La Couronne de Cuivre

Il eut tout juste le temps de se glisser derrière l'incantateur. Une lumière vive jaillit brusquement des mains de l'inconnu et vint illuminer son épée, éclairant toute la scène, au moment même où Gabriel bondissait sur sa cible.
Le second homme, qui avait la tête tournée vers son comparse, cligna des yeux dans la lumière et aperçut leur agresseur.
" Attention !"
L'incantateur avait de bons réflexes, mais la dague de Gabriel était déjà au contact de sa chair lorsqu'il tourna la tête. La lame s'enfonça dans son cou, mais rencontra la colonne vertébrale bien plus tôt qu'escompté. L'inconnu lâcha son épée illuminée et s'effondra à genoux avec un cri étranglé, en portant la main à son cou pour empêcher le sang de gicler. Gabriel l'entendit psalmodier quelque chose, mais n'eut guère le temps d'y prêter davantage attention : il était face au second homme qui levait son épée avec rage.

HRP : Un dé20, encore...

Gabriel n’eut pas d’autre choix que d’attaquer sur la préparation du deuxième homme, dans l’intention de couper avec sa dague le muscle coraco brachial et ainsi lui faire tomber son bras armé.

HRP : lancer du D20 = 12

Mais son adversaire était un combattant aguerri : il esquiva le coup porté, de justesse cependant. Ce faisant, il fut quelque peu déséquilibré et ne put abattre immédiatement son épée sur Gabriel comme il en avait visiblement l'intention. Le jeune guerrier roula au sol derrière lui et sentit l'épée lui frôler le corps une fraction de seconde plus tard, sans le blesser. Il se redressa juste à temps pour esquiver une autre attaque : son adversaire lui faisait à nouveau face.
" A l'aide !"
Mais des exclamations provenaient déjà du campement, son cri d'avertissement ayant apparemment alerté d'autres personnes.
Son comparse était toujours à genoux, en train d'incanter à nouveau, grièvement blessé mais vivant.

Gabriel avait peu de temps avant que les autres asservisseurs alertés arrivent. II envisagea de faire ravaler les évocations dans la gorge de l’incantateur, mais il ne céda pas à la rage, pas tout de suite, il devait garder sa présence d’esprit pour vaincre les trafiquants d’êtres humains. Il sortir son épée du fourreau dorsal est présenta la pointe de celle-ci en direction du cœur de son adversaire dans le but de le traverser d’un coup d’estoc.

Son adversaire esquiva la lame, de justesse, mais récolta tout de même une profonde estafilade sur son flanc gauche : l'épée de Gabriel avait entamé son gilet de cuir clouté. Il était mince, souple, vif, et contre-attaqua aussitôt, abattant sa lame d'un geste rapide que Gabriel contra d'un mouvement réflexe. Plus fort que l'inconnu, il n'eut aucun mal à dévier son épée. Son adversaire recula d'un bond pour se mettre hors de portée, et fit face, concentré, en garde.
L'incantateur avait terminé son incantation et se redressait lentement, soigné mais encore affaibli, juste à côté de Gabriel.
Des hennissements se faisaient entendre du côté du campement, des cris, des jurons.

HRP : un autre dé20?

Il entendit les cris provenant du campement, mais il était trop concentré pour les interpréter. Gabriel maitrisait le combat contre l'esclavagiste. Son acolyte reprenait des forces mais pas suffisamment pour retrouver tous ses réflexes. Il fit une passe arrière, l’incantateur était à présent entre son adversaire et lui. Le jeune guerrier exécuta une attaque directe en taille pour lui trancher la tête.

HRP : D20 = 20

L'incantateur tenta d'esquiver, mais l'attaque de Gabriel fut trop rapide : l'épée lui trancha le cou, faisant gicler le sang à flots. Il s'effondra sans un cri.
Son comparse, cependant, n'était pas resté immobile : alors que le jeune guerrier portait son attaque, trop concentré sur son geste pour avoir une vision nette de ce qui se passait au-delà de sa cible, il se déporta rapidement sur le côté droit de Gabriel. Au moment où celui-ci relevait la tête pour reportait son attention sur son second adversaire, il aperçut son épée qui s'abattait sur lui. Il eut tout juste le temps de reculer : l'épée lui heurta l'épaule droite plutôt que le cou, entaillant profondément la chair. La douleur fut si intense qu'il en fut paralysé, juste un instant. Son épée lui glissa des doigts.
Par chance, un bruit de galop tout proche détourna l'attention de son adversaire, qui dut rouler sur le côté pour ne pas être heurté de plein fouet par un cheval. L'animal pila, se cabra.
" Montez !"
C'était la voix d'Anita, dressée sur ses étriers.

Gabriel était en train de récupérer son épée au sol, quand quelqu’un cria au-dessus de lui, il leva la tête. Il eut le cœur qui battit plus vite à la minute où il la vit. La cavalière rouge songea-t-il. L’image parfaite de la guerrière : resplendissante de force et de détermination. Anita chevauchait avec aisance, ses cheveux en désordre. Il réalisa que c’était bien la jeune rôdeuse.
Il se porta à sa hauteur et avec son bras valide il sauta sur la croupe de la monture.

Dès qu'il fut en selle, le cheval s'élança au galop et il dut s'accrocher à la taille d'Anita pour ne pas être désarçonné. Derrière eux, il entendit des cris, des jurons, des bruits de pas précipités, qui s'estompèrent rapidement tandis qu'ils chevauchaient aussi vite qu'ils l'osaient sur le sentier chaotique qu'il avait suivi à l'aller. Il leur fallut rapidement renoncer au galop pour le trot, cependant : le terrain était traître et leur monture risquait de se rompre un jarret. Mais personne ne les suivait dans l'immédiat, et Anita ralentit encore l'allure.
Il l'entendit pouffer de rire.
" Vous êtes arrivé juste au bon moment : la diversion était parfaite !", s'exclama-t-elle joyeusement.

Il essaya de garder son assiette tandis qu’Anita tirait sur les mors du cheval. Il déplaça ses mains pour qu’elles viennent agripper la selle afin d'éviter de l’écraser de son poids.
Aux paroles d’Anita, Gabriel sourit si fort qu’il en eut mal.
Il ressentait une joie sauvage qu’ils soient tous les deux en vie.

Leur monture filait désormais d'un trot léger, paisible.
" On a un peu d'avance, j'ai fait fuir tous leurs chevaux. J'crois qu'ma tête leur revenait pas, ils ont pris peur ! Le temps qu'ils les rattrapent, on sera loin. Et puis, ils ne chercheront peut-être pas à nous poursuivre. Mais dites, ça avait l'air rude, comme combat ! Vous n'êtes pas blessé au moins ?"
Elle tourna brièvement la tête vers lui.
" Vous saignez..." fit-elle en fronçant les sourcils.
Gabriel constata qu'elle disait vrai. Le coup d'épée qu'il avait reçu dans son biceps droit était violent, et le lame avait entamé sa cotte de maille, lui entaillant la chair. Sa blessure saignait encore, plusieurs minutes après le choc, et la douleur pulsait dans tout son corps.

L’effet euphorisant de l’adrénaline étant passé, Gabriel sentit la douleur dans son bras accentuée par la foulée du cheval. Il regarda la plaie à fente étroite, la blessure était sans gravité mais elle devait être refermée pour arrêter le saignement.
"La blessure est bénigne,...un bandage suffira. Mais, c'est Noah,...il a été empoisonné par la morsure d'un sépulcreux, nous devons le rejoindre au plus vite… »

Anita pâlit légèrement, puis se reprit, secouant la tête.
" Noah sait ralentir le poison dans ses veines, et il a quelques herbes. Et dans tous les cas, ce genre de morsure n'est généralement pas mortelle, de ce que j'en sais. Par contre, il arrive que des séquelles importantes subsistent, que seul un clerc sait guérir. Il doit être fortement affaibli, j'imagine, mais pas en danger imminent. Vous, par contre, si vous continuez à saigner ainsi, vous allez finir par faire un malaise. On devrait s'arrêter, je vais vous faire un bandage, ça ne prendra pas longtemps..."

Malgré sa forte corpulence Gabriel était nauséeux, l’hémorragie diminuait difficilement. « Merci Anita, je surestime mes forces. »
« Noah a utilisé sa magie pour me sortir des griffes d’une guenaude… Il doit être épuisé…Il est aussi très inquiet de ne pas vous avoir vu au rendez-vous... »
Le jeune guerrier réalisa qu’il exprimait aussi ses propres émotions. La jeune rôdeuse l’impressionnait pour son intelligence, sa force mentale et sa vitalité. Anita était à part, elle improvisait avec facilité pour se sortir des situations dangereuses avec le recul d’un sage espiègle.
Le jeune guerrier respira, il pouvait reposer sa confiance entre ses mains. Il exprima sa reconnaissance en posa sa main valide sur son épaule.

Anita posa un instant sa main sur la sienne, la serra brièvement, puis stoppa leur monture et se laissa glisser au sol. Elle l'aida à descendre.
" Mettez-vous torse nu... Je suppose que vous n'arriverez pas à dénuder juste votre épaule, avec la cotte de maille."
Elle s'arrêta de parler, et fronça les sourcils en écoutant attentivement. Gabriel, lui, n'entendait rien. Il la vit scruter les ténèbres dans la direction d'où ils venaient.
" Il faut se méfier. Il n'y a que des humains, ils n'y voient rien dans le noir et je ne crois pas qu'ils oseront nous poursuivre avec des torches. Mais il me semble qu'ils ont un rôdeur avec eux, avec un loup... Il peut l'envoyer nous pister."
Tout en parlant, elle fouillait dans sa besace pour en sortir deux bandes de tissu.

Gabriel défit les sangles accessibles de sa cotte de mailles avec son membre valide. Faire vite, le loup pouvait sentir le sang de la blessure. Il regarda Anita fouiller sa besace avec souci. Il ne pouvait pas penser qu’elle souffre de sa dépendance et que les esclavagistes l’enlèvent à nouveau. Il fallait juste bander sa blessure et il pourrait retrouver sa force brutale. Cette pensée le reconcentra, il savait grâce à Noah qu’il possédait des ressources hors du commun. Il mit ses sens en alerte tout en se laissant soigner.

La jeune rôdeuse commença par nettoyer sa blessure avec l'eau de sa gourde et un peu de savon qu'elle tira de sa besace, puis lui appliqua une crème cicatrisante. Mais pour venir à bout du saignement qui persistait, il lui fallut réduire un morceau de tissu en charpie, l'appliquer fortement contre la plaie, avant de lui envelopper l'épaule avec une bande de tissu propre, qu'elle ajusta parfaitement pour stopper l'hémorragie.
Quelque part au loin, il lui sembla voir une lueur, heureusement trop loin pour être menaçante. Il n'entendait pas de bruit proche, ne voyait pas de mouvement. Mais il n'était pas certain qu'il pourrait distinguer l'approche d'un loup dans l'obscurité.

Gabriel se rhabilla, le bandage le soulageait de la douleur.
« Le cheval possède une excellente ouïe et un très bon odorat, il nous préviendrait si un loup ou un humain venait. »

Anita acquiesça.
" Je sais. Pour les humains, ce n'est pas un souci, je les verrai venir de loin : ils n'y voient rien, contrairement à moi... et à vous apparemment. Et puis, ils ne savent pas marcher discrètement. Par contre, ce cheval est habitué à la présence du loup, je ne suis pas sûre qu'il réagisse de façon nette s'il le sent à proximité."
L'animal était pour l'heure parfaitement paisible, mais sa tête était tournée vers le chemin qu'ils venaient de parcourir, et il semblait particulièrement attentif, les oreilles frémissantes. Peut-être percevait-il des bruits.

Gabriel fronça les sourcils. "Nous les amenons droit vers le campement où Noah nous attend. Combien étaient-t-ils ? Il faudrait leur tendre un piège, …. Nous pourrions les perdre dans les marécages ?"
"Qu'en pensez-vous Anita ?"

Elle secoua la tête, dubitative.
" Ils sont nombreux. Une dizaine, je dirais. Et ce sont des pros... de quoi, je ne sais pas, mais ils savent se battre, et il y a plusieurs lanceurs de sorts. Des clercs et des mages. Je ne sais pas ce qu'ils font là. J'ai écouté de toutes mes oreilles, je n'ai pas réussi à en savoir davantage, ils n'ont rien dit d'intéressant devant moi. Tout ce que je sais, c'est qu'ils ont l'accent d'Ithillion, donc c'est forcément louche : ils n'ont rien à faire ici."
Elle haussa les épaules.
" Les piéger, ça va être compliqué. Enfin... Peut-être qu'ils ne vont pas venir à dix à notre poursuite... Mais ils auront leur loup, et c'est un vrai problème. C'est lui qui m'a débusquée, quand j'ai voulu aller espionner ce qu'ils faisaient..."

Ce n'étaient peut-être pas des esclavagistes, possiblement une troupe militaire ? Mais dans l'immédiat, il fallait s'occuper du canidé pisteur.
« Il faut donc s’en débarrasser… Mais, vous aviez un familier, un loup quand nous nous sommes rencontrés dans les marais. ? Vous savez les charmer. Serait-t-il possible de le rallier à nous ? ».
Tout guerrier qu'il fut, Gabriel n’aimait pas tuer les animaux.

" Le loup... Nuage... C'est un vieil ami de Noah. Ce n'est pas vraiment son familier, pas au sens strict du terme. Plutôt un animal qu'il a soigné et recueilli, il y a plusieurs années, et qui est resté semi-apprivoisé. Il avait déjà son familier, Aquila, la chouette. Il n'a pas pu créer un deuxième lien. Mais donc, je ne sais pas où est Nuage. Il reste rarement longtemps avec nous dans les marais, ce n'est vraiment pas le type de territoire qui lui convient. Je ne l'ai pas vu aujourd'hui. Et... charmer des bêtes, ça ne marche pas à tous les coups, et..."
Elle fut interrompue par un battement d'aile au-dessus de leur tête. La chouette en question venait d'apparaître.
La jeune rôdeuse parut l'écouter, concentrée.
" C'est Noah qui nous l'envoie... Il s'inquiète. Elle dit qu'il y a une bête qui se dirige vers nous, le loup je suppose."

Gabriel regarda Aquila et Anita converser silencieusement. Il n’avait aucun talent pour se lier à un animal, mais il pensait que cet attachement devait être profondément intime et confiant. La chouette les avait prévenus de l’approche du loup, ils devaient agir sans scrupule.
« Nous devons mettre fin à sa poursuite. Je propose que nous l’attendions pour lui tendre un piège... Anita vous savez lancer des armes de jet ? Je serais l’appât, je l’attendrais de pied ferme à la fin de sa piste et vous, vous serez cachée dans les broussailles derrière moi, prête à lancer votre dague sur lui. Qu’en pensez-vous ? »
Le jeune guerrier n’ayant jamais chassé de sa vie, ce fut la seule stratégie qui lui vint en tête.

" Heu... Je n'ai pas de dague de jet et je ne sais pas m'en servir. Je sais me servir d'un arc ou d'une fronde, mais ils m'ont confisqué mes armes lorsqu'ils m'ont capturée. Je n'ai pas pu les récupérer. "
Elle haussa les épaules, songeuse.
" Sinon, je sais fabriquer des pièges... mais on manque de temps et de matériel. Enfin, peut-être pas, ça dépend : vous avez une corde sur vous ?"

HRP : ce que Gabriel a vu, le premier soir, n'est pas une dague mais un objet produit par un sortilège (couteau de glace)

« Hélas non, je l’ai perdue avec mon sac dans la lise. Je vais devoir tuer le loup". Gabriel tendit sa dague à Anita. « Prenez cette arme pour vous défendre ».

Anita prit la dague, la soupesa, concentrée, et fit quelques mouvements, simulant une attaque. Elle comptait visiblement la prendre bien en main, et Gabriel put noter la souplesse de ses mouvements : elle avait visiblement une certaine habitude des lames.
La chouette reprit son envol, survolant la scène.
" Oui mais... on fait quoi ? On attend qu'il attaque ? L'un de nous se cache ? Est-ce qu'il faut que j'aille plus loin ? Avec le cheval ?"

« Nous allons attendre le loup ».
« Anita, vous vous mettrez en selle et vous lancerez la dague sur le loup quand il sera à votre portée d’attaque. Vous êtes plus à l’aise à cheval que moi et vous saurez le maitriser s’il venait à avoir peur.
Quant à moi, je me dissimulerai dans les broussailles à votre gauche pour le frapper sur son flanc exposé».
Gabriel savait que la rôdeuse possédait une excellente coordination pour réussir son premier lancer d'arme blanche.

Ils avaient atteint la limite entre la garrigue et la vaste étendue herbeuse que Gabriel avait traversée. Devant eux, l'horizon était plat comme la main et il serait difficile de se dissimuler, sauf à plat ventre dans les herbes hautes. Mais il restait encore un ou deux buissons d'épineux, et Gabriel put s'y dissimuler. Aniata se remit en selle, et avança précautionneusement en direction des marécages. Elle avait mis son cheval au pas, et avançait lentement, à demi-retournée sur sa selle, prête à intervenir.
Mais elle n'en eut pas l'occasion : le loup resta invisible. Il était peut-être tout proche, mais Gabriel ne parvenait pas à détecter sa présence dans les broussailles.
Anita finit par s'arrêter, quelques dizaines de mètres plus loin, indécise.
La chouette réapparut dans son champ de vision, et décrivit un cercle, à plusieurs dizaines de toises dans la direction d'où ils venaient. Probablement pour indiquer la position du loup. Il vit Anita secouer la tête et faire demi-tour pour revenir vers lui.

Gabriel comprit en voyant Anita revenir que le loup était loin de leur piste. Il ressentit un grand soulagement. Pour le jeune guerrier seuls les asservisseurs d’êtres humains et des animaux étaient responsables d’actes meurtriers et d’asservissement. Il pensa qu’ils pouvaient retrouver Noah et le soigner sans obstacles.
« Anita, allons rejoindre Noah. Je monte derrière vous sur la monture. Le loup ne semble pas vouloir nous suivre … ».

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Quelque part au nord des Landes