La Couronne de Cuivre

" Parce que tu imagines que je pourrais détourner le regard un seul instant de toi ? Tu rêves mon amour !"
La plaisanterie lui valut un nouveau baiser, puis elle réfléchit un instant.
" Il y a une cascade un peu plus haut. A une heure de marche, je dirais. Elle a l'air glaciale, par contre. Je ne sais pas si je trouverai le courage de... hum... me joindre à toi. Mais... où sont tes bagages ? Plus bas ? Je vais t'aider à les transporter... Viens !"
Et, passant son bras autour de sa taille, elle se lova contre lui pour mieux l'entraîner, d'autorité, vers l'endroit où devait l'attendre la druidesse.

Kasumi n’était absolument pas contraire à l’idée de se laisser entraîner par sa compagne et calqua gaiement son rythme sur le sien, la guidant sans être franchement pressé d’arriver à destination.

- Alors, ma dulcinée, comment se sont passés ces derniers jours pour toi ? Le magnifique tableau représentant la plus jolie rôdeuse de Féérune est terminé ?

Ils devaient bien avoir une dizaine de minutes de marche à parcourir dans ce sens avant d’arriver à destination et le rôdeur était soucieux de savoir si Sylvia avait pu apprécier son séjour malgré son absence. A voir la complicité qu’elle avait avec son oiseau et la facilité avec laquelle elle semblait pouvoir le contrôler à distance, elle ne devait pas avoir négligé de passer de longs moments avec lui…

Il eût le plaisir de voir la rôdeuse rougir légèrement à cette évocation.
" Ah, le tableau... Et bien... j'ai tenté d'expliquer à ta tante que ça n'était pas nécessaire, que de toute façon on ne pourrait jamais l'emmener avec nous, mais elle dit que c'est pour eux, pour garder une trace des membres de la famille... Parce qu'elle compte te mettre, toi aussi, sur le tableau, en fait. Elle ne t'a pas dit ? Je crois que tu vas devoir lui accorder une séance de pose... Mais cela dit, elle dessine vraiment très bien, c'est magnifique... Et puis, elle a accepté qu'on s'installe dans le jardin, donc vif-Argent pouvait être près de moi, il s'ennuyait moins...""

La perspective de devoir poser à son tour ne l’enchantait guère mais l’idée de pouvoir figurer aux côtés de Sylvia contrebalançait tout de même la gêne que cela pourrait occasionner. Kasumi répondit donc avec entrain :

- Même si j’ai peur de rougir si tu m’observes pendant qu’on me dessine, j’espère bien que tu resteras près de moi pendant cette séance ! A dire vrai, on ne m’avait jamais pris pour modèle et à raison !

" Bien sûr que je resterai à tes côtés ! Où donc veux-tu que j'aille, d'ailleurs ? Tenir compagnie à Tilmandil qui court les tavernes et les salons ? Ce n'est pas mon genre... "
Elle laissa échapper un soupir.
" Tu m'as manqué, tu sais. Je ne suis pas faite pour vivre en ville. Ce n'est pas mon monde... Mais je ne dis pas ça pour te pousser à quitter Everaska, évidemment !, ajouta-t-elle précipitamment. Je comprends bien qu'après toutes ces années, tu aies besoin de passer du temps auprès de ta famille..."

Le rôdeur tourna son visage vers sa compagne pour lui sourire et répondre d’un ton sincère :

- C’est surtout auprès de toi que j’ai envie de passer du temps après tout ce temps… Et je crois que nous ne pourrons pas rester longtemps en ville de toute manière. Je crois que ça nous attirerait des ennuis auprès de la garde. De toute façon, j’ai besoin de revoir la forêt moi aussi. Le désert n’a rien à voir.

Il y avait une pointe d’inquiétude dans ces derniers propos mais le demi-elfe craignait avant toute chose que ses ennuis puissent causer du tort à ceux qu’il aimait, à Sylvia la première.

" Concernant la garde, je crois que ta grand-mère a commencé à préparer le terrain. On a été voir le soigneur, ensemble. Un homme très sympathique. Il me semble qu'elle devait aller voir le commandant Uriol, aussi, aujourd'hui. Ou peut-être qu'elle attendait d'être sûre que Rubis partirait... Et puis, ton père a dit qu'il négocierait pour réduire les... pénalités financières que ce type avait fixées."
Elle lui sourit, et se blottit contre lui.
" Donc tu vois, tu n'as pas à t'en faire... Les choses sont déjà en cours. Toi, tu as largement fait ta part dans tout ça."

Le rôdeur accueillit son étreinte avec bonheur d’autant que les paroles de la jeune femme avaient soufflé pour un temps les inquiétudes qu’il nourrissait.

- Merci… De tout mon cœur. Pour y avoir contribué. Pour être là avec moi, tout simplement. Tu as raison comme bien souvent : et moi j’ai tendance à m’en faire toujours un peu trop. Nous allons enfin pouvoir profiter de ce que la vie nous a offert et ça me comble de bonheur.

" Le programme va être chargé dans les jours à venir. D'abord, je parie qu'on va t'embaucher pour les séances de pose dès demain après-midi. Après-demain, il y a la fête que Tilmandil organise, le soir... mais si Cinia en a fini avec toi, je t'aurai pour moi toute seule la journée ! Enfin, j'espère..."
Ils approchaient de l'endroit où la druidesse les attendait, et Kasumi finit par l'apercevoir, penchée sur Léo, en train de le caresser longuement. Elle se redressa en les voyant et leur sourit. Un sourire radieux... et pourtant triste aussi, Kasumi le percevait.

Kasumi avait répondu à sa compagne qu’elle pourrait tout à fait l’avoir pour elle seule dès maintenant et que ce n’était pas si grave s’il devait pour cela se soustraire à la séance de pose devant sa tante. Une tentative de se défiler qu’il n’était pas bien difficile de percer à jour surtout pour quelqu’un le connaissant aussi bien que Sylvia.

Finalement arrivé à l’endroit où il avait laissé les bagages et la druidesse, le demi-elfe resta un court moment en retrait, tant pour laisser de derniers instants de retrouvailles à Léo et à sa maîtresse que pour laisser à cette dernière le temps de se composer une mine plus neutre. Il ne pouvait guère faire plus même en sachant l’origine de sa mélancolie apparente. Il déclara alors d’un ton joyeux :

- Sylvia s’est généreusement proposée pour nous aider à porter tous ces bagages : on en a bien besoin. Enfin, à moins que Léo ne s’improvise animal de bât !

Il avait plaisanté, bien sûr, en espérant que cela contribue à détendre l’atmosphère. La situation ne devait être facile ni pour la druidesse, ni pour la rôdeuse…

" Oh, il se proposerait bien volontiers ! Mais... je crois que vous avez envie d'être un peu seuls tous les deux. Il n'est pas forcément nécessaire que je vous accompagne jusqu'au col. Mon repaire à moi est plutôt... par là," ajouta-t-elle en indiquant vaguement le nord.
Elle reporta son regard sur Kasumi. Un regard vaguement enjôleur, peut-être. Et un peu nostalgique.
" Je crois donc... que nous allons nous dire adieu ici."
Elle soupira.
" J'ai été vraiment heureuse de te connaître..."

Voilà qui était plutôt brutal comme séparation mais peut-être la druidesse avait-elle raison de ne pas prolonger la séparation difficile. Si elle n’avait pas changé d’avis à son sujet, cela devait même être une torture d’assister à son propre bonheur… Le demi-elfe n’en était pas moins ému pour autant et, malgré la présence de Sylvia qui pourrait ne pas apprécier, il s’approcha de l’elfe pour lui offrir une accolade chaleureuse :

- Cela a été aussi un plaisir pour moi. Et aussi une expérience très enrichissante malgré tout ce que nous avons affronté. Mais n’oublies pas que j’attends de tes nouvelles et de celles de tes protégés. Et que je me suis engagé à remplacer les affaires que tu as perdues. Alors ce n’est pas un adieu mais un au-revoir !

Il s’écarta de la druidesse pour tourner la tête vers Sylvia qui l’attendait sans doute déjà. Il espérait que la rôdeuse aurait su suffisamment dépasser ses antagonismes et ses appréhensions concernant Eärundra pour ne pas lui en vouloir de ses paroles et de son geste affectueux.

Sylvia gardait une expression neutre, et se tenait volontairement à l'écart. Elle semblait vouloir leur laisser un peu d'intimité pour cette séparation. Elle savait, certainement, que désormais Kasumi serait tout à elle.
" Oh, tu peux me faire passer tout ça par ta grand-mère, je reste de toute façon en contact régulier avec elle. Ou sans doute que j'irai faire mes emplettes un de ces jours, je préfère choisir moi-même mes vêtements, mais ce sera peut-être après ton départ... Évitez juste de dire à ce cher commandant que j'étais avec toi, je ne veux pas m'attirer d'ennui", ajouta-t-elle d'un ton qui se voulait léger.
Mais sa tentative de plaisanterie ne parvenait pas à masquer tout à fait son émotion.
" Hum... Si je peux me permettre... Tilmandil comptait vous inviter, à la fête demain soir.
- Non. Ce genre de réjouissances mondaines, ça n'est pas pour moi. Elvilith a dû lui dire...
- Oui, mais... il est têtu !
- Pas autant que moi, conclut-elle d'un ton sans réplique avant de se tourner vers Kasumi, avec émotion. Il faut que tu files, maintenant, si tu veux être au col avant la nuit. Ne t'en fais pas pour moi, je suis ici chez moi... N'oublie pas ce que je t'ai dit sur la Haute-Forêt et... promets-moi de faire un détour jusqu'ici quand tu reviendras à Everaska !"

Kasumi devait bien reconnaître que cette séparation ne le laissait pas tout à fait indifférent. Il avait passé plusieurs veilles avec la druidesse et, ensemble, ils avaient traversé bien des épreuves tout en pouvant compter sur sa loyauté et ses compétences ainsi que son amitié. Si les circonstances avaient été différentes, peut-être leur relation se serait même développée dans un sens imprévu. Mais si le demi-elfe ne nourrissait aucun regret à ce sujet, il répondit tout de même avec émotion :

- C’est promis. Je ne sais pas quand je pourrai revenir mais j’espère pouvoir le faire régulièrement maintenant que j’ai renoué le contact avec ma famille. Au revoir, Eärundra et porte toi bien !

Comme l’avait dit Eärundra, il était temps de se mettre en route pour éviter de voyager de nuit… Ne restait plus qu’à récupérer et se répartir les bagages qu’il ne laisserait pas à la druidesse.

La druidesse allégea son propre sac, se délestant d'une part de leurs provisions qu'elle pouvait facilement renouveler par la chasse et la cueillette. Elle ne garda, également, qu'une outre d'eau et un minimum d'ustensiles de cuisine, lui laissant les nombreux récipients qu'ils avaient emmené dans le désert pour ne pas manquer d'eau. Kasumi et Sylvia se retrouvèrent donc avec la majorité du matériel et des provisions, mais ils étaient deux, et la rôdeuse était robuste : le plus délicat fut d'arrimer l'ensemble sur son dos pour qu'elle puisse le porter confortablement.
Eärundra, hésitante, finit par serrer Kasumi dans ses bras sans se préoccuper de la présence de Sylvia, avant de s'écarter, les yeux un peu humides.
" Au revoir, tous les deux. Et bonne chance dans vos futures pérégrinations...", lança-t-elle avant de s'éloigner vers le nord en compagnie de Léo. Elle se retourna une dernière fois pour un signe de la main puis disparut à leurs yeux.

Kasumi répondit à son geste de la main et demeura contemplatif durant quelques secondes encore avant de se tourner vers Sylvia et de lui sourire. Chargés comme ils étaient désormais, il ne pouvait pas passer une main derrière sa taille comme il l’aurait voulu mais il déclara tout de même avec enthousiasme :

- Est-ce que tu es venue seule au col mon amour ? On ne devrait pas traîner en route mais je suis heureux de pouvoir enfin me retrouver seul avec toi. Ne serait-ce que pour quelques heures… Pour le moment.

" Bien sûr que je suis venue seule. Qu'est-ce que tu crois , Que je ne sais pas me débrouiller seule dans la montagne ? Non, il était hors de question de laisser un elfe de ta famille, aussi adorable soient-ils, me gâcher ces moments de retrouvailles. Et donc... je suis toute à toi mon amour !"
Elle sourit, rêveuse, avant d'ajouter :
" Et en y réfléchissant bien... On n'est peut-être même pas obligés de repartir tout de suite demain matin... Pourvu qu'on soit là à temps pour la fête..."

Le visage du rôdeur s’illumina à cette idée et il pressa davantage le pas avant de répondre d’un ton joyeux :

- Oh, ce sera selon notre inspiration demain matin, ma douce : mais c’est vrai qu’il est si agréable de ne pas avoir d’obligations ! En attendant, je crois que nous ferions mieux de nous dépêcher d’atteindre cette cascade où je pourrai me débarbouiller. On pourra ensuite se tenir chaud tous les deux ! Enfin, si tu as des idées pour y parvenir !

" Des idées ? Hummmm... Non, vraiment, je ne vois pas..."
Sylvia éclata de rire.
" Mais on verra bien qui est le plus frileux des deux... et qui a besoin de l'autre pour se tenir chaud ! Tu as raison, on va accélérer un peu l'allure..."
Joignant le geste à la parole, elle faillit bien distancer son compagnon. Kasumi, heureusement, n'avait rien perdu de son endurance et la rattrapa rapidement. Et c'est en plaisantant joyeusement, et main dans la main, qu'ils finirent par atteindre ladite cascade. Elle était spectaculaire, ses flots jaillissant de la montagne pour retomber dans un bassin naturel un bon mètre plus bas. Mais effectivement, elle semblait glaciale...

Kasumi déposa son chargement sur la rive sans hésiter mais, après s’être approché du bassin pour y tremper une main, il déchanta légèrement :

- Ma chérie, je crois que je vais vite avoir besoin d’un peu de chaleur ! Mais bon, il faut parfois souffrir pour rester présentable et digne de sa belle… Brr, comme tu as de la chance de l’être en toutes circonstances !

Sans tergiverser, il commença à se défaire de ses bottes puis de sa tunique, conscient d’attirer les regards sur le moindre de ses gestes. Il trempa ensuite ses avant-bras et mouilla ses épaules en serrant un peu les dents avant de se décider à se débarrasser du reste de ses vêtements sans plus de manières. Il n’avait pas l’intention de s’immerger complètement cette fois et rester au bord de la berge devrait lui permettre de se défaire du plus gros de la crasse et de la sueur accumulée ces derniers jours. Et même si l’opération ne durerait que quelques minutes, elle promettait de ne pas être des plus agréables…

C'était sans compter sur l'esprit facétieux de sa compagne. A peine eût-il le dos tourné, concentré sur ses ablutions, qu'il devina une présence derrière lui... et sentit qu'on le poussait vigoureusement sous le jet d'eau tombant de la roche.
Et pour couronner le tout, lorsqu'il se retourna, trempé et glacé, il vit que ses vêtements avaient disparu. Lancés au hasard par Sylvia, sans doute, ils se retrouvaient pendus aux branches d'un sapin. La rôdeuse, quant à elle, se tenait les côtes de rire...

Gagné par l’hilarité de Sylvia malgré cette plaisanterie faite à ses dépens, le demi-elfe ne se soucia pas de ses vêtements et interrompit aussitôt ses ablutions pour se lancer à la poursuite de sa compagne : au moins la course aurait le mérite de le réchauffer un peu alors qu’il sentait l’eau glacée couler désagréablement de ses cheveux trempés :

- Alors là c’est la guerre, déclara-t-il joyeusement en courant vers elle, nu comme un ver.

La rôdeuse s'en fut en courant, riant trop pour courir efficacement. Elle se réfugia derrière un immense tronc d'arbre pour lui tendre une embuscade et lui bondir dessus, l'envoyant rouler au milieu des aiguilles de pin -qui se fichèrent comme de petits aiguillons mous dans sa peau, sensation guère agréable.
Elle l'embrassa à pleine bouche pour couper court à ses protestations, et, enfin, se chargea de le réchauffer au contact de son corps en un long baiser langoureux... qu'elle interrompit trop tôt.
" Brrr... tu es glacé !" fit-elle brutalement en s'écartant, hilare... mais avec une lueur dans les yeux qui n'était pas que de l'amusement..

Emoustillé par cette entrée en matière prometteuse d’autant qu’ils venaient à peine de se retrouver après ce qui lui semblait un long séjour, Kasumi se rapprocha à nouveau de sa compagne et s’essuya les mains sur ses vêtements l’air de rien, s’attardant particulièrement sur certaines parties très féminines et sensibles de son anatomie. Le regard brillant, il répondit amusé et enthousiaste :

- Il ne tient qu’à toi que je me réchauffe vite !

Et, joignant le geste à la parole, il se mit à l’embrasser avec passion tout en lui retirant ses vêtements, ses baisers s’orientant progressivement sur les parties qu’il découvrait et sans jamais cesser de caresser sa peau douce.

Les rires se transformèrent en fièvre et ils firent l'amour passionnément, avec la fougue d'amants qui se sont quittés trop longtemps, ou qui, peut-être, ont craint de se perdre. Mais Kasumi devait bien reconnaître, au fond de lui, qu'il faisait un froid de canard, contrastant trop avec la canicule du désert pour qu'il ait une réelle envie de s'éterniser ainsi, dans le plus simple appareil, à quelques centaines de mètres des premiers névés.
Ils se rhabillèrent donc plus rapidement que de coutume, et Sylvia passa un bras autour de sa taille, posant sa tête contre son épaule, pour l'entraîner vers le col. Ils avaient perdu, en revanche, tout espoir de l'atteindre avant la nuit...

L’inconfort dû au froid était un bien faible désagrément et Kasumi se sentait enivré de bonheur et vivant comme jamais alors qu’il progressait vers le col au bras de Sylvia. Ils progressaient lentement en s’échangeant tantôt des regards complices, tantôt des mots doux. Le rôdeur n’avait pas l’intention d’atteindre le col où il ferait sans doute encore plus froid que sur la pente y menant mais il fallait tout de même se trouver un abri où passer la nuit. Un simple bosquet pourrait faire l’affaire faute de grotte. Tant qu’il savait la rôdeuse à ses côtés, la nuit ne pourrait qu’être merveilleuse.

La sente sur laquelle ils progressaient cheminait au cœur d'une forêt de sapin touffue. Plus haut, il se souvenait que les arbres disparaissaient pour laisser place à des sortes d'alpages parsemés de roches : s'ils voulaient être abrités du vent de plus en plus glacial, voire des intempéries, ils ne devraient guère tarder à s'arrêter, sous peine d'être contraints à marcher de nuit jusqu'aux grottes. Cela ne posait guère de problème à un demi-elfe, mais était plus problématique pour une humaine...
Ils firent donc halte un peu avant l'extrémité des bois, près d'un des innombrables petits ruisseaux qui couraient dans la montagne. Le ciel était gris, annonciateur de neige peut-être. mais il leur restait du temps pour se confectionner un petit abri.

Le rôdeur déposa les bagages qu’il transportait dans un léger repli de terrain qui couperait une partie des vents et adressa son plus beau sourire à sa compagne, sincèrement ravi des circonstances les menant à voyager désormais tous les deux. Comme le combustible et les branches mortes ne manquaient pas, il annonça gaiement :

- Je m’occupe de nous confectionner un abri douillet pour la nuit à partir de ses branches de sapins. En revanche, j’espère que ça ne te dérange pas si nous sommes un peu serrés !

Pendant ce temps-là, il laisserait Sylvia s’occuper d’allumer un petit feu dont ils auraient bientôt grand besoin, ne serait-ce que pour réchauffer une partie de leurs provisions.

Sylvia se mit à la tâche de son côté, rapide et efficace, rassemblant du bois sec sous le couvert des arbres avant d'allumer un petit feu. Pendant que Kasumi arrangeait leur abri, elle mit à bouillir un peu d'eau et fouilla dans son sac pour y trouver des légumes et des morceaux de lard. De quoi faire une bonne soupe bien revigorante... le climat n'était décidément pas le même que dans le désert. Le froid tombait rapidement avec le soir, obligeant les rôdeurs à enfiler un pull de laine sous leur veste et les incitant à se rapprocher des flammes.
Kasumi, décidé à proposer à sa compagne un abri confortable, dut faire appel pour cela à ses dons de vision nocturne : la nuit était en effet tombée lorsqu'il jugea son oeuvre achevée et rejoignit sa compagne près du feu. Et la soupe était prête.

Quitte à chercher et offrir davantage de chaleur que celle dispensée par le feu et la soupe exquise, le demi elfe s’était assis tout à côté de sa compagne. Evidemment, ce n’était pas la seule raison de sa proximité et il déclara après un soupir de bien-être :

- Bravo pour la soupe ! C’est un délice surtout après le désert : tu n’as pas idée de ce qu’on y mange !

Tout en se délectant de son repas, il s’abîma un moment dans la contemplation de Sylvia, silencieux mais ses yeux expressifs exprimant ses sentiments mieux que des mots.

La Couronne de Cuivre

[Désert d'Anauroch] Quête : Racines