La Couronne de Cuivre

hrp : depuis des années ? oulà... le temps passe vite pour kasumi

(si c'est ce que j'avais Mjsé, ça fait un an de vie RP... mais il y en a peut-être d'autres ?)

" Ça me plairait beaucoup de voir ces contrées lointaines, oui. Découvrir la façon dont se sont développées des civilisations elfiques ailleurs que sur Féérune... Il y a sûrement beaucoup de points communs mais aussi quelques différences. Et puis, tu pourras me servir de guide si je vais dans les régions non elfiques de tes îles ! Enfin... si je n'attends pas cent ans pour me décider à y aller bien sûr..."
Tout en devisant, Eärundra achevait son assiette, l'esprit ailleurs. Elle leur resservit à tous deux de son étrange breuvage.
" Tout de même... c'est notre dernière nuit ensemble. Ca me fait quelque chose, de savoir que nos chemins vont se séparer..."

HRP : oups, j’ai édité.

Kasumi devait bien admettre que cela lui faisait aussi un pincement au cœur de ne peut-être plus jamais voir celle qui avait su – en très peu de temps – devenir une amie sincère.

- Je serais vraiment ravi de t’accueillir si tu te rends un jour en Helonna ! Vraiment, on n’a pas toujours été d’accord sur tout, loin de là, mais j’ai vraiment apprécié les moments en ta compagnie. De toute façon, tu n’as pas le droit de ne pas donner de nouvelles de temps en temps : je voudrai savoir ce qu’il adviendra de l’œuf d’Opale et aussi si Léo parvient à se trouver une compagne lui aussi !

Il esquissa un sourire un peu timide mais néanmoins sans arrières pensées.

" J'essaierai de donner des nouvelles. Par l'intermédiaire de ta grand-mère, si elle ne décide pas subitement de partir à l'aventure dans des contrées lointaines. Mais je crois qu'elle a passé l'âge, tout de même... enfin, ne lui dis pas, ça la vexerait ! Et elle est capable de le faire juste pour prouver qu'elle est encore vaillante..."
Eärundra sirotait lentement son dernier verre.
" Tu sais, je bouge beaucoup, donc n'espère pas trop de régularité. Mais dans tous les cas, j'essaierai de passer dans ta région avant que tu ne sois devenu un vieux demi-elfe tout décrépit ! J'aurai plaisir à te revoir... Et je suis heureuse de savoir que les bracelets de mon père resteront en de bonnes mains."
Elle bailla. La nuit était tombée, et les étoiles scintillaient dans le ciel éternellement dégagé. Il était temps, sans doute, d'aller dormir.

Kasumi sourit à nouveau paisiblement même s’il ne pouvait s’empêcher de se demander quelles chances ces promesses de rester en contact avaient de perdurer une fois qu’ils auraient chacun repris le cours de leur existence. Avisant que l’elfe était gagnée par le sommeil tout comme lui, il conclut avec douceur :

- Et ce magnifique cadeau m’aidera à me souvenir que j’ai une très bonne amie druide tout à fait charmante quelque part dans le vaste monde. Et n’hésites pas à débarquer à l’improviste : je n’ai rien contre les bonnes surprises. Je vais prendre le premier tour de garde : je crois que c’est tout de même plus prudent même si on devrait être tranquille.

La druidesse bailla à nouveau et se leva en hochant la tête.
" Comme tu veux. Je ne crains pas de menace humaine cette nuit, ni même de menace asabi. Les premiers dorment, les seconds sont bien plus au nord-est et ne s'aventurent guère par ici. Mais on ne sait jamais, après tout, quelles menaces peuvent nous guetter. Je te relaierai dans quatre heures. "
Elle se dirigea vers son hamac, s'y hissa souplement.
"Passe une bonne nuit... Et je te laisse la vaisselle, excuse-moi, c'est juste pour grappiller un peu de temps de sommeil !"

Le rôdeur n’y vit aucune objection même s’il allait devoir composer avec de l’eau glaciale. Cela passerait toujours quelques minutes de sa garde qu’il jugeait lui-même à peine nécessaire. En fait, la véritable raison de sa proposition était de ne pas rendre sa séparation avec la druidesse encore plus difficile en entretenant une part de l’ambiguïté de leur relation. Au bord du sommeil, le demi-elfe se mit à faire les cent pas avant d’observer, pour la dernière fois de sa vie sans doute, le ciel étoilé du désert d’Anauroch. Plus tard, bien plus tard, il comptait bien raconter des histoires de cette période de sa vie qu’il laissait derrière lui à ses enfants aussi le souvenir de chaque détail était maintenant précieux.

La druidesse le relaya, comme de coutume, en milieu de nuit, et le laissa dormir tout son saoûl le lendemain. Le hamac était protégé des rayons du soleil, et il s'aperçut à son réveil qu'elle avait même pris la liberté de cacher ses yeux sous un tissu léger pour que la lumière ne le tire pas trop vite du sommeil. Contre la chaleur, en revanche, il n'y avait pas grand-chose à faire, et ce fut elle qui l'obligea à émerger, alors que le soleil était déjà haut dans le ciel.
Ils déjeunèrent rapidement, sans beaucoup parler, désormais pressés de rentrer et de revoir les leurs, et se remirent en route en un temps record.

Ils ne prirent pas le temps de se poser à midi, et Kasumi eût la sensation que les aigles volaient bien plus vite que d'habitude : ils savaient que le bercail était proche. Les montagnes d'Everaska se découpaient devant eux et la végétation se modifiait sous leurs ailes, devenant savane, puis champs et bois. Puis ce furent les contreforts des montagnes. Le froid les saisit brutalement comme ils survolaient un col, et les premiers névés apparurent. Il connaissait la route, désormais : ils devaient longer cette chaîne, passer un col, survoler une vallée, puis ils arriveraient au col où se trouvait la frontière... Mais Opale, devant lui, bifurqua bien avant la frontière pour se poser au beau milieu de la vallée. Rubis, bien sûr, suivit le mouvement.

Kasumi ne s’était étonné qu’à moitié de ce changement de parcours. Il avait en tête les paroles de la druidesse qui, quelques jours auparavant, lui avait révélé l’heureux événement attendu par Opale. Avant d’interroger Eärundra, il émit donc l’hypothèse que l’aigle avait rejoint son nid. De toute manière, ils ne semblaient plus si loin que cela de la frontière et le rôdeur s’apprêtait déjà à devoir continuer à pied ou à attendre que Galawen les contacte pour la prévenir de cet imprévu.

Dès que Rubis eut atterri à son tour, le rôdeur s’empressa de démonter pour venir aux nouvelles auprès de l’elfe et confirmer ses hypothèses.

" J'ai pensé qu'il valait mieux ne pas aller jusqu'à la frontière, expliqua la druidesse devant son regard interrogateur. Ici, on est à quelques heures de marche, et Opale, de son côté, est à deux ou trois heures de vol de son nid, plus au nord. Mais... si tu es toujours d'accord, je voulais laisser Rubis décider de ce qu'il veut choisir, entre le confort de sa cellule dorée ou la liberté. Si nous nous posons à la frontière, les gardes le verront, et tu auras sans doute plus de mal à leur expliquer pourquoi tu le laisses partir. Alors qu'en le laissant ici, ça te laisse la liberté d'inventer une histoire... enfin, sauf s'il te suit bien sûr !"

Le demi-elfe n’hésita qu’un instant avant de commencer à décharger Rubis de ses bagages pour bien marquer son choix :

- Je ne reviendrai pas sur ma parole, quitte à avoir des ennuis si mon père n’est pas parvenu à préparer le terrain. Après tout, c’est le moins que je puisse faire pour te remercier de m’avoir tant aidé, moi et ma famille.

Défaisant les boucles des sangles de selle de l’animal, il lui flatta le cou avant de se tourner à nouveau vers Eärundra :

- Je te laisse lui annoncer le choix que nous lui offrons ?

" Oh, je pense qu'il le sait déjà et qu'il a déjà choisi. A vrai dire, je pense que tu aurais eu bien du mal à le convaincre de revenir à sa vie antérieure. Même si on s'était posés à la frontière, je pense qu'il aurait filé sitôt déchargé, et qu'aucun des gardes, aussi bon rôdeur soit-il, n'aurait pu le convaincre de revenir en arrière..."
Elle caressa doucement le bec de l'oiseau.
" Ils sont faits pour vivre libres, c'est écrit quelque part dans leurs gènes. Et une fois qu'ils ont ressenti l'appel de la liberté, même s'ils ont été domestiqués, ils ne peuvent y résister..."
Rubis sembla regarder longuement Eärundra, puis Kasumi. Comme pour lui dire au-revoir, peut-être... Opale, que la druidesse avait déchargée entre-temps, se mit à battre des ailes, à sautiller. Et s'envola. Quelques secondes plus tard, Rubis en faisait autant et s'éloignait à sa suite vers le nord.

Emu, le rôdeur observa longuement les aigles s’éloigner jusqu’à ne devenir que des petits points à l’horizon. Alors seulement, il poussa un soupir et se tourna vers leurs bagages et entreprit d’en trier le contenu pour se débarrasser de tout ce qui ne serait pas utile sans pour autant polluer les alentours. Il se débarrassa ainsi des graines destinées aux oiseaux et qui pourraient nourrir une partie des animaux de la forêt. Puis il faudrait faire en sorte de se répartir avec Eärundra le restant des bagages en sachant qu’ils allaient devoir grimper jusqu’au col en une longue marche.

- Les dés sont jetés : j’espère simplement éviter une entrevue avec un certain commandant qui voudra certainement me faire jeter en prison voire de servir aux autres aigles employés par la garde ailée…

Bien sûr, il avait voulu plaisanter mais sa voix reflétait son inquiétude sur les conséquences de sa décision.

" Il n'est pas commode, opina l'elfe. Pas commode du tout. Pour ma part, je me suis contentée de déguerpir de la ville et de me faire oublier quelques temps... J'ai voyagé, vu du pays, attendu que tout se tasse. Et puis j'ai quand même quelques amis en ville, qui ont aidé à aplanir la situation. Mais... c'est sûr que s'il avait pu me mettre la main dessus dans les jours qui ont suivi l'évasion d'Opale, il me faisait jeter en prison ! "
Elle grimaça.
" Tu ferais bien de te faire oublier, toi aussi... Et de ne pas trop traîner avant de quitter la ville. Je sais bien que ta famille a des contacts, qu'ils trouveraient une solution pour te tirer de là, mais les geôles d'Everaska n'ont certainement rien d'enviable..."

Kasumi esquissa une grimace mais souleva bravement la part de bagages qu’il s’était réservée. Il se rendit alors rapidement compte que ce qui ne lui aurait demandé que peu d’effort autrefois était à présent une charge à la limite de ses capacités, d’autant qu’il allait falloir la porter dans des conditions épuisantes une bonne partie de la journée. Soupirant, il se mit néanmoins en route en serrant les dents et en cherchant à contrôler sa respiration.

- Je crois que Sylvia n’a pas très envie de s’attarder en ville de toute façon : il faut dire qu’elle a dû en faire le tour pendant tout le temps où nous explorions le désert. J’espère simplement que ni elle ni ma famille ne seront inquiétés par mes décisions. Je sais que ce que j’ai fait est juste et dans l’ordre naturel des choses mais ce commandant n’a pas l’air de prendre ce genre de contrariétés avec philosophie.

" Non. Il va en faire une affaire personnelle. Mais ce n'est pas non plus le genre d'homme à faire peser sur sur une famille entière la culpabilité d'un seul de ses membres. Il en aura après toi, et toi seul. Bon, il se frittera sûrement avec ton père, à ton sujet, s'ils viennent à se croiser dans des réunions mondaines, et si ta famille réussit à te faire disculper il leur en voudra pour ça. Mais ne t'en fais pas... Le temps aplanira doucement les choses."
Eärundra, de son côté, portait la même charge que d'ordinaire -moins imposante que celle de son compagnon- mais elle parut se rendre compte que le rôdeur peinait beaucoup plus que d'habitude. Elle en connaissait la cause... Il sentit qu'elle hésitait, et il la vit pousser un profond soupir.
" Ecoute... J'ai mémorisé un sort qui va te donner la force de porter tout ça. Tu seras même plus fort qu'avant. Mais il ne dure qu'une heure et demie, il faudra avancer au maximum pendant ce temps. Et pour te donner de la force, je dois sacrifier quelque chose chez moi... Donc... ne t'étonne pas si je te paraît subitement beaucoup moins attirante pendant quelques temps."
Il sentit la tristesse percer sous ces derniers mots.
" Enfin, si tu es d'accord bien sûr...."

Kasumi tenta de répliquer d’un ton léger mais il était loin d’être aussi bon comédien que son frère et le cœur n’y était pas vraiment non plus :

- Non, je ne voudrais surtout pas que tu sacrifies une part de ta beauté d’elfe ! Ne t’en fais pas : je vais peiner c’est certain mais je pense tenir le coup jusqu’à ce soir. Enfin, je te le dirai si ce n’est pas le cas. Et puis ça fera une sorte de préparation physique à l’entraînement
intensif que me prépare Sylvia à mon retour. Je lui ai dit pour le marché avec les asabis, tu penses bien…

Et, sans lui laisser le loisir d’insister davantage, le rôdeur poursuivit son chemin sur le sentier caillouteux et qui allait certainement devenir de plus en plus raide au cours des prochaines heures de marche.

L'elfe le rattrapa rapidement.
" Alors répartissons mieux les bagages. On doit être à peu près de force équivalente, il faut qu'on partage mieux les charges... Donne-moi une partie des provisions que tu portes !"
Elle le dépassa et se campa au milieu du chemin, lui barrant la route.
" Et si malgré ça tu peines trop, je te lancerai le sortilège sans te demander ton avis. Sa durée et limitée dans le temps, et je peux bien être moche pendant une heure ou deux tout de même !"

Kasumi avait acquis assez de sagesse et d’expérience au cours de sa vie pour savoir quand il était inutile de lutter, surtout avec les femmes. Il consentit donc à confier une des gourdes d’eau qu’il portait ainsi qu’un petit sac contenant leur reste de fruits et de légumes puis il fit de son mieux pour ne pas montrer qu’il fatiguait malgré tout sur le chemin raide. Et pour parfaire la diversion, il tenta une plaisanterie :

- J’espère qu’il te reste un sort de création d’eau ou de pluie en réserve car je risque d’avoir besoin d’une douche ce soir !

" Heu... je te rappelle qu'on est en montagne. Alors j'ai bien mieux à te proposer : une magnifique cascade d'eau extrêmement rafraîchissante, sur la droite un peu avant le col ! Je pense d'ailleurs que c'est plus sage, après ces journées dans le désert, si tu veux être présentable... Il faut juste ne pas craindre l'eau froide !"
Comme l'avait craint Kasumi, le sentier se faisait plus escarpé, l'obligeant malgré lui à ralentir le pas. Transpirant à grosses gouttes malgré le froid, il eût tôt fait de boire une outre entière d'eau, allégeant un peu son chargement. Puis la druidesse, devinant qu'il peinait, suggéra une pause pour qu'ils puissent grignoter quelques fruits secs.
" Ecoute, à toi de voir... On en a encore pour deux heures, je peux lancer le sort maintenant. Ou alors on peut laisser ici une partie du chargement, des provisions peut-être... ca dépend comment tu te sens."

Abandonner une partie de provisions ne changerait pas vraiment la donne, il le sentait. Et c’était d’ailleurs de plus en plus inquiétant pour les prochains voyages qu’il entreprendrait même s’il pouvait attribuer une partie de sa faiblesse aux privations des jours précédents. De guerre lasse, il se dit que la solution préconisée au départ par la druidesse était la meilleure. Qu’avaient-ils à perdre, au fond ? C’est pourquoi le rôdeur finit par acquiescer, d’un ton tout de même désolé :

- Je crois qu’il vaut mieux que tu lances ton sort… Cela nous avancera bien jusqu’à cette cascade. Enfin, j’accepte uniquement si ton sacrifice ne dure pas, toutefois…

" Il ne dure pas, ne t'inquiète pas..."
La druidesse posa son propre sac à terre, s'approcha de Kasumi... et s'arrêta net.
" Léo...?" marmonna-t-elle d'un ton surpris.
Elle tourna la tête en direction de la frontière, tous les sens aux aguets. Kasumi devina une traînée rousse derrière les arbres, qui filait vers eux... et qui fut sur eux quelques minutes plus tard, renversant la druidesse dans un élan d'affection.

Kasumi jeta un regard attendri aux retrouvailles entre la druidesse et à son compagnon mais se tenait légèrement à l’écart pour leur laisser un semblant d’intimité. Il en profita également pour rechercher un certain oiseau du regard, espérant à demi le trouver en train de l’observer depuis l’un des arbres qui parsemait la pente. Il était un peu difficile de se faire à l’idée qu’il en avait enfin terminé avec sa mission dans le désert et que, quelles que soient les cicatrices qu’il en conserverait probablement toute da vie, il allait pouvoir tourner l’une des pages les plus sombres de son existence, entamée bien des années plus tôt par un très jeune demi-elfe.

Ce n'est pas dans un arbre qu'il le trouva, mais dans le ciel, en train de tournoyer au-dessus d'eux... Peut-être pour indiquer leur position à Sylvia ?
Eärundra, toute à ses retrouvailles, ne semblait guère faire attention à lui. Le faucon finit par descendre, se posa un instant sur son épaule pour lui donner un léger coup de bec sur le crâne, puis s'envola à nouveau, rasant le sentier cette fois-ci, puis revenant vers lui, repartant, comme pour l'encourager à le suivre.
" Laisse donc tes bagages ici et file retrouver ta belle, elle ne doit pas être loin ! Tu reviendras plus tard..."

Kasumi ne se fit pas prier pour abandonner son chargement même s’il aurait souhaité se rendre davantage présentable avant de retrouver Sylvia. Mais la rôdeuse ne lui en tiendrait certainement pas rigueur et il pressa le pas sans arrière-pensée. Débarrassé de sa charge et impatient de retrouver l’élue de son cœur, il se sentait pousser des ailes et il ne ralentissait que pour vérifier la position de Vif-Argent, cherchant aussi du regard un autre ton de roux comme il le faisait autrefois dans un autre lieu, à une autre époque, avec un amour similaire quoique naissant et un plus juvénile.

Il lui fallut avancer une vingtaine de minutes, peut-être, avant de repérer une tornade rousse qui dévalait la pente à sa rencontre. Il faut dire que sa couleur de cheveux n'aidait pas Sylvia à se fondre dans le paysage, et du reste elle ne cherchait absolument pas à se cacher. Elle-même ne l'aperçut pas immédiatement, cependant, et il eût tout le loisir de la détailler alors qu'elle approchait, filant entre les troncs de sapins. Elle n'avait qu'un léger sac avec elle, et elle marchait à vive allure, courant presque dans la descente.
Puis, elle l'aperçut... et s'arrêta net, une seconde, comme si elle n'en croyait pas ses yeux, avant de se précipiter vers lui.
" Kasumi !"

Le rôdeur avait été tenté – mais l’espace d’un instant seulement – de se cacher pour tenter de surprendre Sylvia qui venait à sa rencontre. Mais il ne voulait pas gâcher ce moment par une plaisanterie idiote d’autant qu’il était présentement subjugué, s’étonnant à nouveau de sa grâce et de sa beauté alors qu’elle approchait de lui à vive allure, slalomant habilement parmi la végétation.

Il parcourut les derniers mètres les séparant encore, souriant béatement et ouvrant les bras pour l’y accueillir et ressentir sa présence, se débarrasser de l’impression qu’il ne puisse s’agir que d’un merveilleux songe. Ne trouvant aucun mot pour exprimer ses émotions, il laissa son regard et ses gestes parler pour lui.

Elle l'embrassa, encore et encore, ou peut-être était-ce lui qui l'embrassait. Ça n'avait pas d'importance. Ils étaient réunis et plus rien d'autre ne comptait. Sylvia elle-même, d'ordinaire plutôt bavarde, laissait ses gestes parler pour elle, le serrant de toutes ses forces dans ses bras.
Ce n'est qu'au bout de longues minutes qu'elle retrouva l'usage de la parole.
" C'est si bon de te revoir enfin ! Tu es tout seul ? J'ai vu les deux aigles, tout à l'heure... pourquoi est-ce que vous n'êtes pas venus jusqu'au col ?".

A la fois apaisé et enfiévré par leurs retrouvailles, le rôdeur se sentait euphorique et eut bien du mal à revenir sur terre pour répondre à sa compagne, un sourire extatique aux lèvres :

- Eärundra est restée un peu plus bas avec Léo. Et nous avons préféré laisser Rubis et Opale s’en aller loin de la frontière…

Il l’embrassa à nouveau avant d’ajouter d’un ton ravi, sachant que la nouvelle plairait à Sylvia :

- Je crois qu’ils vont être bien occupés tous les deux prochainement : Opale attend un heureux événement !

" C'est fantastique ! s'exclama la rôdeuse, lui sautant au cou. Je suis tellement contente pour eux ! Et donc, Rubis va retrouver sa liberté... Et une toute nouvelle vie ! C'est extra..."
Elle l'embrassa à nouveau. Passionnément. Suffisamment pour lui donner des frissons qui n'avaient rien à voir avec le brusque contraste de température...
Puis elle s'écarta brièvement de lui, pour le plaisir de le contempler un instant, et sourit.
" Et toi, mon amour... comment vas-tu ? Tu as l'air un peu éprouvé..."

Kasumi n’avait pas envie de s’écarter de la rôdeuse s’approcha à nouveau d’elle pour laisser ses mains courir un instant encore sur sa chevelure soyeuse puis poussa un long soupir avant de répondre :

- Oui, un peu : ces derniers jours loin de toi ont été éprouvants et j’ai dû transporter une partie des bagages des aigles depuis ce matin. Mais je vais tout de suite beaucoup mieux quand je t'ai à mes côtés. J’espère que tu as repéré un endroit où je pourrai me rendre un peu plus présentable. Enfin, si tu promets de ne pas regarder bien sûr !

Son sourire se fit un instant espiègle, même s’il aspirait avant toute chose à un peu de repos.

La Couronne de Cuivre

[Désert d'Anauroch] Quête : Racines