La Couronne de Cuivre

L'elfe se frotta le menton.
-Pour le golem, il y aurait ce risque, effectivement. Et, de plus, il n'est pas très haut. Sans compter que les rochers, tombant brusquement, pourraient l'écraser... et nous avec. Enfin, ça reste une possibilité, une précaution supplémentaire... Quant au bâton, je ne saurais dire. D'abord, il faudrait que j'arrive à m'en servir, ce qui n'est pas garanti. Ensuite, il faudrait savoir quels sorts il est susceptible de lancer - ça, je le saurais en le testant - et quelle est leur durée - là, je peux fouiller dans mes souvenirs, mais c'est sans garantie.
Il sourit.
-Je testerai ce bâton demain. Même si ça ne donne rien de probant, au moins, ça m'aura occupé.

" Une dernière possibilité serait de creuser à la verticale..." continua le courtisan. " Nous ne disposons pas d'outils adaptés, mais avec le pipeau... Nous n'aurions qu'à évacuer ce qui tombe au fur et à mesure..."
Il haussa les épaules.
" Ce qui me chipote, c'est que cela va encore trembler tôt ou tard... Enfin, nous ne pouvons pas le prévoir."

-Non, effectivement. Et c'est pour ça que nous ne pouvons rien entreprendre de sérieux tant que le pipeau ne nous aura pas fourni de quoi consolider les galeries. Bref, on est un peu bloqués jusqu'à demain soir, quand l'instrument sera rechargé. D'ici là... ça me laisse le temps de m'entraîner avec le bâton. Qui sait, il pourrait aussi être utile si nous venons à croiser des pirates.

" Oh, nous en croiserons, je n'en doute pas. Idéalement, morts ou prisonniers, mais je doute que nous parvenions à quitter Mersant sans tomber sur l'un ou l'autre..."
Il sourit.
" Bon, je vais aller piquer une petite tête avant d'aller dormir."
Ce qu'il fit sans attendre : après tout, le bassin était désert. Les deux enfants jouaient encore mais des bâillements traversaient périodiquement leur visage. L'extinction des feux ne tarderait plus.

Le barde termina son verre, hésita puis s'abstint de s'en servir un autre. Il se leva, étouffa à son tour un bâillement puis, ayant souhaité la bonne nuit aux enfants, il alla se coucher. La journée n'avait pas été de tout repos, c'était le moins que l'on puisse dire. Il y avait donc de fortes chances que le sommeil l'emporte avant peu.
Et c'est ce qui se produisit. Moins de cinq minutes après s'être glissé sous les couvertures, il sombrait.

Si la terre trembla à nouveau pendant qu'il dormait, il ne fut pas pour autant réveillé. C'est l'odeur du porridge qui l'arracha à ses songes, lesquels avaient été flous, à la fois orageux et lumineux, trop imprécis pour qu'il puisse les évoquer une fois les paupières ouvertes. Lorsqu'il se redressa sur sa couche, il vit que seule Griselda était déjà levée et affairée autour du trou de lave. Les autres dormaient encore à poings fermés. La jeune femme l'aperçut et lui fit signe. Posée sur la table se trouvait la ceinture. Nul doute que Rumoc était en pleine conversation.

Le barde demeura allongé quelques instants supplémentaires, pour émerger complètement puis, après s'être étiré, avoir bâillé à l'envie, il balança les jambes hors des couvertures, s'habilla et rejoignit la table. Il aurait bien dit à Griselda qu'il ne lui fallait pas se démener ainsi... Mais peut-être était-ce une fausse impression : il comprenait son besoin d'action, après son si long sommeil. Et son intervention en matière de petit-déjeuner était fort bienvenue.
-Comment te sens-tu ? demanda-t-il après l'avoir saluée.

" Bien." fit-elle. " Reposée, même. Je dois me reconstituer un peu, parce que... j'ai dépéri pas mal, mais... j'ai beaucoup dormi, aussi. J'en avais sans doute besoin en priorité. Maintenant... Je vais me requinquer. Il faut qu'on trouve un moyen de sortir d'ici, de retrouver les autres... Bref, on a du pain sur la planche. Puis Mélandis après ça..."
Elle sourit.
" Plus de temps à perdre, désormais."

Le barde sourit. Au moins, Griselda partageait son point de vue. C'était encourageant.
-Malheureusement, il va encore nous falloir attendre, aujourd'hui... Le pipeau doit se recharger avant de pouvoir nous fournir le matériel nécessaire au creusement d'une galerie. Compte tenu des risques d'éboulements, de secousses, on ne peut rien faire sans ça. Mais ça te permettra de te refaire une santé, d'être en pleine forme pour demain.

" Oh, je trouverai sans nul doute à m'occuper. Si nous quittons cette grotte, il faudra nous préparer des sacs, organiser nos réserves... Si l'île est à ce point instable, nous ne pourrons pas prendre le risque de laisser des choses importantes derrière... D'autant que si j'ai bien compris, les Luméniens pourraient déjà nous attendre au dehors..."
Elle sourit.
" On devrait s'entraîner à combattre, voilà ce qu'on devrait faire."

Le sourire du barde s'élargit. Le dynamisme de la jeune femme faisait vraiment chaud au cœur.
-Pour nos réserves, elles sont déjà bien organisées : on avait fait le tri quand Guéric et les autres sont partis s'installer dans la grotte marine. Mais il doit rester des choses à faire, oui... Et le golem sera très utile pour tout porter. Quant à nous entraîner... C'est quand tu veux ! J'aurais à me familiariser avec le bâton de mage, mais je ne suis pas du tout contre de bonnes passes d'armes. En la matière, nous ne serons jamais assez prêts, et nous devons profiter de tous les répits qui nous seront accordés.

" C'est noté !" fit Griselda. " Je pense néanmoins que les réserves sont organisées pour un campement, pas pour un voyage, quand je vois la manière dont elles sont disposées. Et il y a beaucoup trop de choses : Katja avait compté pour des mois sous terre. Lorsque nous partirons, il faudra n'emporter que le strict nécessaire. Surtout si nous voulons que le golem soit efficace pour combattre."
Elle soupira, se resservit une tasse de thé corsé.
" Avez-vous songé à sonder les murs de la caverne ? Il y a peut-être un conduit juste derrière, qui n'attend que quelques coups de pioche pour être découvert."

La question le prit complètement au dépourvu. Pourtant, ils auraient pu y penser...
-Non, nous n'avons pas sondé les murs. Avant la grande secousse, nous nous contentions des sorties visibles. Et depuis... Nous nous sommes concentrés sur leur déblaiement. Maintenant... J'ai tendance à croire que les parois, comma la grotte dans son ensemble, sont indestructibles : les tremblements de terre n'ont causé aucun dégât. Mais je peux me tromper, et les bouleversements souterrains ont été tels que ton idée pourrait se vérifier. Et puis, vu les propriétés magiques du lieu, qui sait s'il n'y a pas une porte dérobée quelque part ? On vérifiera aujourd'hui même.

Griselda lui renvoya un sourire.
" Rien n'est à négliger, je suppose." fit-elle avec un haussement d'épaules. " En même temps, peut-être que l'esprit qui préside à cette caverne préfère nous garder en sécurité... Les histoires qu'on raconte sur le Squale... Peut-être ferions-nous mieux de vivre ici dix ans, bien cachés, plutôt que de sortir... Mais c'est une perspective glaçante."
Elle secoua la tête.
" C'est difficile, quand on a choisi la mer et le vent comme mode de vie, de se retrouver sous terre. Cela doit être difficile pour toi aussi, en tant qu'elfe. D'autres sont fatalement moins sensibles à l'enfermement... Mais nous sortirons ! Nous sortirons."

Il acquiesça.
-Bien sûr que nous sortirons. Je n'ai pas vraiment de doutes en la matière. Nous avons déjà une idée du comment ; reste juste à savoir quand. J'espère que ce sera avant peu... Car oui, l'enfermement n'est pas sans m'oppresser, aussi confortable que soit cette caverne. Du coup, je comprends bien ton sentiment... Et puis, je voudrais rejoindre les autres, partir en quête de ma compagne, à Mélandis... Donc, tu peux compter sur moi pour tout mettre en œuvre afin que nous puissions quitter ces murs. Nous ne négligerons aucune piste, aucune possibilité, et nous serons bientôt libres.

Martin et les enfants les rejoignirent peu après, eux aussi attirés par les bonnes odeurs qui s'échappaient du gruau qu'avait préparé Griselda. Une fois installés et servis, ils s'enquirent du programme que leur avait concocté Taliesin, leur chef, rôle que personne n'entendait lui disputer.
Le courtisan paraissait particulièrement fatigué mais fit le plein de thé noir, tandis que les gamins, comme de coutume, bouillaient de cette inexplicable énergie enfantine.

Le barde leur exposa donc les deux principales tâches qu'ils pouvaient accomplir en attendant la recharge du pipeau : le tri dans leurs réserves et la préparation des sacs, d'une part, et, de l'autre, l'examen des parois de la grotte pour y découvrir un éventuel passage caché. Chacun pouvait choisir, à sa guise, vers quoi il s'orienterait.
Il passa sous silence l'entraînement martial : après tout, il concernait surtout Griselda et lui. Il ne savait pas si Martin accepterait de s'y adonner, et n'était pas certain d'avoir envie que les gamins retouchent au moindre objet dangereux avant longtemps. Même pour de simples exercices.

Les deux enfants semblèrent emballés à l'idée de sonder les murs de la grotte, activité qu'ils avaient l'air de transformer en une aventure merveilleuse, promesse de trésors et autres découvertes incroyables.
" Le dragon ne leur a pas suffi, on dirait." commenta Martin en les voyant s'éloigner, presque bondissants.
" Il y a peut-être un trésor de... un trésor de dieu, quelque part."
" Nous avons déjà un trésor de dieu." fit le courtisan.
Il croisa le regard de Taliesin.
" Ça ne me gêne pas de faire de la lessive et des sacs aujourd'hui, crois-le bien, mais je pense dangereux de baser notre stratégie sur le pipeau. Nous ne savons jamais ce qu'il va nous offrir. Et ça m'étonnerait que Lathandre sourie aux paresseux. J'avais dans l'idée qu'il devait nous aider en cas de crise, et voilà que nous l'utilisons au moindre tracas. N'y a-t-il pas un risque qu'il estime tôt ou tard que pour notre bien, il devrait cesser de nous servir ?"

Le barde fronça un sourcil pensif.
-Il me semble, au contraire, que nous l'utilisons seulement quand nous n'avons pas d'autre choix. Nous tentons toujours de faire les choses par nous-mêmes. Et ça a été le cas pour le déblaiement : nous avons commencé à nous y mettre, nous ne nous sommes interrompus que lorsque c'est devenu trop périlleux... Et c'est justement ce péril, cette impossibilité d'aller plus loin, qui nous poussent à recourir au pipeau. Si nous pouvions continuer à creuser, nous ne penserions même pas à nous en servir : nous réserverions sa magie pour les cas d'urgence. Et même en l'état actuel des choses... Nous cherchons un éventuel passage dérobé, qui nous éviterait d'avoir à jouer de l'instrument. N'est-ce pas une preuve de notre volontarisme ? Par acquis de conscience, nous pouvons même tenter de déloger certains des énormes blocs qui obstruent ce tunnel-là... Si tout échoue, nous n'aurons plus aucun remord à utiliser le pipeau.

" Soit." fit Martin, en haussant les épaules. " Tu es certainement le mieux placé pour savoir ce dont il est capable et jusqu'où il fonctionnera. Simplement... Je suis surpris qu'il puisse exister un artefact aussi puissant... Je ne nous sens pas en danger de mort perpétuel... Mais sans doute cela dépend-il de ce qu'on estime être une situation de crise."
" Sans doute fonctionne-t-il comme la plupart des objets de ce genre..." intervint Griselda. " Ils possèdent un certain nombre de charges, puis deviennent brusquement inutiles, un beau jour."
" De toute façon, je ne dis rien. Tant qu'il fonctionne, il fonctionne."

Le barde fit la grimace. Imaginer que le pipeau puisse venir à ne plus fonctionner, c'était une perspective des plus inquiétantes...
-Certains objets ont une magie illimitée... tenta-t-il, autant pour convaincre les autres que pour se réconforter lui-même. Surtout ceux dont on ne peut se servir qu'un certain nombre de fois par jour. Ceux qui ont un nombre de charge total limité, en général, on peut y recourir autant de fois qu'on veut, d'affilée, jusqu'à épuisement. Compte tenu de la... puissance de celui qui me l'a transmis, j'espère que le pipeau appartient à la première catégorie. Et de toute façon, nous n'avons guère le choix : nous devons sortir d'ici, impérativement. Si nous ne pouvons y parvenir par nos propres moyens, il faudra solliciter ceux de l'instrument.

Martin se leva.
" Bon, je vais attaquer ces préparatifs, dans ce cas. Il y a un tri sérieux à faire dans les vêtements et dans tout ce que Katja a pensé nécessaire... Beaucoup trop de bouquins, notamment. Toujours plaisant quand on a le loisir de flemmarder, mais si nous devons abandonner cette caverne... Taliesin pourra nous raconter de belles histoires."
Griselda resta assise tandis qu'il rassemblait la vaisselle.
" Je vais te laisser étudier ce bâton, puis quand tu en as marre, viens me trouver et nous nous battrons."
" Vous avez l'intention de vous battre ?"
" Si nous croisons des pirates."
" Oh dieux..."
Il secoua la tête et s'éloigna vers le bassin.

L'elfe se leva donc sans tarder, et alla récupérer le bâton. Il s'éloigna ensuite le plus possible des autres, gagna la zone la plus reculée de leur caverne puis fit face à l'une des parois. Ainsi, si un sortilège partait sans crier gare, il ne menacerait personne.
L'instant suivant, il se concentrait, les mains serrées autour de l'artefact, le regard rivé sur les symboles dont il était couvert. Ceux-ci, outre conférer de la puissance à l'objet sur lequel ils étaient gravés, lui permettaient d'en apprendre davantage sur ce dernier, d'entrer, par une sorte de méditation, en harmonie avec lui. Dans une certaine mesure, du moins, car il n'était qu'un amateur en matière d'arcanes. Il savait malgré tout que le bâton était lié aux sorts de froid : c'était déjà un début.

Le bâton faisait environ cinq pieds de long et des runes parsemaient sa longueur grise et glacée. Un diamant taillé, bleu, décorait chacune de ses extrémités. L'elfe mit un certain temps à s'abstraire des bruits environnants, de la chaleur ambiante qui contrastait avec la froideur de l'objet. C'était une arme de mage, mais depuis toujours, les bardes avaient cultivé un certain talent pour s'approprier les artefacts réservés à d'autres. Si ce n'était pas la spécialité de Taliesin, il disposait néanmoins de certaines connaissances en la matière.
Il lui fallut de longues minutes avant de trouver le point de résonance de l'objet. Et il savait qu'il lui faudrait retrouver cette symbiose incertaine chaque fois qu'il en userait, sans certitude d'y parvenir.
Mais cette fois, dans le calme de la grotte, il y parvint. Le bâton était effectivement imbu d'une magie du froid, encore forte, mais pas infinie. Il semblait pouvoir créer des décharges de glace plus ou moins dirigées et plus ou moins fortes, selon le bon vouloir de son possesseur.

(HRP : le bâton contient les sorts Mur de Glace (niv 4), Tempête de Glace (niv 4) et Cône de Froid (niv 5)).

Taliesin s'épongea le front d'un revers de manche. L'effort de concentration avait été grand, intense. Il s'était avéré payant, certes ; et à présent, non seulement il savait ce dont était capable le bâton, mais aussi comment le faire agir. Ou, du moins, comment essayer de le faire agir. C'était une importante différence. Si l'on ajoutait à cela le temps nécessaire à une telle tentative, son coût en matière d'efforts... L'artefact ne serait à utiliser qu'en cas d'extrême urgence. Et dans des situations très précises.
Néanmoins, il avait accompli sa première tâche du jour. Non sans un certain soulagement, il rangea l'objet glacé, puis alla se préparer une tasse de thé, histoire de se requinquer.
Ensuite... Un peu d'exercice physique ne serait pas de refus, après une telle débauche d'énergie cérébrale. Il ne tarderait donc guère à proposer à Griselda un petit entraînement.

HRP : chaque tentative d'utilisation du bâton nécessitera un jet de compétence... qui peut ou pas fonctionner...

La jeune femme vint à sa rencontre en le voyant revenir vers les zones plus habitées de la grotte. Elle lui décocha un sourire satisfait.
" Je gage que tu as réussi !" fit-elle en claquant dans les mains.
Elle s'assit près de lui.
" J'ai réfléchi et je pense que je devrais m'entraîner au bâton ou à l'épée courte. Il y a pas mal d'armes entassées dans le coin, là-bas, un peu farfelues, mais je devrais y trouver mon compte ! Avec quoi sais-tu te battre ?"

Le barde avait acquiescé lorsque la jeune femme avait évoqué sa réussite. Il manqua lui dire qu'elle n'était pas complète, qu'il n'était pas certain de pouvoir déclencher les sortilèges à coup sûr. Mais Griselda ne lui en laissa pas le temps, et il choisit de ne pas revenir sur le sujet.
-Je ne suis pas un grand combattant... répondit-il à sa question. Mais je me débrouille à peu près à l'arc et à l'épée longue. Comme il n'est pas possible de s'exercer l'un contre l'autre avec le premier, restons-en au corps à corps... Choisis ce avec quoi tu es le plus à l'aise.

" Je reviens !" fit Griselda avec enthousiasme, avant de gagner le petit arsenal qu'ils avaient rassemblé, fruit de leur rapine sur le corps des pirates morts.
Elle reparut avec une arme à la lame courbe, qui n'était pas une épée conventionnelle mais se maniait probablement d'une manière similaire. Sa garde et sa lame étaient décorées de symboles drows, trahissant l'origine de son propriétaire précédent. La jeune femme attendit patiemment que Taliesin termine son thé en effectuant des moulinets de plus en plus assurés avec son arme.

Le barde laissa bientôt sa tasse vide pour quérir son épée. Il ne savait pas si Griselda s'était déjà battue, si elle avait de l'expérience dans le maniement des armes. Si ce n'était pas le cas, il se sentait mal placé pour lui apprendre quoi que ce soit : tout au plus pourrait-il lui donner des conseils tirés de sa propre pratique...
-Combattre un elfe avec une arme drow, on ne fait pas mieux, comme défi ! lança-t-il, léger, en gagnant une zone dégagée où ils pourraient se déplacer sans entraves.
C'était une boutade : lui-même n'avait jamais eu maille à partir avec des Drows. Enfin, jusqu'aux affrontements contre les pirates. Son maître disait que quelques elfes noirs habitaient la Cité Idéale. Et ses rapports avec le conseiller Lothringen de Manost n'avaient pas été belliqueux, puisqu'ils avaient combattu de concert...
Avec Galathée.
Ah, comme tout était différent, alors ! Comme l'avenir semblait plein d'espérances !
Vraiment ? Et cette quête maudite qui l'avait obnubilé, qui lui avait fait, peut-être, perdre de vue son propre bonheur ?
Il secoua la tête. A quoi bon ressasser cela, en l'instant ? L'heure était à l'entraînement... et à la détente.

Griselda avait manifestement déjà tenu une arme, même si elle n'avait aucune technique : elle se battait frontalement, à la sauvette, tâchant de toucher l'adversaire par tous les moyens possibles et imaginables. Un style très en vogue dans la rue, mais qui avait aussi dû être celui de nombreux révoltés luméniens lors de la guerre civile. Le problème de ce type de combat était que la jeune femme avait déjà pris un certain nombre de mauvaises habitudes. Mais elle les compensait par une énergie débordante et une application à toute épreuve.
Ils s'affrontèrent ainsi une petite heure avant que Griselda ne capitule. Il était de toute façon bientôt l'heure de se sustenter.
" Alors, c'était comment ?"

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