La Couronne de Cuivre

Surya laissa son regard errer sur le village abandonné. Nul cadavre, contrairement à ce qu'elle escomptait. Peut-être étaient-ils entassés quelque part, cachés. Certainement même... Vu le genre de monstres que semblaient être leurs agresseurs, il était peu probable qu'ils aient eu la décence de les brûler et encore moins de les enterrer.
Le chêne l'attirait, ainsi que la belle demeure qui se trouvait à côté. Mais le temple, plus proche, à la porte barrée, était un symbole autrement plus significatif. Helm, si elle se souvenait bien ce qu'elle avait lu, était la divinité tutélaire de la cité de Manost, la dirigeant, soi-disant, par l'intermédiaire de quelqu'un nommé le grand émissaire. Certes, Helm était mort, et peut-être que c'était depuis ce temps que la porte du temple était barrée... mais peut-être pas. Et ça n'en restait pas moins un symbole parlant pour leurs ennemis mélandiens : s'ils n'avaient pas détruit le temple, c'est peut-être parce qu'il jouait un rôle dans leur jeu morbide qu'avait évoqué le soldat dément. Ils pouvaient avoir pris plaisir à montrer aux villageois que leur dieu ne pouvait pas venir à leur secours.
- Je pense qu'il faudrait aller voir ce temple, murmura-t-elle, d'une voix un peu trop blanche-mais ça pouvait passer pour une conséquence de son extinction de voix matinale-, à l'adresse de Galariel et Tristan.

Galariel se tourna vers Tristan et le sergent, soutenant la proposition de Surya:

- Elle a raison, ce temple est un symbole trop tentant pour des créatures intelligentes qui aiment le mal. Surtout si elles ne craignent pas le courroux d'un dieu mort. Nous devrions suivre son intuition et aller voir là-bas ce qui s'y trouve.

Quand un lieu de culte était laissé intact par les adorateurs d'un dieu adverse, cela sentait mauvais, au figuré. Elle espérait que cela ne le soit pas au propre.

A l’unanimité, la décision fut donc prise d’aller inspecter le petit temple, symbole de l’emprise manostienne sur cette région et sur ses coutumes. Nul doute qu’il avait été une cible privilégiée de ceux ayant mis à sac le village, pour le symbole qu’il représentait plus que pour les richesses qu’il était susceptible de contenir.

La porte fut rapidement dégagée car elle avait été barrée depuis l’extérieur, comme si on avait voulu empêcher quelqu’un de sortir plutôt que d’entrer. Le sergent appela ses hommes à la prudence, disposant deux hommes de part et d’autres des battants tandis qu’il les manipulait avec Tristan.

**Ambiance**

Une salle sombre se révéla ainsi aux yeux des aventurières. On distinguait les bancs réservés aux fidèles ainsi qu’un autel au fond de la bâtisse. Ce dernier était cependant plongé dans la pénombre. En entrant dans ce temple qui aurait dû irradier de puissance et de clarté, on ne pouvait se départir d’une impression de malaise et de souillure. La voix du sergent s’entendit, étouffée :

- Par Lathandre, qu’ont-ils mis sur les vitraux ? Avançons avec prudence !

Et en effet, une substance poisseuse avait semblait-il été barbouillée devant toutes les sources de lumière, créant cette atmosphère obscure. Mais était-ce seulement l’absence de lumière qui en était la cause ?

L'ambiance du lieu mettait Galariel mal à l'aise, la musique qui lui venait à l'esprit lui glaçait même le sang sans savoir d'où ça venait, l'imagination voue joue des tours pendables des fois. Une chose la mettait particulièrement mal à l'aise, elle se disait que la quantité de matière poisseuse nécessaire pour recouvrir les murs devait être assez importante et elle se demandait où elle avait été trouvée. Ca ressemblait vraiment trop à ... du sang, elle espérait se tromper.

Surya laissa son regard errer sur les murs, les vitraux. Qu'est-ce qu'ils avaient mis là-dessus ? songea-t-elle en écho aux les paroles du sergent. Tout de même pas... du sang ?
Elle sentit le sien se glacer dans ses veines, et s'arrêta net. L'atmosphère du lieu était trop oppressante. Ils avaient fait quelque chose d'affreux, d'horrible ici, cela se sentait, même si elle ne pouvait savoir d'où venait cette sensation. Peut-être du sang sur les vitraux... Et de la pénombre ambiante, anormale pour un temple.
Elle n'avait qu'une envie, ressortir et fuir loin d'ici. Elle serra ses poings, s'efforçant de retrouver un peu de sang-froid. Elle devait voir. Observer, écouter, témoigner. Et pour voir... il fallait avancer. mais elle laissa soigneusement les soldats passer devant, préférant se mettre à l'abri du danger. Elle aurait peut-être dû tenter de chanter quelque chose pour leur redonner un peu de cœur et faire reculer cette atmosphère malsaine. Mais elle ne s'en sentait pas capable. D'instinct, elle se rapprocha de Tristan, comme si un prêtre lathandrite avait le pouvoir de contrer l'obscurité ambiante.

Alors qu’ils dépassaient une petite chapelle sur leur gauche, un faible rai de lumière passa dans un vitrail à un endroit où la substance poisseuse n’en recouvrait qu’imparfaitement la surface. Mais loin d’apporter du baume au cœur au groupe, la lueur rougeâtre en bordure de la brèche confirma les pires craintes des deux aventurières. Si ce n’était pas du sang qui avait été répandu ici, la ressemblance était diablement convaincante !
Alors que les soldats marquaient eux aussi une hésitation quant à l’intérêt de cette exploration macabre, Tristan se figea à côté de Surya et laissa échapper un hoquet de surprise :

- Par Lathandre ! J’ai vu une ombre bouger derrière ce pupitre, j’en jurerais.

Les soldats s’étaient aussi mis en garde, à la recherche de l’intrus. Les jeunes femmes, quant à elle, n’avaient pas pu percevoir le mouvement, occupées qu’elles étaient pas la contemplation des vitraux. Mais toutes et tous ressentirent un frisson glacé quand l’atmosphère sembla subitement perdre quelques degrés. Comme pour confirmer leur sensation physique, des bruits de pas légers se firent entendre au fond du sanctuaire, dans la direction d’une petite porte de service qui n’était pas ouverte quelques instants plus tôt.

Surya recula instinctivement d'un pas. Elle n'était décidément pas une guerrière. La curiosité lui commandait d'aller voir de plus près, mais l'atmosphère lugubre du lieu, ajoutée aux paroles du garde dément, ne lui disait rien qui vaille. les morts marchaient, avait-il dit. Il était probable que la silhouette entrevue en soit un. Un vivant se serait au contraire précipité vers ses sauveteurs, non ?
La prudence commandait de toute façon de laisser les gardes et Galariel passer devant. Le clerc avait sans doute le pouvoir de vérifier si c'était un mort-vivant, voire de le repousser. Raison de plus pour rester auprès de lui.

Malgré elle Galariel serra ses armes avec tellement de force que les jointures de ses doigts blanchirent sur leurs poignées, le duvet de son cou s'hérissa tant son instinct lui criait que le danger était proche et qu'une peur irrationnelle commençait à étreindre son coeur de ses griffes immatérielles. Est-ce que cela était du à une espèce d'aura émise par la forme entraperçue près de l'autel, un quelconque sort d'anathème lancé sur le temple ou l'effet de son imagination en raison de l'ambiance morbide de ce lieu, elle ne savait le dire mais il y avait quelque chose ici qui la terrifiait sans qu'elle n'arrive à en identifier la cause. Un rapide coup d'oeil à Surya lui confirma qu'elle n'était pas la seule dans ce cas.

Tristan se mit à réciter une incantation inconnue des deux jeunes femmes et, alors qu’il l’achevait, il vacilla et dut se rattraper lourdement au banc devant lui pour éviter de s’affaler. Le sergent intervint aussitôt avec une pointe d’inquiétude cette fois :

- Qu’avez-vous senti, Tristan ?

Ce dernier mit plusieurs secondes à répondre encore, le temps de reprendre un semblant de contenance :

- Du désespoir, de la douleur. Et plus fort que le reste, un terrible appel de détresse. Un enfant, peut-être deux. C’est très étrange, je n’ai jamais rien ressenti de tel.

Le sergent tourna son regard vers Galariel et Surya puis vers ses hommes quand il leur ordonna d’avancer avec prudence. Une précaution inutile à en juger par le peu d’entrain des hommes à s’approcher du fond du temple. Alors qu’ils atteignaient la petite porte, les pas de course se firent entendre. La porte donnait, après une volée de trois marches, sur une pièce plus longue que large aux murs encombrés d’étagères. A demi caché derrière l’une d’elle, une petite silhouette se pencha pour jeter un regard dans leur direction avant de se détourner et de courir vers le fond de la pièce et une nouvelle porte, leur lançant un défi de sa voix enfantine :

- Vous ne m’attraperez pas !

Le silence était pesant et seulement troublé par les respirations haletantes des personnes présentes, Galariel murmura:

- Je n'aime pas ça, il serait sage de considérer cet enfant comme étant d'abord une menace potentielle. Rien ne dit que nous sommes en présence d'un enfant d'ailleurs.

Nul doute que cet avis était largement partagé.

Surya avait observé avec angoisse la réaction du prêtre. Ce qui s'était passé était-il si affreux, pour qu'un clerc lathandrite en soit ainsi affecté ? Elle sursauta en voyant la silhouette, en entendant les paroles. Mais Galariel n'avait sans doute pas tort. Un enfant, après avoir vécu les horreurs qui s'étaient produites ici, ne se comporterait sans doute pas de manière si légère, ne chercherait pas à jouer. Ce n'était pas un enfant. Du moins c'était l'impression de Surya. Mais elle devait bien reconnaître n'avoir aucune expérience en matière d'enfants.
Elle se tourna néanmoins vers le clerc, par acquis de conscience :
- Cet appel de détresse que vous avez ressenti... Vous avez l'impression que c'est un reflet d'une détresse passée, d'un enfant qui a désespérément appelé au secours avant de mourir ? Ou bien... avez-vous eu la sensation que c'était quelque chose qui se produisait maintenant, qu'il y a un enfant en danger maintenant ?
Sa question était peut-être absurde : le prêtre pouvait-il percevoir cela ? Et même s'il s'agissait d'un appel réel, actuel, rien ne disait qu'il provenait de l'ombre vue, rien ne prouvait qu'il n'y avait pas de danger au-delà de la porte. Et puis, quelle que soit la réponse, il leur faudrait de toute façon aller voir...

Tristan secoua la tête sans avoir besoin de formaliser ses doutes pour confirmer ceux de la barde. Il répondit néanmoins de son mieux :

- Je l’ignore. Cela fait-il une différence ? C’est peut-être un piège pour nous attirer dans un traquenard mais nous sommes ici pour enquêter. Je n’arrive cependant pas à me départir d’une impression de malaise. Comme si une présence, une aura malsaine rôdait ici. Mais quoi de moins étonnant après tout ça ? Nous devons être prudent…

La voix de l’enfant se fit à nouveau entendre derrière la porte, déchirante dans son incompréhension, dans la colère qu’elle exprimait :

- Pourquoi !? Papa ! Pourquoi t’as fait ça…

Un cri d’effroi à glacer jusqu’à la moelle des os succéda à la voix enfantine. Un cri de douleur. Un cri d’enfant, à nouveau. Puis le silence, brutal, oppressant.

Surya avait blêmi. Il y avait deux enfants. Et le père de l'un. Ou son ombre. Ou son... souvenir.
Ces deux enfants n'étaient pas réels, elle en était certaine maintenant. C'étaient des fantômes, coincés dans ce monde par l'atrocité de leur mort. Et ils revivaient, en ce moment présent, la torture qu'ils avaient subie. Ce qu'ils entendaient n'était que l'ombre, le reflet, le souvenir de ce qui s'était produit. Ils ne cherchaient même pas, consciemment, à les attirer dans un traquenard. Ils se contentaient d'être là, perdus. Peut-être trouveraient-ils le repos... s'ils parvenaient à faire justice, à retrouver leurs tortionnaires.
Ils ne lui semblaient pas dangereux. Mais en revanche, rien ne prouvait qu'il n'y ait pas, avec eux, un mort-vivant sous une forme ou une autre, tout à la rage de se venger de son atroce mort... Mieux valait donc laisser les soldats passer devant.

Elle ressentait une aura lourde de menace et de peur, malsaine, maléfique. Une aura qui lui pesait, qui l'empêchait de réfléchir sereinement, d'analyser efficacement la situation. Cette aura pesait sur ses camarades, elle le sentait. Il aurait fallu la contrer peut-être ? N'était-ce pas son rôle de barde de donner du coeur à ses camarades ? Mais cette aura était certainement créée par un entité maléfique. Une musique pourrait-elle la contrer ?
L'ambiance du lieu n'était pas propice au chant. Et pourtant, peut-être qu'elle devait tenter. Peut-être que cela ferait reculer, un tout petit peu, cette sensation oppressante ?
Elle choisit un chant doux. Un chant adapté au drame qui venait de se produire. Un chant parlant d'espoir et de renouveau, de la beauté de la vie et de la mort qui n'est qu'un passage, du temps qui passe et apaise les deuils. La mélodie était légère, sans tristesse, et elle la chantait à voix presque basse, presque fredonné. Puis elle donna un peu plus de puissance et enchaîna sur un chant optimiste parlant de vaillance, d'ardeur au combat, de l'absence de peur, de la fierté d'accomplir une mission juste. Sa voix grave s'élevait sans une hésitation, mélodieuse et paisible, avec juste assez de tonus pour essayer de repousser cette aura sinistre.
Surya --> inspiration vaillante --> tout le groupe

La chanson de Surya redonna un peu de baume au coeur de Galariel, et elle en avait bien besoin pour le moment tant l'aura malfaisante était forte dans ce lieu. Elle raffermit sa prise sur la poignée de son arme dans la folle espérance qu'elle suffirait pour affronter ce qui les attendait, toujours sans savoir quoi exactement: spectres, allips, âme-en-peine,....
La rencontre risquait bien de tourner mal.

Effectivement, l’initiative de la petite barde raffermit la volonté des soldats et lui attira même un léger sourire de la part de Tristan et du sergent. Ce dernier n’eut pas à réitérer ses ordres pour que ses hommes reprennent leur progression et c’était assurément à mettre au crédit du chant de Surya. Et avec ce qui les attendait derrière la porte, ce regain de courage et d’inspiration n’était pas de trop…

Ce n’était là encore qu’une réserve même si la plupart des étagères en avaient été vidées à la hâte. La pièce était à première vue sans issue mais un léger bruit de craquement puis de frottement attira l’attention de la petite troupe vers une caisse posée au centre de la pièce. Ils durent se mettre à trois pour la déplacer et ainsi découvrir une trappe, comme si on avait décidé de retenir quelque-chose ou quelqu’un à l’intérieur.

Tristan s’était placé en retrait pendant toute l’opération pour se concentrer sur les bruits et leur provenance. Il s’exprima dans un souffle en même temps qu’on découvrait l’issue :

- Ils sont morts là-dessous. J’en suis presque certain.

La guerrière inspira profondément, prête à combattre ce qui se tapissait dans les ténèbres insondables sous leurs pieds. Deux sentiments faisait rage en elle, la satisfaction de plaire à certains des préceptes de la Déesse en ce qui concernait les morts-vivants. Une aberration aux yeux d'une Soeur du Premier Sang qui devait un jour ou l'autre être éliminé de la surface de Féerune. Et l'inquiétude, elle n'avait affronté un mort animé qu'à une seule occasion - un zombie, et l'expérience l'avait traumatisé plus qu'elle ne voulait l'admettre. L'odeur de putréfaction émanant de la créature, ses bouts de chairs tombants, les asticots rongeant sa chair hantaient encore ses cauchemars. Dans la situation présente, elle craignait plus pour l'être vivant dans son ventre que pour sa propre vie.

Les hommes se placèrent de part et d’autre de la trappe, prêts à se défendre contre tout ce qui pourrait en jaillir. Mais quand l’un des soldats souleva le panneau, seule la pénombre d’une volée de marches les accueillit. Toutefois, alors que Tristan prenait prudemment les devants, il posa son regard sur l’autre côté de la trappe et hésita une seconde : des traces de griffures, certaines ensanglantées, indiquaient que les victimes – ou leurs agresseurs – avaient désespérément tenté de quitter les lieux. Le prêtre blêmit avant de prendre l’initiative d’éclairer sa progression :

Tristan -> Lumière -> Cave

Quand Galariel, Surya et le sergent le rejoignirent, le prêtre était en train d’examiner deux petits corps allongés de part et d’autre de l’escalier. Les deux enfants s’étaient recroquevillés contre un mur. Un examen attentif révéla que l’un et l’autre avaient été poignardés. L’arme était encore fichée dans le cœur du petit garçon qui les avait interpelés en haut.

"Presque certain". Surya aurait préféré qu'il en soit complètement certain... Ou complètement certain du contraire, à la rigueur. Ça voulait dire quoi, être presque certain qu'ils étaient morts ? Qu'ils étaient en réalité presque morts ? Non-morts ?
Mais les deux corps qu'ils découvrirent avaient l'air tout à fait morts. Hélas pour eux. Deux enfants si jeunes.... Poignardés... Et c'étaient leurs fantômes qu'ils avaient vus tout à l'heure. Où se trouvaient-ils, à présent, ces fantômes ?
La barde frémit, et laissa soigneusement passer les soldats devant. Elle ne craignait pas les fantômes de ces enfants, peut-être à tort. Elle craignait... autre chose. Des morts-vivants, peut-être. Quelque chose qui explique l'atmosphère si étrange du lieu.
Elle se contenta d'observer, sans s'approcher, le clerc qui examinait les corps. Il savait ce qu'il avait à faire. Elle préférait ne pas voir les cadavres de trop près...

La vue du corps des deux enfants fit plus de mal à Galariel que tout ce qu'elle avait pu voir depuis son arrivée à Luménis, cela devait être du à son état particulier ou alors elle était moins indifférente au malheur qu'elle n'essayait de le faire paraître. Quoiqu'il en soit elle fut la première à briser le silence:

- Bon, on ne va pas rester indéfiniment ici qui descend en premier?

Tout ceux qui avaient aperçus les corps étaient choqués à différents niveaux, mais personne ne fit mine de bouger aussi Galariel mit le pied sur la première marche s'apprêtant à ouvrir la marche.

HRP : hum, désolé si ma description n’est pas assez précise mais je visualisais plutôt les corps en bas de l’escalier mais la pièce au-delà est vaste, presque un petit entrepôt.

- Une minute, l’interrompit Tristan qui était toujours tourné vers le cadavre du petit garçon. « Je crois qu’il faudrait lui retirer cette lame pour le libérer mais ce n’est pas sans risque. Peut-être l’objet est-il maudit. Donc on peut attendre d’être prêts à remonter si vous préférez… En tous cas, je tiens à m’en charger quand vous l’aurez décidé. Peut-être percevrai-je certains souvenirs dans l'objet. C'est de cette façon que fonctionne le mieux mes capacités de divination. »

Surya plissa les yeux, observant la lame avec un frisson de dégoût. Brrr... Ces soldats avaient décidément le coeur bien accroché. Mais effectivement, si toucher le couteau pouvait permettre au prêtre de savoir ce qui s'était passé, alors il fallait qu'il le fasse.
- Je pense qu'il faut le faire, en effet... Et peut-être tout de suite, si cela peut nous permettre de savoir ce qui s'est passé. Mais que voulez-vous dire par maudit ? Qu'est-ce que cela aurait, comme effet ? Et... Vous croyez que cela suffirait à libérer l'esprit du garçon ?
Beaucoup trop de questions, sans doute. Elle eut une grimace d'excuses. Mais voilà... elle aimait comprendre.

Tristan ne fit pas de mouvement vers la lame, pas encore en tous cas. Au lieu de cela, il se tourna vers Surya qui venait de parler et sa compagne visiblement marquée par la mort des enfants. Il répondit alors d’un ton grave mais toujours aussi calme :

- C’est peut-être en effet cet objet qui retient l’esprit de ce garçon dans notre plan. Cela expliquerait que nous n’ayons pas encore croisé celui de l’autre enfant. Mais ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Peut-être que c’est simplement les circonstances de la mort de cet enfant qui retiennent son âme. Peut-être que le fantôme de l’autre enfant erre aussi dans cette cave. Je ne peux pas en être certain avant de prendre ce risque.

Galariel acquiesça à la proposition de Tristan:

- Retirons donc le couteau du coeur de cet enfant, je passe devant pour m'assurer que l'autre fantôme ou autre chose ne vous attaque pas pendant que vous déterminerez quelles auras se dégagent de cette arme.

Levant les yeux au ciel, elle adressa une courte prière à sa divinité, ça ne pouvait pas porter à mal.

Galariel ne détecta aucun danger mais on lui fit le geste de ne pas s’éloigner davantage. Pendant ce temps et après un dernier coup d’œil au sergent pour en obtenir l’assentiment, Tristan se pencha sur le petit corps pour en retirer la lame. Mais, dès qu’il en effleura le manche, le clerc marqua un temps d’arrêt. Comme son geste, son regard se figea durant quelques secondes avant qu’il ne relâche l’arme sans l’avoir retirée. Il dut finalement s’asseoir lourdement sur le sol avant de reprendre son souffle et un semblant de contenance. Quand il parla enfin, ce fut d’une voix clairement affectée :

- Il faut que nous partions d’ici tout de suite ! Je.. Je crois savoir ce qui s’est passé maintenant. C’est atroce… C’est le propre père de ces enfants qui leur a ôté la vie. Ils n’ont probablement pas compris son geste mais il voulait leur éviter un sort encore pire. Tous les autres, le père y compris ont été transformés par un puissant mort-vivant. Une âme en peine d’après ce que j’ai cru voir pendant un instant. Tous ont dû prendre sa forme maintenant…

Et comme pour lui donner raison, un souffle de vent traversa subitement la pièce, faisant immédiatement perdre quelques degrés à l’atmosphère et un gémissement inhumain commença à se faire entendre. Immédiatement suivi de plusieurs autres…

L'entrainement martial de Galariel lui servit une fois encore, elle empoigna Tristan par le bras et s'élança dans l'escalier en tirant le prêtre derrière elle. Tout en faisant cela elle cria:

-TOUS DANS LA GRANDE SALLE, CES CREATURES SONT INTANGIBLES ET PEUVENT TRAVERSER LES MURS. NOUS SERONS MOINS VULNERABLES LA-HAUT

Son raisonnement se tenait puisque le seul moyen de surprendre la patrouille dans la nef principale était de passer par le sol, si ils restaient ici il n'y avait aucun moyen de repérer les morts-vivants avant qu'ils sortent des murs. Pour sa part elle s'en remettait à son talent et à son épée. Bénie soit la Sœur qui la première avait créé l'alliage à la base de toutes les armes et armures de sa communauté, une arme qui ignorait les pénalités et les résistances était toujours un atout non négligeable.l

Tristan fit preuve d’une certaine force que son allure ne laissait pas vraiment supposer pour se dégager de la poigne pourtant ferme de la guerrière. Il se justifia tout en laissant passer les autres membres du détachement :

- Vous êtes courageuse mais je peux les retenir quelques secondes. Préparez-vous à fermer la trappe juste derrière moi, cela les ralentira tout de même ! Puis que les autres aillent briser les vitraux dans la salle principale. Seule la lumière les arrêtera totalement. Vite !

Tristan -> Repousser les morts-vivants

La jeune femme maugréa intérieurement sur la stupidité des mâles qui n'ont qu'un petit pois dans la tête et font preuve d'une bravoure mal placée mais se retint d'assommer le prêtre pour le sauver malgré lui, comme si il n'aurait pu utiliser ses capacités de renvoi en étant avec eux. Tant pis pour lui il avait fait son choix, aux autres de faire leur boulot, c'est à dire casser les vitraux.

Surya ne se fit pas prier : elle n'avait aucune envie de voir de ses propres yeux si les âmes en peine correspondaient aux descriptions qu'en donnaient les contes. Elle se précipita donc vers la trappe, sans se soucier, cette fois-ci, qu'un soldat ouvre la marche. Elle était soigneusement restée en arrière tandis qu'ils commençaient à explorer les lieux, enregistrant les informations données par le clerc avec un pincement au coeur : elle comprenait mieux les paroles de l'enfant à présent.
Elle fut parmi les premiers à sortir de la cave. Et, conformément aux directives de Tristan, elle se précipita vers les vitraux pour les briser, sans se soucier du sang qui mes maculait probablement. C'était une question de survie...

Surya put constater que sa petite taille était un avantage quand il s’agissait de se faufiler rapidement pour échapper à la cave hantée et que cette même taille n’était pas vraiment un défaut pour ce qui était de briser les vitraux : ces derniers étaient en effet en hauteur hors de portée des plus grands gaillards du groupe.

Galariel, restée parmi les derniers pour fermer la trappe, put constater que Tristan n’avait pas l’intention de sacrifier stupidement sa vie. Quand le dernier soldat fut sorti, il le suivit promptement dans l’escalier avant que la guerrière ne condamne l’issue.

- Vite, ne traînons pas ici !

Le bon sens de Tristan contenta Galariel qui aurait vraiment regretté sa mort - avant la vie ou la mort d'un mâle ne l'aurait pas plus émue que ça - ou l'avantage que ses pouvoirs apportaient à la petite troupe. Restait à briser ces maudites vitres, et vu leur hauteur avec des projectiles ou des lances.

La Couronne de Cuivre

Quête : Guerre des Plaines Brûlantes – Galariel et Surya