléchir - du moins, de trop se creuser la tête. Belette, spéciale ? Après tout, pourquoi pas ... Les circonstances mêmes dans lesquelles elle l'avait recueillie étaient assez uniques, et quelque part, ce qu'elle venait d'entendre la faisait se réjouir. L'idée que Belette l'ait choisie, l'idée d'un lien indéfectible et l'idée que Belette soit un peu autre chose qu'une belette ordinaire. Tout cela n'augurait que de belles choses, au fur et à mesure qu'elle apprendrait à connaître l'animal et que celle-ci en retour apprendrait aussi à la connaître.

Elle sourit aux étranges créatures qui voletaient au milieu des lucioles, et se sentit basculer à nouveau dans le sommeil. Le temps des questions viendrait plus tard, et après tout, il lui importait moins de savoir de quoi exactement il retournait, que de savoir ce qu'elle venait déjà d'apprendre. Bran aurait sûrement des hypothèses pertinentes. Elle espérait qu'il ne se vexerait pas qu'elle ne l'ait pas réveillé. Après tout, cela ne le concernait pas directement, et puis, si l'étrange silhouette féminine - magique, divine ou quelle qu'elle soit - avait ressenti le besoin de lui parler, elle ne doutait pas que celle-ci l'aurait réveillé. Avec un dernier regard attendri pour Belette, elle s'endormit finalement.

[Voyageuse]

Juste avant de s'endormir, elle sentit Belette se blottir contre elle, dans son cou. Elle ressenti, presque aussi nettement que s'il s'était agit d'elle-même, la sérénité du petit animal, repus de nourriture, d'affection, de bien-être, de magie peut-être. Il lui semblait partager ses sensations, comme si elle n'était plus vraiment elle-même, comme si la belette et elle ne faisaient plus qu'un. Peut-être était-ce l'effet du chant des lucioles ? Mais cette sensation ne dura que quelques instants, et le sommeil l'emporta.

Ses rêves furent peuplés de belettes multicolores, bondissant autour d'elle en réclamant son affection, et parmi elles toutes il y avait Sa belette qu'elle reconnaissait entre mille. Il y eut aussi des rivières, des sources, des cascades, de l'eau délicieuse, fraîche, magique peut-être. Des papillons et des lucioles qui chantaient, encore, en tourbillonnant. Tout était merveilleux, magique. Elle se sentait incroyablement bien, et Belette faisait presque partie intégrante d'elle-même, comme si elle venait occuper une place dans son âme, une place faite pour elle.

Puis il y eut comme un coup de tonnerre d'une extrême violence, et le vent emporta tout. Elle se sentit soulevée de terre, et devina que Belette s'accrochait de toutes ses forces à elle, se glissant sous ses vêtements, lui plantant ses petites griffes pointues dans l'épaule. Elle eut la sensation d'une chute sans fin....


Elle se réveilla brutalement.
Elle était toujours dans la clairière, là où elle s'était endormie. La source fraîche dans son bassin de pierre n'avait pas changé.
Et pourtant... pourtant tout avait changé. Le sorbier et le saule qui entouraient la fontaine étalaient généreusement leurs feuillages abondants, là où elle se souvenait de petits bourgeons tout juste éclos. Les feuillages des buis avaient pris une teinte plus sombre, évoquant la fin de l'été et non le printemps. Et il y avait désormais un chêne magnifique, majestueux, dont l'ombre la protégeait des rayons du soleil au zénith.
Et Bran n'était plus là.

[missElder]

Son réveil fut aussi brutal que l'avait été son dernier rêve, et Eldrina se sentait en sueur, épuisée par ce songe qui n'avait plus rien de comparable avec les rêves sereins et beaux dans lesquels elle s'était plongée. Son premier réflexe fut de s'assurer que Belette allait bien, pressée contre elle. Peut-être avec n'importe quel autre rêve, ce réflexe aurait été un peu naïf, mais ce rêve n'avait rien de normal et elle se sentait particulièrement tendue.

Puis son regard se posa tout autour d'elle, et elle s'immobilisa un instant. Quelque chose n'allait pas. Non. Rien n'allait, plutôt. Le paysage, la clairière ... C'était comme si elle était restée endormie plusieurs mois et que la nature avait continué sa course sans elle. Ce n'était pas possible. Improbable. Elle serait morte, si c'était le cas ! Et pourtant ... Elle frissonna en réalisant que Bran n'était plus là. Le paladin l'aurait réveillée, pourtant, s'il se passait quelque chose ... Elle tira son épée et commença à faire le tour de la clairière, en quête de quelque chose. N'importe quoi. Des traces : de leurs chevaux, de leurs affaires, de leur présence même, allongés dans l'herbe. De pas, de déplacements, de changements. Quelque chose qui explique ce qui s'était passé.

[Voyageuse]

Il n'y avait rien. Aucune trace. L'herbe avait poussé, des fleurs multicolores parsemaient la clairière. Mais il n'y avait pas la moindre trace du passage d'un cheval, encore moins d'un paladin. Il n'y avait, à vrai dire, aucune trace d'aucune sorte, en dehors de celles qu'elle était en train d'imprimer dans l'herbe. Du moins, rien évoquant le passage d'un bipède ou d'un quadrupède de grande taille. Comme si la clairière était complètement déserte depuis longtemps. Une partie de ses affaires avait disparu : il ne lui restait que ce qu'elle avait à proximité immédiate lorsqu'elle s'était endormie. Ses armes, son sac contenant un peu de matériel et des vêtements. Mais ce qu'elle avait laissé à proximité des chevaux avait disparu.

Belette, devinant son anxiété, avait jailli de son col -elle s'était apparemment réfugiée sous ses vêtements pendant qu'elle dormait- et bondi au sol. La truffe au vent, elle s'efforçait de distinguer des odeurs. Eldrina réalisa qu'elle percevait ses intentions plus nettement qu'auparavant. Mais cela ne lui donnait guère d'indices sur ce qui se passait : pour la belette, tout semblait normal, parfaitement paisible et rassurant. D'ailleurs, le petit animal avait faim, et se mit à escalader le grand chêne en quête de nourriture.

Et Eldrina, qui la suivait machinalement du regard, vit avec stupeur le tronc.... bouger. Ce n'était pas vraiment un mouvement, d'ailleurs. C'était plutôt... comme si l'écorce se soulevait. Elle vit une sorte de relief se dessiner, celui d'un visage, puis d'une silhouette féminine, qui se détacha peu à peu de l'arbre pour prendre vie devant elle. Elle ressemblait un peu à l'être féerique merveilleux qu'elle avait vu juste au milieu de la nuit, mais sa peau semblait constituée d'écorce, et ses cheveux de feuillages vert sombre. Une mésange s'en envola, et une demi-douzaine de papillons vinrent s'y poser, sans la moindre crainte. Elle distingua même un moineau craintif caché sous les feuilles.
" Bonjour", dit l'être d'une voix étrange, une voix qui chuchotait comme le vent dans les branches mais semblait ne pas avoir servi depuis longtemps.

HRP : je te laisse décider si elle avait toutes ses affaires près d'elle, je suppose que oui

[missElder]

hrp : tout à fait, et après tout, quoi de mieux pour caler sa nuque avant de dormir qu'un sac de voyage ? (à part un vrai oreiller, s'entend)

La situation ne s'arrangeait pas. Il n'y avait aucune trace de Bran et des chevaux, c'était comme si tous les événements de ces derniers jours n'avaient jamais eu lieu. Pourtant, Belette était là pour en témoigner ... Elle soupira. Au moins, elle n'avait pas à déplorer la perte de leurs provisions : elles avaient déjà disparu depuis longtemps. Mais les dieux seuls savaient ce que ce "longtemps" signifiait à présent : une journée tout au plus, comme elle le pensait, ou des jours et des semaines entiers, comme elle le craignait ? Elle se pencha pour récupérer son sac, et resta un instant immobile, à observer les lieux, sans parvenir à décider de la suite. Cette situation était radicalement différente de tout ce qu'elle avait pu vivre jusque-là, et il lui semblait que tout cela sortait largement de son domaine de compétences.

Belette, cependant, ne semblait pas inquiète, et cela l'intriguait. Celle-ci avait été particulièrement perspicace ces dernières heures (si tant est que ces heures aient vraiment eu lieu, songea la rôdeuse), et cette nuit, toutes les étranges apparitions avaient clairement laissé entendre que ce n'était pas pour rien ... Elle n'eut pas le temps de pousser plus loin ses réflexions sur son tout récent compagnon animal, ni sur le fait qu'il lui semblait mieux la comprendre qu'avant, car le tronc sur lequel Belette grimpait se mit à bouger. Fascinée, Eldrina observa ses mouvements, ainsi que celui des animaux qui voletaient autour de lui. Tout cela ne lui rappelait que trop l'apparition de cette nuit ... Elle baissa son épée, ne voulant pas paraître menaçante.

- Bonjour, répondit-elle. Elle hésita un instant, le temps de peser ce qu'elle voulait dire, puis poursuivit. Que s'est-il passé ici ? Et ... que m'est-il arrivé ?

[Voyageuse]

La créature féerique s'approcha, d'une démarche lente et gracieuse.
" Je ne sais pas vraiment répondre à votre question, fit-elle de sa voix étrange. Je n'ai que des hypothèses. Il y a eu cette nuit un phénomène étrange, comme il s'en produit lorsque la magie s'emballe. Ces derniers temps, cela se produit souvent. J'ai ressenti un grand coup de vent sur mon arbre, comme s'il devait s'envoler, puis il y a eu un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage, puis il a plu des grenouilles... et vous. Vous êtes comme tombée de nulle part. Je ne sais pas d'où vous venez ni pourquoi vous êtes là. Mais la magie a dû vous cueillir là où vous étiez... Je suis désolée de ne pas pouvoir vous aider davantage à comprendre..."
La dryade poussa un soupir qui résonna comme le vent dans les branches.

[missElder]

Eldrina accusa le coup et resta silencieuse, le temps de saisir les implications des propos de la créature - qui lui paraissait ne pouvoir être qu'une dryade, vu son apparence et son lien manifestement essentiel avec l'arbre qui lui faisait face. Elle serait donc ... tombée du ciel ? Magiquement ? Il avait plu des grenouilles et plu des rôdeuses, en somme ? Elle soupira. Par les dieux, c'était clairement au-delà de tout ce qu'elle aurait pu connaître, imaginer ou vouloir. Il fallait donc supposer qu'un de ces phénomènes magiques inexplicables avait été la happer et l'avait donc déposée ici. A savoir, exactement là d'où elle venait ; sauf qu'ici, on aurait dit que quelques mois avaient passé, et que dans ce même arbre, la créature qui lui avait parlé semblait à la fois avoir changé, et ne plus se souvenir d'elle. Que la magie l'ait envoyée dans le futur, c'était déjà assez terrifiant, mais qu'elle l'ait envoyé dans un futur différent, c'était encore pire.

- Je vois ... Dans ce cas je ... j'aurais des questions ... Si vous voulez ... Nous sommes, enfin, c'est l'été ? Pas le printemps ? Et ... Sommes-nous bien dans la Forêt Maudite, à quelques jours de Luménis ? Et ... Vous ne vous souvenez vraiment pas de moi ? Cette nuit, je ... Enfin peut-être pas vraiment cette nuit, mais, la nuit dans laquelle je dormais il y a peu, hum, je vous ai rencontré. Ce n'était pas vraiment vous, ceci dit, mais elle vous ressemblait, sa voix était similaire, mais différente. Et elle, enfin, j'ai bu de l'eau de la source, ici, et elle m'a parlé ... Et maintenant tout est différent, mais c'était exactement ici, pourtant. Je ne comprends pas ce qui se passe.

[Voyageuse]

La dryade ne répondit pas immédiatement.
" Je ne connais pas toutes les réponses. Il est possible que vous ayez rencontré une de mes semblables, mais ce n'est pas moi. Je ne vous ai jamais vue. Et pourtant, oui, vous êtes probablement là où vous pensez être. Vous êtes bien dans la Forêt Maudite, comme l'appelle les humains. Je ne connais pas Luménis, je ne sais pas à quelle distance c'est, mais j'ai entendu prononcer ce nom par d'autres humains. Je ne vous ai jamais vu sous mon chêne, pourtant... mais il n'y a que quelques mois que ce bosquet sacré a été recréé. Au début du printemps, il n'y avait ici qu'une clairière avec une source sacrée. Mes soeurs du monde féérique venaient parfois lui rendre visite, s'efforçant de préserver sa magie de la noirceur environnante, renouvelant son pouvoir protecteur, en attendant qu'un servant de Mielikki prenne le relais et plante ce chêne sacré. D'où je suis née."
Elle se tut un instant, tendant un bras -presque une branche- pour y accueillir un jeune merle. Puis elle parut se concentrer.
" Vous avez probablement rencontré une de mes soeurs de Féérie. Le saule se souvient vous avoir vu dormir ici au printemps. Il dit aussi qu'il y a eu une tempête étrange, et qu'il vous a perdus de vue. Il y avait un autre humain, qui est reparti. Rares sont les humains qui trouvent ce lieu. Seuls ceux que guide Mielikki savent traverser la barrière de buis. "

[missElder]

A nouveau, Eldrina prit un moment pour méditer sur les informations que venait de lui communiquer la dryade. Déjà, elle était bien au même endroit que précédemment, et ensuite, son hypothèse se confirmait : il semblait bien qu'elle ait en quelque sorte voyagé dans le temps, puisque le saule avait gardé la mémoire de sa présence. Et Bran avait dû repartir, faute de la retrouver. Le pauvre, songea la rôdeuse. Lui qui avait très à coeur sa mission de protection - comme un bon paladin, somme toute - il avait dû être mortifié de sa disparition, s'inquiéter outre mesure ... Il faudrait qu'elle retourne à Luménis, ne serait-ce que pour aller voir s'il était encore là et lui donner enfin des nouvelles. Pour son voyage dans le temps, proprement dit, elle préférait ne pas trop y penser tout de suite - ni à cela, ni à la folle tempête qui semblait en avoir été la cause, ou bien l'expression. C'était beaucoup d'un coup pour une pauvre rôdeuse qui ne demandait qu'à dormir paisiblement !

Elle regarda autour d'elle. Alors comme ça, entre "hier" et aujourd'hui, quelqu'un avait planté un chêne ici en plus du saule, et la clairière était devenue un bosquet sacré. Elle se souvenait de qui était Mielikki. Si Eldrina était loin d'être experte ès culte, elle avait eu une bonne formation, bien que basique, chez les prêtres de l'orphelinat, qui leur faisaient apprendre leur panthéon et quelques principes de base. Rien de plus détaillé, et elle était partie jeune ; mais son maître était un rôdeur, et il connaissait Mielikki mieux que d'autres. La déesse protectrice des forêts et de la nature, contre les assauts du mal, au service de qui on trouvait un certain nombre de rôdeurs. Elle ne maîtrisait guère les subtilités éventuelles de ce culte, mais elle en savait assez pour saisir ce qu'il en était. Rien de surprenant à l'aura magique que Bran et elle avaient ressenti la veille - ou plutôt il y a des mois. Au coeur de la Forêt Maudite, là où les créatures maléfiques rôdaient en nombre, c'était sans doute un lieu privilégié pour tenter de préserver ce qui pouvait l'être, après tout. Elle tenta de transmettre son affection et sa reconnaissance à Belette : si elle commençait à mieux percevoir les émotions de l'animal, elle supposait qu'il en irait sans doute de même dans l'autre sens. Et il fallait la remercier, en effet, puisqu'elle l'avait guidée ici. Ou plutôt, Mielikki les avait guidées, par l'intermédiaire de la belette, si elle comprenait bien les propos de la dryade. Elle avait hâte d'apprendre à mieux la connaître, surtout après ce qu'on lui avait dit la veille.

Elle répondit finalement à la dryade.

- Merci pour vos réponses ... Ça fait ... beaucoup de choses, à entendre. Elle réalisa soudain qu'elle avait toujours l'épée au clair, et la rengaina d'un air gêné. Voyager dans le temps ! Moi, je voulais juste me reposer dans un endroit préservé ... Au moins, je n'ai manqué que quelques mois, pas des années. Enfin ... Elle soupira. Merci encore. Je comprends mieux pourquoi l'endroit était si pur, protégé. J'imagine que c'est plus puissant maintenant. Vous savez, c'est grâce à ... Elle rougit alors qu'elle s'apprêtait à dire "Belette". Non, non, ce n'était qu'un nom très provisoire, c'était sûr ... A cette belette là. Avec moi. C'est elle qui savait. Comment venir ici, je veux dire.

[Voyageuse]

HRP : Comme tu as vu, j'ai profité de la vague entropique pour ramener ton perso à la date où sont la plupart des autres PJ...

" Certains animaux ressentent l'appel de ce lieux. Certains humains aussi, les rôdeurs, les druides notamment. Mais cette jeune belette semble avoir un petit quelque chose en plus... quelque chose d'inhabituel. Peut-être son histoire, son âme, a-t-elle été marquée par une forme de magie. En tout cas, elle avait à cœur de vous protéger si elle vous a amenée ici. Et le lien que vous partagez est très fort, je le sens. C'est rare, pour un animal si jeune. Peut-être que la magie qui vous a fait sauter quelques mois a également accentué votre lien."
La dryade sourit, puis recula de quelques pas.
Belette, comme si elle avait devina qu'on parlait d'elle, sauta d'un bond du haut du chêne et vint escalader sans vergogne la dryade, qui sourit avec indulgence en la saisissant de sas doigts de bois. L'animal et la créature sylvestre échangèrent un regard et la dryade sourit.
" Elle me dit que Son nom sylvestre est Ailillshin, ce qui signifie fille de fantôme. Les elfes diraient probablement Gwenhyvarniël, princesse blanche ou peut-être princesse des esprits, je ne sais plus. Mais elle n'a pas encore de nom équivalent dans votre langue... Et elle n'est absolument pas gênée que vous la surnommiez Belette."
Un vent brusque se leva, et la dryade parut plisser les sourcils. Même Eldrina sentait que ce vent n'était pas ordinaire.

[missElder]

HRP : oui, j'ai vu, et bien joué d'ailleurs ! Je commençais à me demander comment on allait bien justifier ce retard, autrement qu'en disant qu'après ça, Eldrina passait quelques mois à glandouiller à Luménis

Les propos de la dryade la firent acquiescer. C'était vrai, Belette n'était pas un animal ordinaire, les circonstances dans lesquelles elle l'avait trouvée, élevée par sa mère fantôme, suffisaient à le prouver. Elle se sentait honorée d'avoir déjà un lien important avec Belette, et elle était très heureuse de l'avoir rencontrée, à vrai dire. Elle ne se l'était pas dit jusque-là - il fallait dire qu'elle n'avait guère eu le temps de se poser pour méditer - mais dès qu'elle formula cette pensée, elle s'imposa comme une évidence. Belette était unique, très intelligente, et très certainement spéciale. Elle était contente de leur lien naissant et croissant. Tout cela n'augurait que du bon, et puis, elle ne serait plus seule désormais. Et puisque Belette lui allait, autant s'en tenir à cela ... C'était simple et sans prétention, mais c'était un nom juste et vrai, somme toute, non ?

Elle vit soudain la dryade froncer les sourcils, et sentit le vent se lever. Par les dieux, pas encore un nouveau phénomène magique, pitié, songea-t-elle. Elle avait eu sa dose d'événements mystérieux, ces derniers jours, et ne s'était pas encore habituée à tout cela.

- Encore une de ces ... manifestations magiques étranges, vous pensez ? fit-elle à l'adresse de la dryade. Celle-ci n'était pas experte non plus, sans doute, mais elle vivait ici et saurait peut-être de quoi il retournait. Elle surveilla Belette du coin de l'oeil. Si Eldrina devait encore voyager dans le temps ou l'espace, il était hors de question qu'elle parte sans elle. Bien sûr, elle n'aurait sans doute pas son mot à dire, mais il était plus rassurant de se sentir prête à toute éventualité.

[Voyageuse]

Le dryade acquiesça.
" Il se passe des choses assez inhabituelles en ce moment. Chaque usage de magie semble prendre des proportions étrange, comme si la Toile se modifiait. Mais depuis mon arbre, je ne sais pas grand-chose de ce qui se passe ailleurs. Je peux juste.... ressentir. Même la forêt le sent, et se recroqueville. Comme si elle se préparait à affronter l'hiver.... alors que nous sommes en été."
Le vent s'était mis à tourbillonner, tout autour d'elles, et Belette, inquiète, bondit se réfugier dans la poche d'Eldrina.
" Par prudence, je vais rejoindre mon arbre, annonça la dryade. Je dois veiller.... à ce qu'il reste enraciné."

Elle recula et, quelques instants plus tard, disparut à la vue d'Eldrina, qui se retrouva seule au milieu d'une tornade. Le vent charriait des feuilles, des brindilles... puis ce fut de la neige, malgré la chaleur ambiante.

Et puis tout se calma, et l'eau de la source se mit à bouillir dans le bassin de pierre.

Eldrina vit alors apparaitre sortant la tête de l'eau puis s'agrippant au muret de pierre, deux silhouettes : celle d'un demi-elfe, suivi d'une jeune fille d'une quinzaine d'années à peine. Puis apparurent un loup, suivi d'un tigre au poil blanc rayé de noir. Tous reprirent pied brutalement -l'eau était subitement beaucoup moins profonde qu'ils ne s'y attendaient- avec un air complètement ébahi : le lieu leur était visiblement familier.

*****

Kasumi, reprenant pied de façon un peu brutale dans une eau subitement peu profonde, reconnut immédiatement le lieu où il se trouvait, qui n'avait rien à voir avec la grotte sous-marine dans laquelle ils étaient sensés se trouver. Ils étaient dans le bosquet sacré d'Aubépine. Et celui-ci n'était pas désert : une jeune demi-elfe qu'il n'avait jamais vue s'y trouvait, et semblait tout aussi surprise de leur apparition qu'eux-mêmes l'étaient.

[Kasumi]

Kasumi prit quelques secondes pour évaluer plusieurs éléments fondamentaux auxquels se raccrocher : l'inconnue qu'il détailla des pieds à la tête était-elle une menace - il semblait que non - le Bosquet était-il comme il l'avait laissé, la saison et la phase de la lune concordaient-elles avec le moment de son départ - il semblait que oui. Le demi-elfe rejoignit alors son apprentie sur la terre ferme en esquissant un soupir soulagé. Puis, à l'instar de Première Neige, il entreprit de s'ébrouer sommairement pour chasser une partie de l'humidité qui imbibaient ses vêtements avant de s'approcher de quelques pas du chêne et de la demi-elfe :

- Rares sont les voyageurs qui trouvent le chemin d'Aubépine : votre présence en ces lieux prouve que je vous dois la bienvenue. Je me nomme Kasumi et je suis le gardien de cet endroit.