La Couronne de Cuivre

Il soupira derechef.
-Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider sur ce point. Mais franchement... Ces gens ont peut-être refait leur vie, se sont peut-être retrouvé une famille... Quand je vois ce que ça m'a coûté de m'être dénoncé, sachant cependant que je l'ai fait de mon propre chef et que les miens savaient déjà de quoi j'étais coupable et ne risquaient donc pas de m'abandonner... Il serait inhumain de ma part de dénoncer mes complices, de faire voler en éclats tout ce qu'ils ont pu reconstruire depuis.

Henry sourit et posa la main sur le genou de son interlocuteur.
" Il n'y a pas de mal, Taliesin, comme je vous le disais. Vous devez vous attendre à revoir d'anciens complices, mais vous n'aurez nulle responsabilité dans leur présence à la barre. Vous n'avez pas à vous justifier et je ne vous importunerai plus à ce sujet. Considérez qu'il est clos."
Il secoua la tête.
" Avez-vous des questions, de votre côté ?"

-Non non, vos explications étaient très claires.
En réalité, il se demandait ce qu'il aurait à proposer lors des négociations en coulisses. Certes, Kerun avait laissé entendre qu'il pourrait travailler pour les services secrets, mais ça lui semblait absurde. On ne lui faisait pas confiance, il était un étrange et même si pour une raison ou pour une autre il était contraint de prendre la nationalité luménienne, il demeurerait un citoyen de seconde zone en partie privé de ses droits civiques. Comment accepterait-on de recruter un tel individu au sein d'une organisation si importante ? Cependant, son avocat ne serait sans doute pas en mesure de répondre à cette question qui, de surcroit, ne se poserait pas avant des mois.

" Bon, dans ce cas, je vous explique la suite. Une fois que tout aura été expliqué, votre assignation à résidence sera confirmée, il faudra signer des papiers divers et... on vous demandera une mèche de cheveux, pour pouvoir vous tracer au cas où vous décideriez de prendre la fuite. Je sais, c'est un peu particulier, mais c'est la manière la moins contraignante qu'ils ont trouvée. Autrefois on plaçait des sortilèges complexes sur les gens, tout ça, mais c'est terminé depuis quelques années, déjà. Bref, ensuite, vous serez ramené en cellule, je devrai remplir quelques formalités administratives, et puis nous repartirons. En gros."
Il pinça les lèvres.
" Toujours pas de questions ?"

-Non, aucune, dit-il en s'efforçant de sourire.
Il était sincère : tout était parfaitement clair. Et puis, l'idée de devoir faire deux séjours en cellule, la perspective de ne même plus pouvoir songer à s'échapper si tout tournait mal l'avaient assommé.
Mais il survivrait à l'incarcération en douceur et pour le reste, tout irait bien.
Du moins allait-il s'efforcer de le croire. En l'instant, c'était difficile.

" Bien. Si des questions vous viennent par la suite, n'hésitez pas. Je sais que le processus judiciaire parait parfois fort compliqué aux personnes qui n'y connaissent rien et je ne veux pas que vous vous sentiez perdu. Il n'y a pas de questions stupides."
Il jeta un oeil par la fenêtre : la campagne grisait autour d'eux.
" Voulez-vous que je vous parle du juge et du procureur ? Ou bien préférez-vous que nous en restions là ?"

Il n'hésita pas bien longtemps : tout valait mieux que le silence, que se retrouver seul avec ses pensées.
-A moins que vous ne souhaitiez vous reposer, je vous écouterai volontiers. Plus je saurai à quoi m'attendre, mieux ce sera.
Pour le reste, il n'avait pas la moindre intention d'essayer de comprendre les rouages de la justice luménienne. Il se contenterait d'obéir tout en essayant de tenir bon, et ce serait un programme déjà largement suffisant.

Henry acquiesça.
" Et bien, ça dépend un peu de vous... Préférez-vous que je commence avec la bonne nouvelle, ou avec la moins bonne nouvelle ? Pas que cette dernière nous posera de réel problème, je vous rassure... Mais bon... Ce n'est même pas l'aube, je ne voudrais pas vous donner des aigreurs d'estomac !"

Il rit à nouveau.
-Des maux d'estomac, j'en aurai forcément, vu ma propension à l'inquiétude et vu que la journée sera éprouvante quoi qu'il advienne. Alors un peu plus, un peu moins...
Il haussa les épaules.
-Commencez donc par la mauvaise nouvelle.
Elle devait porter sur l'accusation puisque Kerun avait dû manœuvre en coulisse en ce qui concernait le choix du juge.

" Le procureur n'est pas un tendre, dit Henry, confirmant son hypothèse. Il a une idée de la loi un peu... tyrite, on va dire. Il dirait sans doute tormite, mais moi je ne trouve pas. C'est un homme rigide. Il n'était pas à Luménis pendant les troubles, il a filé dès que ça a commencé à sentir le roussi, du coup... et bien il n'a pas exactement vécu les choses. Techniquement, il les comprend, et il est parti parce qu'il était opposé à Nwalk mais... C'est toujours différent quand on était dans la merde."
Il sourit.
" Le juge, par contre, c'est le parcours classique de l'opposant modéré. Arrestation, prison, libération le jour de la chute de Morféa. Comme la plupart des gens dans sa situation, l'aventure l'a marqué. Il sera sans doute nettement plus réceptif à ce qui nous rassemble."

-C'est bien là l'essentiel, répondit le barde.
En toute franchise, quand l'avocat avait parlé de "moins bonne nouvelle", il avait imaginé pire qu'une accusation virulente...
-Je m'attendais d'emblée à ce que le procureur me malmène sérieusement. Et tant que cela concernera mes crimes, je ne pourrai qu'être en accord avec lui.
Cela ne se limiterait pas à cela, évidemment. Mais il n'aurait d'autre choix que de serrer les dents.

" Je ne suis pas certain qu'il cherchera à vous malmener. Mais il n'est pas très sensible à tous les aspects plus émotionnels des cas. Il va se baser sur ses bouquins, y trouver l'article qui l'intéresse... Non, il faudra lui prouver votre folie. Mais comme je le disais... Ce sera juste un peu plus difficile. De votre côté, vous ne pourrez pas lui dire que vous doutez de votre état d'esprit à l'époque des faits. Vous devrez insister sur le fait que vous ne vous reconnaissez pas, que vous n'avez jamais commis d'actes pareils et que vous ne le ferez plus jamais. Je caricature, mais c'est l'idée."

Il hocha la tête.
-Je n'aurai pas de mal à lui dire cela car, effectivement, il n'y a rien en commun entre celui que j'ai été durant ces quelques semaines et celui que j'étais auparavant, que je suis aujourd'hui.
Il eut un triste sourire.
-C'est dommage que je sois arrivé si récemment dans cette partie du monde. Hormis ma compagne, il n'y a personne pour témoigner de l'elfe que j'étais jadis, avant mon premier séjour à Melandis... Enfin, c'est ainsi et il faudra bien faire avec.

" Si vous avez des gens en tête, des gens d'autrefois, je peux les retrouver, dit l'avocat avec le sourire. Nous avons largement le temps de faire venir quelqu'un de Féérune, si ça peut faire la différence. Il ne faut vraiment pas que ce genre de considérations vous arrête. Si vous aviez des proches, des amis, et je suis certain que c'est le cas, vous devriez songer à m'en faire la liste et me laisser voir qui je peux nous dénicher."

L'elfe secoua la tête.
-Malheureusement, je n'ai aucun nom à vous donner. D'abord, les membres de ma famille adoptive sont morts depuis des lustres. Ensuite, j'ai passa l'essentiel de ma vie sur les routes, ne m'arrêtant jamais longtemps au même endroit et ne pouvant donc guère tisser de liens. Enfin, les rares personnes qui pourraient se souvenir de moi... J'aime autant qu'elles n'apprennent jamais ma déchéance.
Il soupira.
-De toute façon, il suffira que vous trouviez des personnes m'ayant côtoyé avant ou après cette sinistre période. La différence entre le Monstre et moi est à ce point gigantesque que cela ne pourra que marquer la cour.

" Comme vous voudrez." dit Henry.
Il demeura silencieux un moment.
" Vous savez que Galathée sera certainement citée. On lui demandera si elle savait que vous étiez le Monstre. Elle devra répondre par l'affirmative. Il est probable qu'elle risque alors, elle aussi, de passer en jugement, pour avoir aidé un criminel en fuite."

-Alors qu'on était en pleine guerre civile, que les instances judiciaires étaient contrôlées par les fidèles de Nwalk et que son intervention a permis de mettre un terme aux agissements du Monstre ? Alors, aussi, qu'elle a déjà lourdement payé en étant réduite en esclavage et envoyée à Melandis ? J'ai l'impression qu'on s'éloigne de plus en plus de la justice pour s'approcher de quelque chose qui ressemble fort à de l'acharnement.
Cela n'avait aucun sens mais il renonça à comprendre.
-Il est hors de question qu'elle soit inquiétée. Si elle est citée, elle dira qu'elle ne savait pas et je soutiendrai la même thèse.

" Je ne vous conseille pas de l'inciter à mentir ni de le faire vous-même. Si nous jouons franc jeu, les choses se passeront bien. Si quelqu'un veut envoyer Galathée devant la cour, nous négocierons un règlement à l'amiable, hors de la salle d'audience. Mais si vous vous mettez à mentir, qu'ils ont le moindre doute sur votre honnêteté... Ils pourraient obtenir le droit d'un recours à la magie, et nous serions alors dans la mouise, si vous me pardonnez l'expression."

Impossible de mentir, impossible de riposter s'il était la cible d'attaques injustifiées, bientôt impossible de se carapater si d'aventure tout tournait mal... Dans quel enfer était-il donc tombé ?
-Après mon dernier départ d'Helonna, on m'a clairement fait comprendre que certaines personnes seraient très, très heureuses si je ne revenais pas, lâcha-t-il. J'ai malgré tout décidé de rentrer, d'une part parce que j'avais à cœur que justice soit faite, d'autre part parce que je voulais préserver les miens, ne pas les arracher à leur patrie, ne pas les contraindre à une vie de fugitifs. Et voilà que je découvre qu'on pourrait malgré tout s'en prendre à eux, qu'ils risquent de continuer à souffrir à cause de moi, et de le faire bien plus que si nous avions pris un bateau pour Féérune...
Il serra les poings. Pourquoi s'avérait-il incapable de faire les bons choix dans les moments cruciaux ? Pourquoi chacune de ses décisions se révélait-elle invariablement catastrophiquee non seulement pour lui, mais aussi pour ceux qu'il aimait ?
-J'espère qu'on prendra en compte qu'elle est mère et que ses enfants ont besoin d'elle, conclut-il.

" N'imaginez pas tout de suite n'importe quoi, voulez-vous, dit l'avocat avec une grimace. Nous ne sommes pas dans un conte cruel où on emprisonne les jeunes mères revenant tout juste d'esclavage. Le fait qu'il y ait un procès, ou même une condamnation, ne signifie pas qu'il y ait une peine ! Décidément, votre vision de la justice luménienne est très... manostienne, si je puis me permettre. Vous êtes terrible, Taliesin. Terrible. Je devrais vous donner un ou deux bouquins à potasser d'ici la date de la première audience, histoire de remettre vos idées en place."

-Pardonnez-moi, messire, mais quand on apprend que sa compagne pourrait être poursuivie en justice... pour un acte de bienveillance, de surcroit... il y a de quoi être inquiet, non ? Je veux dire, il est quand même question de lui intenter un procès... pour ne pas m'avoir remis aux autorités morféenne, puisque celles-ci étaient alors les seules au pouvoir. Est-ce qu'on ne frôle pas le non sens ou l'acharnement ?
Il secoua la tête.
-De toute façon, je refuse qu'elle soit trainée dans la boue à cause de moi. Elle l'a déjà suffisamment payée, l'affection qu'elle me porte. Bref, je ferai en sorte qu'elle ne soit pas poursuivie, même si cela implique de l'envoyer quelque part où elle sera à l'abri, puis de l'y rejoindre une fois ma peine purgée.
Il regarda l'avocat bien en face.
[color=#FFFFF66]-Parlons franc : je n'arriverai pas à surmonter ce qui m'attend si j'ai la moindre inquiétude quant à ma famille.[/color]

" Vous êtes vraiment terrible. Et vous laisserez Galathée en décider, je pense. Elle connait bien ces risques, nous en avons parlé lorsque je suis venu à la ferme, la première fois. Elle ne risque vraiment pas grand chose, et elle sera fière, je crois, de clamer qu'elle vous a protégé. Personne ne lui reprochera de vous avoir emporté loin de Luménis alors que vous étiez dément et meurtri, et que Morféa occupait toujours le pouvoir. C'est le fait de vous avoir couvert lorsque vous êtes revenu qui pourrait lui valoir des ennuis. Cela dit, la loi luménienne permet à une femme de protéger son mari et inversement... Elle sera donc largement protégée et il est possible que même si le procureur voulait la faire citer, le juge déclare la plainte nulle et non avenue. Les tribunaux ne manquent pas de travail et les délits mineurs ne sont plus toujours poursuivis, surtout quand ils datent."
Il croisa les bras.
" Mais vous devez vous souvenir que vous êtes revenu à Luménis avant ce jour, que vous vous êtes présenté aux autorités sans rien dire de vos agissements."

Il croisa les bras à son tour.
-Je ne l'oublie pas. Comme je n'oublie pas que j'ai fini par me dénoncer alors que j'aurais très bien pu inventer une histoire justifiant elle aussi la protection de la ferme. Comme je n'oublie pas, non plus, que je suis rentré sur Helonna alors que j'avais l'opportunité de m'évanouir dans la nature et de m'en tirer sans mal aucun, alors que les autorités luméniennes elles-mêmes, du moins une partie, m'y encourageaient fortement. Ce n'est pas à vous que j'apprendrai qu'une instruction se fait à charge... et à décharge.
Il soupira.
-Peut-être aurai-je dû suivre ces encouragements, tout bien réfléchi. Enfin, l'avenir le dira.

Henry soupira puis esquissa un sourire.
" N'en parlons plus, dit-il. La température commence à monter dans ce carrosse, et j'ai bien assez chaud comme ça. Nous serons bientôt à Luménis et autant que nous soyons l'un et l'autre le plus sereins possibles."

Comme s'il pouvait être serein, même un tout petit peu...
-Désolé, dit-il néanmoins. C'est juste qu'à chacun de nos entretiens, je découvre des points inquiétants qui n'avaient jamais été évoqués lorsque mon retour à Luménis a été discuté et... il y a de quoi être déstabilisé.
Il sourit tristement puis reporta son attention sur le paysage que l'aube éclairait peu à peu. Il était déjà secoué alors que la journée venait tout juste de commencer... Cela promettait pour la suite.

Ils arrivèrent à Luménis peu après et la journée se déroula exactement comme Henry l'avait annoncé. Taliesin fut emmené au palais de justice où il fut installé dans une cellule particulière, petite mais propre et lumineuse, contenant un lit, un bureau et une chaise, quelques livres et un copieux petit déjeuner. Le soleil était levé depuis peu et la journée promettait d'être belle.
Il dut patienter deux heures avant conduit devant la cour. Pour cela, il dut enfiler un certain nombre de couloirs, aux côtés d'Henry, qui paraissait avoir retrouvé une belle énergie et la certitude que tout se déroulait sans heurts. La salle d'audience était une vaste pièce qui paraissait tout juste rénovée, sans doute le fruit de travaux post-révolutionnaires, car le bâtiment avait souffert durant la guerre civile. Il était meublé sobrement, les armoiries luméniennes figuraient derrière l'estrade où se tenait le juge. Taliesin dut décliner son identité puis un greffier lui lut l'acte d'accusation. Henry annonça qu'ils plaideraient l'acquittement sur base de la folie. Ni le juge — un homme de moins de quarante ans, sérieux mais non sévère, ni le procureur, un rien plus âgé, le visage absolument inexpressif, ne bronchèrent ou ne parurent surpris. Tout était formalité administrative.
Taliesin repartit dans les profondeurs du palais, on lui demanda une mèche de cheveux, qu'il put couper lui-même, puis il regagna sa cellule. On lui porta un repas de midi, à nouveau copieux, mangeable sans être très fin. Henry reparut environ une heure plus tard pour lui annoncer que tout était en ordre et qu'il allait pouvoir regagner sa verte campagne.
Quand le chariot repartit, le barde était seul à son bord, même si l'escorte était toujours conséquente. Ils trottèrent un peu moins vite qu'à l'aller car les routes étaient plus encombrées, mais ils parvinrent à la ferme en fin d'après-midi, sous un soleil toujours agréable. Rivecendre l'accueillit à la descente de son véhicule, qui le laissa en tout début de chemin, libre de gagner le domaine à pied, seul et tranquille.

L'elfe éprouva un élan de gratitude envers son escorte : en effet, il aurait trouvé extrêmement rude d'être accompagné par ses gardiens jusque dans la cour, sous le regard de sa famille, de ses amis... Il trouva donc l'énergie de rendre son salut à l'officier et même de lui adresser un pâle sourire. Puis, à pas lents, il prit la direction de la ferme.
Il était littéralement vidé et la fatigue physique n'était pas en cause, évidemment. Les révélations du sieur de l'Atlante, le séjour en cellule, la comparution devant le tribunal, le trajet entouré de soldats : tout s'était avéré aussi éprouvant qu'il l'avait craint. Pour la première fois, son statut de criminel en attente de jugement s'était concrétisé et, bien qu'il ait tenté de s'y préparer, cela l'avait profondément secoué. Quant il constatait dans quel état il se trouvait, quand il songeait qu'il n'avait s'agit que de broutilles, que le procès serait autrement pire... Il commençait à se demander s'il arriverait à faire face, le moment venu.
A en douter, en réalité.
Mais pour l'heure, il était de retour.
De retour pour une parenthèse de quelques mois avant le grand plongeon.
Alors, il devait essayer d'en profiter au mieux. Et, pour commencer, s'efforcer de se composer une mine présentable, pour ne pas trop inquiéter les autres.

L'alerte fut donnée par Antoine et Félix qui travaillaient sur le toit du poulailler et furent donc aux premières loges quand Taliesin parut, chassant les poules devant lui. Tandis que le plus âgé des Merlus descendait à sa rencontre, son frère disparut de l'autre côté de la cahute, dans la cour de la ferme, sans doute pour aller rameuter la populace. Au temps pour la discrétion, sans doute.
" On ne t'attendait pas si tôt ! C'est chouette !" s'exclama Antoine d'un ton qui laissa penser au barde que, peut-être, on avait craint qu'en réalité, il ne puisse jamais revenir...

Vu comme il avait les émotions à fleur de peau, peut-être l'avait-il craint lui aussi, inconsciemment... Toutefois, il refusa de s'attarder sur des pensées négatives et tenta de répondre d'un ton léger.
-Ils m'ont trouvé à ce point insupportable qu'ils m'ont réexpédié au plus tôt. En vous plaignant beaucoup, d'ailleurs.
Il s'arracha un sourire.
-Comment s'est passé la journée ?

" Rien de spécial, dit Antoine en souriant. Des vacances, diraient certains, si on les surprenait par hasard..."
Un groupe plus fourni était en train de franchir le porche de la cour et Victor arriva le premier sur le barde.
" Alors ?! T'as rien ramené ?! Même pas... des oranges ? Ou du pain sec et de l'eau croupie ? Pfff !"

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La ferme Desmoulins