La Couronne de Cuivre

"... et ensuite, tu termineras par les sols du salon et le hall, tu as compris ?"

C'était bien la voix de la cuisinière.

A l'instant où elle arrivait au bout du couloir, Yvette et sa fille, Marjorie, quittaient la buanderie.

"Madame ?, l'interrogea Yvette. Que puis-je pour vous ?"

Marjorie la salua brièvement, et se faufila derrière d'elle, munie de seaux, de balais, et autres serpillières qu'elle manqua de lâcher à plusieurs reprises.

Gabrielle suivit Marjorie du regard sans dire un mot, hochant poliment la tête lorsque celle-ci la salua. Si le corps du comte dans la cuisine n'avait pas été plus important, elle l'aurait sans doute suivie pour lui parler.

Elle se tourna vers la cuisinière.

- Oui, je dois retourner auprès du corps avant que mes collègues ne viennent s'occuper de lui et je perdrais beaucoup moins de temps si quelqu'un pouvait m'accompagner.

Le visage d'Yvette se crispa à l'évocation du corps, puis se déforma en un semblant de sourire de politesse.

"Avec plaisir, répondit-elle enfin. Je devais de toute façon débarrasser le petit-déjeuner. Suivez-moi."

La cuisinière tourna à gauche à l'intersection, emboitant les pas de Marjorie qui disparut derrière une grande porte au bout du couloir.

Elles traversèrent ensuite le grand hall d'entrée, le grand salon à la cheminée à tête de serpent (où Marjorie avait installé son matériel et commencé le ménage), et enfin la salle à manger.

"C'est par là", lui indiqua-t-elle en désignant la petite porte qui menaient aux cuisines.

Gabrielle poussa les deux battants, et pénétra enfin dans l'arrière cuisine. Le corps était toujours là. Les traces de sang - séchées depuis la veille - aussi. Et elle était loin d'avoir eu le temps de passer au peigne fin tous ces placards...

[HRP : pour rappel, il est aussi possible d'entrer et de sortir de l'arrière-cuisine par le couloir en arc de cercle aux têtes de gargouilles, en face de la porte menant aux cuisines]

Gabrielle remercia la cuisinière et, sans attendre, sortit de sa veste de quoi prendre les mesures des empruntes. Une fois cela fait, elle s'appliqua à fouiller le corps dans l'espoir de trouver quelque chose d'intéressant dans les poches de sa veste ou peut-être ailleurs.

Et puis elle se redressa et observa le corps comme si c'était la première fois qu'elle le voyait, essayant peut-être de repérer quelque chose de nouveau, quelque chose qu'elle n'aurait pas remarqué la veille.

Vingt-et-un, vingt deux, vingt trois... Entre vingt trois et vingt quatre centimètres... La personne qui avait laissé ces traces chaussait environ du 37. Plutôt une pointure de femme, donc, elle avait visé juste au premier coup d'oeil. Ne restait plus qu'à déterminer qui avait une pointure comprise entre 36 et 38...

Gabrielle passa ensuite au corps lui-même. Les poches extérieures de la veste de la victime contenaient quelques pièces de monnaies, un mouchoir brodé, ainsi qu'une montre à gousset.

Elle retourna ensuite le pan de sa veste, dévoilant ainsi une poche intérieure, contenant une prise bien plus intéressante : un trousseau de clés. Difficile de savoir ce qu'elles pouvaient ouvrir, en revanche.

Satisfaite de son butin, Gabrielle se redressa, balayant une dernière fois la pièce. Que pouvait-elle avoir manqué... ? Contrairement à la veille, la lumière fonctionnait de nouveau, ce qui facilitait tout de même grandement ses recherches.

Oui, il y avait bien quelque chose... Quelque chose de... luisant. Sur le plan de travail, mais aussi sur un coin de la veste... Et sur l'angle du mur qui menait au couloir sombre. Quelqu'un avait peut-être renversé quelque chose... et s'était enfui dans cette direction... en effleurant le mur. Ou peut-être pas...

La découverte du trousseau de clés ravit Gabrielle, se voyant déjà ouvrir toutes les portes qui lui étaient fermées, tous les tiroirs où elle n'avait pas encore mis son nez. L'armoire dans la chambre du comte ? Ce n'était plus un problème, elle était sûre qu'une de ces clés était la bonne. Peut-être même pourrait-elle accéder à des lieux connus uniquement du compte.

Les tâches luisantes sur le plan de travail et sur la veste étaient semblables à celle qu'elle avait trouvée dans le couloir en arc de cercle, la veille. A moins qu'un invité ou un domestique n'arbore la même substance luisante sur ses vêtements - et vu qu'elle était probablement la seule à ne pas avoir changé de vêtement depuis hier, cela serait encore plus dur à vérifier - elle n'était guère avancée.

Elle jeta un oeil sur sa montre et se demanda de combien de temps elle disposait avant que ses collègues n 'arrivent pour s'occuper du corps.

Dix heures moins dix minutes.

Il y avait encore du temps avant l'arrivée du légiste.

Parfait, elle pourrait peut-être en profiter pour parler à Marjorie. Elle avait plus ou moins mémorisé le chemin qu'avait pris Yvette pour la conduire ici et pourrait revenir sur ses pas sans trop de mal, enfin elle l'espérait.

Gabrielle s'approcha des portes de la cuisine, d'où elle perçut quelques échanges de voix...

"Dans tous les cas, je n'ai pas cessé de multiplier les allées et venues depuis ce matin... Je suis comme vous Yvette, j’espère que cela ne va pas trop durer..."

Le majordome était là lui aussi, apparemment. Elle ouvrit la porte tout à coup, les surprenant lui et la cuisinière en pleine conversation... qu'elle devina privée, au silence qui s'ensuivit aussitôt. Tous deux s'étaient chargés de la vaisselle sur la table, qu'ils transportaient vers les éviers de la pièce voisine.

Gabrielle s'assura brièvement de son chemin auprès d'Yvette, puis traversa la salle à manger jusqu'au grand salon.

Marjorie était toujours là, serpillère à la main.

"Excusez-moi, le sol est glissant..., s'excusa-t-elle. Vous pouvez passer par les tapis si vous voulez."

Il fallait encore traverser le hall derrière les portes en face d'elle, puis le couloir qui menaient aux escaliers, pour parvenir à la chambre du Comte. Mais c'était peut-être aussi l'occasion de s'entretenir un peu plus étroitement avec la femme de chambre...

- En fait, répondit Gabrielle avec un sourire, c'est vous que je voulais voir. Je ne vous dérangerais pas longtemps, juste le temps de vous poser quelques questions. Puis elle sortit son incontournable calepin. Tout d'abord... Pourriez-vous me parler de mademoiselle Stoän ? J'ai remarqué que vous étiez assez proches hier, pour quelle raison ? La connaissiez-vous avant cette soirée ?

"Mademoiselle... qui ?., répondit-elle, surprise. Oh, vous voulez dire madame Sofia ? Je ne la connaissais pas avant hier, non. Je lui ai simplement proposé de partager ma chambre pour... heu... enfin, pour qu'elle ne dorme pas toute seule."

Elle marqua un temps d'arrêt.

"Elle est très gentille, vous savez."

Elle avait à peine fini sa phrase que les portes de la salle à manger s'ouvrirent, laissant apparaître le majordome, qui traversa la salle jusqu'au hall en face.

Gabrielle suivit le majordome du regard et attendit qu'il quitte la salle pour reprendre ses questions.

- Vous étiez avec elle lorsqu'elle a... retrouvé le corps ?

Marjorie ne répondit pas tout de suite, et Gabrielle repéra quelques mouvements de ses yeux vers le plafond, ou fuyant sur les côtés.

"Non, je..., commença-t-elle. Comme je vous l'ai dit, j'ai entendu madame crier, et... je... enfin, je suis accourue voir si tout allait bien."

Marjorie réfléchit un instant.

"Quand je suis arrivée, madame était là, paniquée, à côté... enfin, à côté du corps du maître..."

Gabrielle croisa les bras, elle avait une sensation étrange. Marjorie semblait distraite et réfléchissait peut-être un peu trop. Malgré tout, elle décida de ne pas insister.

- Je vois. Pouvez-vous me parler du compte et des autres domestiques ?

La lieutenante était surtout très intéressée par cette fameuse histoire avec le jardinier et sa cabane pleine de sang.

"Le maître ?, répondit la jeune fille, visiblement troublée. Il était... enfin... Il n'était pas toujours très gentil... Avec moi, il était des fois gentils. Mais pas..., enfin, il était trop gentil des fois. J'aimais pas ça."

Elle réfléchit un instant.

"Souvent, il s'enfermait dans son atelier, et il travaillait pendant longtemps. J'ai entendu des choses... qui faisaient peur, parfois. Des sortes de cris... Je ne sais pas d'où ils venaient... Mais ça faisait peur. Personne n'avait le droit d'entrer dans son atelier. Il avait dit que c'était à cause des gaz chimiques... Je ne sais pas ce que je peux vous dire de plus. "

"Et les autres employés ?", insista Gabrielle.

Marjorie leva les yeux vers le plafond un instant.

"Il y a maman. Elle me dit toujours ce que je dois faire, et elle me prend pour une idiote ! Mais c'est ma maman, alors je n'ai rien à dire. C'est elle qui m'a faite venir travailler ici, il y a... 4 ans je crois ? La femme de chambre d'avant a eu un accident. J'espère qu'il m'arrivera pas la même chose !"

Elle marqua une petite pause.

"Après, il y a Émile. Je l'aime bien, même si des fois il a l'air triste. Il est gentil avec moi, il est gentil avec tout le monde en fait. Il s'occupe de tous les papiers du maître. Sinon, il y a Fernand aussi. Il est un peu bizarre, mais il me fait rire. Il rentre pas souvent dans le château, il doit tout le temps s'occuper du parc, des chevaux, de l'allée..."

Marjorie haussa ensuite les épaules.

"Voilà, c'est tout ! Enfin, il y a aussi... Marie-Madeleine. Mais je ne la connais pas, et en plus elle m'a pris ma chambre !"

Gabrielle griffonna quelques notes dans son calepin, et poursuivit.

"J'aurais une autre question, s'il vous plait. J'ai entendu parler d'une... cabane, avec du sang ? Il parait que vous avez trouvé quelque chose ?"

Marjorie écarquilla les yeux un instant.

"Je... je ne sais pas, répondit-elle en détournant le visage. Il me semble... avoir vu des traces de sang, hier soir, dans la cabane de Fernand, dans la cours... Je suis vite allée prévenir maman, et le maître. Mais ils ne m'ont pas crue... J'ai cru qu'il était arrivé quelque chose à Fernand. Après, j'ai l'ai croisé, quand il est venu nous dire que le courant était coupé, et je lui ai demandé si ça allait. Il m'a juste dit qu'il s'était coupé au bras."

Elle fit une moue pour le moins dubitative, puis ajouta.

"Ca faisait beaucoup de sang pour une coupure."

Décidément, cet interrogatoire se révélait extrêmement intéressant. Peut-être irait-elle rendre visite au jardinier dans la journée – c'était même plus que probable. Elle était sûre qu'il serait ravi de la recevoir dans sa cabane autour d'une tasse de thé.

- Qu'est-il arrivé à l'ancienne femme de chambre ? demanda t-elle sans réussir à masquer sa curiosité.

Marjorie la dévisagea un instant, incrédule.

"Je... ne sais pas trop. On ne m'en a jamais vraiment parlé. Elle a eu un accident je crois. Il faudrait plutôt demander ça à maman..."

Et c'est ce qu'elle ferait.

- Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps. Une dernière chose... Où pourrais-je trouver l'atelier du comte ?

Marjorie n'aurait même pas besoin de l'accompagner, elle se contenterait de noter les indications sur son calepin. Elle qui venait tout juste de trouver le trousseau de clés personnel du comte, elle savait maintenant très précisément où aller.

" Personne n'avait le droit d'y entrer ", voilà qui promettait d'être intéressant.

La jeune fille réfléchit un instant.

"A l'étage, dans l'aile Nord je crois. C'est la porte en face de celle de la chambre du maître."

Gabrielle la remercia, et s'empressa de se rejoindre le hall en direction de l'aile Nord. Au moins, elle ne risquait pas de se perdre, elle venait à peine de faire ce trajet pour la seconde fois de la matinée... (du moins, elle l'espérait...)

Elle croisa sur son trajet un jeune homme - adolescent aurait été plus juste - qu'elle n'avait pas encore eu le loisir de croiser depuis son arrivée. Brun, les cheveux courts, en bataille, il semblait à peine réveillé, et la salua d'un grognement amical lorsqu'il se croisèrent.

Gabrielle monta enfin les marches qui menaient à l'étage, dans l'espèce de vestibule allongé. Sur sa droite, la porte de la chambre du Comte - qui menait aussi au bureau, et sur sa gauche, celle qu'elle supposa mener au fameux atelier. Toutes deux entrouvertes.

L'inspectrice se dirigea donc cette fois sur sa gauche, et passa la tête par la porte.

Quel spectacle !

On trouvait de tout, ici. Tables d'alchimies, alambics, étranges machines de métal et de vapeur munies de manettes, tomes de médecines volumineux ouverts sur de complexes schémas... Il y avait même un squelette humain suspendu par des tiges métalliques dans un coin de la pièce...

En tous cas, il s'agissait bien du fameux atelier. De Rochebois avait peut-être bien raison, avec le recul : une forte odeur de souffre, mêlée à des relents âcres qu'elle ne discerna pas distinctement, emplissait l'atmosphère saturée de la pièce. Il y avait là de quoi donner une forte migraine à quiconque y demeurait un peu trop longtemps.

Il était difficile de savoir par où commencer les recherches, pour un néophyte. Ce lieu était à n'en pas douter dédié à la chimie et aux sciences en général, et elle ne releva pas - du moins au premier coup d'oeil - d'armoire, de secrétaire, ou encore de bureau, susceptible de contenir quelque information personnelle.

Gabrielle ne savait pas vraiment où donner de la tête et commença à inspecter les lieux avec minutie, même si la forte odeur de soufre commençait déjà à lui donner mal à la tête.

[HRP : Désolée pour le post court. Je ne sais pas si elle trouvera quelque chose d'intéressant ici mais tu peux la faire retourner dans la chambre du comte pour tenter d'ouvrir l'armoire avec l'une des clés du trousseau si ce n'est pas le cas. Je te dis ça parce que je ne sais pas si je pourrais poster ce soir

]

Potions, fioles, alambics... Gabrielle se pencha un peu plus longuement sur quelques tomes d'anatomie griffonnées de toute part au crayon à papier. En vain, cependant... Trop technique, trop pointu... Elle reconnut quelques formules de chimie et de physique, mais sans comprendre le sens réel des expériences menées...

Une table attira cependant son attention. Pas que son contenu diffère grandement des autres, mais de part une couche de poussière bien moins épaisse que ses voisines. La dernière expérience en date du Comte ?

Encastrée dans le mur, une machine dotée de trois bras métalliques articulés surmontait la table, sur laquelle trônaient trois fioles de couleur, chacune numérotée d'un chiffre romain. "I" pour la verte, "II" pour la rouge, "III" pour la noire.

Gabrielle était sur le point d'inspecter d'un peu plus près le matériel qu'elle perçut tout à coup un bruit sourd derrière elle.

Quelqu'un.

Quelqu'un était en train de s'enfuir !

Elle se précipita aussitôt dans l'axe de la porte, mais n'eut qu'à peine de le temps d'apercevoir une jambe de pantalon.

Sans vraiment réfléchir, Gabrielle s'élança derrière le fuyard et lui criant de s'arrêter. Instinctivement, elle posa une main sur son arme, mais décida de ne pas la sortir.

Gabrielle s'engagea sur la piste toute fraîche du fuyard. Mais à peine avait-elle violemment poussé les portes de l'atelier qu'elle tomba nez à nez avec le majordome, en haut des marches qui descendait vers le rez-de-chaussée.

"Lieutenante, c'est vous ?", s'exclama-t-il en esquissant un léger mouvement de recul.

Émile semblait essoufflé.

"Mais que signifie donc cette mascarade ?, reprit-il une fois la surprise première passée. Vous vous croyez au Far West ?! J'ai bien cru que j'allais y rester !"

Face au majordome, elle stoppa net et jeta des regards frénétiques d'un bout à l'autre du couloir, dans l'espoir d'apercevoir le fuyard. Rien. Rien qu'Emile. Un Emile drôlement essoufflé. Était-il en train de se moquer d'elle ?

- Tiens tiens, monsieur Martineau, s'exclama la lieutenante. J'imagine que vous n'avez vu personne passer par ici en courant ?

Bien sûr qu'il n'avait rien vu puisque c'était lui qui venait tout juste de s'enfuir ! En tout cas elle en était convaincue.

Émile rajusta son col, et fronça les sourcils d'un air outré.

"Mis à part moi-même non, je ne vois pas, répondit-il en plissant les lèvres. Mais étrangement, lorsque que je vois des silhouettes se balader avec des armes à feu, je prends peur, voyez-vous, ajouta-t-il en désignant son arme. Je vous rappelle qu'il y a probablement un meurtrier qui traîne dans les parages, au cas où vous l'auriez oublié !"

Pourquoi s'enflammait-il de cette façon ? Elle n'avait même pas dégainé son arme. Ce fut à son tour de froncer les sourcils et de répliquer sur le même ton :

- C'est justement parce qu'un meurtrier traine dans les parages que je porte une arme, au cas où vous l'auriez oublié.

Sans doute avait-il également oublié qu'elle était lieutenant de police. Ce n'était pas très grave, elle se ferait un plaisir de lui rappeler.

- Votre toux s'est-elle calmée ? demanda t-elle soudain. Vous avez presque réveillé tout le château la nuit dernière, entre ça et vos allers et venues... Elle lui adressa un sourire. Oh bien sûr elle n'avait rien entendu la nuit dernière, mais il n'était pas obligé de le savoir. Au fait, qu'est-ce que vous faisiez ici au juste ?

Émile marqua un instant d'hésitation. Sa petite tirade semblait bien l'avoir déstabilisé.

"Je me cachais, pardi, quoi d'autre ?, rétorqua-t-il enfin. Puisque visiblement vous êtes incapable d'assurer notre sécurité et que des personnes armées se baladent dans l'enceinte..."

Le majordome rajusta son veston et reprit.

"Il y a bien des choses étranges qui se passent dans ce château depuis hier, mais cela évidement vous vous en moquez."

De toute évidence, il n'y avait pas à chercher bien plus loin. Cette histoire de trésor hypothétique était monté à la tête de tout le monde. Et ces élucubrations d'héritage avaient créé autant d'inspecteurs en herbe...

Mais c'est qu'il commençait à la mettre de travers, ce fichu majordome. Gabrielle essaya de garder son calme, après tout ce n'était pas la première fois que quelqu'un s'imaginait lui apprendre comment faire son travail.

- Assurer votre sécurité ? Comment suis-je supposée assurer votre sécurité alors vous vous comportez tous de façon suspecte et que vous passez tous votre temps à me mentir ? Et si, au lieu de vous plaindre de la façon dont je fais mon travail, vous commenciez par me dire tout ce que vous savez ? Si vous voulez vraiment que je coince le meurtrier, il va falloir collaborer mon p'tit vieux.

Bon, elle s'était peut-être un tantinet emportée...

Le majordome se sentit quelque peu déstabilisé un instant, mais se reprit très vite.

"Mais... vous ne m'avez posé aucune question jusqu'alors..., expliqua-t-il."

Il poussa un soupir.

"A votre avis, quel est l'avenir du personnel, maintenant que le maître a disparu ?"

Il laissa sa question en suspend un instant.

"Incertain c'est le moins qu'on puisse dire..., conclut-il en secouant la tête. Une fois que vous serez partie, qui paiera le prix de tout ce qui aura pu se passer entre ces murs ? Je vous le demande, madame..."

Il semblait sincèrement préoccupé, même s'il était resté très évasif.

Quelques pas résonnèrent alors dans les escaliers.

"Émile ? Vous êtes ici, Émile ?"

C'était Marie-Madeleine.

"Oui Marie, répondit aussitôt le majordome avec dignité, y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous ?"

La vieille dame hésita un instant.

"C'est..., hésita-t-elle. C'est pour... être payée, mon salaire, vous savez... Et comme monsieur le Comte est... enfin, n'est plus..."

Elle se tourna enfin vers Gabrielle.

"Oh, je... je vous dérange, peut-être ?"

Gabriella se calma presque instantanément. Le majordome lui posait des questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre et elle n'eut heureusement pas à le faire puisque Marie-Madeleine venait de faire irruption. Elle les regarda tout deux à tour de rôle puis déclara :

- Est-ce que cela peut attendre ? J'ai vraiment besoin de parler à monsieur Martineau. Seul à seul...

Le ton n'était pas brusque mais la lieutenante savait que si elle laissait le majordome s'éclipser elle n'était pas prête de le revoir. Et pourtant c'était certainement la personne qui en savait le plus ici...

La Couronne de Cuivre

[MP] Histoire : Echo