La Couronne de Cuivre

Sylvia lui rendait ses regards, et picorait plutôt qu'elle ne mangeait, l'esprit visiblement occupé à autre chose qu'à apprécier la nourriture. Peut-être, aussi, parce qu'elle n'avait pas subi les "privations" du désert. Elle ne détachait pas ses yeux de lui, et ils brillaient d'une flamme ardente. Elle ne disait rien, pourtant, se contentant de profiter du moment présent, simplement blottie contre lui.
Elle ne s'en détacha que le temps de sortir un peu de fromage et quelques fruits, auxquels elle ne toucha guère, préférant l'observer amoureusement. Et elle fut la première à se lever pour rejoindre leur bel abri, décrétant que la vaisselle pouvait bien attendre le lendemain...

Kasumi – quant à lui – mangeait avec un bel appétit même si son regard glissait de plus en plus souvent de son assiette à la jeune-femme. Quand la jeune femme décréta que les corvées seraient remises, le demi-elfe ne se fit guère prier pour la suivre et décrétant ingénument qu’il faisait en effet bien trop froid pour plonger ses mains dans l’eau et même rester hors de la protection de leur abri.

A l’intérieur, ils n’avaient guère de place pour tenir debout et devaient sacrifier à la promiscuité mais cela ne semblait déranger ni l’un ni l’autre. Le demi-elfe se défit de son pull puis posa se plaça derrière Sylvia et la délesta doucement du sien avant de placer ses mains sur ses épaules puis le long de sa nuque, entamant un des longs et langoureux massages dont il avait le secret.

Le massage dégénéra, bien sûr -comment aurait-il pu en être autrement?-, en tendres moments, en langoureux moments, en passion brûlante et lumineuse, en bonheur intense partagé. Et la nuit fut longue... et absolument pas fraîche, finalement. Au contraire. Mais ils finirent par s'endormir, dans les bras l'un de l'autre. Épuisés, et comblés.

Ils se réveillèrent quelques heures à peine après s'être endormis, ce fut du moins leur impression -et elle était certainement fondée. Une fine pluie tombait au-dehors, et ils auraient certainement de la neige au col. Kasumi, ouvrant les yeux, croisa le regard de Sylvia qui ouvrait les siens au même moment et lui adressa un large sourire, avant de déposer un léger baiser matinal sur ses lèvres.

Malgré le peu de sommeil qu’ils s’étaient accordé et les conditions plutôt spartiates de leur abri, Kasumi avait passé une excellente nuit et son humeur vira au beau fixe dès l’instant où il ouvrit les yeux et que son regard tomba sur celui de sa compagne. Il lui rendit son baiser et prolongea durant un instant ce doux réveil avant que le froid ne les force à abandonner leur lit douillet et ne chasse progressivement leur langueur.

- Bonjour, ma beauté sylvestre ! Je vais nous chauffer un peu de thé. Tu peux rester quelques minutes au chaud le temps que je finisse, si tu veux.

La rôdeuse ne se fit pas prier pour paresser quelques minutes de plus, se blottissant sous les couvertures tandis que Kasumi sortait affronter le froid.
Il eût un peu de mal à rassembler du bois sec, et son feu dégageait plus de fumée que de chaleur, mais il parvint néanmoins à faire bouillir suffisamment d'eau pour le thé du matin. Il constata que sa compagne n'avait pas lésiné sur les provisions : pain, jambon, oeufs, confiture, miel, fruits, et même du beurre salé que le froid des montagnes conservait parfaitement.
Ce fut la bonne odeur du thé qui tira Sylvia de l'abri, chaudement habillée, le regard encore à demi endormi.
" Ça sent bon... Mmmm... je crois que je vais te nommer maître du petit déjeuner pour toutes les années à venir ! Et non, ça n'est pas un prétexte pour traîner au lit ! Enfin... pas seulement !"

Le rôdeur lui retourna un sourire ravi en l’accueillant auprès du feu :

- J’accepte cette responsabilité avec joie si tu acceptes d’être reine de toutes mes nuits pendant toutes ces années !

Pour lui faire plaisir et qu’elle puisse se réveiller en douceur, il lui tendit une tartine préparée exactement comme elle l’aimait. La bruine était plutôt désagréable et ils n’allaient certainement pas traîner à se mettre en route mais ce n’était pas une raison suffisante pour ne pas profiter de cet instant à deux.

La rôdeuse s'installa tout contre lui, à la recherche de chaleur, et ils déjeunèrent en silence, écoutant les mille et un petits bruits de la nature qui manquaient tant dans le désert. Mais ils ne s'éternisèrent pas plus que nécessaire : il faisait décidément trop froid et trop humide.

ils se remirent donc en route, sous la pluie fine et glaciale qu'ils subirent bientôt de plein fouet : ils arrivaient en effet à la zone dégagée d'alpage et de roches qui précédait le col. Au-delà se trouvait Everaska... Et, déjà, la pluie se faisait flocons.

La Couronne de Cuivre

[Désert d'Anauroch] Quête : Racines