La Couronne de Cuivre

Titoeil rougit de nouveau jusqu'aux oreilles. Cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas enseigné à quelqu'un. La dernière personne avec qui il avait essayé été Althéa, qui s'était avérée une élève lamentable.

"Je serai ravi de vous apprendre. Le seul petit soucis, qui sera sans doute moindre pour vous, c'est que je ne consigne aucune de mes recettes par écrit. Tout est réalisé à l'instinct. Je me fie au plaisir gustatif avant tout. Vous devrez m'observer. Si cela vous posait un problème, je m'empresserais bien sur de vous les retranscrire"

Chandara était ravie que Titœil accepte si spontanément de partager ses secrets culinaires avec elle. Elle se fendit d’un sourire ravi et se défendit de chercher à lui imposer ses conditions :

- Oh, n’ayez crainte ! Cela me convient tout à fait : nous pourrons ainsi inventer ensemble de nouvelles recettes qui resteront connues de nous seuls ! J’espère que vous ne me trouverez pas trop maladroite. Je n’ai que peu d’expérience en la matière tout au contraire de vous, finit-elle en rosissant légèrement.

"Oh non, je ne vous trouverai jamais maladroite. Vous savez, vous n'atteindrez jamais le niveau de ma précédente élève. Vous avez dû la croiser tout à l'heure. Enfin, passons. Et puis, même si vous n'étiez pas douée en cuisine, qu'est-ce que cela peut bien faire ? Nous avons tous des points forts et des points faibles, non ? Si ça se trouve, c'est vous qui trouverez que je suis un piètre professeur"

La jeune femme planta son regard dans celui de l’aubergiste :

- Et par quel coup du sort le meilleur tavernier de Manost pourrait me décevoir ? Cela ne sera pas, j’en ai la conviction. Et si vous vous révéliez aussi mauvais professeur et que je sois la plus inapte des élèves, l’essentiel resterait que nous nous soyons amusés, tous les deux. En cela encore moins, nous ne pouvons échouer. Malheureusement, je pense qu’il me sera difficile de venir tous les jours. Nous verrons combien mon devoir me permettra de consacrer à mon ami et professeur.

De l'absence de ses protégés, il en avait l'habitude. Ils le laissaient parfois des jours, des semaines ou même des mois. Althéa, Lothringen, Léodacya, et même Dryade, même s'il refusait de l'avouer ... Chaque fois, il guettait leur retour avec inquiétude, mais chaque fois, ils trouvaient leur table mise quand ils passaient le seuil de sa porte.

"Tant que vous viendrez, je serai content. Pour ce qui est de l'Ordre, hé bien, j'ai parfois l'impression que certains paladins viennent porter leurs prières à la taverne ... S'ils viennent, vous pourrez venir aussi, non ?"

La jeune femme sourit à nouveau timidement mais poursuivit d’une voix résolue :

- Alors si cela vous fait plaisir, je viendrai ! Mais pourquoi ne commencerions-nous pas tout de suite ? Il doit bien rester quelque chose que nous pourrions préparer ensembles !

L’enthousiasme de Chandara était maintenant manifeste à tel point qu’elle en rayonnait.

Titoeil ne mit pas longtemps à trouver. Sa gourmandise parlait, lui susurrait à l'oreille des plats, des goûts, des recettes délicieuses. De sa voix impérieuse, elle commandait presque. Oui, la muse de la gourmandise était très exigeante, et Titoeil un de ses adeptes les plus zélés.

"Hé bien, que diriez vous d'une tarte à la fraise et à la rhubarbe ?"

Dans sa tête, Titoeil avait déjà mis au point sa recette ...

La jeune femme se leva avec enthousiasme. L’impatience se mettre à l’ouvrage était évidente et Chandara prit Titœil par la main pour l’emmener vers les cuisines et étonna son mentor par une remarque experte :

- C’est une idée lumineuse ! Le sucré des fraises atténuera l’acidité de la rhubarbe. Le mariage des deux promet d’être succulent.

La jeune femme ajouta sur le ton de la confidence :

- Je n’ai jamais su résister à un dessert appétissant. Puisse Helm me pardonner !

"Oh, je ne pense pas qu'Helm se soucie de votre gourmandise chère Chandara. Au contraire, il l'approuve. Certes, ce n'est pas un dieu très drôle mais je suis sur qu'il voudrait être à notre place, si on lui demandait son avis bien entendu. Il doit nous regarder avec envie, nous autres mortels. Et il doit se sentir bien seul à mon avis. A mon avis, il n'y a pas d'amitié entre les dieux. Enfin, j'en ai peut être trop dit ..."

Et il lança à Chandara un regard inquiet.

Chandara surprit l’hésitation dans le ton et le regard de l’aubergiste. Peut être celui-ci craignait d’avoir heurté ses croyances. Elle se contenta se rire, balayant ses inquiétudes.

- Les dieux doivent parfois nous envier de pouvoir gouter à certains plaisirs qui leur sont refusés, j’imagine…

Puis, une idée illumina le visage de la jeune femme et ses fossettes se haussèrent d’un rire contenu lorsqu’elle poursuivit :

- Mais ne vous-êtes jamais dit que les dieux pourraient très bien s’accorder une pause de temps en temps. Peut être Helm se rend-il ici pour gouter à vos petits plats !

Le visage de Titoeil se fit soudain inquiet. Il passa méthodiquement en revue les gens présents dans la salle. Il y avait bien quelques personnes en armure mais ...

"Vous croyez ?"

Non, il ne pouvait pas être là. Il fallait être réaliste. Voyons Titoeil, Helm ne pouvait pas être présent à plus de cinq heures de l'après-midi voyons ! Mais les autres jours, pourquoi pas ? En plus, il y en avait bien un, plutôt grand qui venait toujours en armure. Et il parlait peu celui-là. Pas du genre à venir danser sur la table avec les autres comme l'autre fois. Il adressa à Chandara un sourire entendu.

La jeune femme lui adressa un clin d’œil en retour :

- C’est si simple quand on y songe ! Peut être ne sont-ils pas physiquement avec nous, peut être que si. Mais cela ne fait guère de différence au fond. Je sens sa présence qui m’effleure l’âme parfois. Et alors, je m’efforce toujours de donner le meilleur de moi-même, pour qu’il soit fier de moi, qu’il veille sur moi. C’est peut être égoïste ou prétentieux de ma part mais c’est ce que je ressens. Il y a des lieux plus propices que d’autres et je puis vous assurer qu’il se rendrait ici s’il devait visiter choisir une des auberges du continent. C’est une des raisons, mais pas la seule pour laquelle je me sens bien avec vous.

"Pour moi, les dieux sont dans ce que je réussis le mieux, ce qu'il y a de meilleur en moi. Mais ils ne sont pas une présence écrasante. Jusqu'ici du moins. Presque chaque visiteur avait le sien, et grâce à eux, j'ai appris à les connaître. Ils se valent tous je crois. Du moins, je ne pense pas qu'il soit utile de se battre pour déterminer lequel est meilleur que l'autre. C'est ce qu'il s'est passé à Mélandis, n'est ce pas ?"

Le sourire de la jeune femme se figea. Qu’avez-vous voulu dire Titœil ? Soucieuse de ne pas laisser un malentendu ternir leur toute nouvelle relation, Chandara interrogea l’aubergiste sur un ton doux :

- Vous ne pensez tout de même pas à comparer, Helm Torm, Chauntéa ou Lathandre aux cultes mauvais ? Chaque dieu représente une certaine idée de la façon dont mener sa vie. Nombreux sont les gens à en suivre plus ou moins consciemment les préceptes car ils ont une idée de la façon de mener la leur. Leur présence n’est pas écrasante mais je pense qu’elle nous guide, ou du moins certains d’entre nous. En quelque sorte, les guerres intestines de Mélandis ne sont que le résultat de la rivalité des divinités du chaos. Il ne fallait qu’une braise pour rompre l’hégémonie Talossienne. J’espère de tout cœur que les habitants de Mélandis n’auront pas à en payer le prix fort pour se soustraire à sa poigne d’oppression.

La voix traduisait à la fois ferveur et tristesse.

"Non, bien sûr. Loin de moi l'idée de les comparer. Rien ne peut sortir de bon de ces dieux là. Mais vous savez, il peut exister des rivalités entre les prêtres des autres dieux, même bons. S'ils veulent que leur dieu soit mieux représenté que l'autre. C'est tout de même beaucoup mieux quand les obédiences peuvent coexister, du moins c'est ce que je pense. Une religion ne doit pas être un prétexte pour frapper sur le voisin. Ni rien d'autre d'ailleurs. Tenez, à ce sujet, je vais vous raconter une petite histoire.

Un jour, un détachement de paladins de Lathandre s'est arrêté au Loyal Paladin. Il y en avait une douzaine, si je me souviens bien. Ce soir là, une douzaine de paladins helmites se trouvaient là aussi. Ils ont d'abord commencé à se jauger en chiens de faïence. Puis, les lathandriens ont commencé s'amuser entre eux. Ils riaient assez fort. Nos helmites, pour ne pas avoir l'air en reste ont commencé à renchérir et cela plus fort qu'eux. Et voila que les autres haussent à leur tour le ton. Les autres ont commencé à danser sur la table. Aux autres de les imiter et ainsi de suite. Jusqu'à ce que l'un d'entre eux, un helmite je crois, prenne une des tartes que j'avais confectionnée ... Une tarte à la framboise et aux fraises des bois, excellente celle là au passage ... Et la lance sur la tête d'un Lathandrien.

Tout le monde a cru qu'ils allaient se battre. Mais le Lathandrien a porté les débris de la tarte à sa bouche. Je l'ai alors vu sourire et il a dit que la tarte était très bonne. Puis tout le monde a ri. Finalement, ils ont passé la soirée tous ensemble ..."

Chandara retrouva son sourire et rit même de bon cœur :

- Oh, vous avez encore une fois évité un conflit bien triste de se produire. Votre nourriture doit vraiment être bénie pour avoir cet effet sur les gens. En parlant de cela, pensez-vous que le dîner sera bientôt prêt ? Je meurs de faim !

Renchérissant, l’estomac de la belle jeune femme gargouilla bruyamment ce qui eut pour effet immédiat de la faire rougir furieusement.

- Désolée… Vous ne devriez pas parler ainsi d’une tarte aux fruits rouges.

"Hé bien, hé bien. Veuillez me suivre, gente dame"

Il conduisit Chandara dans saint des saints, c'est à dire dans les cuisines. Une très grande cuisine où trônaient une table imposante, un évier, un four et une immense cheminée dans laquelle grillaient de la viande dont la graisse crépitait joyeusement dans dans le foyer. Une petite porte donnait sur un jardin potager nanti de quelques arbres fruitiers. Un vrai petit havre de paix pour qui avait le temps de s'y attarder. Titoeil se saisit du rouleau à pâtisserie et commença à étaler la pâte l'attendant sur une planche.

"Voyez-vous, c'est une pâte brisée que j'ai préparée hier soir, afin qu'elle ait le temps de reposer. Pendant ce temps, vous pourriez découper les fraises en tous petits morceaux. Mais prenez bien garde de ne pas vous couper"

Ce disant, il adressa un clin d'oeil ému à un immense portrait trônant au dessus du fourneau.

Chandara pénétra avec recueillement dans le sanctuaire sacré du Loyal Paladin. Les cuisines étaient vastes et chaleureuses avec en plus une touche de mystère lié à l’aspect privé du lieu. La jeune femme saisit un couteau bien affûté et fit montre d’une grande habileté dans le découpe des fruits mûrs.

Remarquant le coup d’œil de Titœil, elle détailla l’objet insolite pour une cuisine. Cédant à sa curiosité mais avec tout le tact possible, elle interrogea l’aubergiste à son sujet :

- Oserais-je demander qui est la personne représentée sur ce portait ?

Nouveau regard ému. Sur le portrait, m'ma posait avec sa docte cuillière en bois dont elle se servait à la fois pour touiller et écarter de son chemin les postérieurs inopportuns qui avaient le malheur de se placer entre elle et ses marmites. Femme aux douces rondeurs dont la tête disparaissait sous une imposante toque.

"C'est Hanna Debeurré, ma grand-mère. La première femme a avoir décroché une récompense honorifique pour sa cuisine. Et ce n'était pas seulement lors des concours de tarte aux pommes. Une fois, elle a sauvé de la famille tout un village en inventant la soupe aux cailloux. En fait, dans ce village, chaque habitant avait un petit peu de nourriture et préférait le garder pour lui. Très peu de choses en fait, et ils mourraient presque de fin. M'ma est arrivée et s'est installée avec sa marmite devant chez elle. Elle a mis l'eau à bouillir avec son caillou. Elle l'a fait goûter à qui en voulait. Et chaque personne dans le village a emmené sa contribution. A la fin, ils avaient une délicieuse soupe.

M'ma est celle qui m'a tout appris vous savez. Elle m'a toujours fait confiance et m'a toujours écouté. Une brave dame, une vraie héroïne à sa façon"

Chandara se détourna un moment de son ouvrage pour contempler la représentation de l’aïeule du cuisinier. Sans être une beauté (de loin), la femme d’âge mur dégageait une impression de placidité et de détermination mêlées que le peintre avait su retranscrire dans son œuvre. Le lien de parenté avec Titœil se révéler facilement à l’observateur attentif. La paladine retourna joyeusement à sa besogne tout en répondant d’un ton enthousiaste :

- Il n’est pas de meilleure recette que le partage volontaire ! Votre famille est étonnante. Parlez-moi davantage de votre grand-mère s’il vous plait.

Des histoires à propos de sa grand-mère. Elle voulait qu'il lui en parle, qu'il lui raconte. Le bonheur l'avait envahi des pieds à la tête. Le bonheur de conter, de faire partager, de transmettre. A un âge avancé, il avait crû que cela ne lui arriverait jamais. Et pourtant ...

"M'ma a mangé avec la tarasque vous savez ? C'était une période de grande disette. M'ma, qui n'avait encore ni famille ni enfants parcourait le pays à pied. A ce qu'elle m'a dit, à son époque, on avait pas encore inventé la roue. Elle allait de maison en maisons, où elle se faisait embaucher chez les particuliers un temps. Oh, ils auraient tous voulu la garder auprès d'eux, lui proposant des sommes folles. Mais elle rêvait d'aventure et de grands espaces. Or, dans la contrée où elle cheminait, il n'y avait pour ainsi dire rien. Un jour, M'ma entendit marcher derrière elle. Un déplacement lourd d'un être pesant, se déplaçant à grand peine. Quand elle jeta un coup d'oeil derrière elle, M'ma aperçut avec stupéfaction la tarasque. Elle crut que la bête allait la dévorer sur le champ mais elle n'en fit rien. Au contraire, elle resta à une bonne distance derrière elle, comme si elle attendait. M'ma décida qu'il était temps de s'arrêter pour dîner. Elle sortit donc ses affaires, c'est à dire son petit poêlon et la nourriture que la famille qu'elle venait de quitter lui avait généreusement octroyée. Après avoir fait prendre son feu, elle se mit à cuisiner. Et là, croyez-moi, la tarasque alla jusqu'à ma grand-mère et lui fit comprendre d'un petit signe de tête qu'elle aurait bien aimé goûter ce qu'elle préparait. M'ma, d'une nature aimable n'a pas rechigné. Et la tarasque s'est très bien tenue d'après elle. Étonnant n'est-ce pas ?"

La paladine n’avait aucune idée de qui était cette Tarasque que Titœil évoquait souvent mais ce devait être quelqu’un de très fameux. Elle prenait un simple plaisir à écouter les récits tous plus fabuleux les uns que les autres de son ami et ne se formalisait guère à essayer de les expliquer. La magie du conte rendait les choses les moins plausibles agréables à l’oreille.

La jeune femme venait d’achever la dernière fraise d’un coup de lame expert quand elle répondit :

- Ce n’est pas si étonnant que ça qu’on en a goûté à la magie de la cuisine de votre famille. Je dois avouer que mes voyages ne me permettent bien souvent pas de manger correctement. La plupart du temps, je dois compter sur la chance ou me contenter de pain rassis et de viande séchée. Si seulement j’avais votre talent et celui de votre grand-mère pour cuisiner… cela vous dirait-il de m’accompagner pour une aventure ? Vous me seriez d’un secours vital !

Oh ! Une aventure ? Avec Chandara ? Oui ! Il l'escorterait bravement n'importe où. Comme M'ma à l'époque.

"Bien sûr. L'aventure, j'ai ça dans le sang. On ne dirait pas comme ça, mais je marche depuis que je suis né (maison, potager, potager, maison, marchand de vin, maison, potager). J'ai des kilomètres et des kilomètres dans mes bottes. Et bien sûr, les gênes de M'ma en héritage. Où voulez-vous m'emmener très chère ?"

Chandara applaudit tant elle était heureuse. Avec l’aubergiste, elle se savait capable de réaliser des exploits dignes des légendes, de surpasser l’insurmontable, de voyager dans des contrées méconnues de l’homme. Cependant, elle se sentait coupable de vouloir soustraire son ami à l’auberge qu’il aimait tant. Puis, une idée lui vint qui fit son chemin, hésitante mais tenace :

- Certains le présentent comme une légende mais j’ai y ai toujours cru depuis la première fois que j’en ai entendu parler. Là d’où je viens, on raconte qu’il existe un vin exquis, un nectar divin dans une bouteille diaphane inaccessible au commun des mortels mais que les dieux accordent, en de très rares occasions, à un chercheur méritant qui peut alors y gouter. Le vin exaucerait un vœu de son heureux consommateur et le libérerait de toute forme de maladie. Peut être, ensembles, trouverions-nous le Vin des Ages…

La gravité dans le ton de la jeune femme montrait qu’elle était sérieuse.

Un vin ? Oh ! Un vin rare ? Ah ! Un vin capable d'exaucer un voeu. Oh, pour ça, il avait tout ce qu'il voulait. Un toit, des amis, de l'argent pour payer ses dépenses, des sourires autant qu'il en voulait. Enfin ...

"Vous savez, une fois, j'ai libéré une petite fée enfermée dans ma bouilloire. Elle m'a dit qu'elle m'accorderait trois voeux. Je lui ai demandé des chaussettes plus épaisses, qu'elle fasse réchauffer mon thé et surtout qu'elle arrête de me crier dans les oreilles. Elle est repartie vexée"

Il fit à Chandara un petit clin d'oeil avant de reprendre.

"Ici, vous savez, je n'ai besoin de rien. Mais si vous me demandez d'entreprendre cette quête pour vous, je le ferai sans hésiter"

La jeune femme écarquilla les yeux et se fendit d’un nouveau sourire ravissant :

- Oooh ! Vous seriez mon Champion. Mais c’est ensemble que nous accomplirions cette quête et non pas pour la récompense. Je ne ferais rien pour un motif aussi égoïste et je sais que vous non plus. Mais nous figurerions alors ensemble dans les histoires. Nous ne serions pas obligé de goutter au vin, le plaisir de savoir un tel cadeau des dieux confié à nos bons soins suffirait à exaucer tous mes vœux.

Titoeil sourit à son tour, un sourire simple et vrai, qui ne demandait rien.

« Oh, vous savez, si je devais figurer dans les histoires, j’aimerais que ce soit comme tavernier au Loyal Paladin. Je trouve qu’on nous ne nous donne pas la part belle dans les histoires à nous autres taverniers, aubergistes ou autres oiseaux de nuit. C’est presque toujours nous qui détroussons les voyageurs si ce n’est pire, qui vendons le héros à leurs ennemis. A chaque fois, nous finissons brûlés ou au bout d’une corde. Cela me chagrine un peu. J’aimerais tellement que l’on parle d’un tavernier chaleureux, servant avec courage et affabilité ses clients. Mais ces gens là n’intéressent pas les histoires »

Chandara se rapprocha de Titœil et lui saisit doucement le bras, spontanément :

- Qu’importent les récits, pour moi, vous êtes un élément essentiel de mon histoire. On ne se rappelle pas vraiment longtemps des héros et on ne les appelle que lorsque tout va mal. Au contraire de vous, cher Titœil. Les gens viennent à vous parce qu’ils se sentent bien au Loyal. C’est peut être une tâche sans gloire et peu digne de chanson pour les bardes, mais c’est bien le plus important pour la plupart des gens et la plupart du temps.

Titoeil un peu gêné se balança d'un pied sur l'autre.

"Oh, vous savez, je ne fais pas grand chose, il ne faut pas croire. M'ma m'a toujours appris à être gentil et poli. C'était le minimum vital, à ce qu'elle disait. Et ma foi, je l'ai toujours cru, et je ne le regrette pas. La vie est courte, mais elle est d'autant plus belle en compagnie d'amis. C'est ce qu'elle disait toujours. Un sacré bout de femme"

Chandara disposa soigneusement les fruits en rangs serrés sur la pâte que venait d’achever le chef cuisinier tandis que celui-ci préparait déjà un nappage de crème pâtissière et de vanille. En un tournemain, la tarte fut mise dans l’un des nombreux fours.

- J’aurais vraiment aimé rencontrer votre grand-mère. Je pense qu’elle aurait été très fière de vous. Un homme bon, courtois et affable. Vous tenez bien votre auberge et vous êtes un ami précieux. Que puis-je faire d’autre ? ajouta-t-elle en se lavant les mains.

La Couronne de Cuivre

[Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin

Re : [Commerce] Au Loyal Paladin