La Couronne de Cuivre

HRP : heu... moi je ne vais pas jouer Angèle

N'hésite pas à écrire un fleuve si cela colle avec le moment

Leurs pas les avaient menées au bas de la colline où se dressaient les temples célestes. Le Temple de Lathandre et son dôme scintillant surplombaient ce qui devait être un sanctuaire de Séluné, plus éthéré, en spires argentées qui tourbillonnaient vers le ciel, mais le bâtiment sur la gauche, en forme de pyramide, renvoyait sans doute à une divinité mineure que ni Angèle, ni Amélie ne purent identifier d'un regard. Il y avait du monde, en cette fin de journée, là comme ailleurs, profitant de l'ombre des arbres et des bancs qui parsemaient les flancs de la colline. Des vendeurs ambulants proposaient des chapeaux et de la nourriture, se faufilant entre les pèlerins et évitant les prêtres. Il y avait sûrement des vitraux là-haut, chez le dieu de la lumière... mais sans doute partout ailleurs.

Hrp : Loin de moi cette idée

En fait, je pensais faire un bout de dialogue puis te laisser décrire les endroits où elles passaient. Enfin, si ça te va.

Angèle avait pris le prétexte d'observer la cité fourmillante de détails pour garder le silence et Amélie ne lui en tint pas rigueur. Elle était mal à l'aise avec sa position délicate de confidente et de pseudo-intermédiaire qui avançait les yeux bandés. Si la démarche d'Amélie n'avait été qu'un caprice, elle aurait vécu le voyage avec plus de légèreté. Mais elle savait à quel point la rencontre avec Brandon Devlin tenait à coeur à Amélie.

Et elle n'avait aucune prise sur la façon dont elle allait se dérouler.

"Ou peut-être que je pourrais le rencontrer sans qu'il sache qui je suis.", murmura Amélie.

Elle fronça les sourcils.

HRP : heu... mais je ne sais même pas vers où elles vont

Le chemin qui longeait le bas de la colline, moins escarpé que les sentiers qui la gravissaient les ramenèrent vers la rivière et un pont plus large et encombré que celui qu'elles avaient traversé plus tôt. Outre les nombreuses personnes qui l'empruntaient, il y avait des chariots, des chevaux et des promeneurs qui s'arrêtaient le long de ses rambardes pour regarder la Sereine en contrebas. Sur la droite, on distinguait la façade rutilante d'un temple qui ne pouvait qu'appartenir à Waukyne. De l'autre côté de la rivière, une esplanade presque déserte était envahie par les mouettes. Partout, des bateaux croisaient, petites barques et barges plus imposantes, pour accoster aux quais ou entrer dans les canaux qui pénétraient à l'intérieur de la ville. Il faisait chaud et sec, mais il n'était pas difficile d'imaginer que sous la pluie, ou en temps de crue, la Sereine devait s'inviter dans les rues.

Comme si les voyages en bateau ne lui avaient pas suffi, c'est vers les bateaux qu'Amélie porta son regard, essayant de repérer le plus grand d'entre eux.

"Pour un décor de futur vitrail.", dit-elle. Ou peut-être faisait-elle diversion pour ne pas entendre la réponse.

Angèle la savait néanmoins préoccupée, tergiversant sur la façon de procéder qui heurterait le moins de monde possible. Elle-même ne disait rien, de peur d'être une mauvaise conseillère. Il lui tardait que l'affaire se termine ... et bien.

Ce n'étaient pas des bateaux de mer, aux larges voiles et aux proues majestueuses, mais bien des caboteurs et des barges plates, ainsi que de nombreuses barques. Il y avait quelques petits voiliers, mais rien de bien fastueux. Les bâtiments alentours les écrasaient de leur architecture complexe, les reléguant au dernier rang des splendeurs. La rivière elle-même paraissait prête à les engloutir. Ce serait un vitrail bien modeste, qu'Amélie pourrait tirer de ces petites coquilles de noix, flottant sur l'eau sombre de la Sereine... peut-être pour la devanture d'un poissonnier ou d'une taverne de pêcheurs.

Angèle, même si elle n'était pas vraiment versée dans l'art du vitrail se rendit compte de la pauvreté du sujet et par ricochet de l'état d'esprit d'Amélie. D'ailleurs, ne venait-elle pas d'essuyer une larme qui venait de perler au coin de ses yeux ? Quand elle se rendit compte qu'elle était observée, elle lui sourit, mais la paladine n'était plus vraiment dupe.

"Tu pourrais lui écrire, dit-elle finalement, et moi, je pourrais porter la lettre."

Le soulagement qu'elle vit sur le visage d'Amélie valait toutes les réponses du monde. Elle se sentit un peu mieux. Amélie, peut être lassée des bateaux après tout proposa à Angèle de reprendre la promenade. Cette fois, elles se dirigèrent vers le temple de Waukyne. Aussi rutilant qu'il était, il aurait sûrement de beaux vitraux.

C'était l'opulence de l'or et de l'argent plus que la lumière qui intéressait les partisans de Waukyne et au final, les vitraux étaient relativement sommaires, jaunes ou carrément transparents, visant surtout à permettre aux promeneurs de prendre la mesure de la richesse du Temple. Tout y était rutilant : statues, colonnes, mobilier, chambranles et sols, à en aveugler le regard. Il apparut très clair à Angèle et Amélie qu'elles ne pourraient passer le seuil sans avoir à faire une offrande, même minimale... Peut-être y avait-il des vitraux plus travaillés à l'intérieur, mais il faudrait payer pour le savoir...

Amélie qui était à la poursuite de la lumière plutôt que celle de l'or, mais qui était comme à son habitude une véritable optimiste accepta de se délester de quelques pièces d'or afin de pouvoir voir l'intérieur. Avec un peu de chance, les plus beaux vitraux seraient entreposés dedans. Angèle qui en doutait s'abstint cependant de tout commentaire.

Seul importait que sa protégeait soit distraite de ses inquiétudes.

A l'intérieur du temple de Waukyne, tout était doré, bronze ou argenté. Sans doute n'était-ce pas de l'or véritable, plutôt juste une peinture particulièrement scintillante, mais les murs et le plafond en étaient recouverts, sur chaque colonne torsadée, chaque moulure complexe, chaque chambranle, chaque banc, jusqu'aux tapisseries ou aux cadres des tableaux. Des statues figurant des allégories de différents commerces trônait tout le long du grand hall, rehaussées de pierreries et de vêtements qui paraissaient véritables, en brocart, velours ou soie. Il n'y avait que peu de fidèles à l'intérieur, mais tous paraissaient bien mis et la plupart étaient probablement des marchands. Les bribes de conversation que les deux femmes saisirent avaient d'ailleurs trait au commerce, à la valeur de tel bois, tel minerai, telle étoffe. Tout au fond de la pièce se trouvait une sorte de comptoir, derrière lequel se tenaient deux clercs, plongés dans leur lecture. D'autres assistaient aux échanges des fidèles, intervenant de temps en temps dans leurs conversations. Pour l'heure, personne ne semblait d'humeur à importer Angèle et Amélie. Mais il n'y avait pas davantage de vitraux à l'intérieur : la magnificence des lieux se suffisait à elle-même sans qu'il fut utile de la parer de couleurs supplémentaires...

Amélie fut quelque peu déçue, mais aussi réaliste. Chez Waukyne, on s'intéressait au brillant et au clinquant. Au vu de la beauté opulente qui était exposée, cet attrait se justifiait. Elle fit une prière silencieuse à la déesse des marchands afin qu'elle protège le commerce de son père. Elle ressortit, toujours avec une Angèle muette sur ses talons.

"Où allons-nous ?", demanda-t-elle une fois à l'extérieur.

Angèle qui n'aimait pas vraiment les choix - surtout quand ils étaient si multiples - formula une réponse à laquelle sa cadette s'attendait déjà.

"C'est comme tu veux, toi.
- Alors, on pourrait s'en remettre à Tymora. On pourrait visiter le premier temple qui se présentera."

Elle sortit une pièce de sa poche.

"Pile à droite et face à gauche."

Ce fut sur la face que la pièce retomba.

La gauche les emmena vers l'ouest, le long de la rivière, et il leur apparut rapidement qu'elles étaient dans une zone de hangars, d'entrepôts et de comptoirs, entre lesquels il n'y avait nulle place pour le religieux. Même s'il y avait des prêtres parmi les marchands et les marins, négociant sans doute des bougies, des draps ou du bon vin pour leurs temples, il n'y avait pas de sanctuaires à proprement parler : seulement de petites chapelles sommaires, un toit et un autel ouvert sur la rue, dédiées aux divinités propices aux bateleurs : Waukyne, bien sûr, mais aussi Shaundakul, Lathandre et Tymora, ainsi que Gond, Séluné et Valkur. La chance les avait manifestement renvoyées dans un coin peu religieux d'Eredhun et il ne fallait pas être particulièrement doué en cartographie pour réaliser que le seul temple qu'elles allaient retrouver dans cette direction, c'était celui de Tymora...

Amélie regarda la pièce puis Angèle qui s'était figée, silencieuse. Elle se tut quelques secondes avant de lever les yeux au ciel en une grimace comique avant de décréter.

"Peut être que ce n'est pas ce que Tymora veut vraiment. Peut-être qu'elle s'est un peu trompée. Peut-être que si je relance la pièce ..."

Et elle joignit le geste à la parole.

Mais la pièce retomba du même côté, obstinément. Amélie eut d'ailleurs l'impression — la certitude — que si elle la relançait encore, il n'y aurait pas grand changement.

C'était donc ce que Tymora voulait. Et elle avait l'air de le vouloir vraiment. Amélie hocha pensivement la tête avant de murmurer.

"Peut-être que c'est mieux comme ça après tout. Peut être qu'elle veut que j'arrête de me faire mal à attendre. Même c'est sûrement ça. Et après tout, elle a peut être raison."

Angèle hocha la tête. Oui, c'était peut-être mieux comme ça. Son dernier voyage à Luménis lui avait appris que le hasard pouvait bien faire les choses. Alors, si dame Chance était de la partie.

"Je t'accompagne.", décida-t-elle.

(Je poste au temple de Tymora pour la suite)

La Couronne de Cuivre

[Ville] Erhedun