La Couronne de Cuivre

Comme l'avait présumé son supérieur, les renforts civils se montrèrent relativement disciplinés. Les hommes de l'intendance achevèrent de leur distribuer des armes et, remarqua-t-il, de noter leurs noms. Ignace ne perdait pas le nord et savait s'adapter...
Cinq minutes plus tard, ou à peu près, la Communauté reprenait sa route. La pause avait été plus longue que prévu, ce qui constituait une mauvaise nouvelle en soi. On pouvait toujours se réconforter, cependant, en songeant que les chevaux avaient pu souffler un peu...
Mètre après mètre, la colonne progressa, rythmant le silence de ses bruits de sabots, de ses bruits de pas, des grincements de ses roues.
Elle s'étendait au milieu des ténèbres, ligne de flammes à la fois vives et minuscules.
Une heure passa, peut-être. Les tambours n'avaient pas encore résonné.

Abandonnant sa réserve, Hubert finit par décider de se porter à hauteur d'Albérich. Marthe était un peu plus loin, il pourrait donc lui parler sans être entendu. Evidemment, le scélérat lui décocha un sourire désarmant en l'apercevant et le paladin sentit qu'il ne parviendrait pas à lui reprocher grand chose.
" Désolé d'avoir donné le mauvais exemple, dit le Luménien. Mais c'est de ta faute.
— De quoi parles-tu ?
— De la masse. Les gens étaient jaloux, du coup, tout le monde a voulu avoir la sienne."
Hubert rit doucement.
" Je pensais que tu parlais d'être sorti de ton chariot pour combattre les cannibales.
— C'est de ta faute aussi.
— Alors là... C'était pour le plaisir de me contrarier ?
— Non, je voulais compter les roseaux.
— Tu ne vois que les premières rangées.
— Certes, mais ensuite j'extrapole."
Le paladin soupira en secouant la tête.
" Ne t'endors pas.
— Aucun risque.
— Tu sais que... c'est passablement dangereux.
— Je me demandais quand tu y viendrais.
— Ça m'a semblé le bon moment.
— Je ne suis pas mauvais combattant. Tu l'as dit toi-même.
— Surtout quand tu es en colère.
— Alors ne crains rien : si des cannibales débarquent, je peux te jurer que ça me mettra de méchante humeur."
Hubert sourit.
" Protège ton flanc droit, Megrall.
— Oui, chef."
Le Luménien lui décocha un clin d'oeil et Hubert hocha la tête, avant de pousser son cheval vers Edgar, qui cheminait un peu plus loin.

L'instructeur lui sourit en l'apercevant. Fort logiquement après une journée entière en selle, sans trêve ni repos, il avait les traits tirés. Et s'il s'efforçait de la dissimuler, sa nervosité ne passa pas inaperçue sous le regard attentif du paladin.
-J'ai presque envie de les entendre, avoua-t-il. Les tambours, je veux dire. Je sais que chaque instant qui passe sans qu'ils aient retenti est une victoire, mais... Je ne peux m'empêcher de les guetter. C'est usant, à force.

Hubert posa une main amicale sur son épaule.
" Je comprends. En même temps... Tant que nous n'entendons rien, nous pouvons encore espérer qu'ils ne nous aient pas repérés ou qu'ils aient d'autres chats à fouetter... Je sais que le savoir ne rend pas l'attente plus facile... Il y a l'esprit, et il a les tripes."
Il jeta un regard circulaire sur la colonne.
" Si tu te sens trop épuisé, préviens-moi avant de tomber de selle, d'accord ? Il n'y a pas de honte à avoir besoin d'une pause. Nous en méritons tous."

-Ne vous en faites pas. Je suis crevé, mais pas suffisamment pour piquer du nez sans m'en rendre compte. Et puis, d'ici trois ou quatre heures, vous nous enverrez au lit, et plus je serai fatigué à ce moment là, plus il y a de chances que j'arrive à fermer l’œil. Mais pas d'inquiétude : si je sens que ça ne va plus, je vous le dirai.
Il lui jeta un regard en coin.
-Ne me répondez pas si c'est indiscret, mais... Je vous ai vu vous prendre le bec avec Robert, avant la pause, et c'était encore jamais arrivé... J'espère qu'il n'y a rien de grave.

Hubert grimaça. Il était fâcheux que la chose se soit vue, même s'il ne pouvait être surpris, l'échange avait eu lieu en pleine lumière. Mais si Edgar les avait aperçus, les chances étaient élevées qu'il ne soit pas le seul.
" Rien de grave, non, dit-il avec un sourire apaisant. Tout le monde est un peu nerveux et Robert et moi ne sommes pas toujours d'accord sur la manière de faire les choses. Je suis un jeune membre de la communauté, je ne suis pas toujours très au fait des usages et de la structure hiérarchique. Mais il m'a rappelé le nécessaire et tout est rentré dans l'ordre."
En surface, du moins. Mais pour l'heure, c'était suffisant. Ils reparleraient quand ils en auraient le temps.

Edgar l'observa un instant puis acquiesça.
-Vous me rassurez. Parce qu'on a besoin de vous deux pour s'en tirer. Cette nuit... Et dans les jours qui viennent.
Il s'autorisa un sourire, jeta un regard autour de lui... et soupira.
-Dites, mon capitaine, vous pensez quoi de ce civil-là ? Juste par curiosité.
Il lui désigna discrètement un nain. Un nain qui portait une cotte de mailles et un casque un peu trop grands pour lui, qui avait une épée courte au côté et dont la barbe blonde donnait l'impression d'être de la paille.
Non, qui était de la paille, selon toute vraisemblance.

" Oh misère, fit Hubert en grimaçant. Misère de misère de misère. Si c'est Ruth, je la noie. Métaphoriquement, bien sûr."
Etouffant un soupir, il mit le cap sur l'étrange personnage.
" Excusez-moi, messire nain, puis-je vous dire un mot ?"

Le nain tressaillit violemment, faillit glisser dans la boue mais se rétablit de justesse. Puis, sans lui jeter le moindre regard, gardant au contraire la toute tournée droit devant lui, il farfouilla dans sa manche, en tira un bout de papier chiffonné et le lui tendit. On pouvait y lire, d'une écriture maladive qui lui parut d'emblée familière - et avec une orthographe folklorique qui l'était plus encore :

Désolez, jé une ecstinksion de voi. Et désolez, jécri tré mal votre langue.
Signez : Gloïn Faurgefair

Le paladin faillit tomber de son cheval.
" Ruth, bon sang, tu m'avais promis ! grommela-t-il. J'avais confiance !"
Pourquoi est-ce que personne n'avait signalé la disparition de la gamine ? Que fichait Ingrid ?
" Tu vas me faire le plaisir de retourner rapidement dans ton chariot. Je sais que tu veux prouver quelque chose mais les enfants restent à l'intérieur. Tous les enfants. En ce compris les gamines indisciplinées. Si tu ne te magnes pas, je vais t'y transporter moi-même et je te promets que l'humiliation ne te fera pas plaisir."

Il vit le visage du nain - enfin, le peu qu'il en apercevait - virer au cramoisi.
-Mais, m'sire, j'ai fait ce que vous m'avez dit, j'ai fait confiance à mon instinct... souffla-t-elle. Y a plus personne dans mon chariot, sauf une vieille dame qui dort... Et j'ai senti que malgré toute ma bonne volonté, j'arriverai pas à tenir en place cinq heures comme ça. Alors je me suis dit que si je me dépensais maintenant, ben, ça sera moins dur de rester tranquille quand ma mère et les autres rentreront. Pis quand les tambours retentiront...
Soupir déchirant.
-Je voulais vraiment agir le mieux possible. Enfin, pardon, le moins mal possible... En plus, comme je suis déguisée, personne sait que je suis un enfant.

" Ruth, bon sang, je ne pensais pas à ça... gémit le paladin. Je pensais à... je ne sais pas... une situation autrement plus critique !"
Il l'avait mal conseillée, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.
" Rejoins donc un chariot où tu te sentiras moins seule mais... tu ne peux pas rester là, je suis désolé. Je ne peux pas te faire de passe-droit, ce serait un grave précédent. Je t'en prie... Essaie de te tenir à carreau un moment. Fais-le pour moi. Et si c'est difficile... Je peux demander à Agnès si elle n'aurait pas des herbes pour te... tempérer un rien."

Nouveau soupir, plus déchirant encore que le précédent.
-Les cannibales, ils feront pas de différences entre adultes et enfants, eux. Et s'ils sont aussi nombreux que ça en a l'air, il y en aura qui arriveront à rentrer dans les chariots. Enfin, là, au moins, j'aurais le droit de leur taper dessus sans qu'on dise que je désobéis.
Elle s'immobilisa.
-Désolée de vous avoir déçue, m'sire. Je croyais vraiment faire le moins mal possible. Promis, vous entendrez plus parler de moi.
Et elle fit demi-tour, épaules basses.

" Je suis désolé, Ruth."
Mais c'était pour son bien, il ne pouvait pas se laisser attendrir. Et il fallait qu'il chasse sa déconvenue de son esprit, sinon ça allait lui plomber le moral. Elle était valeureuse, mais c'était une enfant, il ne fallait pas qu'ils l'oublient, ni lui, ni elle. Avec un soupir, il la regarda s'éloigner mais ne put s'empêcher de vérifier qu'elle allait bien jusqu'à l'endroit requis. Mine de rien, il ne parvenait pas à lui faire intégralement confiance : elle aurait dû réaliser que l'initiative était stupide.
Mais elle ne peut pas penser comme toi, c'est une gamine.
Toujours confus, il repartit vers Edgar, qui n'avait probablement pas perdu une seconde de l'interaction.

Oui, l'ancien sergent avait plus qu'à coup sûr observé la scène et même s'il n'avait pu entendre leur échange, l'expression qu'il affichait dissait assez qu'il était mitigé quant à sa conclusion. Néanmoins, il adopta rapidement une mine plus neutre et ne fit aucun commentaire. Quant à Ruth, elle regagna son chariot désert, où l'attendaient probablement les ronflements de la vieillarde endormie.
La brume s'était épaissie mais, dans l'immédiat, cela n'avait rien de dramatique. De surcroit, ils avaient fait quelques mètres supplémentaires en direction du fort, et de battements de tambour, toujours point.

Hubert était ennuyé de son interaction avec Ruth mais la mine d'Edgar ne le rassura pas. Après quelques minutes à chevaucher de concert, en silence, il finit par reprendre la parole.
" Tu as l'air de désapprouver la manière dont j'ai renvoyé Ruth à son chariot, dit-il finalement. Aurais-je dû agir autrement ? Je sais que je n'ai pas d'autorité formelle sur elle, mais... c'est quand même un enfant, non ? Je dois dire que je n'en ai nulle habitude... Je m'y prends sans doute n'importe comment mais je n'avais pas prévu de m'improviser substitut paternel d'une gamine."

Edgar secoua la tête.
-Je ne me permettrais jamais de remettre vos décisions en cause, mon capitaine. Je me demandais juste...
Il grimaça.
-Je me demandais juste comment cette horde de mômes qui est restée cloîtrée dans les chariots depuis l'aube, sans pouvoir se dépenser, va réagir quand... Quand vous savez quoi. Toute cette énergie débordante et contenue à grand peine... J'espère que ça restera gérable.

" Il y a des gosses dans cette expédition, il faudra bien faire avec... Je ne peux pas dire que c'est l'aspect du projet qui me réjouisse le plus, mais... ainsi soit-il. J'imagine que les membres du conseil y ont réfléchi. Agnès a peut-être distribué de quoi tempérer les humeurs, je n'en sais rien. Malheureusement... On ne peut pas être au four et au moulin. Chacun ses prérogatives. Les parents devront gérer leur progéniture. Et d'autres géreront les parents, le cas échéant."
Il haussa les épaules.
" Une partie des gamins ne mesurera pas ce qui se passe, déjà. Ils ont plutôt bien encaissé la charge des squelettes, l'autre jour."

-C'est justement cette partie-là qui m'inquiète. Celle que les cannibales n'effraieront pas... Mais vous avez raison, chacun ses préroatives.
Il lorgna la colonne, devant lui et, subitement, tendit la main.
-Dites, vous pensez quoi de cet autre nain ?
L'individu en question était trop éloigné pour qu'Hubert remarque des détails particuliers à son sujet.
-C'était une blague, souffla l'ancien sergent. Désolé, besoin de relâcher la pression.

" Il n'y a pas de mal..."
Il laissa son regard courir devant eux puis derrière. Albérich lui adressa un petit salut de la main, il se retourna vivement, et se perdit dans la contemplation de la campagne. Le sortilège avait bien fonctionné, il ne se sentait pas particulièrement fatigué. Par contre, il percevait sa tension, comme une sorte de grincement dans ses muscles, des talons à la pointe du crâne. Un bon massage, un bain d'eau chaude, l'abandon d'une étreinte en étaient les trois seuls remèdes. Il ne goutterait à aucun dans les jours à venir.
La brume était de plus en plus épaisse, de moins en moins engageante, et pourtant les tambours ne retentissaient pas. C'était une chance car c'était seulement le début de la nuit. Mais comme Edgar, le paladin n'y puisait nul réconfort, car cela viendrait, il n'en avait aucun doute. Il fallait juste espérer que ces Ecorcheurs soient aussi sûrs de leur valeur que le suggérait Varamyr, qu'ils les laissent avancer jusqu'au fort, pour le plaisir de les y voir terrés, terrorisés. Et puis il fallait espérer qu'ils pourraient les surprendre et les vaincre.

Une nouvelle heure passa sans que rien d'inquiétant ne se produise. Il cheminaient à un rythme égal et si les soldats toujours de faction fatiguaient, ils n'en laissaient rien paraître. Ou si peu. Parmi les civils, la détermination était toujours de mise, et on l'entretenait en échangeant quelques paroles, de temps à autre. Marthe finit d'ailleurs par rejoindre l'ancien aubemestre.
-Je n'en reviens toujours pas : Hubert ne s'est nullement mis en colère, lui souffla-t-elle. Soit il n'est pas aussi terrible qu'on pourrait le croire, soit vous savez le mener par le bout du nez.

Albérich sourit.
" Je pense surtout qu'il a réalisé qu'il me surveillait mieux en m'ayant sous les yeux qu'en m'imaginant au travers de la toile opaque d'un chariot, dit le Luménien, mutin. Ça, plus le fait qu'il a peur de ce que le public pourrait penser. Mon salut est dans le groupe, je ne l'ignore pas."
Il soupira et étouffa un bâillement dans le dos de sa main.
" Je suis un peu désolé pour les instituteurs que nous avons forcés à sortir alors qu'ils n'en avaient manifestement pas tellement envie..."

-Ils étaient beaucoup plus mitigés que vous ne le pensez. D'un côté, sortir les effrayait mais, de l'autre, rester à attendre dans le chariot ne les tentait guère. Les dieux savent que je le comprends... Il est d'ailleurs possible qu'ils soient descendus même si nous étions restés.
Elle eut un sourire pensif.
-Et puis... Au-delà de ces histoires de gens de lettres et de gens d'épée, qui ne sont somme toute qu'une joyeuse comédie, ils ont à cœur de défendre la Communauté. De défendre leurs élèves, en particulier.

" De cela, je ne doute pas une seconde, Marthe, croyez-moi. Je me rends compte qu'il ne doit pas y avoir beaucoup de couards dans la communauté. Les gens s'y attendaient, en fait. Les risques n'ont jamais été cachés et la plupart des gens ont eu le temps d'y penser, de l'imaginer, peut-être même... Finalement, Hubert et moi, et les autres personnes qui vous ont rejoints à Grand Estuaire... Nous devons être les moins bien préparés à affronter cette horreur. Vous ne nous l'avez pas caché, bien sûr... Mais ça n'a été qu'une information parmi les mille autres que nous avons dû assimiler en quelques jours... Tandis que pour vous, pour les instituteurs, pour vos membres d'Antelucas à Rohan... C'était chose prévue. Cela ne signifie pas que ce sera simple, le moment venu... Mais chacun a déjà pu prendre la mesure de sa détermination. En cela, nous sommes bien armés."

-Vous avez raison de dire que nous avons eu plus de temps pour nous préparer, et que cela nous avantage. Néanmoins... Savoir ce qui peut advenir et y être confronté, ce sont deux choses très différentes. Tous, nous avons croisé les doigts pour que cela ne se produise pas. Sans compter que nous n'aurions pu prévoir que...
Elle grimaça; se racla la gorge.
-Enfin, passons. Nous avons donc tous croisé les doigts pour que ça ne se produise pas et de toute façon, je pense que, pour la plupart d'entre nous, ce que nous espérions trouver au sein de cette communauté a éclipsé les risques encourus. Risques qui se rappellent à nous dans toute leur brutalité... Mais cela ne nous rend que plus déterminés à défendre ce que nous avons effectivement trouvé.

" Et c'est tant mieux..."
Il resta silencieux une seconde, fit quelques pas, hésita, puis se dit qu'après tout, il ne risquait pas grand chose à poser la question.
" Qu'est-ce que vous n'aviez pas pu prévoir, exactement ? Y a-t-il des éléments plus graves dont le conseil a préféré ne pas s'ouvrir ? Pas que je remette cette décision en question... et sans doute n'avez-vous pas la latitude d'en parler, du coup... Ahum. Oubliez ça."

Elle le dévisagea une seconde, hésitante, puis acquiesça pour elle-même.
-Vous le saurez dans quelques heures quoi qu'il advienne. Et vous n'êtes pas exactement n'importe qui.
Elle ferma les yeux un instant, le visage soudain très marqué.
-Nous avons affaire à une tribu qui n'aurait jamais dû se trouver ici. Une tribu particulièrement puissante et ignoble dont les terres ancestrales sont loin à l'ouest, au pied des rocheuses des Dragon... S'il n'y avait eu le fort, nos chances de survie auraient été nulles.

Albérich absorba la nouvelle mais réalisa qu'il n'était pas complètement surpris. Le désir d'atteindre ce fort, destination distante et incertaine, l'avait déjà indirectement informé du danger qu'ils couraient. Le fait qu'Hubert ne l'ait pas forcé à se mettre en sécurité était également un signe que quelque chose n'était pas complètement normal. Le paladin était à cran. Il prit doucement le bras de Marthe et lui sourit.
" Personne n'aurait pu le prévoir. Et nous allons atteindre ce fort providentiel. Même s'ils sont particulièrement dangereux... Nous ne sommes pas exactement sans ressources, nous non plus."

-Albérich, ils sont trois cent...
Elle serra son bras plus fort, un instant, puis soupira.
-Pardonnez-moi, murmura-t-elle, embarrassée. J'ai peur, simplement. Pas pour moi, mais pour eux tous...
Elle secoua la tête.
-Mais nous allons nous en tirer. Je n'ai pas menti en vous disant que nos chances de rallier le fort avant l'assaut étaient élevées. Et si Frida dit que c'est un excellent site défensif, on peut la croire.

" Ne vous excusez pas. Il est légitime d'avoir peur." murmura-t-il.
Il soupira. Elle était conseillère, elle ne pouvait que se sentir une responsabilité. Mais le poids devait être encore plus terrible pour Etienne, qu'Albérich avait déjà trouvé étrangement fragile, quelques nuits plus tôt, lorsqu'ils avaient bavardé à son retour du tumulus. Il chercha le jeune chevalier du regard mais ne l'aperçut pas. Il était sans doute de l'autre côté de la colonne, masqué par un chariot.
" Je comprends que le poids soit lourd sur vos épaules... Mais vous gérez superbement la situation, vous et les autres membres du conseil. Même si les heures et les jours à venir sont difficiles, le visage que présente votre groupe est crucial. Je sais que vous avez la force. Ne vous chargez pas d'inquiétudes trop lointaines. Nous allons rallier le fort et nous réfléchirons à la suite demain. Nous sommes cinq cent esprits à partager le même objectif. Nous aurons de bonnes idées."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une route oubliée