La Couronne de Cuivre

Ce premier échec n’était pas pour la magicienne une porte qu’elle ne franchirait pas, Podrick avait raison, ce qui pour elle était l’évidence même devait lui demander bien plus de notions que ce qu’elle avait estimé. Certes en tant que professeur, une grande partie de ses élèves étaient des humains ou des non-elfes, mais tous connaissant ces sors de base, elle ne s’était guère posé plus de question, voire se demanda si elle même inconsciemment depuis tant d’année n’énumérait pas une incantation. Mais qu’à cela ne tienne, elle consulterait son grimoire, voire ceux de l’université et elle y trouverait bien la formule pour ce sort. En l’instant, il n’était pas question d’en demander plus à l’enfant.<o>

</o> Un chevalier doit apprendre à se remettre sur l'ouvrage bien des fois afin d'assurer sa réussite, mais nous allons laisser ce test pour aujourd’hui, nous y reviendrons une autre fois. Tu as vraiment essayé et tu y as mis toute ton âme, mais cela ne veut rien dire, je chercherai dans mon grimoire et celui de l'université cette formule qui t'est peut-être nécessaire. Elle lui caressa doucement les cheveux et l'entoura de tendresse. Cela ne change rien, je t’aime et que tu possèdes des dons pour la magie ou pas, cela ne changera rien pour moi. Il ne leur restait plus qu’une activité et malgré qu’elle aurait préféré découvrir chez l’enfant ce qu’elle espérait, une petite visite dans les sous-sols de sa maison valait presque tout autant. Bon, nous allons nous préparer pour notre future expédition à la découverte du passage secret et cette fois pas question que tu me quittes d’une semelle.<o></o>

L'enfant arbora une mine terriblement déçu.
-Ben zut alors... soupira-t-il. Je voulais justement jouer les éclaireurs, retomber par le trou, me faire attraper par les fantômes juste pour avoir le plaisir de leur annoncer ta venue !
Il se fendit d'un large sourire.
-Bon, mais tu as raison, c'est trop dangereux pour que je te laisse toute seule.
Aussitôt, il entreprit de rassembler l'équipement nécessaire à leur expédition. En peu de temps, son sac fut prêt.

Seule le sourire de la magicienne laissait comprendre qu’elle sentait que l’enfant avait quelques craintes et elle était assurée que celui-ci resterait près d’elle. <o>

</o> Je vois que tu prends bien soin de moi, je t’en remercie et maintenant que nous sommes parés pour cette expédition, que je sais que tu seras toujours près de moi pour me protéger … en route …<o>

</o> D’un même pas, ils se rendirent dans la cave et Podrick actionna avec adresse le mécanisme d’ouverture de la porte. L’elfe avait veiller à se tenir contre lui et tous deux disparurent en même temps pour se retrouver en haut de l’escalier. Là, l’elfe laissa à l’enfant le soin d’allumer une lanterne qu’il tenait droit devant lui et à part le bruit de chaînes qui les informa qu’ils arrivaient sur la marche piège, rien ne vint troubler leur avance. Trop pressée de rencontrer les fantômes, Arya ordonna à Podrick d’éteindre la lanterne et ils s’élancèrent d’un même pas sur la marche pour se retrouver aussitôt sur le sol sableux amortissant leur chute sachant ce qui allait leur arriver. Le garçon ralluma sa lanterne et ils s’avancèrent vers la pièce où Podrick avait vécu des minutes particulièrement difficiles.<o>

</o> La magicienne ne doutait pas que son petit protéger devait avoir quelques craintes, mais en aucun cas elle n’aurait voulu le lui faire savoir et ouvrit la porte. Son regard balaya la pièce, se portant sur les papiers éparpillés au sol, s’arrêtant sur le trousseau de clef, alors que tous ses sens cherchaient à sentir une présence étrangère, mais pour l’instant leur exploration pouvait commencer dans la plus grande quiétude. Elle s’avança en attrapant tous les feuillets qui se trouvaient sur ses pas, les déposant sur la table.<o>

</o> Dommage que tes fantômes ne soient pas là, espérons qu’ils ne tarderont pas à ce manifester. Pour l’instant, nous allons rassembler les parchemins et voir s’ils ont une quelconque importance.

<o> </o> Un coup d’œil rapide fit comprendre que la plus grande majorité semblait être des pièces comptables, quelques autres des listes de noms, l’elfe fit soigneusement deux piles qu'elle consulterait plus tard afin de pouvoir mieux identifier celui qui avait fait construire ces couloirs et pièces sous la maison. C’est alors qu’elle remarqua dans les mains de Podrick le plan situant l’ensemble du dédale des couloirs, escaliers et pièces qui composaient le sous-sol.<o>

</o> Tiens, nous allons pouvoir explorer sans soucis, mais peut-être devrions-nous regarder dans le coffre avant d’aller plus loin. D’un geste, elle tendit le trousseau de clefs à l’enfant.A toi l’honneur Podrick !
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</o>Elle aurait bien voulu qu’il y découvre un trésor, non par besoin, juste pour voir les yeux de l’enfant briller, mais il n'y avait que des vêtements de styles différents, tous de la même taille, comme si celui qui les y avaient enfermés était comédien ou pour une toute autre raison revêtait des tenues allant de celle de va-nu-pieds à la tenue d’un grand seigneur.
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Podrick brandit soudain le costume le plus misérable d'aspect qu'il avait pu dénicher.
-Tiens, fit-il, radieux. J'ai trouvé ma nouvelle tenue pour l'école ! Elle sera parfaite !
Il la reposa néanmoins et referma le coffre.
-Paré pour explorer les autres pièces ! Et tu vois, j'avais raison : les fantômes ont tellement eu la frousse qu'ils se sont carapatés ailleurs. C'est presque dommage : s'ils étaient encore là, j'aurais pu leur remontrer de quel bois je me chauffe !
Même si sa déclaration avait des allures de bravade, on le sentait plus détendu. Il paraissait visiblement convaincu du départ définitif des spectres.

La plaisanterie de Podrick avait amusé l'elfe qui pourtant fut ravie de voir les haillons rejoindre le reste des vêtements dans le coffre et était ravie de constater qu'il prenait plaisir à leur découverte.

Sans rien emporter de cette première pièce, hormis le plan et le trousseau de clefs que Podrick portait, ils se dirigèrent vers la pièce suivante. Dès cet instant l'elfe compris que la bravade dont il avait fait montre allait se concrétiser alors qu'elle ressentait nettement une présence. Elle se tint au plus près de l'enfant qui ouvrait la porte et lui souffla mi-amusée, mi-rassurante alors qu'un sourire satisfait se faisait sur son visage.

Et bien je crois que tu vas pouvoir démontrer une fois de plus ton courage. Je ne sais si celui qui est présent t'est déjà connu, mais aucun doute que nous n'allons pas tarder à le savoir.

-Je sais... soupira l'enfant.Je l'ai senti aussi.
Il grimaça, puis, se parant d'une mine décidé, il éleva son trousseau pour dévérouiller la porte.
-Attention, on arrive ! lança-t-il, d'un ton de menace décidé et réjoui presque parfaitement crédible..
Et il actionna la poignée.

L'enfant avait un courage qu'Arya appréciait et ses yeux pétillèrent alors que sa voix tintait de la satisfaction de le sentir si fort.

Je suis très fière de toi Podrick.

La porte s'ouvrit sans problème et face à eux, ils découvrirent une pièce aux dimensions semblables à celle qu'ils venaient de quitter. Du sol au plafond s'entassaient moult caisses, sacs et autres contenants qui semblaient avoir été posés là en attente d'un départ ou plutôt pensa l'elfe qui commençait à se doute que ce fut des biens volés, en attende de fouille.

La présence n'était plus diffuse et dans le fond de la pièce se trouvait le fantôme à peine décelable, mais suffisamment visible pour pouvoir le situer. La magicienne avança sans pour autant écarter l'enfant, mais elle était prête à les entourer d'un sort si l'esprit en venait à les menacer physiquement. Elle lui souffla à l'oreille.

Demande-lui son nom et pourquoi il est ici.

Le petit garçon lui jeta un regard horrifié, mais se reprit bien vite. Il n'allait tout de même pas flancher devant la magicienne ! Alors, il fit un pas en avant, se campa face au spectre et, les mains sur les hanches, l'air sûr de lui tout autant que menaçant, il lança d'une voix forte :
-Alors, t'es qui ? Et qu'est ce que tu fais chez nous ? T'as intérêt à répondre vite si tu veux pas d'ennuis !

L'instant de grande frayeur que subit l'enfant n'échappa pas à la magicienne et voyant la bravour dont il faisait preuve ne le suivit pas lorsqu'il s'avança. Certes, elle aurait voulu qu'il soit plus neutre dans le ton de sa voix, qu'il évite les menaces tel qu'elle-même l'aurait fait. Mais l'enfant venait des taudis et elle le laissa utiliser sa manière sans le reprendre.

Il était évident que les mots et la posture de Podrick ne plurent aucunement au spectre qui était là et se fut une bourrasque qui vint balayer la pièce, soulevant la poussière et faisant voler les cheveux des explorateurs, mais les objets qui se trouvaient autour d'eux étaient bien trop lourds et aucun ne bougea.

Petit effronté, comment oses-tu me parler ainsi.

Lentement, mais sûrement le fantôme se rapprochait, son spectre changeant de couleurs et étant de plus en plus visible.

Tu sais mieux que quiconque qui je suis, mais selon toute vraissemblance tu as besoin d'une bonne correction pour te rappeler à mon bon souvenir.

Un rire mauvais résonna de toute parts ....

Podrick blêmit, et sa lèvre inférieure se mit à trembler. Il parut sur le point de battre en retraite mais, au dernier moment, il se reprit et, au contraire, fit un nouveau pas en avant.
-Arrête ton cirque : tu te fatigues pour rien ! lança-t-il. Tu m'as pas trompé hier, tu m'tromperas pas aujourd'hui. Alors, si t'es malin, tu vas te calmer tout de suite et répondre bien gentiment à la question que je t'ai posée...
L'enfant avait terriblement peur, Arya pouvait le sentir, mais il n'en laissait rien paraître, se réfugiant, comme la fois précédente, dans la bravade, l'assurance factice et la provocation. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il donnait parfaitement le change.

La magicienne comprit que l'affrontement serait tôt ou tard incontournable, mais elle ne dit rien, il serait toujours temps d'expliquer plus tard à l'enfant que garder son calme en toute circonstance était préférable. En l'instant, le sort aux bords des lèvres en cas de débordement, elle laissa son petit protéger avancer encore d'un pas malgré qu'elle ressentait vivement la terreur qui l'habitait.

Le spectre enfla et se fut un ouragan qui se déchaîna, la violence fit trembler les piles de caisses et autres tant elle était puissante. Un sac certainement plus léger et probablement déjà en équilibre s'affaissa lourdement à quelques centimètres de Podrick qui avait pu suivre sa lente chute et comprendre rapidement que celui-ci tomberait à ses pieds.

Tu crois m'impressionner, tu sais qui je suis et si je suis ici, c'est que mes biens y sont aussi et que jamais personne, pas plus toi que quiconque d'autre ne pourra se les approprier.

Un rire mauvais se mit à raisonner dans la pièce s'amplifiant à chaque seconde, alors que la porte se fermait dans un bruit sourd qui vint s'ajouter aux sons existants. Tout semblait vibrer dans la petite pièce alors que d'un seul coup la lanterne que portait l'enfant s'éteignait lentement et que si la magicienne pouvait encore voir comme en plein jour, la minuscule lueur qui restait n'était pas suffisante pour que l'enfant puisse distinguer quoi que ce fut.

Instinctivement, Podrick bondit en arrière, manqua percuter la magicienne, faillit perdre l'équilibre. Il resta debout, pourtant, et fit un énorme effort pour museler la peur panique qui menaçait de le submerger. Ce qui lui prit un petit moment, tout de même.
-Arya ? dit-il enfin,, d'une voix faussement enjouée. Si tu montrais à ce fantôme de quoi tu es capable ? Histoire qu'il arrête de se la ramener ?

Le temps qu'Arya eut lancé un sort afin que la lumière revienne, l'enfant avait déjà reculé et elle se maudit de n'avoir pas pensé plus tôt à utiliser la magie pour qu'ils s'éclairent ce qui aurait évitér à l'enfant ce geste qu'il n'aurait certainement pas voulu. Mais peu importe, la lumière était maintenant revenue et la main de la magicienne s'était posée avec réconfort sur l'épaule de l'enfant. Sa voix lança avec tendresse.

Merci Podrick de m'autoriser à parler, mais le museler ne m'intéresse pas, je souhaite qu'il parle et ensuite qu'il disparaisse à tout jamais. Car cette demeure est à nous et il n'est pas cordialement invité.

Tout en l'aspect de la magicienne changea alors qu'elle faisait un pas vers le spectre, elle était l'image parfaite d'une magicienne elfe sûre de ses pouvoirs, autant que de la supériorité de sa race.

Il me semble que nous n'avons pas été présentés et bien que vous soyez indésirable dans notre demeure et sachant que vous êtes sur le point de partir, permettez que je me présente Arya Du Varden. Bien que propriétaire légitime de cette demeure, donc de tout ce qui s'y trouve, sachez que vos biens ne m'intéresse pas. Je suis disposée à les transférer où vous le souhaiterez. Il faut surtout que vous soyez conscient que vous quitterez ce lieu de gré ou de force pour ne plus jamais y revenir, tout comme je n'admettrai aucune nouvelle provocation de votre part.

Le silence s'était fait, le fantôme semblait hésiter sur la réaction à avoir et sa présence visuelle se faisait tantôt presque effacée, tantôt devenait presque palpable. L'esprit tournait et retournait autour d'une caisse qui semblait contenir ce qu'il appelait ses biens.

L'elfe se sentait fière d'avoir à son côté un enfant aussi courageux qui savait, malgré sa peur que son empathie lui renvoyait, montrer un visage décidé et surtout ne pas la prenait pour un bouclier, enfin elle aimait à l'imaginer.

Le fantôme lui semblait de plus en plus prêt à une attaque et le son de sa voix raisonna lugubrement dans la pièce alors que la porte s'ouvrait et se fermait rythmant les paroles du spectre.

Je constate que la sorcière s'est laissée charmée par ce petit scélérat, voleur et menteur il a été et restera. hein Pod alors tu ne lui as pas tout dit rien qu'à voir le regard qu'elle porte sur toi, elle ne sait rien de ton caractère fourbe ... ?! Et elle se dit magicienne.

Un rire haineux termina la phrase du spectre et la magicienne avança d'un pas, elle n'accepterait pas qu'on insulte ainsi l'enfant et s'apprêta à lancer un sort ....

L'accusation avait fait mouche. Podrick avait paru se ratatiner sur lui même, paru vouloir disparaître dans l'instant, se fondre dans les interstices du sol. Mais il n'en pouvait rien faire : il était là, bien là, ne pourrait sortir de la pière avant la fin de la confrontation.
Alors, une nouvelle fois, il tenta de se redonner contenance. Sans grand succès, malheureusement. Et lorsqu'il parla, sa voit tremblait, ses velléités de bravade presque entièrement disparues.
-Je lui ai presque tout dit... Elle le sait. Et ce que j'ai pas dit, ça n'a pas de rapport avec de la fourberie...
Il jeta un regard en coin à la magicienne, guettant un signe, ou tout simplement le lancement d'un sort.

Podrick n'avait pas à espérer, la magicienne ne put accepter que le spectre s'attaque si bassement à son petit protéger. Certes, elle savait avoir choisi un sort que ne l'éliminerait pas car elle tenait à avoir des réponses ... la pièce s'illumina violement alors que déjà l'elfe s'abaissa vers l'enfant, l'enlaça et tenta de le rassurer d'une voix douce.

Podrick, je sais qui tu es, ne te laisse pas impressionner par ses mots qui ne sont faits que pour te terroriser. Tu n'as rien à te reprocher et soit assurer qu'il n'arrivera pas à me troubler. Surtout saches qu'il ne peut rien nous arriver. Je souhaite seulement savoir qui il est et surtout, s'il peut nous éclairer sur ce passé dont tu ne peux te souvenir. Il faut que tu me fasses confiance comme je te fais confiance. Si tu décides de lui parler, alors fait comme moi, reste en dehors de la haine qu'il veut semer.

La magicienne refit face au spectre, le regard hautain et froid, la voix déjà bien plus sèche, mais sans aucune agressivité juste un soupçon de mépris.

Je ne sais qui vous êtes, mais je peux affirmer que vous étiez humain et que vous réagissez comme vos congénères avec une méconnaissance totale de la magie et surtout des capacités des elfes. Nul besoin qu'il me parle pour que je sache que cet enfant est bon et que son âme est pure malgré la vie dure qu'il a eue ... est dont je soupçonne que vous êtes un des responsables.

C'était osé comme pensée que de lancer une accusation, mais au moins la réponse leur offrirait une piste sur l'identité du fantôme.

Un hurlement de rage s'éleva avant de se fondre dans le silence qui revint, puis le spectre ne cessa de disparaître et de réapparaître dans le mur qui leur faisait face.

Si l'enjeu n'avait pas semblé important, l'elfe aurait mis fin aux affres que subissaient l'enfant qu'elle sentait de plus en plus terrorisé, mais elle n'en ferait rien. Pourtant, il fallait le rassurer au maximum, qu'il ne craigne plus la violence du spectre. Sans se soucier des va-et-vient, elle le serra contre-elle.

Podrick, je vais générer un bouclier de mage autour de toi, ainsi tu pourra être assuré que rien ne pourra t'arriver. Il faut absolument que je sache qui il est et qu'il me donne des renseignements. Ce bouclier te protègera, car même les spectres ne peuvent pas le franchir.

Sans attendre, les lèvres de la magicienne remuèrent et un champ de force invisible vint entourer l'enfant. Elle fit de même pour sa propre protection et dès cet instant, la magicienne se sentit plus libre pour agir n'ayant plus à surveiller les moindre gestes qui les entouraient. Elle ne l'avait pas fait dès le départ non seulement elle espérait que le fantôme serait plus coopératif, mais surtout que l'enfant ne serait pas si terrifier se sentant en sécurité auprès d'elle et également que le spectre comprenne qu'ils étaient hors d'atteinte et qu'il puisse s'en rendre compte.

Elle s'avança vers le lieu où il semblait y avoir ce que le fantôme estimait être sa propriété et tout en espérant que ce fut bien le bon paquetage tira sur un sac qui se trouvait au sommet d'une pile. Celui-ci vaccilla avant d'amorcer sa chute .... la rage du fantôme se fit plus violente qu'elle n'avait jamais été et d'un seul coup il se dirigea d'un trait vers l'enfant. Arya savait que son petit protéger ne craignait rien, elle ne bougea pas bien qu'elle se doutait qu'il aurait grand peur, mais cela lui démontrerait également qu'il était maintenant vraiment en sécurité.

Ce n'était pas tant la crainte de ce que pourrait lui faire le spectre qui tenaillait Podrick, même si les émotions vécues la veille étaient encore bien présentes en lui : la magicienne était là, il ne pouvait rien lui arriver de mal.
Non, ce qui le terrifiait, c'était ce que le fantôme pouvait dire. Les mots qu'il prononçait, les sous-entendus, les insinuations, et jusqu'à ce qu'il prétendait être, tout avait de quoi le glacer jusqu'aux os., le renvoyant insidieusement à des choses du passé qu'il aurait préféré oublier. Et, en tout cas, garder par devers lui.
Lorsque l'apparition le chargea, il demeura immobile, tétanisé, ses yeux écarquillés fixés sur l'assaillant. Et au moment où celui-ci s'immobilisait, si près qu'il n'aurait même pas eu besoin de tendre le bras pour le toucher, au moment où la terreur qui l'habitait atteignait son paroxysme, le petit garçon fut tiré de sa paralysie mentale par une terrible sensation qui acheva de faire voler en éclats son allant déjà malmené.
Tu es un bébé... songea-t-il, mortifié, abattu, comme une tâche sombre et circulaire se formait sur le devant de son pantalon. Rien qu'un bébé...
Il en eut les larmes aux yeux.

Ayant été élevée dans la magie, son passé n'ayant été qu'émerveillement et compliments, loin de s'imaginer que Podrick puisse se sentir encore menacé, Arya ne s'occupa que d'analyser le comportement du fantôme et elle en déduit rapidement que le sac qui venait de tomber n'était pas la raison de la présence du spectre.

Son regard balaya la pile et elle décida de se hisser au plus haut, de faire tomber l'un après l'autre les colis, lorsque celui qui l'intéressait serait sous sa main, elle n'aurait aucune difficulté pour le savoir.

Sa démarche eut rapidement l'effet escompté alors qu'elle tentait de faire tomber une lourde caisse, le fantôme émis un hurlement et se précipita sur elle. Tant les sons que la vision du spectre soudainement apparu la firent sursauter et la magicienne ne put éviter un cri strident de surprise ...

Le cri de la magicienne électrisa Podrick. Bébé ou pas, pantalon mouillé ou pas, il ne pouvait laisser Arya seule aux prises avec ce spectre dément ! Alors, aussi rapide qu'il avait été immobile jusqu'ici, il bondit en avant, grimpa sur les ballots et s'agrippa à la caisse qui avait déchaîné l'ire de l'apparition.
-C'est ça que tu veux protéger ? lança-t-il, provocateur. Et bien, va falloir que tu fasses mieux !
Il tira de toute ses forces, sentit la caisse basculer... et fut entraîné dans sa chute.
Avant d'atteindre le sol, il espéra, pensée fugace, que le couvercle sauterait, que le contenu si précieux se répandrait sur le sol... Là, le fantôme serait en rogne, pour sûr ! !

La magicienne n'eut rien à faire qu'à admirer le courage de son petit protéger, sa rapidité et son audace alors que les hurlements du spectre emplirent la pièce et que son ouie trop sensible lui apportait une sourde douleur.

Les espoirs de l'enfant ne se virent pas exaucés, la caisse étaient faite de planches de bois dur bien assemblées et solidement fermé par deux verrous de bonne taille. Mais que la caisse eut été découverte rendit surchauffée l'ambiance de la pièce.

Loin d'être à son aise à cause de la sensibilité de son ouïe, la magicienne se laissa glisser le long des colis jusqu'aux côtés de l'enfant, impatiente de connaître le contenu de la caisse, mais aussi sentant la nécessité de faire cesser les hurlements.

L'elfe éleva la voix comme elle ne l'avait jamais fait pour tenter de se faire entendre.

Silence ... maintenant soit vous vous calmez, soit j'ouvre la caisse.

Le fantôme hésita, quelques hurlements se firent encore entendre avant que le silence ne revienne, mais ce n'était que leurs oreilles qui étaient soulagées car régulièrement le spectre manifestait sa colère par des bourrasques de vent qui menaçaient de faire chutter les caisses maintenant moins bien stables.

Cela suffit à Arya pour se sentir à nouveau parfaitement bien et d'un regard tendre elle entoura Podrick.

As-tu de quoi ouvrir les verous de la caisse dans ton sac ?

La tension était grande et les hurlements n'étaient pas loin de recommencé.

-Heu... répondit le gamin, embarrassé. Je pensais que dans le trousseau, peut-être...
Il grimaça.
-Mais j'ai ce qu'il faut.
Il fit glisser le sac de son épaule, farfouilla à l'intérieur, et en tira une petite tige de métal. Fine, anodine d'aspect, Arya se demanda pourtant bien où il avait pu la dénicher.
-Avec ça, c'est ouvert en moins de deux, reprit le petit garçon. Mais si je le fais, il va se remettre à piailler...

Le sourire entendu que lui fit Arya était autant parlant que la grimace qui l'accompagnait.

Je sais et cela ne m'enchante pas car mon ouïe me fait percevoir les sons encore plus forts, mais peut-être cela l'encouragera-t-il à parler. Loin d'imaginer les réelles préoccupation de l'enfant, sa voix se fit encourageante maintenant qu'elle savait que Podrick avait compris qu'il ne craignait rien car les ondes qui l'entouraient lui conféraient une totale protection. Si tu veux l'interroger, je te laisse faire ... tente juste de rester calme.

-Lui parler ? Franchement, à part lui demander d'aller se faire voir, j'ai rien à lui dire... souffla Podrick de manière à ce que seule Arya put l'entendre.
Il reporta son attention sur la caisse, lorgna un instant la tige de métal qu'il tenait dans la main... Puis fit mine de crocheter les serrures, un sourire provocateur aux lèvres.
A tourmenteur, tourmenteur et demi... paraissait-il songer.

Si la magicienne n'était pas d'avis d'envoyer le fantôme se faire voir ailleurs, elle ne manqua pas de s'amuser au sourire provocateur de l'enfant alors qu'une grimace se fit sur son visage aux hurlements puissants qui emplirent subitement la pièce. Elle retint la main de l'enfant ce qui fit à son grand soulagement baisser un peu l'intensité des cris. Mais, le cyclone qui les avait accompagné avait fini de déstabiliser une des caisse qui vint se fracasser sur le sol aux côtés de l'enfant. Celle-ci béant sur tous les côtés laissaient parraître mille objets sans réelle valeur marchande que l'enfant n'eut aucune peine à reconnaître car s'étaient ceux dont il avait été spolié.

Il vous suffit de répondre à mes questions et si je suis satisfaite, Podrick laissera tranquille la serrure, mais si vous persistez à vous taire et surtout à vous manifester violement, je ne l'arrêterai plus du tout.

L'elfe était surprise qu'il lui fut si facile de mentir, car si une chose était certaine, c'est que son petit protéger ouvrirait la caisse, il méritait bien cette petite compensation qui démontrerait qu'à défaut que l'homme puisse être jugé, il allait tout de même payer ses crimes.

Le silence s'était fait, le spectre semblait avoir disparu, Arya posa son regard sur son petit protéger ...

L’elfe s’approcha de Podrick et l’enlaça, leurs ondes protectrices se mêlèrent pour n’en former plus qu’une alors qu’Arya ressentait au plus vif le ressentit de l’enfant et que ces sentiments eurent un effet fulgurant.

Son teint devint encore plus transparent dû aux sentiments de colère, de haine et d’esprit justicier et destructeur qui vinrent empreindre son esprit sans qu’elle y oppose la moindre résistance. Ce mélange la rendait telle une furie et, se relevant brusquement, pointant un doigt accusateur et vengeur vers le spectre, elle s’avança vers lui. Mais cette colère qui l’habitait, la voix de son père qui l’invectivait au calme et qu’elle n’écoutait pas faisait de la magicienne un être inoffensif, incapable de se concentrer et par là dépourvue de tout capacité à lancer des sorts. Certes, au bout de ses doigts quelques flammèches vivaient une fraction de seconde, quelques ondes venaient à les entourer de leurs couleurs changeantes, son corps tout entier se paraît par moment d’une aura étrange, mais rien de plus et surtout rien qui put inquiéter le fantôme d'autant qu'aucun son ne franchissait ses lèvres.

Alors ce fut la danse du spectre accompagnée d’un rire sarcastique et mauvais, de paroles répétées encore et encore d’une voix forte et haineuse, dans laquelle se reflétait la vie de l’homme qu’il avait été.

Vous voulez savoir qui je suis …. Le comte Loup De Structeur, capitaine du grand Morféa Nwalk …