La Couronne de Cuivre

Kerim ne put s'empêcher de pousser un souffle agacé. C'étais l’inconvénient de ces grandes villes, personne ne se parlait jamais.

- Je viens du bureau de recrutement... Et honnêtement je ne suis pas sure que s'adresser à une personne comme si elle n'était pas la soit réellement efficace. Etre blessant ou agressif ne vous aidera pas à être davantage respecté je pense.

Elle afficha son plus beau sourire en guise de conclusion.

Le silence tomba sur l'allée. Les yeux de l'homme s'étrécirent, il prit une longue et profonde inspiration et lorsqu'il parla, ce fut d'un ton froid et lourd de menaces.
-Bon, laisse-moi t'expliquer deux trois choses, blanc-bec. D'abord, c'est moi qui commande, ici, et je n'ai aucun conseil à recevoir quant à ma manière de faire, certainement pas de la part d'un bouseux débarqué d'on ne sait où. Ensuite, si tu étais passé par le bureau de recrutement et si tu avais été accepté, on t'aurait remis un document que tu te serais empressé de me donner, à moins d'être complètement stupide ou d'avoir une mémoire de poisson rouge. Enfin, si tu n'aimes pas la manière dont ça se passe ici, tu es libre de te tirer. D'ailleurs, à la prochaine incartade, c'est moi qui te vire. C'est compris ?

Kerim était interrogatif. Comment fazil avait-il pu supporter ces montagnes d'égos qui s'entrechoquaient dans ces séismes de douleurs étouffés. Il prit le "document" qui lui avait été remis, le roula en boule, le lança aux pieds de son interlocuteur. Puis il quitta les quais.

Les dockers ne l'interpellèrent pas et tentèrent encore moins de le retenir. En quelques instants, il avait quitté l'allée ; une poignée de minutes encore et les quais avaient disparu.
Kerim progressait désormais dans les petites rues du quartier portuaires. On y trouvait beaucoup d'entrepôts, des habitations et, de-ci, de-là, de modestes boutiques : ici, comme à l'entrée de la ville, la beauté des grandes artères fraîchement rénovées cédait la place à des visions bien moins grandioses sitôt qu'on s'en éloignait et si, en l'occurrence, ce n'était pas la misère noire, les habitants vivant dans le secteur devaient assurément se démener pour parvenir à joindre les deux bouts... D'ailleurs, on voyait peu d'oisifs dans les rues : chacun semblait au contraire très afféré.

Kerim avait agit trop vite très certainement. Il était peu probable que fazil se soit mêlé à ces dockers. Il avait surement trouvé des gens comme lui, discret, travailleurs, solidaires... Ces gens qui avait le bras vaillant et le regard doux. Il se mit à chercher un lieu de vie, une auberge ou quelque chose de ce style pour prendre la température des gens du quartier.

Peut-être le hasard lui fut-il favorable. Peut-être Kerim suivit-il inconsciemment un certain mouvement parmi les passants. Quoi qu'il en soit, son errance le long des rues du port le ramena peu à peu en direction des quais. Et, bientôt, son attention fut attirée par un claquement de porte au pied d'un bâtiment qui, par ailleurs, ne se distinguait guère des autres, il nota alors la présence d'une enseigne portant un nom qui ne lui était pas totalement étranger : Au Luménien Noyé.

La Couronne de Cuivre

[Lieu-dit] Le Port de Melandis