La Couronne de Cuivre

Les trois personnages achevèrent leurs incantations. L'un d'entre eux créait des effets visuels intéressants sur le groupe. L'autre avait fait apparaître un ours à côté du chef humain. Pendant que l'ours grondait, l'humain répliquait d'une voix qui évoquait irrésistiblement le grondement d'ours et le froncement de sourcils :

"Comment ça, aucun mal ? Vous venez dévaliser un village abandonné et vous tirez à vue sur ce pauvre Sparky, et dans le dos en prime ! Nous connaissons les gens de votre espèce : il n'y a plus que cela dans les parages, depuis l'évacuation. Que vous soyez des déserteurs de Manost ou de Melandis, cela importe peu. Vous massacrez les isolés et violez toutes les lois de la nature..."

C'était la panique. Oui, la panique à bord. Que faire ? Que dire ? Si seulement Dorian n'avait pas tiré... Ah si seulement... Mais il était bien trop tard pour faire marche arrière. Qui étaient ces gens ? Etait-ce bien ceux qu'ils recherchaient ? Ce n'était pas vraiment le crédo du groupe qu'on leur avait décrit... Et pourtant, il convenait de se méfier. Et de répondre. Vite.

Ailyn leva les bras à son tour, tâchant de garder son calme. Elle intervint à nouveau d'une voix qu'elle maîtrisa de son mieux :

"C'est une erreur ! Une véritable erreur ! Nous avons une potion pour soigner votre ami Sparky, si vous le souhaitez."

Tout cela allait se jouer à peu de choses. Mais sa tête lui semblait si vide d'idée... Ou était passé ses grandes capacités de marchande de tapis ?

Dorian à son tour intervint dans la discussion.

" Mon amie a raison " fit - il. " Veuillez accepter mes regrets sincères pour la flèche dans le dos de " le bon vampire marqua une légère pause " votre ami Sparky. C' est une maladresse, une regrettable maladresse de ma part. en fait mes amis et moi n' en voulons ni à votre groupe ni à Mère Nature. Comme Dame Ailyn ici présente vient d' en faire la remarque, nous pouvons soigner votre ami et réparer notre...faute de jugement. "

Tout en s' adressant à l' humain, Dorian prenait soin d' adopter un ton volontairement calme et un débit de paroles lent, afin d' inspirer confiance à son interlocuteur. En même temps, il ne bougea pas d' un poil, laissant seulement ses mains apparaître encore d' avantage, des mains vides et ouvertes...Il espérait que leurs deux discours apaiseraient un peu la colère - justifiée du groupe d' inconnus...

"On voulait pas, c'était pas nous. Ils l'ont dit. Mais on veut pas se battre. On est pas une armée. Et moi, je suis un arbre. Les arbres n'attaquent personne. Les arbres se balancent dans le vent. Les arbres, c'est la nature. On avait juste faim. Ils ont brûlé notre ferme plus loin. On est partis. Le grand là-bas, il est un peu nerveux et nous aussi par la même occasion. Mais moi, je suis un arbre."

Bellatrix retendit ses mains vers le ciel.

Leurs interlocuteurs restaient sur la défensive. Si les paroles d'Ailyn et de Dorian se voulaient rassurantes, ce dernier avait une aura inconfortable, et puis, que penser du discours bizarre de la troisième ? Singeait-elle la folie ? Se moquait-elle d'eux avec son histoire de ferme brûlée ?

"...Vous avez l'air de tout, sauf de paysans en fuite", répliqua l'humain après un temps de surprise. "Merci de l'offre, mais nous avons encore des sorts de soin. Et si vous nous disiez ce que vous cherchez vraiment ? Afin que nous puissions mettre fin au plus tôt à cette rencontre non désirée."

Autour de lui, on remuait de temps à autres un bras ou une jambe, et les observait avec beaucoup d'attention. Des maraudeurs en quête de nourriture n'auraient sûrement pas gaspillé autant de salive avant d'attaquer, ce qui aiguisait la curiosité des inconnus ; c'était la seule raison pour laquelle ils renonçaient pour l'instant à lancer l'assaut.

Mais qui pouvaient bien être ces gens ? Etaient-ils le groupe qu'ils recherchaient ? Comment s'en assurer ? Comment faire ? Comment faire pour s'assurer de leur identité ? Comment se sortir de ce guêpier ?
Exposer des choses, calmement. Peu de choses, pour ne pas perdre le peu de contrôle qu'ils pouvaient avoir de la situation...

Ailyn jeta un oeil à ses compagnons. Il fallait à nouveau répondre. Et vite.

Le coeur battant, elle se lança :

"C'est la guerre que nous fuyons, tout simplement. Nous sommes... des déserteurs."

Dorian admira le sang - froid d' Ailyn. Mais il lui fallait également intervenir pour renforcer les propos de la jeune prêtresse. Il fallait servir aux inconnus le début de la fable que les 4 aventuriers avaient mis au point quelques heures plus tôt, juste ce qui fallait pour savoir à qui ils avaient à faire. Si d' aventure leurs interlocuteurs n' étaient pas les pillards - ravisseurs que les aventuriers devaient rencontrer, mieux valait ne pas trop en dire...Délicat exercice d' équilibre verbal.

" Nous sommes des combattants en fuite " fit le guerrier - forgeron avec une hésitation volontaire. " Nous allons là où nos pas nous mènent, l' oeil aux aguets. Nous avons appris à nous méfier de tout. Notre arrêt dans ce village était une simple halte. "

Dorian observa une brève pause puis demanda : " au fait messire à qui avons - nous affaire présentement ? "

Après tout il fallait bien savoir ce qu' il en était...Certes en posant la question il " mettait un peu les pieds dans le plat " mais on n' allait pas tourner autour ud pot pendant des heures.

Leur interlocuteur sourit.

"Est-ce que cela ne se voit pas ? Je suis druide, et vous voici sur notre territoire. Mon nom n'a guère d'importance. Si vous êtes des déserteurs, alors vous feriez mieux de vous éloigner au plus vite de la zone de guerre, où vous rencontrerez très peu de nourriture et beaucoup de soldats. Et ce n'est pas en poursuivant votre route vers l'est que vous allez y parvenir... Hé oui, Sparky vous a vus arriver.

De toute évidence, pour venir de votre plein gré en un tel endroit en compagnie d'un guide, vous recherchez quelque chose de précis, et je doute que ce soit nous... Bah. Gardez vos secrets, je garde ce sanctuaire."

Dorian marqua par un imperceptible affaissement des épaules, son soulagement. L' inconnu venait de sourire et de répondre à leurs questions. C' est déjà quelque chose. Mais il fallait rester prudent. Le bon vampire ne voulait pas surtout remettre en cause cette fragile " détente " par des paroles ou des actes irréfléchis.

" En fait messire, si vous n' y voyez pas d' inconvénients, nous allons mes amis et moi quitter votre sanctuaire et vous laisser à votre tranquillité. Nous préférons revenir au village qui nous offre un abri aussi précaire soit -il, du moins les premiers temps. Avec encore une fois toutes nos excuses pour le dommage infligé à votre ami Sparky..."

Ici Dorian faisait une proposition qui à priori ne devrait pas déplaire au druide, tout le monde y trouverait son compte...Normalement. En même temps, le forgeron sharessien n' en n' avait pas trop dit, même si le druide pouvait avoir de vrais soupçons sur las motivations réelles de leur groupe, à rester dans ce village détruit et peu ravitaillé...

Oui, il valait mieux partir. Oui, Dorian avait raison. Pourtant... pourtant... C'était comme si Ailyn avait eu Beshaba au corps, il fallait qu'elle pose des questions, il fallait savoir dans quelle direction partir pour mener à bien leur mission... Si ils décidaient que le druide leur inspirait confiance... Mais une si petite question, si petite, si...

Ailyn avala sa salive, et se lança, tâchant là encore d'avoir l'air à l'aise.

"Nous ne nous éloignons pas de la zone de guerre... ? Il me semblait pourtant que par ici rôdaient moins de soldat... il y a ainsi d'autres choses à craindre ?"

C'est cette fois la semi-elfe qui leur répondit - par un éclat de rire.

"Vous avez vu l'état du village ? C'est pareil dans tous les villages de la région. Les rares personnes qui y étaient demeurées se sont fait massacrer les unes après les autres par tout ce qui rôde dans les environs : les déserteurs comme vous en quête de réserves cachées, les pillards qui fouillent les ruines... C'est tout sauf un endroit sûr."

Pendant qu'elle disait ces mots, le druide calmait son ours invoqué, qui commençait à perdre patience.

"... C'est même le point de rendez-vous de tous les ennuis à dix lieues à la ronde, si vous voulez mon avis, reprit-il. A l'endroit où vous vous étiez installés, vous avez dû voir quelques sacs de blé. Un groupe de mélandiens particulièrement dangereux a emporté le reste il y a quelques temps. Je serais surpris qu'ils ne viennent pas rechercher le reliquat. Ils sont tellement... monstrueux... que nous avons préféré le leur laisser que de révéler notre présence, et vous feriez mieux d'en faire autant."

Bellatrix voyant qu'elle ne risquait plus rien baissa les bras et alla retrouver Ailyn.

"Je ne risque vraiment rien vu que je suis un arbre. Les arbres ne risquent rien. Mais si les ennuis viennent chercher des sacs de blé ... A quoi ils ressemblent ces mélandiens ? Et ils sont combien ? Et quand est-ce qu'ils doivent revenir ?"

Dorian tendit ses oreilles pointues de semi -elfes. Le druide venait de révéler une importante information. Il venait de révéler qu' un des groupe de Mélandiens particulièrement dangereux rôdait fréquemment dans le village. Il avait même ajouté les avoir trouvé " particulièrement monstrueux ". Que pouvaient - il avoir de si maléfiques ces déserteurs, au point d' effrayer le druide et ses compagnons, qui n' avaient pourtant pas l' air de mauviettes ?

" Dangereux, monstrueux dites - vous messire ? " fit le bon vampire avec un air de surprise savamment calculé.

" qu' ont - il donc de si sinistres ces Mélandiens ? "

Peut - être s' agissait - il des forbans avec qui le groupe de dorian devait prendre contact dans le cadre de sa mission. Mieux valait être averti en tous cas. Toutefois, le bon vampire espérait ne pas avoir éveillé les soupçons du druide en sem ontrant trop curieux avec toutes ses questions. En se forçant à avoir l' air aussi calme que possible, Dorian attendit les éventuels éclaircissements du druide...

Le druide ne parut pour l'instant pas étonné des questions qu'on lui posait. Sans doute s'imaginait-il que c'était la convoitise envers les sacs de blé qui poussait ses interlocuteurs à l'interroger ainsi sur les risques encourus s'ils venaient à s'en emparer...

"C'est un groupe de déserteurs sans foi ni loi comme on en voit trop ces derniers temps, mais ceux-là sont sadiques, toujours prêts à torturer les infortunés qui tombent entre leurs griffes... La dernière fois qu'ils sont venus, ils n'étaient que six, conduits par une prêtresse, mais je sais qu'ils sont plus du double en réalité. Leur repaire étant à moins d'une journée de marche, ils peuvent revenir n'importe quand, et à n'importe quel nombre."

Pour autant, il ne précisa pas d'où lui venaient ses informations. Autour de lui, comme ils voyaient le combat devenir de moins en moins probable, les langues de ses acolytes se délièrent un peu.

"La prêtresse est dingue, intervint l'orque en grommelant. Elle a fait hurler une vieille femme, la moitié de la nuit... Je suis pas un tendre, mais même chez les orques, on est pas aussi mauvais."

"Et trois jours plus tôt, j'ai trouvé un corps écorché au bord de la route. Ils lui avaient fait manger ses doigts. Je suis sûre que c'était Ralph, l'idiot du village. Je suis sûre aussi que c'était eux. Si vous voulez vivre, évitez les ennuis de ce genre."

Progressivement, il semblait à Ailyn que ses entrailles avaient fichu le camp, loin, loin, très loin, dans un endroit où elle ne pourrait jamais les rattraper. Elle savait déjà que la mission était une catastrophe, elle savait déjà que les chances qu'elle en revienne vivante et avec ses deux pieds étaient particulièrement minces... Mais elle ignorait tout de même, ou bien avait feint d'ignorer, dans quelles souffrances elle allait finir par rejoindre le Vieux.

Mais il était bien trop tard pour reculer. Ils étaient déjà dans la zone dangereuse, et faire marche arrière pourrait être encore plus suicidaire que de tenter de rejoindre ces gens. Mais peut être pourraient-ils les surveiller à distance... peut être pouvaient-ils adopter une autre forme de stratégie... peut être...

Trop de questions tournaient dans la tête d'Ailyn. Elle tâcha de se durcir un peu, intérieurement et physiquement, et se décida à poser une question importante pour la suite de leur mission.

"Savez-vous si il leur arrive de faire des prisonniers ?"

"Hein" ? grogna le deuxième humain, qui ouvrait la bouche pour la première fois.

Ce fut la semi-elfe qui développa l'idée.

"Un projet dément ! Et vous racontez ça au premier groupe d'inconnus qui passe ? Ma parole, vous êtes aussi fêlés qu'eux."

Le druide reprit plus posément la parole.

"Ce sont les manostiens qui vous envoient ? Je comprends mieux. Cette mission n'est pas un cadeau... Oui, ce groupe peut sans doute faire des prisonniers, s'il estime qu'il y trouve son intérêt. Comme n'importe quels animaux, ils feront passer leur survie avant le plaisir. Puis-je vous demander quels seraient ces prisonniers ?"

Pendant ce temps, la semi-elfe arrachait la point de flèche de l'épaule du gobelin qui geignit brièvement, et lui lançait un sort de soin.

Mal à l'aise à cause de l'intervention de Zaïu, Ailyn tâcha de garder son calme et d'éviter de montrer sa désapprobation. Mais bon sang ! Pourquoi se mettre à découvert ainsi ? Passer pour des guignols, elle pouvait sans problème s'en accommoder, mais c'était presque une invitation à leur jeter couteaux, flèches et carreaux à la figure que de parler aussi librement dans ces circonstances ! La jeune femme soupira, pris une grande inspiration en écoutant le druide leur répondre de son mieux.

Heureusement qu'il n'avait pas encore eu l'idée de les foudroyer sur place... Autant jouer cartes sur table.

"Nous recherchons un bourgmestre et sa famille qui auraient été faits prisonniers par ces bourreaux."

Finalement, l'intervention de leur compère allait peut être permettre d'en apprendre plus... Mais seul le temps permettrait d'en juger.

Le druide haussa les épaules. Il n'était visiblement pas très familier des autorités manostiennes, ce qui se pouvait s'expliquer ou se confirmer, au choix, par le caractère très hétéroclite et pour le moins atypique de sa compagnie. Et puis, l'indication était vague...

"Je ne sais rien de cela. Ils ont sans doute sévi dans plusieurs bourgs de la région... Je ne parierais pas sur l'espérance de vie de leurs otages, cela dit, surtout pour la famille. En revanche, nous connaissons l'endroit où se trouve leur repaire. Vous gagneriez du temps à aller crapahuter par là-bas plutôt que d'attendre leur retour à Terrebonne. Si vous me promettez de ne jamais mentionner notre existence, je vous y fais conduire. Une fois là-bas, ce sont leurs guetteurs qui vous trouveront."

En entendant son ami Zaïu évoquer la nature exacte de leur présence, ç' est à dire leur mission en fait, Dorian faillit se prendre la tête entre les mains. Tout son sang - froid (sans mauvais jeux de mots) et toute son expérience des quêtes lui furent nécessaires pour conserver un semblant de calme, du moins à l' extérieur. Pourquoi Zaïu avait il fait cela ? Qui dans leur groupe pouvait affirmer que le druide et son groupe ne les trahirait pas ? A présent toutefois il était trop tard. Le vin était tiré, il fallait le boire. Le bon côté des choses c' était que si le druide était de leur côté, son aide pouvait s" avérer sinon précieuse, du moins utile. La mauvaise nouvelle (au delà de la possible proximité du druide avec les bourreaux mélandiens), c' était le sort déjà infligé au bourgemestre et à ses proches. Pourvu qu' il ne soit pas trop tard.

Pour le savoir il fallait agir et plutôt vite. L' offre du druide était intéressante si elle était sincère. Il fallait bien entendu prendre des précautions mais l' on verrait cela en temps voulu, en approchant du repaire des forbans. ..

Dorian sourit légèrement au druide quand ce dernier énonça sa proposition.

" Nous conduire là - bas ? Pourquoi pas messire druide ? Cela peut - être intéressant nous permettre de gagner ainsi un temps précieux. Nous ne voudrions toutefois pas vous importuner outre mesure..." fit le bon vampire avec politesse.

" Bien entendu nous conserverons un islence total sur tout ceci et nous trouverons une autre explication à notre présence au repaire des criminels..."

Leur interlocuteur hésita encore quelques instants puis haussa les épaules.

"Très bien..."

Le druide se métamorphosa sous leurs yeux, prenant la forme animale d'un loup à la fourrure gris sombre, presque noire. Ce dernier hurla à la nuit comme les loups savent le faire, un long hurlement plaintif, sur trois notes. Dans la nuit désormais totale, cela ne manqua pas de glacer son auditoire. Après un long silence immobile, il y eut une réponse, qui sembla provenir du fond de la forêt. Beaucoup plus tôt qu'ils ne s'y attendaient, un autre loup arriva dans le cercle druidique, tête basse, les yeux fauves. Les deux loups se reniflèrent et grondèrent un moment. Alors que les enquêteurs commençaient à s'impatienter, la semi-elfe leur fit signe d'attendre encore.

Puis le druide reprit sa forme humaine, pour conclure.

"Voici Mara. Elle vous conduira jusque là-bas. Comptez dix heures de marche, moins si vous êtes de bons marcheurs."

Les entrailles disparues d'Ailyn revinrent soudain comme si elles étaient chargées de plomb. Le druide leur proposait donc de se jeter directement dans la gueule du loup, c'était effectivement le cas de le dire. Voilà qui avait de quoi déconcerter plus d'un combattant. Ils allaient au devant de graves ennuis, et chaque pas qui les amenaient plus près de ces brutes les éloignaient de la possibilité de faire demi-tour et de déserter pour de vrai. En vérité, Ailyn ne voulait pas y aller. Seule d'ailleurs, elle n'aura jamais poursuivi. Mais la présence de ses compagnons lui permettait de faire le choix d'avancer, mais vers quoi ?

"Merci, messire. Je... En ces périodes troubles et difficiles, votre aide est précieuse... Merci."

Elle se tourna vers ses compagnons, leur offrit son sourire le plus encourageant et lança :

"C'est parti ?"

Dorian fut étonné de la rapidité avec laquelle les choses s' étaient faites. A peine Zaïu avait - il révélé la vérité que le druide offrait de les conduire à destination et joignait sans délai le geste à la parole. Il était vrai toutefois qu' il y avait peu de raisons d' attendre. Mais la marche qu' ils allaient devoir accomplir...Neuf longues heures...Dorian se demanda tout à coup, pourquoi les autorités militaires manostiennes ne leurs avaient pas laissé leurs chevaux. Pour parcourir une pareille distance, il fallait de longues et solides jambes. Allons courage...Et puis accomplir ce trajet à quatre permettrait aux aventuriers de s' encourager mutuellement.

" De mon côté je suis prêt " fit le bon vampire. " Si nos amis Zaïu et Bellatrix sont d' accord, nous pouvons partir sur le champs ".

Dans l' esprit du forgeron, mieux valait ne pas penser à l' après (c' est à dire au contatc avec les criminels mélandiens) et se concentrer plutôt sur le présent....Il se demanda quelle pouvait être la personnalité de la dénommée Mara. Voyagerait - elle sous forme humaine ou animale ?

"Je suis prête, fin prête et fière de l'être. Pas prêtre, fin piètre et fière de l'hêtre. Ce qui est plus suptil. Tout cela pour vous dire que je vous suis. Attention, je ne suis pas que je suis vous, ce qui serait une énorme faute grammaticale et qui prêterait à confusion. Et pas non plus je vous essuie qui en plus serait une faute de goût. Beurk. Donc, je vous accompagne et allez-y sans moi. Bien sur que je viens avec vous.", dit simplement Bellatrix.

Dorian comme le reste du groupe n' avait eu que le temps de suivre la dénommée Mara, laquelle était partie presque comme une flèche, sans se soucier visiblement du groupe qu' elle était - du moins théoriquement - chargée de mener - si on peut dire - à bon port. A bon port, ç' est à dire chez des gens considérés comme des criminels vicieux, même parmi les habitants de cette ville dévouée au mal qu' était Mélandis. En attendant d' arriver à bon port, il fallait gérer la fatigue. La plupart des habitants des Royaumes Oubliés avaient grandi à la campagne, ils étaient donc coutumiers des longues marches. Il était donc logique que les membres du groupe de Dorian soient capables de supporter un trajet important. Ceci dit, huit heures de marche représentaient un bien grand effort pour tous.

La dénommée Mara pouvait bien avaler les kilomètres gaillardement, les humains et semi humains qui la suivaient ne pouvaient en faire autant. C' est pourquoi au bout de quatre heures d' efforts pédestres, Dorian accéléra un peu et arriva à la hauteur de la louve.


" Cela fait plusieurs heures que nous parcourons la campagne, sans ménager notre peine " fit le bon vampire avec sa politesse habituelle. " Il me semble qu' une halte s' impose Dame Mara ". Joignant le geste à la parole, le guerrier luménien ralentit puis s' arrêta. sortant une gourde de son sac à dos, la porta à ses lèvres et apprécia le contact du liquide même tiède avec son palais...Il ne pensait déjà plus au groupe étrange qui apparemment les avait aidé. Il leur était reconnaissant bien entendu, mais selon toutes probabilités n' entendrait plus jamais parler d'eux...à l' exception de Mara pour quelques heures encore.