La Couronne de Cuivre

Le nouveau venu semblait néanmoins désireux d'assouvir sa curiosité avant le départ mais cela n'avait rien d'étonnant de la part d'un fidèle du dieu du savoir.

- Puis-je demander quelles sont vos raisons de vouloir visiter Cojum en cette saison ? Moi même je me rends en pèlerinage à la Grande Bibliothèque mais vous ne ressemblez pas à des pèlerins vous mêmes si je puis me permettre.

La question semblait s'adresser avant tout à Angèle. En tous cas c'est sur elle que le regard gris du prêtre s'était posé.

Pouvait-elle tout dire ou devait-elle s'en tenir à des détails ? Ce qui se passait concernait avant tout Malo qui lui en voudrait peut-être si elle déballait le pourquoi de leur quête à un parfait inconnu.

"Je pense que nous irons tout d'abord à la bibliothèque de Cojum pour effectuer quelques recherches portant sur l'histoire de la région. Ensuite, nous verrons où cela nous emmène."

Ils verraient surtout s'ils arrivaient à localiser plus avant cette civilisation naine disparue. Se lancer à corps perdu dans les grottes sans s'être renseignés un tant soit peu avant serait contre productif.

Et il faudrait aussi espérer que quelqu'un identifierait Malo. Du moins un de ses proches ... Elle continuait de penser qu'il ne s'était pas retrouvé brûlé et presque aveugle par hasard.

Malo lui adressa un sourire reconnaissant pour avoir su répondre à cette question embarrassante sans mentir ni révéler de sujets personnels. Wilhem afficha une expression beaucoup plus neutre indiquant qu’il n’était pas tout à fait dupe du fait qu’Angèle avait en partie éludé sa question. Cependant, il ne sembla pas vraiment s’en formaliser et - en tous cas – il ne poussa pas sa curiosité jusqu’à insister.

- Si vous le souhaitez et si c’est votre premier séjour à Cojum, je pourrai vous accompagner jusqu’à la bibliothèque et même vous guider vers une bonne auberge. Enfin, nous pourrons régler les détails une fois sur place.

Le prêtre semblait prêt à partir mais il leur laissait toutefois le temps de réagir ou de simplement dire au revoir au Frère Gontrand.

Dans sa poche, Angèle sentait le poids infime de la bourse de cuivre que lui avait offerte Brandon Devlin. Elle se disait qu'en cas de revers de fortune, les autres seraient prévenus. Avoir un lien avec Manost la rassurait un peu.

Elle tendit la main à Frère Gontrand.

"Bien ... Je prends à présent le relais pour veiller sur Sieur Maloran. Je vous raconterai la suite de l'histoire dès mon retour."

En espérant qu'elle reviendrait.

L'Ilmate lui dédia son plus charmant sourire et répondit avec sa bonhommie et sa simplicité coutumière :

- J'y compte bien, Angèle. Je vous souhaite un bon voyage.

Les adieux avec Malo ne donnèrent pas lieu à davantage d'effusions qu'une poignée de main sincère puis le clerc d'Oghma les invita tous deux à lui donner la main.

Quand ils se furent exécutés, le prêtre entama une incantation et Angèle se sentit flotter un instant hors de son propre corps. Puis le réintégrer tout aussi brutalement.

Une façade dépouillée et discrète d'un temple sans ornement. L'édifice ressemblait à chaque bâtiment officiel de la ville - quoi qu'en un peu plus dépouillé encore - et que les portes étaient grandes ouvertes. Aux abords, les deux paladins et ceux qu'ils accompagnaient remarquèrent une grande agitation. Entraient une foule de soldats dont les blessures n'avaient pu être soignées sur le champ de bataille mais aussi et surtout de civils qui entraient comme eux, le teint blafard soutenus ou portés par d'autres.

A l'intérieur, on avait installés bon nombre de lits de camps en plus des habituels dans la salle commune. Les prêtres s'affairaient autour des malades. Ils souriaient aimablement mais leurs traits tirés exprimaient une profonde lassitude sûrement provoquée par plusieurs nuits sans sommeil au chevet des malades.

Chandara reconnut l'ilmate qu'elle avait croisé à la taverne. Celui-ci releva la tête et vint jusqu'à eux avant de demander.

"Que se passe-t-il ? Est-elle malade ?"

Apercevant l'animation autour de l'entrée, puis les paroles de l'Ilmate, Arthur se tourna vers Chandara et Yvain.
" Vous ne devriez peut-être pas rentrer. Il y a manifestement une sorte d'épidémie... et vous seriez exposés... Ce n'est pas prudent. Je suis immunisé à la maladie... Laissez-moi accompagner cette dame. Je vous rejoindrai ensuite."
Il était désolé de rappeler ainsi à la paladine qu'elle avait perdu la faveur de son dieu, mais sa bonne santé était à la minute présente plus importante que son amour-propre.

Chandara parut sur le point de protester mais le ton ferme du paladin avait sans doute suffi à l'influencer. Cela et le fait qu'elle ne voulait pas faire perdre davantage de temps à Appoline en créant une polémique. Elle répondit donc d'un ton calme mais non totalement exempt d'inquiétude :

- Très bien Arthur : je vous attends juste ici dans ce cas.

Le paladin sourit à la jeune femme, soulagé qu'elle se soit rendue à la raison, puis, soutenant sans peine la serveuse mal en point, il alla vers la prêtresse qui les avait abordés.
" Cette demoiselle se sent mal. Elle vous décrira ses symptômes mieux que moi."
Il jeta un regard alentours, tâchant d'estimer si tout le monde semblait souffrir du même mal.
" Est-ce une épidémie ?"

L'ilmate secoua la tête et dit à mi-voix.

"Ce n'est pas une épidémie du moins pas exactement. Ce n'est pas dû à une maladie ..."

Il prit le relais d'Yvain pour soutenir la jeune femme qu'il conduisit avec Arthur à l'intérieur du temple. Appoline fut rapidement prise en charge par les soigneurs. L'homme raccompagna le paladin vers la sortie, l'air sombre de celui qui s'apprêtait à annoncer une mauvaise nouvelle. Et c'était effectivement le cas.

"Je crains que votre amie ait été empoisonnée. Nous allons l'examiner pour en être certains mais elle a l'air d'en présenter tous les symptômes. Elle a commencé par avoir mal à la tête, n'est-ce pas ?"

" Empoisonnée ? dit Arthur, stupéfait. Mais par qui ? Et comment ? Et pourquoi ?"
Il porta la main à son front, subitement un peu inquiet. Mais ça n'avait aucun sens. Aucun rapport. Il avait mangé le même repas que Chandara et elle ne souffrait de rien. C'était la seule chose qu'ils aient consommé, ensemble. Elle aurait été malade, elle aussi, s'il y avait eu lieu de s'inquiéter. C'était la fatigue, rien d'autre. Une coïncidence. Fatalement.

Chandara était encore assez proche pour surprendre l'échange et elle blêmit visiblement en entendant la mention du poison. Et soudain, les avertissements de Titœil et d'Amélie lui revinrent à l'esprit. Elle n'y avait guère prêté attention alors mais elle se retrouvait maintenant confrontée à l'horreur de cette réalité. Tous ces gens avaient été empoisonnés. Et pourtant rien ne semblait les prédestiner à un sort pareil. L'empoisonneur frappait-il au hasard, sans discernement. Par les cieux, elle se souvint que les premiers malades n'avaient d'abord ressenti que des symptômes d'apparence anodine. Des maux de tête. Comme Arthur. La jeune-femme n'y tint plus et se précipita vers Arthur et le clerc, le regard empli d'inquiétude :

- Mon ami se plaint aussi de maux de tête depuis cet après-midi. Ce n'est peut-être rien mais pourriez-vous savoir s'il est atteint du même mal lui aussi ? Je m'en voudrais de vous faire perdre votre temps mais ça me soulagerait...

Connaissant le paladin, il n'en aurait sans doute jamais fait la démarche et qu'importe s'il lui en voulait : si Arthur avait été empoisonné lui aussi, le traiter au tout début de son mal ne pouvait qu'augmenter ses chances de guérison.

Le regard de l'ilmate alla d'un paladin à l'autre. Quelques instants, il eut l'air d'hésiter avant de hocher la tête.

"Il est vrai que le mal de tête est l'un des premiers symptômes qui apparaissent. Cela peut aussi bien être bénin. Mais par les temps qui courent, je pense qu'il vaut mieux vérifier.
- Et ensuite ?, voulut savoir Yvain.
- Pour le moment, nous n'avons pas d'antidote, répondit le soigneur gêné, les mages s'y emploient mais ils piétinent vu que nous n'avons pas trouvé l'origine du poison. Dès que nous aurons mis la main dessus, nous pourrons le combattre. Avant ... Nos soins permettent simplement de ralentir ses effets."

Il se tourna vers Arthur.

"Vous n'avez pas l'air de ressentir les autres symptômes. Si vous êtes atteint, vous apposez une bonne résistance. Mais il vaut mieux vérifier."

Arthur grimaça.
« Je ne vois pas comment j’aurais pu être empoisonné, dit-il. Nous avons bu et mangé la même chose. Je n’ai rien consommé dans Manost depuis que j’y suis… enfin… si c’est un poison qu’on ingère… »
Il jeta un œil vers les personnes alitées.
« J’imagine que vous vous êtes déjà posé ce genre de questions, bien sûr. Depuis combien de temps ces gens arrivent-ils ? Est-ce que quelqu’un est en charge de… de l’enquête ? »
Ce poison devait être rudement puissant pour résister aux sortilèges des clercs. A moins que ce ne soit simplement une question financière : il savait que les temples agissaient rarement par philanthropie. De son côté, désargenté comme il l’était, il ne pourrait certainement pas se payer des soins. Mais il y avait des prêtres dans le contingent luménien et il était certain qu’un coreligionnaire lui offrirait son soutien sans contrepartie.
« Et vous avez sûrement essayé de contrer le poison par les moyens… magiques… usuels. »
Si pas par bienveillance, par curiosité, à n’en pas douter.

L'ilmate écouta patiemment Arthur avant de lui répondre.

"Le problème est que nous ne savons pas d'où vient le poison. Les gens qui arrivent ici n'ont aucun point commun et sont des quatre coins de la ville. Nous avons pensé aux puits et à la nourriture et même au vin même si nous savions pertinemment que les enfants qui sont tombés malades ne buvaient pas."

Il soupira et Arthur vit peser sur lui les nombreuses heures de veille.

"Le guet a pris l'affaire en main mais il piétine. J'imagine que c'est pourtant sous nôtre nez puisque c'est là ... Sans aide, je crois que nous ne trouverons pas. Et sans le poison, pas d'antidote."

A coté de lui, Yvain sursauta. L'ilmate redemanda.

"Voulez-vous que je vous examine ?"

Chandara avait été tenté d'intervenir à son tour et de proposer notamment son aide si tant est qu'elle puisse être utile pour prendre soin des malades ou aider aux recherches de la source du mal. Cependant, Arthur avait pris les devants et elle s'était donc tenu en retrait, curieuse des précisions que pourrait apporter le clerc. Mais quand bien même, voir tous ces gens qui souffraient, dans sa propre ville et après les horreurs de la guerre la révoltait et la remuait de l'intérieur. Elle préférait ne pas trop envisager l'idée que le jeune-homme qu'elle appréciait tant puisse faire partie des prochaines victimes. Et pourtant il devait accepter l'examen du prêtre : il fallait qu'ils soient fixés. Avant qu'Arthur ne réponde, elle s'entendit néanmoins prononcer des mots déterminés, le regard farouche :

- Je voudrais pouvoir vous aider. Qu'Arthur soit atteint ou non... Et j'espère vraiment que ce n'est pas le cas...

" Non !" s'exclama Arthur, puis il rougit, réalisant qu'il avait répondu avec une certaine véhémence.
Il sourit à Chandara, embarrassé.
" Non. Je me sens bien."
Il n'avait pas confiance, en réalité. Il était en pleine forme avant d'arriver à Manost. Il n'allait certainement pas se laisser tripoter par un clerc d'Ilmater. Il irait voir un prêtre lathandrite. Ils étaient treize à la douzaine, hors les murs.
" Je ne comprends pas pourquoi vous pensez qu'il s'agit d'un poison. C'est peut-être une maladie, s'il n'y a aucun point commun entre les gens. Ou une malédiction, que sais-je."

L'ilmate recula presque, visiblement surpris par la véhémence d'Arthur. Il parut soulagé quand celui-ci eut retrouvé son calme. Il ne chercha pas à le faire revenir sur sa décision. Il répondit cependant à ses questions.

"C'est ce que nous supposons vu que les symptômes ne semblent refluer que lorsque nous tentons de ralentir le poison. Pour ce qui est d'une malédiction, c'est envisageable mais je n'y crois pas tellement."

Il se tourna vers Chandara.

"Quant à votre aide, j'avoue qu'elle nous serait bienvenue. Plus nous serons pour chercher, plus vite nous trouverons vite."

La décision d'Arthur, plus que le ton sur lequel il l'avait faite savoir n'avait pas vraiment plu à Chandara. S'il refusait de se laisser examiner par le clerc ilmate, comment pourrait-elle être rassurée sur son état de santé. Et ses dénégations n'y changeaient rien : un paladin était endurant à la douleur et ne s'étendait jamais sur ses propres souffrances. Légèrement contrariée mais tout de même décidée à ne pas chercher à influencer directement les choix de son compagnon, l'ancienne paladine préféra remettre à plus tard cette question pour se concentrer sur des préoccupations plus immédiates encore :

- Trouver rapidement un remède pour ces pauvres gens est aussi ma priorité. A qui dois-je m'adresser pour proposer mes services ? Je suis combattante mais je peux accompagner un groupe de recherche si besoin. Voire poser quelques questions si vous avez des pistes que je pourrais suivre.

L'Ilmate allait répondre à Chandara quand une des prêtresses à qui on avait confié Appoline revint. Sans attendre, elle annonça que la jeune femme avait effectivement empoisonnée. Ils virent Nina blêmir sous son voile. Yvain passa une main nerveuse dans ses cheveux avant d'annoncer.

"Je me joindrai aussi au groupe de recherche."

L'ilmate hocha la tête.

"Je viens avec vous."

Sa coreligonnaire le regarda avec des yeux ronds, il s'expliqua.

"Je serai peut-être plus utile avec eux qu'ici. Sans antidote, nous ne pouvons pas faire grand chose."

Chandara était désolée pour la serveuse mais il fallait reconnaître qu'il ne subsistait de toute façon plus aucun doute concernant son état. Elle ne connaissait pas personnellement la jeune-femme mais - s'il y en avait encore besoin - la présence d'Yvain avec eux lui donnait une motivation supplémentaire de trouver l'antidote. La proposition de les accompagner formuler par le clerc la rassura également.

Certes, son compagnon semblait se méfier de lui et Chandara devait bien admettre qu'elle ne le connaissait pas non plus mais les talents d'un clerc ne pouvaient que les aider en cas d'embûche dans leur nouvelle enquête. Et en parlant de cela :

- Je n'ai pas mon équipement et Arthur non plus. Mais peut-être serait-ce un handicap en fonction de la façon dont vous souhaitez vous y prendre. Souhaitez-vous que nous allions le chercher ?

Elle s'adressait désormais au clerc qui lui semblait être tout naturellement le mieux placé pour mener les recherches. C'était en effet certainement lui qui en savait le plus long sur le poison et ses effets. Elle se tourna néanmoins vers le luménien pour l'interroger du regard : après tout, Arthur n'avait certainement pas recherché sa compagnie pour ce genre d'activités et elle comprendrait bien qu'il cherche à rejoindre le corps expéditionnaire luménien pour qu'on le prenne en charge.

L'ilmate pesa le pour et le contre avant de répondre.

"L'équipement sera peut-être superflu pour le moment. A dire vrai, je ne sais pas vraiment par quoi débuter nos recherches. Peut-être par l'endroit où votre amie a été empoisonnée ..."

Il regarda Arthur du coin de l'oeil et fut sur le point d'ajouter quelque chose avant de se raviser.

"Je ne pense pas que nous risquions quoi que ce soit de ce coté là. Du moins, je l'espère."

Visiblement et à son grand dam, le clerc n'avait guère d'idée précise sur la meilleure marche à suivre mais Chandara n'entendait pas se décourager pour si peu. En cette situation, elle se positionnait même comme celle le plus à même de soutenir le moral des troupes et c'est ce qu'elle entreprit de faire :

- Vous avez raison : des armes attireraient trop l'attention, y compris celle de gardes. Cela ne ferait donc que nous retarder pour le moment. Et au besoin, nous improviserons ! Mais cela pourrait nous aider de savoir combien de temps le poison met à agir pour restreindre les recherches en fonction.

La question s'adressait à l'Ilmate mais elle enchaînait déjà en se tournant vers Yvain :

- Savez-vous où Appoline est susceptible d'avoir été atteinte ? En dehors de votre établissement, j'entends...

"Je ne sais pas vraiment. Appoline n'est pas quelqu'un qui sort beaucoup. Mais peut-être qu'elle ne me dit pas tout et qu'elle a profité de notre absence pour aller voir ailleurs."

Il hésita quelques secondes avant de reprendre à voix basse.

"Peut-être devons-nous commencer par la taverne. Je ne dis pas qu'il y a du poison là-bas mais quelqu'un aura peut-être vu Appoline partir ..."

" Moi c'est dans le théâtre voisin que j'ai commencé à me sentir mal, intervint Arthur. Pas que je pense être empoisonné... mais au cas où... Hum. La taverne, ça sera très bien. Et puis c'est juste à côté."
Le plus urgent semblait de quitter l'atmosphère déprimante du Temple d'Ilmater. Ensuite, il resterait dans le sillage de Chandara. Elle connaissait mieux la ville que lui et elle avait peut-être davantage l'habitude de mener l'enquête...

Il aurait été amusant que les paladins échangeassent leurs idées à cet instant car Chandara avait quant à elle fermement l'intention de demeurer dans l'aura protectrice d'Arthur et de se fier un peu plus à sa sagesse et sa pondération qu'à son impulsivité et sa propension à se jeter tête baissée vers les ennuis.

- Il faut bien commencer quelque part oui, et je n'ai malheureusement pas de meilleure idée à proposer pour le moment.

Et, à la faveur de leur progression, la jeune femme s'approcha du luménien pour lui souffler à voix basse :

- Merci d'accepter de nous aider, Arthur : je me sens beaucoup plus rassurée avec vous à mes côtés.

Ils quittèrent donc le temple du dieu souffrant. Au dehors, ils retrouvèrent le ciel bas et la pluie battante. Les chemises et surcots ternes s'étaient mués en multitude de pèlerines, de capes ou de manteaux comme si Manost en plein été entrait déjà dans l'hiver. Un peu plus loin, les deux paladins reconnurent la silhouette usée du vendeur de chandelle continuant de proposer ses marchandises malgré le temps. Ils arrivèrent bientôt en vue du théâtre de la harpe et de l'Abri des Arts. L'Ilmate plongé dans ses pensées jusque là s'adressa à Arthur.

"Ce que vous dites me semble pertinent. Je ne sais pas si vous êtes ... atteint. Mais si c'est au théâtre que vous avez commencé à vous sentir mal nous devrions commencer par là."

Il hésita quelque peu avant d'ajouter.

"Vous êtes une des rares personnes assez valides pour pouvoir émettre des suppositions sur son empoisonnement ... Ou son non-empoisonnement ... Et ceci est précieux."

Arthur avait souri à Chandara, cherchant quelque chose à lui répondre, pour dédramatiser la situation. Mais il n'avait rien trouvé : il était troublé par la perspective d'avoir été empoisonné à son insu, pour une raison incompréhensible. Avoir survécu à la guerre pour trépasser sur un grabat, il ne pouvait imaginer chose plus terrible.
" Honnêtement, je ne pourrais pas vous en dire davantage... J'ai eu mal à la tête en regardant la pièce de théâtre... Je n'ai pas trouvé ça particulièrement surprenant vu, heu, la qualité de la pièce en question."
Il s'empourpra légèrement, espérant ne vexer personne.