La Couronne de Cuivre

Taliesin s'installa au comptoir, commanda un verre puis se mit à écouter, à observer.
Les salles communes des auberges étaient un excellent endroit pour prendre le pouls d'une ville, pour en apprendre l'actualité, les rumeurs. Pour avoir un certain aperçu de son atmosphère. Y passer du temps était donc à la fois agréable et instructif.
Or, n'étant pas pressé, il s'y attarderait sans doute un petit moment.

Isoler une conversation d'une autre, dans le brouhaha d'une salle dont l'acoustique n'était pas extraordinaire, n'était pas mince affaire, mais Taliesin avait l'avantage de son ouïe elfique, extrêmement fine, et il put sans mal déterminer de quoi chacun parlait. Trois des dix groupes de convives parlaient du temps. Deux vieilles femmes, près du feu, se remémoraient les automnes anciens, comparant la pluie du jour, sa précocité dans l'année, à des époques antiques, jusqu'à leur lointaine jeunesse. Au comptoir, trois hommes plus jeunes discutaient des mesures qu'ils avaient dû prendre, plus tôt dans la journée, pour garder leur marchandise au sec, dans un entrepôt qui n'avait manifestement pas été conçu pour la pluie. A leur discours, Taliesin devina qu'ils n'étaient pas d'Eredhun, qu'ils s'étaient installés en ville depuis peu, et ils étaient déçus que la concurrence locale ne les ait pas informés des spécificités des lieux. L'entrepôt était récent et son prix modique leur apparaissait sous un nouveau jour. L'elfe détermina que deux étaient frères, que le troisième était un ami de jeunesse, qu'ils venaient de quelque part plus au nord, qu'ils étaient négociants en bois. A une table plus près de la porte, deux couples discutaient avec une certaine stupéfaction de ce qu'ils avaient observé au sanctuaire d'Eldath, où les servants de la Déesse des Flots Chantants avaient profité de la pluie avec bonheur. Ils paraissaient partagés sur le caractère bénéfique de l'averse, que la moitié de la table attribuait à Talos. C'étaient manifestement des visiteurs.
La plus grande table était occupée par un groupe d'une dizaine de Chauntéens, en bure brune, qui planifiaient leurs activités agricoles — très chargées — des jours prochains. On parlait de vigne, de blé, de champignons, de taille, de châtaignes, de semis. La table voisine accueillait un couple plus âgé et deux jeunes femmes, dont l'une portait des vêtements rouges relevés de blanc qui la marquaient comme une prêtresse de Mielikki. Ils étaient de la même famille et le couple s'inquiétait du mode de vie rustique de leur fille, tandis que la petite dernière ne disait rien. Deux Tyrites parlaient des entraînements des novices à prévoir un peu plus loin. Au comptoir, sur la gauche de Taliesin, deux femmes dans la cinquantaine discutaient d'un homme sans le citer. La première le trouvait charmant, intelligent et plein de promesses, la seconde lui enjoignait de s'en méfier, ce à quoi la première répondait qu'il ne fallait pas s'inquiéter, qu'elle n'avait plus quinze ans et que de toute façon, elle savait qu'il était pris. Les gnomes et les nains rassemblés discutaient pierres avec l'elfe, et possibilités de traverser la Lorien depuis les Rocheuses du Dragon. L'elfe était manifestement leur contact à ce niveau, et ils avaient rencontré des écueils nombreux lors de leurs derniers passages. La route de Belred par Togoria n'était pas sûre, celle qui montait à Nauru mal entretenue, Anarion était de plus en plus mal famée et pourquoi fallait que les gens de Loth Imharil soient si désagréables ? Des membres de la guilde des tailleurs s'étaient rassemblés pour discuter d'une position commune par rapport à l'augmentation du prix du lin et à un souci de pigments frelatés qui leur étaient arrivés de Féérune via Lunaros. La dernière table accueillait un groupe d'aventuriers qui prévoyaient de remonter vers la côte nord dès le lendemain et discutaient des derniers arrangements de leur bivouac, d'un cheval boiteux, d'une tente à réparer, d'un problème de bois mouillé, du parcours le plus sûr pour atteindre leur destination — une grotte sur la côte.

Heureusement que Victor ne les avait pas entendus : sinon, il aurait été tenté de leur emboiter le pas, songea-t-il en esquissant un sourire.
Puis il passa à autre chose.
Il ne s'attardait nullement sur les discussions privées : il n'était ni un espion, ni une commère. Non, il se focalisait plutôt sur les plus générales, celles qui ne tenaient en rien de l'intime. Les échanges des Chauntéens lui remémorèrent leur récente expédition dans la Vallée du Nirvana et il se dit qu'à entendre ceux-là, il y avait fort peu de chances qu'ils soient d'horribles cultites. La mention du temple d'Eldath lui fit songer qu'il était sur la liste de ceux qu'ils n'avaient pas encore visités : toutefois, vu sa situation très excentrée, il y avait fort peu de chances pour qu'ils s'y rendent le lendemain...
Bref, le barde s'abandonnait à des pensées fugaces tout en sirotant sa consommation.

La conversation des deux femmes à sa droite devint plus politique, sur les services que les Temples pouvaient rendre à la ville, tandis que les négociants en bois payaient leur consommation et quittaient les lieux. La Mielikkite salua ses parents puis ressortit dans la pluie. Ces derniers montèrent se coucher à l'étage. Leur fille plus jeune demeura en arrière pour prendre une ultime tasse de thé. Les Tyrites et les Chauntéens partirent ensemble, échangeant des plaisanteries et des amabilités, signe qu'ils se connaissaient bien. L'elfe prit congé de ses clients et monta vers sa chambre, et les gnomes et les nains s'inquiétèrent de son honnêteté et de sa fiabilité dès qu'il eut disparu. Les deux couples qui avaient observé les Eldathiens étaient également des résidents de l'auberge et ils s'éclipsèrent également, non sans avoir salué le tenancier. Une des filles de salle commença à ranger les chaises vides, sans pour autant mettre la pression aux gens qui restaient. Les tailleurs sortirent, les aventuriers aussi, un peu après, suivis par les gnomes et les nains. Il ne resta bientôt plus dans la salle que des femmes, Taliesin et l'aubergiste.

Et sous peu, il ne resterait plus Taliesin.
Le fatigue le rattrapait. Et puis, il était probable que les gosses soient fort tôt sur le pied de guerre, le lendemain.
Autant ne pas trop s'attarder, dès lors.
Le temps de finir son ultime commande, de saluer le tenancier et il regagnerait ses pénates pour un repos bien mérité.

Il restait si peu de personnes dans la pièce que lorsque Taliesin leva le camp, de parfaites inconnues lui souhaitèrent la bonne nuit. Et celle-ci fut sans nuages, bien qu'il continuât à pleuvoir au dehors. Le barde put passer quatre heures en transe puis quatre de plus à rêvasser, avant d'être arraché à ses songes par les cris excités des enfants. Pendant qu'ils dormaient, le bébé en fuite s'était manifesté. Il était d'ailleurs installé dans la coupelle de mouches, à manger voracement des insectes aussi gros que sa tête. C'était une sorte de lézard gris vert, aux yeux globuleux, qui devint instantanément rouge vif lorsque Victor tenta de le toucher.
" Wouah ! Mais c'est quoi ce truc ?
— Je crois que j'en ai entendu parler... C'est des sortes de salamandres de Maztica."
Ils étaient tous deux à quatre pattes sur le plancher.

-Ravi que ton petit protégé soit de retour, Victor, dit-il, sincère, tout en se levant.
Et de s'approcher silencieusement.
-Je suis sûr que quelqu'un, en ville, pourra nous en apprendre davantage sur son espèce, la manière de s'en occuper, de l'apprivoiser... Trouver ledit quelqu'un porurait être l'un de nos objectifs du jour.
De toute façon, hormis poster leurs lettres et louer un coche, ils n'avaient pas vraiment d'obligations.

" Mouais... et si c'est un animal rare et qu'après on essaie de me le voler ?
— Ou alors que c'est interdit d'en avoir un ?"
Le sourire de Baptiste s'élargit.
" Il va falloir aller à la bibliothèque."
Victor leva les yeux au ciel.
" Encore !
— Ou dans une bonne librairie."
Il se tourna vers Taliesin.
" Allez ! Une librairie ! Il me faut un livre sur la cuisine eredhine !"

-Va pour la librairie. Et si tu n'y trouves rien concernant notre nouvel ami, tu pourras aller à la bibliothèque : je te ferai un mot, au cas où.
Il se tourna vers Victor.
-Et de ton côté, des envies particulières ? C'est probablement notre dernier jour à Eredhun, alors autant en profiter !

" Non." dit Victor.
Il avait toujours le nez sur sa bestiole, dont la teinte rouge virait désormais au jaune d'oeuf, tandis qu'il reprenait son repas de mouches crevées.
" Il a l'air de faire beau... Il y aura de nouveau du monde en rue... Je pense qu'on devrait aller saluer Tymora et puis repartir."

-Je me doutais que tu voudrais y aller. Et ça tombe bien : la guilde louant les services de coches privés est à proximité. Nous pourrons donc faire d'une pierre deux coups;
Il se redressa.
-Bon : petit-déjeuner ?

" Il faut d'abord que je remette la bestiole dans sa boîte à chapeau, dit Victor.
— Tu ne vas pas l'appeler "la bestiole", quand même !
— Je lui trouverai un nom quand je saurai ce que c'est !
— Un lézard arc-en-ciel !
— Je ne vais pas l'appeler Arc-en-Ciel, c'est un nom de poney !"
Ils parvinrent à attirer la créature à l'intérieur de la boîte qui avait abrité l'oeuf plus tôt en y tirant délicatement la soucoupe où elle s'était installée. Victor referma le couvercle, non sans l'avoir percé de trous au préalable. Ils descendirent ensuite au rez de chaussée dans un joyeux remue-ménage. Ils insistèrent pour se mettre à la fenêtre, et Taliesin réalisa que c'était dans le but de tuer de nouvelles mouches. Une des filles de salle les surprit en plein massacre mais se contenta d'une grimace un peu dégoûtée. Un peu plus tard, ils avaient ravitaillé le carton à chapeau et étaient prêts à partir.

Ayant vérifié qu'il avait pris tout ce qu'il fallait, y compris leurs lettres pour Galathée, Taliesin sonna le signal du départ.
Ils allaient commencer par le service du courrier, avant d'enchaîner par le temple de Tymora qui, lui aussi, se trouvait sur la rive sud du fleuve. Ensuite, ils repasseraient sur la rive nord puis mettraient le cap au nord-ouest, vers le temple d'Oghma et, surtout, le quartier des librairies.
Pas mal de marche en perspective, à nouveau. Mais c'était le matin, ils avaient de l'allant, de l'énergie !

Il faisait beau de surcroît et les rues étaient encore humides mais néanmoins praticables. Ça et là, des algues abandonnées trahissaient le parcours qu'empruntait la rivière la veille, mais les mouettes et les corneilles se disputaient déjà tout ce qui était comestible. Le marché au poisson battait son plein, les visiteurs et les Eredhins avaient repris leurs activités, et l'affluence était à nouveau au rendez-vous. Ils traversèrent le pont en habitués, puis se rendirent au relais de poste, avant de repartir vers l'ouest et le Temple de Tymora. Ils avaient le choix entre un long détour au sec ou un parcours plus court sur les eaux, et les garçons votèrent pour la barque. Comme le premier jour, ils trouvèrent aisément un batelier qui les guida par les canaux jusqu'à bon port.
Il ne leur resta plus qu'à s'engager dans la rue qui abritait le Temple de Tymora.

Satisfaits de leurs observations, Victor et Baptiste finirent par quitter le Temple de Tymora, sur les pas de Taliesin, pour se mettre en quête de la guilde des transporteurs. Elle était dans une rue perpendiculaire, ils se la firent indiquer facilement et ils échappèrent à la cohue pour regagner une artère moins fréquentée. Le beau temps avait ramené du monde dans les rues, cependant, et il leur faudrait sans doute retourner jusqu'au Parc des Roseaux s'ils espéraient jouir d'une quelconque tranquillité.
La guilde était un bâtiment à colombages, doté de deux grandes portes cochères et d'une troisième, entre les deux, beaucoup plus petite et prévue pour les bipèdes... Il valait mieux la franchir rapidement sous peine d'être bousculé par un cheval ou un chariot de passage. L'intérieur sentait le foin et le cheval mais était relativement bien tenu. Taliesin et les deux garçons n'eurent aucun mal à atteindre le guichet, derrière lequel un jeune homme classait des documents.

Le barde le salua poliment puis l'informa de leur requête, à savoir la location d'un coche pour Athrey.
A moins qu'il n'y ait de gros problèmes de disponibilité ou que les tarifs soient honteusement prohibitifs, l'affaire devrait être rapidement réglée, d'autant qu'ils n'avaient pas d'exigences particulières. Du moment que le cocher était fiable et le véhicule doté d'un confort acceptable, ils seraient satisfaits.

Le jeune homme acquiesça.
" Nous, on est seulement la guilde, vous savez. On... garantit la qualité des gens. Mais c'est quand même vous qui devez choisir. Moi je peux pas décider à votre place. D'ailleurs c'est interdit."
Il désigna un tableau du menton.
" Y'a les offres, là. Dans la colonne à droite, c'est pour des trajets de moins d'une journée. Dans la colonne du milieu, c'est les parcours plus longs, mais juste un dépôt. Dans la colonne à gauche, c'est pour un cocher qui reste avec vous pendant tout votre séjour et qui vous balade ici et là."

-Merci pour les renseignements. Oh, et j'imagine que les tarifs sont également indiqués sur le tableau, ne serait-ce qu'à titre indicatif ?
Un cocher qui demeurerait avec eux et pourrait donc les ramener à Eredhun le moment venu, ce serait bien pratique. Sauf qu'ils ne savaient pas combien de temps durerait leur séjour et que, de toute façon, pareil service risquait d'être hors de prix.

" Les prix sont indiqués, oui. Il y a moyen de discuter, parfois... mais les moins chers, ce sont les jeunes, et les plus chers, les plus expérimentés... C'est classique."
Il y avait trois fiches dans la colonne de gauche. Un certain Oren proposait un chariot à quatre chevaux, le plus rapide de la région, puis venait la proposition de Kolia, deux chevaux, confort garanti, possibilité de dormir dans le chariot, cuisine de première qualité, enfin Daegan ne mentionnait pas son nombre de chevaux mais se disait capable d'écarter tout danger de leur route. Le premier demandait une pièce d'or par jour, le second 5 pièces d'argent, le dernier 7.

Comme ils n'étaient pas particulièrement pressés, comme il se sentait capable d'assurer leur protection et comme Baptiste était très pointilleux quant à la cuisine, sa préférence allait à l'annonce de Kolia qui, par ailleurs, avait l'avantage d'être la moins onéreuse.
Mais puisqu'il hésitait toujours avec la location d'un coche uniquement pour l'aller, il prit aussi le temps de consulter la colonne du centre.
Quitte à être ici, autant faire les choses à fond...

Les prix étaient légèrement moindres, les offres un peu plus nombreuses. Il lui fallut cependant éliminer ceux qui se dirigeaient vers l'est ou le nord, ce n'était pas leur direction. Il en restait six. Le premier, Axel, promettait des anecdotes sur la région, le second, Noah, un accueil de première qualité chez l'habitant. Madeline et Boniface offraient deux cochers pour le prix d'un, cuisine et confort. Corentin était le moins cher, mais avertissait le voyageur qu'il transporterait aussi de la marchandise. Shannon ne disait rien de spécial, sinon "satisfait ou remboursé". Enfin, Juan assurait que le chemin serait tranquille, sans bavardages intempestifs sur le temps qu'il fait.

Après y avoir réfléchi - et avoir pris des notes -, Taliesin décida qu'il allait contacter Kolia. Avoir un cocher à leur disposition serait tout de même bien pratique, notamment pour les trajets entre le village et le domaine du père de Baptiste. Et si d'aventure sa présence n'était plus nécessaire, que ce soit pour lesdits trajets ou pour le voyage de retour jusqu'à Eredhun, il devrait être possible de le lui dire... Enfin, mieux valait quand même se renseigner avant, ce qu'il comptait bien faire.

Le préposé au guichet remit à Taliesin les coordonnées de Kolia : le cocher logeait dans une des nombreuses petites pensions qui constellaient le quartier — La Bonne Etoile. A priori, il devait s'y trouver la plupart du temps, même si on ne pouvait rien garantir. Ils avaient le choix entre s'y rendre ou lui laisser un message à la guilde, qu'il viendrait chercher d'ici la fin de journée. S'ils optaient pour cette solution, ils ne devaient pas hésiter à lui fixer un rendez-vous, à leur convenance, même s'ils résidaient à l'autre bout de la ville.

Étant dans les parages et n'ayant pas d'obligations, Taliesin décida de se rendre à la pension : si Kolia s'y trouvait, si la rencontre était concluante, l'affaire serait entendue et ils pourraient disposer du reste de la journée à leur guise. Mais s'il n'y avait personne à la Bonne Étoile, ou si cela ne convenait pas, il serait toujours temps de repasser par la guilde. Il espérait toutefois que ce ne serait pas nécessaire : après tout, l'annonce lui plaisait assez !

L'employé de la guilde les dirigea vers la pension, quelques rues plus à l'ouest. C'était un petit établissement coquet, aux rideaux rayés, avec un potager à front de rue, protégé par deux petits chiens excités dont la queue battante révélait la bonne nature. Ils firent un tel raffut quand Taliesin et les deux garçons approchèrent que la porte de la pension s'ouvrit rapidement sur un grand homme qui se mit à vociférer pour calmer les roquets. Sans grand effet : les animaux lui firent la fête avant de filer à l'intérieur. Avec un soupir, le nouveau venu vint au portillon du potager pour l'ouvrir.
" Désolé. Les chiens de ma fille. Ils ont de la voix mais ils ne mordent pas. Et ils seront heureusement partis avant la nuit."

-Ne vous en faites pas, il ne nous ont causé aucun tracas, répondit-il
Il salua l'homme d'un geste amical puis reprit :
-Kolia est-il présent ? Je voudrais le rencontrer pour, peut-être, recourir à ses services de cocher...
Et d'espérer que leur interlocuteur ne serait pas trop déçu qu'ils ne soient pas là pour lui louer une chambre...

" Ah, il va être content. Trois jours en ville et il ronge déjà son frein. Venez."
Il les précéda dans la petite salle à manger de la pension. S'y trouvaient quatre personnes : une femme de son âge, une fille plus jeune, qui caressait les chiens, un vieillard qui fumait la pipe devant le feu ouvert et, près de la fenêtre du fond, astiquant ses bottes, un homme qui aurait pu avoir dix-huit ou trente ans sans qu'il soit vraiment possible de le déterminer. Il avait l'air énergique et arborait un sourire tranquille, tout à son ouvrage.
" Kol ! Des clients pour toi !"
Le jeune homme se leva aussitôt.
" Formidable !" dit-il, et il semblait le penser.
Il s'approcha de Taliesin, Victor et Baptiste et leur serra tour à tour la main, avant de leur désigner la porte.
" Retournons dehors, nous serons plus à l'aise pour discuter."

-Très bien, acquiesça-t-il, déjà prêt à lui emboiter le pas.
Certes, il ne fallait pas se fier aux apparences. Toutefois, Kolia lui paraissait des plus sympathiques et la perspective de l'avoir comme cocher au cours de leurs excursion était plutôt tentante. Restait à savoir si la mission qu'il entendait lui confier conviendrait au jeune homme.

Ils regagnèrent donc l'extérieur et le petit potager. Le jeune homme leur sourit à nouveau.
" Je suppose que vous avez vu l'annonce à la guilde ? Je suis disponible tout de suite et pour n'importe où. Même Solarcis ou Antelucas. Votre destination est la mienne. J'ai un chariot, j'ai des tas de cartes... et j'ai suivi des cours au temple de Yondalla. La cuisine halfeline est la cuisine la plus adaptée à la route : saine, équilibrée, de saison, roborative, on ne peut pas faire mieux."

Il fit un clin d’œil à Baptiste : n'était-ce point là un argument susceptible de faire pencher le gamin en faveur de Kolia ?
-Tout cela est aussi prometteur que le laissait entendre votre annonce et nous serions ravis de recourir à vos services. Toutefois, je me dois de vous informer que notre voyage n'est pas sans incertitudes. Nous devons partir demain matin pour Athrey et, sur place, nous aurons probablement des allers-retours à faire entre notre auberge et le domaine de la personne que nous devons voir. Mais je ne sais combien de temps durera notre séjour, ni si nous repasserons par Eredhun pour le trajet du retour jusqu'à chez nous. Il n'est donc pas impossible que vous deviez rentrer à vide, et je comprendrais que, dès lors, notre proposition ne vous intéresse pas...

La Couronne de Cuivre

[Ville] Erhedun