La Couronne de Cuivre

« Il me faut bien concéder que je ne raffole pas des coquillages. Cependant, je devais essayer pour le savoir, répondit Alchem tout en jetant un coup d’œil sur le plat de son voisin. Sinon, depuis que je suis à la surface, je vais de découvertes en découvertes. Tout me plait, mais je suis un voyageur particulier. Pour moi, même le ciel a été une découverte. Bon nombre de choses qui retiennent mon intérêt sont pour vous, je le suppose, des plus banales. »
Une vérité confortable à dire car très vague. Le gnome, instinctivement, avait toujours tendance à vouloir en révéler le moins possible sur lui-même. Le tout était de le faire sans que cela se remarque.

" Sans doute, oui. Mais si je visitais vos contrées englouties, je serais perdu, moi aussi. Heureusement, je ne suis pas claustrophobe. Pour explorer des tombes, c'est mieux."
Il sourit.
" Mais je ne me suis pas présenté. Nous faisons cela, nous autres, gens de la surface. Je me nomme Llewelyn Argall, enchanté."
Il lui tendit la main.

« Alchem Murmure, enchanté également », fit le svirfnebelin en serrant la main de Llewelyn.
Le rat releva la tête des vestiges de son repas.
« Et moi ? Tu me présente pas ? »
« Mais si, mais si voyons. »
Le gnome désigna son familier :
« Et lui, c’est Dalius. Il vous comprend parfaitement, vous pouvez en être sûr. »
Alchem recommença à manger. Il avait pratiquement terminé. Heureusement, il n’aurait pas pu en prendre beaucoup plus.

« Salut Dalius. » dit le jeune homme avec un sourire tranquille.
Il se pencha ensuite sur son assiette et accéléra la cadence de son repas.
« Désolé de me montrer peu civil, mais je dois encore me trouver une auberge et puis aller au Temple. On se laisse vite distraire, dans ce genre d’endroits. »

« Je comprends, ne vous en faites pas. »
Sur ce, Alchem en termina avec ses coquillages. Dalius l’avait devancé. Il fixait le pain avec convoitise, la part de son maître.
« Ma parole, mais tu es un ventre ! »
« Et fier de l’être ! »
« Allez, tu peux le prendre. J’ai plus très faim. »
Le rat ne se fit pas prier. Peu après, le gnome était sur le point de quitter la table. Il se tourna vers son voisin.
« Et bien, je vous souhaite bonne chance au temple de Lathandre. »
Après, il faudrait songer à régler le repas.

" Merci." dit simplement le jeune homme, avant de poursuivre son repas en lorgnant les gens autour de lui.
Alchem vit qu'un convive prenait sa place avant même qu'il n'ait atteint le comptoir. Une fois qu'il y fut, l'aubergiste lui expliqua que le repas serait mis sur sa note d'auberge, qu'il n'était pas nécessaire qu'il paie chacune de ses consommations au fur et à mesure. Sauf s'il le préférait, bien sûr. Il en profita aussi pour lui remettre la clé de sa chambre, la 42, puis s'excusa, avalé dans le tourbillon du coup de feu qui semblait devoir s'éterniser. Sans doute n'était-ce pas très étonnant dans la taverne la plus réputée de la ville.

Alchem aurait préféré payer tout de suite, afin de prévoir un éventuel départ précipité. Cependant, Maître Pintesec s’occupait déjà de quelqu’un d’autre. Inutile de le déranger à nouveau. Et puis, ici, c’était la surface, pas les profondeurs, se répéta intérieurement le gnome pour la énième fois. Il y avait peu, voir aucune chance, qu’une armée d’orcs ne déboule ici, dans une cité si grande. Alors que faire à présent ? Le svirfnebelin observa la clé qu’on venait de lui remettre. Il prit ensuite la direction des escaliers, curieux de découvrir sa chambre. Il n’était pas exclus qu’il se repose un minimum. Ce début de visite avait été très chargé. Et tant de choses à assimiler, cela faisait beaucoup tout de même.

Pintesec n'avait pas menti, il y avait une bonne quantité d'escaliers à gravir pour atteindre les combles de l'imposante auberge, et Alchem parvint devant la porte de sa chambre légèrement hors d'haleine. Il n'y avait que six portes sous le toit, dont une menait à une salle d'eau propre mais modeste, contenant trois baquets et des tonneaux pleins, ainsi qu'un âtre pour y faire chauffer l'eau, éteint pour l'heure. La chambre était mansardée mais de proportions acceptables. Un tapis de laine épais recouvrait le sol au pied du lit, un coffre le jouxtait, vide. Il y avait aussi un pot de chambre, une petite table et sa chaise à l'assise de joncs tressés, et un âtre prêt à être garni. Une cordelette rouge était suspendue au mur et filait vers un trou du plafond. Sans doute un moyen pour appeler l'étage inférieur et le service...

« Pas mal ! » commenta Dalius, qui gambadait déjà dans la pièce.
« En effet », confirma Alchem en refermant la porte.
Il s’approcha du coffre, l’ouvrit... Oserait-il y mettre ses affaires ? Il préférait toujours tout avoir sur lui, mais marcher avec, c’était fatiguant à la longue. Il regarda ensuite la table. Il n’avait pas eu l’occasion de travailler dans le bateau, il avait un sort à retranscrire dans son grimoire. C’était peut-être l’occasion. Finalement, il s’assit sur le lit, mit son sac à ses pieds et demeura ainsi quelques instants, pensif. Dans sa tête, les événements de la mâtiné défilaient. Il repensa aussi à Ornegemme, à ses proches... Le voilà un brin nostalgique. Que de chamboulements dans sa vie ! Il l’avait voulu, c’était palpitant, mais parfois un peu difficile à encaisser. Il se résolut à mettre à jour son journal de voyage. Autant tout noté pendant que c’était encore frais. La page précédente était passablement raturée. Il l’avait rédigé lors de la lute contre le Despote. Quand il cessa de gratter le papier de sa plume, il rangea le tout, se déchaussa et s’allongea. Peut-être allait-il un peu dormir. Il sentait en avoir besoin. Il était lasse.

Quand il ouvrit l'oeil, le ciel s'était déjà assombri. Il entendait un pigeon roucouler sur le toit, juste au-dessus de lui, le murmure d'une conversation étouffée à l'étage inférieur, le bruit de son voisin de chambre, qui déplaçait sa chaise, sans doute, en heurtant le mur. Les sabots d'un cheval résonnèrent loin en bas. A la couleur du ciel, et malgré son manque d'expérience en la matière, il devina qu'il avait probablement dormi trois ou quatre heures. Il était encore possible de sortir pour explorer la ville, mais sans doute certains lieux fermaient-ils déjà leurs portes en prévision de la nuit.

Tout en fixant le ciel par sa fenêtre, Alchem bailla et s’étira. Ce devait être le soir. En tout cas, c’était toujours aussi beau à regarder. Fidèle à ses habitudes, Dalius montait la garde, assis sur la table.
« Tu sais, je crois qu’ici, ce n’est pas vraiment nécessaire », dit le gnome.
Lui-même n’était pas très convaincu par ses paroles. "Ici, ce n’est pas les profondeurs" devenait comme une leçon à apprendre et à appliquer.
« Pas grave. Ça me dérange pas. »
« Allez, vient, on va se balader. »
Il envisageait juste de flâner dans le port, rien de plus. Visiter pour le plaisir des sens. Il avait, entre autre, envie d’observer l’océan. Puisqu’il n’allait pas loin, il parvint à se résoudre à laisser son sac dans le coffre. Il n’oublia par contre pas de verrouiller sa porte.

La Bienveillance était toujours bien encombrée quand ils en traversèrent la salle. On n'avait pas encore commencé à dîner, mais les gens devisaient autour d'une pinte de bière ou d'un verre d'hydromel. Les serveurs virevoltaient de table en table et les convives paraissaient tranquilles, enjoués, aussi divers que plus tôt. Le tenancier fit un signe amical à Alchem au moment où ce dernier regagnait la rue.
Le flot de passants était un peu moins soutenu que plus tôt mais il restait pas mal de monde dans le quartier maritime. Certains avaient manifestement déjà bu leur content et titubaient en riant et chantant. D'autres vaquaient encore à leurs affaires, effectuant des emplettes de dernière minute. Des marins transportaient des caisses et des tonneaux en provenance des quais, désormais tout proches. C'est dans cette direction que se rendit Alchem, et il déboucha bientôt sur l'esplanade du port.

HRP : bon, je pensais que tu y viendrais tout seul...

Quittant l'esplanade, Alchem regagna donc la Bienveillance où deux bardes régalaient l'assistance de mélodies endiablées. Il restait environ une cinquantaine de personnes dans la salle, une foule aussi mélangée que lorsqu'Alchem l'avait quittée, bien que plus clairsemée. S'il voulait s'asseoir pour profiter de la fête, il trouverait une place sans mal, mais il pouvait aussi décider de gagner les étages pour profiter de la nuit dans des lieux plus tranquilles...

HRP : j’allais y venir mais tu as posté ici avant moi !

Alchem commença par s’installer pour écouter, quelques dizaines de minutes durant, les entrainantes prestations bardiques. Bien sûr il n’aurait su dire s’il s’agissait ou non de musique locale, mais elles étaient fort plaisantes. Dalius, également, adorait. Si son maître ne l’en avait pas empêché, il se serait volontiers livré à l’une de ses étranges chorégraphies dont il avait le secret.
Si rien ne retenait le gnome, il allait ensuite monter dans sa chambre. N’ayant pas spécialement sommeil, il envisageait de retranscrire dans son grimoire un parchemin qu’il avait acquis à Antelucas. Il s’agissait d’un sort d’Endurence de l’Ours.

Alchem croisa bien quelques convives dans l'escalier, mais personne ne l'empêcha de gagner sa chambre sous le toit. Le silence régnait dans tout l'étage, signe qu'il était désert, ou que ses habitants dormaient déjà. La pièce qui lui était dévolue était telle qu'il l'avait laissée et il put s'installer à la petite table pour copier son sortilège tout à fait tranquillement. Le ciel, au dehors, était noir profond et piqueté d'étoiles. Le gnome percevait les murmures de la fête, en contrebas, mais ils n'étaient certainement pas assez puissants pour l'empêcher de dormir, si l'envie lui en prenait.

Rien de tel qu’un peu de travail intellectuel pour se laver l’esprit. Le sort copié, Alchem prit encore quelques minutes pour ajouter des notes dans son journal. Tout devait être consigné. Il déplia le plan donné par le capitaine, l’observant à nouveau. Un instant, il se revit bien des années plus tôt, avec un autre plan devant les yeux, celui de la route commerciale de Belroc. Lui et les cartes, une longue histoire d’amour. Le document parfait pour prévoir. Une esquisse de sourire aux lèvres, le gnome rangea le papier dans son journal, remit le tout dans son sac et se perdit dans la contemplation du ciel nocturne.
Le sommeil finit par se manifester. Le svirfnebelin, alors, se déshabilla, attrapa l’une de ses dagues et pria silencieusement Baravar. Puis il plaça la dague sous son oreiller et se coucha.

Sa dague ne lui servit bien sûr à rien du tout car lorsque la lumière vint le chercher dans son lit douillet, personne n'avait tenté de franchir sa porte. Au dehors, le murmure de la ville enflait déjà : fracas des chariots passant dans la rue, conversations et cris, hennissements d'un cheval, cri des mouettes. Quelque part, une cloche sonna quatre coups, ce qui renvoyait sûrement à quelque chose, mais pas à l'heure : ce n'était plus l'aube, le soleil illuminait déjà généreusement les fenêtres et les toits. Alchem entendit quelqu'un passer devant la porte en faisant grincer le plancher, puis s'engager dans l'escalier. Pas d'éclats de voix, pas de cavalcades. S'il le désirait, il pouvait encore dormir de tout son saoul sans risquer d'être déranger.

La première vision qu’Alchem eut en ouvrant les yeux, ce fut la figure de son familier en gros plan. Assis sur son ventre, le rat l’observait, visiblement en proie à un cruel dilemme.
« Ha ! Super ! Je me demandais justement si je devais te réveiller. C’est que tu n’as pas laissé d’instruction à ce sujet. »
Rester au lit n’était vraiment pas dans les habitudes du gnome. Il ne tarda donc pas trop à se lever et à s’habiller. Ensuite, il s’installa à la table afin d’étudier son grimoire. N’ayant rien prévu de spécifique niveau magie, il opta pour sa sélection habituelle de sortilèges. Lorsque ce serait terminé, il gagnerait la salle commune afin, d’une part, de réserver cette même chambre pour la nuit prochaine et, d’autre part, de commander un copieux petit déjeuné.

En bas, le petit déjeuner battait son plein et de nombreuses tables étaient occupées, signe que l'auberge était pleine. Alchem devina cependant que certains convives venaient de la ville même, car l'accent luménien bourgeonnait parmi les prononciations plus exotiques. Il se trouva sans peine une table et une serveuse lui apporta de quoi se sustenter : pain, beurre, gruau, lait et thé, divers fromages et marmelades, des fruits frais. Il apprit aussi que sa chambre lui était de toute façon réservée jusqu'à ce qu'il annonce officiellement sa décision de partir.

Parfait ! Puisqu’Alchem pouvait garder sa chambre, il n’avait pas à se soucier d’où dormir durant les jours à venir. Bien sûr, s’il devenait probable que son passage à Lumenis allait se prolonger significativement, peut-être faudrait-il trouver une autre solution. Chaque chose en son temps... Tout en mangeant avec appétit et en observant la salle commune, le gnome récapitula ce qu’il avait de prévu aujourd’hui. Retourner voir la chapelière et se représenter au temple de Sunie. D’abord le chapeau. Ce devrait être rapide. Ensuite le temple qui, éventuellement, pouvait charger son programme.

Le svirfnebelin se résolut donc à prendre la direction des sœurs Novembre dès qu’il aurait terminé son petit déjeuné.

Quête : Le début de la faim.

Quittant le quartier du gouvernement où Alchem avait fait ses emplettes, les deux compagnons gagnèrent la Taverne de la Bienveillance. Llewellyn s'immobilisa cependant avant d'y pénétrer.
" Je vais te laisser rassembler mes affaires et aller chercher les miennes. Sauras-tu te débrouiller pour la suite, ou préfères-tu que je vienne te retrouver ici ? Il sera sans doute temps d'avaler quelque chose... Je ne sais pas ce que tu en penses. Je ne veux pas non plus être constamment dans tes pattes, et j'imagine que tu vas vouloir prendre le temps de recopier ton grimoire."

Quête : le début de la faim

Alchem avait opté pour le grimoire rouge sombre et payé sans problème. Il était ravi de ne pas avoir fait de nouvelle bourde. Désormais face à la Bienveillance, il répondit à Llewellyn.
« Je devrais m’en sortir seul à présent. Retrouvons-nous au temple de Lathandre. »
Le programme des heurs à venir était fixé. D’abord, manger à l’auberge. Pour l’occasion, le svirfnebelin testerait un menu n’incluant aucun produit de la mer. Ensuite, payer sa note, récupérer ses affaires restés dans le coffre de la chambre louée, puis direction le temple de Lathandre. Une fois installé dans sa nouvelle chambre, il copierait les deux parchemins sur son grimoire. La suite dépendait de l’heure.

Quête : Le début de la faim.

Llewellyn le salua et s'éloigna dans la rue à la recherche de sa propre auberge. A la Bienveillance, il fut accueilli par le tenancier qui ne s'offusqua en rien de son départ : sans doute savait-il qu'il n'aurait aucun mal à trouver quelqu'un pour le remplacer avant la nuit. C'était le tout début de l'heure de table, le svirfneblin n'eut donc aucun mal à se trouver une place pour manger. On lui servit un cuissot de chevreuil à la ciboulette, à la fois goûteux et léger, avec du vin rouge de la région, association idéale. La salle commença à se remplir comme il terminait son repas. Il put récupérer ses affaires, régler sa note et se mettre en route pour le Temple de Lathandre, dans le soir naissant.

Alchem, après une nuit de repos bien méritée, quitta le temple de Sunie pour retourner au commerce de la Bienveillance. Il arborait son costume neuf, avec chapeau et bottines. Il portait également, mais caché sous ses habits, le pendentif magique qu’il avait gagné en guise de rétribution pour les services rendues. Son style et l’impression qu’il donnait était donc drastiquement différent. Le gnome disgracieux et grisâtre avait cédé la place à un exotique et très convenable petit personnage. Ce fut à peine si le tavernier le reconnu. Il en éprouva une satisfaction certaine. Au moins n’allait-on plus le prendre pour un gobelin. Clémentine l’avait mis en garde contre les détrousseurs qu’il pouvait désormais attirer, conseil qui n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. De toute façon, il avait la manie de se méfier de tout et il était lui-même un voleur. Malheur à celui qui essaierait de lui faire les poches.

Après avoir réservé une chambre, maître Murmure y monta. Il y travailla plusieurs heures. Il mit à jour son journal de voyage et mena à bien la copie de son grimoire. La tête encombrée par tous les récents événements, il redescendit dans la salle commune afin de manger.

HRP :
Ce peut être midi ou le soir, au choix.
Fiche de personnage mise à jour (excepté l’histoire, je n’ai pas encore eu le temps de m’en occuper).
Alchem a préparé sa liste habituelle de sorts (liste qui a évoluée durant la mise à jour).

Alchem était doué d'un bon sens de l'observation et son regard fut subitement attiré par la silhouette qui pénétra dans la taverne pour se diriger vers le comptoir. Il devait s'agir d'un enfant ou d'une personne de petite taille. Voire même de quelqu'un de sa race. En tous cas, ce client portait un manteau de pluie qui le couvrait des pieds à la tête. Il passa devant sa table sans ralentir puis se hissa sur un tabouret avant de s'adresser au tavernier d'une voix familière au gnome :

- Brrr, ce qu'il fait frais dehors ! Vous auriez un remontant pour une jeune gnome congelée ?

Tiens tiens, mais ne serait-ce pas Dotha ? Alchem, qui sirotait tranquillement son vin, l’avait suivi du regard. Dalius aussi, d’ailleurs. Ce dernier déclara, amusé :
« Ho, mais c’est ta copine ! »
« Ma copine ? Mais que vas-tu imaginer là ? »
« Ben rien. Juste que depuis qu’elle t’as fait cette fameuse remarque, tu fais beaucoup plus attention à ta façon d’être. »
« Suivre les conseils des gens ne fait pas d’eux des copains ou des copines. »
« Oui oui, je sais ce que je dis. »
« Que nenni. En plus, il ce peut que ce ne soit pas elle. »
Le svirfnebelin reposa le verre à côté d’une assiette déjà bien entamée. Il resta à sa place, mais il ne manquerait pas de faire signe à la gnome sitôt que celle-ci regarderait dans sa direction. Il avait beau avoir changé, si c’était bien Dotha, elle allait le reconnaitre, surtout que son familier était parfaitement visible, assis sur la table.

L'intéressée reçut sa commande et la sirota un instant avec délices avant de finalement reporter son attention sur la salle et les différents clients attablés. Son regard passa sur la table d'Alchem, hésita avant d'y revenir une seconde fois. La gnome releva alors sa capuche et un sourire illumina son visage affable avant qu'elle ne saute de son haut tabouret à pieds joints. Elle s'exclama à voix haute tout en se dirigeant vers Alchem :

- Eh bien, eh bien : le séjour à Luménis vous a bien profité dites-donc ! Et j'ai bien failli ne pas vous reconnaître ! D'autant que je ne me serais jamais attendue à vous trouver ici !

Dotha avait débité ces paroles sans reprendre son souffle ni lui laisser la moindre opportunité de réagir.

« Pas de doute, c’est elle ! Ho, les gens nous regardent ! C’est chouette ! Coucou les gens ! »
Dalius, une fois de plus, en profitait pour faire le pitre. Forcément, Alchem aurait préféré ne pas attirer les regards, mais tant pis, c’était ainsi. Le plaisir de recroiser la gnome compensait amplement. Il eut un furtif sourire, puis répondit :
« On m’a venté les mérites de cet endroit et, ma foi, j’aurais eu tort de ne pas y aller. »
D’un geste de la main, il désigna une chaise à sa table.
« Venez donc vous assoir qu’on bavarde un peu, à moins bien sûr que vous ne soyez pressée. »

Dotha avait déjà emporté son verre avec elle et se fit un plaisir de s'asseoir en face du svirfneblin à en juger par le grand sourire qu'elle lui adressa. Elle ne manqua pas non plus de saluer le familier juché sur la table d'une caresse affectueuse avant de répliquer de son ton énergique coutumier :

- Je ne suis pas pressée : j'ai pris ma soirée car j'en avais un peu assez des expériences de certains de mes barbants collègues du temple ! Vous êtes de bien meilleure compagnie alors je ne vais pas rentrer tout de suite. Alors : de quoi voulez-vous parler, Alchem ?

« Ho, de tout et de rien. Aucune tâche impérieuse ne me presse. Je vais peut-être enfin pouvoir jouer le touriste. Lumenis est une cité haute en couleurs. J’ai déjà eu l’occasion de m’en rendre compte. Mais j’ai espoir qu’un guide tel que vous puissiez m’en montrer d’avantage. Si j’ai bonne mémoire, vous vouliez me faire faire les boutiques. Le hasard m’a poussé à commencer sans vous, j’espère que vous ne m’en voudrez pas trop. »
Petit sourire espiègle. Ton posé. Alchem, dans son nouveau costume, était naturellement poussé à adopter l’attitude adaptée. En tout cas, il s’y efforçait, que ce soit pour être plus sympathique ou pour sembler plus normal. Ici, la paranoïa svirfnebeline passerait très mal. Il entreprit de finir son assiette, ainsi que son vin.

La Couronne de Cuivre

[Commerce] La Taverne de la Bienveillance