La Couronne de Cuivre

-Ce cri, c'était moi, quand j'ai réalisé que vous complotiez pour qu'au cours des veilles à venir, nous fassions le tour de toutes les installations militaires de la cité et que pour cacher vos manœuvres retorses, vous étiez prêts à les grimer avec des dehors de chasse aux morts vivants.
Sourire en coin, il croisa les bras.
-Et sinon, ça ne m'évoque rien du tout : c'est toi le spécialiste de la question. En ce qui me concerne, vu leur laideur, j'imagine très bien une goule ou un blême produire cet horrible bruit.

" Hum. Ça fait un bail que je n'ai pas révisé mes morts-vivants. Il n'y en avait pas beaucoup à Luménis... Les fantômes crient pour effrayer leurs adversaires, dans mes souvenirs... mais j'imagine que la plupart des autres peuvent crier pour le plaisir. Sauf tout ce qui est squelette, évidemment."
Il croisa les bras.
" Bon. Nous serons bientôt fixés, de toute façon."
Hubert s'approchait d'eux.
" Roland et Renaud vont retourner vider les pièces de leur côté avec leurs hommes. Thibault, vous venez avec nous. On va chercher l'accès à l'étage."

-Très bien, dit-il joyeusement.
Mais, une fraction de seconde, Albérich avait vu ses traits se crisper. A moins qu'il ne s'agisse d'un effet de son imagination.
Ils se mirent donc en quête des escaliers et ne tardèrent pas à les trouver, dans une petite salle située à droite de la cour. Si la caserne était bâtie sur un plan symétrique, ce qui semblait être le cas, il était probable qu'existe une autre volée de marche, du côté opposé.

Albérich vit Hubert hésiter, puis il poussa un bref soupir.
" On va rester tous ensemble. Albérich, combien de renvois te reste-t-il ?
— Trois.
— Bon. Tu as la priorité si les adversaires paraissent puissants. Pas de gaspillage sur une bande de squelettes."
Le Luménien opina du chef.
" Si les informations d'Ezéchiel sont justes, ils ne doivent pas être plus d'une dizaine, mais sans doute qu'il nous reste les plus gros morceaux."
Il donna ensuite le signal de départ en s'engageant dans les escaliers.

En réalité, les adversaires furent une quinzaine, goules et blêmes mêlés.
Les monstres attaquèrent de face et de flanc, surgissant subitement par les trois issues de la pièce que le groupe était en train de traverser.
Si cette initiative témoignait d'une certaine intelligence, elle n'en aboutit pas moins à un échec cuisant. Certes, les sorts lancés par Albérich ne réduisirent pas en poussière les plus puissantes créatures : elles les firent fuir. Infime différence, en vérité : des lames affutées leur firent bientôt connaître un prompt trépas.
Ensuite, une visite minutieuse de l'étage montra qu'il ne s'y trouvait plus le moindre ennemi.

Il restait à retrouver les autres groupes et sans doute descendre dans les caves pour soutenir l'équipe de Guillermo, s'ils n'étaient pas déjà remontés. Après s'être assuré que tout le monde était indemne, Hubert donna des ordres en ce sens. Si la menace avait complètement été éliminée, il serait temps de fouiller une seconde fois les lieux à la recherche de trésors, quelle que soit leur forme. Enfin, ils pourraient retourner vers la forteresse.

La caserne n'abritait désormais plus le moindre monstre : le groupe dirigé par les paladins sunites en avait éliminé trois tandis que quatre tentant de prendre la fuite s'était fait abattre par les éclaireurs d’Ézéchiel. Quant à Guillermo, il assura Hubert qu'aucune créature ne s'était enfuie par les caves, dont l'éventuel passage les reliant aux souterrains, s'il existait, était demeuré fermé et invisible. En revanche, ses hommes et lui y avaient découvert ce qui apparut bientôt comme le seul trésor notable du bâtiment : des coffres semblables à ceux déjà récupérés par la Communauté et contenant des armes et des armures - visiblement, le capitaine mercenaire était lui aussi en mesure d'ouvrir ces étranges contenants.

L'idéal était de ramener ces objets jusqu'à la forteresse sans perdre de temps, aussi Hubert les répartit-il entre les différents membres de l'escouade avant qu'ils ne repartent. Ils étaient heureusement assez nombreux, et Ezéchiel et ses hommes purent continuer à surveiller les alentours pendant qu'ils rebroussaient chemin.
L'intervention s'était déroulée encore plus aisément que le paladin ne l'avait imaginé, en grande partie grâce au pouvoir divin des clercs. Il était heureux d'être sorti se dérouiller, mais regrettait légèrement que cela ait été aussi simple : il n'avait pas pu voir comment le groupe — et certains de ses membres en particulier — se débrouilleraient réellement au combat. Mais peut-être aurait-il dû s'en satisfaire. Après tout, il n'était pas impossible que la cité ne renferme plus que ce genre de petites bandes de morts-vivants, faciles à décimer. Il fallait croire et espérer.

Le transport des coffres les ralentit quelque peu, si bien que lorsqu'ils atteignirent la forteresse, l'heure du repas était déjà passé depuis un certain temps. On les informa cependant que des plats chauds les attendraient même s'ils souhaitaient se décrasser auparavant. Thibault prit alors congé, annonçant qu'il voulait voir comment cela se passait pour leurs "invités". Zèle qui laissa Gabriel pantois : lui-même avait l'intention de souffler un moment avant de retourner au front.

Hubert et Albérich prirent tous deux le chemin des thermes avec la majorité des personnes qui les avaient accompagnées. L'eau bienfaisante des bassins chasserait le froid et la sueur, ainsi que les éventuels miasmes et autres glaires qui s'étaient frayés un passage dans leurs vêtements. Ils auraient besoin de se changer, bien sûr, aussi firent-ils un détour par leur chambre pour y prendre le nécessaire. Une fois à l'abri des regards, Hubert n'attendit pas qu'il se soit débarrassé de sa cotte de mailles pour l'étreindre.
" Je ne m'en suis pas trop mal sorti, non ?
— Tu t'en es parfaitement sorti.
— Tu es un peu rassuré ?
— Un peu." dit le paladin d'un air mutin, avant de le relâcher.
Albérich en profita pour retirer sa protection encombrante.
" C'était un peu trop simple, non ?
— Nous étions à la hauteur, c'est tout, répondit le prêtre. Ça dépend toujours de comment on regarde les choses.
— C'est vrai."
Il avait rassemblé ses vêtements sous un bras et s'apprêtait à sortir. Pendant une seconde, Albérich songea à lui demander s'il voulait récupérer son anneau de platine, mais quelque chose lui disait qu'il risquait de vexer le paladin, aussi n'en fit-il rien et l'accompagna-t-il vers les thermes. Ensuite ils mangeraient, puis il serait temps de penser à la suite de leurs activités. Mais il serait certainement dispensé d'entraînement.

Aussi tentant cela soit-il, aucun de leurs compagnons ne s'attarda dans les eaux réconfortantes des bains : l'appel du devoir, sans doute, sans compter celui du ventre.... Le groupe ne tarda donc pas à rallier la cantine où lui fut servi son repas. Étienne, déjà tout équipé pour sa sortie imminente, vint brièvement trouver Albérich et Hubert pour s'enquérir du résultat de leur opération. La manière dont les choses s'étaient déroulées le ravit et il les félicita avant de s'éclipser.

Albérich partit ensuite à la recherche de Barthélémy : il voulait discuter avec lui des points à aborder dans le cours d'hygiène de base qu'il avait prévu de dispenser dans les classes, le plus tôt le mieux, sans doute en y adjoignant quelque chose sur les signes d'appel des maladies hivernales courantes. Il avait aussi l'intention de prendre du temps pour déconstruire les fausses idées qu'avaient parfois les gens sur le fonctionnement du corps et l'effet de certains remèdes ou attitudes. Ensuite il irait mettre tout ça en forme avant de proposer aux instituteurs son concours dans les jours à venir, à leur convenance.
Hubert, de son côté, gagna la cour et les exercices militaires. Il n'avait pas l'intention de recommencer à guerroyer dans l'immédiat, cependant : il voulait vérifier que le matériel qui avait souffert de grand matin était nettoyé et remis en état, et regarder plus en détail ce qu'ils avaient ramené. Il commençait à avoir l'impression qu'ils auraient pu ouvrir une armurerie, car leurs fournitures dépassaient désormais sûrement le nombre de personnes capables de les porter.

Effectivement, ils ne manquaient ni d'armes de corps-à-corps, ni d'armures. A moins qu'ils ne les aient emportées avec eux ou cachées ailleurs, les Anciens semblaient ne guère avoir prisé les plates : les coffres ne contenaient que des cottes de maille. Néanmoins, elles étaient souples, solides, d'excellente facture et parfaitement conservées : de quoi assurer à leurs porteurs une très bonne protection. De quoi, aussi, si l'envie en prenait à la Communauté, conférer à ses troupes une manière d'uniforme, en remplacement de l'équipement pour le moins disparate dont elles disposaient pour l'heure. De surcroit, il y avait là largement de quoi fournir tout le nécessaire à ceux qui, venus de Grand Estuaire, pourraient décider de rallier la garde.

L'idée était séduisante, mais Hubert voulait avoir toutes les clés en main avant de l'annoncer au conseil, aussi commença-t-il d'abord à en parler au forgeron — il voulait être certain qu'ils disposaient des connaissances techniques suffisantes pour bien les entretenir et les réparer le cas échéant — puis il en parlerait avec ceux qui formeraient — du moins l'espérait-il — le noyau de la future armée de Clairétoile. Armée était un trop grand mot. Milice ou garde, ou quelque chose comme ça. Ses officiers, en somme. S'il trouvait un écho positif chez tout le monde, alors on entamerait les essayages et le remplacement du matériel.

Ulrich l'assura qu'assurer l'entretien quotidien des armures, les réparer en cas de besoin et, le cas échéant, leur apporter quelques ajustements ne poserait pas le moindre problème. Il était formé à la fabrication des cottes de mailles et celles-ci ne différaient guère des actuelles : simplement, on avait consacré bien du temps et un soin extrême à leur création.
Restait à en discuter avec ses officiers, lesquels étaient pour la plupart en train de s'exercer. Nul doute, cependant, qu'ils s'interrompraient s'il annonçait la tenue imminente d'une réunion d'état-major.

Hubert préféra faire passer le message qu'une réunion d'état-major aurait lieu en fin de journée, avant le repas, histoire que les hommes puissent poursuivre leurs exercices, tout en s'organisant pour se rendre disponibles au moment opportun. Il était grand temps qu'il rassemble un peu tout le monde et il se fit une note mentale de le faire une fois tous les deux jours, à heure fixe. Il fallait qu'ils abordent la question des garnisons aux portes, également, et puis simplement, qu'ils échangent sur le moral, les perspectives, les bonnes idées, les inquiétudes... Même s'il n'y avait rien à dire, c'était bon pour l'esprit de corps.

Au moment indiqué par Hubert, tout le monde était réuni dans la salle dévolue aux rassemblements des officiers, y compris Étienne qui était rentré un peu plus tôt de son expédition dans la cité. Les débats furent rondement menés. Personne ne s'opposa à l'adoption de l'équipement découvert dans les coffres, bien au contraire : il était de meilleure facture que celui que possédaient gradés et homme du rang, sans parler de l'aspect à plus d'un titre symbolique de cette mesure. Concernant la garnison, on n'attendait qu'une chose : que le paladin désigne un responsable et le nombre de soldats qu'il aurait sous ses ordres. Pour le reste, le moral était bon, quoique certains n'auraient rien contre un peu plus d'activités. Toutefois, entre les sorties en ville et les entraînements, il y avait malgré tout de quoi satisfaire la plupart des besoins d'action.

" Bon, mais je fais un appel à volontaires, dans ce cas, pour la garnison extérieure. Je ne veux pas désigner quelqu'un qui n'en ait pas l'envie. En fait, j'aimerais autant avoir deux équipes complètes pour effectuer un roulement par veille, ce serait l'idéal. Et nous parlons d'une dizaine de personnes, pas davantage. C'est à la fois une mesure de protection et une mesure symbolique. Donc si vous êtes tenté... ou que vous avez sous vos ordres quelqu'un qui ferait ça bien... Venez me voir. Dans le même ordre d'idée, je me dis que nous devrions en profiter pour organiser une patrouille de rue, une fois par jour, ou deux, de la forteresse aux portes et le retour. Pas tellement pour les hommes, mais pour les chevaux. Les bêtes ont besoin de sortir. A présent que tout cet espace est dégagé... Envoyer un groupe de cavaliers faire l'aller-retour, une fois dans la matinée, la seconde dans l'après-midi, me semblerait une idée... Mais je ne sais pas ce que vous en pensez."

Ce qu'ils en pensaient ? Du bien. Beaucoup de bien, même ! Sur ce point, l'enthousiasme était de mise et nul doute que les choses pourraient être en place dès le lendemain. Pour la garnison, en revanche, le paladin eut la nette impression que cela aurait été plus simple s'il avait désigné lui-même les responsables car, si chacun comprenait l'utilité de cette mesure, si personne n'aurait rechigné à l'idée de devoir l'exécuter, se porter volontaire était une autre paire de manches et réclamait un temps de réflexion. Ses officiers lui promirent néanmoins d'y songer, de consulter leurs troupes pour dénicher des candidats dans leurs rangs et de trancher au plus vite.

Hubert se promit de prendre les choses en main de manière plus musclée si rien ne se dégageait dans les jours à venir. Mais il décida aussi d'aller reconnaître ces portes lui-même dès le lendemain après-midi, en accompagnant la patrouille nouvellement formée. Il lui restait un point à aborder avec le groupe, cependant.
" Comme vous le savez, nous avons terminé cette première partie d'exploration. Nous allons entamer une seconde phase de travail, mais il y a plusieurs possibilités qui s'offrent à nous : la cité est vaste. Je ne sais pas si certains d'entre vous y ont réfléchi — Etienne, je ne te compte pas dans le nombre — et s'ils ont alors des réflexions sur le sujet à nous faire partager. Votre avis m'intéresse grandement en la matière."

Étienne se garda d'invervenir, laissant la parole à leurs compagnons. Lesquels ne manquaient pas d'idées. De l'avis général, dans l'idéal, il aurait fallu sécuriser l'enceinte de la cité, l'avenue qui la longeait et les bâtiments avoisinants. Cependant, l'opération risquait de prendre des semaines entières, sans compter que même s'ils parvenaient à la mener à bien, ils ne disposaient pas dans l'immédiat d'assez d'hommes pour rester en faction sur les murs ou pour y patrouiller efficacement. Une première alternative consisterait à envoyer une escouade montée faire le tour de ces fortifications pour repérer les brèches principales : il serait alors envisageable d'explorer les zones avoisinantes puis de lancer des réparations. Autre option : agir comme ils l'avaient déjà fait mais, cette fois, pour les portes sud. Enfin, sécuriser de nouveaux secteurs des souterrains semblait prometteur : cela leur permettrait de se déplacer en d'autres lieux avec rapidité et sans danger et donc d'avoir un meilleur contrôle sur la ville.
Tant de tâches possibles... Se séparer était tentant. D'autant que l'idée d'explorer les abords du lac et de chercher les trésors (et les armes) disséminés un peu partout n'était pas absente, Hubert ne manqua pas de le noter.

Et bien, ce n'était pas ça qui allait arranger leurs affaires. En même temps, le paladin n'avait cherché qu'à entendre leurs points de vue, et il y avait de bonnes idées dans le lot. Il annonça à tous que les réunions auraient dorénavant lieu tous les deux jours, dans le même créneau horaire, puis leur souhaita bon appétit et leva la séance. Il s'attarda quelques minutes dans la salle pour noter les quelques points dont il voulait se souvenir pour le conseil et pour sa journée du lendemain, puis gagna la grande salle d'où s'échappaient déjà les bonnes odeurs du repas. Il avait la sensation d'une bonne journée, productive, et cela l'emplissait d'énergie malgré la nuit.

L'après-midi d'Albérich n'avait pas été moins productive. Il avait discuté un bon moment avec Barthélemy, lequel lui avait laissé entièrement les rennes, se contentant de quelques remarques, de quelques conseils pertinents. Puis, ses réflexions et ses idées couchées sur le papier, il était allé trouver les instituteurs. S'il s'était attendu à des récriminations - après tout, il venait leur parler travail alors que leurs cours s'étaient à peine terminés -, il fut détrompé : plusieurs membres de la Communauté ayant ce jour-là présenté leur métier aux enfants, la classe s'était révélée étonnamment reposante pour eux. Bref, ils l'avaient écouté avec sérieux et attention et agréé sans hésiter ses propositions.
Enfin, pour lui aussi, ce fut l'heure du repas.

Albérich chercha Hubert du regard en atteignant la salle à manger. Comme le paladin était déjà bien entouré, et au milieu de son repas, il se contenta de se pencher sur son épaule pour lui parler à l'oreille.
" Je vais voir Thibault ce soir, après le conseil. Je te rejoindrai ensuite."
Il vit son compagnon se raidir imperceptiblement et il lui serra l'épaule avant de s'éloigner. Hubert n'était probablement pas très content, sans doute un peu inquiet aussi de cette démarche, mais Albérich ne se sentait plus le droit de jouer au chat et à la souris. Peut-être le Sunite lui-même préférait-il les non-dits, mais le Luménien trouvait cela malsain. Bref, il fallait que quelque chose s'échange, même si c'était trois mots.
Il s'installa ensuite au premier endroit accueillant qu'il dénicha, prêt à bavarder de tout et de rien avec n'importe qui.

Le Conseil, comme à l'accoutumé, débuta par le partage des nouvelles concernant leurs ambassades. Louis et Frida avaient quasiment terminé les achats et leur colonne se mettrait en route dès le lendemain : le temps était propice. En revanche, propice, il ne l'était pas pour Marthe, Varamyr et les envoyés du clan des Dents Grises, toujours aux prises avec un sérieux blizzard. Ils étaient toutefois parvenus à trouver un refuge convenable et la juge n'était pas le moins du monde inquiète : elle était en compagnie de gens habitués à ce genre de conditions.
On évoqua ensuite leur brillante victoire du matin et Ézéchiel indiqua que, dans les parages immédiats, il n'avait noté aucun indice trahissant la présence d'un groupe similaire de monstres.

Albérich n'avait pas grand chose à raconter, Hubert leur répéta ce qu'avait convenu l'état-major sur les patrouilles à cheval et le remplacement de l'équipement. Ensuite, ils n'avaient plus trop le choix : il fallait aborder la question de la poursuite de l'exploration, sous peine de gaspiller de nombreux jours à ne poser de grandes questions.
" Est-ce que quelqu'un a essayé de dessiner une carte de la ville, même grossière, à partir de la forteresse ? demanda Albérich. Ou est-ce que nous disposons de ce genre de choses dans tes archives, Etienne ? Je me demande si nous ne devrions pas envisager des raids vers des bâtiments critiques, que nous identifierions a priori, plutôt que de continuer cette progression lente et systématique, ne fut-ce dans un premier temps...
— L'idée d'envoyer une équipe faire le tour des remparts me plait bien, je dois dire. Avec un groupe d'éclaireurs en appui, ils ne risqueraient pas grand chose..."

-Effectivement : vu la largeur de l'avenue, vu la visibilité qu'elle offre, aucun risque d'être attaqués par surprise par des morts-vivants.
-Cela ne me paraît pas être une mauvaise idée : cela permettrait de localiser les brèches importantes dans les murs, s'il y en a, et de fermer les portes... Certes, cela n'empêcherait pas quelqu'un de décidé d'entrer malgré tout en ville mais ladite incursion s'apparenterait à une effraction, puisque nous nous serions, au moins symboliquement, appropriés le périmètre...
Le chevalier se tourna vers Albérich.
-Les archives de ma famille ne comprennent aucune carte : néanmoins, je pense que nous pourrions trouver aisément quelqu'un pour dessiner un plan sommaire d'après le panorama... Quant à l'idée des raids vers des cibles identifiées de loin, à l'avance, cela me semble intéressant : peut-être, simplement, vaudrait-il mieux les gagner en passant par les souterrains et en sécurisant ceux-ci au passage. Ainsi ferions-nous d'une pierre deux coups.

" C'est vrai, dit le Luménien. Ma vocation m'appelle à marcher sous le soleil, mais vu les circonstances... Les tunnels feront parfaitement l'affaire. Enfin, pour autant que nous parvenions à deviner à quel endroit ils émergent... Personnellement, sous terre, je perds vite le sens de l'orientation. Mais j'imagine que c'est à cela que servent tes éclaireurs, Ezéchiel."
Il sourit au demi-elfe.
" Mais donc je pense que nous pourrions effectivement affecter un dessinateur à ce panorama et tenter de lui adjoindre quelques observateurs... Si nous pouvons repérer des bâtiments qui nous semblent prometteurs... à cause d'un détail architectural, d'une situation, que sais-je... Commençons par ceux-là."

-Bien, je discuterai donc avec mes hommes et trouverai des volontaires pour accompagner l'expédition des remparts et celle destinée à mener les raids.
-De mon côté, je peux m'occuper du cartographe et des observateurs, si vous le souhaitez... Hubert, tu gères la composition des différentes équipes que nous lancerons hors de la forteresse ?

" Attends, dit Hubert. Je veux bien constituer des équipes, mais si nous fonctionnons selon ce système, les explorations sont plus ou moins bloquées tant que les observateurs n'ont pas identifié les premiers bâtiments...
— A mon avis, c'est un faux problème : pendant qu'ils travaillent, les équipes peuvent déjà sécuriser des portions de tunnels en direction du lac, vu que c'est vraisemblablement la direction que nous emprunterons.
— Sauf que les équipes actuelles sont très peu militaires, et très civiles. Si subitement, j'ai besoin d'un groupe qui explore les remparts, un autre qui sécurise les tunnels, un troisième qui patrouille dans les rues et un dernière qui occupe la porte nord... C'est bon, je n'ai pas besoin de travailler : tous les militaires sont à pied d'oeuvre. Ça leur ferait du bien, cela dit. On peut l'envisager, mais pas en leur annonçant demain matin au petit déjeuner."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue